L’idée de progrès et l’optimisme qui l’accompagne consacrent à tel point l’auto-couronnement de l’homme comme roi de la nature que la moindre réserve, la plus légère mise en question à leur sujet disqualifie à tout jamais celui qui a l’audace de s’y livrer : il se voit taxé d’ennemi du genre humain ou de chantre pervers de l’obscurantisme et des dolorismes morbides. C’est une telle attitude qui se retrouve derrière les affirmations de ceux qui font de l’évolutionnisme un dogme scientifique indiscutable soucieux d’apporter une réponse rigoureuse aux questions métaphysiques : D’où venons-nous ? et Où allons-nous ? Derrière cette confiance aveugle accordée à cette saga biologique se cache le souci d’auto-divinisation de l’homme, bien que tout laisse croire que celui-ci s’y décentre en se donnant pour le descendant d’une espèce animale. Derrière les hypothèses initiales du travail des évolutionnistes, qui excellent à les faire passer pour des conclusions, se trouvent, d’une part, un souci de jeter les bases d’une nouvelle Genèse récusant celle de la Bible et, d’autre part, la volonté d’ouvrir la porte à une ère de bioengineering[1].
On oublie volontiers que le terme d’évolution n’est nullement une notion nouvelle introduite dans les sciences naturelles par Darwin et ses disciples, mais qu’il relevait déjà du vocabulaire des théosophes du XVIIIe siècle. « fut repris par Hegel, Schelling, Baader, voire Oettinger, pour désigner le processus théogonique par lequel Dieu se manifeste dans l’univers. La Leiblichkeit de Dieu est évolution dans la mesure où cette dernière manifeste la splendeur et le rayonnement du Corps de Gloire spirituel que est à la fois Création et Salut[2].
Un tel évolutionnisme – sotériologique se retrouverait chez Teilhard de Chardin, mais il est également latent dans les œuvres des biologistes qui veulent démystifier toute idée de création pour pouvoir lui substituer une auto-manifestation de la vie génératrice de progrès.
Les évolutionnistes transposent en termes biologiques l’Alpha et l’Oméga ; les périodes oratoires à la fois grandiloquentes et puériles, si fréquentes chez Auguste Comte, se retrouvent sous la plume de ceux qui célèbrent la fraternité par la cellule vivante et le progrès qui s’ouvre devant nous dans un monde de la solidarité.
L’évolutionnisme est une théorie surinvestie de toute la métaphysique qu’il prétend évacuer, mais qui l’inspire, et à laquelle il veut, avant tout, apporter des réponses définitives. La recherche de l’ascendance biologique de l’espèce humaine implique, en effet, le désir de parvenir à un dévoilement initiatique du Fiat Homo pour substituer une génétique concrète à une Genèse qualifiée de mythologique parce que Dieu y joue un rôle irremplaçable.
Toutes ces spéculations gnostico-biologiques passent sous silence trois choses fondamentales.
Tout d’abord, elles ne reposent sur aucune observation véritable, mais seulement sur des comparaisons à partir desquelles elles interpolent et extrapolent. Personne n’a observé l’évolution comme on observe une éclipse de Soleil ou la réaction d’un acide sur une base. De plus, cette théorie ne peut se vérifier par une expérimentation quelconque et nul n’a pu provoquer l’évolution en laboratoire.
En outre, chaque évolutionniste dresse son arbre généalogique des espèces animales qui lui est strictement personnel et qui diffère de tous les autres ; si bien que de tels arbres suffiraient à constituer une épaisse forêt d’une belle surface. Quant aux· arguments scientifiques avancés par des biologistes compétents que récusent les théories évolutionnistes (et ils sont nombreux), ils font l’objet d’une très efficace conspiration du silence. Il en va de même de la supercherie de la fausse mâchoire de Piltdown au sujet de laquelle les évolutionnistes les plus célèbres, y compris Teilhard de Chardin, se couvrirent de ridicule. En revanche, on rappelle toujours les condamnations dogmatiques prononcées par telles ou telles instances ecclésiastiques que allèrent jusqu’à interdire, là où elles le pouvaient, l’enseignement d’une théorie que conquiert ainsi la palme du martyr victime de l’obscurantisme. On qualifie toutefois de scientifique le véritable matraquage intellectuel quasi dictatorial auquel on se livre volontiers auprès des enfants et des adultes pour leur parler de notre cousin de singe ou de notre aïeul l’australopithèque en exigeant d’eux des applaudissements d’autant plus fervents qu’ils viennent d’un public incompétent dont on exige une approbation inconditionnelle.
