Dans le combat chrétien de notre temps, il ne nous faudrait surtout pas prendre pour alliés ceux qui n’en sont rien. Nous combattons contre les puissances de ce monde de ténèbres et ces puissances spirituelles sataniques, par le fait qu’elles sont des puissances invisibles peuvent se cacher derrière toutes les manifestations visibles de ce monde. Sur le plan politique, il est évident que le communisme sous toutes ses formes est à présent l’instrument prioritaire de Satan pour la destruction de ce qui reste de l’ordre de Dieu sur cette terre ainsi que pour le pourrissement de l’Église. Mais il serait bien naïf de prétendre qu’il en soit le seul.
Ce contre quoi nous avons à lutter est en fait la quatrième bête du prophète Daniel,
« … un quatrième animal, redoutable, effrayant et extrêmement vigoureux. Il avait des grandes dents de fer ; il dévorait, il brisait, il foulait aux pieds ce qui restait. Il différait de tous les animaux qui l’avaient précédé… » Daniel 7 :7.
Cette bête s’était déjà manifestée au temps de la première Église sous la forme de l’Empire romain. Mais l’apôtre Jean, dans le treizième chapitre de l’Apocalypse, nous enseigne qu’elle serait mise à mort pour un temps par l’épée de la Parole de Dieu et qu’elle reviendrait à la vie, plus puissante – munie de la puissance même de Satan[1] et plus impie – avec des noms de blasphème sur le corps entier et non plus uniquement sur les têtes[2]. Ce retour à la vie de l’état romain avec son droit technique amoral et ajuste, ce retour d’une puissance qui n’est plus l’exercice sur la terre de l’autorité de Dieu pour la justice, n’est pas autre chose que ce que nous appelons la « Renaissance »[3] ; renaissance de la culture antique sans doute, mais surtout renaissance de l’appareil d’état à la romaine dans lequel nous vivons. Cette bête revenue à la vie, ce nouvel état qui ne connaît plus aucune finalité divine est devenu par la puissance du capitalisme libéral et ensuite du capitalisme marxiste[4], et surtout par la puissance satanique de la technique scientifique moderne, incommensurablement plus puissant que celui qu’il prolonge. Voici dévoilée l’irréparable erreur des Réformateurs qui, plutôt que d’accepter le martyre, inévitable conséquence du témoignage à Christ dans un monde devenu si mauvais, ont tous, à l’exception des Mennonites, finalement appuyé le renouveau de Christianisme sur la puissance de l’état renaissant.
Ici, il y aurait aussi lieu d’examiner le glissement qui s’est fait chez Calvin de la vision chrétienne du seul nécessaire, la vocation céleste, aux vocations (pluriel!) terrestres instruments de salut. Ceci étant un rehaussement non biblique de la valeur salvatrice de l’activité professionnelle dans le monde. Non plus le salut catholique romain par les œuvres rationalisées d’ascèse religieuse et monastique, mais le salut réformé par les œuvres d’ascèse qu’obligent les disciplines rationalistes de la science mathématique et expérimentale et de l’accumulation des capitaux ; c’est-à-dire le culte du Serpent et de Mammon.
Il y avait d’une part la frauduleuse ascension vers Dieu d’une mystique fondée sur la chair plutôt que sur Christ et sur l’action du Saint-Esprit, ascension qui était d’ordre psychique ; et d’autre part, l’ascension des hommes vers la société parfaite qui se faisait par la pensée et le travail autonome de l’homme déchu et qui n’était que l’œuvre charnelle d’une technique terrestre. Comme chez les juifs, l’approbation de Dieu devait se manifester par des signes charnels de succès matériels.
On peut penser que le rationalisme technique des puritains a simplement succédé au rationalisme mystique des moines, comme les utopies humanistes, de Thomas More à K. Marx, ont succédé aux utopies millénaristes de Joachim de Fiore et de ses successeurs.
Ce rehaussement non-scripturaire des vocations terrestres se montre bien discret et plutôt implicite chez Calvin et ce n’est que par la suite qu’il a été tout-à-fait explicité chez ses successeurs. Ceux-ci, vu la pente habituelle de la chair vers le bas, ont accentué tout ce qui, dans la pensée du réformateur, pouvait favoriser leur volonté d’accommodement avec le monde. Ceci a ouvert la voie au capitalisme industriel puritain[5], à la participation puritaine très active à la révolution scientifique, ainsi qu’au culte du travail et de la richesse, de l’utilité et de l’efficacité. Cette attitude mena finalement à un épouvantable mépris du pauvre, à son extermination féroce (lois sur le vagabondage), à la destruction par une compétition amorale sans merci du petit paysan et de l’artisan[6] et, chez le chrétien, à la perte quasi-totale du sens de l’assurance céleste pour la vie de tous les jours, assurance de l’amour et de l’entraide commune, et son remplacement par cette contre-façon, l’assurance infaillible de l’argent, assurances terrestres et maritimes[7]. Ce n’est pas un hasard si nous voyons les pays calvinistes au XVIIe siècle à la pointe d’une laïcisation et d’une rationalisation de la pensée, du travail, de la société et de l’état. La fin de tout ceci est le messianisme technique et politique moderne du progrès et du développement qui cherche en fin de compte à établir un royaume du justice terrestre sans Dieu, sans Sa Loi, sans Christ ni le Saint-Esprit. Un peu de levain fait lever toute la pâte.
Nous comprenons mieux pourquoi au seizième siècle toutes les Églises établies[8], catholiques, réformées, luthériennes, se sont tournées avec une férocité sans pareil contre cet élément de l’Église des Catacombes de l’époque, les croyants mennonites[9]. Ce n’est pas sans signification non plus que ces mennonites ont longtemps refusé notre société industrielle et nous en trouvons encore aujourd’hui qui ne veulent ni de l’école laïque, ni des machines autonomes de Dieu[10].
