La grande attention portée sur l’individu et son vécu que l’on observe dans nos sociétés modernes dites « avancées » n’est pas sans influencer la théologie. Alors que d’innombrables ouvrages traitant de la quête spirituelle individuelle paraissent chaque année, les livres relatifs à des sujets moins directement centrés sur l’individu et ses besoins se raréfient.
L’Alliance de Dieu va à l’encontre de cette tendance. S’il n’est pas sans toucher à la manière dont la spiritualité personnelle est vécue, cet ouvrage part d’un point de vue plus objectif : la manière dont le Dieu infini et personnel se révèle à sa création. Car tel est l’enjeu principal de la théologie de l’Alliance : comment le Dieu trinitaire qui transcende totalement sa création, s’approche-t-il de celle-ci – et plus particulièrement des hommes – pour s’y révéler ?
Sans être un livre de théologie systématique – puisqu’il s’agit d’une série de prédications –, l’Alliance de Dieu aborde avec clarté et vigueur les principaux aspects de son sujet. L’auteur de cet ouvrage manifeste également un souci constant de compréhension historique des textes étudiés et d’application des vérités révélées aux réalités présentes. Le lecteur n’a donc jamais l’impression d’évoluer dans des sphères trop abstraites.
Au fil des chapitres, le lecteur découvrira la richesse du sujet et sera conduit à réfléchir notamment aux trois thèmes suivants :
1. La nature et la structure de l’Alliance de Dieu (quelles personnes met-elle en présence, quelles en sont les caractéristiques principales, quels éléments la composent invariablement, etc.)
2. L’articulation entre l’Ancienne et la Nouvelle Alliance (assiste-t-on à une rupture radicale ou à une progression ? quels sont les enjeux liés à la manière dont on articule les deux Testaments ?)
3. La question du baptême considérée comme sacrement de l’Alliance (avec les conséquences que cela a sur sa signification et son administration).
Un baptiste qui écrit un livre sur l’Alliance. Voilà qui surprendra plus d’un lecteur. Pourtant, Jean-Marc Berthoud ne fait pas figure d’innovateur. Il s’inscrit dans la lignée historique de ces fidèles témoins du passé qui, tout en ayant une ecclésiologie de type baptiste, se sont appliqués à démontrer le caractère allianciel de toute la Révélation biblique. C’est la raison pour laquelle, au XVIIe siècle en Grande-Bretagne, ces Docteurs ont rédigé la Confession Réformée-Baptiste de 1689, Confession dont le but était de se tenir le plus près de celle de Westminster de 1646 (réformée-pédobaptiste), tout en affirmant sa spécificité baptiste.
Ainsi ces docteurs de l’Église voulaient éviter l’établissement de barrières inutiles entre croyants qui, bien qu’ayant une ecclésiologie différente, proclamaient le même Évangile. L’Évangile d’un Dieu créateur souverain qui accomplit son dessein éternel en sauvant efficacement ses élus (et, par eux, sa création déchue), afin qu’ils célèbrent Sa gloire pour l’Éternité (Éphésiens 1 : 6, 12, 14).
C’est dans cette « tradition » que Jean-Marc Berthoud s’inscrit. Sans complaisance avec les faiblesses de l’ecclésiologie réformée baptiste, il essaie d’aller aussi loin que possible dans sa compréhension de la position théologique de ses frères pédobaptistes afin qu’aujourd’hui encore des barrières ne soient pas érigées où elles ne devraient pas l’être. En effet, il existe toujours des baptistes qui, se distinguant de l’approche fractionnaire de l’Écriture héritée des évangéliques des XIXe et XXe siècles, croient à l’œuvre première et souveraine de la grâce de Dieu tant dans l’acte de création originelle que dans celui de nouvelle création dans le cœur du pécheur, actes dont le souci principal est de rendre au Dieu souverain toute la gloire et tout l’honneur qui lui sont dus pour la réalisation progressive et parfaite de son plan de salut accompli en Jésus-Christ.
L’étendue du sujet de l’Alliance, puisqu’il englobe tout le plan créateur, providentiel et rédempteur de Dieu, ne peut certes être épuisé en un seul ouvrage. Ce serait là un sujet de réflexion pour toute une vie ! Alors, servez-vous de ce livre comme d’un « éclaireur » qui vous conduira sur une piste de réflexion qu’il vous faudra approfondir personnellement par la suite. Car de nombreux sujets abordés dans ce livre méritent d’être encore développés et précisés. Par exemple :
— L’infidélité constante du peuple d’Israël à l’Alliance dans l’Ancien Testament n’accomplit-elle pas aussi le but divin qui consiste à démontrer l’incapacité humaine à respecter les conditions de cette Alliance et le besoin absolu d’un représentant divin qui vienne dans notre humanité comme substitut pour satisfaire entièrement aux conditions de l’Alliance à notre place ?
— Comment le chrétien doit-il comprendre son rapport avec les malédictions de l’Alliance à la lumière de Galates 3 : 13 : « Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous – car il est écrit : Maudit soit quiconque est pendu au bois – … ». N’y a-t-il pas là une progression fulgurante par rapport au peuple de l’ancienne Alliance ? …
Notre reconnaissance va à Jean-Marc Berthoud qui, par sa réflexion, a le mérite d’avoir ouvert et déblayé une partie du chemin devant nous afin que nous soyons de plus en plus émerveillés par la grandeur et la fidélité du Dieu de l’Alliance qui ne s’est pas contenté d’établir une Alliance de façon souveraine, mais qui, en Jésus-Christ notre Chef, en a réalisé toutes les exigences.
Que le Dieu de paix –
qui a ramené d’entre les morts le grand berger des brebis,
par le sang d’une alliance éternelle,
notre Seigneur Jésus –
vous rende aptes à tout ce qui est bien
pour faire sa volonté ;
qu’il fasse en nous ce qui lui est agréable
par Jésus-Christ,
à qui soit la gloire
aux siècles des siècles !
Amen !
Hébreux 13 : 20-21
Tel est mon souhait pour chacun de vous. Bonne lecture !
Olivier Favre
Pasteur de l’Église
Réformée Baptiste de Lausanne
Lausanne, le 13 novembre 2003
9781678101664
