Positions Créationnistes – numéro 16 | Faut-il courtiser l’évolutionnisme ?

par | Positions Créationnistes

Une réponse à CRÉATION/ÉVOLUTION : Faut-il trancher ? Jean Humbert. Éditions Sator, 1989 – Une critique du néo-créationniste américain. Un plaidoyer en faveur du créationnisme progressif.

Préambule

Le prologue du livre de H. Jean Humbert, signé Henri Blocher, laisse présumer d’un contenu riche et profond. Mais quelle déception dès les premiers chapitres !

Il y aurait beaucoup à dire sur ce livre écrit avec hargne et colère contre les scientifiques créationnistes. Je vais relever deux points qui pour qui revêtent une grande importance, puis je vous présenterai ce que j’appelle « l’argument de la logique et du bon sens ». C’est l’argument en faveur d’une création directe et immédiate du monde avec ce qu’il renferme, tel que nous la décrivent les premiers chapitres de la Bible.

Comme je l’ai déjà fait remarquer, ce livre est écrit avec colère et hargne. On n’y trouve pas la douceur et la clarté que devrait porter un tel ouvrage prétendant défendre la cause de Dieu et de lia Parole. Pareille animosité n’empêche pas l’auteur de commettre las fautes qu’il impute à ses adversaires. En voici deux exemples :

— H. Humbert accuse les créationnistes de placer la main de Dieu partout où la science n’a plus d’explication. C’est pourtant ce qu’il fait à la page 194 : « lorsque la transformation reste dans les limites de la microévolution, les lois de la nature peuvent agir seules. Lorsque la transformation est plus importante, lorsqu’elle nécessite la création cohérente de gènes nouveaux[…] j’estime qu’alors Dieu intervient en tant que Créateur. »

— Le deuxième exemple sera puisé dans les nombreuses accusations que nous trouvons aux pages 141 à 159, contre les scientifiques dits « néo-créationnistes ». En particulier, il écrit p. 152 : « Les néo-créationnistes ne fondent pas leur synthèse sur des observations indiscutables ».

Mais lorsque H. Humbert nous parle de la lune (p. 60), la présentant comme indiscutablement très vieille, nous ne trouvons aucune mention de la très faible épaisseur de poussière cosmique (1-2 cm) observée par les missions Apollo et Lunar à la surface de notre satellite. À la vitesse d’accumulation actuelle, le temps nécessaire pour former un tel dépôt serait de 20 000 ans. Dans une synthèse honnête, ce fait ne devrait pas être passé sous silence. Cette réalité est elle à ce point perturbatrice pour H. Humbert ?

Nous arrivons au point qui nous paraît le plus déterminant quant à la valeur de l’ouvrage. Dans une note (N°51, p. 82), H. Humbert déclare : « Au chrétien qui a de la peine à croire à l’évolution, je dirais que les preuves de l’évolution sont de même nature que celles de la Résurrection de Jésus […] Dans l’un et l’autre cas, l’événement n’a pu être constaté de façon directe : ni compte-rendu d’une observation ou d’une expérience scientifique, ni document historique ». Par ces lignes, nous ne pouvons que comprendre que, pour H. Humbert, la Parole de Dieu ne constitue pas un document historique, donc que les écrits des apôtres, corroborés par des centaines de manuscrits authentiques, n’ont pas de valeur scientifique propre.

Si la Parole de Dieu, composée de documents rigoureusement historiques (plus rigoureusement que « La Guerre des Gaules » de Jules César), ne peut être considérée comme attestant formellement de la réalité de la Résurrection, que peut-elle nous enseigner de solide sur tout autre sujet ?

L’évolution est une théorie fondée sur des hypothèses et est considérée comme un “fait” de lumière fallacieuse. Mais la Résurrection est présentée différemment par l’apôtre : « … Christ est mort, pour nos péchés, selon les Écritures, il est a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures, et il a été vu par Képhas, puis par les douze. Ensuite, il a été vu par plus de cinq cents frères à la fois, dont la plupart sont encore vivants, et dont quelques-uns sont décédés. Ensuite il a été vu par Jacques, puis par tous les apôtres. Après eux tous, il s’est fait voir à moi comme à l’avorton » (1 Cor. 15:3-8).

De plus, il y a preuve matérielle : « Jésus dit à Thomas : « Avance ici ton doigt, regarde mes mains, avance aussi ta main et mets-la dans mon côté, ne sois pas incrédule, mais crois ! » (Jean 20:24-29)

Dans cette controverse sur la création, l’argument qui, pour nous, a le plus grand poids, est le suivant : le Dieu que les chrétiens servent EST LA VÉRITÉ. Jésus dit de Lui-même : « Je suis la vérité » (Jean 14.6). Il en est de même pour la Bible. Jésus dit d’elle : « Ta Parole est la vérité » (Jean 17.17). Au Psaume 111:160, il est écrit : « le fondement de ta Parole est la vérité ».

Si nous, quelque menteurs que nous soyons, voulions expliquer l’une de nos œuvres, utiliserions-nous des illustrations sans rapport avec les faits ou bien chercherions-nous à nous approcher le plus possible de la réalité ? Satisfait du travail réalisé, nous prendrions garde à être compris de façon à ce que les autres puissent apprécier la réalité de l’œuvre accomplie.

