Le mariage, une ordonnance créationnelle et alliancielle

par | Association Vaudoise de Parents Chrétiens

Le Mariage

Première partie

Le mariage : une ordonnance créationnelle

Genèse 1.26-31 ; 2.15-25

Introduction

Selon certains sondages, il semble que le mariage soit à nouveau « en vogue » parmi la jeune génération. Pourtant, ce ne sont pas les statistiques qui m’incitent à aborder l’enseignement biblique sur un sujet si important, mais un réel souci de réaffir­mer ce qu’est vraiment le mariage selon le modèle biblique. En effet, il ne suffit pas d’être convaincu par la supériorité du mariage sur le concubinage pour que tous les problèmes soient résolus. Comme me le faisait remarquer une amie qui travaille au service d’embauche d’une grande entreprise suisse, une triste conséquence de cet enthousiasme des jeunes pour « le passage devant le maire » a pour résultat un nombre croissant de jeunes divorcés, âgés de 20 à 22 ans, ce qui ne se voyait guère il y a quelques années.

Un bon nombre de couples, aujourd’hui, ressemblent à ces jeunes mariés qui rentrent à la maison après avoir acheté une marmite à vapeur. Ils la remplissent de légumes, mettent de l’eau jusqu’au bord, ferment le couvercle et attendent. Après quelques minutes, la vapeur sort de tous côtés. Les voilà désemparés et déçus par leur achat, jusqu’au moment où ils se reportent au mode d’emploi qui se trouve au fond du carton. Grâce à ce petit livret, ils découvrent que s’ils s’étaient soumis aux directives du constructeur, leur déception aurait pu être évitée.

L’enthousiasme et la conviction de bien faire ne suffisent donc pas à la réussite d’un mariage. Comment des jeunes, le plus souvent issus de familles brisées, arriveraient-ils à vivre leur mariage de façon satisfaisante sans connaître les principes de base qui le régissent, l’alliance qu’il inclut et la représentation de la relation du Christ à son Église qu’il a pour modèle ? Le mariage est une façon de vivre qui ne peut être détachée de sa réalité spirituelle. Comme nous le verrons, ce n’est qu’en comprenant la relation spirituelle qui existe entre le Christ et son Église qu’il peut être compris. En d’autres termes, les lignes qui suivent ne peuvent être détachées du message du salut en Jésus-Christ accompli à la croix pour sauver son Eglise.

C’est donc d’abord à ceux qui se savent au bénéfice de la grâce de Dieu que ces lignes s’adressent. Ils sont les seuls capables de comprendre pleinement ce que veulent dire des termes comme « soumission » et « amour » car ils les expéri­mentent dans leur relation spirituelle avec le Christ, lui qui les a tant aimés qu’il est mort à leur place sur la croix. Ainsi pour le chrétien, le mariage n’est pas une simple question de morale, c’est une façon de vivre dont le but est de refléter fidèlement l’amour de Dieu pour son Église.

Dans un deuxième temps, ces lignes s’adressent à tout homme et toute femme, car le mariage est une « ordonnance créationnelle », un ordre donné par Dieu à toute sa création avant l’entrée du péché dans le monde. Que vous soyez chrétiens ou non, ces directives s’adressent à vous pour vous informer sur la meilleure façon de vivre votre vie de couple. En tentant de les respecter, vous aurez tôt fait de constater qu’il est impossible de vous y soumettre parfaitement. Que cette constatation puisse alors vous conduire au pied de la croix où se trouvent le pardon et la réconciliation par Christ qui a porté les péchés de ceux qui se repentent.

Pour faire face à la désintégration du couple et de la famille, cellules de base de la société, il est grand temps de revenir aux directives données par le Dieu Créateur dans sa Parole. Celles-ci impliquent des renoncements, des sacrifices, du travail, une non- conformité à l’esprit du monde ambiant, mais qu’importe, elles sont bonnes puisqu’elles sont les commandements du Créateur à l’égard de ses créatures, afin que celles-ci vivent à Sa seule gloire.

Notre but n’est pas ici de fournir un travail exhaustif sur la question du mariage, mais d’apporter quelques éléments de base qui, nous l’espérons, aideront de nombreux couples et de nom­breux jeunes à comprendre ce qu’est le mariage, ce qu’ils peuvent en attendre et aussi ce à quoi ils doivent travailler afin que leur mariage soit conforme à l’idéal divin.

Le mariage, une ordonnance créationnelle

Quand nous ouvrons notre Bible au livre de la Genèse, nous constatons que le mariage est l’une des premières institutions établie par Dieu. Dans le chapitre 2, qui traite de façon détaillée de la création de l’être humain, nous trouvons, au verset 24, cette phrase qui reviendra comme un refrain dans le Nouveau Testament quand il est parlé du mariage.

C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair. [1]

Or, le chapitre 2 de la Genèse est situé avant le récit de « la chute », récit relatant la rupture entre l’homme et Dieu causée par la rébellion de l’homme envers Dieu et Ses exigences. Ainsi le premier fait à retenir, c’est que le mariage fait partie de la volonté éternelle de Dieu envers les hommes dans leur état de perfection. Son institution n’a pas eu lieu pour pallier les difficultés relationnelles survenues entre l’homme et la femme suite à leur désobéissance à Dieu, mais avant l’arrivée de celle-ci.