Ne tombons pas dans l’erreur de ceux qui identifient la technique scientifique moderne avec toutes les techniques. Il existe bel et bien une technique modeste, humble, à la mesure de l’homme et des créatures de Dieu. C’est une technique qui se fonde sur les forces immédiatement accessibles de la création, la force physique de l’homme, des animaux, du feu, de l’air, de l’eau et de la terre ainsi que sur une ingéniosité artisanale et paysanne directement adaptée à ces modestes moyens. Cependant, n’oublions pas que même ces modestes moyens sont déchus, Caïn fut le père des artisans et l’Écriture nous avertit souvent de ne point nous appuyer sur la créature ni de mettre notre confiance dans la force et la pensée de l’homme, dans ses chars et ses chevaux[11]. N’est-ce pas dans la faiblesse, dans l’humilité de la créature que se manifeste la puissance de Dieu ? Ce n’est pas par la force et la puissance de la créature déchue que Dieu désir agir, mais par la puissance vivifiante et vivante de son Esprit. C’est ce qui ressort de ces paroles de Jean Chrysostome :
« Nous serons revêtus de Jésus-Christ quand il ne nous quittera point, quand il paraîtra toujours en nous, nous couvrant de sa sainteté et de son esprit de douceur… Que Jésus-Christ apparaisse donc toujours en tout notre être. Et comment le Christ apparaîtra-t-il en nous ? Par la reproduction des vertus qui le charment. Et qu’a-t-il fait, le Christ ? L’Évangéliste l’exprime par ce texte : « Le Fils de Dieu n’a pas où reposer sa tête! » (Luc 9 :58) Ce dépouillement au Christ, imitez-le. Faut-il prendre de la nourriture, quelques pains d’orge lui suffisent. Faut-il voyager, il n’a ni cheval, ni mule, c’est à pieds qu’il fait de longues courses au point d’être épuisé de fatigue. Veut-il dormir, la proue d’une barque lui sert de chevet. Faut-il s’asseoir, l’herbe des prés lui sert de tapis. Ses vêtements étaient de peu de valeur : souvent il marchait seul, personne ne lui faisait cortège. Ses douleurs sur la croix, ses humiliations, vous les savez, goûtez-les pour vous servir de règle. Vous serez revêtus de Jésus-Christ si vous ne suivez pas les désirs corrompus de la chair. Cette servitude ne porte aucun charme avec elle. Les premiers désirs en enfantent de plus redoutables ; car de la satiété dans le mal on n’en trouve point, et l’on se crée les plus cruelles douleurs. Comme un homme qui toujours dévoré d’une soif ardente, boirait vainement à mille fontaines, sans pouvoir guérir sa fièvre, ainsi l’esclave des convoitises vivra-t-il toujours dans leur dépendance. Renfermez-vous dans un usage modéré et la fièvre des passions ne vous brûlera pas, mais tout le feu qu’allument et l’ivresse et la lubricité s’éteindra promptement. Mangez, mais pour apaiser la faim. Dans l’usage des vêtements, ne cherchez qu’à vous garantir contre l’intempérie des saisons, et de vos vêtements ne faites pas une parure pour votre corps, ce serait le vouloir perdre. En affaiblissant votre corps par les signes de la mollesse, vous lui ôtez sa vigueur, vous compromettez sa santé. Pour qu’il devienne un char aisé et commode à l’âme, un navire qu’elle gouvernera en pilote habile, des armes qu’elle maniera en soldat expérimenté, faites que tout en votre corps soit sage et honnête. Ce n’est pas l’abondance, mais le besoin de peu qui rend invincible. L’homme riche, en effet, craint sans motif. L’homme au contraire à qui peu suffit, vous avez beau lui nuire, il ne souffre pas, son esprit est plus calme, et sa joie bien plus vive. Ne cherchons pas à écarter de nous la violence des hommes, mais à paralyser leurs coups. Pour arriver à cet état, contentons-nous du nécessaire, mettons une borne à nos désirs. Par là nous jouirons sur la terre d’un charme réel et nous mériterons les biens de l’avenir. »[12]
En effet, le but des efforts forcenés des hommes de notre occident est bel et bien d’assouvir leur convoitise insatiable. La finalité, tant du capitalisme que de la science et des techniques qui en découlent, est de permettre à l’homme de satisfaire ses convoitises. Qui comprend aujourd’hui cette nécessité de nous restreindre si nous voulons échapper aux filets du Diable. Et ce qui a dévoré l’Occident dévore maintenant le monde entier. Le Dr. Zaki Ali, médecin égyptien établi depuis longtemps à Genève écrivait :
« … Le déclin moral et spirituel de l’Occident bat son plein, celui de l’Orient aussi. L’Occident surdéveloppé, hautement industrialisé, est en train de devenir un « hôpital psychiatrique », l’Orient en voie de développement et d’industrialisation est, pour le moment, un « hôpital tout court », avant de ressembler bientôt à l’Occident[13] ».
et l’écrivain noir, Cheikh Hamidou Kane, avec un réalisme plus frappant encore, écrit :
« … L’Occident est possédé et le monde s’occidentalise. Loin que les hommes résistent, le temps qu’il faut, à la folie de l’Occident, loin qu’ils se dérobent au délire d’occidentalisation, le temps qu’il faut pour trier et choisir, assimiler ou rejeter, on les voit au contraire, sous toutes les latitudes, trembler de convoitise, pour se métamorphoser en l’espace d’une génération, sous l’action de ce nouveau mal des ardents que l’Occident répand[14]. »
Mais, si nous voulons bien saisir les origines de notre mentalité économique moderne, totalement rationalisée, impie (sans Dieu), amorale, suivant ses lois nécessaires et contraignantes, il nous faut remonter plus haut. Werner Sombart écrivait :
« Les travaux de Max Weber sur les rapports entre le puritanisme et le capitalisme m’ont nécessairement amené à examiner plus attentivement que je ne l’avais fait jusqu’alors l’influence de la religion sur la vie économique, et c’est alors que je me suis heurté pour la première fois au problème juif. Une analyse approfondie de l’argumentation de Weber m’a en effet convaincu que ceux des éléments du dogme puritain qui ont exercé une influence réelle sur la formation de l’esprit capitaliste n’étaient que des emprunts aux idées qui forment la base de la religion juive[15]. »
L’apostasie juive – refus de la loi de Moïse remplacée par le Talmud antimoral et anti-chrétien qui mena à l’individualisme et au rationalisme n’est-elle pas au fond la même que l’apostasie chrétienne dont le puritanisme capitaliste n’a été qu’une des manifestations ? Les juifs et les chrétiens apostats n’ont-ils pas tous les deux renié le même Messie, Jésus-Christ, Fils de Dieu, Dieu lui-même fait chair, ayant habité parmi les hommes pleins de grâce et de vérité ? Et ne subissent-ils pas en conséquence les mêmes malédictions divines, malédictions qui finalement, d’enfants de Dieu, en font des enfants du Diable ? Il semblerait que dans l’histoire de l’Occident il y ait concordance entre l’apostasie et l’accroissement de la PUISSANCE technique des hommes.
