L’école, une responsabilité des familles

par | Association Vaudoise de Parents Chrétiens

L’ÉCOLE, UNE RESPONSABILITE DES FAMILLES

Pour fonder des écoles chrétiennes soumises en premier
à l’autorité des parents, il faut d’abord fonder des
associations de parents chrétiens.

I. Résister à l’Etat envahissant moderne

Dans la Charte fondamentale de l’enseignement, document fondateur de l’Association vaudoise de Parents chrétiens, nous lisons :

« La responsabilité de l’éducation des enfants incombe en premier lieu aux parents, et seulement par délégation aux institutions scolaires. Les droits et les obligations des parents à l’égard de leurs enfants ont priorité sur ceux de l’Etat. » (Article 4)

Cette responsabilité première de la famille, dans l’éducation et l’instruction de ses enfants, est une vérité d’ordre créationnel. Elle est donc valable pour tous les hommes, croyants ou incroyants, de quelque lieu ou de quelque temps qu’ils soient. La famille est l’institution fondatrice de la société. C’est d’elle et de l’Alliance, que Dieu établit avec elle dès la création, que découlent toutes les institutions sociales. Par contre l’Etat apostat moderne se fonde sur le mythe d’un contrat social originel purement imaginaire. En effet, le mythe du contrat social fut élaboré dans une tradition nominaliste foncièrement anti­chrétienne. Car pour la pensée nominaliste les mots n’ont pas de rapport réel avec les choses qu’ils nomment. Cette manière de penser fait partie d’un courant d’idées qui va de Marsile de Padoue à Hobbes, de John Locke à Jean- Jacques Rousseau. Il a envahi toute la pensée moderne. Ce mythe fondateur cherche à remplacer la famille, comme institution fondatrice de toute société saine (honorant le Créateur et en conséquence véritablement utile aux hommes), par un Etat autonome de Dieu et de ses lois. Comme le montre très clairement Roland de Vaux dans ses Institutions de l’Ancien Testament[1] , c’est cette priorité donnée à la famille qui a conduit le législateur mosaïque à punir si sévèrement – par la mort – toute atteinte grave contre l’institution familiale, mais également à ignorer complètement les crimes contre l’Etat. Cette priorité donnée par Dieu à la famille dans l’ordre social est oubliée par notre monde moderne. Depuis le développement de l’absolutisme monarchique du XVIIe siècle, l’Alliance créationnelle de Dieu avec les hom­mes, fixant par la Loi divine les conditions de toute vraie vie en société, a été remplacée par un contrat social mythique des hommes entre eux. C’est ce mythe qui fonde l’Etat autonome moderne. Ceci est aussi vrai pour les régimes qui se disent démocratiques que pour ceux qui sont ouvertement totalitaires [2].

Il nous faut revenir à la vision réaliste de la société comme Alliance divine fondée sur les conditions établies par Dieu à la création. Ces conditions sont définies une fois pour toutes par la Loi biblique et résumées dans le Décalogue. C’est uniquement en récusant la tradition du contrat social, et en revenant au Dieu créateur de l’ordre cosmique, politique et social, que nous briserons la frauduleuse légitimité de l’Etat moderne. Car l’Etat, sous la forme moderne d’une collectivité divinisée, omnipotente et socialement omnivore, empiète constamment sur la légitimité des autres corps sociaux. Par excès d’ambition, il devient inapte à exercer les fonctions indispensables qui lui sont propres: celles d’arbitrage social, de justice, de police et de défense nationale. Seul le refus de la légitimité des prétentions abusives de l’Etat moderne nous per­mettra de remonter le courant destructeur des familles que le laïcisme humaniste sans Dieu et sans Loi a imposé au monde moderne.

