Religion et mondialisme
Les articles précédents[1] ont montré quelles puissances occultes poussent à l’établissement d’un gouvernement mondial et ils ont fait la lumière sur toutes les organisations qui, agissant en général dans les coulisses, en constituent en quelque sorte le « bras séculier ». Tout cela, répétons-le, pour le plus grand bien de la haute finance et du communisme athée.
Mais ces puissances et ces organisations ont un allié de poids : le Conseil Œcuménique des Églises (COE) qui a dévié en bien des points de la véritable doctrine chrétienne et de la « foi transmise aux saints une fois pour toutes » (Jude 1:3). Parmi ces diverses déviations figurent l’adhésion totale aux thèses mondialistes et les efforts déployés pour la création d’une communauté mondiale dans laquelle le christianisme serait en fait dilué dans un véritable syncrétisme religieux.
A l’appui de notre propos, nous pouvons citer des extraits de la Déclaration de Berlin sur l’œcuménisme[2], rédigée le 8.7.1974 après une réunion tenue le jour de l’Ascension 1974 par des chrétiens membres de diverses Églises européennes qui ont « passé l’œcuménisme au crible ». Après avoir constaté « qu’un humanisme anti-divin, parce qu’il divinise l’homme, se dissimule sous une théologie d’apparence chrétienne » et « qu’il pénètre la chrétienté tout entière », la Déclaration affirme plus loin : « Nous nous élevons contre la fausse doctrine selon laquelle l’unité de l’Église ne serait que le premier pas vers l’unité globale de l’humanité tout entière. Cette doctrine… confond le Royaume de Dieu avec une communauté universelle conçue dans un sens humaniste. »
Et plus loin encore : « L’idée force du mouvement œcuménique culmine aujourd’hui dans la « vision utopique » d’une communauté pacifique universelle qui doit être édifiée par l’union de toutes les forces humaines, toutes les races, religions et idéologies ». Le syncrétisme n’est donc pas seulement religieux, mais il devient idéologique, incluant en toute logique le communisme soviétique athée ! Et la Déclaration constate par ailleurs : « Cette vision utopique tend vers un gouvernement mondial qui serait assuré en commun par un œcuménisme des religions et idéologies. Mais, d’après les prédictions bibliques, le chef couronné de ce gouvernement mondial ne pourra jamais être rien d’autre que l’Antichrist… accompagné de tous ses faux prophètes. »
Ces textes sont suffisamment précis pour prouver l’apostasie du COE. Or, à la même époque, l’actuel secrétaire général du COE, Emilio Castro, qui était alors directeur de la « Commission œcuménique pour la Mission », déclarait que tous les chrétiens devaient travailler à la « réalisation d’une communauté mondiale débarrassée de toute discrimination de races, de classes, de religions et de systèmes politiques, et dirigée par un gouvernement mondial unique ». La Déclaration de Berlin n’avait donc rien inventé. Par ailleurs, le théologien Jürgen Moltmann a déclaré en 1973 lors du Congrès de Melbourne « qu’un gouvernement universel pourrait être réalisé à travers une Église universelle[3]».
La récente Conférence mondiale sur la Mission, tenue à San Antonio (Texas) du 22 au 31 mai 1989, a confirmé la tendance syncrétique du COE[4]. Tout d’abord, des représentants jaïn, bouddhiste, musulman, hindou et juif ont participé aux débats. Qu’avaient-ils à voir avec la Mission chrétienne ? Par ailleurs, il convient de citer la déclaration faite par Wesley Arirasjah : « Dire que Jésus est la seule révélation finale, absolue ne nous aide pas. C’est un langage de polémique et de pouvoir excluant l’approche des autres religions. Nous avons besoin d’un autre langage, d’une autre christologie ». Certains délégués n’ont pas partagé ce point de vue, mais ce qui est grave, c’est que ce personnage n’est pas n’importe qui, puisqu’il est précisément directeur de la section « Dialogue avec les religions de notre temps ».
La collusion du COE avec les forces occultes qui œuvrent pour la création d’un gouvernement mondial est donc on ne peut plus manifeste. Mais ces forces disposent d’un autre allié de grand poids, avec le mouvement « New Age » (Âge Nouveau) à prétention religieuse et qui n’est pas autre chose qu’un néopaganisme s’infiltrant partout. Notre bulletin[5] a déjà présenté ce mouvement multiforme et insaisissable, qui œuvre pour une communauté mondiale avec un gouvernement mondial, afin de réaliser ainsi un soi-disant « état d’harmonie universelle. »
Essai de critique biblique du mondialisme
Il est clair que les vrais chrétiens ne peuvent adhérer aux idées mondialistes, ni en favoriser l’expansion, et cela, le COE devrait le savoir. Mais, avant de terminer cette série d’articles, nous devons être plus précis et examiner le mondialisme sous certains angles, cela à la lumière de l’Écriture Sainte. Bien entendu il s’agit seulement d’un essai de critique, qui ne prétend pas être exhaustif et que l’on pourrait très certainement compléter et approfondir.
