Dans la masse des faits et des tendances où se manifeste l’apostasie moderne,.les attaques dirigées contre les Écritures sont devenues l’élément, peut-être le plus subtil, mais cependant le plus caractéristique de la crise actuelle.
Après une lutte commencée il y a plus de deux siècles, certaines parties de la Chrétienté ont abandonné la foi aux Écritures et ont accepté les conclusions de la critique. On a présenté la Bible comme n’étant plus « digne de foi ». Certains, emportés par leur élan, ont tout abandonné et fait naufrage dans la foi. D’autres, plus timorés, ont prétendu rester dans la Chrétienté, en essayant de garder une apparence d’orthodoxie. Sous des formules diverses, on propose maintenant aux chrétiens un christianisme nouveau sans la foi aux Écritures. C’est ce que nous pouvons désigner sous les noms de Néo-Romanisme et de Néo-Protestantisme. Ces appellations recouvrent des tendances multiples, parfois très modérées, parfois très audacieuses.
Nous n’avons pas l’intention de réfuter les unes après les autres, les critiques dirigées contre le Livre pour ruiner son autorité, mais d’esquisser les grandes lignes d’une apologétique biblique en l’organisant autour d’une typologie de l’erreur et d’une critique des synthèses fondamentales du Néo-Christianisme.
Trois voies de l’erreur
Les attaques contre la Bible peuvent être, malgré leur diversité, regroupées autour de trois affirmations dominantes : les Écritures seraient en contradiction avec la Science ; elles ne seraient pas homogènes et contiendraient des conceptions divergentes et même contradictoires ; elles seraient contraires à la raison et à la morale naturelle.
L’Écriture et la Science
L’Écriture est accusée de s’opposer aux conclusions de la Science. Les accusations timides des libertins ont été reprises aux XVIIIe et XIXe siècles et ont fortement pénétré le Judaïsme et la Chrétienté, particulièrement la Chrétienté protestante. Les attaques furent nombreuses. Quelques-unes font sourire, comme celle qui prétendait que Moïse n’avait pas pu écrire, parce qu’on croyait alors, que l’écriture n’était pas connue de son temps. D’autres cachent des préjugés philosophiques, comme celle qui prétend le miracle impossible parce qu’il dérangerait les lois de la nature. Mais d’autres étaient. plus sérieuses. Rapidement elles se concentrèrent autour des données de l’histoire, peut-être parce que l’histoire, qui est une demi-science, se prêtait à ce jeu en raison de la part d’hypothèse qu’elle introduit dans sa reconstruction du passé. Nous ne nions pas l’intérêt de l’histoire. Elle est une auxiliaire utile pour la compréhension de la Bible, si on sait garder envers elle une attitude strictement scientifique et si on ne cède pas à certains emballements puérils, comme ceux qu’on a-constatés après les découvertes de Ras Shamra en 1929, ou après celles des grottes de la Mer Morte en 1947. Bâtir des hypothèses éphémères, les empiler les unes sur les autres et conclure doctoralement que la Bible se trompe parce qu’elle n’est pas d’accord avec cette fausse science, n’est pas sérieux.
Nous n’insisterons pas sur ce genre d’attaques que nous ne devons pas ignorer. L’attitude la plus simple à prendre en face d’elles est celle de tout savant sérieux. Les faits qu’il étudie sont aussi résistants que les faits religieux. On ne peut les nier. Mais les interprétations scientifiques, les hypothèses ne sont pas des faits. Il en est qui ne valent rien, même si elles semblent acceptées de tous. L’expérience prouve qu’une critique scientifique sérieuse des interprétations et des hypothèses, montre très vite que les prétendues oppositions qui existaient entre la science et l’Écriture, ne sont qu’imaginaires. Il serait bon que dans l’Église on trouve des hommes alliant à leur foi un esprit scientifique rigoureux. Il ne s’agit pas de prouver la foi, mais de faire disparaître les tensions qui apparaissent dans les esprits, lorsque certaines affirmations dites scientifiques, semblent s’opposer à elle. L’apologétique, en cette matière comme dans les autres, est presque un chapitre de la cure d’âme.
