L’Église catholique et Cuba
(Programme d’action)
L’église catholique, dont le siège est à Rome, est une organisation réactionnaire qui suscite des activités contre-révolutionnaires au sein des démocraties populaires. Pour que les démocraties populaires puissent continuer à progresser par le chemin du socialisme et au communisme, il est nécessaire tout d’abord d’en finir avec l’influence ce cette église catholique et avec les activités qu’elle déploie. L’Église catholique n’est ni stérile, ni impuissante ; au contraire, il faut reconnaître son pouvoir et prendre toute une série de mesures pour y faire obstacle.
Quand la lutte politique et les forces de production auront atteint un haut niveau de production, on pourra alors la détruire. Tel est l’objectif à atteindre et pour lequel nous luttons. Donner un assaut de front et frapper en face, tant que nous serons mal équipés et tant que nous n’aurons pas éduqué convenablement les masses, n’aurait d’autre résultat que de donner à l’Église un empire encore plus grand sur les masses, car celles-ci alors se sentiraient de son côté et appuieraient clandestinement ses activités contre-révolutionnaires. Il faut éviter également que les leaders contre-révolutionnaires de l’Église apparaissent comme des martyrs. La ligne d’action à suivre contre l’Église consiste à instruire, à éduquer, à persuader, à convaincre et peu à peu à éveiller et à développer complètement la conscience politique des catholiques en obtenant leur participation à des cercles d’études et à des activités politiques. Nous devons entreprendre la lutte dialectique dans le sein de la religion au moyen d’activistes (militants communistes[1]). Progressivement nous remplacerons l’élément religieux par l’élément marxiste, graduellement nous transformerons la conscience fausse en une conscience vraie, de sorte que les catholiques en viennent éventuellement à détruire de leur propre mouvement, et pour leur propre compte les images divines qu’eux-mêmes avaient créées. Telle est notre ligne d’action dans la lutte pour la victoire contre l’Église catholique contre-révolutionnaire.
Plus loin, nous présenterons un programme de tactiques employé avec succès dans la République Populaire Chinoise, pour libérer le peuple chinois de l’influence de l’Église catholique, impérialiste, de Rome.
Il faut amener l’Église et ses fidèles à prendre part au régime populaire afin que les masses puissent exercer leur influence sur eux. On ne peut pas permettre que l’Église conserve son caractère supra-national qui là place au-dessus de la volonté des masses. Il faut créer au sein du gouvernement populaire un bureau chargé des affaires et des organisations religieuses. En imposant à l’Église les processus du centralisme démocratique, on ouvre la voie, au moyen des masses, à des mesures patriotiques qui affaibliront l’Église et renverseront son prestige. Ce bureau organisera des associations nationales, régionales et locales qui grouperont les catholiques en organismes patriotiques. Chaque association rendra manifeste sa soumission à l’égard des lois de la nation et sa volonté de les observer.
Quand ces associations auront été créées et qu’elles auront professé leur soumission aux lois de la nation, c’est alors que surgiront les réactionnaires et les contre-révolutionnaires. Ces contre-révolutionnaires surgis du milieu de l’Église catholique sont les premiers qu’il faut extirper avec fermeté, sans cependant faire usage de la violence. Dans tous les cas, les mesures prises doivent l’être en accord avec la loi. Par leur nature, les aspirations contre-révolutionnaires conduisent à des actions contre le gouvernement. Ce principe nous indique quelles sortes de lois il faut appliquer contre ceux qui protestent. Il faut les considérer comme des criminels antipatriotes qui suivent les instructions de caractère impérialiste émanées du siège de l’Église catholique, de la Cité du Vatican.
Pendant cette période, les masses expérimenteront un conflit psychologique car, d’un côté, elles sentiront de la loyauté à l’égard de l’Église et du clergé et, de l’autre côté, leur patriotisme les poussera : appuyer le gouvernement populaire. Il convient de sonder ce conflit et de l’étudier avec attention. Si on agit précipitamment, sans tenir compte de l’acuité de ce conflit psychologique, on risque d’isoler le parti de ces masses. Si les liens entre les masses et l’Église sont très étroits, il faut suivre le principe des deux pas en avant et un pas en arrière. En faisant le pas en arrière, le gouvernement populaire doit affirmer qu’il défend la liberté religieuse et que c’est par la volonté des masses qu’il établit des comités de réforme dans les associations pour que les masses patriotiques puissent s’exprimer plus directement dans la direction des affaires de l’Église.