D’un autre côté, à la lumière de Genèse 2.18, nous pouvons affirmer que la création de la femme et l’institution du mariage, étaient nécessaires pour que la création soit reconnue comme bonne. La solitude de l’homme est la seule chose dans toute la création de Dieu dont il soit dit: « il n’est pas bon… ». Déjà, dans le jardin parfait de Dieu, la solitude et l’isolement n’étaient pas une situation normale.

Le mariage est le cadre intrinsèquement bon pour l’épanouissement de l’homme et de la femme en vue de l’accomplissement du mandat que Dieu leur avait confié. Un mandat de gestion de la création et de peuplement de la terre, selon Genèse 1.28.

Sans pouvoir affirmer catégoriquement que le mariage soit la volonté de Dieu pour tous les êtres humains, puisque le Nouveau Testament reconnaît un don de célibat[2], il faut pourtant souligner, dans notre société fortement individualiste, que le mariage est bon et que Dieu veut que les gens se marient. Un attachement excessif à son confort personnel ou à son indé­pendance de célibataire ne sont donc pas des raisons suffisantes pour refuser de se marier.

Cette première constatation tirée du livre de la Genèse bat en brèche la pensée actuelle qui fait du mariage un phénomène lié à un type particulier de culture et donc forcément appelé à disparaître. Ainsi, si le mariage disparaît un jour de notre société occidentale, cela ne sera pas la preuve de son caractère contin­gent, mais le symptôme de la décadence de notre culture s’éloignant toujours davantage de l’idéal que Dieu veut pour elle, ce qui, à terme, ne peut que la conduire au suicide.

Le récit de la Genèse ne nous présente pas non plus le mariage comme le fruit d’une évolution hasardeuse entre des animaux de plus en plus sophistiqués. Il s’agit d’une institution di vine établie entre deux êtres égaux dans leur essence, bien que distincts et complémentaires dans leur fonction. Tant l’un que l’autre sont créés par un acte souverain de Dieu. L’homme à partir de la poussière du sol, la femme à partir d’une côte de l’homme afin de bien montrer son lien de nature avec celui-ci. Malgré cette différence de procédure créationnelle, Genèse 1.26- 27 souligne que chacun d’entre eux est créé « à l’image de Dieu », alors que Genèse 2.18 indique leur rôle distinct, la femme étant « l’aide et le vis-à-vis » auquel l’homme aspirait de tout son être. De cette manière, tant l’égalité d’essence que la distinction des rôles sont maintenus.

Après avoir brièvement considéré le cadre parfait dans lequel le mariage a été établi, examinons l’enseignement de cette parole d’institution au verset 24 du chapitre 2 de la Genèse :

C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair.

D’entrée, le contenu de ce verset nous oblige à considérer ces paroles dans un cadre plus large qu’un simple commande­ment adressé à Adam et Ève. En effet, l’allusion à « quitter ses parents » ne pouvait convenir au premier homme. C’est donc un principe général que Dieu adresse ici à toute la race humaine, représentée en Adam, et qui, après lui, viendra toujours à l’existence par la médiation de parents. Notre Seigneur ainsi que l’apôtre Paul ne font que souligner la validité permanente de ces paroles en s’y référant tous deux, à des époques très éloignées du récit de la Genèse et dans des cultures différentes.

Ainsi ce verset a été normatif quant à la définition du mariage, pendant toute la période qui s’étend de la création de l’humanité à la fin de la rédaction du Nouveau Testament, c’est-à- dire sur plusieurs millénaires. A moins d’y être contraint par un autre enseignement biblique, il ne nous est pas possible de le balayer d’un simple revers de main sous prétexte d’un changement de culture. Comme nous allons le voir, l’ensemble de l’Ecriture, au lieu d’invalider l’enseignement de ce verset, le maintient et l’affine, sans jamais le contredire.

Ce verset reste donc normatif pour la définition actuelle du mariage en dépit du fait que, depuis l’entrée du péché dans le monde, les relations entre l’homme et la femme se soient considérablement dégradées, comme l’atteste une partie de la sanction que Dieu fit tomber sur la femme : Tes désirs se porteront vers ton mari, mais il dominera sur toi. (Gn 3.16)

Cette conception biblique du mariage fait référence à trois étapes distinctes, soulignées par les trois verbes : QUITTER, S’ATTACHER, DEVENIR. D’un verbe à l’autre, il y a progression dans l’intensité de la relation. Une progression voulue par le Créateur et qui ne peut être inversée.

— QUITTER, c’est passer d’une cellule familiale à une autre. C’est se séparer de la cellule familiale établie par ses parents pour en créer une nouvelle. Voilà la réponse de la Parole de Dieu à la solitude ambiante. L’individu n’est pas fait pour être seul, il est fait pour être protégé par une cellule familiale jusqu’à ce que Dieu lui fasse la grâce de former une nouvelle cellule du même type avec son conjoint. L’on peut se demander pourquoi cet ordre est donné à l’homme et non à la femme, alors que dans la pratique c’était souvent à elle de quitter géographiquement son père et sa mère pour s’attacher à son mari ? Une partie de la réponse se trouve probablement dans le fait que, lors de la création de cette nouvelle cellule familiale, c’est pour l’homme que le changement le plus radical se faisait sentir. En effet, dans son cas, il quittait une structure dans laquelle il était protégé, soumis, obéissant pour devenir dès lors le protecteur, l’initiateur, le responsable alors que la femme passait « simplement » de la protection d’un homme, son père, à celle d’un autre homme, son mari.

