Introduction
Le soupçon vous a-t-il jamais effleuré qu’il pourrait y avoir quelque chose de vraiment bien et juste dans le monde ?
N’êtes-vous pas fatigués d’entendre à longueur de journée des prédictions économiques pessimistes ? Des journalistes de la télévision déployant devant nos yeux un flot incessant d’images à la fois hideuses et effrayantes ? Des critiques de la politique du gouvernement nous avertissant des désastres qui suivront inévitablement le passage de telle ou telle loi, ou de l’application d’un programme ou d’un autre ? N’êtes-vous pas las d’essayer vainement de croire qu’il existe une quelconque différence entre les partis politiques qui réclament nos suffrages ? N’êtes-vous pas fatigués d’entendre l’éternelle rengaine selon laquelle nos ressources naturelles vont bientôt être épuisées ? Et encore, le monde est-il réellement aussi surpeuplé qu’on le prétend ? Une nouvelle peste serait-elle sur le point de nous anéantir ? Nos prophètes de malheur savent-ils ce qu’ils disent lorsqu’ils nous avertissent, avec une délectation certaine, de toutes les catastrophes qui vont prochainement, – et ici, c’est pour sûr ! – être lâchés sur le monde ?
En avez-vous assez de tous ces prophètes de malheur ? Pour ma part, c’est certainement le cas. Voulez-vous savoir comment faire taire ces prophètes de mauvaise augure ? Essayez ceci. Sortez de chez vous ; ouvrez les yeux et regardez avec attention ce que vous voyez. Écartez ce que les livres, la radio, la télévision, les revues et les journaux peuvent vous dire du monde extérieur. Recherchez la main de Dieu dans tout ce que vous voyez. Écoutez le message qu’Ésaïe adressa, il y a bien longtemps à un peuple d’Israël, lui aussi devenu las :
Monte sur une haute montagne,
Sion, messagère de bonheur ;
Élève avec force ta voix,
Jérusalem, messagère de bonheur ;
Élève (ta voix), sois sans crainte,
Dis aux villes de Juda :
Voici votre Dieu !Ésaïe 40 : 9
Voici votre Dieu ! C’est cela qui fera taire les prédictions de malheur et dissipera les ténèbres – si seulement nous pouvions voir, même de manière fugitive, notre Dieu et saisir ce qu’Il fait. Mais comment y parvenir ? Se pourrait-il qu’Il soit beaucoup plus proche que nous ne le pensons ? Serait-il possible que nous cherchions au mauvais endroit et ne remarquions pas ce qu’Il fait devant nos yeux ? Mais que voyez-vous donc dans le monde qui vous environne ?
- Avez-vous constaté cette merveille qu’est le supermarché qui vous apporte chaque jour des produits frais de l’autre bout du monde, ceci tout au long de l’année ?
- N’avez-vous jamais considéré le voyage extraordinaire qu’entreprend la goutte de pluie qui tombe un jour dans votre jardin, et l’autre dans celui de votre voisin ?
- Ne vous êtes-vous jamais rendus compte des propriétés physiques nécessaires permettant d’éclairer votre pièce dans le noir une fois le soleil couché ?
- Ne vous êtes-vous jamais demandé comment il se fait que la terre puisse produire un sol apte à permettre la croissance des plantes ; comment ce même sol est la destination finale de tout courant électrique ; comment elle en est venue à constituer d’immenses réserves de toutes sortes de minéraux et de métaux ; comment elle peut contenir sous sa surface d’immenses rivières cachées à nos yeux ; et comment, en même temps, la terre peut prendre les formes si exquises de sommets, de prairies sans fin, de marais pleins de mystère, ou même de ces immenses étendues constituées de dunes sablonneuses et stériles ?
- N’avez-vous jamais contemplé le ciel lors d’une nuit claire étoilée, vous rendant compte que jamais ces astres n’ont failli à l’ordre stable de leur course ; que le soleil n’a jamais manqué au rendez-vous que lui fixe chaque nouveau matin ?
- Vous êtes-vous arrêtés pour considérer ce miracle constamment renouvelé de votre respiration et comment il vous est nécessaire d’aspirer l’atmosphère de cette terre pour vivre ?
- Ne vous êtes-vous jamais simplement arrêtés quelque part pour écouter les sons qui vous atteignent et vous êtes-vous alors émerveillés du caractère mystérieux de ces vibrations que l’air transmet et qui produisent dans votre cerveau la musique, le langage, les sons et, en fin de compte, la connaissance elle-même ?