L’homogénéité de l’Écriture
Un autre assaut plus redoutable que le premier a été mené contre l’homogénéité de l’Écriture. Non seulement on a voulu trouver en celle-ci la trace de mains fort diverses ayant contribué à sa rédaction, mais on a dit qu’elle contenait des textes divergents et même contradictoires. L’Écriture ne serait pas unifiée par l’Esprit divin ; elle représenterait des courants de pensée, de culture, d’information, de conceptions religieuses, différant entre eux jusqu’à la contradiction.
Il est loyal de reconnaître l’existence de difficultés dans le texte biblique. Les positions des exégètes s’affrontent lorsqu’il s’agit de les expliquer. La critique s’est engagée dans une voie facile en imaginant des hypothèses de rédaction : multiplicité des rédacteurs, des documents, maladresse des compilations, retouches incomplètes, relectures réinterprétant et adaptant les vieux textes à une pensée nouvelle, variété des genres littéraires ; ces hypothèses permettent des solutions dont la foi aux Écritures fait les frais.
L’hypothèse des « Sources du Pentateuque » a des origines assez lointaines puisqu’on les découvre en germe chez Richard Simon (1638-1712) et dans une première ébauche due à un médecin français, Jean Astruc (1684-1756), qui divisa la Genèse en deux documents principaux, le premier usant du nom divin d’Élohim, l’autre employant un autre nom divin, Yahweh (« Conjectures sur les mémoires originaux dont il paraît que Moïse s’est servi pour composer le Livre de la Genèse », Bruxelles, 1753). Depuis cette ébauche, la critique a multi plié ses hypothèses jusqu’à celle bien connue de Graff-Wellhausen.
Elle est devenue classique et, aujourd’hui encore, bien qu’elle sait dépassée, on la trouve sous-jacente, dans la plupart des travaux de la critique.
L’attaque a pris une forme nouvelle au début du XXe siècle avec les hypothèses de Gunkel et de son école (Formgeschichte Schule). Celui-ci se plaçant au point de vue de l’ » Histoire des formes littéraires », en usage notamment chez les Germanistes, prétendait trouver dans l’Écriture, un grand nombre de « petites unités » (Gattungen) appartenant à des genres littéraires divers, juxtaposées selon des modes malaisés à définir. Comme on l’a remarqué, même dans les milieux dévoués à la critique biblique, s’il est facile de découvrir de « petites unités » et de les analyser, il est moins facile d’expliquer comment elles se sont unies pour former les « grands ensembles ».
La méthode, employée par les exégètes romains comme par les exégètes protestants quoique avec des tendances particulières, est séduisante. Prendre la loupe, examiner chaque péricope, en déterminer le caractère, la replacer dans son cadre de vie : le Sitz im Leben, en peser la valeur, en analyser les moindres composantes est intéressant et permet à l’exégète de faire valoir son « esprit de finesse ».
On commente à s’inquiéter lorsqu’on médite sur les titres donnés aux genres littéraires dans lesquels on classe les « petite unités » du texte biblique. Dibelius parle de « paradigmes », de Novelles, de Légendes, de parénèse, de mythe. Bultmann répartit les genres en deux groupes : la tradition des Paroles et la tradition des récits. Dans la Parole il distingue les Apophtègmes (sentence : encadrées dans un récit ; controverses, discussions d’école, anecdotes biographiques), les Sentences du Seigneur (Logia, sentences prophétiques ou apocalyptiques, règles de communauté, proclamations personnelles, paraboles). Les Récits, selon Bultmann, se divisent en récits de miracles et en légendes biographiques.
On s’inquiétera encore plus lorsqu’on s’apercevra que l’analyse continue sa route et qu’elle prétend découvrir les facteurs ayant contribué à la formation des « petites unités ». Elle tient compte de la manière dont se présente le matériau (forme et contenu), du motif de son existence actuelle (milieu de vie où il a pris forme : Le Sitz im Leben), des analogies avec les autres littératures.