Malheureusement, que constatons-nous dans notre société ? Suite à la désintégration de la cellule familiale, il n’est pas rare de rencontrer de très jeunes gens et jeunes filles qui ne bénéficient plus de la protection paternelle nécessaire et qui, de ce fait, sont prêts à se jeter dans les bras de la première âme venue pour trouver cette protection et cette affection vitale. Pourtant, agir ainsi n’apporte aucune solution durable au problème, mais ne fait que l’amplifier, la protection découverte dans ces relations étant souvent éphémère.

Inversement, il peut aussi exister des couples mariés qui, tout en vivant sous le même toit, ne créent jamais de nouvelle cellule familiale, mais sont de simples extensions de celle de leurs parents. Cela non plus n’est pas biblique, et tant parents que nouveaux conjoints doivent apprendre à respecter cette nouvelle structure établie par le mariage.

— S’ATTACHER. Le mot est très fort. Il ne s’agit pas d’un amour qui tâtonne, d’une relation « à l’essai » qui cherche sans être sûre. Tant dans le grec que dans l’hébreux, ce verbe est apparenté au mot « colle ». Ainsi en instituant le mariage, ce que Dieu veut, c’est qu’un homme s’attache à une femme de la même façon que l’on colle deux feuilles de papier ensemble, lesquelles ne peuvent être séparées l’une de l’autre sans que l’une et l’autre n’en subissent des déchirures irrémédiables. « S’attacher » implique donc une relation exclusive et durable basée sur un engagement réciproque de fidélité. Cette fidélité conjugale dans tous les domaines de la vie, et tout spécialement dans le domaine de la sexualité, est tellement fondamentale que le Nouveau Testament affirme qu’une relation extra-conjugale porte atteinte au lien conjugal à tel point, qu’il est permis de dissoudre juridiquement le mariage [3]. S’attacher, c’est donc se promettre la fidélité, dans le cadre d’une cérémonie publique, afin que les êtres humains qui nous entourent soient témoins de notre engagement. Certes, la forme de cette cérémonie peut varier en fonction des cultures mais, dans tous les cas, elle doit rendre compte publiquement de l’engagement définitif des deux conjoints à travailler à former une nouvelle cellule familiale, sans envisager la rupture comme une échappatoire et une solution possible aux crises qui peuvent parsemer la vie d’un couple.

— DEVENIR UNE SEULE CHAIR. Cette expression fait allusion à la consommation physique, sexuelle du mariage. C’est à l’union des corps qu’il est fait allusion ici, comme le confirme I Corinthiens 6.16 où cette même expression décrit la relation entre un homme et une prostituée. Ainsi, le Dieu Créateur définit de façon explicite que la sexualité appartient au mariage, et uniquement au mariage. Mais devenir une seule chair, c’est beaucoup plus qu’un simple attachement physique, c’est comprendre que nous ne sommes plus qu’un seul être avec notre conjoint. Et alors, fort de cette conviction, c’est mettre tout son zèle à manifester à chaque instant que nous ne sommes qu’un, avoir une seule pensée, former une seule entité sociale, manifester une réelle unité de vie jusque dans nos activités extérieures, nos contacts. Et aussi paradoxal que cela puisse paraître, c’est en travaillant à une telle unité que chacun des conjoints pourra de plus en plus être lui-même.

Ainsi pour Dieu, ce n’est pas une promesse au creux de l’oreille (ou au coin de l’oreiller) qui ouvre la porte à la sexualité, mais l’Alliance de mariage contractée publiquement et manifestée par la création d’une nouvelle entité sociale faite pour durer.

Le chrétien qui désire glorifier Dieu dans tous ses actes devra donc réfléchir au message que ses actions transmettent au monde qui l’entoure. C’est dans ce sens qu’il devrait veiller à ne laisser planer aucun doute sur la nature de sa relation avec son futur conjoint, en évitant par exemple de passer des vacances à deux, de partager la même chambre d’hôtel (même si cela est meilleur marché), de dormir seuls dans le même appartement l’espace d’une nuit, etc. Bien que je ne doute pas qu’il soit possible à deux chrétiens de rester chastes en pareilles circon­stances, il est néanmoins fondamental de se rappeler que le témoignage public de partage de l’intimité d’une personne de sexe opposé trouve sa place uniquement après une cérémonie de mariage.

Si l’union physique est l’aboutissement du « processus » de mariage, elle n’est pourtant pas le seul domaine dans lequel « l’unité de chair » peut se manifester. En effet, il est important que ces deux individus, séparés autrefois, apprennent à refléter une réelle unité de vie et de pensées. Il est probable qu’auparavant leurs loisirs, leurs intérêts, leurs fréquentations différaient. Maintenant, ils travailleront à refléter l’unité jusque dans ces domaines. Mais attention ! Unité ne veut pas dire uniformité. Des intérêts divergeants pourront subsister, cependant, la place qu’ils occuperont sera consentie d’un commun accord, de telle façon que même les choses qui apparemment les séparent, soient en fin de compte des instruments d’unité.

