Examiner le parler en langues

par | Documentation Chrétienne - numéro 14

La première rencontre[1] entre l’homme et Satan fut un désastre. Nous ne sommes pas surpris de le voir qualifié de « père du mensonge » (Jn 8 :44), pour avoir dit à Eve : « Vous ne mourrez pas » (Gen. 3 :4). En fait, le péché produit la mort. Ce premier contact nous met en garde en montrant que la tromperie est l’arme principale du diable.

La duplicité de Satan s’attaque tout autant aux chrétiens contemporains qu’à nos premiers parents. Paul exprime sa crainte aux chrétiens de Corinthe : « De même que le serpent séduisit Eve par sa ruse, crains que vos pensées ne se corrompent et ne se détournent de la simplicité à l’égard du Christ » (2 Cor. 11 :3). Et : « Si vous recevez un autre esprit que celui que vous avez reçu… vous le supportez fort bien » (v. 4).

Pour beaucoup, le mouvement charismatique actuel est considéré comme étant la réalisation des prophéties, la « pluie de l’arrière saison » donnant un nouvel élan à la chrétienté avant l’enlèvement de l’Église. Les adversaires font relever ce phénomène d’un illuminisme, voire d’un déséquilibre psychique. Mais l’Écriture ne prévoit pas la fin des dons spirituels avec notre époque. Le Nouveau Testament insiste sur le fait que les dons spirituels sont d’origine divine au service de l’Église, aussi longtemps qu’elle existe. Cependant, est-il prudent de conclure que toutes les manifestations du parler en langues sont le produit d’un don du Saint-Esprit ? Est-ce que Satan peut contrefaire les dons spirituels ?

Après l’examen de bien des manifestations du don des langues à la lumière de la Parole de Dieu, mes collaborateurs et moi-même en avons discerné plusieurs dont l’origine est satanique. Cet article se propose d’examiner la nécessité, le procédé, le résultat d’un tel examen.

La nécessité d’examiner le parler en langues

Plusieurs manifestations des dons de l’Esprit impliquent le langage, et l’Écriture insiste sur la nécessité d’être prudents (cf. Jacques 3 :2-10 et Jérémie 9 :5-6). Paul fait valoir ses droits en tant qu’apôtre (2 Cor. 12 :12). Son ministère fut corroboré par des signes et des miracles par la puissance de l’Esprit de Dieu (Romains 15 :16-19). Christ loua l’église d’Éphèse d’avoir « prouvé ceux qui se disent apôtres et qui ne le sont pas » (Ap. 2 :2).

Christ a mis en garde contre les « faux prophètes » reconnaissables à leur fruit (Matt. 7 :15-16). Par l’apôtre Paul, le Seigneur ordonne (1 Cor. 14 :37) aux auditeurs d’examiner les prophètes qui parlent dans l’assemblée (v. 29). Il se peut qu’une prophétie soit le produit d’un leurre satanique, nous trouvons de cela un exemple au cours des voyages de Paul, alors que Bar-Jésus se voit réprimandé par l’apôtre qui le qualifie de fils du diable (Actes 13 :6-12) ; de même à la fin des temps, le faux prophète, qui en dépit des miracles qu’il accomplit, sera le complice de l’Antichrist (Apoc. 13 :19-20).

Bien des charismatiques affirment que chaque personne remplie de l’Esprit doit obligatoirement parler en langues. Si c’est là le seul critère montrant avec certitude que quelqu’un est rempli du Saint-Esprit, il n’est pas surprenant de voir le désir acharné des personnes qui veulent posséder cette évidence. Un jeune homme gisait à terre des heures durant en suppliant Dieu de lui donner cette plénitude. Une autre personne fut exhortée à répéter continuellement le terme « Alléluia » jusqu’à ce que jaillisse le parler en langues. Dans les deux cas le résultat désiré fut atteint. L’examen postérieur, cependant révéla qu’un démon. avait pris possession des victimes, se manifestant par la glossolalie.

