Le docteur Billy Graham et l’évangélisation non-doctrinale

par | Documentation Chrétienne - numéro 16

Nous retrouvons des ambiguïtés ecclésiastiques et des confusions doctrinales tout-à-fait analogues à celles que nous avons analysées chez T-L. Osborn où chez David du Plessis, chez le célèbre évangéliste américain, le Dr. Billy Graham[1]. C’est un fait bien connu – et qui a pu à nouveau être constaté pour sa réunion organisée au stade olympique à Lausanne lors du Congrès d’Évangélisation mondiale de 1974 que le Dr. Billy Graham, dans ses grandes campagnes d’évangélisation, ne tient aucun compte des distinctions dénominationnelles, mais cherche bien plutôt l’appui de toutes les églises qui se disent « chrétiennes ». L’orthodoxie des églises sur lesquelles il s’appuie pour ses campagnes d’évangélisation, et la droiture des chefs chrétiens avec lesquels il collabore, ne semblent guère lui importer. En 1954 le Dr. Billy Graham déclarait à un journaliste à ce sujet :

« Si quelqu’un dans une de ces campagnes s’engage à suivre le Christ, nous ne l’abandonnons pas à lui-même. On s’en occupe. Ce sont les pasteurs qui font ce travail de suite. L’on prend note de son nom et de son adresse, ainsi que d’autres renseignements le concernant, et dans les 24 heures ces renseignements parviennent au pasteur de son choix, ceci sans distinction de dénomination[2]. »

Ceci au nom de la liberté de conscience du nouveau converti, qui doit pouvoir lui-même choisir la communauté à laquelle il] s’attachera. Mais comment peut-il donc choisir, lui qui ne connaît rien du Christianisme ? C’est à celui qui le conduit à Jésus-Christ de le conduire aussi à une Église fidèle à la doctrine de Jésus-Christ.

Avant sa célèbre croisade de New York, où il refusa l’invitation des églises fondamentalistes de la ville pour se faire patronner par l’Association des Églises de New York[3] – Association foncièrement libérale – le Dr. Billy Graham fit la déclaration suivante :

« Nous ne venons pas à New York pour nettoyer la ville mais pour y obtenir que les gens se consacrent à Dieu. Ensuite nous les renvoyons dans leurs propres églises – qu’elles soient Catholiques, Protestantes où Juives[4]. »

  Nous voici (déjà en 1956 !) en plein CO-ÉVANGELISME œcuménique non-doctrinal. Le brassage ecclésiastique qui est l’effet immédiat de telles méthodes d’évangélisation est fort bien exprimé par ces paroles du Dr. Billy Graham prononcées devant 2000 prêtres et nonnes catholiques romains lors de sa première réunion tenue dans une Université Catholique. Il y prononça un éloge sans réserve des travaux du Concile Vatican II en cours :

« Je ne sais quand cela à commencé. Peut-être pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Autant la direction spirituelle prise par le regretté Jean XXIII, que le Concile œcuménique lui-même – soutenu par les prières de toute la Chrétienté – furent tous deux des signes de la révolution chrétienne que nous vivons… Il se peut bien que notre époque soit celle du Saint-Esprit. Partout des Protestants, des Catholiques, oui, et même des Juifs, se réunissent pour prier ensemble. J’ai connaissance de pas moins de 114 de ces groupes sur la seule Long Island de New York. Le Saint- Esprit ne serait-il pas en train de faire quelque chose à notre époque qui nous dépasse tous. »[5]

Et le pasteur Ian Paisley, qui cite ce texte, commente :

« Appeler le Deuxième Concile du Vatican une œuvre du Saint-Esprit n’est rien d’autre qu’un blasphème, et un blasphème très sérieux[6]. »

Il s’agirait certainement, dans de pareils groupes de prière, de l’œuvre d’un esprit qui non seulement nous dépasse, mais qui dépasse aussi, et de loin, les Écritures elles-mêmes, car de tels groupes de prière englobent « catholiques, protestants et juifs » ; ces derniers, des non-convertis au Messie d’Israël, à Jésus-Christ, ne peuvent guère être dirigés par l’Esprit Saint qui nous sépare de l’erreur et du mal pour nous conduire dans toute la Vérité et nous donner uniquement de ce qui est à Christ. Comment le Dr. Billy Graham peut-il approuver cette communion spirituelle œcuménique avec ceux – les juifs – qui n’ont manifestement pas reçu l’Esprit de Christ, puisqu’ils rejettent encore leur Messie, Jésus-Christ, Dieu venu en chair. Il était jadis évident à tous que celui qui se disait juif ne pouvait pas être chrétien tant qu’il n’acceptait pas la divinité de Jésus-Christ. Mais que dire alors de ces « protestants » et de ces « catholiques » qui sans autre acceptent d’avoir communion avec des juifs in-convertis ? Seraient-ils eux-mêmes devenus des non-chrétiens ? Par de telles méthodes d’évangélisation et de communion spirituelle œcuméniques et non-doctrinales, le Dr. Billy Graham ne travaillerait-il pas, peut-être inconsciemment – mais alors quelle inconscience ! –  à l’édification de cette église universelle rêve des grands maîtres de la franc-maçonnerie et des dirigeants inter-dénominationaux du mouvement œcuménique.

Voici un compte-rendu de ce que déclarait le Dr. Billy Graham en 1963 à 750 pasteurs protestants de New York :

« L’évangéliste rappela que dans une croisade qu’il avait récemment tenue à São Paolo au Brésil un évêque catholique romain se tenait à ses côtés bénissant les convertis à mesure que ceux-ci s’avançaient. Un tel évènement est l’exemple même de ce qu’affirmait Graham, que « quelque chose de formidable était en train de se produire, un réveil de réforme morale et de vie nouvelle se manifestait dans Le Christianisme », tant du côté des Protestants que de celui des Catholiques Romains[7]. »

Quel peut être le fruit d’une confusion ecclésiastique et doctrinale pareille ? Voici ce que le Révérend Duncan Campbell , instrument de Dieu dans le puissant réveil des îles Hébrides, raconte à Ian Paisley :

« M. Campbell me raconta qu’un jour son fils prenait le thé dans un café d’Édimbourg. Il entra en conversation avec un jeune homme assis à ses côtés M. Campbell témoigna du Christ à ce jeune homme qui lui paraissait préoccupé par le question de son salut. En sortant du café il suivit le fils de  M. Campbell et lui demanda son nom, son adresse et son numéro de téléphone, lui promettant de le lui faire savoir si jamais il acceptait Jésus-Christ.  

Quelque temps plus tard le téléphone sonna pendant le culte de famille des Campbell. C’était ce même jeune homme qui demandait à parler au fils de M. Campbell. Il lui dit : « Vous serez sans doute très heureux d’apprendre que je me suis engagé pour le Christ à la Croisade du Dr. Billy Graham à Earls Court. » M. Campbell en était évidemment fort réjoui et chercha à mettre ce jeune homme en rapport avec des pasteurs évangéliques de Londres, aptes à s’occuper de lui spirituellement. Plus tard le fils de M. Campbell reçut une lettre de ce jeune homme qui lui écrivait à peu près ceci : « Vous serez enchanté d’apprendre que je vais très prochainement être reçu dans l’Église Catholique Romaine. » Il va sens dire que le fils de M. Campbell fut fort troublé par cette nouvelle. Il téléphona au jeune homme et lui demanda : « Comment en êtes-vous arrivé là ? » « Ce n’est rien de bien tragique, » répondit le jeune converti, « quand j’ai assisté à la Croisade du Dr. Billy Graham, l’on m’a demandé à quelle église j’appartenais. J’ai répondu que je n’allais nulle part. Alors on m’a demandé quelle était la dernière église dans laquelle j’avais assisté à. un culte. Je suis le secrétaire d’une vedette de cinéma, un anglais qui lui est Catholique. Quand son chauffeur a congé, je le conduis à son Église catholique et j’assiste habituellement au service avec lui. Voici ce que je répondis. Le conseiller d °Billy Graham me dit alors que c’était en ordre et prit note de l’Église Catholique Romaine où je me rendais en compagnie de mon employeur. » Quelques Jours après, ce jeune converti reçut le visite d’un prêtre de cette même église catholique. Le prêtre lui dit avoir reçu une carte de l’Organisation Billy Graham qui indiquait que ce jeune homme venait de s’engager pour le Christ lors de la réunion du Or. Billy Graham. Le prêtre l’informa que l’Organisation Billy Graham lui avait demandé de faire le travail de suite : La conséquence en fut la réception de ce jeune homme, qui auparavant n’était pas du tout catholique, dans l’Église Romaine[8]. »

Un pareil œcuménisme chez le Dr. Billy Graham, une telle confusion ecclésiastique provoquée par de telles pratiques d’évangélisation, une telle irresponsabilité à l’égard de ceux qui peuvent venir à Christ par le moyen de son ministère, de telles ambiguïtés pratiques doivent être fondées sur une singulière solidité, une singulière clarté de doctrine ! Quelle faible importance est donnée par le néo-évangélisme de Dr. Graham aux différences capitales qui séparent le fondamentalisme baptiste qu’il professe du catholicisme romain !