Nous devons résolument nous rendre compte que seule une démarche traitant ce mal à la racine pourra justifier la priorité que nous donnons aux devoirs des parents à l’égard de leurs enfants sur ceux que prétend vouloir exercer l’Etat. Car cet Etat moderne indépendant de Dieu n’est pas autre chose qu’une machine bureaucratique centrifuge. Il est à la longue totalement destructeur de toute institution indépendante de lui. Il n’est pas possible de lutter contre la prétention de l’Etat moderne d’exercer un droit absolu de vie et de mort sur tous ses citoyens sans récuser également sa prétention à être son propre fondateur, sa propre norme, son propre Dieu. Cette prétention est exprimée de manière éclatante dans la légalisation de l’avortement et plus anciennement dans cette innovation que fut le service militaire obligatoire qui tire son origine dans les levées de masse de la Révolution française. Cette croissance de l’Etat commençait à se manifester dans la France de Louis XIV. On la voit de façon bien plus éclatante encore dans les pays islamiques et communistes contemporains : l’Etat s’y fait sa propre norme et cherche à exercer une autorité absolue sur les citoyens, de la conception au tombeau. Ce phénomène s’observe aujourd’hui de plus en plus clairement dans tous nos pays dits sécularisés. Dans un tel système totalitaire, il ne peut à la longue demeurer le moindre espace de liberté pour des institutions véritablement autonomes de l’Etat. Parmi ces institutions indépendantes, la famille reste toujours le premier ennemi à abattre. Bien qu’on travaille constamment à la détruire, son caractère irremplaçable fait qu’elle renaît toujours de ses cen­dres. Il n’est pas possible de fonder une quelconque société, tant soit peu durable, sans son concours. Nous devons cependant bien nous rendre compte qu’en travaillant ainsi au rétablissement des devoirs et des fonctions créationnelles de la famille dans la société, nous ne pouvons éviter la guerre avec les prétentions pseudo-divines de l’Etat envahissant moderne[3]. Ce processus anti-créationnel d’élimination des institutions indépendantes passe, nous le voyons bien aujourd’hui, par des étapes obligées : par la destruction des nations encore libres du choix de leur destin; par l’élimina­tion d’un pouvoir spirituel, l’Eglise, distinct et indépendant de la puissance tem­porelle; par la dissolution de la liberté de propriété privée; et avant tout par l’abolition de toute réelle autonomie sociale, économique et politique des familles. C’est pour cette raison que la législation moderne sur la famille a, dans la plupart de nos pays occidentaux, remplacé la vision chrétienne du mariage par un simple contrat de type commercial, dissoluble à volonté[4]. Car le mariage chrétien, qu’on le considère comme alliance ou comme sacrement peu importe, confère à la famille un statut et un caractère inaltérables.

Tout en respectant les divers pouvoirs placés au-dessus de nous comme venant de Dieu, nous devons, lorsqu’il le faut, résolument nous mettre à l’école des apôtres et des martyrs et réapprendre à obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes[5]. Le combat contre l’avortement étatisé se trouve à la pointe d’une telle fidélité.

II. Il faut avertir les parents chrétiens des dangers qui menacent la famille et les armer pour lutter efficacement dans cette guerre sans merci qui leur est livrée.

Le caractère même du Dieu Trinitaire, Créateur des cieux et de la terre, Souverain de l’univers et Maître de l’histoire, ainsi que la validité universelle, dans tous les domaines, de sa Révélation écrite, la Bible, nous ont poussés à fonder une Association de parents chrétiens dans le canton de Vaud. Nous voulons par ce moyen tenter de rappeler à notre peuple et à ceux qui le gouvernent les normes immuables de la Sainte Ecriture. Cette Révélation Ecrite que le Créateur nous a donnée est le manuel de fonctionnement de la création. L’étude attentive de la réalité créée peut nous faire découvrir certaines des structures morales de l’ordre social. C’est ce que nous montrent, par exemple, des ouvrages tels, L’organisation du travail selon la coutume des ateliers et la loi du décalogue[6] de Frédéric Le Play, ou les études cliniques du Professeur Henri Baruk[7] ou encore celles du célèbre psychanalyste américain repenti, O. Hobart Mowrer[8]. Mais cet ordre créationnel nous est révélé de façon bien plus claire encore dans la Loi divine elle-même. Des solutions durables aux problèmes inextricables dans lesquels se débattent nos nations ne pourront apparaître qu’avec l’application soi­gneuse de telles normes aux réalités sociales. Ceci est particulièrement vrai pour ce qui concerne la famille et l’école.