Précédant, et préparant l’apostasie puritaine rationaliste du XVIIIe siècle, nous trouvons l’apostasie scolastique des XIIIe et XIVe siècles qui coïncide avec un remarquable essor technique, scientifique et capitaliste. La manifestation et la libération des puissances occultes du cosmos (énergie déchue soumise aux lois naturelles du Prince du Cosmos) ne coïnciderait-elle pas avec la disparition progressive de ce qui fait obstacle à la manifestation de l’homme d’iniquité, l’Église fidèle visible et le respect de la Loi que permet Sa fidélité (II Thess. 2 :6) ?
La même concordance se retrouve entre l’apostasie islamique (qui n’est qu’une hérésie judéo-chrétienne) et le développement remarquable de la science musulmane qui transmit le flambeau de la Grèce aux scolastiques du XIIe et XIIIe siècles.
« La véritable tradition scientifique de l’Occident commença vers la fin du XIe siècle avec la traduction massive des ouvrages scientifiques grecs et arabes en latin. (Cette œuvre ce traduction fut principalement effectuée par des intermédiaires juifs, réd.) Quelques ouvrages importants – Théophraste par exemple — échappèrent au nouvel appétit avide de l’Occident pour la science, mais en moins de deux cents ans le corps entier de la science grecque et musulmane avaient été rendu disponible en latin et était étudié et critiqué avec passion dans les nouvelles universités européennes. De cette critique sont sorties de nouvelles observations, des spéculations et une méfiance croissante des autorités anciennes. À la fin du XIIIe siècle l’Europe avait saisi l’initiative de la recherche scientifique des mains défaillantes de l’Islam[16]. »
La marque finale de cette apostasie, de cette soumission au démon et à l’arbre de la science, n’est-elle pas la rationalité absolue dans tous les domaines, c’est-à-dire l’autonomie entière, quant au Créateur et à la réalité créée, de la pensée mathématique, pensée nécessairement insensible, sans aucune considération d’ordre moral. Quel abîme entre les Symboles désincarnés des mathématiques et de la physique et la Parole écrite, incarnée et éternellement vivante de Dieu. Au XVIIe siècle, reprenant la tradition ténébreuse des Grecs, des Arabes et des Scolastiques, l’apostasie Puritaine remplaça la Loi immuable, morale et communautaire de Dieu (loi dont l’emprise s’étendait à toute la création), par les lois mathématiques de la nature autonome. Ces lois sataniques développant leur croissance interne propre (celle au levain de l’Écriture), ont maintenant envahie toute la réalité. La technologie mécanique et rationnelle moderne sous toute ses formes en est le fruit empoisonné. N’est-il pas, à première vue, étonnant de constater que les mouvements œcuméniques et syncrétistes de notre époque ainsi que la plupart de nos Églises « fondamentalistes » mondanisées justifient le développement technique, social, intellectuel et politique du monde ? Ne voyons-nous pas ici simplement la coopération de la « synagogue de Satan » judaïque avec les « demeures de démons » du christianisme apostat dans le but d’obliger « la terre et ses habitants à adorer la première bête » (Apoc. XIII, 12) ?
Pour ce qui est des origines médiévales du capitalisme lui-même, l’on pourrait au si longuement développer la part qu’y a joué la papauté. Ne citons qu’Herbert Lüthy :
« L’épisode absurde qui fit d’un Luther tourmenté le porte-drapeau de la révolte, a été le symbole le plus ahurissant d’une contamination qui n’épargnait-plus rien : cette Banque de dépôts et de virements de comptes établie par l’Église romaine sur le trésor des grâces du Christ et des Saints, Chambre de compensation des excédents de péché et des excédents de sainteté, conçus sur le modèle des paiements en foire, et qui mettait publiquement en vente à travers l’empire, par l’intermédiaire des Fugger, ses coupons de dividende de rédemption dans l’au-delà[17]. »
« Les Médicis, princes-banquiers de la Curie romaine et enfin papes eux-mêmes : c’est le fils de Laurent le Magnifique, Léon X, qui excommunia Luther. Et Jakob Fugger qui prit leur succession dans la banque de la Curie, qui paya l’élection de Charles-Quint, qui fut le pilier le plus solide de l’Empire et de la Papauté ligués contre la Réforme, qui mena de front, à la tête d’une entreprise géante à filiales multiples , l’exploitation d es mines d’argent et de cuivre et celle du salut éternel, qui – d’abord destiné à la prêtrise lui-même – mit aux enchères ou occupa par ses neveux les évêchés — clés d’Allemagne, de Hongrie ou de Pologne, et qui dirigea en financier consommé la perception et le transfert des revenus ecclésiastiques, servitia, annates, dispenses, deniers de croisade et de Saint-Pierre, monnayant enfin le Trésor des grâces accumulées par les saints et les martyrs par une émission multipliable à l’infini de traités sur l’Au-delà…[18] »
C’est de cette tradition capitaliste du judaïsme et de l’apostasie romaine que le capitalisme industriel, fruit de l’apostasie puritaine, prit la relève. Mais remarquons simplement qu’à chaque apostasie, le phénomène n’est allé qu’en empirant, pour aboutir à sa conclusion logique nécessaire, le paradis communiste de l’Archipel du Goulag, ou le conditionnement total de la société technologique occidentale à l’américaine.
Comme l’indique fort justement Jean Madiran, le système communiste ne fait que pousser à ses conclusions systématiques nécessaires les vices du capitalisme libéral. Ce qui, jusqu’au XVIIe siècle, n’était qu’une utopie d’illuminés irresponsables et dangereux, est devenu que trop réel par la force de la technique scientifique et de l’accumulation des capitaux.
