Une désinformation systématique appuyée par une publicité officielle pornographique tente d’accréditer la notion que la transmission du SIDA pourrait résulter de relations naturelles.
Les statistiques mondiales révèlent qu’il n’en est rien. Le virus H.I.V. ne se transmet que par certaines pratiques. Relevés dans « Pour la Science » (décembre 1988, nᵒ 134, p. 52), voici les faits :
- 70 % des malades sont des homosexuels mâles ;
- 19 % sont des drogués par voie intraveineuse. Au total : 89 % des cas sont homosexuels ou drogués.
- 4 % des cas résultent d’une transfusion de sang infecté ou de l’injection d’un produit sanguin (hémophiles). Ces deux risques ont aujourd’hui pratiquement disparu grâce à la surveillance des centres de transfusion.
C’est seulement dans 7 % des cas que la porte d’entrée de la maladie n’est pas précisée. Une partie des patients ne dévoilent pas leurs comportements. Au total, on sait que l’essentiel de la contagion se fait par la sodomie ou par échange de seringues, c’est-à-dire par injection directe du virus par voie rectale ou par voie intraveineuse. Le contre-exemple est fourni par l’absence quasi absolue de transmission du virus chez les lesbiennes. En revanche, l’analyse de la contagion chez les homosexuels mâles montre que les sodomisés deviennent beaucoup plus rapidement séro-positifs que les sodomiseurs. En six mois, sur 2507 homosexuels séro-positifs, 10 % des sodomisés (58 sur 548) deviennent séro-positifs et seulement 0,5 % (3 sur 646) des sodomiseurs. Le risque pour les sodomisés est trois fois plus élevé s’ils n’ont qu’un seul partenaire et dix-huit fois plus élevé s’ils ont cinq partenaires ou plus (Kingsley et coll. Lancet, 14.2.87). De même, l’infectivité toute particulière de la pénétration anale est observée chez les femmes par Lorian (Lancet, 14.5.88, p. 1111) et citée par Curran et coll. Science (vol. 239, 1988, p. 614).
La lutte systématique est donc clairement indiquée par les statistiques : si on veut empêcher la diffusion du SIDA, il faut combattre la sodomie et la drogue : sans sodomie et sans drogue, le nombre des cas diminuerait de 90 à 98 %!
On voit que la campagne en faveur des préservatifs en caoutchouc n’a aucun rapport avec la nature de l’épidémie. Alors, pourquoi une désinformation si constante et si flagrante ?
Tous les responsables de la santé savent parfaitement que le préservatif ne peut pas endiguer l’épidémie du SIDA. Ne disait-on pas lors des campagnes en faveur de la pilule contraceptive que l’usage du préservatif donnait en moyenne dix grossesses sur cent femmes par an ! On ne peut pas soutenir que le caoutchouc préserve mieux d’un virus que d’un spermatozoïde beaucoup plus gros !
En d’autres termes, un sodomiseur séro-positif, utilisant un préservatif, ferait courir à son semblable au moins un risque sur dix de contracter dans l’année la maladie mortelle. Il est totalement impossible de qualifier de « moindre mal » un comportement si dangereux pour autrui. Le plus curieux à observer a été l’attaque contre la hiérarchie catholique. On a dit aux Pasteurs : « par miséricorde vous devez autoriser le préservatif et même vous devez le recommander. Si vous ne le faites pas, nous vous montrerons du doigt en disant que c’est vous, le Pape en tête, qui favorisez l’épidémie en refusant de prêcher le préservatif ». C’est le coup de l’incendie de Rome, déjà utilisé par Néron : on accuse les chrétiens, on prétend qu’ils sont responsables d’un crime dont ils sont parfaitement innocents !
À une telle désinformation, une seule réponse est possible : la vérité. Il serait gravement immoral de prétendre qu’un homme ne peut résister à un penchant anormal (la sodomie ou la drogue). Ce serait considérer cet homme comme une simple machine irresponsable programmée pour accomplir certains actes. À cette atteinte à la dignité humaine se joint le danger de semer le soupçon dans l’âme de chacun. Prôner le préservatif à tout-va, c’est obliger chacun à considérer « l’autre » comme un contaminant possible. C’est semer la terreur pour récolter le mépris. C’est détruire la confiance et la fidélité. C’est détruire aussi le respect pour le fruit de l’amour, c’est-à-dire pour l’enfant. Et l’observateur n’est nullement surpris de constater que les anciens promoteurs de l’avortement sont aujourd’hui les propagandistes du préservatif qu’ils ridiculisaient hier !
Un montage si complexe qui n’hésite nullement à se contredire lui-même ne peut provenir que d’un esprit redoutable : son nom, semble-t-il, est Légion. Tout ceci ne mène nullement à dire que le SIDA soit une sorte de punition divine. Il est une simple conséquence de l’emploi désordonné de la nature : le vagin, qui est ouvert à l’extérieur pour permettre la propagation de l’espèce (entrée du sperme et, neuf mois plus tard, sortie de l’enfant), serait une porte ouverte à toutes les infections s’il n’était protégé par une muqueuse spéciale que les virus ne peuvent guère pénétrer.
Au contraire, le rectum, destiné à assimiler les derniers aliments utiles, contient des vaisseaux lymphatiques extrêmement développés qui résorbent presque tout (y compris les médicaments et les virus). Cette disposition est normalement sans danger puisque l’anus ne s’ouvre que pour vider le contenu du rectum sans rien laisser entrer. Il n’est donc nullement étonnant qu’un usage contre nature, par injection dans le rectum ou dans la circulation veineuse, ouvre la voie à un virus qui, normalement, ne serait guère à redouter. A celui qui enfreint ses lois, Dieu seul peut vraiment pardonner ; l’homme pardonne parfois ; la nature ne pardonne jamais : elle n’est pas une personne. Que nos lecteurs et nos lectrices veuillent bien pardonner la crudité des faits scientifiques discutés dans cet article. Ces propos bravent « l’honnêteté », comme on disait autrefois, mais ils sont rendus nécessaires par l’état d’une société qui refuse de dire ce que tous les scientifiques s’accordent à observer[1].
Professeur Jérôme LEJEUNE
de L’institut
[1] Reproduit avec autorisation de la revue Tom Pouce, Bulletin de liaison de « F.E.A. SECOURS aux FUTURE MERES », No 18. Juin-Juillet 1989