Les trois étapes de l’ordonnance créationnelle du mariage permettent aussi de comprendre que, bien que la sexualité hors mariage unisse deux personnes de telle façon qu’elles ne forment « qu’une seule chair », elle ne suffit pas à faire de deux individus un couple marié, puisque deux éléments fondamentaux du mariage sont absents : d’une part la formation d’une nouvelle entité sociale en quittant le foyer familial et d’autre part, la déclaration publique de fidélité et d’exclusivité de relation. De telles « expériences » brisées laisseront de profondes blessures, car la séparation de l’union des corps est une « déchirure » qui laisse des séquelles de part et d’autre, mais elle ne peut tout de même pas être comparée à la rupture d’un mariage.

Au premier abord, une telle ordonnance créationnelle nous semble être une alliance purement humaine. Ne s’agit-il pas d’une procédure qui n’engage qu’un homme et une femme ? Si cela était le cas, nous pourrions envisager la rupture de cette alliance par simple consentement mutuel.

Mais quand nous examinons l’enseignement de notre Seigneur sur le sujet, nous nous rendons compte qu’il en va tout autrement. En Matthieu 19.6, après avoir rappelé l’ordonnance créationnelle au verset 4, Jésus affirme : Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni. Pour lui, suivre la procédure de mariage tel que Dieu l’a instituée depuis la création n’engage pas seulement l’homme et la femme mais implique Dieu lui-même. Il unit et scelle le nouveau couple.

Nous avons peu d’éléments bibliques pour définir précisé­ment la nature de cette œuvre unificatrice de Dieu entre les conjoints. Par contre, nous pouvons affirmer que c’est un réel réconfort, pour deux êtres pécheurs et versatiles, de savoir que lors de leurs engagements, Dieu était présent et qu’il les accompagne désormais en les comblant de ses grâces afin qu’ils puissent tenir leurs promesses.

Deuxième Partie

Le mariage : manifestation de P Alliance
entre Dieu et son peuple

Éphésiens 5.22 – 33

Pour cette étude sur les rapports entre le mariage et la notion d’alliance, nous commencerons par mettre en parallèle deux textes, l’un dans l’Ancien Testament et l’autre dans le Nouveau Testament : Ésaïe 61.8 – 62 et Éphésiens 5.22 – 33.

Car moi, l’Éternel, j’aime le droit, je hais la rapine avec la perversité ;je rétribuerai fidèlement leur activité et je conclurai avec eux une alliance éternelle. Leur descendance sera connue parmi les nations et leur progéniture parmi les peuples ; tous ceux qui les verront reconnaîtront qu’ils sont une descendance bénie de l’Éternel. Je me réjouirai pleinement en l’Éternel, mon âme sera ravie d’allégresse en mon Dieu ; car il m’a revêtu des vêtements du salut, il m’a couvert du manteau de la justice, comme le fiancé s’orne d’une parure tel un sacrificateur, comme la fiancée se pare de ses atours. En effet, comme la terre fait sortir son germe, et comme un jardin fait germer ses semences, ainsi le Seigneur, l’Éternel, fera germer la justice et la louange, en présence de toutes les nations.

A cause de Sion je ne me tairai pas, à cause de Jérusalem, je n’aurai de cesse que sa justice paraisse, comme l’aurore, et son salut, comme un flambeau qui s’allume. Alors les nations verront ta justice et tous les rois ta gloire ; Et l’on t’appellera d’un nom nouveau que la bouche de l’Éternel déterminera. Tu seras une couronne splendide dans la main de l’Éternel, un turban royal dans la paume de ton Dieu. On ne te nommera plus : Délaissée, on ne nommera plus ta terre : Désolation; mais on t’appellera : Elle est mon plaisir, et l’on appellera ta terre; L’épousée ; car l’Éternel trouve son plaisir en toi, et ta terre sera épousée. Comme un jeune homme devient l’époux d’une vierge, ainsi tes fils deviendront pour toi comme des époux ; et comme la fiancée fait la joie de son fiancé, ainsi tu feras la joie de ton Dieu.

Femmes, soyez soumises chacune à votre mari, comme au Seigneur ; car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l’Église, qui est son corps et dont il est le Sauveur ; comme l’Église se soumet au Christ, que les femmes se soumettent en tout chacune à son mari. Maris, aimez chacun votre femme, comme le Christ a aimé l’Église et s’est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier après l’avoir purifiée par l’eau et la parole, pour faire paraître devant lui cette Église glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et sans défaut. De même, les maris doivent aimer leur femme comme leur propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même. Jamais personne, en effet, n’a haï sa propre chair ; mais il la nourrit et en prend soin, comme le Christ le fait pour l’Église, parce que nous sommes membres de son corps. C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux deviendront une seule chair. Ce mystère est grand ; je dis cela par rapport à Christ et à l’Église. Du reste, que chacun de vous aime sa femme comme lui-même, et que la femme respecte son mari.

Dans les lignes qui suivent, nous allons chercher à comprendre en quoi la notion d’Alliance éclaire la réalité du mariage et aide chaque conjoint à trouver sa place et son rôle au sein du couple.