III. La défaillance des Eglises

La tâche des Eglises, et en particulier celle du clergé, devrait être d’instruire le peuple de Dieu sur ces réalités. Pour ne prendre que ce qui se passe en Suisse, nous devons constater qu’à de rares exceptions près elles se trouvent malheureusement incapables d’accomplir cette tâche.

Les Eglises réformées d’Etat se sont depuis si longtemps livrées à une critique destructrice du texte sacré et au pluralisme doctrinal qui en est la conséquence inévitable, qu’elles ont perdu quasiment tout souvenir de l’enseignement si riche et si nuancé de la Réformation du XVIe siècle surtous les aspects de la vie en société. Ses pasteurs ne sont, pour la plupart, que des aveugles conducteurs d’aveugles. Ce pluralisme doctrinal n’est, en vérité, rien d’autre qu’un polythéisme moderne. Il rend les Eglises qui s’y adonnent incapables de résister aux courants idéologiques à la mode. La plupart de ses ministres s’y conforment, suivant le courant du vent dominant, en toute bonne conscience[9].

Il existe cependant encore aujourd’hui une tradition réformée véritable donnant un enseignement biblique global sur la vie en société. Un des éléments les plus actifs en est le mouvement de Reconstruction chrétienne de la société qui se manifeste surtout aux Etats-Unis. Le retour à cette saine tradition réformée commence dans de nombreux pays du monde à influencer des milieux protestants préoccupés par la nécessité d’une action et d’un témoignage fidèle à la Loi de Dieu se rapportant à la vie sociale, économique et politique. Ainsi de nombreux réformés qui luttent activement contre l’avor­tement et travaillent à l’établissement d’écoles chrétiennes ont été marqués par ce renouveau calviniste. Une des figures de proue en est le pasteur américain d’origine arménienne, Rousas John Rushdoony de l’institut Chalcédolne en Californie. En France, c’est surtout la Faculté libre de Théologie réformée d’Aix-en-Provence qui défend efficacement cet enseignement, authentiquement réformé, sur les réalités sociales[10].

En ce qui concerne les milieux que l’on appelle évangéliques, leur souci essentiel d’un travail « spirituel » : conversion et sanctification des âmes et édification de l’Eglise locale, est malheureusement souvent associé à une méconnaissance des applications de la Loi divine dans le domaine public. Ceci les rend inaptes à discerner les problèmes de société relatifs à la famille et à l’école. Ils ne peuvent imaginer que la Bible pourrait fournir des modèles de réponses à de tels problèmes. Nous commençons heureusement à remarquer quelques changements dans l’attitude de ces milieux. Mais ici, le danger qui les guette serait de verser dans certaines idéologies idéalistes à la mode par naïveté philosophique et faute d’un ancrage conceptuel suffisant dans les enseignements réalistes de la Loi biblique. C’est la tentation théologique très actuelle de la contextualisation.