Nous allons tâcher, avec l’aide du Dr. Charles Woodbridge[9], de définir ce phénomène relativement nouveau qu’on appelle maintenant communément « néo-évangélisme ». En contraste flagrant avec l’attitude et la pratique des « Anciens Évangéliques » qui s’opposaient de toutes leurs forces, et refusaient toute communion et te collaboration avec les libéraux, les « Nouveaux Évangéliques », ou « néo-évangéliques », considèrent de telles attitudes comme étant vieux-jeu, inadaptée à une nouvelle situation et manquant d’amour. Voici quelques passages du Dr. Woodbridge qui éclairent fort utilement cette question :

« Les néo-évangéliques ont commencer par réclamer une attitude de tolérance envers les faux docteurs dans les Églises.

Lorsque le président du séminaire théologique Fuller[10] fut installé dans ses fonctions il y a quelques années, il définit la position officielle du Séminaire comme suit : « Le séminaire devrait systématiquement inculquer à ses étudiants une théologie de tolérance mutuelle et de pardon envers ceux qui, en conséquence de leurs convictions doctrinales particulières, s’opposent de manière hérétique aux positions confessionnelles établies par la première communauté chrétienne. »

Voilà une bien nouvelle attitude – la tolérance à l’égard des hérétiques. 

Le Dr. Ockenga, un éminent défenseur du néo-évangélisme, donne un message qu’il appelle « Amis de bordure de chemin ». Le thème de son discours semble être que les docteurs incrédules sur la gauche théologique ne sont pas vraiment des ennemis de la cause évangélique ; ils sont des « amis de bordure de chemin ». Ce genre de raisonnement futile était inconnu du temps du Dr. Machen.

La nouvelle attitude évangélique dépasse même cette tolérance des « amis de bordure de chemin » hérétiques. Elle cherche à modifier le test fondamental que le croyant doit utiliser pour déterminer avec qui il peut avoir communion spirituelle.

Contrairement à l’enseignement de la Parole de Dieu, certains des néo-évangéliques prétendent maintenant que dans nos rapports avec les hérétiques le test ne serait plus celui de la doctrine mais celui de l’amour. Nous devrions moins nous préoccuper des erreurs théologiques des pasteurs incrédules mais avoir plus à cœur de leur témoigner de l’amour.

Bien sûr, les croyants doivent aimer tous les hommes. Ceci est évident.

Mais la Bible est parfaitement claire à ce sujet. Paul écrit : « Car quelle association peut-il y avoir entre la justice et l’iniquité ? Que peut-il y avoir de commun entre la lumière et les ténèbres ? Quel accord existe-t-il entre le Christ et Bélial, ou quelle part le fidèle a-t-il avec l’infidèle ? » (IT Corinthiens 6 :14-15)

L’hérésie n’est rien d’autre que de l’injustice spirituelle. Nier la Parole de Dieu c’est les ténèbres. L’incrédulité prend sa racine dans le prince du mal. Le modernisme, la théologie libérale et la néo-orthodoxie ne sont qu’infidélité.

Les vrais croyants ne doivent avoir aucune communion spirituelle avec des hommes qui déshonorent Dieu dans tous ces domaines théologiques.

Je commence à me fatiguer du sentimentalisme pieux. Nous faut-il obéir à Dieu ou devons-nous Lui désobéir ? Les enfants de Dieu doivent en effet aimer leur Père céleste ainsi que leurs semblables. Mais il leur faut haïr le mal. « Ayez en horreur le mal, vous qui aimez l’Éternel ». (Psaumes 97 :10). Les questions se posent : « Est-ce mal où ne l’est-ce pas de déchirer en lambeaux la Parole de Dieu ? Est-ce le mal ou ne l’est-ce pas de rejeter la divinité du Fils éternel de Dieu ? Est-ce le mal ou ne l’est-ce pas de rejeter avec mépris le fait historique de la naissance virginale de notre Seigneur, de répudier Ses miracles, d’interpréter faussement Son sacrifice sanglant au Calvaire, où de nier Sa résurrection d’entre les morts ? »

Jésus-Christ « a aimé la justice et haï l’iniquité. » (Hébreux 1 :9) Il est le Sauveur rempli d’amour pour les hommes. Et ceux qu’Il a racheté par Son sang précieux doivent suivre Son exemple béni.

Comme si la moindre dichotomie (opposition) était possible entre la doctrine et l’amour ! Les enfants de Dieu sont appelés à aimer le Seigneur avec tout leur cœur, toute leur âme, toute leur force et toute leur pensée. Dieu est Vérité. Comment donc les néo-évangéliques peuvent-ils se joindre, au nom de l’amour, à ceux qui nient l’entière véracité de Sa sainte Parole ?

Mais ceci n’est pas tout. Les néo-évangéliques ne réclament pas seulement la tolérance envers les hérétiques mais aussi la nécessité de dialoguer avec eux.

Dans le numéro du 16 mars 1962 du « Chicago Daily News », un titre affirme : « Le théologien Barth participera à deux dialogues ici. » Et en dessous nous disons : « Le Professeur Edward John Carnell du Fuller Theological Seminary (Pasadena, Californie) participera à la discussion. »

Pouvez-vous imaginer Moïse acceptent de dialoguer avec les magiciens égyptiens Jannes et Jambrès ? L’apôtre Paul dialogua-t-il avec les légalistes de Galatie ?

Nous devrions peut-être rafraîchir un peu nos mémoires. Paul résista à ces faux docteurs. Ils étaient les ennemis de l’Évangile et non des « amis de bordure de chemin » ! Écrivant selon l’Esprit de Dieu, son affirmation passionnée n’était pas : « Invitons ces hérétiques pour une tasse de thé théologique ! » mais bien plutôt : « Puissent-ils être retranchés, ceux qui mettent le trouble parmi vous. » (Galates 5 : 12). Cherchez dans votre dictionnaire grec le sens exact du mot « retrancher » et vous comprendrez à quel point Paul refusait d’entamer un quelconque dialogue avec les hérétiques.

Les « Anciens Évangéliques », fidèles à la Parole de Dieu, avaient rejeté toute idée de dialogue théologique avec les incrédules. Ils avaient fort justement demandé quelles « idées » théologiques ceux qui croient aux Écritures pouvaient bien échanger avec ceux qui nient la Bible ? Quel commerce théologique des Chrétiens à l’ancienne mode, rachetés par le sang du Christ, peuvent-ils avoir avec des infidèles ?

L’attitude de tolérance des néo-évangéliques à l’égard des hérétiques les conduit à promouvoir la doctrine d’accommodement avec la gauche théologique. Ils adoptent la méthode douce d’apaisement plutôt que la ligne biblique dure de répudiation.

Un de leurs schibboleths actuels est que « le temps des controverses est terminé. Nous devons éviter tout ce qui serait négatif. Nous devons désormais bâtir de manière positive et constructive. » Les chefs néo-évangéliques ont souvent exprimé cette opinion.

Mais ces chefs se sont trompés de manière insigne.

Notre autorité ne se place pas dans la pensée utopique des hommes mais dans la Parole immuable de Dieu[11]. »

Laissons-nous ici encore conduire par les paroles mêmes du Dr. Graham. Voici des questions que lui posa un journaliste de la part d’une revue organe de la très libérale United Church du Canada et les réponses du Dr. Graham :

« Question : Pensez-vous que la croyance littérale à la naissance virginale qui serait un événement historique et biologique véritable, et non simplement le symbole de l’incarnation du Christ – soit nécessaire à votre salut personnel ?

Réponse : Bien que personnellement je croie fermement que Jésus est né d’une vierge, je ne trouve nulle part dans le Nouveau Testament que cette croyance particulière soit nécessaire à notre salut[12]. »

La réponse du Dr. Graham n’est pas une réponse chrétienne. Si Jésus-Christ n’est pas né de la vierge Marie, selon l’Écriture, alors

  • Sa divinité est niée – Il est un simple homme et non le Fils de Dieu, Dieu Lui-même, venu en chair, et
  • L’Écriture Sainte est alors un tissu de fables et de mensonges ; il serait entièrement vain de chercher à fonder la Foi sur une base aussi peu sûre. Le peu d’importance que le Dr. Graham donne en fait à la naissance virginale de Jésus-Christ est publiquement démontré à tous par son association ouverte avec des hommes tels le Dr. Leslie Weatherhead qui nie explicitement la naissance virginale, prétendant que Zacharie était sans doute le père de Jésus[13], avec l’évêque Kennedy (méthodiste) et l’évêque Pike (anglican) qui tous les deux nient explicitement la divinité de Jésus-Christ. Le Dr. Billy Graham ose s’associer publiquement avec de tels hommes, bien que l’Écriture Sainte nous dise qu’ils sont animés de l’esprit de l’Antéchrist, qu’ils sont eux-mêmes des antéchrist :

« tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu en chair est de Dieu ; et tout esprit qui ne confesse pas Jésus-Christ n’est pas de Dieu mais c’est là l’esprit de l’antéchrist… Ils sont du monde, voilà pourquoi ils parlent selon le monde, et le monde les écoute… » I Jean 4 :2-5

  « Il s’est répandu dans le monde beaucoup de séducteurs, qui ne confessent pas Jésus-Christ venu en chair ; c’est bien le fait du séducteur et de l’antéchrist. » II Jean 7 .

Voilà une affirmation qui à le mérite d’être claire, Les instructions bibliques sur le comportement que nous devons avoir à l’égard de tels antéchrist seraient-elles moins claires ?