Comme nous pouvons le constater, dans l’Ancien Testament le mariage est défini comme une alliance.

  • Proverbes 2.16-17 : Pour te délivrer de la courtisane, de l’étrangère aux paroles doucereuses, qui abandonne l’ami de sa jeunesse et qui oublie l’alliance de son Dieu. A cause du parallélisme de la poésie hébraïque, il est tout à fait clair que le mariage est envisagé comme une alliance puisque « l’ami de sa jeunesse » -c’est-à-dire celui avec qui la courtisane était mariée- est mis en parallèle avec « l’alliance de son Dieu ».
  • Malachie 2.14 : Et vous dites : Pourquoi ? (…) Parce que l’Éternel a été témoin entre toi et la femme de ta jeunesse que tu as trahie, bien qu’elle soit ta compagne et la femme de ton alliance. A nouveau, le mariage est défini en termes d’alliance.

Si nous voulons comprendre ce qu’est le mariage, nous devons donc l’examiner sous l’angle d’une alliance. Et pour comprendre l’idée biblique d’alliance, il nous faut commencer par considérer l’alliance que Dieu a faite avec son peuple.

L’Alliance entre Dieu et son peuple

Dans le livre de la Genèse, nous voyons au chapitre 17 que Dieu fait une alliance avec Abraham. C’est l’alliance d’un roi avec son vassal. D’un souverain avec son serviteur. Dieu décide et l’homme se soumet. Par cette alliance Dieu promet une fidélité perpétuelle à l’égard d’Abraham et de sa descendance. Toutefois, en retour, Dieu exige l’obéissance de son peuple. Nous lisons dans le livre du Deutéronome, au chapitre 10 et aux versets 12 et 20 : Maintenant, Israël, que demande de toi l’Éternel, ton Dieu, si ce n’est que tu craignes l’Éternel, ton Dieu, afin de marcher dans toutes ses voies, d’aimer et de servir l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur et de toute ton âme. — Tu craindras l’Éternel, ton Dieu, tu lui rendras un culte, tu t’attacheras à lui, et tu prêteras serment par son nom. Ainsi, ce que Dieu exige en réponse à Sa fidélité, c’est une relation exclusive de la part de son peuple et une fidélité perpétuelle à Dieu, comme celle des conjoints dans le cadre du mariage.

C’est pourquoi, tout au long de l’histoire d’Israël, l’idolâtrie et l’infidélité religieuse sont considérées par Dieu comme un adultère ou une relation « hors mariage », car elle implique une rupture de l’alliance de la part du peuple.

Plusieurs prophètes rappellent au peuple hébreux cette infidélité dans les termes de l’adultère.

  • Dans Jérémie 3.6-10, nous lisons :

L’Éternel me dit, au temps du roi Josias : As-tu vu ce qu’a fait l’inconstante Israël ? Elle est allée sur toute montagne élevée et sous tout arbre verdoyant, et là elle s’est prostituée. Je me suis dit : Après avoir fait toutes ces choses, elle reviendra vers moi. Mais elle n’est pas revenue. Et sa sœur, la perfide Juda, l’a vu. Quoique j’aie répudié l’inconstante Israël à cause de tous ses adultères et que je lui aie donné sa lettre de divorce, j’ai vu que la perfide Juda, sa sœur, n’a pas eu de crainte et qu’elle est allée se prostituer elle aussi. Par sa criante inconduite Israël a souillé le pays, elle a commis adultère avec la pierre et le bois. Pourtant malgré tout cela, la perfide Juda, sa sœur, n’est pas revenue vers moi de tout son cœur ; c’était faux, oracle de l’Éternel.

Dans ce passage, le prophète reproche aux Israélites de pratiquer l’adultère avec la pierre et le bois, c’est-à-dire avec des statues qui étaient en abomination devant l’Éternel [4].

Il parle d’adultère car en agissant ainsi, le peuple brisait l’alliance exclusive, perpétuelle, inviolable que Dieu avait établie avec son peuple. Et si Dieu avait instauré ce type de relation avec son peuple, c’est parce qu’il savait que c’était le meilleur pour son épanouissement. Pour que le peuple puisse s’épanouir d’une façon parfaite, il fallait cette relation exclusive de fidélité absolue. De même, Dieu qui veut le meilleur pour les conjoints dans le couple, a aussi défini le mariage en termes d’alliance exclusive, car il veut le meilleur pour chacun d’eux.

Dans sa création parfaite, Dieu a institué le mariage comme l’union de deux êtres en une seule chair, de façon exclusive et indissoluble, car il voulait que le mariage reflète son propre caractère, caractère qui n’accepte ni duplicité, ni mensonge, ni infidélité, mais qui veut un amour exclusif de la part de ses enfants.

Et si nous regardons maintenant au Nouveau Testament, nous voyons qu’il s’inscrit tout à fait dans la ligne de ce que nous venons de découvrir dans l’Ancien Testament. Quand Paul se penche sur le rapport entre l’homme et la femme dans le couple, en Ephésiens 5.22-33, il s’appuie sur ces deux fondements que sont l’ordonnance créationnelle et l’alliance – le rapport qui existe entre Christ et son Église -, pour en définir la nature.

