« En particulier, il est curieux de constater que le grand public français et catholique considère comme un dogme intangible ce que certains ont nommé le mythe évolutionniste, présenté par notre enseignement universitaire comme une certitude pure et simple, tandis que toute une équipe de savants allemands de premier plan, d’orientation variée, dont les ouvrages s’échelonnent pour la plupart de 1937 ou 38 à 1947, et auxquels on n’a rien répondu de décisif (tels Oscar Kühn, Uexküll, Gehlen, Friehling, Klall. Standinger, etc), sont en réaction très vive contre le transformisme absolu… Dans une étude sur la théorie de la descendance, publiée en 1942, Oscar Kühn ne cite pas moins de vingt-deux ouvrages allemands récents orientés en ce sens. »[1]
Il est fréquent d’entendre affirmer que la seule théorie scientifique capable de rendre compte des origines de la vie et de son développement au cours des siècles est le système évolutionniste ou transformiste. Pour beaucoup, soumis dès leur plus jeune âge à la propagande en faveur de l’évolutionnisme, il est intellectuellement impensable de ne pas adhérer, en tant que savants, aux théories transformistes. Ces mêmes théories sont bien souvent élevées au niveau de faits incontestables. Nous ne voulons pas ici réfuter ces assertions dogmatiques des plus discutables mais simplement signaler que dans nos pays francophones s’est manifestée une puissante tradition scientifique radicalement opposée aux théories transformistes de Lamarck d’abord, puis de Darwin et de ses successeurs.
Le zoologiste et paléontologiste Georges CUVIER (1769-1832), fondateur de l’anatomie comparée et de la paléontologie des vertébrés, était, pour des raisons purement scientifiques, foncièrement opposé à toute idée de transformation des espèces. N’affirmait-il pas :
« Nous n’apercevons aucune nécessité d’une échelle des êtres, ni d’une unité de composition et nous ne croyons pas même à la possibilité d’une apparition successive des formes diverses. »[2]
Cuvier consacra les dernières années de sa vie à combattre les idées défendues par Geoffroy de SAINT-HILAIRE sur l’unité de composition des différentes espèces, idées qui préparaient la théorie de l’évolution de Darwin.
Louis AGASSIZ (1807-1873) géologue et paléontologue vaudois célèbre pour sa classification des poissons fossiles et pour le développement de la glaciologie, était un partisan décidé de la fixité des espèces. Son dernier article, dicté sur son lit de mort, « Le type spécifique, son évolution et sa permanence »[3], était le début d’une série d’études que le grand naturaliste espérait publier pour critiquer les théories transformistes de Darwin. Ses contemporains Joachim BARRAN DE (1799-1883), Étienne d’ARCHIAC (1802-1868) et François PICTET, des savants éminents, étaient tous, pour des raisons scientifiques, partisans de la fixité des espèces.
Le célèbre entomologue Jean-Henri FABRE (1823-1915) était lui aussi, par fidélité à l’observation des faits, résolument opposé aux hypothèses darwiniennes. Il a réfuté les erreurs transformistes tout au long des dix volumes de ses remarquables « Souvenirs entomologiques »[4]. Il considérait cette théorie comme une « fraude prétentieuse ».
Louis VIALLETON (1859-1929), professeur d’anatomie comparée à la Faculté de Médecine de Montpellier, publiait en 1930 une réfutation célèbre des théories évolutionnistes, « L’origine des êtres vivants »[5]. Il y démontrait l’impossibilité de dériver par la sélection naturelle les groupes principaux du règne animal.
M. CAULLERY dans « Le problème de l’évolution » (1931) examinait les problèmes scientifiques insolubles que provoquaient les hypothèses évolutionnistes.
Maurice VERNET publia en 1950 une réfutation scientifique en règle de l’hypothèse transformiste, « L’évolution du monde vivant »[6]. Il y démontre que, si la variation est inséparable de l’être vivant, cette variation s’inscrit dans des limites précises et ne change en rien la stabilité, relative mais fondamentale, des espèces.
Louis BOUNOURE, professeur de biologie générale à la Faculté des Sciences de Strasbourg, publiait après la guerre une série d’ouvrages où était clairement démontrée l’insuffisance scientifique de l’hypothèse évolutionniste[7].