- Ne voyez-vous pas ces routes construites par l’argent de vos impôts, ces inspecteurs de santé publique qui ont pour tâche de maintenir saine la nourriture fournie par votre restaurant préféré, cet officier de l’armée qui défend votre liberté, ce policier qui veille à l’application de la loi et tous ces hommes et ces femmes libres de rechercher leur bonheur ?
Si vous ne parvenez pas à voir ces différentes choses et ne vous en émerveillez pas, il est grand temps pour vous d’éteindre votre poste de télévision, d’annuler quelques rendez-vous et de faire une grande promenade. Clarifiez donc votre esprit et ouvrez vos yeux et vos oreilles. Regardez et voyez ! Et vous commencerez à comprendre que chaque instant dans la vie de ce monde constitue un moment d’une trame infiniment complexe d’une beauté incroyable. Le comble de l’étonnement est que tout cela fonctionne. En effet, notre monde se porte bien, en dépit des prédictions arrogantes de nos prophètes de malheur. Il existe un sens juste de la crainte de Dieu, de cette terreur sacrée qui devrait nous envahir lorsque nous commençons à comprendre la sagesse infinie et la puissance incompréhensible du Dieu qui maintient cet ordre créé si complexe. Nous devrions imiter le patriarche Job qui, à la fin du livre qui porte son nom, face au Dieu qui lui parle, s’exclame :
Voici : je suis peu de chose ; que te répliquerais-je ?
Je mets la mais sur ma bouche.
J’ai parlé une fois, je ne répondrai plus ;
Deux fois, je n’ajouterai rien.
Job 40 : 4-5
J’espère, par la grâce de Dieu, parvenir à fermer nos bouches à tous en les remplissant des accents de louange de la plus merveilleuse reconnaissance, ceci en attirant notre attention à tous sur tout ce qui va bien dans ce monde. Il est temps en effet que nous entreprenions à nouveau de rendre gloire à Dieu pour le travail providentiel si merveilleux qu’il accomplit chaque jour devant nos yeux.
Première partie
La nourriture sur notre table
La bonne odeur envahit toute la maison maintenant depuis plusieurs heures. En pénétrant chez ma grand-mère, le premier parfum de l’oie rôtie épicée ainsi que celle des autres mets vous ramène en arrière dans le temps. Depuis l’enfance ce parfum vous parle de ces rencontres de famille, de cette fête de Thanksgiving[1], où chaque année on rend grâce à Dieu pour tant de bienfaits, et aussi du fait d’avoir si souvent bien trop mangé…
Nous le savons bien, il ne faut pas identifier un estomac bien rempli avec la plénitude d’un cœur reconnaissant. Mais, comme il est difficile de ne pas le faire quand la nourriture est si bonne et que Dieu a si abondamment répandu sa bénédiction sur chacun. Peut-être que cette année nous parviendrons à remplir nos cœurs encore plus que nos estomacs en méditant sur le rôle de la Providence qui nous fournit cette nourriture avant même de sentir le parfum de ce repas de fête.
La nourriture qui nous vient de la terre
Israël était un peuple dont la vie était marquée par des actes publics de reconnaissance. Le livre de cantiques national des Juifs, le Livre des Psaumes, est rempli de chants de reconnaissance et de louanges adressés à Dieu pour son salut, sa force, sa protection, son pardon, sa direction, ainsi que pour ses bénédictions quotidiennes. Au Psaume 104 nous trouvons ces paroles :
Il fait germer l’herbe pour le bétail,
Et les plantes pour le service des humains,
Pour tirer le pain de la terre.
Psaume 104:14
Arrêtons-nous un instant pour considérer ce qui est dit par cette phrase : « Il tire le pain de la terre. » Cette affirmation peut nous étonner pour deux raisons. Premièrement, que nous soyons végétariens ou carnivores, il nous faut reconnaître que toute nourriture vient, ou de la terre, ou des mers dont est encerclé notre globe. Le hamburger que nous mangeons ruminait de l’herbe il n’y a que peu de jours. Notre sandwich au thon nous provient évidemment (du moins en partie) de l’océan. Et nos brocolis, nos raves et nos bananes sortent, eux, directement du sol.
Et voici une deuxième chose étonnante que nous dit ce verset : « Il tire le pain de a terre. » Exprimées plus simplement ces paroles affirment que Dieu transforme la terre en carottes. Allez dehors et examinez une bonne terre prête à être ensemencée. Prenez avec vous une tige de persil, un ananas et une cacahuète. Puis regardez la terre. Est-ce que ces légumes et ces fruits ressemblent en quoi que ce soit à de la terre ? La terre est-elle feuillue ou verte ? Cependant le persil est issu de la terre. Il en est de même pour l’ananas ou la cacahuète. La graine ou la bouture qui fut plantée en terre a été transformée par quelque chose qui se trouve dans le sol en nourriture assimilable par l’homme. Qu’est donc que cette chose ?
