Le Pape Paul VI n’a pas renoncé à « l’’Ostpolitik » [1]. En dépit des témoignages nombreux sur le sort des catholiques au Vietnam, il a accueilli trois évêques de ce pays et leur a manifesté, sans aucune remarque restrictive, son intention d’entretenir de bonnes relations avec le régime de fer institué par Hanoï. C’est ce que nous rapporte « La Voix du Vietnam Libre » :
« Le 9 décembre 1977 le Pape Paul VI a reçu les trois évêques vietnamiens venus le saluer avant leur retour au pays. À cette occasion, Sa Sainteté à fait une déclaration dont voici les trois principales idées :
- Le pape regrette que la communauté internationale se désintéresse du Vietnam ;
- Il souhaite avoir des relations diplomatiques avec le nouveau régime communiste ;
- Il lui demande d’assurer à l’Église une liberté d’action et engage les catholiques vietnamiens à jouer pleinement leur rôle de citoyen. « Les catholiques sont invités à accomplir loyalement et exemplairement leurs devoirs civiques[2] ».
Nous sommes douloureusement surpris par la déclaration du Vicaire du Christ, du successeur de Pierre, du Père de tous les catholiques du monde. Le Pape Paul VI regrette que la communauté internationale se désintéresse du Vietnam. Sans doute ignore-t-il que Hanoï depuis deux ans a obtenu du monde libre une aide économique et technique de plus de 3 milliards de dollars, avec en plus quelque 120 000 tonnes de blé (dont 30 000 de 18, France en trois fois), aide qui ne profite nullement au peuple vietnamien car on y meurt par milliers de toutes sortes de manières. Nous aimerions mieux qu’il parle du drame des réfugiés en Thaïlande, en Malaisie et sur les mers de Chine. Le Pape Paul VI souhaite normaliser les relations diplomatiques avec le nouveau régime tout en invitant les catholiques à le servir loyalement et exemplairement, mais il ignore que le peuple entier qu’il soit catholique, bouddhiste ou pas, a horreur de ce régime et le rejette.
Nous sommes douloureusement étonnés que le Pape Paul VI n’ait pas dit un mot sur la situation dramatique dont souffre le peuple vietnamien sous le régime sanguinaire avec lequel il a voulu normaliser les relations diplomatiques. Nous regrettons qu’il n’ait pas parlé de camps de concentration dits de rééducation et zones d’économie nouvelle où 7 millions d’hommes meurent d’une mort lente. Nous regrettons qu’il n’ait pas soufflé mot sur les violations des Droits de l’Homme. Nous sommes douloureusement déçus qu’il n’ait pas parlé de la persécution dont souffre l’Église du Vietnam dont les biens sont confisqués, le clergé démantelé et mis en prison, dont les sanctuaires sont fermés ou transformés en ateliers de travail artisanal. Ici nous réaffirmons que Mgr Thuân et Mgr Diêp sont morts en captivité. Qu’on nous les montre si l’on affirme qu’ils sont encore vivants. Nous regrettons que le Pape Paul VI n’ait pas dit comment faire pour rester fidèle à l’Église tout en servant loyalement le communisme et comment rester chrétien et patriote dans ces conditions. Nous aimerions savoir si l’Encyclique Divini Redemptoris[3] a encore sa valeur doctrinale. »
Les pays soumis au régime Marxiste-léniniste sont renforcés par le refus obstiné du successeur de Pierre à prononcer leur condamnation. On peut être certain que des chrétiens « engagés » y trouvent un encouragement à passer au socialisme – antichambre du communisme.
L’Ordre français
[1]Texte tiré de la revue L’Ordre français No 219, mars-avril 1978, pp. 44-45
[2]Nous soulignons (réd.)
[3]Lettre encyclique du 19 mars 1937 de Pie XI sur le communisme athée que nous recommandons très vivement à tous nos lecteurs. Sur L’enseignement du magistère catholique romain traditionnel nous vous : recommandons : E.J. CHEVALIER et E. MARMY : La Communauté Humaine selon l’esprit chrétien. Documents. Fribourg 1944, 784 pp. Sur l’enseignement de Pie XII à ce sujet nous vous recommandons : M. CLEMENT : L’Économie sociale selon Pie XII (2 vols.) Nouvelles Éditions Latines, Paris 1953. 562 pp.