Les charismes du Saint-Esprit ?

par | Documentation Chrétienne - numéro 14

Répondre d’une manière exhaustive à une telle question est évidemment impossible dans le cadre de cette publication. D’ailleurs nous ne prétendons pas être les dépositaires exclusifs et uniques de la Vérité. Toutefois une étude, même sommaire du texte original devrait permettre d’éviter certains écueils. En effet le mot « DON » généralement utilisé dans nos versions pour ce qui concerne le Saint-Esprit, est exprimé en grec par deux mots DOREA et CHARISMA ayant des significations fort différentes[1].

DOREA signifie cadeau, don, objet qui vous est transmis et dont nous devenons propriétaire.

CHARISMA signifie une grâce, une faveur, une bonté. C’est un cadeau dans le sens d’un prêt, d’un objet dont nous avons la garde, d’un objet prêté sur lequel nous n’avons aucun pouvoir, aucune autorité. La racine de ce mot se retrouve dans les mots « éclat lumineux ».

Voyons comment ces mots sont employés dans le Nouveau Testament :

 DOREA – Don, Cadeau

« Jésus répondit : « Si tu connaissais le don de Dieu, et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, tu lui aurais demandé toi-même à boire, et il t’aurait donné une eau vive »… « L’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source qui jaillira jusque dans la vie éternelle » (Jean 4 :10 ; 4 :14)

« Pierre leur répondit : « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ pour obtenir la rémission des péchés ; et vous recevrez le don du Saint-Esprit » (Actes 2 :38).

« Quand Simon vit que l’Esprit était donné par l’imposition des mains des apôtres, il leur offrit de l’argent, en disant : « Donnez-moi aussi ce pouvoir, afin que ceux à qui j’imposerai les mains reçoivent le Saint-Esprit ». Mais Pierre lui dit : « Que ton argent périsse avec toi, puisque tu as cru que le don de Dieu s’acquiert avec de l’argent ! » (Actes 8 :18-20).

« Et les fidèles d’origine juive, qui étaient venus avec Pierre, étaient fort étonnés de voir que le don du Saint-Esprit était aussi accordé aux païens. » (Actes 10 :45)

« Si donc Dieu leur a fait le même don qu’a nous qui avons cru au Seigneur Jésus-Christ… » (Actes 11 :17)

« Car, si la faute d’un seul a entraîné le mort du plus grand nombre, à plus forte raison la grâce de Dieu et le don de cette grâce que nous devons à ce seul homme Jésus-Christ, ont-ils été répandus abondamment sur les autres «  (Rom 5 :15)

 « … combien plus régneront-ils dans la vie, du fait du seul Jésus-Christ, ceux qui reçoivent dans toute leur abondance la grâce et le don de la justice » (Rom 5 :17).

  « Grâces soient rendues à Dieu pour son don ineffable ! » (2 Cor. 9 :15)

« De cet Évangile je suis devenu ministre, en vertu du don de la grâce de Dieu qui m’a été accordé par l’efficacité de sa puissance » Éphésiens (3 :7). (Le ministère est un Don DÉFINITIF accordé à un homme accompli, un homme fait).

« Mais à chacun de vous la grâce a été donnée, selon la mesure du don de Christ » (Eph. 4 :7)

« Pour ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don céleste, qui ont eu part à l’Esprit-Saint… » (Héb. 6 :4).

Dôrea. L’étude de ce mot nous révèle qu’il signifie le don gratuit que Dieu nous fait en Jésus-Christ ; à savoir la justification, la vie éternelle accordée gratuitement à ceux qui se repentent et croient en Jésus-Christ (Jn. 4 :10 ; Rom. 5 :17, 5 :5 ; 2 Cor. 9 :15 : Héb, 6 :4 ; Eph. 4 :7). C’est alors au moment de cette conversion, changement de mentalité, qu’est accordé le don du Saint-Esprit. (Actes 11 :17, 2 :28, 10 :45). Dans Eph 3 :7, dôrea est employé pour un ministère. Mais les ministères ont un caractère définitif tandis que les charismes peuvent être temporaires. Dans Actes 8 :20, Simon demande aux apôtres le « pouvoir de donner le Saint-Esprit par imposition des mains ». Ce pouvoir est un don de Dieu gratuitement offert à Pierre et Jean pour accomplir le ministère d’apôtre.