C’est la main de Dieu, étendue de manière providentielle pour présider à la croissance de toutes choses sur cette terre. Il serait profitable à l’homme moderne de mettre, une fois pour toutes, fin à son refus de reconnaître la main divine dans ce qu’on est venu à appeler les « lois de la nature ». Car parler ici de « nature » n’explique rien du tout. Nous restons dans l’émerveillement en nous demandant : « Comment la terre peut-elle faire de telles choses ? » Il y a en effet bien des causes d’émerveillement et de mystère. Jésus nous l’a lui-même déclaré dans une de ses paraboles où il attire notre attention sur ce grand mystère.
Il dit encore : Il en est du royaume de Dieu comme d’un homme qui jette de la semence en terre ; qu’il dorme ou qu’il veille, nuit et jour, la semence germe et croit sans qu’il sache comment. La terre produit d’elle-même, premièrement l’herbe, puis l’épi, enfin le blé bien formé dans l’épi ; et dès que le fruit est mûr, on y met la faucille, car la moisson est là. (Marc 4:26-29)
Remarquez bien ce que dit Jésus ici :
- L’homme peut semer des graines.
- L’homme peut moissonner la récolte.
- Mais l’homme est incapable de faire croître la plante.
- Tout ceci sert à illustrer ce qu’est le royaume de Dieu.
En d’autres termes, cet événement presque banal, que l’on considère comme si « naturel », a un rapport très profond avec ce qu’est le royaume de Dieu. La nourriture que nous voyons sur nos assiettes en cette fête de Thanksgiving a quelque chose à nous faire comprendre sur le Christ, notre Créateur et Rédempteur. Cherchons maintenant à voir ce que nous pouvons apprendre de la nourriture.
Laissez parler la purée de pomme de terre
Prenez, par exemple, ce plat de purée de pomme de terre, vraie montagne chaude et légère, couronnée d’une motte de beurre, ou d’un cratère rempli d’une sauce appétissante. D’où viennent donc les pommes de terre qui ont servi à faire ce plat délicieux ? Bien sûr, en premier lieu, de la cuisinière familiale alimentée par un autre mystère qu’on appelle « l’électricité » acheminée tout exprès dans votre cuisine pour cuire ce bon repas. Peut-être que la cuisson s’est faite au gaz qui, lui provient des profondeurs de la terre où il a été placé, il y a bien longtemps par une main toute puissante et plus récemment extrait par des forages (provenant d’une main moins puissante) dans le but de permettre la cuisson de cette bonne purée.
Mais, posons-nous une nouvelle question. Où se trouvaient ces pommes de terre avant d’être pelées par un instrument en acier, métal lui aussi extrait de cette même terre qui a fait croître nos pommes de terre. On les trouve à l’épicerie où elles ont été acheminées dans un camion roulant avec de l’essence, elle aussi tirée de la même terre. Pensez maintenant aux milliers de pièces dont est fait ce camion, certaines de métal, d’autres en plastique ou en caoutchouc, d’autres encore en verre. Pensez ensuite aux routes couvertes de goudron sur lesquelles il a dû rouler, substance elle aussi extraite des profondeurs de la terre. Pensez à toutes les entreprises qui permettent l’utilisation et l’entretien de telles routes. Pensez aux réseaux complexes de lignes téléphoniques, de courrier postal, de communication par ordinateurs, puis à des choses apparemment insignifiantes, telles agrafes ou trombones, qui toutes contribuent d’une manière ou d’une autre au transport effectué par ce camion. Toutes sont nécessaires pour acheminer ce chargement de pommes de terre vers votre épicerie ou votre supermarché et rendent possible qu’en ce jour de Thanksgiving il vous soit possible de vous asseoir devant une assiette pleine de cette délicieuse purée de pomme de terre. Et pour préparer ce repas vous pouvez sans doute même choisir entre trois ou quatre différentes catégories de pommes de terre.
Réfléchissons un instant. Y a-t-il un homme assez arrogant pour imaginer être capable de maîtriser un enchevêtrement aussi complexe d’événements qui cependant nous paraissent aller de soi ? Précisons : quel homme serait capable de conduire tous les événements qui nous permettent de savourer cette bonne assiette de purée de pomme de terre ? Si un tel homme existe, il ferait bien d’écouter la suite de notre propos.