Soyons vigilants. Les militants du parti doivent diriger le travail des comités de réforme. Ceux-ci doivent écarter les réactionnaires que l’on rencontrera parmi les masses. Pour ce travail, il faut suivre ces consignes : il est patriotique d’adhérer au gouvernement et d’observer les lois ; la désobéissance est antipatriotiques les associations doivent professer leur patriotisme ; les éléments antipatriotiques doivent être écartés des associations et jugés comme criminels par les masses patriotiques, car c’est le devoir de tout citoyen de châtier les criminels. Les militants doivent diriger les masses contre les éléments criminels. Dès que les masses auront condamné les criminels et les auront écartés des associations, ceux-ci devront être jugés conformément aux dispositions des lois du gouvernement populaire. En même temps, les associations devront de nouveau professer leur soumission aux lois et s’efforcer de découvrir dans leur sein les activités contre-révolutionnaires cachées.
Bien que les réactionnaires aient été découverts, le conflit psychologique doit continuer parmi les masses. Il est important que les autorités ecclésiastiques et les chefs de l’Église assurent à celles-ci que la religion est devenue plus pure, maintenant qu’elle a été libéré des éléments criminels et antipatriotiques. Nos militants qui font partie de ces associations ont l’importante tâche d’amener les chefs de l’Église à faire ces déclarations. Nos militants doivent également assurer aux masses que le gouvernement et le parti observent leur volonté. Bien entendu, pendant cette période, d’autres désaccords surgiront. Si on agit arbitrairement, on perdra le contrôle du mouvement des masses. Le gouvernement populaire doit faire pousser à fond la discussion de tous les désaccords. Pendant ces discussions, on doit prendre soin de découvrir les contre-révolutionnaires qui, avant, étaient passés inaperçus. Pendant cette période, comme pendant la précédente, les mêmes consignes s’imposent : il est patriotique d’observer les lois ; la désobéissance est antipatriotique et criminelle. On doit également informer les masses des résultats des conversations entre l’État et l’Église, ainsi que de la renaissance patriotique des masses religieuses, en voie dé se substituer aux sentiments décadents, impérialistes et antipatriotiques. À l’exception des affaires spirituelles, tout indice ou toute expression de liaison avec la Cité du Vatican devra être honni, car motivé par des intérêts impérialistes et appuyant des activités contre-révolutionnaires. L’expérience des pays frères prouve que l’Église catholique a toujours soutenu les activités contrerévolutionnaires. Étant donné l’extension mondiale de l’Église catholique, ces expériences constituent des preuves irréfragables de sa conspiration. Pendant cette période, on peut s’attendre à ce que la Cité du Vatican émette des protestations contre notre campagne. Ces protestations doivent être utilisées comme de nouvelles preuves de la conspiration de l’Église que dirige la Cité du Vatican.
Ceci nous amène à la phase suivante de notre attaque ; son objet est la liaison existant entre l’Église et la Cité du Vatican. Il faut prévoir que, pendant cette attaque, le clergé va réagir avec violence parce qu’il se sent touché dans son point d’appui et à la source même de son pouvoir. On doit lui rappeler que ses protestations contre les attaques dont il est l’objet à cause de son attachement au Vatican sont antipatriotiques et en opposition avec les lois et avec l’État. Également, on doit lui faire sentir que ce qu’il incarne est antipatriotique. Nos militants ont pour tâche de convaincre les masses que l’individu peut avoir sa religion sans que la Cité du Vatican dirige les affaires de toutes les Églises du monde. Également, nos militants doivent expliquer le principe de la coexistence du patriotisme et de la religion. Ainsi, on écarte des masses ceux qui suivent les ordres du Vatican, et l’on ouvre le chemin à l’établissement d’une Église indépendante.