L’absence d’uniformité totale de la Bible dans l’usage de ces termes et de bien d’autres, vient du fait que la cohérence parfaite de l’Écriture Sainte n’est pas celle d’un traité de logique désincarné. Pour comprendre le texte biblique cela ne sert à rien de faire uniquement attention aux termes employés pour en élucider leurs rapports logiques. Ceci conduit à l’esprit de systématisation, source de toutes les hérésies. Dieu nous demande d’abord de respecter, de prêter attention au sens des mots dans leur contexte et puis, et surtout, de demander à Dieu que par Son Esprit nous soyons conduite dans toute la Vérité pour comprendre la Parole écrite de Dieu. Le sens d’un texte particulier doit toujours s’insérer dans le système de doctrine qu’est l’Écriture Sainte.

CHARISMA : Grâce, faveur, bonté

« En effet j’ai un ardent désir de vous voir, pour vous communiquer quelque don spirituel afin de vous affermir… » (Rom. 1 :11).

« Car, si la faute d’un seul a entraîné le mort du plus grand nombre, à plus forte raison la grâce de Dieu et le don de cette grâce que nous devons à ce seul homme Jésus-Christ, ont -ils été répandus abondamment sur les autres! » (Rom. 5 :15)

« … mais le don de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus-Christ, notre Seigneur ! » (Rom. 6 :23)

  « Car les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables » (Rom. 11 :29)

« Et puisque nous avons des dons différents suivant la grâce qui nous a été accordée, que celui qui prophétise se conforme à la foi… » (Rom 12 :6).

« … et comme le témoignage rendu au Christ a été fermement établi parmi vous, aucun don ne vous mangue à vous qui attendez le moment où apparaîtra notre Seigneur Jésus-Christ. » (1 Cor. 1 :6-7)

  « Mais chacun a reçu de Dieu son don particulier, l’un celui-ci, l’autre celui-là… » (1 Cor. 7 :7).

  « Or il y a diversité de dons, mais il n’y a qu’un même Esprit… » (1 Cor. 12 :14)

« A l’un est donnée la foi par le mème Esprit ; à un autre les dons de guérisons, par ce même Esprit… »  (1 Cor. 12 :9).

« … ceux qui ont le don de guérir, de secourir, d’administrer, de parler en langues… Tous ont-ils les dons de guérisons ?…  Aspirez aux dons les plus grands » (1 Cor. 12 :28-31)

« Et vous-mêmes, vous nous viendrez en aide par vos prières, afin que la grâce, obtenue pour vous par plusieurs personnes, soit pour plusieurs personnes une raison de rendre grâces à notre sujet »  (2 Cor. 1 :11).

« Ne néglige pas le don de la grâce qui est en toi et qui t’a été conféré par prophétie lorsque l’assemblée des anciens t’a imposé les mains » (Tim 4 :14).

« C’est pourquoi, je te recommande de ranimer la flamme du don de Dieu que tu as reçu par l’imposition de nos mains » (2 Tim. 1 :6).

« Que chacun de vous emploie au service des autres le don qu’il a reçu, comme doivent le faire de bons administrateurs des diverses grâces de Dieu » (1 Pierre 4 :10).

L’étude de ces versets nus permet de tirer certaines conclusions.

– Charisma à deux sens – général et spécial –

a) Dans son usage général, charisma signifie : les biens terrestres que Dieu donne : Dt 1 :5. Les privilèges accordés au peuple d’Israël irrévocables, liés à sa vocation : Rom 11 :29. Délivrance par grâce d’un danger mortel : 2 Cor. 1 :11. Le bien spirituel du croyant : Rom 1 :11, 1 Cor. 1 :7, nécessaire à la sanctification. Le don de la rédemption : Rom. 5 :15, – de la vie éternelle : Rom. 6 :23.