Alors considérons quelques instants ce rapport qui unit le Christ à son Église. Jésus-Christ, Dieu le fils, est venu nous révéler le Père de façon parfaite et infaillible. Par sa révélation et son œuvre, il révèle la manière dont Dieu aime son peuple et dont Il veut être aimé et servi par celui-ci. La représentation idéale, parfaite, du mariage se trouve donc exprimée dans le rapport que Jésus-Christ entretient avec son épouse, l’Église. Elle est notre référence suprême quant aux comportements et aux sentiments qui doivent animer les conjoints.

Au verset 23 de Éphésiens 5, le Christ est appelé « chef », c’est à dire « tête » de l’Église. Tout d’abord, il en est le chef car il en est le Sauveur (verset 23). C’est Lui qui l’a arrachée à la ruine éternelle. C’est Lui qui, en quelque sorte a sorti le pécheur de l’eau dans laquelle il était en train de se noyer. Songeons un moment à notre situation. Nous étions ou nous sommes toujours pour certains, esclaves du péché, marchant vers la ruine finale. Mais Christ est mort à la croix pour arracher son Église, son épouse, à cette ruine. Comment l’a-t-il fait ? Le verset 25 dit qu’il s’est livré lui-même pour elle. Sa crucifixion n’était pas un accident de parcours, sa crucifixion n’était pas due uniquement à la méchanceté des juifs et des romains ; Il est venu s’offrir lui- même en sacrifice comme chef de son Église afin de la sanctifier et de la purifier. Par son sacrifice à la croix, il lui a offert Sa justice et il l’a faite paraître devant le Père sans défaut et sans tache (versets 26 et 27).

Mais pourquoi le Christ s’est-il ainsi livré pour son épouse ? Il s’est livré par amour, parce qu’il l’aimait (verset 25). Parle sacrifice de la croix, Christ a montré la profondeur de son amour pour son Église. Alors qu’il mourait, il manifestait d’une façon parfaite son amour insondable, l’amour insondable de Dieu envers les pécheurs, envers ceux qui se repentent et croient.

Ce n’est pas tout. Il nous est dit au verset 29 que Christ nourrit et prend soin de cette Église. Christ ne s’est pas simplement contenté de mourir à la croix pour l’arracher à la ruine, mais il continue de pourvoir quotidiennement à ses besoins jusqu’à Son retour en gloire. Pour reprendre l’image du noyé, Christ ne l’a pas arraché de l’eau dans laquelle il était en train de sombrer, pour le laisser mourir grelottant sur la berge. Il en prend soin jusqu’au bout. Voilà ce que fait le chef pour son Église.

Quant à l’Église, le peuple des rachetés de tous les temps, elle nous est décrite dans ce passage comme le corps du Christ. Le verset 23 nous dit qu’elle est son corps dont il est le Sauveur. C’est-à-dire qu’elle est unie à Lui, qu’elle ne forme plus qu’un, une seule chair avec Lui. Quelle merveille et quelle assurance, il existe une union indissoluble entre Dieu le Fils et le peuple qu’il a racheté.

Puis au verset 24, l’apôtre affirme que cette Église-épouse est soumise à Christ. C’est dans ce type de relation avec Christ, lorsqu’elle est à sa place et jouit de la protection et de l’amour de son époux qu’elle trouve son plein épanouissement puisqu’elle est décrite comme une « Église glorieuse, sans tache, ni ride » (verset 27). Si Christ est le chef, la tête de l’Église, c’est pour qu’elle puisse avoir sa vraie place, obéir à sa vraie vocation et s’épanouir dans les bras de son Seigneur en pleine confiance.

Revenons maintenant au sujet qui nous occupe plus particulièrement, celui du mariage. Quelle responsabilité pour les chrétiens de savoir qu’au sein de leur mariage, ils vivent une parabole, une manifestation de l’alliance de Dieu avec son peuple. Un mari rentre à la maison, un soir, fatigué parce qu’il a eu une journée de travail harassante et, de surcroît, pressé parce qu’il a une réunion après le dîner. Son seul désir est de mettre les pieds sous la table pour pouvoir manger rapidement. Et que trouve-t- il ? Un repas qui n’est pas fait, une épouse découragée, fatiguée par des enfants qui lui ont « cassé les oreilles » toute la journée. C’est le moment idéal pour se rappeler que le mariage doit refléter la relation qui existe entre Christ et son épouse, l’Église, plutôt que de manifester de l’impatience et du mécontentement. Ou encore, une jeune épouse a un mari qui habite le même apparte­ment qu’elle, mais dont les pensées s’envolent parfois à 20’000 lieues de chez lui. Quand elle le voit sur son nuage et que la moutarde commence à lui monter au nez, c’est aussi pour elle le moment de penser que sa relation avec son époux doit reproduire celle de l’Église avec son Seigneur. Finalement, certains célibataires pensent facilement que le mariage résoudrait tous leurs problèmes et toutes leurs frustrations. Mais c’est oublier que le mariage n’est pas d’abord centré sur l’épanouissement de soi. Il est le lieu où chaque conjoint apprend à renoncer à lui- même pour refléter l’amour de Dieu. Il est aussi le lieu où nous découvrons mieux qu’ailleurs nos limites, nos péchés et nos insuffisances par rapport à la volonté parfaite de Dieu.

