Nous vous présentons en premier lieu quelques textes provenant de différents auteurs et de différentes époques. Ces textes nous montrent que l’Église de Dieu a toujours été confrontée à ces problèmes spirituels que nous examinons. Ils insistent sur la nécessité de vivre une vie spirituelle profonde, ancrée dans la Vérité par opposition à une vie spirituelle superficielle se contentant d’expériences émotionnelles passagères.
« Pour qui est averti des voluptés secrètes qui se cachent encore de nos jours sous les pieuses façades de paroissiens zélés, jusque dans leurs prières, force est de reconnaître que l’histoire des mariages avec les anges[1] n’a pas perdu – et de beaucoup – son actualité. Et aujourd’hui ce sont encore les femmes qui succombent les premières à la tentation. » Erwin Reisner[2]
« … un homme se met en oraison et élève les mains et les yeux aussi bien que l’esprit au ciel ; l’esprit façonnant alors des concepts divins et imaginant des beautés célestes, hiérarchies des anges et demeures des justes, et, pour tout dire d’un mot, rassemblant à l’heure de l’oraison tout ce qu’il a appris des Saintes Écritures, excite son Âme à l’amour divin en regardant le ciel fixement. Il arrive même que ses yeux versent des larmes, et tout doucement son cœur s’enfle et s’élève et il prend pour une consolation divine ce qu’il éprouve et il souhaite à pareille occupation se livrer toujours. Et voilà les signes de son égarement, car le bien n’est bien que lorsqu’il se fait bien. Si donc un tel homme s’adonne à une vie solitaire sans rapports extérieurs, il ne peut échapper à la folie. Que si par hasard il ne tombe pas dans ce mal, il lui sera du moins impossible d’arriver à la possession des vertus et à l’apathéia. C’est ce genre d’attention qui à égaré ceux qui voient sensiblement des lumières, perçoivent certains parfums, entendent des voix et beaucoup d’autres phénomènes semblables. Les uns ont été possédés du démon entièrement, se transportant de lieux en lieux et de contrées en contrées ; les autres, pour n’avoir pas su reconnaître celui qui se transforme en ange de lumière, s’en sont fait accroire et se sont égarés et sont demeurés désormais incorrigibles, parce qu’ils n’admettent aucune remontrance de la part des hommes. D’autres encore ont attenté à leurs propres jours et se sont suicidés, poussés à cette extrémité par leur séducteur. D’aucuns se sont précipités. des hauteurs certains ont recouru à la corde. Et qui pourrait dire toutes les variétés de la fraude du diable ? De ce que nous avons dit, il n’est pas difficile à l’homme de sens de comprendre quel profit naît de cette première attention. Si cependant quelqu’un n’encourrait pas ces conséquences, parce qu’il vit en communauté, (c’est aux anachorètes que ces choses arrivent) nul avancement en tout cas dans leur vie entière. » Anonyme grec, Xe siècle
« Il n’est pas difficile de voir la joie quand elle s’offre partout aux regards autour de soi, et le langage montre presque jusqu’à la caricature combien c’est chose insignifiante et facile ; mais, sans cesse entouré de misère, voir alors la joie en croyant : voilà qui est dans l’ordre. Et dans l’ordre pour l’emploi du mot croire ; car la foi se rapporte toujours à ce que l’on ne voit point[3] qu’il s’agisse d’ailleurs de l’invisible ou de l’invraisemblable ; et il est dans l’ordre que l’homme soit croyant. » Soren Kierkegaard[4]
« L’Antichrist donnera aux nations le genre de miracles qu’ils souhaitent. Les miracles de Christ n’ont pas satisfait les juifs. La guérison des malades, le recouvrement de la vue des aveugles, tout cela n’était pas « à la hauteur » du Messie qu’ils attendaient. En conséquence, ils lui demandèrent « un signe venant du ciel » (Mat. 8 :11).
