Laboureur, ouvrant   

De la terre     

Notre mère,   

Le sein noir, qui nous reprend ;

 

Banquiers qui dînez  

Comme quatre           

Sans vous battre,       

Banquiers qui dînez  

D’un peuple ou deux ruinés ;

 

Grands hommes d’esprit

A la peine      

A la gêne       

Grands hommes d’esprit

Dont un sot triomphe et rit ;

 

Faiseurs de traités,    

Diplomates    

En cravate,    

Faiseurs de traités     

Toujours inexécutés :

Potentat assis

Sur un trône

Grand d’une aune

Sur un trône de souci

 

Soldats et tambours,

En bataille !

À la mitraille !

Soldats et tambours

En avant !… trois petits tours ;

 

César dont la main

Tient le glaive

Le soulève…

César dont la main

Se desséchera demain ;

 

Ainsi font, font, font

Les follettes

Marionnettes ;

Ainsi font, font, font

Trois petits tours et puis s’en vont.

Juste Olivier (1807-1876)[1]

[1]      Ces strophes, tirées du poème de Juste Olivier Les Marionnettes, se trouvent dans le deuxième volume des Œuvres choisies de Juste Olivier, p. 315-323. édités par Eugène Rambert à Lausanne en 1879.