Souveraineté de Dieu
La première question qu’un chrétien doit se poser pour juger le mondialisme est : « Où est la place de Dieu, souverain Maître de l’univers, dans tous les efforts déployés pour créer l’union globale des peuples et nations, renforcée par celle des religions ? » Il faut hélas constater que les mondialistes veulent ignorer cette souveraineté de Dieu et le pouvoir qu’il exerce sur la destinée de chaque Nation ; et le mal est encore aggravé par la pseudo-religion syncrétique qui est l’objectif final du COE et du « Nouvel Age[6]»
Il n’y a pas lieu de s’étonner si les athées et agnostiques veulent construire sans Dieu un monde unifié, mais ce qui est grave, c’est que des chrétiens figurent parmi toutes les organisations mondialistes que nous avons énumérées dans les précédents articles. Animés à leur insu par l’esprit du siècle et par les « théologies » à la mode, tous ces chrétiens ont perdu la notion du Dieu Tout-Puissant et transcendant, sans laquelle il n’y a pas de foi chrétienne. Ils se rallient en fait à l’humanisme, considèrent que l’homme est la mesure de toute chose, et se fient au serpent de la Genèse : « Vous serez comme Dieu » (Genèse 3:5).
Et pourtant, pour ne parler que de la France, la liturgie de l’Église Réformée reconnaissait il y a une trentaine d’années : « Souverain maître du monde, toi qui tiens dans ta main la destinée des Nations… dirige les chefs des peuples et accorde la paix au monde ». Et à l’occasion de la Fête de la Réformation : « Redis-nous que quoi qu’il advienne, tu gouvernes le monde ». Voilà qui est clair et biblique, et qu’il est plus que jamais nécessaire de rappeler.
Pour réagir contre les déviations à la mode et rappeler la toute-puissance de Dieu et de sa Providence, des chrétiens bibliques en vue, basés la plupart en Amérique et appartenant à diverses dénominations, se sont groupés dans la « Coalition on Revival » (« Ligue pour le Réveil ») et ont lancé un « Manifeste pour l’Église chrétienne » signé par 110 personnalités[7] et complété par un texte intitulé : « Les points essentiels d’une vision chrétienne du monde ». Des 42 articles de ce texte, il est nécessaire d’en relever deux, qui condamnent clairement le mondialisme sans Dieu :
- 36 : « Nous affirmons que Dieu a établi une multiplicité de gouvernements humains : individuel, familial, ecclésial et civil. Nous rejetons l’idée que quelque forme de gouvernement humain (ou tout souverain) pourrait détenir une autorité valable d’une autre source que Dieu, ou que quelque gouvernement humain pourrait avoir une juridiction absolue ou totale sur tous les autres gouvernements ». Voilà donc des chrétiens solides qui condamnent la notion d’un super-gouvernement mondial.
- 39 : « Nous affirmons que par sa providence le Dieu Souverain dirige le cours de l’histoire humaine, et que son dessein du salut en Christ est réalisé dans le cadre de cette même histoire. »
Par conséquent, les mondialistes agissent contre Dieu lorsqu’ils prétendent diriger eux-mêmes le cours de l’histoire (qu’il s’agisse de la haute finance, du CFR, de la Trilatérale, des gens du Kremlin, de la franc-maçonnerie, etc.)
Toute notion d’un gouvernement mondial établi sans Dieu ou contre lui doit donc être condamnée. C’est d’ailleurs le sens du Psaume 127 (v. 1) : « Si l’Éternel ne bâtit la maison, ceux qui la bâtissent travaillent en vain…» Cela s’applique en particulier à cette « maison commune européenne » voulue par Gorbatchev !
Nous devons d’ailleurs rappeler (voir articles précédents) que depuis le début du siècle, et encore maintenant, diverses têtes pensantes du mondialisme (Nicolas Murrey Butler, lord Milner, le Britannique Fabien G.D.H. Cole, Sydney et Béatrice Webb, Annie Besant, le « colonel » House, les omniprésents H. Kissinger et Z. Brzezinski, etc.) ont tous, d’une manière ou d’une autre, fait en quelque sorte allégeance au communisme, c’est-à-dire à un régime ennemi de Dieu et persécuteur de chrétiens.
