Hoffer-Léchot passe la main à Jean-Marc Berthoud comme rédacteur
Chers amis
C’est pour moi un devoir agréable de pouvoir vous communiquer que notre frère, Jean-Marc Berthoud, de Lausanne, va reprendre maintenant ce que votre serviteur ne pouvait plus faire. Jean-Marc Berthoud est citoyen suisse. Il est né en 1939, en Afrique du Sud, de parents missionnaires. Il y a fait ses études universitaires en littérature et en histoire jusqu’en 1960, puis à Paris, en Sorbonne et enfin à l’Institut Royal d’Études Africaines à Londres.
L’année 1964 le trouve en Suisse comme enseignant. Au printemps 1965, alors qu’il n’avait guère d’intérêt pour l’Évangile, il est comme foudroyé par Dieu : une expérience bien étrange, qui pourrait rappeler celle de l’apôtre Paul sur le chemin de Damas. Mais ici, ce n’est pas la lumière éblouissante, c’est un sentiment de néant, une conscience très nette que tout est fini, plus aucune sensation physique ni de capacité intellectuelle.
Une phrase, tirée de l’Écriture, ne lui laisse finalement pas de repos : « Quiconque dans la détresse crie à Dieu, Dieu ne le délaissera jamais ». Comme d’autres avant lui, il interpelle ce Dieu auquel il ne croit pas et lui demande de se révéler s’il existe. C’est le grand départ d’une autre expérience. Il doit renoncer à l’enseignement qu’il est absolument incapable de donner et va travailler provisoirement comme aide-jardinier, un provisoire qui va durer 5 ans. De 1970 à 80, il devient porteur de bagages à la Gare de Lausanne, et depuis 1980, il est engagé à la Poste. Il dit que tout cela fut une école d’humilité voulue par Dieu. Mais depuis longtemps, ses facultés intellectuelles lui sont revenues. A la gare, entre deux trains, il trouve beaucoup de temps pour étudier. Il édite, de 1973 à 1978, en polycopie, sa « Documentation chrétienne » très appréciée par bon nombre de chrétiens, de serviteurs de Dieu notamment.
Depuis longtemps, Jean-Marc Berthoud a rencontré une femme vaillante. Elle était infirmière, elle aussi fille de missionnaires (au Congo), qui est devenue sa femme, sa couronne (Prov. 12,4) et qui lui a donné cinq enfants. La famille vit très modestement, à contre-courant de notre environnement social. Mais quelle richesse morale ! Et l’activité bénévole, à côté de celle de la Poste, que poursuit Jean-Marc Berthoud depuis 1974 va, elle aussi, à contre-courant, c’est celle de l’« Association vaudoise de parents chrétiens » dont il est fondateur et secrétaire. Et maintenant, « il s’évertue à démontrer l’effritement de la foi chrétienne, gangrenée qu’elle est par la philosophie des Lumières et son héritier, le marxisme. Les professeurs de théologie, selon lui, sont les premiers à trahir la foi des apôtres. Comment s’étonner, dès lors, que l’influence sur la cité s’amenuise de jour en jour. Jean-Marc Berthoud entend y rappeler, sinon y rétablir la loi de Dieu. Ses flèches théologiques fusent en tous sens et n’épargnent ni le transformisme, ni l’école moderne, ni la réforme du code pénal, ni l’émancipation de la femme, ni le nudisme public, ni la musique rock » (enquête du journal Construire du 4, 7. 84).
Jean-Marc Berthoud collabore à d’autres revues comme « Promesses », la « Revue Réformée » et bien d’autres.
Qui aurions-nous pu découvrir qui soit plus indiqué que lui pour reprendre « Résister » ? Un cher frère de Lausanne pense que la mission de « Résister », mission très délicate, un peu semblable à celle de Jérémie (merci, trop d’honneurs !) et que nous avons menée à chef par la seule grâce de Dieu, (alors ça oui ! c’est à nous seul qu’elle avait été confiée), que le parcours de « Résister » est maintenant terminé.
A cela, il faut quand même répondre que je ne m’acharnais pas à trouver un successeur. Il s’est trouvé de lui-même.