Du fait que le don des langues est un phénomène surnaturel, son origine ne peut être que : soit l’Esprit de Dieu, soit un esprit satanique. Comme l’affirmation que chaque personne remplie du Saint-Esprit doit parler en langues n’est pas biblique et constitue un piège satanique (1 Cor. 12 :30), il est évident que le fait de rechercher le don des langues ouvre la personnalité humaine au danger des influences démoniaques.

En ouvrant l’exposé sur les dons spirituels selon l’Écriture (1 Cor. chap 12-14), Paul oppose les dons des langues surnaturelles aux idoles passées des Corinthiens, incapables de parler (12 :12). Une telle idolâtrie comprenait le culte des démons (10 :20) et Paul voulait que ses lecteurs se gardent de toute influence mauvaise dans leurs discours. C’est pourquoi il insiste en disant qu’un homme parlent par l’Esprit de Dieu ne peut dire : « Jésus est anathème » (1 Cor. 12 :3).

De même, l’Esprit parlant par un être humain, affirmer avec joie que Jésus est le Seigneur. Par implication, si un démon est à l’origine d’une manifestation surnaturelle, il refusera non seulement de proclamer la seigneurie de Christ, mais au contraire proclamera sa haine de Jésus-Christ. Nous ne devons pas ignorer ces textes.

L’examen de l’authenticité des esprits nous est ordonné en 1 Jn 4 :1-3… Le lecteur prendra note de versets tels que 1 Jn 3 :24 et 4 :2. C’est pourquoi l’esprit imitateur du don des langues ou toute autre manifestation spirituelle peut être mis à l’épreuve par rapport à Jésus-Christ.

Jésus est-il le Fils de Dieu ? L’esprit testé confessait-il que Jésus est venu dans la chair ? Est-ce que Jésus-Christ reviendra dans la chair ? Est-ce que toute la plénitude de Dieu habite en Lui corporellement ? Un esprit peut répondre de ses motifs, perce que le but primaire du Saint-Esprit dons le croyant est clairement expos dans l’Écriture :

« C’est lui qui ne glorifiera, parce qu il prendra de ce qui est à moi, et il vous l’annoncer » Jean 16 :14.

alors que l’esprit mauvais a pour mission de confondre.

De nos jours il n’est pas de don plus populaire que le don des langues, et chaque manifestation de ce don est liée à la possibilité d’une déception. En s’en tenant aux directives bibliques, ( 1 Cor. 12 ; 1 Jn 4), nous recommandons de convoquer une session de prière pour éprouver l’esprit qui est à l’origine du parler en langues. Je conseille de faire cet examen à l’intérieur d’un cercle restreint, comportant un frère qui dirige et un petit groupe d’intercesseurs, ceci avec le plein accord et la coopération active de la personne qui parle en langues. Après quelques instants de prière d’intercession, nous recommandons à la personne concernée de parler en langues. Ensuite, le chef du groupe adressera ses questions non pas à cette personne mais à l’esprit qui inspire le parler en langues.

Il faut s’attendre à des réponses équivoques. L’appréciation des réponses ne dépend ni du ton ni des sentiments subjectifs, mais des réponses données aux questions telles que les formule la Parole de Dieu (voir Ps 105 :19).

Le Saint-Esprit confesse Christ spontanément, librement et sans exception. Un esprit démoniaque donnera ou plusieurs réponses qui trahiront sa véritable identité, ou bien il s’obstinera à contourner la question , c’est-à-dire refusera de confesser Jésus-Christ selon Jn 4 :35. Un démon donnera peut-être un nombre de réponses favorables, car il espère maintenir son influence trempeuse dans la victime. Si le groupe de prière persévère, il révélera bientôt son identité véritable, son nom, ses intentions.

Si le don des langues est le fruit d’un ou de plusieurs démons, l’Écriture confère toute l’autorité pour les chasser (Mc 16 :17). La victime doit tout d’abord renoncer à laisser une emprise à Satan par la pratique d’une langue trompeuse et doit expressément se délier des esprits qui inspirent un don satanique. Le chef du groupe ordonne alors aux démons de retourner dans l’abîme (Luc 8 :29-31 ; Apoc. 9 :1-2) et doit s’assurer ensuite qu’ils ont vraiment quitté la victime. En tout cela, Dieu donne le pouvoir du « discernement des esprits » (1 Cor 12 :10).