Laissez parler le fermier
Si nous suivons la route prise par votre purée de pomme de terre pour arriver sur votre assiette, il faut finalement parvenir à la ferme de quelqu’un. La terre, cultivée par des mains capables est parvenue à produire ces pommes de terre. Pour y arriver, il a fallu fabriquer des tracteurs dans des usines, composer des engrais synthétisés dans des fabriques et monter des équipements d’irrigation dans des ateliers conçus pour cela. Dans chaque cas, le génie industriel de l’homme a pris des matériaux tirés du sol pour les transformer en des produits finis utilisables par le fermier afin d’améliorer et d’accroître sa production. Il ne faut pas, non plus, oublier le personnel impliqué dans tous ces travaux : directeurs, secrétaires, concierges et simples ouvriers. À leur tour, ils doivent manger les pomme de terre de notre fermier et savourer des biftecks de choix, découpés dans les carcasses de son bétail. Même leurs bébés sont obligés de boire le lait tiré des vaches du fermier.
Mais vous me ferez remarquer que ce fermier ne produisait que des pommes de terre. Il n’avait ni vaches laitières, ni bétail. Il ne cultivait même pas des céréales. Tous ces produits provenait d’entreprises agricoles différentes, chacune avec son propre réseau de fournisseurs d’équipements, de matières premières et de services. La toile que nous décrivons devient maintenant très complexe. Des milliers de rapports différents vous relient ainsi à ce cultivateur de pommes de terre. Vous est-il possible de suivre toutes ces filières, de faire fonctionner un tel réseau ? C’est bien à une telle complexité que pensait le prophète Ésaïe en appelant le peuple d’Israël à la contemplation de son Dieu.
Ne le reconnaissez-vous pas ?
Ne l’entendez-vous pas ?
Ne vous l’a-t-on pas annoncé dès le commencement ?
Ne l’avez-vous pas compris (ce que sont)
Les fondements de la terre.
C’est lui qui habite au-dessus du cercle de la terre,
Dont les habitants sont comme des sauterelles ;
Il étend les cieux comme une étoffe légère,
Il les déploie comme sa tente,
Pour en faire sa demeure.
C’est lui qui réduit les princes à rien
Et qui ramène au néant les juges de la terre ;
Ils ne sont pas même plantés,
Pas même semés,
Leur tronc n’a pas même de racine en terre ;
Qu’il souffle sur eux,
Et ils se dessèchent,
Un tourbillon les emporte comme le chaume.
A qui me comparerez-vous ?
Pour que je lui ressemble ?
Dit le Saint.
Levez les yeux en haut et regardez !
Qui a créé ces choses ?
C’est celui qui fait sortir leur armée au complet.
Il les appelle toutes par leur nom,
Par son grand pouvoir et par sa force puissante.
Pas un ne fait défaut.’
Ésaïe 40:21-26
Y a-t-il un seul homme qui puisse, dans tous les détails, assumer la responsabilité de faire parvenir sur votre table même une simple pomme de terre ? Mais poursuivons notre propos.
Que la terre parle !
Examinons maintenant ce mystère de la croissance végétale souligné par Jésus dans la parabole que nous venons de citer. Comprenons-nous bien l’impuissance véritable de notre fermier, cultivateur de pommes de terre ? Par un rude labeur, accompli à l’aide du tracteur pourvu par la bonne providence de Dieu, il prépare son champ. Puis, il ensemence les germes de pomme de terre dans la terre labourée. D’où viennent ces germes ? Évidemment, de la récolte de l’an dernier. Un homme va-t-il donc tirer gloire de la récolte de l’année dernière ? Bien sûr que non, c’est comme on le dit, quelque chose de tout « naturel ». Vous parlez de naturel ? Il se trouve en fait presque rien de naturel ici. Cet événement a quelque chose de presque miraculeux.
Pensez-y. Lorsque ce germe est enfoui dans cette matière en décomposition qu’on appelle « terre », quelque chose d’inouï, d’humainement insondable, se produit. Ici le fermier s’avère parfaitement impuissant. Tout ce qu’il peut faire c’est de veiller à ce qui se passe à la surface du sol et de l’arroser suffisamment. Mais cette eau d’où vient-elle ? Elle tombe du ciel, se rassemble dans un étang ou est contenue dans de vastes réservoirs souterrains. Le fermier sait fort bien qu’il ne peut pas fabriquer cette eau, qu’il n’est pas de son pouvoir de faire pleuvoir. On peut bien appeler tous ces événements « naturels », mais cela n’explique rien. Tout ce qui se passe est beaucoup trop compliqué pour qu’on puisse le traiter de naturel, comme si aucune intelligence ne dirigeait cet étonnant processus.