Parmi les exemples cités, les dons de la rédemption et de la vie éternelle (Rom. 5 :15, 6 :23) ainsi que les privilèges accordés à l’Israël de Dieu sont d’un caractère définitif. Dans le cas des biens terrestres, de la délivrance du danger mortel, du bien spirituel du croyant, nous avons à faire à des dons, des bienfaits accordés par Dieu existentiellement selon sa bonté et selon nos besoins, pour notre édification individuelle et collective. Pour ce qui est des biens spirituels, ajoutons que ces « charismes » sont à notre disposition en Jésus-Christ. Par la foi et par l’obéissance, nous pouvons les saisir et les faire fructifier dans nos vies : « Car vous avez été par lui enrichis de tous les dons, ceux de la pirole et ceux de la connaissance ; et comme le témoignage rendu au Christ à été fermement établi parmi vous, aucun don ne vous manque, à vous qui attendez le moment où apparaîtra notre Seigneur Jésus-Christ. » (1 Cor. 1 :5-7)

b) « Charisma » désigne aussi le don spécial de nature spirituelle accordé par Dieu au chrétien : 1 Pierre 4 :10. Que ce soit le don d’un ministère accordé par l’imposition des mains : 1 Tim. 4 :14 ; 2 Tim. 1 :6 ; le pouvoir de continence essentiel à la vocation de célibat : 1 Cor 7 :71, ou les charismes spirituels : Rom. 12 :6, 1 Cor. 12 :4,9,28,30,31.

Ainsi, le charisme qu’il soit un ministère ou un don spirituel est une grâce, une faveur, un prêt. C’est Dieu seul qui a autorité de l’accorder à qui il veut. Il est important de noter que l’unité est accordée par l’Esprit, un esprit de sagesse et de force – que la diversité est manifestée dans les charismes en vue de l’édification du Corps de Christ.

Pour ce qui est du ministère, Timothée a reçu un don pour l’accomplir fidèlement. C’est un don de nature définitive mais que Timothée peut délaisser. Et Paul l’exhorte : le ranimer. Pour ce qui est des dons spirituels, des chrismes, ils sont accordés pour une durée plus ou moins longue selon la bonté de Dieu et les besoins du chrétien et de la communauté en vue de son édification. Ils ne remplacent en aucune manière le dur apprentissage quotidien de la sanctification et encore moins le fruit e l’esprit.

Si le diffusion générale du Saint-Esprit peut être considéré comme permanente, la fonction (non le ministère) accordée à quelqu’un (prophétie, interprétation, guérison, parole de sagesse etc. ) peut avoir un caractère limité dans le temps. Ceci est très important. En effet personne n’a le droit de se considérer comme le dépositaire de tel ou tel charisme. Les dons sont accordés en vue du bien du corps et personne ne peut se déclarer être le titulaire de tel ou tel charisme. Le non-respect de cette règle conduit à des déviations évidentes. Les personnes ayant manifesté quelque fois un vrai charisme se sentent titulaires de ce don et éprouvent alors la nécessité de le manifester à chaque occasion qui se présente. C’est ainsi que l’on voit se manifester d’innombrables charismes dont l’origine est plus souvent une imitation psychique que l’inspiration du Saint-Esprit.

Il est effrayant de constater que dans beaucoup de groupements où spécialement les charismes de prophéties et des langues sont exercés il n’y a plus la crainte de Dieu ni l’obéissance. On marche à coups de prophéties et on aime s’attribuer toutes celles qui correspondent à nos désirs ou convoitises. Le désastre est évident. Mais quand une prophétie quelque peu exigeante est prononcée, on ne s’y arrête pas. A quoi sert-il en effet de rechercher la volonté de Dieu au travers des charismes si lorsque Dieu parle on n’obéit pas, Les charismes pour les charismes servent à rien. On ne tente pas Dieu et on ne se moque pas de lui indéfiniment.