« Quiconque marche à l’aventure et ne persévère pas dans la doctrine du Christ n’a point Dieu. Celui qui persévère dans cette doctrine a le Père et le Fils. Si quelqu’un vient à vous et n’apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison et ne lui adressez pas le salut fraternel. Car celui qui lui adresse ce salut participe à ses mauvaises œuvres. » II Jean 9-11.

Le Dr. Graham a-t-il appliqué les consignes très simples de l’Écriture Sainte par rapport à ceux qui nient la naissance virginale et donc aussi la divinité de notre Seigneur Jésus-Christ ? Le même journal libéral demandait au Dr. Billy Graham :

« Question : Pensez-vous que nous qui enseignons que Christ est la Parole de Dieu et que la Bible témoigne de la révélation de Dieu en Lui, mais qui pensons aussi que la Bible est pleine de paraboles, de mythes et d’allégories, et qu’elle est souvent non-historique et inexacte – pensez-vous que nous qui enseignons de telles choses, sommes de faux docteurs ? »

Réponse – Pas de réponse[14]. »

À une telle provocation il n’y eut aucune réponse de la part du Dr. Billy Graham. Jusqu’où peut-on donc aller dans le reniement du Christ et l’opprobre du Christ pour garder la paix avec les ennemis de Dieu ? Quand l’on demande au Dr. Billy Graham ce qu’il pensait de l’histoire d’Adam et d’Eve, il répondit :

« L’histoire d’Adam ? La manière dont vous y croyez ne change rien à la doctrine. Ou bien, à un certain stade de l’évolution, Dieu insuffla en l’homme-singe qui était Adam, ou bien (ce que je croirais moi-même) Dieu prit une poignée de poussière et créa l’homme en y soufflant dessus, oui exactement ainsi[15]. »

Pour le Dr. Graham alors la question de Vérité n’existe plus. Deux affirmations contradictoires peuvent également être vraies. C’est la démission de la raison, la disparition de toute droiture intellectuelle et en conséquence de toute véritable droiture morale, que nous avons déjà évoquée. La foi chrétienne toute entière ne dépend-elle pas de la véritable définition donnée par Dieu de la nature de l’homme ? N’est-il que matière animée, le dernier produit d’une évolution Progressive, qui a passé de la nature morte aux végétaux, à l’animal et finalement à l’homme[16] ; comme le prétend la mythologie évolutionniste ? Ou bien est-il, selon l’Écriture, créé à l’image même de Dieu, par le Dieu Créateur tout-puissant, et ceci par un acte particulier de Dieu qui le différencie qualitativement du reste de la création sur laquelle Dieu lui a donné autorité ? La réponse que nous donnerons à la question de la nature de l’homme décidera de notre foi chrétienne ou de notre incrédulité impie. Il est absolument faux de dire, comme le fait le Dr. Billy Graham, que « la manière dont vous croyez à l’histoire d’Adam n’affecte aucunement la doctrine ». Non, la manière dont nous lisons et croyons le récit de la création détermine en fait toute la doctrine chrétienne[17]. Un docteur qui affirme le contraire est de toute évidence un faux docteur.

Ces considérations nous conduisent à examiner la doctrine de l’Écriture que professe le Dr. Billy Graham. Voici ce qu’il écrit :

« Je ne pense pas que le fondement de notre communion avec d’autres chrétiens doit être l’infaillibilité de l’Écriture. Le fondement de notre communion doit être la divinité de notre Seigneur Jésus-Christ. J’adhère moi-même au point de vue de l’inspiration verbale ; je pense que toute autre position est sujette à de graves dangers. Néanmoins beaucoup d’évangéliques éminents, et même des fondamentalistes, quand on les serre de près, rejettent la doctrine de l’infaillibilité de l’Écriture. J’ai moi-même adopté uniquement par la foi la position que je tiens. Mais je connais des hommes de Dieu, des hommes de piété, qui croient à la naissance virginale, à l’expiation, à la résurrection, qui ont beaucoup de zèle et de ferveur pour l’évangélisation et qui ne peuvent accepter cette théorie particulière de l’inspiration… 

Ma position en tant que « prédicateur de l’évangile » est très différente de celle que je tiendrais si j’étais directeur d’une École Biblique, pasteur d’une Église, ou professeur de théologie. Bien que je m’appuie sur une position théologique ferme, néanmoins j’affirme que dans le proclamation de l’Évangile il peut y avoir flexibilité de communion[18]. »

Le pasteur Ian Paisley commente très justement ces remarques comme suit

« Quand l’infaillibilité de l’Écriture est rejetée comme le fondement de la foi et de la communion la voie est ouverte toute grande pour la reconnaissance de l’Église de Rome comme église chrétienne et pour la communion avec elle.

Ne vous leurrez pas. La Parole Inspirée et la Parole Incarnée sont divinement unies et la tentative de Billy Graham de les séparer est une œuvre du Diable[19]. »

Le pasteur Paisley a mille fois raison. Le lien entre la Parole de Dieu et la parole humaine dans la Bible écrite est aussi étroit que le lien entre la nature divine et la nature humaine dans la personne de Jésus-Christ. Deux natures dans une personne, indissolublement unies mais sans confusion[20]. Celui qui affirme, comme le fait le professeur Karl Barth, que le Bible contient la Parole de Dieu mais ne l’est pas, tomberait dans le même erreur antichristique que celui qui affirmerait que la personne de Jésus-Christ homme, contient la nature divine mais ne l’est pas. Tous les grands Conciles de l’Église, au moins jusqu’à Chalcédoine, ont formellement condamnés de telles distinctions, comme n’étant rien d’autre qu’une négation de la divinité du Christ . La Parole écrite de Dieu ne peut être séparée de la Parole faite chair. Celui qui nie l’inspiration divine parfaite des Saintes Écritures – la Parole écrite de Dieu – nie par ce fait même l’incarnation de Dieu en Jésus, la Parole faite chair. Et c’est la parole écrite de Dieu, la Bible, et elle seule, qui nous révélé par l’Esprit Saint, qui est ce Fils de Dieu. Nous lisons dans le périodique réformé français « Tant qu’il fait jour » les lignes suivantes :

« Pierre Courthial[21] compare l’ »inscripturation » de la Parole dans la Bible au mystère de l’Incarnation. Jésus-Christ est vrai Dieu (« Mon Seigneur et mon Dieu ») et vrai homme ; les pères de Chalcédoine ont montré qu’il y a entre ces deux natures distinction mais non séparation, Eh bien, cette définition peut être appliquée à la Parole dans la Bible : on y trouve un langage humain, mais celui de Dieu. On y entend la langage humain de Dieu, Dieu nous parle[22] ».

L’Écriture inspirée, « Dieu a parlé à nos père par les prophètes » (Hébreux 1 :1), est un type prophétique du Fils de Dieu incarné. Et de même que toutes pensées doivent être amenées captives à Christ (II Corinthiens 10 :5), la Parole écrite est elle seule la norme de tout le réel. La réalité scientifique, sociologique, psychologique, terrestre et céleste, visible et invisible, naturelle et angélique, toutes ces réalités doivent être soumises à la révélation conceptuelle normative des Saintes Écritures, à la Bible. Le péché n’est que l’autonomie par rapport à cette autorité souveraine. « Le ciel et la terre passeront mais mes paroles ne passeront pas. » (Matthieu 24 :35)

Mais disons-le tout de suite, le Dr. Billy Graham est fort conscient de toutes ces choses, ainsi qu’en témoignent les nombreuses affirmations parfaitement orthodoxes que nous pouvons tirer de ses ouvrages. Nous nous contentons de citer et de commenter quelques passages de son livre « Un monde enflammes[23] ». Voici ce qu’il écrit

« La vérité biblique ne suit l’opinion humaine d’aucune génération ; en fait elle s’y oppose ! Nous devons être des témoins et non des imitateurs. Les prophètes qui ont parlé de la part de Dieu à leur génération ne se conformaient pas ni n’étaient populaires : ils irritaient et s’opposaient[24]. »

Voilà la Vérité bien exprimée ! Mais pourquoi le Dr. Billy Graham se croit-il, comme nous l’avons souvent constaté, libre de ne pas mettre en pratique ce qu’il affirme ? Un prophète est tenu de dire la Vérité en face, ouvertement. Cela n’est simplement pas possible si l’on cherche à s’entendre avec tous, à concilier tout le monde. Pensons à la période où le Dr. Billy Graham avait porte ouverte à la Maison Blanche. Pourquoi rechercher la compagnie des grands de ce monde si l’on est pas ambitieux pour soi-même ? Comment les puissants du moment pouvaient-ils tolérer sa présence s’il leur disait la Vérité ? Lui-même n’écrit-il pas très bibliquement que Vérité et popularité ne font que bien rarement bon ménage ! Dans cet ouvrage, il dénonce très justement les péchés de notre siècle, amour de l’argent, imitation du monde, manipulation des masses, utilisation de techniques impies pour s’assurer un plus grand rendement. Mais pourquoi alors emploie-t-il lui-même continuellement ces mêmes méthodes qu’il dénonce si justement ?