Mais regardons à présent ce qui se passe à l’intérieur du germe. Quelque chose se réveille dans ses cellules et devient tout d’un coup actif. La vie qui y était cachée pendant son séjour dans la cave du fermier se trouvait alors en état d’hibernation. Maintenant ces cellules savent parfaitement ce qu’elles doivent faire. Elles tirent de l’énergie et de la chaleur du sol et mettent en marche une activité vibrante que l’on ne peut qu’observer au microscope. Les cellules commencent à se multiplier, chacune selon son ordre et ses propriétés spécifiques. Des chaînes de réactions chimiques incroyablement complexes se mettent en route avec une rapidité fulgurante. Tout cela avec une précision qu’aucun laboratoire humain ne saurait dupliquer. Certaines cellules construisent la chair de la pomme de terre qui finira dans votre assiette. D’autres forment la peau qui va la protéger. D’autres encore élaborent un plan qui aboutira à la tige qui percera le sol et qui produira un abondant feuillage. Ces feuilles ont en elles-mêmes le don étonnant de se rappeler comment s’approprier la lumière du soleil et la transformer en cette énergie si nécessaire à la croissance de ces pommes de terre enfouies dans le sol.
Pendant tout ce temps, le fermier n’intervient en rien dans ce qui se passe dans son champ. Il regarde. Il se couche et le matin se lève, mais il reste en dehors du processus de croissance enclenché. Il ne pourrait jamais le comprendre, même s’il disposait d’un million d’années pour le faire. Tout ce qu’il sait, c’est que bientôt il va récolter des tonnes de pommes de terre tirées de son champ. Pour autant que son puits ne se dessèche pas ; qu’un orage de grêle ne ravage pas sa récolte ; ou qu’une peste ne la détruise ; ou que son tracteur ne tombe pas en panne ; on que ses ouvriers ne le laissent pas tout d’un coup tomber ; ou, enfin, qu’il ne meurt pas soudainement d’une attaque. Il s’attend aussi à vendre sa récolte avec suffisamment de bénéfice pour lui permettre de reproduire ce processus l’an prochain, ceci pour autant, bien sûr, que le marché des pommes de terre ne s’effondre pas et qu’il puisse continuer à payer ses hypothèques. Quelqu’un est-il capable de tenir en main une telle diversité de facteurs ? Certainement pas notre fermier, et encore moins ni vous, ni moi.
Laissons parler Dieu
Ce que nous voyons, c’est que des dizaines de milliers de personnes sont, chacune pour sa part, responsables de l’arrivée de cette purée de pomme de terre si délicieuse au bout de votre fourchette. Ne pensez-vos pas maintenant que les hommes devraient rendre grâces à Dieu pour quelque chose d’apparemment aussi ordinaire qu’une simple pomme de terre ? Le fermier ne devrait-il pas lui-même remercier Dieu pour cette providence divine si étonnante qui, en réunissant tant d’éléments si disparates, lui permet de cultiver ses pommes de terre ? N’en devrait-il pas être de même pour le vendeur de tracteurs, le directeur du dépôt agricole, le météorologue, l’ouvrier agricole, le commis du bureau des hypothèques, le vendeur de produits chimiques, le fabriquant de pneus, et le cordonnier, l’épouse de notre fermier et sa famille ? Ne devraient-ils pas tous rendre grâces à Dieu ?
Le Psaume 107:21 nous dit :
Qu’ils célèbrent l’Éternel pour sa bienveillance,
Et pour ses merveilles en faveur des humains.
Ce chauffeur de camion et le directeur de production, l’entrepreneur qui construisit le supermarché et le technicien en air-conditionné qui lui permet de garder sa fraîcheur, ne devraient-ils pas tous rendre grâce au Seigneur ? N’est-ce pas également le cas pour la caissière et le balayeur du parc à voitures ? Le fabriquant de votre couteau pour peler les pommes de terre ne devrait-il pas aussi remercier le Seigneur ? Ceux qui ont construit et qui font fonctionner les générateurs d’électricité ne devraient-ils pas, eux aussi, remercier Dieu de pouvoir nourrir leurs familles en vous fournissant le courant nécessaire à la cuisson de ces pommes de terre ? Les ouvriers de la fabrique de porcelaine ne devraient-ils pas eux aussi louer Dieu du fait que vous ayez choisi leurs plats pour y mettre votre purée ? Et quelqu’un a dû fabriquer la fourchette qui porte cette bonne purée à votre bouche. Ne devrait-il pas, lui aussi, louer Dieu ?