Nous constatons aujourd’hui la jonction de ces deux utopies. À la croissance technologique et mécanique se joint la croissance de l’occultisme sous toutes ses formes. La revue « Planète », revue occulte pour techniciens, en est un signe. Les mêmes préoccupations techniques et occultes se retrouvent dans le phénomène des soucoupes volantes, et sur le plan religieux, nous voyons le fléau « charismatique » frapper les milieux chrétiens mondanisés (recherche de satisfaction, de puissance et de signes visibles, sans discernement, sans sacrifices ni renoncement, et sans préoccupation d’enseignement doctrinal dans la Vérité. Il est cependant écrit que l’Esprit convaincra le monde en ce qui concerne le péché, la justice et le jugement, qu’il nous conduira dans toute la vérité, Jean 16 :8,13. Quel est donc cet esprit qui nous renforce dans nos erreurs et nous conduit dans le chemin facile?). Nous en arrivons à l’œcuménisme charismatique qui sera la justification spirituelle de l’état technocratique mondial.
L’enseignement chrétien tout-à-fait traditionnel de la scolastique condamnait le principe même de l’économie capitaliste, libre de toute discipline morale. Elle constituait une barrière contre la croissance déréglée de la convoitise de l’homme et de son esprit de lucre. Cette barrière empêchait la jonction de la science et des capitaux accumulées. Cette jonction, à la base du capitalisme industriel moderne s’est seulement faite au travers du puritanisme.
Régine Pernoud écrit très justement :
« Calvin, en posant le principe de la légitimité de l’intérêt de l’argent, précise que cet intérêt doit être modéré et qu’en aucun cas il ne devra être perçu si l’emprunteur est pauvre. Il reste que sa position comporte des conséquences d’une extrême importance, qui apparaissent dans le changement même de sens que va subir le mot « usure ». Jusqu’alors, sous la plume de tous les théologiens et dans la bouche de l’homme du peuple, usure a désigné tout intérêt rapporté par une somme d’argent ; à dater de la Réforme, il va signifier : intérêt excessif où perçu abusivement ; ce glissement de sens suffit à indiquer que ce qui était un passe-droit est devenu un droit… Cela modifiait la situation de tout au tout. Rien ne sert de faire remarquer que le principe pouvait être auparavant tourné de mille façons et qu’il l’était en fait : il y a toujours eu et il y aura toujours des gens experts dans l’art de tourner les lois ; ce qui compte, c’est le « climat » dans lequel ils évoluent et qui sera totalement différent pour eux comme pour les autres suivant qu’une loi existe ou n’existe pas… Désormais le financier se sentira en droit de percevoir un intérêt pourvu que cet intérêt soit modéré, et il n’aura plus de scrupule à exercer le commerce de l’argent. Vis-à-vis des lois, dans les États où triompheront les conceptions des réformateurs, et vis-à-vis de sa propre conscience, il se sentir : en paix en accomplissant des opérations à propos desquelles, cinquante ans plus tôt, il se fut trouvé en faute[19]. »
La loi mosaïque interdisait au peuple hébreu de prêter à intérêt (exception faite des prêts aux étrangers strictement réglementés). L’enseignement d’amour de Christ qui demande au chrétien de donner sans espoir de retour est encore bien plus exigeant. Tout l’enseignement de l’Église jusqu’à Calvin était unanime à condamner TOUT prêt à intérêt et rejetait ainsi l’autonomie de l’économique.
Rappelons que la scolastique légitima la libération de la philosophie et de la science de l’autorité contraignante de la Parole de Dieu[20]. La philosophie moderne, à partir de Descartes, et la science moderne à partir de Copernic, et surtout de Galilée, paracheva cette libération. Le nouvel enseignement de Calvin par contre, justifia théologiquement l’émancipation amorale de l’économie. Maintenant libéré sur ce point précis de l’autorité de la Loi de Dieu, cet enseignement favorisa très fortement le développement de notre économie moderne ; au point que André Biéler peut très justement intituler un de ses ouvrages « Calvin prophète de l’ère industrielle[21] ». Et il résume excellemment la thèse de Max Weber :
« Weber fait remarquer que ce qui constitue le moteur de l’activité capitaliste, ce n’est nullement le désir de jouir ou de posséder. Celui-ci a existé dans toutes les sociétés et à toutes les époques. Mais c’est le désir de gagner[22]. Et ce qui caractérise le passage d’une situation précapitaliste où chacun travaille tout juste ce qu’il faut pour satisfaire ses besoins vitaux, comme dans toutes les sociétés primitives, à une situation capitaliste, c’est que ce besoin de gagner, et par conséquent ce désir de travailler au-delà du minimum nécessaire, devient commun à toute une population. Or, pour qu’un tel caractère soit imprimé à tout un peuple, poursuit Weber, il faut qu’il soit lié à la religion. Précisément, le calvinisme est la première morale chrétienne qui ait donné au travail un caractère religieux. Avant lui, le travail faisait partie des activités appartenant à la vie matérielle ; il fallait bien y pourvoir tant qu’on ne pouvait pas s’en dispenser d’une façon ou d’une autre, mais ces activités temporelles n’avaient pas de rapport avec le salut éternel et la vie spirituelle…[23] »
Herbert Lüthy nous fait encore mieux comprendre les préoccupations profondes qui orientaient la pensée de Max Weber :
« … ce qu’il désigne par les termes de « capitalisme » ou « esprit du capitalisme », c’est l’ensemble des caractères distinctifs de cette civilisation occidentale : non seulement son système économique, mais aussi son système juridique, sa structure politique, ses sciences et ses techniques institutionnalisées, sa musique et son architecture imprégnées d’esprit mathématique, ses règles morales et ses modes de vies. Calcul économique, discipline de travail, dépersonnalisation des échanges et des rapports sociaux ne sont que les signes extérieurs significatifs qui viennent représenter par pro toto l’ensemble de ce type de civilisation, dont le mot clé chez Weber, est rationalité. Une rationalité qui imprègne toutes les sphères du comportement social, l’organisation du travail et de l’entreprise aussi bien que les sciences positives, le droit et la loi comme la philosophie et l’art, l’État et la politique aussi bien que le comportement de l’homme privé. Une rationalité qui, progressivement par son dynamisme propre, finit par briser ou par maîtriser toutes les résistances que lui offrent les éléments pré-rationnels de la nature humaine, la magie et la tradition, l’instinct et la spontanéité[24]. »