« La religion chrétienne a été commencée par Jésus-Christ qui ne ressemblait en rien à un riche Européen ou Américain. C’était un pauvre charpentier du Moyen-Orient. La Bible dit : « Vous connaissez la grâce de votre Seigneur Jésus-Christ, qui pour vous s’est fait pauvre, de riche qu’il était, afin que par sa pauvreté vous fussiez enrichis » (II Corinthiens 8 : 9)[25]

N’est-ce pas du moins étrange d’entendre le Dr. Billy Graham parler ainsi (très bibliquement) de pauvreté alors que toute son œuvre d’évangélisation est fondée sur des moyens techniques de propagande religieuse extrêmement sophistiqués et uniquement à la portée d’une organisation travaillant avec des moyens financiers très considérables. Quelle dépense pour une seule campagne d’évangélisation ! Mais nous demandons, pourquoi rechercher l’éclat extérieur, visible, si c’est l’Esprit qui doit convaincre de péché ? Jésus-Christ n’avait rien pour attirer les regarde, rien pour plaire :

« Il n’avait ni beauté, ni éclat pour attirer nos regards, ni rien, dans son aspect, qui put nous le faire aimer. Il était méprisé, abandonné des hommes. Homme de douleurs, connaissant la souffrance, il inspirait le mépris comme un objet à la vue duquel on se couvre le visage ; et nous n’avons fait aucun cas de lui. » Esaïe 53 : 2-3

Voici ce qui en est pour notre Seigneur Jésus et nous serions dispensés de suivre ses traces ? Pour Paul et les autres apôtres, vrais disciples du Christ, il en était de même que pour leur Seigneur :

« Car il me semble que Dieu nous a exposés, nous les apôtres, comme les derniers des hommes, comme des condamnés à mort, nous donnant en spectacle au monde, aux anges et aux hommes…  À cette heure encore, nous souffrons de la faim et de la soif ; nous sommes nus ; nous sommes souffletés ; nous errons çà et là ; nous nous fatiguons à travailler de nos propres mains. Injuriés, nous bénissons ; persécutés, nous supportons ; calomniés, nous exhortons : Maintenant encore nous sommes comme les balayures du monde, le rebut de tous les hommes. » I Corinthiens 4 :9-13

Et nous, nous serions dispensés de suivre les traces des apôtres de Jésus-Christ ? Jésus-Christ et les apôtres recherchaient-ils cet opprobre, ces misères, cette souffrance ? Certainement pas. Mais si nous suivons leurs traces, si nous sommes conformés par l’Esprit Saint à notre Seigneur Jésus-Christ, nous pouvons affirmer avec l’Écriture que la souffrance sera souvent notre compagne. Et puis, si l’évangélisation repose sur l’organisation, sur les beaux chants, sur l’argent, sur l’attraction, le confort, celui qui entend la parole appelant à la repentance sur toutes ces questions n’aura-t-il pas de ce fait des difficultés supplémentaires et inutiles à la mettre en pratique ? Le Dr Billy Graham remarque plus loin à ce sujet :

« Si nous laissons notre foi chrétienne s’adultérer par le matérialisme, s’altérer par le sécularisme et se mélanger d’humanisme, nous ne pouvons résister à un système qui s’est juré de nous anéantir[26]. »

Puisque le Dr. Billy Graham voit si clairement que le Christianisme est en lutte avec un système mauvais qui cherche sa perte et que l’adultération de la foi chrétienne est le commencement de sa ruine, pourquoi donc se compromet-il continuellement avec le « matérialisme », le « sécularisme » et avec l’ » humanisme » ? Il écrit encore sur la propagande :

« il est terrifiant de constater comment les foules peuvent être poussées à croire à peu près n’importe quoi, de vrai ou de faux, pour autant que ce qu’on leur offre soit présenté d’une manière conforme à leurs habitudes d’information… Le cinéma et la télévision, avec une égale aisance, dirigent et modifient la pensée des gens en matière de politique, de moralité et de problèmes sociaux de grande importance. Dans la pénombre d’un salon ou d’une salle de spectacle, les conditions psychologiques sont parfaites pour insinuer des idées à l’esprit des gens qui sont assis confortablement et qui prêtent toute leur attention aux images qui défilent devant eux. Des tests nombreux effectués sur des écoliers et des étudiants d’université ont prouvé qu’un film ou qu’un programme de télévision peut agir comme un lavage de cerveau[27]. »

Puisqu’il décrit ainsi, en toute connaissance de cause, les effets de la manipulation des masses, pourquoi fait-il lui-même si largement usage de telles méthodes pour l’évangélisation ? Évidemment l’usage de pareilles techniques de propagande dans l’œuvre de l’Évangile peut facilement dispenser celui qui les pratique de se sanctifier pour les autres, de souffrir pour les autres les douleurs de l’enfantement spirituel selon l’expression de Saint Paul « La mort agit en moi et la vie en vous. » (II Corinthiens 4 :12). Le Dr. Billy Graham est en complète contradiction avec lui-même, ses paroles contredisent son action.

« Comment une société développe-t-elle le genre de psychose qui nous paralyse aujourd’hui ? Cette psychose est le produit de plusieurs facteurs : la perte de la foi religieuse, une éducation malheureuse, et trop de facilité. Dans son livre « 1984 », George Orwell décrit ce qu’il appelle la « double pensée ». Son idée n’est pas originale car la Bible a parlé d’ » un homme irrésolu, inconstant dans toutes ses voies » (Jacques 1 :8). Nous vivons dans un état d’irrésolution qui pourrait mettre en danger notre vie même. La « double pensée » ou l’irrésolution est la faculté de maintenir deux croyances contradictoires dans son esprit et de les accepter toutes deux… Nous déclarons que nous sommes chrétiens mais une grande partie de notre littérature, de nos habitudes sociales et de nos intérêts profonds ne sont pas chrétiens du tout, ils sont entièrement séculiers… Les idéaux peuvent facilement se changer en mots d’ordre, en simples slogans. L’idéal s’adultère ; il cesse d’être une expérience authentique et devient une idole extérieure à laquelle nous rendons hommage, que nous employons pour couvrir notre immoralité et notre manque d’honnêteté[28]. »

Ce texte définit bien mieux que nous ne saurions le faire le fossé que nous sommes obligés de constater entre ce que sait parfaitement bien le Dr. Billy Graham et qu’il dit et ce qu’il fait. Ce texte a la résonance d’une confession personnelle. Mais une telle ambiguïté n’est pas sans effet sur l’Église de Dieu, sur le peuple des évangéliques, des réformés, des catholiques et même des incroyants, qui écoutent et se laissent induire en confusion par une trompette dont le son est si trouble :

« Et si la trompette rend un son confus, qui se préparera au combat ? » 1 Corinthiens 14 :8

N’avons-nous pas là un véritable endormeur du peuple de Dieu ?

Nous voulons analyser un peu plus à fond pourquoi chez le Dr. Billy Graham ce qu’il appelle « l’idéal » s’est adultéré et pourquoi son œuvre d’évangélisation est devenue une façade qui cache son infidélité aux exigences de la Parole de Dieu. Pour ce faire nous citerons encore l’excellent étude du Dr. Ch. Woodbridge :

« Si un évangéliste poursuit un but louable, tel que le salut des âmes, et pour ce but est prêt à faire cause commune avec de faux docteurs qui rejettent des parties de le Parole de Dieu, et s’il est d’accord d’être patronné par de telles gens, son travail ne sera que de la casuistique. Il aura accepté de faire le mal afin qu’en découle le bien. Ceci est expressément interdit par l’Écriture.

Le Dr. Martin de Haan et moi-même étions les orateurs d’une Conférence Biblique à Miami Beach en 1964. Après une de mes études un groupe de dames me demanda : « Que pensez-vous des croisades d’évangélisation de Graham ? » Je répondis : « Ce que je pense de ces croisades n’a aucune importance. La question fondamentale est bien plutôt : Que nous enseigne la Parole de Dieu au sujet de telles croisades ? ».

J’ai parlé en toute franchise à ces dames en leur disant : « D’habitude je ne discute pas de telles questions avec des dames, parce que vous vous laissez normalement conduire par votre cœur plutôt que par votre tête. Et quand cela est le cas, le désir de votre cœur est de voir des âmes sauvées. Vous n’êtes sans doute pas décidées à faire l’effort de penser clairement et d’agir ensuite avec obéissance… »

Ces dames de Miami Beach ont répondu : « Nous sommes prêtes à réfléchir et à obéir. »

Je leur ai demandé d’ouvrir leur Bible et de lire II Jean 10 :11 . Ce qu’elles firent.

« Si quelqu un vient à vous et ne vous apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison et ne lui adressez pas le salut fraternel. Car celui qui lui adresse ce salut participe à ses mauvaise œuvres. »

« Croyez-vous aux paroles de Jean ? » leur demandai-je, « Nous y croyons », répondirent-elles.