En ce qui concerne l’Eglise catholique romaine, les trésors de sa doctrine sociale traditionnelle, souvent très proche des enseignements de la Loi de Dieu, ont été largement dilapidés par l’aggiornamento spirituel et doctrinal par lequel elle passe depuis une trentaine d’années. Le renouveau biblique catholique a malheureusement trop souvent été marqué par l’adop­tion pure et simple des pires erreurs protestantes en matière de critique de la Bible[11]. Certains îlots d’enseignement social traditionnel ont survécu à cet ouragan : l’avortement, l’euthanasie, les diverses formes de manipulation de la vie naissante, certains aspects de la vie de famille. Mais l’influence dominante ici, comme dans bien des milieux réformés et évangéliques, conduit à identifier l’enseignement social chrétien avec ce qui, en fait, n’est que son renverse­ment, son contraire même, l’idéologie des droits de l’homme, philosophie étroitement associée au mythe du contrat social[12]. C’est un tel égalitarisme sentimental qui a conduit, il y a quelques années, la Conférence des évêques Suisses à appuyer la révision anti-chrétienne et anti-naturelle du droit matrimo­nial de notre pays, proposée par le Parti Démocrate Chrétien. Sans un tel appui catholique, cette loi aurait certainement été rejetée lors de la votation fédérale des 21 et 22 septembre 1985[13]. Ici aussi nous commençons à constater çà et là un retour à un enseignement plus sain, tout particulière­ment au moyen des rééditions par des milieux conservateurs de nombreux classiques de l’enseignement social traditionnel de l’Eglise catholique ro­maine. Cet enseignement social, malgré des désaccords que l’on ne saurait minimiser, est souvent très proche de celui des Réformateurs du XVIe siècle, par exemple de celui du plus grand commentateur réformé des Dix Comman­dements, le Vaudois Pierre Viret.

IV. Une association de parents chrétiens pour combler ce vide

Nous avons fondé l’Association vaudoise de Parents chrétiens en 1979 pour tenter de combler ce vide. Elle cherche à promouvoir une action publique en faveur de la famille et de l’école dans la perspective définie par la Loi de Dieu. Ses Statuts définissent son but comme étant celui de :

« …promouvoir l’éducation de la jeunesse selon les normes établies par la Loi de Dieu ». (Article 4)

Les bases de son action sont :

  • Le Christianisme historique révélé par une Bible infaillible, tenant son autorité de Dieu et normative pour tous les aspects de la vie humaine (refus de tout subjectivisme spirituel) ;
  • La Vérité absolue et conceptuellement définissable de la Foi chrétienne (refus de tout subjectivisme philosophique) ;
  • Le respect des commandements de Dieu (refus de tout subjectivisme moral) ;
  • L’application de ces commandements à la réalité sociale de notre époque (refus de l’individualisme religieux et de la séparation spiritualiste des obli­gations personnelles et familiales du chrétien de ses devoirs proprement pu­blics).

Notre action en tant qu’association non confessionnelle permet l’adhé­sion de chrétiens de divers milieux. Elle se limite aux buts définis ci-dessus, sans entrer dans des discussions doctrinales et spirituelles d’ordre propre­ment dénominationnel. De tels débats doctrinaux, certes essentiels, doivent être réservés à un autre contexte.