Et vous ? Votre cœur ne devrait-il pas être lui aussi rempli de gratitude lorsque vous portez quelque chose de si délicieux à votre bouche ? Lorsqu’on y pense le fait de manger une quelconque nourriture devrait être considéré comme un acte presque sacré. Êtes-vous enfin reconnaissants ? Ou devons nous encore poursuivre ?
Enfin, faut-il poser la question ultime : comment cela se fait-il que les pommes de terre existent ? Toute récolte de pommes de terre se rapporte inévitablement, en dernier lieu, au fait qu’il est un jour apparu la pomme de terre originelle. Comment un tel événement s’est-il produit ? Devons-nous croire qu’un ensemble composé de roches, de minéraux divers, du climat et de l’écoulement du temps, ait pu produire un liquide primordial qui, frappé par la foudre, ait fabriqué la première cellule vivante. Avec le temps cette dernière se serait graduellement transformée en divers végétaux et mammifères tels l’ananas, les cacahouètes, des marsouins et des humains. Et notre fameuse pomme de terre, d’où pourrait-elle donc venir ? Allons-nous être assez ingrats pour refuser à Dieu la gloire qui lui est due pour notre purée et la rendre à un univers purement impersonnel ?
Écoutez-moi bien. Nous sommes trop nombreux à avoir perdu notre esprit de gratitude en tentant de nous inciter à avoir de la reconnaissance pour ce qui nous concerne directement, pour ce qui se passe dans nos circonstances personnelles particulières. Veuillez ici bien me comprendre. Depuis que la science moderne a détrôné Dieu et s’est mise en tête de nous enseigner que notre monde provient d’un simple jeu fortuit de forces naturelles privé d’intelligence, nous avons perdu notre capacité de louer Dieu et de fêter Thanksgiving comme il le faudrait. Si vous ne comprenez pas d’emblée ce que j’essaie de vous dire, prenez un moment pour y réfléchir. L’influence de la pensée évolutionniste ne se limite pas simplement aux leçons de biologie à l’école. Elle nous a façonnés de bien des manières. Elle a transformé notre manière de considérer l’univers. Elle nous a éloignés de Dieu et a établi une grande distance entre Lui et nous. Cela nous conduit à uniquement le remercier pour des événements qui nous semblent importants et qui nous touchent de façon personnelle. Il nous faut revenir à une attitude plus modeste qui nous permette de voir l’action de Dieu dans toutes choses, ceci jusqu’à le remercier pour cette assiette de purée de pomme de terre placée devant nous.
Qu’ils le célèbrent pour sa bienveillance
Et pour ses merveilles en faveur des hommes.
Psaume 107:21
Quelle est la cause de cette immense difficulté qu’éprouvent les hommes aujourd’hui à rendre grâces à Dieu ? Pourquoi notre propre cœur peut-il être si plein de reconnaissance et celui de notre voisin aussi froid qu’un bloc de glace ? Pourquoi les hommes trouvent-ils aujourd’hui plus raisonnable de croire que des forces impersonnelles purement fortuites – d’où proviendraient-elles, d’ailleurs ? – aient pu être à la source de notre purée de pomme de terre ? Nous n’avons aucune excuse pour une attitude si arrogante, car Dieu nous a Lui-même expliqué d’où elles proviennent. C’est Lui qui les a faites. Pourquoi est-ce tellement plus difficile de confesser cela que de dire : « Rien les a fait ».
Puis Dieu dit : Que la terre se couvre de verdure, d’herbe porteuse de semence, d’arbres fruitiers donnant sur la terre des fruits selon leur espèce et ayant en eux leur semence. Il en fut ainsi. La terre produisit de la verdure, de l’herbe porteuse de semence selon son espèce et des arbres donnant du fruit et ayant en eux leur semence selon son espèce. Dieu vit que cela était bon. (Genèse 1:11-12)
C’est Dieu qui l’a fait ! Et cela était bon ! L’homme ingrat, incapable de remercier qui que ce soit que lui-même, affirme : « Non. Ce n’était pas bon ; ce n’est d’ailleurs pas mauvais non plus. C’est arrivé tout seul. » Existerait-il encore aujourd’hui un cœur assez sec pour me dire que le goût de la purée de pomme de terre se serait produit tout seul ? Vous affirmez que cela n’est pas bon. Moi, je suis de l’avis de Dieu. Car c’est Lui qui l’a fait. Les hommes qui refusent de rendre grâce à Dieu devraient être contraints à manger la nourriture qu’ils seraient capables de fabriquer par eux-mêmes, sans l’aide fournie par la bonne terre de Dieu.