Le mariage, l’alliance entre le mari et la femme

Ici, à l’opposé de l’alliance entre Dieu et son peuple, il s’agit d’une alliance entre deux personnes égales en essence bien que différenciées sur les plans de la morphologie, des dons et des responsabilités.

Tout d’abord voyons ce que signifie l’égalité de nature. Et pour cela, nous nous référons au livre de la Genèse, au chapitre 1. Au verset 27, il nous est dit : Dieu créa l’homme à son image : Il le créa à l’image de Dieu, homme et femme II les créa. Ce qui jaillit clairement de ce passage, c’est que, malgré la distinction des sexes, l’image de Dieu appartient de la même manière à l’homme et à la femme. L’un comme l’autre sont créés à l’image de Dieu. D’ailleurs, au verset 28, nous lisons que le mandat de reproduction, de domination et de gestion de la terre, est confié à l’homme et à la femme, c’est-à-dire au mâle et à la femelle. Il y a là aussi égalité.

Dans Genèse 2.23, l’égalité d’essence et l’identité de nature sont encore soulignées par l’expression : os de mes os, la chair de ma chair. C’est elle qu’on appellera femme, car elle a été prise de l’homme. Même si la femme a été créée en second et selon un procédé différent de l’homme, elle est « os de ses os, chair de sa chair ». Parce qu’elle a été tirée de l’homme, elle est de nature similaire, elle a la même chair et le même squelette que lui. Ainsi, même si c’est l’homme qui nomme la femme, le nom qu’il lui donne souligne aussi l’identité d’essence de ces deux êtres, puisqu’il la nomme « Icha », qui n’est autre que le féminin hébreux du mot « Ich » qui est donné à l’homme. Elle est donc tout simplement son féminin, ce qui a fait dire à plusieurs qu’il vaudrait mieux traduire « Icha » par « hommesse » plutôt que par « femme » afin de garder la proximité des deux êtres.

Le mariage est une alliance entre deux personnes égales en nature, mais aussi entre deux personnes différenciées. Dans Genèse 1.26-28 nous avons vu que Dieu les créa homme et femme, c’est-à-dire mâle et femelle et sans vouloir entrer dans les détails de l’anatomie, il faut préciser que les termes hébreux pour mâle et femelle décrivent clairement, en les distinguant, les organes génitaux de chacun d’eux. L’homme et la femme sont égaux en nature mais en tant que masculin et féminin ils sont là pour se compléter, non seulement dans leur fonction sexuelle mais aussi dans toute leur personnalité. De cette différenciation découle aussi la notion d’ordre et de hiérarchie établie par Dieu dans le couple, notion qui n’est guère appréciée par nos contemporains[5].

Dans chaque institution que Dieu a créée, un ordre est établi. C’est le cas de l’État, de l’Église et même de la Trinité. Ainsi nous voyons que le Fils est soumis au Père, sans qu’il puisse être dit pour autant qu’il y ait une différence de nature ou une infériorité de l’un par rapport à l’autre[6]. Vouloir établir l’égalitarisme au sein du couple est donc une utopie non chrétienne, opposée à la bonne volonté et à la sagesse de Dieu. Rejeter Son ordre c’est laisser s’établir le désordre, la « loi du plus fort », car il n’existe aucune structure où l’ordre soit absent.

Dans le mariage, nous dit Dieu, chacun a un rôle particulier à jouer. Le rôle particulier réservé à l’homme, c’est le rôle de « chef », le rôle que Christ joue par rapport à son épouse, l’Église. C’est pourquoi il n’est jamais parlé du péché d’Ève dans le Nouveau Testament, mais du péché d’Adam, bien qu’Ève ait péché en premier. Il en est ainsi parce qu’Adam était le chef d’Ève, et qu’en tant que chef, il portait la responsabilité ultime du péché d’Eve, son épouse. C’est parce qu’il n’a pas rempli correctement son rôle de chef que le péché est entré dans le monde par l’intermédiaire d’Ève.

Avoir le rôle de chef dans le couple, c’est suivre l’exemple parfait du Christ dans sa relation à son Église. C’est remplir avec amour cette fonction de soutien et de protecteur ; c’est donner à sa femme un cadre dans lequel ses traits caractéristiques (sa délicatesse, sa patience, son dévouement, sa sensibilité, sa créativité) peuvent s’épanouir en toute confiance. Cela n’a rien à voir avec la tyrannie ou l’irresponsabilité dictatoriale. Les maris ont pour mission de refléter, envers leurs épouses, le même amour que le Christ a vécu pour son Église. Il leur faut donc méditer sur l’amour du Christ pour son Église afin de l’imiter dans leur mariage. Par un tel comportement, ils plairont à Dieu et seront les témoins puissants du message du salut dans leur mariage.

Le rôle particulier de la femme dans le couple doit refléter celui de l’Église envers son Sauveur. Elle s’attache avec confiance à son mari car elle sait qu’il cherche le meilleur pour elle, pour son épanouissement et sa croissance spirituelle. De cette soumission va dépendre son épanouissement car c’est dans une telle soumission que l’Église trouve sa véritable identité. Ce que Dieu veut, ce n’est donc pas un mariage démocratique où chacun occupe 50 % du territoire, mais un mariage où chacun remplit le rôle qui lui est propre à 100 %.