Notre première tâche, en tant qu’association de parents chrétiens, a été de rappeler aux milieux chrétiens les enseignements bibliques sur la vision chrétienne de la société et plus spécialement sur les responsabilités de la famille dans le domaine de l’enseignement. C’est ici le préalable indispensa­ble à tout travail visant à soustraire à l’Etat sa prétention à vouloir prendre en charge toute la jeunesse de la nation. C’est cette restructuration biblique de la famille chrétienne qui en fera l’institution organique diversifiée, hiérarchisée et efficace, capable de mener à chef de nombreuses tâches – religieuses, sociales, éducatives et même économiques. L’Etat, suite à l’affaissement de la structure biblique de la famille, a usurpé nombre de ces fonctions sociales qui à l’origine n’étaient pas de son ressort. Ainsi fortifiée, la famille chré­tienne, pourra appuyer de manière efficace le travail diaconal de l’Eglise. Pour ne prendre qu’un exemple, de telles familles auront la force et les moyens nécessaires à l’accueil de ces mères enceintes en détresse tentées – et encouragées par l’Etat – de détruire l’enfant qu’elles portent. Cette famille chrétienne renouvelée et fortifiée en Christ et par le Saint-Esprit, en conformité au modèle créationnel décrit par la Loi divine, saura assumer la responsabi­lité de l’éducation et de l’instruction de ses enfants. Elle le fera, soit par ses propres moyens – par exemple en instaurant ce que l’on appelle l’école à domicile, le home schooling si répandu aux Etats-Unis – soit en déléguant son autorité à des institutions pédagogiques de son choix. L’action de ces écoles ne serait alors que le prolongement des valeurs défendues par la famille. Il serait sans doute heureux que les moyens publics que l’Etat consacre à l’instruction de la jeunesse ne soient pas uniquement mis à la disposition de ceux dont l’idéologie ne vise qu’à la destruction de la famille. Un système tel que celui qui prévaut aux Pays-Bas où les parents peuvent exercer un véritable choix institutionnel dans ce domaine sans être fiscalement pénalisés serait certes non seulement souhaitable mais une simple question de justice. Mais dans le contexte actuel, qui est celui d’une guerre livrée par l’Etat aux valeurs créationnelles de l’ordre naturel, il ne faut guère se faire d’illusions sur les secours matériels à obtenir des adversaires de la famille chrétienne. Le dicton populaire ne dit-il pas, Qui paie commande, sagesse qui nous dicterait ici une saine prudence. De toute façon, nous ne croyons pas que l’instruction de la jeunesse fasse partie des attributions légitimes de l’Etat[14].

V. Fondements doctrinaux

Dans le cadre du travail de notre Association de parents, nous avons prêté une attention toute particulière aux bases doctrinales nécessaires à une action pédagogique dans l’intérêt de la famille. Dans le passé, l’Eglise de Dieu a formulé des Symboles et des Confessions de Foi qui définissaient les fondements essentiels de la Foi sur des points particuliers, contestés ou déformés. Il s’agissait de garde-fous doctrinaux indispensables à la survie de la Foi révélée une fois pour toutes par Dieu aux hommes. Les chrétiens avaient l’obligation de garder cette Foi dans les termes mêmes dans lesquels elle leur avait été communiquée par les apôtres (I Corinthiens 15 : 2).

Dans le domaine pédagogique, il existe également de nombreuses erreurs-hérésies: puero-centrisme, relativisme moral, agnosticisme épisté­mologique, évolutionnisme biologique (Darwin)[15] ou psychologique et épistémologique – théorie de la connaissance – (Piaget)[16], historicisme, laxisme, non-directivité, méthodes actives basées sur les réflexes condition­nés, étatisme, etc. – qui doivent être soigneusement définies afin que l’on puisse se prémunir contre elles. Partout c’est la notion du caractère responsable, moral, spirituel, et surtout intelligent, de l’enfant qui est sapée. Par ces méthodes anti-pédagogiques on nie effectivement le caractère propre de l’enfant. Il n’est plus un être créé à l’image même de Dieu, distinct par cela de tous les autres ordres de la création. On considère l’enfant comme un simple animal évolué auquel on ne saurait appliquer les notions d’intelligence et de sens des responsabilités.

C’est dans le but de protéger les parents, les élèves et les enseignants contre de tels poisons, de fortifier leur défense immunitaire contre de tels virus idéologiques, que nous avons publié diverses mises au point pédagogiques, soit sous la forme de déclarations de principes, La charte fondamentale de ren­seignement, Déclaration sur le rôle éducateur des familles, La loi, les mœurs, la morale et le droit, Création, biologie et loi divine, soit sous la forme de brochures ponctuelles traitant de sujets particuliers où se manifestent ouver­tement de telles erreurs : éducation sexuelle, enseignement renouvelé du français, droits de l’enfant, etc.[17] Car, comme nous l’affirmons dans notre Charte de l’enseignement, il ne s’agit pas seulement d’être conduit par des principes pédagogiques sains, conformes à la nature véritable des enfants et du rapport objectif entre maîtres et élèves. Dans un enseignement chrétien digne de ce nom, nous avons l’obligation d’amener toutes les pensées des hommes captives à l’obéissance de Jésus-Christ (Romains 12 : 2). Nous formulons ce principe ainsi :