Enfin, malgré qu’il en ait, l’évolutionnisme est un finalisme patent qui se donne d’abord l’homme comme point d’arrivée et comme moteur a tergo pour nous expliquer ensuite que les choses devaient se passer comme elles se passèrent afin que l’homme pût surgir de tous les organismes successifs que en permirent la naissance. La sélection naturelle a beau être qualifiée de naturelle, il n’en reste pas moins qu’elle demeure essentiellement sélective. Au Deus ex machina que l’on récuse, on substitue une monère[3] primitive ex machina qui se serait développée en passant par des séries successives de préhominiens et de para-hominiens contenant l’homme en puissance ; Homme en puissance que la sélection naturelle, c’est-à-dire une nature sélective, aurait fait passer de la puissance à l’acte en explicitant l’entélechie[4] latente, une longue suite de siècles étant chargée d’assurer mystérieusement la continuité de la série.
Pourquoi cet acharnement[5] à imposer le roman évolutionniste comme une théorie scientifique rigoureuse ? Car il y a bien un acharnement idéologique, comme en témoigne cette déclaration d’Y. Delage :
« Je reconnais sans peine que l’on a jamais vu une espèce en engendrer une autre, et que l’on n’a aucune observation absolument formelle démontrant que cela ait jamais eu lieu. […] Je considère cependant l’évolution comme aussi certaine que si elle était démontrée objectivement[6]
Une telle profession de foi évolutionniste proclame, on ne peut plus clairement, qu’il faut que cette théorie soit vraie bien qu’aucune des exigences scientifiques habituelles ne permette de la tenir pour telle. C’est donc pour des motifs extra-scientifiques qu’il est indispensable de faire reconnaître cette théorie par tous. De telles prises de position montrent à l’évidence que cette théorie est surdimensionnée par des considérations qu’il importe de préciser.
Il est, tout d’abord, capital de ne pas oublier qu’un tel acharnement est mis aussi bien au service du scientisme anti-clérical le plus obtus et le plus plat qu’au service de spiritualismes d’inspiration chrétienne soucieux d’annexer une théorie dans laquelle ils croient voir la preuve rationnelle et expérimentale du bien-fondé de leurs propres positions. Ainsi, d’un côté l’évolutionnisme sert à balayer la Genèse des Écritures, de l’autre il est utilisé pour la confirmer. Mauvaise science et mauvaise théologie se rejoignent finalement dans un confusionnisme des récupérations mutuelles, l’une et l’autre parties pensant y trouver son compte grâce à des substitutions ou à des confirmations toujours édifiantes. La religion de la science donne ainsi la main à la religion par la science.
Les évolutionnismes sont des gnosticismes qui constituent autant d’eschatologies inavouées ayant pour intention de dévoiler l’initial et le terminal auxquels est suspendu le temps, ainsi que le terminus a quo et le terminus ad quem[7] auxquels tient la grande chaîne des êtres. C’est pourquoi ici le temps se trouve investi d’une fonction et d’une vocation : celles d’Opérateur et de Créateur.
Tout d’abord, en effet, on part de cette idée que tout peut s’expliquer par le temps si l’on veut bien considérer que « tout cela a pris du temps », comme le dit ironiquement G.K. Chesterton dans The Everlasting Man ; la lente transition évolutionniste est ainsi tenue pour un auto-dévoilement de l’originaire. Ces trompe-l’œil en raccourci, où l’on supplée à tous les « chaînons manquants », donnent à l’homme la satisfaction prométhéenne d’être devenu capable de lire ses archives organiques et intellectuelles en n’ayant recours qu’à une histoire visible pour connaître ce dont il provient ; il s’agit donc avant tout de « voir » et de « faire voir »[8].
Puis les descriptions minutieuses d’une évolution, dont personne n’a été témoin, se prolongent dans l’annonce prophético-déductive d’un progrès générateur d’un temps guéri et guérisseur dont, une fois encore, personne ne sera témoin, mais auquel il faut obligatoirement faire confiance.
Nous nous trouvons ici en présence d’une recherche d’extases dans le passé et dans le futur à l’occasion desquelles l’homme se donne le sentiment non seulement d’être coextensif au cosmos, mais surtout de pouvoir saisir « la barre du Monde en mettant la main sur le Ressort même de l’Evolution », selon le programme formulé par Teilhard de Chardin[9]. Des théologiens pensent y trouver leur compte au nom de l’idée que l’homme a été créé pour se soumettre la Terre et devenir ainsi le « collaborateur » de Dieu. Ils sont en cela suivis, ou précédés, par les savants qui y voient la confirmation de la destinée de l’homo faber appelé à prendre la place de Dieu et à en dénoncer l’idée.