Selon eux, l’évidence du Messie serait prouvée par la venue de manifestations spectaculaires et éclatantes de grandeurs dans le domaine céleste – manifestant la puissance du royaume avec des rayons brillants…
Jésus à prédit que Satan et l’Antichrist séduiraient la pensée d’un monde prostitué par « des signes et des prodiges » (Matt. 24 :24). Paul nous a déclaré la mème chose. Les mêmes mots grecs sont employés pour les signes et les prodiges du Christ et pour ceux de l’Antichrist… Comme Élie, il aura le pouvoir de faire descendre le feu du ciel sur la terre et de tromper le monde. Dans apocalypse chapitre 13, il est répété plusieurs fois qu’il lui est « donné » le pouvoir de faire des œuvres en dehors du domaine de la loi naturelle. Ceci indique une source surnaturelle, et c’est par autorisation divine qu’il les accomplit… » Guy Duty[5]
« G. K. Chesterton considérait que la doctrine de la « lumière intérieure » était la pire des perversions religieuses, car si Jones commence par adorer le Dieu à l’intérieur de Jones il ne peut que finir par adorer Jones. » J.I. Packer[6]
« Or ceux-là qui, en délaissant l’Écriture, imaginent je ne sais quelle voie pour parvenir à Dieu ne sont point tant abusés d’erreur qu’ils sont agités de pure rage. De telle manière de gens sont venus en avant je ne sais quels acariâtres lesquels prétendent orgueilleusement la doctrine de l’Esprit, méprisant quant à eux toute lecture et se moquent de la simplicité de ceux qui suivent encore la lettre morte et meurtrissante[7] comme ils l’appellent. Mais je voudrais bien savoir d’eux qui est cet esprit par l’inspiration duquel ils sont si haut ravis qu’ils osent contemner[8] toute doctrine de l’Écriture comme puérile et trop vile ? Car, s’ils répondent que c’est l’Esprit du Christ, leur assurance est par trop ridicule. Car je pense qu’ils considèrent les Apôtres et les fidèles de l’Église primitive avoir été inspirés par l’Esprit de Christ. Or, il en est ainsi que nul d’eux n’a pourtant appris à contemner la Parole de Dieu, mais que chacun plutôt a été induit à plus grande révérence, comme leurs écrits en rendent clairs témoignages. Davantage, je désirerais qu’ils me répondissent à ce point, à savoir s’ils ont reçu un autre esprit que celui que promettait le Seigneur à ses disciples ? Combien qu’ils soient enragés tout outre[9], néanmoins je ne les pense point transportés de telle frénésie qu’ils s’osent vanter de cela. Or quel dénonçait-il son Esprit devoir être en le promettant ? À savoir qu’il ne parlerait point de soi-même (Jean 16), mais suggérerait en l’entendement des Apôtres ce que par sa Parole il leur avait enseigné. Ce n’est donc pas l’office de Saint-Esprit (tel qu’il nous est promis) de songer nouvelles révélations et inconnues auparavant ou forger nouvelle espèce de doctrines, pour nous retirer de la doctrine de l’Évangile, après l’avoir une fois reçu, mais plutôt de sceller et confirmer en nos cœurs la doctrine qui nous est dispensée par l’Évangile. Dont[10] nous entendons facilement qu’ils faut diligemment travailler, tant à ouïr qu’à lire l’Écriture si nous voulons recevoir quelque fruit et utilité de l’Esprit de Dieu. » Jean Calvin[11]
« Aussi curieux que cela paraisse, le danger aujourd’hui est plus grand pour le chrétien fervent que pour celui qui est tiède et satisfait de lui-même. Celui qui recherche les choses les meilleures de Dieu, brûle d’entendre toute personne capable de lui offrir un moyen permettant d’y accéder. Il soupire après quelque nouvelle expérience, quelque aspect saillant de la vérité, quelque action de l’Esprit qui puisse l’élever au-dessus du niveau mortel de la médiocrité religieuse qui l’entoure et pour cette raison, il est disposé à prêter une oreille favorable à tout ce qui est nouveau et merveilleux dans la religion, surtout si cela est présenté par quelqu’un doué d’une personnalité séduisante et réputé pour sa très grande piété. » Dr. A. W. Tozer[12]
[1]viz. Genèse 6 :1-6 : « … les fils de Dieu virent que les filles des hommes étaient belles ; et ils prirent des femmes parmi toutes celles qui leur plurent. » Nous retrouvons ce même fait dans 1 Cor. 10 :21-22 : « Vous ne pouvez boire à la coupe du Seigneur et à la coupe des démons ».
[2] E. Reisner, Le démon et son image, Desclée de Brouwer (Paris) 1961 p. 56.
[3]Heb 11 :1
[4]S. Kierkegaard, Œuvres complètes, t. 13, Éditions de l’Orante. (Paris) 1966, p. 231.
[5]G. Duty, Christ’s coming and the World Church, (Bethany Fellowship) Minnespolis (1971) po. 131-132.
[6]J.I. Packer, Keep yourselves from Idols, Church Book Room Press (London) 1963, p. 13.
[7]meurtrière
[8]mépriser
[9]complètement
[10]complètement
[11]Épître à Sadolet, (Ed. Je sers, Paris, 1935) pp. 51-52.
[12]How to try the Spirits chapitre de l’ouvrage de A.W. Tozer, Man, the Dwelling Place of God, Christian Publications Inc., 1966, p.119. Ce texte existe en français. La brochure Comment éprouver les esprits peut s’obtenir à la librairie Mudry, 12 rue de le Louve, Lausanne.