Il est évident que ce qui fit les frais de cette critique de la raison autonome fut en tout premier lieu la Révélation arbitraire de Dieu, indépendante de la raison humaine, ainsi que les principes DONNES de la véritable morale conforme à la Loi révélée de Dieu. La dynamique logique de cette rationalité vint finalement aussi à bout de toute tradition dans la société et dans les arts, du droit coutumier, des mœurs héréditaires, de l’usage ordinaire des mots et de la raison conforme à l’évidence sensible du réel créé. Ni le langage vrai ni les institutions justes ne sont des inventions ou des découvertes humaines. Ce sont des dons de Dieu. Or cette rationalité dont parle Max Weber n’est nullement la raison commune des hommes, raison soumise à Dieu, à la Loi qu’Il a inscrite dans nos cœurs, ainsi qu’à une reconnaissance de la logique inhérente de la réalité tangible et aux actions les plus quotidiennes. Cette rationalité autonome est surtout une rationalité en fin de compte totalement libérée de la Loi divine et attentive aux structures de corruption de la nature déchue. Et ce n’est pas étonnant que Max Weber, pour illustrer sa thèse, n’ait pas choisi des exemples parmi les protestants de l’époque de la Réforme, car il n’en aurait guère trouvé, mais du XVIIe et du XVIIIe siècles ou le relâchement de la foi avait poussé la plupart des successeurs des réformateurs à substituer la raison autonome à la raison soumise à l’Esprit Saint et à la Parole de Dieu, et attentive au réel créé[25]. Certaines des méthodes d’exégèse de Calvin ont certes ouvert une brèche pour la raison libre :
« On à exagéré et parfois inventé de toutes pièces les répercussions économiques matérielles de l’admission de principe de l’intérêt par Calvin, et on en a certainement sous-estimé la portée intellectuelle : Calvin n’a pas fait sauter les barrages dressés contre l’esprit de lucre, il a fait sauter un barrage contre l’intelligence des faits économiques. … il a, sur un point particulier, démêlé la confusion scolastique entre l’impératif évangélique de la charité envers les humbles, la loi hébraïque qui est une loi historique, et la doctrine aristotélicienne de l’argent qui, elle, n’est qu’une conjecture humaine ; et par cette analyse toute théologique, il a, incidemment permis au raisonnement économique de s’émanciper du dogme[26]… »
La loi hébraïque n’est pas simplement une loi historique. Elle est la norme absolue de toutes les lois humaines, bonne pour régler nos rapports terrestres et être un pédagogue nous conduisant à la grâce, au don de la foi. L’émanciper de quelque façon que ce soit la pensée de l’homme de la Loi je Dieu, conduit à l’autonomie. Et, comme le dit F. Schaeffer, « dès que nous rendons quoi que ce soit autonome nous détruisons tout ». Car pour que l’homme et la création de Dieu puissent vivre, il leur faut se soumettre à la Loi vivifiante et ordonnatrice de Dieu. C’est chez Lüther dans son « Sermon sur l’usure » (1519), son traité « Du commerce et de l’usure » (1524) et son sermon « Aux pasteurs pour prêcher contre l’usure » (1540 ) que nous trouvons une prise de position chrétienne face aux questions économiques que nous avons soulevées. Contre ce que proposa plus tard Calvin, Luther écrivait[27] :
« Car si on voulait permettre que chacun vende sa marchandise aussi cher qu’il le peut, que l’emprunt et le prêt à intérêts, ainsi que le cautionnement soient tenus pour justes, et quand même conseiller et enseigner comment on pourrait agir en cela en chrétien et conserver une conscience bonne et assurée, cela reviendrait à vouloir conseiller et enseigner comment l’injustice pourrait être juste, le mal bon, et comment on pourrait vivre et agir tout ensemble selon l’Écriture divine et contre l’Écriture divine. Car ces trois vices – que chacun cède sa marchandise aussi cher qu’il veut, ensuite le fait de prêter puis celui de cautionner – sont comme trois sources d’où jaillissent, pour se répandre partout, toutes sortes d’abominations, d’injustices, de fraudes et de supercheries. Or, si on voulait maintenant s’efforcer de barrer la route à ce flot, sans obstruer les sources, ce serait perdre sa peine et son travail… Car, par les trois sources mentionnées ci-dessus, o ouvre portes et fenêtres, on donne de l’air et de l’espace et on octroie la permission et les pleins pouvoirs à la cupidité et à la nature mauvaise, perfide et égoïste pour pratiquer librement des ruses et des supercheries de toutes sortes, pour en imaginer chaque jour sans cesse de nouvelles, en sorte que tout pue la cupidité, plus encore, tout est noyé et plongé dans la cupidité comme par un immense déluge[28]. »
« … le fait de vendre ne doit pas être pour toi une œuvre qui relève uniquement de ton pouvoir et de ta volonté, sans aucune loi ni limite, comme si tu étais un dieu qui ne doit de comptes à personne[29] ».
La différence entre Luther, Calvin, Ménnon Simon, Théodore de Bèze, Agrippa d’Aubigné, Claude Brousson et leurs contemporains chrétiens réformés confessant Christ souvent jusqu’au martyre, et la plupart des luthériens et puritains rationalistes et piétistes qui leur ont succédé, n’est que la différence entre une véritable fidélité chrétienne (fidélité certes imparfaite) et l’apostasie. C’est pour cela que si l’on peut parler justement d’une réforme chrétienne au XVIe siècle il nous faut aussi parler d’une apostasie puritaine au XVIIe. C’est ce XVIIe siècle largement apostat qui fut le père spirituel du siècle des « lumières ».