Ces attitudes seraient d’un intérêt réduit et ne dépasseraient guère le niveau de la banalité courante, SI elles n’impliquaient une démarche qui rend compte de leur succès. Sous ses formes spiritualistes ou matérialistes, l’évolutionnisme se présente soit comme un mysticisme spéculatif, soit comme une théorie anthropomorphique qui veulent montrer à l’homme que l’ultra-humain est à portée de sa main par le biais d’une Surcréation en marche et à conduire sur la route de l’histoire. En tant que telle, la théorie évolutionniste fait office de rédemption aplatie et conceptualisée qui divinise rationnellement l’espèce pour faire d’elle l’Incarnation salvatrice de l’Absolu. Le Dieu Vivant cède ainsi la place à la Vie déifiée et l’incorporation dans l’ultra-humain, « incarné » par la Société ou par la Cité, est investie d’une mission eschatologique.
Évolutionnistes, sociologues et politiciens font de l’Évolution, scientifiquement canalisée en progrès, ce qui conduit à l’élaboration de l’hyper-organisme social. Spiritualistes de l’Action, de l’Élan vital, du « Christ évoluteur » et de la « christogenèse » font de l’ultra-humain « une collectivité supérieure où les consciences s’illumineraient par leur convergence »[10]. L’édification de la Terre des hommes, la réalisation de la Cité humaine sont données pour des participations à l’élaboration du Corps mystique, donc du Christ cosmique, selon les vues de Teilhard de Chardin dont l’œuvre offre un exemple typique d’un tel point de vue.
La divinisation de la société et la socialisation de Dieu, le Christ anthropologisé et l’anthropogenèse christifiée, la phylogenèse pléromisée et l’espèce amorisée (les trois derniers participes passés passifs sont de Teilhard de Chardin) permettent de jouer, à la fois, sur le clavier de la science et sur celui de la religion dans ce que l’on croit être un duo concertant alors qu’il ne s’agit que de bruitages terminologiques se prenant pour des incarnations du Savoir ou du Verbe. Quoi qu’il en soit, il nous est demandé de nous abandonner à la déesse Evolution parce que celle-ci est censée nous délivrer à la manière d’une Grâce.
Chez Hegel, pour qui Dieu se déifie dans et par l’Histoire, l’histoire agissante n’est autre que la Parousie du Dieu Vivant ; une telle Action nous fait, tout en nous laissant croire que c’est nous qui agissons, comme l’illustre la célèbre théorie de la « ruse de la Raison ». Une telle Action est dialectique, c’est-à-dire à la fois dépassante, progressiste et extatique. Bref, nous serions des créatures créaturantes parce que nous sommes d’abord des créatures créaturées par l’Action du Devenir historique. Le temps de l’histoire est ce à quoi nous devons nous livrer parce qu’il nous délivre, d’où la reprise du thème de l’Amor Fati. La philosophie doit contempler spéculativement cette Action qui nous contemple elle-même dans le déroulement de l’Histoire.
Mutantis mutandis, une même perspective se retrouve dans les philosophies pour qui l’Évolution n’est que la parousie du Dieu Vivant. Au dévoilement du divin par le temps historique, que l’on trouve chez Hegel, est substitué un dévoilement du divin par le temps biologique. Cela est tout à fait caractéristique de la fin du XXᵉ siècle et du début du XXᵉ où, devant les progrès spectaculaires des sciences appliquées, des théologiens avaient peur de faire figure de retardataires imbus de conceptions complètement dépassées. (…)
Le succès de l’évolutionnisme s’explique non par ses démonstrations scientifiques et expérimentales, qui non seulement n’en sont pas, mais qui surtout sont complètement ignorées de la quasi-totalité de ses partisans spontanés et inconditionnels, mais par sa prétention à faire connaître le message révélateur décisif. Message qui se veut salutaire et sauveteur et que l’on peut résumer ainsi : chacun de nous fait partie de la grande chaîne des êtres dont la gestation progressive relève de la génération de l’Être. L’Être n’est pas du tout fait, sa perpétuelle genèse dans l’Évolution et dans l’Histoire confère au Devenir un dynamisme engendrant l’avènement d’un règne nouveau abolissant frontières et limites de toutes sortes.