Je continuai : « Selon ces versets quelle est la ligne de conduite à laquelle les croyants doivent se tenir à l’égard d’un faux docteur qui nierait la doctrine du Christ ? » Elles répondirent : « Ils ne doivent avoir aucune communion avec lui. »

Je leur posai ensuite cette question : « Si les croyants désobéissent à Dieu et acceptent d’avoir communion avec des hérétiques, que dit la Parole de Dieu à leur sujet ? » Elles répondirent correctement : « Ils participent aux mauvaises œuvres de l’hérétique. »

« Maintenant, continuai-je, êtes-vous prêtes à faire le prochain pas ? Faites bien attention. Réfléchissez. Et ne vous rétractez pas ! »

En 1956 l’évêque Gerald F. Kennedy de l’Église Méthodiste de Los Angeles écrivit un livre intitulé « La Bonne Nouvelle de Dieu ». Avec beaucoup d’éloquence il y nie la divinité du Christ.(II Jean 9). Quelle relation devra avoir celui qui croit à la Bible avec cet évêque Kennedy ? »

Ces dames répondirent fort correctement : « Les croyants ne doivent avoir aucune communion spirituelle avec lui. »

Je leur demandai : « Ce principe biblique a-t-il été annulé ou abrogé à notre époque ? » Elles répondirent : « Il ne l’a pas été. »

« Très bien », leur dis-je. « Nous en arrivons maintenant au point crucial de cette discussion. Qu’est-ce que nous enseigne la Bible au sujet des croisades Graham, au sujet de l’évangélisation œcuménique, au sujet d’un joug inégal avec des incrédules ? Notez bien ce qui s’est passé. Le président honoraire de la croisade Graham à Los Angeles ne fut personne d’autre que l’évêque Gerald F. Kennedy de l’Église méthodiste. Est-il nécessaire d’ajouter quoi que ce soit ? »

Le but, la fin , les motivations ou les intentions de l’évangéliste, quels qu’ils puissent être, ne sont d’aucune espèce d’importance. Ce qui importe c’est que dans l’accomplissement de ses désirs il ne désobéisse pas à Dieu. La fin ne justifie jamais les moyens. (Romains 3 : 8)

La Parole de Dieu nous enseigne que les croyants ne doivent jamais être gouvernés par le principe du « succès », mais bien plutôt par une fidélité inébranlable à la Parole. L’idée que l’homme se fait du « succès » est souvent très différente de celle de Dieu. L’homme doit se laisser uniquement gouverner par les principes bibliques et laisser les résultats à Dieu. Si le succès était notre critère du juste, nous serions tous des communistes, car quel n’est pas le succès des communistes ![29] »

Mais voyons un peu le fruit que produit une pareille casuistique chez le Dr. Billy Graham. Voilà un homme qui pendent des années a clairement averti ses auditoires sur l’incompatibilité du Christianisme et du communisme et sur la menace totalitaire mondiale du communisme[30]. Que fait-il quand le politique anti-Communiste du gouvernement des États-Unis passe à la détente ? Un texte reproduit par la revue évangélique « Résister » nous renseigne fort utilement à ce sujet :

« D’après le « Chicago Tribune » du 7 août 1970, vous avez dit que vous refusiez de discuter le communisme. « Je ne puis parcourir le monde en disant qui a raison et qui a tort. » Si l’apôtre Paul n’avait pas su qui avait raison et qui avait tort, il n’aurait pas parcouru le monde. C’est là ce que doit faire un évangéliste.

Je lis dans « Christian News » du 13 mars 1972 : « L’évangéliste B. Graham a dit – lors de la visite du président Nixon en Chine communiste – à Melbourne, Floride, que cette visite donnait à des millions de personnes du monde entier un nouvel espoir de paix pour une génération au moins. » Depuis lors, l’évangéliste chinois, Watchman Nee, a trouvé la paix dans un cimetière, après avoir souffert vingt ans dans une prison de Mao. Votre collègue, l’évangéliste chinois Wang-Min-Dao, continue de bénéficier d’une paix profonde dans une cellule de prison où il est détenu depuis vingt-huit ans. Aucune cloche d’église ne trouble la paix de la Chine Rouge. Toutes les églises y sont fermées… 

Le 28 mai 1973, les « Mainichi Daily News » du Japon ont publié votre déclaration : « Les huit préceptes de Mao Tsé-Toung sont fondamentalement les mêmes que les Dix Commandements. Si nous ne pouvions faire lire les Dix Commandements dans nos écoles, je voterais pour les huit préceptes de Mao-Tsé-Toung. »

Les Dix Commandements commencent par ces mots : « Je suis l’Éternel ton Dieu. » Les premiers huit préceptes de Mao déclarent qu’il n’y a pas de Dieu. Les Dix Commandements disent : « Tu ne tueras point. » Mao recommande de torturer et de tuer l’ennemi de classe. Les Dix Commandements recommandent : « Tu ne déroberas point. » Mao a volé le Tibet et il enseigne qu’il faut exproprier les capitalistes, les propriétaires et, pendant qu’on y est, aussi les petits fermiers et les propriétaires de salons de coiffure … » Richard Wurmbrand[31]

De telles remarques de la part du Dr. Billy Graham nous laissent songeurs. Voilà un homme qui a une audience mondiale. Un homme qui a une position religieuse telle aux États-Unis que l’on en vient à l’affubler du titre peu enviable de « Mr. Christian ». Face à une affaire telle que celle du Watergate, quelle fut l’attitude de cet évangéliste intime des grands du moment ? Comment a-t-il exercé le ministère prophétique qu’il définit si bien ? Voici ce que nous rapporte le périodique évangélique anglais « Crusade »

« La solution que propose le Dr. Graham est dans trois directions : un réveil national est nécessaire, réveil fondé sur la repentance pour les péchés individuels et sociaux : l’affaire du Wetergate devrait être située dans sa perspective historique juste, à la lumière des machinations politiques malhonnêtes et des années de déblatération publique de la fin du siècle dernier. Finalement les moyens de communication de masses devraient se joindre aux églises et à la synagogue employant leur immense puissance pour rallumer les braises mourantes de la vie spirituelle et morale de la nation[32]. »

Un tel programme est très curieux dans la bouche d’un chef chrétien. Les prophètes de l’Église ou d’Israël ne se contentaient pas d’une prédication générale contre le péché. Ils faisaient comme Pierre à la Pentecôte :

« Par beaucoup d’autres paroles, il leur adressait les exhortations les plus pressantes, en disant : « Sauvez-vous du milieu de cette race perverse ! » » Actes 2 : 40

Et puis nous savons parfaitement que les mass-médias sont autant de moyens de manipulation et que de subir longuement leur influence rend inévitablement les gens malléables. On ne peut parvenir à une restauration morale par des moyens qui encouragent la passivité. Et qu’est-ce donc que cette alliance que nous avons vu à plusieurs reprises proposée entre la synagogue et les églises ? Nous savons que tant qu’il ne reconnaît pas le Messie, celui qu’il a percé, Jésus venu en chair, le peuple juif est apostat. Les églises qui s’associent à la « synagogue de Satan » ne seraient-elles pas aussi apostates, « demeures de démons » ? Qui se ressemble s’assemble. Mais la lumière, nous le savons, ne peut demeurer avec les ténèbres, ni Christ avec Bélial. Il semblerait que dans l’immense construction œcuménique, syncrétiste actuelle, la tâche INCONSCIENTE à laquelle s’emploie le Dr. Billy Graham (et tous ceux qui ont adoptés ses méthodes de compromis et de collaboration avec des chefs d’églises apostates) est d’entraîner beaucoup de chrétiens évangéliques mal affermis – ceux qui, n’ayant pas l’amour de la Vérité et ne voulant pas porter chaque jour leur croix (le prix de l’obéissance aux commandements de Dieu), ont construit leur maison sur le sable – oui, les entraîner vers cette immense Église œcuménique qui se construit, Église politique et sociale, pleine des prodiges et des miracles de Satan, mais hors de la Vérité, se glorifiant de son succès et non de la Croix.

Une telle infidélité à l’enseignement que nous donne la Bible de la part du Dr. Billy Graham a certes suscité de nombreux avertissements de la part de ses frères. La plupart de ceux qui ont prodigué ces avertissements n’ont pas cru utile de rendre publiques leurs démarches veines auprès du Dr. Billy Graham. Nous citerons ici deux de ces avertissements que leurs auteurs ont rendu publics. Le premier est celui du Dr. Woodbridge qui écrit :

« J’ai parlé précédemment de la politique inclusiviste du Dr. Graham. Il n’hésite pas à fraterniser avec les dirigeants du Conseil Œcuménique des Églises et avec des ecclésiastiques et des enseignants catholiques. Beaucoup de ceux qui se convertissent à ses réunions sont dirigés vers des Églises modernistes. Tout ceci est bien pénible.

Mais la Bible ne nous dit-elle pas que le croyant qui trouve à redire au comportement de son frère doit d’abord lui en parler personnellement avant d’exprimer publiquement son opposition à ce qu’il fait ? Voyez par exemple le texte de Matthieu 18 :15, C’est exactement ainsi que j’ai procédé. Le Dr. Graham est venu me rendre visite à Altohena en Californie en 1958 afin de parler de ces choses. Nous en avons discuté pendant deux heures. Je lui ai indiqué Romains 16 :17. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour le convaincre de mettre fin à sa collaboration avec des incrédules dans la conduite de ses campagnes d’évangélisation. Mais ce ne fut qu’en pure perte[33]. »

Voici ce qu’écrit par ailleurs le Dr. Kurt Koch de ses vaines démarches auprès du Dr. Billy Graham :

« J’ai assisté en automne 1966 en compagnie d’environ deux mille délégués, d’observateurs et d’organisateurs au Congrès d’Évangélisation Mondiale de Berlin. Parmi ceux qui dirigeaient les divers groupes de discussion se trouvait Oral Roberts qui avait été publiquement accueilli par Billy Graham sur l’estrade. En tant que délégué j’ai écrit au comité l’informant du fait que le pouvoir de guérisseur d’Oral Roberts était bien plutôt de nature ésotérique que la manifestation d’un Véritable charisme.