Quelques observations

L’expérience m’«  appris quatre leçons pour l’examen du don des langues chez des personnes qui sont venues d’elles-mêmes nous trouver durant ces dernières années. Premièrement je fus stupéfait du grand pourcentage de langues démoniaques. Les personnes conseillées venaient de tous les États-Unis, étaient d’âge, de profession, de dénominations diverses.

La plupart ont exercé le don des langues au cours de leur recueillement personnel. Beaucoup doutaient de l’authenticité de ce don, mais beaucoup étaient certains que l’examen auquel ils se soumettaient en confirmerait l’origine divine. Le fait choquant, c’est que plus de 90% des personnes qui se soumirent à un examen durent admettre l’origine démoniaque de leur don des langues.

Il y a bien des pentecôtistes et des charismatiques qui reconnaissent le fait que des langues démoniaques existent. Cependant ils sont certains que le don qu’ils ont reçu est authentique. Une jeune fille me demanda s’examiner ce don en elle, car elle ressentait des influences mauvaises dans sa vie. En la questionnant, il fut évident qu’elle venait d’une église pentecôtiste et avait le don des langues, mais elle était certaine due ce don était d’origine divine. Elle m’apprit au course de l’entretien qu’une dame de son église locale qui avait le don de discernement lui affirma que chez elle le parier en langues venait du Saint-Esprit. Lorsque nous nous réunîmes dans le but de prier pour la délivrance de cette sœur l’esprit nous dit qu’il haïssait le Seigneur Jésus-Christ. En le questionnant, le démon admit que c’était lui l’esprit à l’origine de ce don des langues et non pas l’Esprit-Saint.

Deuxièmement, j’appris que des chrétiens très fondés peuvent être possédés par un démon qui parle en langues. Au cours d’une série de classes bibliques pour adultes sur la vie abondante, nous passâmes plusieurs semaines à considérer les dons de l’Esprit. Je ne connaissais personne parmi nous qui puisse parler en langues. Je terminai mon propos en mentionnant simplement que toute personne ayant le don de parler en langues devait absolument s’assurer qu’il ne s’agissait pas d’une contrefaçon satanique, car il s’est trouvé que des missionnaires en congé entendaient parler en langues, de façon blasphématoire dans le langage de leur champ de mission.

En ce temps-là, je n’avais jamais examiné personne sur ce point, ni moi, ni mes collègues. Mais bientôt quelqu’un demanda un entretien. C’était une chrétienne remarquable, douée, équilibrée, sur qui l’on pouvait compter, une gagneuse d’âmes. Elle dit ne jamais parler en langues en public. Lorsqu’elle parla de ses expériences spirituelles, il me fut impossible d’imaginer que cette chrétienne distingue pouvait héberger un démon par rapport aux langues. Je lui fis part de mes réflexions. Elle n’était pas satisfaite. Elle en parla à mes collègues. À l’examen, nous trouvâmes un don des langues dont l’origine, à notre avis, était manifestement le Saint-Esprit. Mais bientôt se manifesta un autre parler en langues, dans la même personne, exprimant de l’amertume et de la haine à l’égard de Christ, à l’égard d’elle-même, et à notre égard. Ce parler en langues selon le Saint-Esprit était pour moi la preuve de l’authenticité de sa sanctification. Cependant il était indéniable qu’un don des langues démoniaques l’habitait.

D’autres personnes se soumettant à ce test sont profondément sincères et très spirituelles. Leur vie témoigne de conversion réelle, d’une faim et de croissances spirituelles. Je ne crois pas que le démon du varier en langues peut séparer quelqu’un de Christ. Il ne fait aucun doute que bien des personnes dans le mouvement charismatique sont des chrétiens sincères, manifestant plus de zèle et plus d’amour que souvent leurs antagonistes anti-charismatiques. Seulement les expériences que je fis en examinant sur ce point font conclure que des multitudes d’enthousiastes croyant parler en langues s’illusionnent.