Que cet Être soit appelé Dieu, Vie, Acte pur, Grand Être, Action, Élan vital ou Big Bang, que le règne nouveau soit baptisé Corps christique, Hyperorganisme, Humanité, Cité, ou Société sans classe, ne change rien à l’affaire. De toute manière, il est question d’un corps unique qui se prépare en se complexifiant et à l’avènement duquel nous avons le devoir, éthiquement religieux ou scientifiquement politique, de travailler avec ardeur.
La séduction qu’exercent les évolutionnismes et les historicismes, qu’ils soient sacralisés par la foi ou par la raison, vient de ce qu’ils donnent à chacun le sentiment sécurisant d’être pris en charge par la Vie et d’être guidé infailliblement par elle. L’évolution sélective et l’histoire progressiste agissent ainsi à la manière d’une Grâce ; elles ôtent les erreurs et les péchés du monde en intégrant les individus dans un organisme vivant ou social qui se voit conférer, explicitement ou non, tous les prestiges d’un corps mystique.
Dès lors, on comprend que soit de règle un optimisme reposant sur la confiance totale dans une incarnation toujours en marche ou dans une raison libératrice de toutes les aliénations. Dans les deux cas, ces philosophies du progrès accordent au futur une vertu quasi eschatologique reposant sur un Homme tenu tantôt pour la pure image de Dieu, tantôt pour l’être auto-créateur par excellence. C’est pourquoi sont immédiatement dénoncées les moindres réserves formulées à l’égard de telles positions ; mettre en doute l’évolution et le progrès est considéré comme une attitude obscurantiste réactionnaire impie ou comme une décadente sinistrose ridicule ; chacun voit là le type même du crime de lèse-humanité.
Si bien qu’on affirmera que le Mal ne réside pas dans les forces du monde, mais dans les contre-forces qui pourraient les freiner ou les arrêter ; car l’Évolution, ainsi que la Raison qui la pense et qui en est le produit, est tenue pour rectrice et auto-correctrice. L’Évolution est ainsi adorée momme la Création et le Salut à la marche desquels nous devons coopérer. On pense que l’homme va à Dieu, non par la Mort, mais par l’Histoire qui, pour les uns le christifie, ou que, selon d’autres, le divinise. « Que mon règne vienne· est désormais la prière que l’homme s’adresse à lui-même afin de devenir ce qu’il n’a jamais été, ce qu’il n’est pas encore, ce qu’il doit travailler à être : l’expression même de l’Acte de Dieu qu’il incarne et réalise dans chacune de ses entreprises en faisant de lui-même son propre résultat.
L’Évolution n’est qu’un ersatz d’Arbre de Vie greffé sur l’Arbre de la Connaissance. Elle donne à l’homme l’occasion d’affirmer que par son savoir il a pu rationnellement rendre compte de la croissance de cet arbre au cours des siècles et que l’observation de l’évolution créatrice lui permet de suivre les différentes étapes d’une création évolutive capable d’expliquer le surgissement même’ de l’espèce humaine.
Sachant d’où il provient, connaissant son ascendance, l’homme n’a plus qu’à prendre scientifiquement en main la marche de l’évolution pour faire jaillir une Néo-vie d’essence socio-ontologique doublée d’une hypernature techniquement construite. Prétendant qu’elle est née de la Vie, la connaissance s’y applique en retour afin de la remodeler en une vie nouvelle désaliénée et désaliénante, transfigurée et transfigurante, dont l’auto-création est baptisée Progrès. D’où cet optimisme que l’on rencontre aussi bien chez Leibnitz que chez Hegel, Marx, Bergson ou Teilhard et bien d’autres qui reprendraient volontiers à leur compte le naïf et lénifiant poème de Victor Hugo comparant la marche de l’Humanité à la course d’un navire :
Où va-t-il ce navire ? Il va, de jour vêtu,
À l’avenir divin et pur, à la vertu
À la science qu’on voit luire,
À la mort des fléaux, à l’oubli généreux,
À l’abondance, au calme, au rire, à l’homme heureux ;
Il va, ce glorieux navire,
Au droit, à la raison, à la fraternité[11].
Pour que ce beau navire parvienne au port qui lui est destiné, nous sommes donc invités à ne rien interrompre, puisque tout est affaire de continuité. On nous le répète, aussi bien dans des textes exaltants accessibles à tous que dans des constructions conceptuelles hermétiques, le salut est entre nos mains, il nous suffit d’approfondir nos connaissances et d’agir en conséquence. L’évolution créatrice renforcée par la progression historique nous conduit vers une transhumanité guidée par le point Oméga de la société sans classe dans laquelle l’Homme Total déploiera son auto-transcendance pour faire de lui le produit de plus en plus élaboré de ses propres acquisitions.