Cette lettre provoqua une vive colère parmi ceux qui l’ont lue et le jour suivant Billy Graham présenta à nouveau Oral Roberts à l’immense auditoire l’entourant de son bras et le nommant son « frère ». Depuis plusieurs années, ce manque de discernement de la part de Billy Graham et de son comité est pour moi cause de souci. Jusqu’à présent je ne voulais rien écrire à ce sujet par crainte de faire du mal à leur travail, travail que je respecte et que je ne voudrais surtout pas entraver. Néanmoins, à cause du tort immense causé par Oral Roberts dans de nombreuses parties du monde, je ne me sens plus libre de me taire. J’ai évoqué ce problème avec le regretté Dr. ERDMAN, ami de Billy Graham au temps où il était encore doyen de Wheaton College. Il n’eut aucune peine à comprendre et à apprécier l’avertissement que je désirais donner. J’ai aussi parlé avec John BOLTEN, le trésorier de l’organisation Billy Graham, lorsque nous nous sommes trouvés tous les deux au Château MITTERSILL en Allemagne. Mon désir était que ces hommes qui sont parmi les meilleurs amis de Billy Graham puissent lui parler personnellement de cette question, mais j’ignore jusqu’à ce jour ce qu’il en est advenu (…) Ainsi après beaucoup de prières et après plusieurs tentatives infructueuses d’avertir et Billy Graham et ses amis, je me sens obligé d’attirer l’attention des chrétiens sur ces faits. Et j’en parle en connaissance de cause, ayant pu observer personnellement, dans plusieurs pays à travers le monde entier, les effets négatifs du travail d’Oral Roberts.

Bien qu’Oral Roberts ne s’en rende probablement pas compte lui-même, sa puissance du guérison est plutôt révélatrice d’une compétence de médium que la manifestation d’un véritable don du Saint-Esprit. Il est possible qu’à l’origine il ait reçu ces pouvoirs de médium du vieil Indien qui le guérit dans sa jeunesse. Il parla de cette guérison au Congrès de Berlin…

Au cours du Congrès d’Évangélisation de Berlin eut lieu un incident particulièrement significatif. Il se produisit durant la réunion d’un des sous-comités présidé par Oral Roberts. Environ 300 délégués y étaient présents et entre autres le pasteur PAGEL, l’évangéliste Léo JANZ et moi-même. Roberts venait de parler sur le sujet de la guérison lorsque l’un des Américains présents lui posa la question : « M. Roberts, n’est-il pas vrai qu’au cours de vos émissions télévisées il vous arrive de demander aux téléspectateurs de poser un verre d’eau sur le poste de télévision qu’ils regardent ? » Après une réponse affirmative, celui qui le questionnait poursuivit : « N’est-ce pas vrai aussi qu’à la fin de ces émissions vous demandez aux téléspectateurs de boire l’eau contenue dans le verre posé sur le poste s’ils désiraient le la guérison ? » Et de nouveau, en présence d’environ 300 délégués, Oral Roberts répondit : « Oui ». C’était honnête de sa part. Mais de quel genre de guérison s’agit-il ici ? Il arrive aussi que dans des émissions semblables, l’on demande à l’un des téléspectateurs de poser une main sur le poste de télévision et avec l’autre de former une chaîne avec les autres téléspectateurs présents. Mais l’on retrouve ce genre de pratique chez les spirites qui font tourner les tables et alors ces chaînes humaines sont formées pour faciliter le passage du fluide spirite[34]. »

Une collaboration avec de telles forces occultes (pour ne pas répéter ce que nous avons déjà écrit sur ses compromis doctrinaux et ecclésiastiques avec les principales hérésies de notre temps) explique bien suffisamment l’aveuglement qui caractérise le ministère actuel du Dr. Billy Graham. Comment le Dr. Graham en est-il arrivé à un pareil aveuglement ? Tout simplement en refusant d’écouter les avertissements et les exhortations fraternelles qui lui ont été prodiguées par de nombreux serviteurs de Dieu.

Il nous faudrait une fois sérieusement prendre le mesure de ce temps impie et impitoyable que nous vivons. L’Église œcuménique apostate s’appuyant sur le monde, imitant le monde et renonçant au Christ, prend sa force de l’état et n’est rien sans lui. Cet état n’est maintenant presque jamais le pouvoir juste établi par Dieu sur les hommes pour exercer la justice, faire respecter la loi de Dieu par tous. C’est un état amoral, injuste, qui dirige une société d’hommes qui se prétendent « éclairés, libres et heureux », sans Dieu, sans Jésus-Christ et sans la loi donnée par Dieu. Notons, entre bien d’autres faits, que notre temps fait passer sa liberté, son bonheur et ses lumières par l’assassinat, avant leur naissance, de petits enfants par leurs propres parents. Il pratique, sous prétexte de traitement, des tortures chimiques et électriques sur des fous sans défense ; on y abandonne les parents, enterrés vivants dans des asiles de vieux par leurs enfants qui ont perdu tout sens filial ; on y organise, par esprit de lucre et sans vergogne, des « camps de concentration » d’élevage de poules et de bétail.

Partout disparaît le respect et le désir même de la vie[35]. La loi de Dieu, donnée pour la vie de Ses Créatures, est partout bafouée. En conséquence l’on assiste depuis plusieurs siècles au délabrement « progressif » des structures morales de la personne. Ces structures morales sont bâties en nous par notre obéissance quotidienne aux commandements de Dieu. Ces structures, par contre, sont démolies par notre négligence et notre désobéissance aux commandements de Dieu. Cette de-structuration morale de la personne s’est accélérée sous l’influence d’une société conduite selon des principes amoraux, ainsi que par les effets destructeurs du travail industriel moderne qui implique nécessairement qu’une partie non négligeable de la personne soit atrophiée. Les « loisirs » ne font que refléter ce vide moral et personnel du travail en le prolongeant trop souvent dans les loisirs oisifs des hommes. La conséquence en est que les structures morales, tant PERSONNELLES que SOCIALES protectrices de notre personne, existent de moins en moins, en particulier chez ceux qui suivent béatement ce « progrès » néfaste. Néanmoins l’homme restant toujours une créature créée à l’image de Dieu, le demeurant même dans le péché le plus profond, ne pourra jamais détruire totalement les structures morales enracinées en lui. Même l’homme le plus mauvais, le plus fou, ne CESSERA JAMAIS d’être cette CRÉATURE CRÉÉE à l’image de Dieu et en conséquence RESPONSABLE MORALEMENT devant Dieu de ses actes.

Ces quelques constatations expliquerait, du moins en partie, l’étonnante malléabilité de nos contemporains et plus particulièrement leur ouverture aux influences « mystiques » directes. Beaucoup de chrétiens sont en effet ouverts aux expériences surnaturelles occultes parce qu’ils n’ont pas connu le chemin de la sanctification, de la structuration selon Dieu de leurs personnes, ayant renoncé à l’accomplissement banalement quotidien des commandements de Dieu. La conséquence en est immanquablement une faiblesse psychique qui aboutit à une soif d’expériences plus où moins spectaculaires. Cette ouverture de faiblesse, naïve et sans prudence, livre bien trop souvent ceux qui s’y abandonnent aux démons déguisés en anges de lumières[36].

À une civilisation sans âme, disait le philosophe Henri Bergson, il faut un « supplément d’âme ». Mais les « suppléments d’âme » que nous offrent tous les spiritualismes de notre époque ne sont que de vains palliatifs au vrai problème qu’est le manque de vie des hommes. Car il ne s’agit pas en premier lieu d’une civilisation « sans âme », mais d’une civilisation sans loi morale et en conséquence sans le Dieu vivant. Le manque de vie des hommes vient de leur péché qui les coupe de  la source de vie, du Créateur de la vie.  Ayant été nous-même de leur nombre, nous comprenons que trop bien ces hommes à la recherche, en toutes directions, de ces « suppléments d’âme » qui ne résolvent rien, ne peuvent donner de salut, car ils ne sont qu’une compensation artificielle au mal et non la réponse de Dieu au mal[37]. Ce ne sont que les divertissements dont nous parle Pascal dans ses « Pensées ». La solution à ce manque d’âme, de vie, est d’abord éthique et non seulement ontologique. C’est-à-dire que le mal qui ronge l’homme n’est pas une simple coupure d’avec le vie qu’un supplément de vie, comme des vitamines spirituelles, pourrait simplement combler. Ce mal est un mal MORAL. Ce qui nous coupe de la vie ce sont nos INFRACTIONS à la LOI de DIEU. C’est le PÉCHÉ qui nous livre à la puissance de la mort. Il nous Faut reconnaître notre péché comme tel, admettre que nous avons enfreint la loi immuable et parfaite de Dieu, nous en repentir et crier au Dieu miséricordieux avent de recevoir de Dieu la vie nouvelle qui nous fait si cruellement défaut. Avant de pouvoir recevoir la vie éternelle en Jésus-Christ il faut d’abord qu’ait lieu la prédication de la loi de Dieu, qui par l’Esprit Saint doit nous convaincre de notre péché et de la colère de Dieu contre les pécheurs. Seulement alors est-il utile de présenter au pécheur repentant l’œuvre salutaire de Jésus-Christ qui s’est fait péché pour nous afin de porter sur le croix le poids de la colère de Dieu sur notre péché. Tous ces « suppléments d’âmes », sans renoncement à ce péché qui détruit nos âmes, que nous offrent les spiritualismes de notre époque – chrétiens ou païens – ne sont que des illusions du Diable qui nous enfoncent toujours davantage dans notre mort dans nos péchés. Tout « supplément d’âme » non précédé de vraie repentance n’aboutira à la longue qu’à l’une ou l’autre des formes de l’occultisme. Voici le prix à payer en conséquence de la négligence criminelle actuelle des Églises de prêcher la loi de Dieu qui conduit à reconnaître notre péché et à préparer ainsi la voie du Seigneur Jésus-Christ dans nos vies.