« Il est indispensable d’établir dans toutes les matières de l’enseignement une conception d’ensemble des programmes scolaires répondant à une véritable finalité chrétienne respectueuse du réel et de faire en sorte que la vision chrétienne de l’enseignement, ici définie, puisse à nouveau inspirer l’éducation publique de notre canton. » (Article 8)

VI. Notre vocation de chrétiens : être le sel de la terre, la lumière du monde

Car notre souci n’est pas seulement de former la pensée chrétienne des parents chrétiens sur ces matières et de les rendre aptes à assumer les responsabilités que Dieu leur a données en leur confiant des enfants. Nous devons agir sur l’ensemble de la société. Car le Christ a déclaré à ses disciples, qu’ils étaient la lumière du monde et le sel de la terre, que le monde ne prévaudrait par contre leur foi. Car ce monde mauvais a déjà connu sa défaite définitive dans la victoire de Jésus-Christ à la croix. Ainsi les chrétiens se fondant sur la toute-puissance du Médiateur messianique, Fils incarné de Dieu[18], doivent travailler à,

« …instruire toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et leur apprenant à garder tous ses commandements. » (Matthieu 28 : 18-20).

Nous avons découvert que le tremplin à utiliser pour cette action de re­dressement biblique est celui que fournissent tout naturellement les événe­ments eux-mêmes. Il nous faut profiter des circonstances, en général contrai­res aux positions chrétiennes, pour démontrer, dans un langage accessible à tous, les solutions raisonnables et équilibrées qu’offre une application précise de la pensée chrétienne dans tel ou tel domaine. Car nous savons que si l’erreur est contagieuse, la Vérité, elle, reçoit l’appui du Tout-Puissant. Dans ce travail de longue haleine, nous cherchons à intervenir dans la législation et la politique familiale et scolaire, tant au niveau cantonal que fédéral. Nous parvenons ainsi dans une certaine mesure à freiner, par des actions ponctuel­les et précises, le glissement anti-chrétien de la société vers le gouffre de l’anarchie sociale et de ce totalitarisme tranquille ou brutal que cette anarchie appellera immanquablement.

Si un redressement de notre civilisation doit s’opérer, il est de la plus grande urgence de fonder de nombreuses associations de parents chrétiens semblables, dûment adaptées aux circonstances locales et nationales. Leur tâche sera :

  • De rassembler des parents inquiets de la situation scolaire dans laquelle se trouvent leurs enfants;
  • De fournir aux parents et aux enfants les armes indispensables à la lutte contre la destruction du tissu familial, scolaire et social ;
  • De fournir aux parents les éléments nécessaires pour qu’ils puissent réagir à temps à l’influence débilitante des écoles publiques sur leurs enfants ;
  • De les aider à redresser le mouvement de dégradation trop évident dans bien des écoles confessionnelles, prises dans la toile des réseaux d’influence de l’école d’Etat et d’un monde toujours plus hostile aux valeurs chrétiennes ;
  • De les inciter à entreprendre eux-mêmes à domicile l’instruction de leurs enfants et de leur fournir les matériaux scolaires indispensables à une telle forme d’enseignement ;
  • Finalement, de tels efforts doivent aboutir à la fondation de nombreuses écoles chrétiennes qui deviendront les véritables pépinières d’un retour à une civilisation digne de ce mot.

Par toutes ces actions, et bien d’autres encore, nous devons travailler à renverser le courant destructeur de toutes les valeurs chrétiennes et humai­nes. Ce courant est animé par un humanisme athée (représenté en France parle laïcisme sans Dieu ni Loi) et par un syncrétisme religieux pluraliste et informe se réclamant d’un prétendu nouvel âge[19]. Ce dernier se manifeste parmi les chrétiens par une spiritualité œcuménique sentimentale et anti­intellectuelle qui prétend être non doctrinale. Cet œcuménisme abâtardi refuse toute saine confrontation des positions adverses. De telles confronta­tions, menées dans un esprit d’amour pour notre Seigneur Jésus-Christ et pour nos adversaires doctrinaux du moment, sont l’unique voie du rapproche­ment véritable des Eglises.