On devra faire une campagne de préparation avant qu’une Église ne puisse être proclamée indépendante. Les personnalités cléricales qui n’auront pu être persuadées de se soumettre aux volontés du gouvernement populaire seront dénoncées devant les masses. On profitera de leurs protestations pour détruire leur influence sur les masses. La meilleure tactique pour cela consistera à faire un travail simple et anonyme. Nos militants doivent lancer les dénonciations contre ces personnalités. L’histoire fourmille de preuves sur la possibilité d’une action légale contre ceux qui s’opposent à la séparation de l’Église et du Vatican. Au cours de cette phase, on doit rassembler tous les arguments nécessaires pour convaincre les intellectuels catholiques que la rupture avec le Vatican est un pas en avant et non un pas en arrière. Les dispositions légales qui protègent toutes les religions et l’histoire des différents mouvements protestants aideront à convaincre ces intellectuels. En même temps, nos militants auront pour tâche d’amener les associations catholiques, en un mouvement d’ensemble, à demander au gouvernement populaire l’autorisation d’établir une Église indépendante afin de laver les associations catholiques de toute tache antipatriotique causée par quelques éléments encore attachés au Vatican. Le gouvernement populaire donnera l’autorisation et on organisera l’Église indépendante. On doit avoir présent à l’esprit que la rupture entre l’Église catholique et le Vatican n’a d’importance que pour les théologiens. Les masses, dans leurs pratiques religieuses, ne sont que faiblement reliées au Vatican.
Nous voilà arrivés à la dernière étape. La séparation de l’Église et du Vatican étant consommée, nous pouvons faire sacrer les chefs de l’Église choisis par nous. Ceci provoquera la plus vive protestation du Vatican et une excommunication majeure. Il faut faire comprendre que la lutte a lieu loin des fidèles et non point dans leur sein. Les associations catholiques continueront à fonctionner et les masses seront encouragées à pratiquer leur religion dans le sein de l’Église nouvelle. Si l’on agit avec tact et sagacité, on ne détruira pas la liturgie et les masses n’apercevront que peu de différences dans l’Église nouvelle ; les protestations du Vatican contre les consécrations épiscopales n’atteindront que la hiérarchie de l’Église et le gouvernement du peuple se chargera de repousser les plaintes du Vatican. Peu à peu, on isolera ainsi la « vieille garde » du Vatican. Ainsi isolée, l’action contre elle deviendra de plus en plus légale, car elle éprouvera un violent besoin de protestation et de jouer aux martyrs. En conséquence de cette attitude, elle ne pourra que se compromettre dans des actions antipatriotiques.
Bien que notre lutte contre l’Église catholique soit déjà victorieuse, il nous faut employer la persuasion à l’égard de l’arrière-garde du clergé. Par cette attitude modérée, les masses comprendront que le gouvernement populaire a véritablement le souci d’assurer la liberté de religion à tout le monde. Et, en même temps, on place les protestataires parmi ceux qui s’opposent au sentiment du peuple et du gouvernement.
Une fois venu le moment où les postes de responsabilité ecclésiastiques seront entre nos mains et soumis au gouvernement populaire, on procédera à l’élimination progressive des éléments de la liturgie incompatibles avec le gouvernement populaire. Les premiers changements affecteront les sacrements et les prières. Ensuite, on protégera les masses contre toute pression et toute obligation de faire acte de présence à l’église, de pratiquer la religion, ou d’organiser des sociétés dépendant de quelque groupe religieux. Lorsque la pratique de la religion ne devient plus qu’une responsabilité individuelle, celle-ci, on le sait bien, s’oublie lentement. Les nouvelles générations succéderont aux anciennes et la religion ne sera plus qu’un épisode du passé, digne d’être traité dans les histoires sur le mouvement communiste mondial.
Traduction intégrale d’un document édité en 1959 par les : « Presses de langues étrangères de Pékin à l’usage de la section latino-américaine du Département de Liaison du Parti communiste chinois ».
Reproduit avec l’aimable autorisation de : « Diffusion – information documentaire »
Lectures :
- M. Regamey : Évangile et Politique (cahiers la Renaissance Vaudoise) 1973
- M. Clément :
- Le Christ et la Révolution (Éditions de l’Escalade) 1972
- Le Communisme face à Dieu (Nouvelles éditions latines) 1968
[1]Note explicative du traducteur