Troisièmement, j’ai eu à me convaincre de la subtilité fallacieuse des esprits trompeurs. Quelque temps après la nouvelle naissance d’une jeune fille catholique, elle donna son témoignage avec quelques amis dans un parking. Ils étaient tous remplis de joie. Ils décidèrent de se rendre chez l’un d’eux pour une réunion de prière. Elle se mit soudain à parler en langues. Elle vint me voir, je lui montrai ce que dit la Bible à ce sujet, et elle déclara ne plus vouloir user de ce don des langues avant d’avoir subi le test. Un jour, alors qu’elle se sentait flancher, elle entendait une voix lui dire : « Je t’ai donné ce don, ne peux-tu pas me faire confiance ? » Lorsqu’ elle me raconta ces faits plus tard, je lui demandai qui pouvait s’être exprimé ainsi alors que le Saint-Esprit dans l’Écriture avait déjà dit « d’éprouver les esprits ». Elle comprit. Lorsqu’elle subit le test, l’esprit qui la faisait parler en langues répondit tout d’abord correctement, puis fut ensuite pris à son propre piège. Il avoua avoir donné à cette jeune fille des dons de langues, de l’interprétation et de la prophétie.

Ce qui a de plus révoltant dans la falsification de l’expérience du don des langues, ce sont les exclamations blasphématoires que des personnes disent dans un langage qu’ils ne connaissent pas. Le caractère mensonger des esprits trompeurs se manifeste d’une part par le façon dont ils prennent possession de leur victime, la détournant des expériences spirituelles véritables et axant sa vie sur la pratique du don des largues, d’autre part en se donnant des noms qui prêtent à la confusion, en déjouant, par leur tactique, la personne qui veut les démasquer. Le royaume de Satin est versé dans l’art de tromper, mais il n’y a probablement pas d’esprits mauvais plus rusés que ceux qui simulent le Saint-Esprit de Dieu.

Quatrième leçon qu’il me fallait apprendre fut de constater avec quelle facilité les langues démoniaques peuvent s’introduire, en particulier là où des vues anti-scripturaires sont tolérés. Une dame prit part à une réunion charismatique. Lorsqu’un monsieur d’âge mûr, à l’expression céleste, l’engagea à « laisser contrôler sa langue », elle le fit. Elle fut lors possédée de neuf esprits démoniaques différents qui affirmèrent tous l’avoir pourvue du don des langues.

Je pourrais multiplier les exemples. J’ai surtout illustré ici les méthodes employées par les démons pour s’introduire en quelqu’un. Dieu ne nous donnera pas une pierre si nous prions pour le don de son Esprit (Luc 11 :11-15), mais les expériences de bien des personnes nous montrent que des points de vues non-scripturaires par rapport au don des langues peuvent suffire pour que Satan saisisse l’occasion de donner de surcroît aussi les pierres et les scorpions que constituent les dons des langues falsifiés. Dieu ne protège pas automatiquement ses enfants imprudents.

On ne joue pas avec le don des langues. Ce don examiné et trouvé authentique peut être une source d’enrichissement spirituel pour le croyant et pour l’assemblée. Dieu recommande à ses enfants : « N’empêchez pas de parler en lingues ». Et parallèlement, il nous enjoint à ne pas ajouter foi à tout esprit, mais à leur faire passer le test pour savoir s’ils sont de Dieu (1 Jn. 4 :1). 

Dr. Gerald McGRAW

Ce texte est reproduit avec autorisation

 [1]Cet article du Dr. McGraw a été publié premièrement dans l’Alliance Witness, organe de la « Christian and Missionary Alliance ». Cette revue fut longtemps dirigée par A.W. Tozer. L’Alliance missionnaire et chrétienne fut fondée en 1687 à New York par le pasteur A.B. Simpson.

Cette organisation missionnaire à dès le début manifesté l’exercice des charismes principalement celui de guérison. Le Dr. Simpson, après avoir soigneusement observé les débuts au pentecôtisme, prit nettement position contre la doctrine extrémiste obligeant tout chrétien à parler en langues. Jusqu’à ce jour, l’Alliance missionnaire et chrétienne persévère dans cette ligne ouverte à l’exercice des charismes dans l’équilibre et le sobriété biblique.