Satan à l’œuvre
Dans sa lutte contre Dieu, Satan a su trouver des instruments utiles agissant par le moyen du mondialisme.
Nous avons déjà montré comment la haute finance internationale s’était en fait emparée de la branche occidentale du mondialisme (tout en soutenant financièrement sa branche soviétique). Il en résulte que ce mondialisme au service de la haute finance est en réalité le serviteur de Mammon (de l’Argent), de cette puissance qui asservit le monde et contre laquelle le Christ a mis ses disciples en garde : « Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent » (Matthieu 6, 24 et Luc 16, 13). Et d’ailleurs l’épître aux Hébreux est très claire à ce sujet : « Que l’amour de l’argent n’inspire pas votre conduite » (ch. 13, v. 5). Cette soumission à Mammon suffirait à elle seule pour condamner le mondialisme vu sous cet angle.
En fait, le mondialisme est tombé dans le piège dans lequel Satan avait voulu attirer Jésus lors des tentations au désert : « Je te donnerai tout ce pouvoir avec la gloire de ces royaumes, parce que c’est à moi qu’il a été remis et que je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu m’adores, tu l’auras tout entier » (Matthieu 4,5-7). Recherchant cette puissance universelle et adorant le Veau d’Or au lieu du vrai Dieu, le mondialisme (même à son insu) rend tout simplement un culte au démon, n’ayons pas peur de le dire !
La tour de Babel moderne
Le livre de la Genèse nous rapporte au chapitre 11 que les descendants de Noé se dirent l’un à l’autre : « Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne soyons pas disséminés…»
Leur intention est claire. Tout d’abord Dieu n’est pas mentionné dans ce projet ambitieux : ces hommes veulent construire sans son aide, par leurs propres forces. Mais ils vont plus loin, ce qui dans une traduction catholique est rendu par une expression plus précise : « Célébrons notre nom », d’où il ressort que ces hommes avaient incontestablement l’intention de se rendre un culte à eux-mêmes[8] et non pas à Dieu.
Qu’en est-il aujourd’hui ? Depuis la Renaissance, et aujourd’hui plus que jamais, le christianisme est attaqué par le mouvement humaniste qui, en opposition à la révélation biblique, considère que l’homme est autonome et qu’il constitue la mesure de toutes choses. Tout comme les descendants de Noé, les hommes veulent « célébrer leur nom » et se rendre un culte à eux-mêmes (ce n’est pas pour rien que la Révolution française avait institué le « culte de la Raison », donc de l’homme !). Et c’est précisément cet esprit d’orgueil qui anime les mondialistes, qui veulent bâtir sans Dieu, et parfois même contre Dieu (tels autrefois les Illuminés et les révolutionnaires français, et aujourd’hui les francs-maçons[9] et les Soviétiques). Nous assistons donc à une réédition moderne de l’épisode de Babel. Mais le chrétien, comme on l’a vu plus haut, doit leur répliquer : « Si l’Éternel ne construit la maison…» (Psaume 27).
Mais, toujours selon Genèse 11, Dieu juge ainsi l’entreprise de Babel : « Ils sont un seul peuple… ils ont commencé à faire cela, et ils n’abandonneront pas leur pensée…» Il est évident qu’il juge inadmissible la ville et la tour édifiée par les hommes dans de telles intentions. Il y a manifestement une unité du genre humain dont Dieu ne veut pas : c’est l’unité qui se fait sans lui, et même contre lui. D’où la dispersion des gens de Babel, dispersion qui fut d’ailleurs bénéfique. En effet, l’édification d’une ville capitale du genre humain (Babel) aurait entraîné l’apparition d’un « empereur mondial » qui, étant donné l’état d’esprit de ces gens, n’aurait pu être qu’un antichrist. Un tel « empereur » a récemment été évité par la chute d’Hitler, mais aujourd’hui le danger est représenté par le Kremlin et par la haute finance internationale. Or, l’épisode de Babel montre clairement que Dieu ne veut pas d’un pouvoir mondial monolithique.