Qu’ils célèbrent l’Éternel pour sa bienveillance
Et pour ses merveilles en faveur des humains.
Psaume 107:21
Que l’Église parle
Permettez-moi de conclure avec quelques paroles d’encouragement. Cet encouragement provient de ces millions de chrétiens rassemblés aujourd’hui pour rendre grâce à Dieu. Tous les hommes n’ont pas des cœurs de pierre. Malgré toute notre arrogance, malgré notre ignorance de l’action mystérieuse de la main puissante de Dieu agissant dans la croissance d’une simple pomme de terre, l’excellente nouvelle est que Dieu règne par-dessus toutes les folies des hommes. Il nous envoie la pluie même quand nous oublions de l’en remercier. Il persiste à faire pousser les pommes de terre, même quand nous nous imaginons que c’est nous qui le faisons. Il maintient les rouages de l’économie même quand nous l’ignorons. Il protège nos foyers de sorte que nous pouvons nous retrouver dans la maison de grand-mère et y humer le délicieux parfum d’une dinde en train de rôtir. Il veille sur chacun de nous. C’est Lui qui nous permet, cette année encore, de nous trouver assis au tour de cette table, joyeux et en bonne santé.
Nous vivons actuellement sans aucun doute la période la plus prospère de l’histoire de l’humanité. Cependant, les hommes n’ont sans doute jamais été plus misérables qu’aujourd’hui. Nos prophètes de malheur nous racontent qu’il nous faut une nouvelle dépression, ou un quelconque autre désastre, pour faire de nous à nouveau des êtres reconnaissants. Je réponds non. Dans un monde aussi étonnant, monde qui sait ainsi amener dans nos assiettes cette purée de pomme de terre en ce jour de Thanksgiving, toutes les pièces du puzzle sont en place pour faire de cette terre le porche même du ciel. Tout fonctionne en fait, presque à la perfection.
Le travail le plus dur est accompli. Jésus-Christ a pris la chair d’un homme, offrant son corps en sacrifice pour nos péchés, nous nettoyant de notre culpabilité, nous imputant sa justice, nous relevant avec lui dans sa résurrection. La mort et les ténèbres sont vaincues ! La chose est faite ! Christ est monté à la droite du Père ayant reçu de Lui toute autorité, dans le ciel et sur la terre. Ainsi, dans sa fidélité, il maintient et dirige depuis deux mille ans ce monde si étonnant de telle sorte que chaque année nous ramène à cette table comblée de ses biens pour fêter Thanksgiving.
Les deux choses qui manquent
Alors, que nous manque-t-il, à nous qui sommes tellement comblés ? Deux choses qui, si elles étaient présentes, transformeraient ce pays en une nouvelle Terre Promise ; deux choses qui nous apporteraient les bénédictions incomparables du trône impérial du Christ. Que sont-elles ?
Premièrement nous devons rendre gloire à Dieu. L’Ange du livre de l’Apocalypse annonce l’Évangile éternel en ces termes :
Craignez Dieu et rendez-lui gloire.
Apocalypse 14:7
Il nous faut cesser de parler de « nature », d’« évolution », et de l’« autorité normative de la pensée scientifique », mais recommencer à rendre gloire au Dieu Créateur, Ordonnateur et Sustenteur de toutes choses. Ce ne peut être qu’un Dieu tout puissant et infiniment bienveillant qui peut veiller sur la longue série d’événements, mystérieusement imbriqués les uns dans les autres, qui soit capable d’amener cette purée de pomme de terre sur notre table. Vous savez fort bien ceci, et je n’ai guère besoin de vous le dire, si ce n’est comme un rappel. Mais nous devons encourager ceux qui nous entourent – en fait tous les hommes – à rendre gloire à Dieu dans tout ce qu’ils font. Nous devons être les premiers à faire comprendre aux autres que c’est à Dieu qu’il nous faut rendre gloire. Mais, là aussi, il nous faut être prudents ! En faisant cela, il n’est pas nécessaire de casser les pieds de votre voisin. Si, d’un cœur entier, vous accomplissez tout ce que vous faites pour la gloire de Dieu, vous n’aurez pas besoin de beaucoup de mots. Parfois même, il vaut mieux ne rien dire du tout et laisser nous actions parler d’elles-mêmes.
La deuxième chose qu’il nous faut absolument faire, c’est de nous détourner du mal. Renoncé ainsi au mal pourrait transformer notre monde fait d’assiettes pleines placées devant des personnes au cœur vide en un véritable paradis. Le simple fait de se détourner du mal serait suffisant à cela. Au sein de notre abondance, au cœur de tout ce que Dieu fait pour nous bénir, nous sommes constamment entourés par des choses mauvaises. Comme le chante le psalmiste :
Tu dresses devant moi une table,
En face de mes adversaires.