En 1952 René BERTRAND-SERRET publia un ouvrage de vulgarisation scientifique remarquablement documenté, « la superstition transformiste »[8]. Cet ouvrage rejoignait celui de deux anciens élèves de l’École Polytechnique Georges SALET et Louis LAFFONT « L’évolution régressive »[9], une des meilleures réfutations de l’évolutionnisme. En exergue ils citaient cette affirmation frappante de P. LEMOINE, professeur au Muséum :
« L’évolution est une sorte de dogme auquel ses prêtres ne croient plus, mais qu’ils maintiennent pour le peuple. Cela, il faut avoir le courage de le dire pour que les hommes de la génération future orientent leurs recherches d’une autre façon »[10].
Georges Salet publiait en 1972 un ouvrage fondamental, « Hasard et Certitude. Le transformisme devant la biologie actuelle »[11].
Il y examine la probabilité statistique d’une évolution progressive par le mécanisme « mutations-sélection » et il y montre clairement, par l’application du calcul des probabilités à ce problème, que les mutations ne peuvent être qu’indifférentes ou régressives, jamais progressives.
Pour terminer, le célèbre biologiste et zoologue, directeur et coauteur du monumental « Traité de zoologie » J. Pierre P. GRASSE (malgré ses positions philosophiques et religieuses évolutionnistes), donne dans deux ouvrages remarquables, « Toi ce petit dieu. Essai sur l’histoire naturelle de l’homme »[12] et « L’évolution du vivant. Matériaux pour une nouvelle théorie transformiste »[13], une réfutation scientifique implacable des théories néo-évolutionnistes contemporaines. T. DOBZHANSKY, doyen des savants évolutionnistes américains, dans un compte-rendu du second des livres cités écrivait :
« Le livre de Pierre P. Grassé est une attaque directe contre toutes sortes de darwinismes. Son but est « de détruire le mythe de l’évolution comme phénomène simple, bien compris et expliqué », et de démontrer que l’évolution est un mystère au sujet duquel l’on ne connaît – et peut-être l’on ne peut connaître – que peu de chose. L’on peut ne pas être d’accord avec Grassé, mais l’on ne peut l’ignorer »[14].
Il nous reste à signaler la réfutation remarquablement complète du transformisme par le jeune biologiste français Jean-François PEROTEAU intitulée, « De la séduction à la supercherie transformiste »[15].
Il résulte de ce bref examen de la littérature scientifique française anti-transformiste que des savants de premier ordre n’hésitent pas à s’opposer à l’évolutionnisme comme nuisible aux vrais progrès de la biologie. Ceux qui adhèrent aux doctrines créationnistes de la Bible – et de la nature – n’ont en aucune façon à se sentir en état d’infériorité intellectuelle et scientifique. Bien au contraire, ces nombreuses et savantes études démontrent de façon parfaitement claire que le dogmatisme borné et l’obscurantisme irrationnel et antiscientifique se trouvent bien du côté des tenants de la religion évolutionniste.
Jean-Marc Berthoud
Déclaration de l’Association Vaudoise de Parents Chrétiens
[1] Louis Jugnet : Pour connaître la pensée de saint Thomas d’Aquin. Éditions Ulysse (Bordeaux) 1979 (1949) p. 94.
[2] F. Ducasse : Étude historique et critique sur le transformisme et les théories qui s’y rattachent. Sandoz et Fischbacher (Paris) 1876 p. 19.
[3] La Revue Scientifique, 2ᵉ série, tome XIII (Paris) 1874 p. 916-922. Voyez également : Gists from Agassiz (OMNI Publications, P.O. Box 216, Hawthorne, Cal. 90250, USA) 1973.
[4] L.V. Bujeau: La philosophie entomologique de J.H. Fabre. P.U.F. (Paris) 1943, p. 68-79.
[5] L. Vialleton: L’origine des êtres vivants. L’illusion transformiste. Plon (Paris) 1930.
[6] Plon (Paris) 1950.
[7] L’autonomie de l’être vivant. P.U.F. (paris) 1949. Déterminisme et finalité. Hammarion. (Paris) 1957. Recherche d’une doctrine de la vie. Robert Laffont(Paris) 1964.
[8] Bordas(Paris) 1952.
[9] Éditions Franciscaines (Paris) 1943.
[10] L’Encyclopédie Française, tome V
[11] Téqui (Paris) 1972.
[12] Albin Michel (Paris) 1971.
[13] Albin Michel (Paris) 1973.
[14] Evolution, vol. 29,1975 p. 376.
[15] Forts dans la Foi (Tours) 1978.