Un tel travail de redressement chrétien ne pourra aboutir sans le réveil de la Foi en Jésus-Christ, sans un amour résolu de la Vérité, sans un retour à la joyeuse obéissance aux commandements de Dieu, qui est esprit de sacrifice, et sans un esprit fervent de prière.

QUE NOTRE DIEU, PÈRE, FILS ET SAINT-ESPRIT,
NOUS VIENNE EN AIDE

Congrès du XXe anniversaire de Laissez – les Vivre et SOS Futures Mères

Paris, les 3 et 4 mars 1991

Jean-Marc Berthoud, Président Association vaudoise de Parents chrétiens

Mars 1991

LA CHARTE FONDAMENTALE DE L’ENSEIGNEMENT

  1. Nous considérons que le but véritable de tout enseignement est d’appren­dre aux enfants à connaître Dieu, à le glorifier et à Lui rendre le culte et l’honneur qui Lui sont dus.
  2. Vu que l’univers et tout ce qu’il contient est l’œuvre du Créateur, il s’ensuit que toute connaissance vraie doit se fonder sur la Révélation de Dieu, dans le respect de l’ordre stable de la réalité créée.
  3. En conséquence on ne peut séparer l’acquisition des connaissances de la formation morale et spirituelle de la jeunesse.
  4. La responsabilité de l’éducation des enfants incombe en premier lieu aux parents, et seulement par délégation, aux institutions scolaires. Les droits et les obligations des parents à l’égard de leurs enfants ont priorité sur ceux de l’Etat.
  5. Tout véritable enseignement ne peut que se fonder sur une hiérarchie, le maître dispensant les connaissances aux élèves qui les reçoivent. En con­séquence, le maître doit disposer d’une autorité sur ses élèves. Ainsi pourra-t-il communiquer à ceux placés sous son autorité des connaissan­ces qui leur étaient jusqu’alors inconnues. Une discipline précise est in­dispensable à l’efficacité de l’enseignement.
  6. Toute perspective éducative cherchant à innover en faisant table rase du passé – que ce soit dans l’enseignement des sciences exactes, de l’histoire ou des langues, notamment – est nuisible à l’instruction véritable de la jeunesse. La transmission des connaissances, héritage précieux de nos ainés, doit sans doute être constamment rectifiée selon la vérité et le respect du réel. Vouloir abolir l’acquis spirituel, moral et intellectuel de nos prédécesseurs aboutit à une méconnaissance du réel et un déracinement. Il n’y a pas d’avenir sans tradition.
  7. L’enseignement doit se donner dans le respect de la nature propre et du développement moral et intellectuel spécifique de ceux qui le reçoivent. Les garçons et les filles doivent recevoir un enseignement partiellement différencié de manière à respecter la nature de chacun. L’enseignement doit être donné de manières diverses adaptées à l’âge, aux capacités, aux rythmes d’assimilation des enfants. Il est, par exemple, aberrant de vouloir initier des petits enfants, à des formes de raisonnement abstrait propre à des intelligences formées, ou de vouloir imposer à tous, sans discrimination, une formation purement intellectuelle. L’enseignement doit également être conçu de manière à conduire à l’insertion pratique ulté­rieure des jeunes dans la vie.
  8. Il est indispensable d’établir dans toutes les matières de l’enseignement une conception d’ensemble des programmes scolaires répondant à une finalité chrétienne respectueuse du réel et de faire en sorte que la vision chrétienne de l’enseignement, ici définie, puisse à nouveau inspirer l’éducation publique de notre canton.