Psaume 23:5
Mais nous sommes tous – même dans l’Église – comme fascinés par le mal. Nous passons notre temps à le tolérer. Nous l’autorisons. Nous finissons même par l’approuver. Or ce que nous faisons là ressemble à ce que ferait notre fermier s’il cherchait à arroser ses pommes de terre avec de l’essence. C’est ainsi que ce mal toléré, autorisé et approuvé dévorera toute notre abondance. Il faussera nos meilleures intentions ; il ruinera nos entreprises et nos foyers ; il dévorera le monde entier, au point qu’il ne nous restera plus aucune pomme de terre à manger. Quels bienfaits obtiendrions-nous pour nous et pour nos enfants par le simple fait de nous détourner du mal. Le Patriarche Job, même au sein de son affliction, voyait bien que les hommes devaient craindre Dieu et se détourner du mal. Saurons-nous aujourd’hui nous laisser instruire par lui ?
Voici : la crainte du Seigneur, c’est la sagesse ;
S’écarter du mal, c’est l’intelligence.
Job 28:28
Laissez-moi terminer par un appel à votre foi, cette foi qui nous permet de contempler la gloire qui se trouve à deux doigts de chacun de nous. Nous sommes en fait si proches du ciel que cela devient même effrayant de songer que nous pourrions manquer d’y entrer. Christ notre Roi victorieux accomplit infailliblement son œuvre. Pour la plupart d’entre nous, le monde en ce moment est en réalité un endroit merveilleux. Tout ce qu’il nous faudrait pour nous voir submergés dans un océan de paix et de vraie prospérité serait de remercier Dieu d’un cœur véridique, sincère et entier et de nous détourner du mal. Détournez-vous du mal et rendez-lui gloire pour toutes choses. Nos enfants seraient bénis. Nous vivrions alors des vies comblées. Nous serons en sûreté. La paix se répandrait à travers notre pays, comme la lumière du soleil qui éclaire la terre à son lever. Ouvrez donc les yeux et voyez à quel point nous sommes en fait proches de saisir l’héritage qui nous est accordé par l’œuvre parfaite de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.
La dinde à moitié consommée donnera encore de la viande pour les sandwichs de ces prochains jours. Le parfum du repas est remplacé par l’arôme du café qui se prépare. La vaisselle est lavée. Le grand-père fait encore sa sieste. Les enfants jouent. Si les estomacs sont bien remplis, les cœurs débordent de gratitude. Il est temps de réfléchir un peu. L’année a été rude. L’arrière-grand-mère s’est enfin éteinte après une longue lutte avec des reins défaillants. Johnny a eu des difficultés avec la loi, mais il est de retour au travail et semble avoir acquis un peu de sagesse. Le bras de Michelle sortira du plâtre la semaine prochaine. Jill et Bob sont encore bien tristes après cette fausse couche.
Comment va le cantique ?
Toutes les récoltes sont engrangées
Avant que les tempêtes de l’hiver se déchaînent.
Vous soupirez et vous vous dites : « Chaque année a son hiver. » Mais tout cela ne détruit en rien l’esprit de Thanksgiving. Ce sont ces choses qui donnent à cette fête sa vraie saveur. Comme nous serions ingrats envers Dieu si nous ne le remercions que quand tout va bien. Mais, je ne le fais même pas alors ! Je ne me préoccupe que de savoir comment les choses pourraient aller encore mieux ! Seigneur, aide-moi à te rendre gloire et à me détourner du mal. Je commencerai avec le mal qui se trouve dans mon cœur. Seigneur, pardonne mon manque de reconnaissance. Je n’ai même pas pu voir ta main dans une chose aussi simple que la pomme de terre sur mon assiette. Remplis-moi de ton Esprit afin que je puisse me réjouir de tous tes bienfaits et travailler à étendre ton royaume à ceux que je côtoie.
Les hommes droits le voient et se réjouissent,
Mais toute injustice ferme la bouche.
Que celui qui est sage prenne garde à ces choses
Et comprennent les actes bienveillants de l’Éternel.
Psaume 107:42-43
Tom Hickey
Le pasteur Tom Hickey exerce son ministère dans une Église de frères à Palm Harbour en Floride
[1] Il s’agit de la fête américaine du Thanksgiving Day célébrée le quatrième jeudi de novembre (jour férié national) et qui est un acte familial, ecclécial et national de reconnaissance envers Dieu pour tous ses bienfaits reçus au cours de l’année