De telles perspectives, très simples en elles-mêmes, ont donné lieu à de nombreuses réduplications dialectiques dont les démarches et les terminologies plus ou moins ésotériques masquent un sophisme qui suppose résolu le problème essentiel pourtant toujours en suspens et sans solution humaine possible.
Affirmer, en effet, que l’homme est devenu son propre sauveur et qu’il est désormais capable de maîtriser sa destinée, implique que l’on ait constamment postulé que l’homme fut déjà sauvé, car un sauveur ne saurait être lui-même perdu. Pour que l’homme se sauve, il faut donc qu’il se soit déjà sauvé, et qu’il se soit déjà sauvé implique encore implique encore qu’il ait pu antérieurement se sauver. Et ainsi contradictoirement sans fin.(…)
Alors, nous dit-on, ils adhéreront tous au grand projet de l’organisation planétaire libératrice pour devenir les artisans lucides du Salut rationnel final.
Ainsi s’étendent les ombres ténébreuses de l’Arbre de la Connaissance.
Jean BRUN
Jean BRUN, auteur de nombreux livres (dont une méditation profonde récente sur l’histoire de la philosophie intitulée : L’Europe Philosophe, Stock, Paris, 1988). a longtemps été Professeur de Philosophie à l’Université de Dijon ainsi qu’à la Faculté Libre de Théologie Réformée d’Aix-en-Provence. Ce texte est extrait, avec autorisation, des pages 175 à 199 de son ouvrage Philosophie et Christianisme, Éditions du Beffroi et l’Âge d’Homme, 1988.
[1] Le terme est de J. Rifkin, 1983
[2] Sur ces derniers points, cf. Ernst BENZ : Les sources mystiques de la philosophie romantique allemande, Paris, Vrin. 1968, pp. 57·58.
[3] Monère : être vivant hypothétique, constitué d’une seule cellule sans noyau, qui représenterait la forme la plus simple de la matière inorganique
[4] Entélechie : principe métaphysique qui détermine un être à une existence définie
[5] Pour donner une idée du sérieux de la documentation de Darwin, donnons un exemple. L’origine des espèces commence par une Notice historique sur le progrès de l’opinion relative à l’origine des espèces. Darwin y cite Aristote (note 1 de la p. XI de la traduction française par Ed. Barbier, C. Reinwald, 1880) et un texte de la Physique (II, 8. 199-216) dans laquelle il voit « une ébauche des principes de la sélection naturelle », Or, si Darwin avait lu ce texte, il se serait aperçu qu’Aristote y expose une théorie, celle des atomistes ou celle d’Empédocle, qu’il dénonce et critique deux lignes plus bas en disant : « Voilà donc, entre autres manières, comment raisonnent ceux (à savoir ceux qui, contrairement à Aristote, refusent toute explication par les causes finales) qui soulèvent cette difficulté. Mais il est impossible qu’il en soit ainsi… » ; suivent plus de deux pages au cours desquelles Aristote expose ses propres arguments pour montrer que, selon lui, « la finalité se rencontre dans les changements et les être naturels ». Rappelons, en outre, qu’Aristote ne cessait de répéter qu’il n’y avait « pas de changement d’un genre dans un autre » Darwin précise entre parenthèses : « M. Clair Grece m’a signalé ce premier passage » ; Darwin s’est donc contenté d’une connaissance par ouï·dire totalement fausse, ou il a tronqué le texte d’Aristote pour lui faire dire exactement le contraire de ce qu’il affirme.
[6] Yves DELAGE : L’hérédité et les grands problèmes de la biologie générale, Paris, Schleicher, 2ᵉ éd., 1903, p. 204,
[7] Terminus a quo et terminus ad quem : expressions scolastiques pour désigner respectivement, dans l’ensemble d’un processus, le point de départ et le point d’aboutissement
[8] Formules de Teilhard de CHARDIN, Le phénomène humain, in : Œuvres, Paris, Editions du Seuil, 1955, 1. l, p, 25.
[9] Teilhard de CHARDIN, op. cit. p.278.
[10] Ces trois dernières formules sont de Teilhard de Chardin
[11] Victor Hugo : La légende des siècles, « XXᵉ siècle »