Matthieu Henry, un commentateur anglais a résumé cet enseignement par une formule qui mérite d’être rappelée. Il nous dit :

« Dieu n’a pas fait la femme de la tête de l’homme pour qu’elle domine sur lui, ni de ses pieds pour qu’il la piétine, mais de son côté pour qu’elle soit son égale, sous son bras pour qu’il la protège et près de son cœur pour qu’il la chérisse. »

Jusqu’ici nous avons parlé du mariage idéal selon Dieu, mais les mariages « réels » correspondent rarement parfaitement à ce modèle. Qui d’entre nous, maris, peut dire qu’il aime son épouse comme Christ a aimé l’Église ? Quelle est l’épouse qui peut dire qu’elle se soumet parfaitement à son mari comme l’Église fidèle se soumet à Christ ? A cause du péché, le mariage est devenu un terrain de lutte où s’affrontent deux volontés de puissance. Le mariage a donc été affecté par le péché, par la volonté tyrannique de l’homme aussi bien que par la révolte de la femme.

C’est pourquoi la mission des couples chrétiens consiste à travailler au rétablissement de l’harmonie divine au sein de leur couple. Ils ont un énorme privilège, celui de savoir que, comme dans la relation entre Christ et l’Eglise, le mariage est un lieu de repentance, de pardon et de réconciliation. Le mariage chrétien a un sens plus riche qu’une simple union entre deux individus. C’est un lieu où nous pouvons nous pardonner comme Christ a pardonné à son Église, où nous pouvons nous réconcilier comme il nous a réconciliés avec le Père par son œuvre. Ce n’est donc pas contre la différenciation des sexes voulue par Dieu que le couple chrétien doit lutter, comme cela se voit malheureusement souvent aujourd’hui, mais contre les conséquences du péché et ses effets destructeurs qui amènent l’irréconciliation et la séparation entre les conjoints. La différenciation et la complé­mentarité dans l’égalité de valeur, voilà ce que Dieu veut que nous vivions pour lui plaire et trouver notre véritable identité.

« Quand il y a un problème dans un mariage, c’est parce que l’un des conjoints désobéit au Seigneur » disait quelqu’un. Cette phrase qui paraît un peu simpliste au premier abord, n’en demeure pas moins pleine de bon sens. En effet, vu sous l’angle de l’alliance, toute difficulté de couple est un péché aux yeux de Dieu car elle porte atteinte à la représentation de la relation d’alliance qui existe entre le Christ et son Église. Elle est un échec dans la mission que Dieu nous a confiée. Elle ne doit pas être banalisée, ni ignorée, mais abordée comme une faute spirituelle qui nécessite une réparation spirituelle. Ce n’est pas uniquement mon conjoint qui a été offensé mais c’est aussi Dieu, parce que j’ai failli à la mission spécifique et représentative qu’il m’a confiée. Ainsi un règlement effectif du problème devra obligatoirement passer par une repentance et un retour au pied de la croix en plus d’une mise en ordre avec mon conjoint.

Cette notion d’alliance enrichit considérablement notre vue du couple chrétien et de sa mission dans le monde. Le simple fait de vivre chrétiennement en couple selon les rôles que Dieu a établis est un message de salut pour ce monde en déroute. La fidélité conjugale et l’amour exclusif pour son conjoint témoignent du caractère de Dieu. Alors ne négligeons pas nos couples pour des services prétendument « plus spirituels ». Il n’y a rien de plus spirituel que de témoigner visiblement et concrètement du salut qui a été offert par Jésus-Christ à son Église.

 Olivier Favre

Pasteur, Église Évangélique Baptiste de Lausanne.

[1] Cf. Matthieu Ch. 19 v.5; Marc Ch. 10 v.7; Éphésicns Ch. 5 v.31

[2] Cf. Matthieu Ch. 19 v. 10-11; I Corinthiens Ch. 7 v.7

Si la dissolution du mariage est permise, il n’en demeure pas moins qu’elle est un écart par rapport à l’idéal divin pour le couple. Le pardon, accordé par la partie offensée à l’offenseur repentant ; est l’autre issue possible à une telle crise. Toutefois, il ne peut être exigé et dépend de la disposition de l’offensé à accorder son pardon. Matthieu Ch. 19 v.7-9

[4] C’est là le sens des expressions « aller sur toute montagne élevée », « être sous tout arbre verdoyant », ces lieux étant réservés aux cultes idolâtres.

[5] Il y a une raison biblique permettant d’expliquer pourquoi cette notion de hiérarchie provoque des réactions de rejet C’est parce que, depuis la chute, la relation entre l’homme et la femme a été faussée par le péché. L’homme a cherché à abuser de sa position d’autorité alors que la femme a tenté de se soustraire à son devoir de soumission en essayant de se révolter contre la tyrannie que l’homme lui faisait parfois subir. (Cf. Genèse 3.16) Toutefois ces déviations illégitimes ne suffisent pas à justifier l’attitude de rejet de nos contemporains face à toute forme d’autorité ni à remettre en question l’ordre établi par Dieu.

[6] Cf. I Corinthiens 11.3