Le dixième commandement nous interdit la convoitise des choses matérielles et d’autant plus des grâces spirituelles (Ex. 20 :17). La première béatitude nous dit que les pauvres en Esprit sont heureux car à eux appartienne le Royaume des Cieux (Mat. 5 :53). Ces pauvres en Esprit sont pas ceux qui se sentent riches, pleins de l’Esprit, puissants, ceux qui se disent, « Je suis riche, je me suis enrichi et je n’ai besoin de rien » (Apoc. 3 :17) mais bien plutôt ceux qui ne capitalisent pas les grâces de Dieu, qui dispensent continuellement ce qu’ils ont reçu de Dieu pour l’utilité de tous. En conséquence, ils se sentent démunis et dépendants de Dieu. Le Royaume des cieux est aux pauvres en Esprit car dans cette étroite dépendance ce sont eux qui font que le règne de Dieu vient sur la terre comme il est au ciel. Ce sont ces pauvres en Esprit qui peuvent véritablement dire avec l’apôtre « lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort », la force de Dieu s’accomplissant dans la faiblesse de l’homme (2 Cor. 12 :9-10). « C’est ainsi que la mort agit en nous et la vie en vous » car c’est en étant « livrés à la mort à cause de Jésus… que la vie de Jésus se manifeste aussi dans notre chair mortelle » (2 Cor. 4 :10-12). C’est vivre ainsi que Paul appelle être animé d’un « esprit de foi » (v. 13). Dans cette faiblesse de notre identification pratique à la croix de Jésus-Christ, nous découvrons que sans Jésus-Christ nous ne pouvons rien faire (Jean 15 :5) et nous pouvons dire avec Paul : « J’ai été crucifié avec Christ, si je vis ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi ; et si je vis encre dans la chair, je vis dans la foi au fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi » (Gal. 2 :19-20). Mais quand le Christ reviendra y aura-t-il encore la foi sur la terre ? (luc 18 :9).

J-J Meylan, Pierre Berthoud, J-M Berthoud

[1]Nous trouvons d’autres mots pour désigner un don dons le Grec 

a) dôrean, acc. de dôren employé comme adverbe met l’accent sur la gratuité du don ou de l’action qu’on entreprend – Matt. 10 :8 ; Apoc. 21 :6, 22 :17 ; 2 Cor. 11 :7 ; Rom. 3 :24 ; 2 Thes. 3 :8. Par extension dôrean vient à signifier : « sans cause, sans raison » Jn. 15 :25 et « en vain » Gal, 2 :21.

b) dôrèma, don, présent – est employé deux fois : Rom. 5 :6 ou il est question du don de la grâce, et Ja 1 :17 « … tout don parfait… » (// à toute grâce excellente).

c) dôron: don, présent, cadeau.

       1) Il s’agit ici de présents, de cadeaux : Matt. 2 :43 ; Ap. 4 :10, de dons qu’on ne reprend pas. Dans Eph. 2 :8, on parle du don de Dieu en désignent le salut qu’il nous accorde. Il s’agit d’un cadeau que Dieu nous accorde gratuitement.

       2) dôron signifie aussi le don comme sacrifice, offrande que l’homme offre à Dieu – sans aucune idée de mérite, sous-entendu tout au moins jour ce qui concerne le salut. (Lc 21 :45, Mt. 5 :25 f, 8 :4 ; Heb. 5 :25 f, 8 :3, 9 :3 ; Mt. 23 :18,19 ; Mt. 7 :3 ;Mt. 15 :5)- l’offrande est sanctifiée par l’autel (Mt. 23 :18,19)

d) dosis: don, le fait de donner. On trouve dans ce mot l’idée de retour au sens actif. L’action de donner et de recevoir, échange, trafic, commerce. (Ph 4 :15)