Plutôt que de rechercher la Vérité, l’exactitude de la doctrine du Christ que nous ont léguées les apôtres dans la Parole Dieu, l’Écriture Sainte, nous cherchons trop souvent à accommoder les opinions aussi personnelles qu’erronées des uns et des autres, et dans un savant mélange d’erreurs cherchons un enseignement agréable qui saura plaire à tous. C’est l’hérésie du juste milieu doctrinal :

« Le juste milieu est l’hérésie la plus absurde et la plus funeste de nos jours. Ces nouveaux Solons, qui savent, en latin comme en langue vulgaire, que « in medio stat virtus » ont inventé cette folie du juste milieu pour faire croire aux peuples qu’ils reposent sur le sein de la vertu, quand ils sont assis sur les genoux de ce fantôme qui n’en est que le masque.

Le juste milieu du père Adam était ce point qui se trouve à égale distance entre deux vices extrêmes et contraires, comme l’axe de la balance ; ainsi il y a un point milieu entre la prodigalité et l’avarice, entre les scrupules et le laxisme, entre la timidité et l’audace. Mais nos prétendus modérée ont établi le juste milieu entre le vice et la vertu opposés, comme par exemple, entre la religion et l’impiété, entre la justice et l’iniquité, enfin entre le bien et le mal, entre le vrai et le faux. Or, peut-il y avoir là un juste milieu ? C’est comme s’ils voulaient unir l’eau avec le feu ; c’est vouloir l’impossible : l’eau éteindra le feu, et vous n’aurez plus que de la cendre et du charbon. Un peu de vice et un peu de vertu, un peu de vrai et un peu de faux, feront une très mauvaise composition, parce que le bien, s’il n’est pas tout bien, devient mal, et que le vrai, s’il n’est pas tout vrai, devient faux. » Antonio BRASCIANT environ 1850.

« Je connais tes œuvres, tu n’es ni froid ni bouillant. Plût à Dieu que tu fusses froid ou bouillant ! Ainsi parce que tu es tiède, et que tu n’es ni bouillant ni froid, je te vomirai de ma bouche. » Apocalypse 3 : 2-3.

La recherche de la Vérité est toute autre. Non seulement elle exige une formulation doctrinale des plus exacte et des plus nuancée conforme au plus haut point à tous les éléments de la Révélation sur le sujet traité, mais elle nécessite aussi – ce qui est de plus en plus négligé de nos jours – la définition claire et la dénonciation résolue des erreurs au goût du jour. Ce sont les indispensables anathèmes qui accompagnaient les formulations doctrinales des anciens conciles. Mais ajoutons encore que, si nécessaire qu’elle soit, la doctrine n’est pas toute la vie chrétienne et que la doctrine hors de l’amour des frères n’est qu’erreur, qu’airain qui résonne, aussi inutile à Dieu qu’aux hommes.

« Bien sûr, la doctrine chrétienne est d’une importance fondamentale. Mais, autant que nous sommes, nous ne connaissons qu’en partie ce qui est révélé. Et quand le levain, c’est-à-dire l’erreur, a été caché parmi la farine et que le tout a levé, il n’est pas facile de distinguer l’erreur de la vérité. À cause de cela, il serait probablement difficile aujourd’hui de trouver dans la chrétienté deux chrétiens, très versés dans la connaissance de la Parole, ayant exactement les mêmes idées sur tous les sujets bibliques.

D’ailleurs, il y a doctrine et doctrine. Et les doctrinaires ne sont pas forcément des docteurs. Au temps où le Seigneur Jésus était en Palestine, les pharisiens, les docteurs de la loi, n’étaient guère parmi ses amis. Il ne faut pas que la théologie se transforme en idolâtrie des idées. Un auteur a pu écrire sans qu’on puisse le contredire : « O Bible : que d’erreurs et de crimes ont été commis en ton nom ! » Et cela n’a pas eu lieu seulement par de faux chrétiens.

La doctrine n’est pas tout, elle tourne parfois au pharisaïsme ; et les pharisiens étaient des sectaires (Actes 26 :5). Les qualités morales, le renoncement à soi-même, le dévouement comptent aussi aux yeux du Dieu d’amour. Quand manquent ces biens-là, la doctrine, même la bonne, perd sa valeur. Selon I Jean 3 :23, par exemple, le commandement de Dieu consiste en deux points : Croire au nom de son Fils, Jésus-Christ, et nous aimer l’un l’autre. Et tandis que l’apôtre Paul a écrit que « …  les divisions, les sectes… » sont « les œuvres de la chair », notre Seigneur Jésus nous dit encore aujourd’hui :

  « A ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour entre vous. » Jean 13 :35.

Henri Chabloz