Le XVIIe siècle anglais à néanmoins connu de véritables docteurs chrétiens : Alexander Ross, féroce adversaire biblique et des nouvelles sciences mathématiques et du machiavélisme[30] de Thomas Hobbes ; Georges Herbert et Fulke Greville poètes chrétiens dont la poétique était une recherche ardente de l’expression la plus exacte de la doctrine chrétienne vécue ; Lancelot Andrewes dont l’extraordinaire exégèse de la lettre de l’Écriture en fait un des rares docteurs occidentaux à rejoindre la pensée des pères de l’Église – Tertullien, Irénée, Athanase, Basile, Chrysostome ; un Isaac Barrow, qui, suivant le même itinéraire que Pascal quitta sa chaire de mathématiques à Cambridge (où il avait précédé Sir Isaac Newton) pour se consacrer entièrement à l’enseignement de la doctrine chrétienne dans l’Église anglicane. Et finalement, pas le moindre d’entre eux, John Bunyan, homme de Dieu durement persécuté pour sa foi, véritable apôtre en son siècle. Mais tous refusèrent la misérable distinction puritaine d’une foi privée, subjective et rationnelle, et d’un accommodement, dans leur vie publique, à la pensée et à l’action du monde. Tous refusèrent de plier le genoux devant les puissances de leur siècle, la nouvelle science naissante et le nouveau capitalisme industriel. Ils refusèrent l’adoration qu’exigeait Mammon et le Serpent.
Comme le dit Lynn White : « Du point de vue de l’histoire, la science moderne est une simple extrapolation de la théologie naturelle », mais il faut ajouter d’une théologie naturelle apostate fondée sur l’orgueil de l’intellect, de la science qui sonde les secrets occultes (cachés) de la nature plutôt que fondée sur la contemplation émerveillée à l’œil nu de la puissance et la divinité de Dieu manifestée dans sa création. Le Prof. White ajoute « La technologie moderne peut être partiellement expliquée comme étant la réalisation volontariste en Occident de la transcendance de l’homme et de se domination légitime sur la nature[31]. »
Mais, d’humble et pleine d’amour qu’elle était, étant uniquement[32] l’expression de la vie du Créateur en l’homme, cette domination de l’homme sur les créatures est devenue arrogante et violente, pure expression de la puissance arbitraire sans limites. De chrétienne, cette domination est devenue antichrétienne ; ne tirant plus son action de la faiblesse de la foi où, par l’action de la croix du Christ en lui, le fidèle manifestait la puissance de vie et la bonté du Créateur, cette domination apostate des créatures déchaîna sur la terre une puissance de destruction maintenant incontrôlable (Dan. 7 :7). Ce n’est pas le Christianisme, comme l’imagine le Prof. White, qui est responsable de la dilapidation de la création, mais l’antichristianisme, celui de Satan. Et c’est par l’apostasie chrétienne qu’est venu notre charnier technocratique, d’abord par celle de la scolastique qui ouvrit la porte aux sciences grecques, ensuite par celle du puritanisme qui céda toute la réalité sensible et morale des créatures de Dieu aux lois implacables des sciences mathématiques. Écoutons bien ce que nous dit tout récemment le professeur Vitorio Sublia :
« Par son repliement sur l’intériorité, en limitant les rapports de Dieu avec le monde à la relation de l’âme avec Dieu, le Protestantisme de ces trois derniers siècles a acquis une grave responsabilité historique[33]. »
Et cette responsabilité, qu’elle soit judaïque, scolastique ou protestante, nous pousse à nous repentir si nous voulons éviter que par notre faute l’on accuse Dieu des méfaits de son Adversaire.
Le communisme n’est qu’une des manifestations de cet hôte qui, petit à petit, vient à former le corps universel de l’empire de l’Antichrist. C’est pour cela qu’il nous semblerait futile à présent de mettre quelque espoir que ce soit dans l’état pour nous en sortir ou pour nous protéger de la situation désespérée dans laquelle nous nous trouvons.
« Ainsi parle l’Éternel : « Maudit soit l’homme qui se confie en l’homme, qui fait ce la créature son appui, et dont le cœur se détourne de l’Éternel. Il est comme un homme abandonnés dans le désert. Il ne voit point venir le bonheur : mais il demeure dans des solitudes arides, sur une terre salée et inhabitable. » Jérémie 17 :5-6.
Si nous regardons attentivement, nous voyons tous les états succomber à la tentation de renverser les temps et la loi, ainsi que de rendre à César ce qui est à Dieu. Lisons avec attention la réponse du Christ à la question que lui posaient les espions des pharisiens :
« Ces gens lui posèrent cette question : « Maître, nous savons que tu parles et enseignes avec droiture, et sans faire acception de personne tu enseignes la voie de Dieu en toute vérité. Nous est-il permis de payer l’impôt à César ou non? » Mais Jésus, discernant leur ruse, leur répondit : « Montrez-moi un denier. De qui porte-t-il l’effigie et l’inscription? » Ils répondirent : « De César ». Alors il leur dit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » Luc 20 :21-25.
Tertullien commentait :
« Pour César nous avons l’image de César qui est frappé sur la pièce d’argent, pour Dieu, l’image de Dieu dont les hommes sont marqués. Donnez à César son argent ; donnez-vous vous-mêmes à Dieu… En conséquence nous suivons l’ordre apostolique de nous soumettre aux magistrats, aux principautés et aux puissances, mais uniquement dans les limites de la discipline ; c’est-à-dire pour autant que nous nous préservons d’idolâtrie. » Tertullien : « De l’ idolâtria » p. 15
Le catholicisme romain progressiste, comme le protestantisme moderne d’ailleurs, a mis la SOCIÉTÉ à la place de Dieu ; le catholicisme romain traditionnel a mis l’Église à la place de Dieu ; les milieux évangéliques fondamentalistes à la Billy Graham font du bonheur de l’individu leur idole (Si le but du christianisme est d’offrir le bonheur et la paix au cœur, spiritualistes, Bahaïstes et autres, et certains y arrivent fort bien).
Notons en passant le commentaire de ce texte de Luc donné par le docteur traditionaliste romain (thomiste), le R. P. R.-Th. Calmel :
« … comment bien entendre le redoutable précepte de rendre à César ce qui est à César et à l’Église ce qui est à l’Église…[34] »
Quel glissement surprenant de Dieu à l’Église. Toute la glorification présente de l’Église qui est un des fondements de l’Église catholique romaine se trouve dans cette erreur. Comme le monde est sous l’entière domination du Prince de ce Monde, Satan, il est inévitable que l’Église fidèle actuelle souffre toujours l’opprobre, la persécution, l’injustice. Si elle devient actuellement populaire, glorieuse, humainement efficace, c’est le signe de son infidélité. Notre gloire est pour plus tard !
