Pureté et impureté selon la Bible

 Avant-Propos

 L’ouvrage entre vos mains traite d’un sujet souvent négligé : celui de la pureté et de l’impureté. Prenons un exemple de ce déséquilibre dans un texte de Paul souvent omis par les commentateurs, par ailleurs très fidèles. Il s’agit d’Éphésiens 5 : 3-7, texte qui se prête parfaitement à la mise en valeur de la distinction entre incon­duite, impureté et cupidité, trois attitudes immorales vivement condamnées par l’apôtre :

• Que l’inconduite, toute forme d’impureté, ou la cupidité ne soient pas même mentionnées parmi vous, comme il convient à des saints […]

Paul précise son propos en condamnant toutes sortes de débordements de la parole :

• […] pas de grossièretés, pas de propos insensés, pas de bouffonneries, cela est malséant ; mais plutôt des actions de grâces.

Puis il appuie sa condamnation de l’inconduite, de l’impureté et de la cupidité :

• Car, sachez-le bien, aucun débauché [l’inconduite], impur [l’impureté] ou cupide [la cupidité], c’est-à-dire idolâtre, n’a d’héritage dans le royaume du Christ et de Dieu.

Ensuite, Paul renforce la gravité de sa condamnation de gens qui, professant être chrétiens, pratiquent de tels vices :

• Que personne ne vous séduise par de vains discours ; car c’est pour cela [la pratique de tels vices] que la colère de Dieu vient sur les fils de la rébellion. N’ayez donc aucune part avec eux.

Les commentateurs traitent, en général, de manière convenable la condamnation par Paul de l’inconduite et de la cupidité, mais n’ont souvent presque rien à dire sur l’impureté. C’est à cette lacune, largement répandue même dans des milieux qui cher­chent à être fidèles à l’enseignement de la Bible, que s’adresse ce petit livre.

On ne sait pas bien que faire dans l’Église de Jésus-Christ de ce que la Bible appelle l’« impureté ».

L’inconduite, par contre, ne pose guère de problème aux commentateurs[1]. Il s’agit de péchés enfreignant le septième commandement : Tu ne commettras pas d’adultère. Tout ce qui concerne la famille y est inclut, par exemple, les interdictions de mariages consanguins ; puis aussi toute forme de dépravation sexuelle. De même, on trouve de nombreux commentaires sur la cupidité[2]. Elle aussi, ne pose pas de vrai problème. Il s’agit de péchés contre les huitième et dixième commandements : Tu ne commettras pas de vol : tout ce qui concerne les rapports matériels entre les hommes, et Tu ne convoiteras pas : les désirs illégitimes.

Mais que faire des péchés d’impureté ? Que sont-ils ? Comment les reconnaître ? De quelle façon respecter le code de pureté de la Bible ? De telles questions ne sont guère abordées, même lorsque le texte semble, comme c’est le cas dans la lettre aux Éphésiens, nous obliger à le faire. Prenons un autre exemple qui nous permettra d’y voir un peu plus clair. Il s’agit d’Hébreux 13 : 4 :

• Que le mariage soit honoré de tous, et le lit conjugal exempt de souillure. Car Dieu jugera les débauchés et les adultères.

On n’a pas de peine à comprendre l’exhortation qui incite les chrétiens à honorer et à respecter le mariage, ce que, plus tard, le célibat obligatoire des prêtres cessera de faire. L’état de célibat étant dès lors davantage honoré que le mariage. Mais que peut bien vouloir dire cette petite phrase lacunaire : […] et le lit conjugal [soit] exempt de souillure. À la lumière de la Bible cela ne peut que signifier que certains actes conjugaux ne sont pas permis car ils sont source de souillure pour ceux qui les pratiquent : la pornogra­phie ; la masturbation ; les relations sexuelles pendant les règles de l’épouse ; les relations sexuelles anormales, etc. ; la séparation absolue de l’union sexuelle de son but premier, la procréation : faire des deux une seule chair, un enfant ! ; la passion sexuelle sans borne, à laquelle nous incite bien des manuels de sexologie.

Mais, pour comprendre la réalité de telles impuretés morales il nous faut étudier avec soin – « jour et nuit », dit le psalmiste – les commandements, et en particulier le livre du Lévitique ; mais aussi la Bible tout entière. Nous y verrons, par exemple, que la mort physique a presque toujours une connotation « impure »  marquant son caractère foncièrement anormal par rapport à l’ordre « très bon »  de la création. Il en va de même pour toute action se rapportant à l’occultisme. Cela s’applique aussi au caractère très ambigu (et dangereux !) de la recherche d’expé­riences « spirituelles »[3].

Le péché concerne le rejet de la loi de Dieu. L’impureté se rapporte – comme l’opinion individualiste du « chacun son goût » – à la médiocrité propre au rejet de la beauté de l’ordre créationnel. C’est bien ce qui caractérise également la banalité artis­tique si médiocre qui envahit toutes les Églises, largement marquées par le principe d’un consensus par le bas. Éviter des actes impurs constitue une partie importante de la sanctification du chrétien. Ce sont ces réalités, par trop négligées, que nous chercherons à élucider, de manière biblique et réaliste, dans les études qui suivent. Aujourd’hui ces questions sont d’une importance toute particulière, compte tenu que notre civilisation ne s’attache pas seulement au péché mais, de plus en plus, à l’impureté et à la souillure.

[1]Voyez : Jean-Marc Berthoud, Le Septième Commandement. Tu ne commettras pas d’adultère. Introduction éthique et apologétique au Septième Commandement, Messages, Lausanne, 2022.

[2] Jean-Marc Berthoud, Le huitième commandement, Tu ne voleras pas. L’Économie, le Vol et l’Ordre de la Création, 2019 ; et : Le dixième commandement. Tu ne convoiteras pas, 2022. Ces livres sont édités à : Messages, Lausanne (diffusion : Lulu.com).

[3] Rose-Marie et Jean-Marc Berthoud-Monot, Union à Jésus-Christ et fausse mystique. Étude historique et spirituelle, Messages, Lausanne, 2021.