Face à cette situation morale et spirituelle dramatique, que nous dit le Dr. Billy Graham ?

« Billy Graham déclarait récemment qu’il est convaincu que nous sommes au bord d’un immense réveil et que cet âge finira comme il a commencé, avec des signes, des prodiges et des miracles, à la gloire de Dieu[38]. » (123)

Ceci est en flagrante contradiction avec les prophéties bibliques qui nous déclarent qu’à la fin tout ira mal, qu’il n’y aura presque plus de vraie foi, mais que par contre Satan manifestera d’innombrables prodiges qui séduiraient, s’il était possible que cela se fasse, les élus eux-mêmes. Comment le Dr. Billy Graham peut-il parler clairement, cherchant comme il le fait la paix avec tous ? (Exception faite bien sûr de ceux qui lui demandent de justifier bibliquement son action ?) Comment peut-il être-un vrai prophète s’il est ami des grands de ce monde ? Dans le cas de l’affaire Watergate, il ne pouvait rien dire de sérieux (hormis ces quelques généralités et cette proposition « œcuménique » qui finirait par entraîner les vrais chrétiens ayant confiance en lui vers la grande machine religieuse qui se construit), car il était l’ami intime et de Richard Nixon et du président de la commission d’enquête sur l’affaire Watergate, le sénateur Erwin !

À l’époque même où se produisaient ces évènements nous entendions des avertissements prophétiques d’un Alexandre Soljenitsyne. Quel contraste saisissant y trouvons-nous avec les paroles du Dr. Billy Graham ! Alexandre Soljenitsyne de la fosse aux lions, du sein de la fournaise ardente, du cœur même de l’empire le plus cruel qu’ait vu notre siècle impitoyable, nous écrivait ces extraordinaires paroles :

« Non, ce ne sont pas les difficultés pour connaître qui gênent l’Occident, c’est le MANQUE DU DÉSIR DE SAVOIR, c’est la préférence émotionnelle donnée à l’agréable sur le pénible. Ce qui dirige une telle connaissance c’est l’esprit de Munich, l’esprit de complaisance et de concession, l’illusion froussarde des sociétés et des hommes qui vivent dans le bien-être, qui ont perdu la volonté de se priver, de se sacrifier et montrer de la fermeté. Et bien que cette voie n’ait jamais conduit à la conservation de la paix et de la justice, bien qu’elle ait toujours été foulée aux pieds et couverte d’injures, les sentiments humains sont plus forts que les leçons les plus claires, et le monde affaibli continue à dessiner des tableaux sentimentaux où la violence s’adoucit magnanimement et renonce volontiers à la supériorité de sa force ; pour l’instant on peut continuer une existence insouciante.

Et si le terrorisme « aérien », de même que tout autre terrorisme, s’est répandu dix fois plus, c’est parce qu’on capitule trop hâtivement devant lui, Et quand on montre de la fermeté, on le vainc toujours, remarquez-le[39]. »

Sur la situation américaine, de Moscou, Alexandre Soljenitsyne trouvait les paroles qui manquaient complètement au Dr. Billy Graham :

« Avant le début de ce XXe siècle habile et agité, l’existence simultanée de deux échelles d’appréciation morale chez un même homme, dans un courant social, voire dans une institution gouvernementale, était appelée HYPOCRISIE. Et comment appellerons-nous cela aujourd’hui ?

Cette perversion générale et hypocrite de l’Occident n’est-elle donc visible que de loin, où non pas de près ?

La vie politique américaine d’aujourd’hui, les leaders du Sénat à la vue faussée et l’ » affaire du Watergate » si bruyante, empestent l’hypocrisie. Sans vouloir aucunement défendre ni Nixon ni le parti républicain, comment ne pas s’étonner de cette fureur feinte et tapageuse des démocrates ? À quoi pensaient-ils donc ? Cette démocratie qui n’a aucune base éthique rigoureuse, cette démocratie qui n’est qu’une lutte d’intérêts, qui ne se situe pas plus haut que les intérêts, une lutte dans les formes constitutionnelles et rien de plus, sans coupole éthique au-dessus de sa tête, eh bien, n’avait-elle pas été pleine de tromperies et d’abus réciproques au cours des précédentes campagnes électorales, à la différence près peut-être, que ces tricheries n’avaient pas atteint le niveau de la technique électronique et qu’elles ont eu la chance de ne pas être découvertes ?

Personnellement, moi qui m’occupe depuis plusieurs années sur des recherches sur la vie russe avant son effondrement, je suis frappé par la ressemblance, apparemment impossible, entre la monarchie russe dans ses dernières années et, par exemple, les États-Unis républicains dans les années actuelles, également les dernières, j’ose le prédire, avant un grand délabrement. La ressemblance ne réside pas dans la sphère matérielle et économique, ni dans le structure sociale non plus, mois dans quelque chose de plus important : dans un manque de retenue psychologique, une émotivité exempte de toute circonspection chez les politiciens[40]. Ainsi, l’assaut furieux des démocrates autour de l’affaire du Watergate semble la parodie de l’assaut furieux et irréfléchi des Cadets (parti constitutionnel K.D. ou Cadets) en 1915-1916 contre Goremykine-Stumer (deux présidents du Conseil en 1914-1916)[41]. »

À côté de textes pareils, que peut-on dire des avertissements du Dr. Graham ? Comme nous l’avons vu, l’examen attentif de certaine passages des écrits du Dr. Graham révèle des déviations doctrinales et des inconséquences extrêmement graves. Pour clore ce dossier nous citerons un texte du pasteur R. J.  Rushdoony[42], l’un des chefs de file du calvinisme américain, qui en relève quelques-unes : 

« Billy Graham, dans un livre[43] dont le but est d’effectuer notre « paix avec Dieu », commence son chapitre sur « le chrétien et l’Église » par cette affirmation : « L’homme est un animal social »[44]. Dans ce cas précis, Graham a établi un meilleur rapport avec Aristote qu’avec Dieu ! L’impuissance de son Christ est manifeste quand il répète l’ancienne hérésie : « Les seuls pieds du Christ sont vos pieds. Les seules mains qu’Il possède sont vos mains. Le seule langue qu’Il ait est votre langue ». Christ ne peut guère être envisagé comme Seigneur et « l’homme est un animal social ». La conclusion logique, que Graham ne tire pas, mais que les théoriciens de l’éducation ont tirée, est que le groupe social est une espèce de Dieu Créateur et Sauveur[45]. »

Voici des remarques qui ne peuvent être laissées de côté à moins que l’on donne « la préférence émotionnelle à l’agréable sur le pénible ». Mais si cela n’est pas le cas, si nous voulons bien regarder en face, à la lumière de la Parole de Dieu, ce qui peut nous être pénible, nous posons une question : Où sont donc alors les Docteurs chrétiens qui auraient le courage de s’attaquer à la pourriture dans le sein de l’Église ? Que dirions-nous d’un chirurgien qui laisserait volontairement croître la gangrène dans le membre d’un patient par crainte d’user du bistouri ?

Que Dieu nous vienne en aide.

J.-M. Berthoud

 [1]Que l’on nous comprenne bien. Dans les citations et les commentaires qui suivent, nous ne nous en prenons aucunement à la personne du Dr. Billy Graham, à ses qualités ou à ses défauts personnels. La question qui nous préoccupe est bien plus doctrinale et ecclésiastique. Nous faisons entièrement nôtres ces remarques (qui en l’occurrence n’étaient pas adressées au Dr. Billy Graham) de Henri BLOCHER (professeur de Dogmatique à la Faculté évangélique de Vaux-sur-Seine) :

               « Dans la confusion présente, une vérité doit être claire : on peut admirer un homme, son caractère et sa            conduite, on peut être ému de son exemple, sans recevoir sa doctrine, sans le juger fidèle à la Parole de        Dieu. On comprend souvent de travers le mot de Jésus : « Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. » Jésus ne    fait pas de la vie la preuve de la doctrine, mais celle du caractère ; les mauvais fruits dénoncent les        hypocrites, « qui disent et ne font pas ». De belles actions nobles, émouvantes, on en trouve chez les païens même, et c’est un effet de la grâce commune de Dieu qui restreint, dans sa patience, les effets du péché.           Ces actions ne prouvent rien sur la doctrine. » (Dans le Bon Combat, octobre 1965)

[2]U.S. News and Word Report, 27 août 1954. Cité par Ian PAISLEY : Billy Graham and the Church of Rom (Bob Jones University Press) 1972. Le fait que nous citons cette étude remarquablement documentée du Révérend Ian Paisley n’implique évidemment pas une approbation sans réserve de l’action de son auteur.