Nous n’irons pas plus loin dans cet exposé aride : nous remarquerons que les spécialistes de l’Histoire des formes littéraires, n’aboutissent pas aux mêmes conclusions. Certains sont connus pour leurs audaces, comme Bultmann. Les exégètes romains suivent la même route, plus lentement, en faisant des réserves et des critiques, ce qui n’est Pas difficile en une matière où l’imagination est maîtresse. Quoi qu’il en soit, même dans ses formes adoucies, la nouvelle critique complétant l’ancienne, a réussi à présenter l’Écriture sous un jour entièrement nouveau. Une nouvelle mentalité pseudo-chrétienne est créée.
Bien que toutes les remarques faites par les critiques de l’école ancienne ou de la nouvelle ne soient pas erronées ou inutiles, l’attitude qui convient en face d’elles est une « attitude critique ». La part d’imagination employée par eux est considérable, au point qu’on peut se demander ce qui reste de scientifique dans leurs travaux. Résignons-nous donc à « critiquer la critique ». C’est parfois ennuyeux, mais cela nous aidera à comprendre qu’il ne faut pas prendre au sérieux tout ce que les hommes inventent. Ensuite, étudions sérieusement les difficultés du texte. Il ne sert à rien de les nier. D’ailleurs le meilleur profit à retirer de l’examen des travaux de la critique, est un inventaire des textes difficiles sur lesquels l’exégèse doit porter son attention. Le travail positif de ceux qui cherchent la compréhension des textes posant des problèmes est toujours d’une grande utilité s’il est fait avec intelligence et piété. Il pourrait permettre d’ébaucher une typologie des difficultés qui rendrait plus claire et plus aisée la proposition d’explications valables.
La Bible et les prétentions de la raison
Les attaques dirigées contre les Écritures au nom de la Science ou au nom de la Critique, sont des attaques de spécialistes. Elles ne pénètrent dans la foule que par des œuvres de vulgarisation encore peu nombreuses. Par contre, elles pénètrent profondément dans les milieux ecclésiastiques, parmi les prêtres ‘et les pasteurs, et elles en sont d’autant plus dangereuses.
Il est une autre sorte d’attaques qui ont plus d’action sur la masse. Elles se présentent au nom de la raison ou de la morale. Descartes commença par ces mots son « Discours de la Méthode » :
« Le bon sens est la chose la mieux partagée, et chacun pense en être si bien pourvu, que ceux mêmes qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont. »
Ce mot du philosophe, même s’il est discutable, nous aide à comprendre pourquoi les hommes les plus incapables d’une vie raisonnable estiment pouvoir porter des jugements sur les Écritures au nom de leur raison ou de leur. sens moral.
Qu’il s’agisse de critiques formulées par des philosophes, ou de celles plus populaires et plus agressives des militants de l’athéisme ou de l’anticléricalisme, ou bien de celles plus vulgaires qui déparent certaines conversations, nous sommes toujours en présence de l’homme qui s’érige en juge du bien et du mal, comme du vrai et de l’erreur, et que les leçons de l’histoire n’ont pas encore réussi à amener à plus d’humilité. Qu’avons-nous à faire en face de ces attaques souvent stupides et qui risquent de nous faire perdre beaucoup de temps ? Nous pouvons au moins nous efforcer de mieux comprendre là pensée de Dieu et surtout de mieux la vivre pour la présenter au monde. Ces attaques au non de la raison ou de la morale sont d’une qualité trop mince pour qu’elles puissent créer une tension sérieuse dans la pensée d’un chrétien. La démonstration du mouvement se fait en marchant. Il y a des choses qu’il vaut mieux montrer que démontrer.
Les synthèses fondamentales du Néo-Christianisme
Ce que nous appelons Néo-Christianisme n’est pas le modernisme ou le libéralisme d’hier qui par ses critiques de la doctrine ou de l’Écriture a amené tant d’âmes à abandonner totalement la foi chrétienne ou à lui substituer une croyance religieuse dont l’objet est si évidemment étranger au christianisme, que les confusions ne sont pas possibles.
Partant à peu près des mêmes prémisses, le Néo-Christianisme n’est pas parvenu aux mêmes conclusions. En dehors de quelques incursions sur le plan de la doctrine, il a prétendu rester dans les Églises, conserver leurs confessions en les interprétant, tout en exerçant son esprit critique sur les Écritures.
