Dans le No XVI de la « Documentation Chrétienne », qui avait comme thème « Le jugement de Dieu commence par l’Église de Dieu », nous avions dévoilé pour nos lecteurs l’infidélité manifeste, et l’influence nuisible pour l’Église de Dieu, de deux de ses prétendus chefs, le pape Paul VI et le Dr Billy Graham. Bien malheureusement les récentes déclarations de ces deux personnalités religieuses ne font que confirmer, et combien clairement, notre constat de leurs éloignements croissants de la véritable foi chrétienne.
En premier lieu, nous citerons ces lignes du Père Joseph, prêtre catholique romain traditionaliste canadien, datant du 25 décembre 1977 :
Noël, fête de la dignité humaine[1]
Le temps de Noël nous invite à adorer Dieu en Jésus-Christ. C’est le temps où l’Église propose à ses enfants la contemplation du mystère de la naissance sur cette terre du Fils de Dieu et leur dit : « Le Christ est né pour vous : venez, adorons-Le ».
Certes, du mystère de l’incarnation s’ensuit pour la nature humaine une élévation surnaturelle qui lui confère une éminente dignité. Dieu se fait homme pour rendre les hommes participants à Sa divinité. (…)
Puisque les hommes, déchus de leur dignité première par le péché, doivent leur nouvelle dignité – beaucoup plus élevée que leur dignité originelle – au Verbe incarné et à Lui seul, vaines sont donc les paroles qui défendent la dignité humaine sans aucune référence au mystère de l’incarnation. L’incarnation du Fils de Dieu est, en effet, l’unique perspective véritable dans laquelle on peut parler objectivement de la dignité humaine. Et c’est bien dans cette perspective de vérité que les souverains pontifes en ont parlé jusqu’à maintenant. Écoutons, à titre d’exemple, l’exhortation que le pape saint Léon adresse aux chrétiens à l’occasion de Noël :
« Reconnais, Ô Chrétien, ta dignité, et, devenu participant de la nature divine, garde-toi de retomber, par une conduite indigne de cette grandeur, dans ta bassesse première. Souviens-toi de quel chef et de quel corps tu es membre. N’oublie jamais, qu’arraché à la puissance des ténèbres, tu as été transporté à la lumière et au royaume de Dieu. » (1er sermon sur Noël).
Si, après avoir écouté cette .exhortation du pape saint Léon, on prête l’oreille au discours que tient Paul VI, en la même occasion, on ne peut pas ne pas conclure que, loin de témoigner de la foi chrétienne et catholique, le langage de ce dernier trahit une foi teilhardienne en l’homme, c’est-à-dire l’expression pratiquement la plus avancée du modernisme doctrinal, où le surnaturel est entièrement escamoté et réduit au plan humain. Voyons la manière propre de Paul VI d’affirmer que Noël est la fête de la dignité humaine :
« Noël est désormais tout proche. En célébrant cette très douce fête, nous en méditerons le mystère religieux qui lui est propre. Mais en attendant, laissons le caractère humain de Noël envahir, nos âmes ; celle de tous : Noël est une fête d’humanité qui peut associer tous ceux qui sont sensibles à la sympathie, à l’admiration, à l’amour pour la vie humaine en tant que telle. La célébration de la fête nous, en donnera ensuite les raisons. Maïs que personne ne reste absent ou indifférent au charme de ce jour particulier, consacré par un heureux réflexe à honorer l’existence humaine. Nous sommes tellement habitués à cette coexistence journalière et compliquée, souvent opprimante, hostile, ennuyeuse, qui se nomme la société que nous oublions le merveilleux phénomène qu’elle est, nous créons trop souvent des motifs de contraste, de compétition, de lutte avec les rapports qui nous lient à elle.
Noël nous rappelle avant tout la dignité de la vie humaine qui entoure cet être qu’est l’homme dés le premier instant de la conception jusqu’au dernier de son existence. Devoir qui oblige au respect, à la protection, à l’amour, à la solidarité avec tout être humain. L’homme parce qu’il est ce qu’il est, doit être l’objet de respect solidaire et total, d’assistance vigilante et généreuse.
Souvent la fête de Noël est un jour d’oubli des misères et des souffrances d’autrui, jour d’amusement, de distraction mondaine. Tandis que ce jour mystérieux doit nous envahir d’une vague de sympathie pour qui en a le plus besoin (…). La fête de Noël qui est un jour de joie et de paix, réveille en nous la sensibilité qui nous fait sentir les besoins et lés souffrances d’autrui, si vraiment nous le célébrons comme apothéose de l’homme, d’autant plus méritoire de notre intérêt qu’il est plus humilié. Et cette sensibilité loin de troubler notre joie l’accroît et l’illumine.
Ne laissons pas passer Noël sans accomplir quelque bonne action dictée par un sens d’humanité. Nous nous sentirons chrétiens ; et Marie la pauvrette de Bethléem sera avec nous[2]. »
Est-il possible pour un souverain pontife fidèle à sa mission de parler de Noël, même sous son aspect de « fête de la dignité humaine », sans jamais prononcer le nom de Dieu, sans faire la moindre mention du nom de Christ ? Eh bien ! nous aurons vu l’impossible… Luther et Calvin auraient, sans aucun doute, manifesté plus de foi envers Notre Seigneur Jésus-Christ, le Verbe incarné[3].
Il n’y a aucune affirmation dans ce discours de Paul VI, qu’un franc-maçon, un juif et même un agnostique ne pourrait prendre à son compte. C’est une honte, c’est un scandale ! Comment les catholiques – au moins ceux qui ont la bonne volonté de regarder les choses en face et de réfléchir – peuvent-ils, après de tels témoignages de la doctrine propre de Paul VI, discerner en Lui un authentique vicaire de Jésus-Christ ? Et comment peut persévérer maintenant l’odieux mensonge – mensonge blasphématoire parce qu’on le met dans la bouche du Christ et de la Sainte Vierge – savoir que Paul VI est le vicaire « bien-aimé » de Jésus-Christ un martyr de la vraie foi, un saint vivant, le plus grand de tous les papes ?
Refuser de voir les signes qui se multiplient de l’imposture que sera le pontificat de Paul VI dans l’histoire (…) c’est devenir volontairement aveugle et risquer de ne plus jamais contempler la lumière.
Père Joseph
[1]Père JOSEPH : Bulletin dominical de Liturgie romaine traditionnelle, Vol. II, no 52, décembre 1977, Baldwin, Canada, PP. 4-5
[2]Discours de Paul VI, publié par Le Messager de Saint-Antoine, décembre 1977, p. 290-291
[3]Nous soulignons ici. C’est La première fois, à notre connaissance, que nous voyons reconnue sous la plume d’un prêtre catholique traditionaliste, la « foi envers Notre Seigneur Jésus-Christ, Le Verbe incarné » des réformateurs Luther et Calvin. Dieu connaît les siens ; qu’Il leur accorde La grâce de se reconnaître entre eux ! (réd.)