Mondialisme et paix
Ceux des mondialistes (chrétiens ou non) qui sont dépourvus d’arrière-pensée et qui croient sincèrement qu’un gouvernement universel pourra mettre fin aux guerres et instaurer la paix tant désirée oublient (ou ignorent) que les guerres sont la conséquence du péché, qu’elles sont une des manifestations les plus évidentes de la déchéance humaine. « Paix ! Paix, disent-ils, et il n’y a pas de paix » (Jérémie 6, 14). En effet, la paix qu’ils recherchent n’est en fait que la non-guerre, c’est-à-dire un état précaire ; ce n’est pas la vraie paix, celle que Dieu donne, paix avec Lui et paix dans le cœur des hommes. Cela, les chrétiens devraient le savoir, puisque le Christ a déclaré : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; moi je ne donne pas comme le monde donne » (Jean 14, 27). Par conséquent, ceux qui placent leurs espoirs de paix dans le mondialisme font fausse route, car toutes les tentatives humaines sont factices si elles ne sont pas fondées sur la paix que Dieu donne en Christ, donc finalement sur la repentance et la conversion, et pas seulement sur de nouvelles structures qui ne changeraient pas le cœur des hommes. Or, les mondialistes veulent ignorer la souveraineté de Dieu.
Pour construire « One World » (un seul monde) qui, selon eux, garantirait la paix, les mondialistes veulent supprimer les Nations, ces unités vivantes voulues par Dieu, maître souverain du monde. Ils veulent supprimer les Patries, qui sont les Nations en tant qu’objets de dévouement et de sacrifice, et donc le sentiment patriotique bien compris (à ne pas confondre avec le nationalisme, source de rivalités et de conflits). Et à la place, ils demandent aux hommes d’aimer l’ humanité dans son ensemble. Mais comment un homme pourrait-il déborder d’affection pour tous les pays de la terre, sauf pour le sien, pour celui dans lequel Dieu l’a placé ? Nous rappelons à ce sujet un passage (bien oublié) de la liturgie de l’Église Réformée de France qui, dans une intercession relative à la Fête Nationale, reconnaît humblement : « Seigneur, quelle Nation est juste devant toi », puis implore : « Seigneur, garde-nous de toute fausse paix qui serait une évasion loin de ta paix. »
Oui, Seigneur, garde-nous de la fausse paix que veulent établir les mondialistes au service de Mammon ! Garde-nous des machinations du Malin, qui se présente comme un ange de paix !
Toute cette série d’articles illustre bien cette constatation de 1 Jean 5:19 : « Nous savons que le monde tout entier est au pouvoir du Malin », et montre que celui-ci agit notamment par l’intermédiaire, combien efficace, des puissances occultes qui dominent le monde et veulent instaurer un pouvoir mondial. Il s’agit là d’une véritable conspiration unissant Satan et les hommes, ce qui nous ramène aux premiers versets du Psaume 2, cités au début du premier article ; mais la suite de ce même psaume montre précisément que la victoire finale appartient à Dieu : « Il rit, celui qui siège dans les cieux, le Seigneur se moque d’eux… et dans sa fureur il les épouvante (v. 4 et 5)… Et maintenant, rois, ayez du discernement. Servez l’Éternel avec crainte…» (v. 10 et 11).
La Bible enseigne que les hommes ne peuvent transformer le monde, seul Dieu peut le faire. L’apôtre Paul écrit d’ailleurs (Eph. 1:9-10) que Dieu « nous a fait connaître le mystère de sa volonté… réunir l’univers entier sous un seul chef, le Christ, ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre ». Et le 2ᵉ Épître de Pierre (3:13) affirme : « Nous attendons selon sa promesse des cieux nouveaux et une terre nouvelle où la justice habite », ce que reprend l’Apocalypse (21:1) : « Alors je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle ». Avant le retour du Christ il n’y aura donc pas de paix durable, pas de terre nouvelle. Vouloir instaurer cette paix, par les moyens humains du mondialisme, c’est finalement tenter d’accomplir son œuvre à sa place. Mais, si le chrétien doit se méfier comme de la peste des machinations des mondialistes, il ne doit pas pour autant rester les bras croisés. Réconcilié avec Dieu, s’appliquant à obéir à Sa Loi sainte, juste et bonne, il s’efforcera d’accomplir les œuvres bonnes qu’il a préparées d’avance et, dans l’amour du prochain, il contribuera pour sa part (même faible) à corriger les maux et injustices qui accablent notre monde pécheur, sans prétendre pour autant refaire ce monde.
Frédéric Goguel
[1] « Résister et Construire », Nos 7, 8, 9.
[2] « La Revue réformée », No 106 – 1976, pp. 49 à 72
[3] Cité par « Résister et Construire », No 7, p.8.
[4] « Christianisme au XXᵉ siècle », No 221, 19 août 1989.
[5] « Résister et Construire », No 5, pp. 14 à 24.
[6] Idem.
[7] Bulletin « Signposts » (Prétoria). No 4- 1988
[8] Voir J. Vaquié : « Réflexions sur les ennemis et la manœuvre », dans « Lecture et Tradition », No 126, juillet-août 1987
[9] Du moins certaines obédiences maçonniques.