Notre situation demande la vigilance la plus aiguë car le jour baisse et, comme des sentinelles de Dieu, nous devons scruter la nuit qui nous environne, toujours plus épaisse. Avant tout, efforçons-nous de ne tas tomber dans l’admiration des prodiges menteurs de la technique scientifique de Satan, et de l’occultisme religieux[35], ou d’être séduits par les régimes ténébreux de ce monde (rouges, noirs, blancs, jaunes, peu importe), qui prétendent établir la justice sur la terre par les méthodes de l’injustice. Car à ceux qui,
« … n’ont pas ouvert leur cœur à l’amour de la Vérité qui les aurait sauvés… Dieu leur envoie une puissance d’égarement qui les fait croire au mensonge, afin que tous ceux qui n’ont pas cru a la Vérité, mais qui ont pris plaisir à l’injustice soient soumis a son jugement. » II Thess. 2 :10-12.
Mais à celui qui met en Dieu seul son espérance, qui ne s’appuie ni sur les hommes, ni sur leurs œuvres, ces merveilleuses paroles de réconfort sont adressées :
« Béni soit l’homme qui se confie en l’Éternel et dont l’Éternel est l’espérance ! Il est comme un arbre planté au bord d’un ruisseau, qui étend ses racines le long d’une eau courante. Lorsque vient la Chaleur, il n’en souffre point, et son feuillage reste vert. Il ne craint rien dans les années de sécheresse, et ne cesse pas de porter des fruits. » Jérémie 17 :7-8
Que Dieu nous garde dans l’obéissance à sa seule parole, dans cette Vigilance, cette sobriété et cette entière confiance en Lui sans lesquelles nul ne verra le salut.
« Je sanctifierai mon nom qui à été déshonoré parmi les nations au milieu desquelles vous l’avez déshonoré. Ainsi les nations sauront que je suis l’Éternel, dit le Seigneur l’Éternel, quand je serai sa sanctifié par vous sous leurs yeux. » Ézéchiel 36 :25
[1]Viz. Jacques Ellul : « La technique, ou l’enjeu du siècle » (1954) épuisé, traduit en anglais sous le titre « Technological Society » Vintage Books (New York)
[2]Il s’agit ici de l’impiété généralisée par l’instruction laïque, c’est-à-dire sans Dieu et irrésistiblement renforcée par l’action totalement envahissante de la technique autonome.
[3]N’oublions pas que les historiens font remonter le phénomène de la Renaissance au XIIe siècle. Thomas d’Aquin joua un rôle capital dans ce retour de la pensée païenne. Un aspect important de la scolastique ne peut-il pas être décrit comme l’idéologie de la puissance papale ? Thomas Hobbes n’appelait-il pas la puissance de la papauté « le fantôme de l’empire romain » ?
[4]Viz. l’article de M.S. Agoursky : « Essai sur les systèmes économiques de l’est et de l’ouest », in : Cahiers du Samizdat, juin 1974
[5]Max Weber : « L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme ». (Plon) (1ère édition 1904-1905). La réflexion de Max Weber a été constamment orientée par la constatation que seul l’occident chrétien a produit les rationalismes absolus de la science, du capitalisme et de la technique.
Voir aussi H. Lüthy : « Calvinisme et capitalisme : après soixante ans de débat » in : « Cahiers Vilfredo Pareto » No 2, 1963. pp : 5-35
- Lüthy : « La Banque Protestante en France, de la Révocation de l’Édit de Nantes à la Révolution. » Paris (Sevpen) 1959-1961, pp. 1-33 et 749-785.
[6]Pour la science : R.K. Merton : « Science, Technology and Society in Seventeenth Century England New-York » (Harper) 1970 (1ère édition 1938), R.K. Merton : « Le puritanisme , le piétisme et la science » in : « Eléments de théorie et de méthode sociologique ». Paris (Plon)
- Hooykaas : Science and Reformation in : Cahiers d’Histoire Mondiale. T. 35 , 1956, pp. 109-139.
- Hooykaas : Science and Theology in the Middle Ages, in : Free University Quarterly, Vol 3, 1954, pp. 77-163.
Pour le travail :
Jacques Benet : Le capitalisme libéral et le droit au travail (2 vol), Baconnière, Neuchâtel 1947
J.C. et B. Hammond : The town labourer 1760- 1832 (London) 1920.
The village laborer 1760-1832 (London) 1924.
[7]Jean Halpérin : « Les assurances en Suisse et dans le monde » La Braconnière (Neuchâtel) 1946
[8]i.e. appuyées sur l’état et imposant par la force l’uniformité idéologique religieuse à l’intérieur des frontières de chaque pays.
[9]J. Horsch : Mennonites in Europe.
[10]J. A. Hostetler : Amish Society (Baltimore) 1968.
[11]N’était-il pas interdit au peuple d’Israël d’imiter les moyens militaires techniques ultra-modernes des Assyriens et des Égyptiens, ou même de recenser leur troupes?
[12]Jean Chrysostome : Œuvres complètes. T 4 p. 389. 25e homélie sur l’épître aux Romains. (Paris) 1864.
Il ne peut y avoir le moindre espoir de solution à la crise d’inflation (inflation de nos désirs et de nos budgets) ainsi qu’aux problèmes écologiques, sars une sérieuse et durable repentance des péchés de nos convoitises personnelles et de notre ambition publique.
[13]Dr. Z. Ali : « Tels sont les peuples blancs », p. 65, Genève (1973)
[14]« L’aventure ambiguë ». pp. 81-82. Julliard 1961 (Ed. 10/18). Ces auteurs sont tous les deux des musulmans fervents.
[15]Werner Sombart : « Les juifs et la vie économique ». (Paris) 1923, p.9, cf. pp. 159-203 « … lorsque la morale puritaine exhorte les fidèles à mener une vie bien ordonnée, elle ne fait que reproduire mot pour mot les préceptes de la morale thomiste… » « les vertus bourgeoises qu’elle prêche sont exactement les mêmes que celles dont nous trouvons l’éloge chez les scolastiques! » W. Sombart : Le Bourgeois(Paris) 1926 p. 310.