ASSOCIATION VAUDOISE DE PARENTS CHRETIENS

Lausanne, le 11 octobre 1979

[1] Roland de Vaux : Institutions de l’Ancien Testament, Cerf, Paris, 1961,2 vols.

[2] Voyez à ce sujet notre étude fortement documentée : Jean-Marc BERTHOUD, Social Contract Tradition and the Autonomy of Politics, Calvinism Today, Vol. I, No. 1, January 1991 (P.O.Box 1, Whitby, North Yorkshire, YO21 1HP, England).

[3] Jean-Marc BERTHOUD: La guerre contre la famille (Exposé donné au Congrès Eurovie, Paris, juin 1987)Résister et Construire, (Case postale 468, CH 1001 Lausanne, Suisse) No. 2-3, janvier 1988.

[4] Voyez notre brochure :Jean-Marc Berthoud, La famille dans la Bible et aujourd’hui, Association vaudoise de Parents chrétiens, (Case postale 34, CH 1001 Lausanne, Suisse), A paraître en 1991.

[5] Jean-Marc Berthoud, Du pouvoir dans la vie chrétienne, Documentation Chrétienne, (Case postale 468, CH 1001 Lausanne, Suisse) No. XVII, Septembre 1977.

[6] Frédéric Le PLAY : L’organisation du travail selon la coutume des ateliers et la loi du décalogue, Marne, Paris, 1870.

[7] Henri BARUK : Tsedek, Droit hébraïque et Science de la Paix, Editions Zikarone, Paris, 1970.

[8] O. Hobart MOWRER (Editor) : Morality and Mental Health, Rand McNally, Chicago, 1967.

[9] Jean-Marc BERTHOUD : Quelle critique biblique ?, Documentation Chrétienne (Case Postale 468, CH 1001 Lausanne) 1985 ; Jean-Marc BERTHOUD, Le jugement de Dieu commence par l’Église de Dieu. Paul VI, le Dr Billy Graham et le Christianisme non- doctrinal. Documentation chrétienne, No XVI, Décembre 1976.

[10] Jean-Marc BERTHOUD : Du règne social de Jésus-Christ, A.V.P.C.

[11] Jean-Marc BERTHOUD: Du Christianisme de Hans Kûng Documentation Chrétienne, Case Postale 468, CH 1001, Lausanne, 1985.

[12] Jean-Marc BERTHOUD : Droits de l’Homme et Parole de Dieu (à paraître).

[13] A.V.P.C. : Mariage nouvelle mode. Le nouveau droit matrimonial, A.V.P.C., Lausanne,1985 ; R.L. DABNEY et R.J. RUSHDOONY : La famille et ses adversaires A.V.P.C., Lausanne, 1985. 

[14] A.V.P.C. : Réflexions sur un projet de loi scolaire. 

[15] Voyez les travaux de l’Association Création, Bible et Science, Case postale 4, CH 1001 Lausanne, Suisse et en particulier le Manifeste Créationniste publié fin 1990.

[16] Voyez divers travaux de l’Association vaudoise de Parents Chré­tiens et en particulier, de Jean-Marc Berthoud : Quel avenir pour nos enfants ? ; Le culte du mol en éducation et l’école chrétienne ; La pédagogie, ruine de l’enseignement ?

[17] Brochures publiées également par l’A.V.P C. : Nouveau français : ruine ou renouveau ? ; L’éducation sexuelle ; l’affaire de l’école ou celle des parents ? ; L’école vaudoise face au SIDA ; Jean-Marc Berthoud : Les droits des écoliers.

[18] L’ouvrage fondamental sur la Royauté du Christ sur l’Eglise et sur les nations est : William SYMINGTON, Messiah the Prince, Still Waters Revival Books (12810 126th Street, Edmonton AB Canada T5L0Y1), 1990 (1884).

[19] Jean-Marc BERTHOUD : Le jugement de Dieu commence par l’Eglise de Dieu, Documentation Chrétienne, No. XVI, 1976.