Nous ne pouvons analyser ici le phénomène religieux très complexe que nous recouvrons de l’étiquette de Néo-Christianisme et dans lequel nous distinguons sommairement deux grandes tendances : Le Néo-Romanisme et le Néo-Protestantisme. Pour nous faire comprendre nous dirons seulement quelques mots de sa critique biblique et de ses synthèses.
On a dit quelquefois que la Critique biblique était morte. En réalité si on en parle moins bruyamment qu’autrefois, c’est pour deux raisons : d’abord parce que ses résultats sont admis et que le bruit de la controverse qu’elle soulevait hier a cessé « faute d’opposants », au moins parmi ceux qui tiennent le devant de la scène religieuse ; ensuite parce que la critique littéraire du XIXe siècle a un peu vieilli et a été supplantée par la nouvelle critique de Gunkel et de l’École de la Formgeschichte, plus subtile et revêtue de hautes approbations, au moins dans ses principes, ne serait-ce que celle d’un pape comme Pie XII. Qui oserait dire aujourd’hui qu’il ne faut pas tenir compte en exégèse, des « genres littéraires » ?
Ce qu’il y a de nouveau, c’est qu’au moment où la critique avait réussi, non seulement à dévaloriser les Écritures, mais à les mettre en pièces, au point qu’elles semblaient n’être plus qu’un amas de textes mal assemblés, de conceptions diverses et même contradictoires, de nouvelles synthèses ont été inventées qui tendent à rendre au Livre Saint son unité, tout en acceptant les résultats de la Critique.
Les Synthèses nouvelles du Néo-Romanisme
Les Synthèses varient dans les détails mais possèdent une certaine unité. Nous citerons, pour en donner une idée sommaire, un texte débarrassé de toute érudition : « Les écrivains de l’Ancien Testament, à mesure qu’avançait l’histoire sainte, que les promesses de Dieu devenaient plus explicites ou au contraire semblaient oubliées, n’ont cessé de « repenser » cette histoire, de réfléchir sur ces promesses, d’y confronter les espoirs et les désillusions nationales aussi bien que le drame secret de leur existence personnelle. D’où non pas une mais des théologies bibliques, qui plus ou moins provisoirement énoncent le mystère de Dieu, le sens providentiel de l’histoire d’Israël, l’attente messianique, l’espoir devant la mort… De l’un à l’autre, la pédagogie divine ne fait pas passer les mêmes bons élèves, comme d’un « cours élémentaire » à un cours « supérieur » : ce sont a chaque génération, d’autres hommes, qui tantôt répètent docilement les leçons apprises, et tantôt les oublient pour apprendre les leçons nouvelles. Il y a même parmi eux, de « mauvais esprits » qui remettent tout en question : voir Qohélet (l’Ecclésiaste). (Chifflot, po. cit. p.197).
Grâce aux hypothèses de rédaction, on voit surgir devant l’imagination un peuple au travail, et dans ce peuple religieux, les meilleurs notant leurs pensées, se copiant les uns sur les autres, se corrigeant, se complétant, parfois sans le savoir, oubliant les leçons apprises, avec tous les aléas d’une rédaction s’étalant sur des siècles et avec les coupures qu’elle entraîne. On insiste sur les « relectures » d’anciens textes, repris et interprétés selon un mode nouveau. En somme, la Bible n’est pas le Livre du Maître qui est Dieu, mais un amas de cahiers d’élèves. Puisqu’il faut, pour sauvegarder une apparence d’orthodoxie, maintenir le « dogme de l’inspiration », on déclare très simplement que tout a été écrit dans le Livre, le vrai et l’erreur, l’harmonieux et le contradictoire, sous l’action du Saint-Esprit. On va plus loin et on pense que la traduction grecque des Septante est due à une inspiration analogue et que les différences qui existent entre le texte grec des rabbins du IIe siècle avant notre ère et le texte hébreu, sont dues à des relectures inspirées. Les traducteurs auraient relu le vieux texte et l’auraient réinterprété dans un texte nouveau inspiré comme le premier. Allons plus loin. La même inspiration continuerait dans la Chrétienté romaine et lui permettrait, par des relectures assistées de l’Esprit, de découvrir des sens nouveaux que personne n’aurait pu trouver à partir des vieux textes. Cette assistance irait jusqu’à conférer l’infaillibilité.