[16]L. White : « The Historical Roots of our Ecological Crisis » in : F. A. Schaetfer « Pollution and the Death of Man », 1970, op. 75-76. Édition française : « La pollution et la mort de l’homme » Lausanne (Ligue pour la lecture de la Bible) 1974.
[17]La banque protestante op. cit. Du 163
[18]H. Lüthy : “Calvinisme et Capitalisme » op. cit. p. 23. Les adversaires de Luther, Cajetan et Eck étaient des protagonistes scolastiques des méthodes commerciales les plus avancées. Tout en maintenant les condamnations traditionnelles de l’Église, la pensée de ces scolastiques ouvraient toute grande la voie du capitalisme par sa collusion ouverte avec le monde des affaires. viz. A. Dauphin-Meunier : L’Église en face du capitalisme. (Paris) 1955, Fayard.
[19]R. Pernoud : Histoire de la bourgeoisie en France. T I, po. 434-435, Paris (Seuil) 1960
[20]Sur la scolastique, voir tout particulièrement : J. Meyendorff avec « St. Grégoire Palamas et la mystique orthodoxe » Paris (Seuil) 1959 et : Introduction à l’étude de Gregoire Palamas, Paris (Seuil) 1959. Viz. aussi : G. Leff : Bradwardine and the Pelagians (Cambridge) 1957.
[21]Dauphi-Meunier nomme Thomas d’Aquin le doctrinaire du Capitalisme commercial. viz. Op. cit. pp. 30-48.
[22]i.e. l’amour de Mammon des pharisiens « qui aimaient l’argent » Luc 16 :14.
[23]A. Biéler : L’humanisme social de Calvin (Labor et Fides) Genève, 1961 pp. 79-80. Viz. A. Biéler : La pensée économique et sociale de Calvin (Genève) 1959.
[24]H. Lüthy : « Calvinisme et capitalisme » p. 8.
[25]Pour les réformés, la raison humaine était une folie, et folie en progression quand elle n’avait pas : « Du Saint-Esprit le frain dedans la bouche » Simon Goulart. (Sonnets : Liv. I No 39).
[26]H. Lüthy : « La banque protestante en France » p. 762.
[27]M. Luther : Œuvres. T. IV, pp. 119-144, Genève (Labor et Fides) 1958. viz. aussi J. Ellul : De l’argent. (Delachaux et Nestlé) Neuchâtel
[28]Luther op. cit. pp. 134-135
[29]idem. p. 125. En 1540 Luther écrivait : « Il y a quinze ans j’ai écrit contre l’usure qui alors s’était déjà si fortement répandue que ne pouvait espérer d’amélioration. Depuis ce temps elle a levé la tête à ce point qu’elle ne veut plus être considérée comme un vice, un péché ou une honte, mais se fait vanter comme étant une pure vertu et un honneur, et comme si elle rendait aux gens amour et service chrétien. » Calvin légitima théologiquement cette modification de l’opinion publique.
[30]La politique amorale de la fin qui justifie les moyens.
[31]L. White : op. cit. p. 82.
[32]« je suis doux et humble de cœur » : Matt. 11 :29 ; « Heureux les doux car ils hériteront la terre ». Matt. : 5 :5
[33]La Revue Réformée : No 95 (1975/3), p. 114
[34]R-Th Calmel : École chrétienne renouvelée. (Paris) 1952, p. 24
[35]Voyez entre autres les ouvrages de Carothers, de D. Du Plessis, de Mme Kühlmann, ainsi que les ouvrages sur les apparitions de la Vierge de plus en plus fréquentes actuellement (viz. « Le grand Message d’Amour »).
Les manipulations voulues ou inconscientes d’« apôtres » de cet espèce nous laissent plus que sceptiques. D’autant plus qu’ils font fréquemment appel à des méthodes propre au spiritisme et au Yoga. Voici parmi tant d’autres, quelques exemples de leurs suggestions : se détendre, chasser toutes pensées conscientes ou tout raisonnement, toute anxiété ou problème personnel et s’attendre avec insistance à ce que quelque manifestation, sensation, direction, message, « charisme » ou esprit soient communiqués.
Cette attitude de passivité et d’anéantissement du moi par une discipline personnelle est rigoureusement une attitude médiumnique. Elle rend celui qui la pratique inconsciemment (mais pas innocemment car l’on devra rendre compte à Dieu de la destruction de ses facultés conscientes) disponible à n’importe quelle manifestation surnaturelle et à la réception de n’importe quelle esprit (II Cor. 11 :3-4).
L’autosuggestion ou le fait de s’approprier l’accomplissement futur d’heureux versets bibliques ou prophéties, sans être soumis à la seule volonté de Dieu quelle qu’elle soit, la répétition mécanique ou passionnée de chants, de prières de louange poussant à l’euphorie, font tomber celui qui les pratique dans une ivresse psychique malsaine, qui, à la longue conduit à la perte de toute volonté propre, à une incapacité de décision, de bon sens pratique, du sens des réalités et des devoirs quotidiens, et de la faculté de raisonner droitement.
Toutes ces pratiques, comme le yoga d’ailleurs, apportent, avec de l’entraînement, un certain résultat, réel et sensible, tel que la maîtrise de soi, la paix, la joie, une sorte d’épanouissement… (tout travail reçoit son salaire, mais il faut savoir pour qui l’on travaille), mais à coup sûr, conduisent au déséquilibre, à la dépression et à la dépendance toujours plus grandes de ces drogues. Enlevez ces APPUIS, et c’est l’écroulement, car l’appui n’était pas CHRIST SEUL, le Rocher inébranlable.
La confusion doctrinale la plus complète est le signe commun de tous ces phénomènes que trop séduisants. Les charismes de Dieu qui depuis la Pentecôte n’ont jamais cessé dans l’Église, donnent l’amour de la Vérité, de la Sainteté, le renoncement à soi-même et le dépouillement (non pas intérieur mais pratique) par le Saint-Esprit (Rom. 8 :13), et l’obéissance aux commandements de Dieu.