L’apostasie
Qu’est-ce que l’apostasie ? En deux mots, c’est l’abandon de la foi, de la saine doctrine tant chez les chrétiens que dans la société, puis l’immoralité croissante qui en résulte. Car, telle est l’Église, tel est le monde (Voir 2 Thess. 2,3, Matth. 13,4-8,24,4-5, 1 Tim, 4. 1,2 Tim, 3, 1-5, etc.). Les progrès de l’apostasie, tant dans l’Église que dans la société, sont constants.
Chaque semaine apporte de nouveaux faits, troublants, souvent subtiles et séduisants. Comment alimenter la vigilance, le discernement, l’intercession, sinon par l’intermédiaire d’une publication périodique.
En Suisse alémanique, il existe trois périodiques qui vont tout-à-fait dans une direction à contre-courant comparable à celle de la Documentation Chrétienne, à celle de l’« Association vaudoise de parents chrétiens » et de « Résister », C’est premièrement le journal trimestriel « Standpunkt », organe du Parti de l’Union démocratique confédérale. Deux : « Signal », organe trimestriel de protestants actifs. C’est celui qui ressemble le plus à « Résister ». Trois : « Arma » qui lutte contre l’emprise du pouvoir politico-religieux. Trois périodiques absolument non conformistes et qui arrivent à survivre. Un défi, pour nous autres Romands, associés que nous sommes à de nombreux fervents fondamentalistes français, belges, canadiens.
Aux États-Unis, vous avez le « Christian Beacon » hebdomadaire de huit pages grand format, source permanente d’information dont nous vous avons toujours fait profiter depuis quinze ans.
Puis vous avez la revue trimestrielle « Foundation » qui reflète exactement la même position. On objectera qu’en Suisse romande, il y a pourtant le « Témoin », organe mensuel de l’Action Biblique et la « Bonne Nouvelle », mensuel du pasteur baptiste Hoffman de Tramelan. C’est vrai ! Et il y en a d’autres. Nous ne les connaissons pas tous. Nous les apprécions hautement et vous les recommandons chaleureusement. Ils ne peuvent cependant pas atteindre les mêmes lecteurs que « Résister ». Car ce sont les organes de dénomination évangéliques. « Résister », par sa qualité d’indépendant, peut vraiment divulguer des faits et des prises de position plus librement en cette qualité. Deux : Pour cette même raison, atteindre des milliers de lecteurs, surtout en Afrique, ce qui confère le rôle de missionnaire – on ne le répétera jamais assez – et qui ne peut remplir ce rôle qu’en étant soutenu à ce titre.
On a reproché à « Résister » d’être négatif, de beaucoup critiquer, de ne pas assez édifier. Édifier ! Cela veut dire quoi ? Cela veut dire bâtir, et dans la Bible ça veut dire bâtir sur des fondements solides et pour ce faire, il faut bien souvent commencer par démolir (Voir 1 Cor. 3, 10 et ss.) Pour frayer la voie à la vérité, il faut s’attaquer à l’erreur, en dénoncer l’étendue et la profondeur. Oui ! Mais il faut le faire avec charité, nous objectera-t-on. Beaucoup de chrétiens évangéliques ne semblent pas avoir la force d’âme pour constater l’étendue du mal. Ça ébranle leur foi (voir 1 Cor. 3, 2 sur les enfants en Christ qui ne supportent pas la nourriture solide). Ils semblent oublier que Dieu est souverain et que là où le péché abonde, la grâce est toujours capable de surabonder. Pour nous, cela est sous-entendu, cela va sans dire, mais cela va encore mieux en le disant. Cela représente un effort supplémentaire, que le nouveau rédacteur est certainement disposé à faire.
« Résister » gardera son caractère de sentinelle qui avertit du danger, fonction qui dérange souvent, mais qu’en dit l’Écriture ? Réponse dans les chapitres 3 et 33 du prophète Ézéchiel ! Votre serviteur, atteint par la limite d’âge, – 85 ans – est très reconnaissant au Seigneur pour ces quinze ans de « Résister » et tout autant de pouvoir en passer le gouvernail à son frère si bien équipé pour continuer.
Henri Hoffer-Léchot