Dr Emilio Castro
Secrétaire général du Conseil œcuménique des Eglises
150, route de Ferney, CH – 1211 Genève
Mon cher Emilio,
Jusqu’à quand vous acharnerez-vous contre l’Afrique du Sud ? (Comité antiapartheid de Madrid du 27/10/87).
Vous et vos amis refusez de reconnaître les changements survenus en Afrique du Sud depuis deux ans. Vous ne tenez aucun compte des réformes significatives prises par le gouvernement de Pretoria pour démanteler l’apartheid : — Dans les zones urbaines, les Noirs ont désormais le droit de devenir propriétaires fonciers.
— La loi interdisant aux partis politiques d’avoir des membres de différentes races a été abolie.
— Le contrôle de l’afflux des populations, le système des Pass et 34 autres mesures s’y rattachant ont été supprimées ou ont subi des amendements.
— Les zones commerciales sont progressivement ouvertes à tous les entrepreneurs.
— Les déplacements forcés de nature politique ont été interrompus.
— Les derniers vestiges de la loi sur les emplois réservés sont en voie de disparition.
— La discrimination raciale dans la loi sur les spiritueux a cessé d’exister.
— La loi sur l’interdiction des mariages mixtes et la section 16 de la loi sur l’immoralité ont été abrogées.
— Les cinémas et théâtres sont ouverts aux personnes de toutes races.
— Le système selon lequel les non- Blancs devaient demander une autorisation spéciale pour pouvoir étudier dans les universités blanches est démantelé.
— Toutes les restrictions sur la liberté de circulation de la population indienne sont levées.
— Les clauses préférentielles dans les lois sur l’immigration ont été révoquées.
— Un engagement financier a été pris pour qu’il y ait égalité des chances pour tous dans le domaine de l’éducation.
— Une nouvelle stratégie urbaine a été agréée.
— Les Sud-Africains disposent désormais d’une pièce d’identité unique.
— Un système exécutif provisoire multiracial a remplacé l’ancien système des conseils provinciaux où seuls des Blancs siégeaient.
— Des conseils de services régionaux multiraciaux sont actuellement mis en place.
— Des syndicats noirs et multiraciaux ont été autorisés par la loi.
— Il n’y a plus de ségrégation raciale dans les lieux de travail ni dans les milieux sportifs.
— Le principe de développement des zones urbaines « grises » a été accepté.
Cette volonté de réformer tous les aspects de la vie en Afrique du Sud devrait convaincre les observateurs étrangers que le gouvernement de Pretoria tient à mener à bien son programme de réformes.
Son objectif principal est d’arriver à ce que toutes les communautés exploitent ensemble les richesses du pays et participent aux décisions concernant l’intérêt général sans que l’une quelconque d’entre elles tente d’exercer sa domination sur les autres. « Nous souhaitons que les droits des minorités soient préservées et c’est pourquoi nous sommes prêts à envisager une nouvelle Constitution basée sur le partage du pouvoir. » (déclaration de Pik Botha au 8e Symposium international de politique et de stratégie de Munich les 15, 16 et 17 novembre 1987).
En novembre dernier, trois maires noirs de grandes villes noires d’Afrique du Sud sont venus à Paris pour trois jours (ils étaient à Londres pour un stage de trois mois pour étudier les problèmes de circulation, hygiène, police, etc., des grandes agglomérations).
Reçus officiellement à la Mairie de Paris ils ont déclaré : Nous aimerions bien que la France nous aide autrement qu’en pro- mulgant des sanctions économiques contre notre pays d’Afrique du Sud. Ces sanctions nuisent en premier lieu aux Noirs les plus démunis. Les quatre cinquièmes des Noirs sont des modérés qui n ‘admettent pas la violence pour changer la situation. Nous sommes à cent pour cent derrière Pieter Botha qui a déjà fait beaucoup pour nous.
Apparemment le COE est plus royaliste que le roi, puisque contrairement à la volonté ainsi exprimée par des leaders noirs légalement élus par leurs pairs, il continue à soutenir moralement et financièrement les mouvements tels que l’ANC, qui suit fidèlement les ordres de Moscou, le PAC, l’UDF et la SWAPO qui sont tous partisans de la violence et refusent le dialogue avec le gouvernement. Cela signifie clairement que ces mouvements ne cherchent pas le mieux-être des Noirs mais veulent rendre le pays ingouvernable, pour le seul profit de l’URSS et du gros capitalisme américain (Chase Manhattan, etc.).
Je me demande comment des gens aussi intelligents que vous ne voient pas le côté aberrant de leur position.
Comment le chrétien que vous prétendez être peut-il détester d’autres chrétiens, les Blancs d’Afrique du Sud, qui en majorité sont chrétiens aussi fervents que vous ?
N’avez-vous pas lu dans la Parole de Dieu : Quiconque hait son frère est un meurtrier (I Jean 3,15) et Celui qui n’aime pas demeure dans la mort.
Philip Potter et vous avez fait du COE un « machin » au service de la plus vaste entreprise de déstabilisation de toute l’histoire : le système soviétique, marxiste, anti-Dieu, derrière lequel grimace le Malin, le prince de ce monde.
Si vous êtes contre le racisme — et qui de nous ne l’est pas ? — pourquoi n’intervenez-vous pas en faveur des Kurdes, des Afghans, des Tamouls, des Ndébè- les, des Falashas, des Tibétains, des Juifs de Syrie ou d’URSS, des chrétiens du Liban ou d’Albanie ?
Je lis dans Catacombes de janvier- février 1988 que le père Ion Dura, recteur de la paroisse roumaine de La Haye, vous a adressé le 29 octobre dernier une lettre vous demandant d’intervenir auprès des autorités roumaines pour que cesse la destruction des églises à Bucarest.
Etes-vous intervenu auprès du dictateur Ceaucescu ?
La Croix du 8 octobre 1987 publie un appel de nos frères orthodoxes de Russie : Chrétiens d’Occident, aidez-nous ! Quelle a été votre réaction à cet appel pathétique ?
L’Aide aux croyants d’URSS N° 53 1987 reproduit la lettre adressée d’Union Soviétique au pape, au primat anglican, au secrétaire général du COE, etc. pour leur signaler le besoin urgent de Bibles, N.T., etc. pour l’Eglise orthodoxe, et en particulier de Bibles illustrées pour les enfants.
Qu’avez-vous fait pour encourager les Eglises membres à envoyer des Bibles aux chrétiens persécutés d’URSS ?
Les milliers de dollars que vous envoyez généreusement aux mouvements terroristes d’Afrique du Sud et d’Amérique centrale, lesquels visent en premier lieu de pauvres chrétiens qui refusent leur appui aux tueurs payés par vous, seraient mieux employés à fournir la Parole de Dieu à ces mêmes croyants pauvres et persécutés.
Un jour le Seigneur, juste juge, vous demandera : Qu’as-tu fait de ton frère, le chrétien persécuté ? Celui qui n’aime pas demeure dans la mort.
J’espère votre conversion.
E. Oechsner de Coninck
Mehun-sur-Yèvre