Dans cette vision nouvelle des faits, l’Écriture n’apparaît plus comme un moyen de fixation, voulu de Dieu, nettement distinct de la tradition. Elle n’est qu’un aspect de la tradition, d’une tradition extrêmement mouvante, dont elle a noté les étapes multiples. Cette vue concorde avec les pensées de « l’Histoire des formes littéraires », et surtout avec celles de l’école nordique de la « Traditionsgeschichte », l’Histoire des traditions. Pour celle-ci les traditions sont l’élément principal de la mémoire des peuples ; elles sont même plus sûres que les écrits, peut-être parce que l’écrit dépend en grande partie d’un seul homme, le rédacteur, alors que la tradition s’appuie sur tout le peuple. Jouer au paradoxe est une des caractéristiques des écoles modernes de critique.
Il y a sur ce point une harmonie préétablie entre les théories romaines sur une tradition précédant, débordant les Écritures et les interprétant, et les théories de la Traditionsgeschichte. Cela peut expliquer l’acceptation par le romanisme de théories, nées dans des milieux non catholiques et qui auraient pu être considérées a priori comme suspectes par les théologiens romains.
Dans le Camp du Néo-Protestantisme, des conclusions de la critique sont acceptées et les hypothèses de rédaction du Livre se multiplient encore plus vite que dans le Néo-Romanisme. Là encore, on va proposer des synthèses pour essayer de garder la vieille façade de l’orthodoxie. Selon Karl Barth, Dieu est intervenu dans la rédaction de la Bible, mais ses interventions se font « incognito ». L’Écriture, quoique inspirée, reste totalement humaine ; comme telle, elle contient des erreurs, des légendes et des mythes. Nous n’appréhendons pas la Parole de Dieu dans la Bible, une telle prétention serait irrespectueuse.
De même que l’action de Dieu passe à travers notre monde de misère sans se souiller, de même la Parole de Dieu passe à travers les voix très humaines des hommes et à travers le texte très humain de l’Écriture. Selon Karl Barth, l’Écriture est totalement humaine, avec toutes les imperfections que la condition humaine comporte. Lorsque l’Église lit son Livre, elle perçoit la Parole de Dieu passant à travers lui. Elle exprime dans ses confessions ce qu’elle a perçu. Mais l’Église reste totalement humaine ainsi que ses confessions qui sont la meilleure approximation qu’on puisse avoir en ce monde, de la pensée de Dieu !
Cet exemple schématisé à l’extrême suffit ; il n’est pas nécessaire d’insister sur la bonne volonté qui anime les synthèses du Néo-Protestantisme, même celle de Bultmann dont le dévouement religieux, va jusqu’à vouloir débarrasser le vieux texte, des mythes, des conceptions propres à la mentalité des écrivains d’autrefois, afin de lui donner enfin un aspect acceptable pour le chrétien imprégné de la mentalité du XXe siècle !
Conclusion
Que faire en face de telles hypothèses séduisantes pour la chair Nous ne pouvons pas empêcher les hommes de rêver. Il ne reste qu’une seule chose à tenter : les ramener à la réalité du fait chrétien, en restant nous-mêmes fidèlement et résolument insérés dans ce fait. L’Église est un chandelier d’or. Elle n’éclaire que si elle reste elle même. Si la chair s’étonne, si l’incrédulité hésite, l’esprit voit se présenter à lui les perspectives infinies de la communion à Dieu, à sa pensée et à son amour, que lui ouvre la fidélité. Loin d’être passif, le disciple, lisant le livre de Dieu dans l’Église, est en marche : « Le sentier des justes est comme la lumière resplendissante, dont l’éclat va croissant jusqu’au milieu du jour » (Prov. 4.18).
Gabriel Millon
Reproduit avec l’aimable autorisation du Centre de Culture Chrétienne 9, rue des Charpentiers MULHOUSE (France)