[3]Sur cette question particulière nous recommandons l’article de J.R. BENNET : La croisade Billy Graham à New York. Pourquoi je ne puis lui donner mon appui reproduit dans La Vigie No 1.

[4]Protestant Church Life 29 sept. 1956

[5]Our Sunday Visitor 22 décembre 1962

[6]I. Paisley, op. cit. p. 11

[7]Daily Journal (International Falls, Minnesota) 29 octobre 1963

[8]I. PAISLEY : op. cit. pp. 19-20

[9]Charles WOODBRIDGE, pasteur calviniste américain, élève et associé du Dr. J- GRESHAM MACHEN ( mort en 1937) excommunié de l’Église Presbytérienne aux États-Unis pour ses vues calvinistes orthodoxes.

[10]Séminaire néo-évangélique

[11]Charles WOODBRIDGE : The New Evangelism Bob Jones University Press (Greenvilie, S. Carolina), 1969, pp. 23-25.

[12]The United Church Observer ler juillet 1966. Le Christian Beacon du 18 août 1966 reproduit toutes les questions qui furent posées au Dr Billy Graham ainsi que les réponses qu’il donna par écrit.

[13]Dr. Leslie WEATHERHEAD : The Christian Agnostic (London) pp. 61-63

[14]Observer 1er juillet 1966.

[15]Sunday Magazine juin 1966

[16]L’alternative que présente le Dr. Billy Graham n’est pas à strictement parler entre la théorie classique de l’évolution et l’enseignement biblique de la création, mais entre une évolution dont le moteur serait le Dieu personnel (par opposition à l’évolutionnisme athée où le moteur de l’évolution n’est que le hasard) et la doctrine biblique du fait de Création ex nihilo. La doctrine de l’évolution, même avec un Dieu Personnel comme moteur, n’est simplement pas compatible avec une exégèse rigoureuse du récit de la création dans les premiers chapitres de la Genèse. Il est aussi très intéressant de noter que la théorie de l’évolution est de plus en plus contestée bar les savants, même non-chrétiens, comme étant un mythe nuisible à l’étude scientifique des faits biologiques et géologiques. Par exemple l’introduction de l’édition populaire anglaise (Everyman’s) du classique de Darwin : « L’évolution des espèces » par le Professeur Thompson est une démolition en règle, d’un point de vue strictement scientifique, de l’hypothèse infondée de Darwin. Dieu voulant, nous consacrerons une Documentation Chrétienne à cette question importante.

[17]Voyez l’ouvrage de F. SCHAEFFER : Genesis in Space and Time (I.V.P.) Downers Grove,  1972

[18]Dr. Billy GRAHAM : Separation or Fellowship (The Radio Gospel Fellowship) I. Paisley op. cit. pp. 55-56

[19]I. Paisley op. cit. p. 56

[20]Formule de Chalcédoine, 451 ap. J.-C.

[21]Pierre COURTHIAL, Doyen de la Faculté libre de théologie réformée d’Aix-en-Provence, donnait un cours.

[22]Tant qu’il fait jour No 156, juin-juillet 1975. Voyez tout l’admirable chapitre sur L’Écriture dans Les Adieux d’Adolphe MONOD (pp. 169-177) (Éditions Groupes Missionnaires) Vevey 1956

[23]Dr. Billy GRAHAM : Un monde en flammes (Minneapolis) 1965. Traduction française (Vevey) 1967

[24]op. cit. p. 14.

[25]Dr. Billy GRAHAM : op. cit. p. 29

[26]Dr. Billy GRAHAM : op. cit. p. 30

[27]Dr. Billy GRAHAM : op. cit. pp. 64-65

[28]Dr. Billy GRAHAM : op. cit. pp. 64-65

[29]Dr. Ch. WOODBRIDGE : The New Evangelicalism pp. 38-39

       Il est fort curieux de constater que certains de ceux qui ont abordé le Dr. Billy Graham pour l’avertir « comme un frère », dans un esprit d’amour et de communion spirituelle, ont été désarmés dans leur juste opposition à ses erreurs par son apparente compréhension des reproches qui lui étaient faits. Le Dr. Billy Graham n’en changeait néanmoins rien ni à ses méthodes ni à ses fausses doctrines. Mais ce qui est très frappant et surtout inquiétant est que ces critiques ont été pris d’une incompréhensible sympathie à son égard, sympathie qui avait comme effet immédiat de leur faire cesser d’avertir le peuple de Dieu à son sujet. La communion fraternelle avec le Dr. Billy Graham (même dans un esprit d’exhortation) semblerait rendre aveugles ceux qui s’y livrent sur les erreurs qui leur paraissaient si graves auparavant. Il semblerait que par le mangue de prudence d’une telle communion ces chrétiens participeraient aux mauvaises œuvres du célèbre évangéliste œcuménique et deviendraient en conséquence incapables d’en avertir effectivement le peuple de Dieu. Si c’est par amour pour le pécheur que nous devons l’avertir des conséquences du péché, nous devons être entièrement séparés du mal, avoir le mal en horreur, nous dit l’Écriture, si nous désirons nous garder nous-mêmes.

[30]Voici ce qu’écrivait le Dr. Billy Graham sur le communisme en 1965 : « Le communisme est un grand danger, non seulement pour l’Occident mais pour le Christianisme du monde entier… Dans le grand débat qui agite notre monde occidental au sujet du péril communiste, deux concepts se manifestent. L’un envisage le péril communiste comme quelque chose de presque entièrement extérieur et matériel, résultant d’une agression militaire et d’une expansion territoriale de la part de la Chine ou de la part de la Russie …  L’autre concept voit le péril communiste comme un fait interne, un danger de subversion et d’infiltration. Les deux périls sont réels… Nous considérons le communisme comme un défi au christianisme, et idéologiquement parlant, cela est vrai ; mais aucun système ne peut être ébranlé sérieusement par un ennemi « du dehors » s’il n’a pas été affaibli par un ennemi « du dedans ». Si je suis diamétralement opposé au communisme pour lui-même, je suis davantage inquiet du manque de ferveur du christianisme que du zèle et des intentions des communistes… Le but des communistes est de balayer la religion, car ils pensent que celle-ci est un produit du système capitaliste… »  (Billy GRAHAM : Un monde en flammes pp. 26-29)

[31]Lettre ouverte à Billy Graham de Richard WURMBRAND reproduite par la revue évangélique Résister (Bulletin indépendant d’informations sur le combat de l’Église chrétienne dans notre temps), No 17, mai 1975, pp. 7-8. Cette « lettre ouverte » est parue pour la première fois en français dans la revue Catacombes.

[32]Crusade, juin 1973, p. 10. Nous soulignons.

[33]Ch. WOODBRIDGE : The New Evangelicalism p. 44

[34]Kurt KOCH : Occult Bandage and Delivrance (Berghausen, Allemagne Occidentale) 1970, pp. 52-55. Édition française Esclavage occulte et délivrance, (Montréal) sans date.

[35]Voyez Pierre CHAUNU : Le refus de la vie (Paris) Calmann-Lévy, 1975

[36]Nous ne nions aucunement l’existence, et la nécessité, d’une vraie mystique chrétienne, aboutissement normal de la marche quotidienne de fidélité du chrétien.

[37]Voyez de Jean BRUN : Les vagabonds de l’Occident (Paris) Desclée 1976

[38]D. BASHAM : Face up with a miracle (Préface) 1967. C’est exactement ce qu’affirme D. du Plessis : « Il est important d’observer que, selon la prophétie eschatologique, l’accomplissement du Royaume de Dieu doit être marqué par un grand réveil d’événements charismatiques. Les dirigeants aussi bien que la masse seront alors remplis de l’Esprit et revêtus de la puissance de l’Esprit, à une échelle jusqu’ici inconnue. » (op. cit. p. 53)

[39]A. SOLJENITSYNE : La paix et la violence (11 septembre 1973. Aftenposten, Oslo) in : Lettre aux dirigeants de l’Union Soviétique (Seuil), 1974. pp. 117-118

[40]Nous soulignons (réd.)

[41]A. SOLJENITSYNE : op. cit. pp. 116-117

[42]R.J. RUSHDOONY : The Messianic Character of American Education Craig Press (Nutley N.J.) 1963 . pp. 328-329.

[43]Billy GRAHAM : Paix avec Dieu

[44]Billy GRAHAM : op. cit. p. 188 (éd. anglaise). Cette définition de l’homme est celle du philosophe grec Aristote. La Bible, qui définit la véritable nature de l’homme, nous dit qu’il est créé à l’image de Dieu et non qu’ » il est un animal social ». (réd.)

[45]Billy GRAHAM : op. cit. p. 200. D’où l’activisme dans l’évangélisation comme nous sommes les seuls moyens d’action de Dieu ! En vérité Dieu nous emploie par grâce dans son œuvre. Mais étant Créateur, Dieu possède tous les moyens pour Son Œuvre. (réd.)