Dieu s’est déclaré satisfait de Sa création : « Dieu vit alors ce qu’il avait fait et voici : c’était très bon ». Dieu aime la vérité. Il déteste le mensonge : « Il y a six choses pour lesquelles l’Éternel a de la haine : […] la langue trompeuse, […] le faux témoin qui profère des mensonges… (Prov. 6:16-19)

Étant donné les attributs du Dieu qui a inspiré la Bible, nous pouvons poser la question suivante : si, comme le prétend J. Humbert, l’évolution est vraie, pourquoi Dieu n’a-t-il pas écrit la Genèse de manière à ce que celle-ci y apparaisse clairement ? Par exemple de cette manière : « Dieu dit : que les poissons produisent des êtres vivants, qui à leur tour produiront les espèces : reptiles, animaux terrestres, bétail… La Genèse aurait pu être tout aussi structurée, littéraire ou poétique… mais surtout elle aurait conservé un rapport avec la réalité.

Mais Dieu n’a pas caché la Genèse du monde de manière à ce qu’elle ne soit comprise qu’aujourd’hui : Il l’a révélée à Moïse, afin qu’elle fût comprise et admirée tout au long des millénaires qui nous séparent de sa rédaction.

Hubert Thomas

Introduction

Jean Humbert veut montrer qu’il doit être tenu pour acquis que les espèces végétales et animales, y compris l’homme, descendent d’un ancêtre commun. Il soutient le schéma évolutionniste classique : cet ancêtre commun, monocellulaire, aurait donné lieu, par un mécanisme encore inconnu, à l’ensemble des espèces actuelles au cours d’immenses durées géologiques. Les fossiles sont considérés comme le témoignage d’une succession évolutive.

Les bancs géologiques (strates ou groupes de strates des dépôts sédimentaires) sont regroupés, d’après leur contenu en fossiles, en systèmes censés correspondre à différentes époques de l’histoire géologique de la Terre, et classés chronologiquement, ce sont, du plus ancien au plus récent. les systèmes :

  • cambrien, ordovicien, silurien, dévonien, carbonifère, permien, pour l’“ère” primaire.
  • trias, jurassique, crétacé pour l’“ère” secondaire.
  • cénozoïque (comprenant en particulier le miocène) pour les “ères” tertiaire et quaternaire

En introduction l’auteur reprend les théories évolutionnistes de l’origine du cosmos, de l’origine de la vie, puis présente le fixisme (théorie selon laquelle les espèces vivantes n’ont pas changé au cours du temps) et l’évolutionnisme, initialement une philosophie de l’antiquité. Il précise que le mouvement néo-créationniste n’est pas rigoureusement fixiste.

Il présente ensuite des arguments en faveur de l’évolution biologique (en anatomie, génétique…) pour affirmer que l’évolution est vraie, tout en indiquant qu’il n’existe aucun mécanisme démontré pour celle-ci. Son hypothèse est que l’évolution résulte de “méga mutations” miraculeuses. Il attaque vigoureusement les hypothèses créationnistes, qui impliquent une création du monde récente et rapide, un déluge universel accompagné de dépôts sédimentaires importants.

Enfin, l’auteur tente d’interpréter le récit de la Genèse de façon compatible avec le schéma évolutionniste. Comme de nombreux arguments sont avancés par l’auteur, il est difficile de répondre à tous, et nous avons traité de préférence ceux qu’il a lui-même choisi de développer.

La question de l’homologie : comparaison n’est pas raison

Chaque espèce possède un certain nombre de caractéristiques anatomiques de base (plan structuraux de base), qui se retrouvent chez toutes les autres espèces de la même classe (par ex. classe des mammifères), ou du même embranchement (par ex. les vertébrés), sous différentes variantes obéissant aux mêmes plans de base.

Un des plans de base est l’arrangement des os du squelette chez les membres des mammifères : les os trouvent une correspondance parfaite d’une espèce à l’autre, mais avec des formes, des tailles relatives variant grandement : on retrouve la même séquence d’os des membres chez la chauve-souris, chez le marsouin ou chez l’homme, bien que les proportions entre os varient considérablement : c’est la notion d’homologie.

Certaines parties de structures anatomiques prennent une importance plus grande chez certaines espèces, ou une forme particulièrement adaptée, spécialisée : les ongles des chevaux sont des sabots : la taupe a des griffes et des pattes avant développées pour le fouissage. À l’inverse, d’autres apparaissent superflues : la vision n’est pas une fonction essentielle pour la taupe : elle est presque aveugle.

L’homologie, l’anatomie comparée (p.81) sont très largement utilisées comme arguments en faveur de l’évolution : pour l’évolutionniste, l’homologie est la conséquence d’une descendance à partir d’ancêtres communs.

Or, la Bible indique clairement que les êtres vivants furent initialement créés chacun « selon son espèce ». Ainsi, l’homologie s’explique aussi dans une perspective créationniste. La création humaine, qu’elle soit artistique ou technique, implique aussi le concept d’homologie : dans les styles, propre à la peinture, à la grande musique. à l’architecture…

En respectant la structure de base commune à la classe des mammifères, le Créateur à opéré de nombreuses variantes et diversifications selon les milieux (aérien, aqueux, terrestre) et leurs rôles respectifs. Cette coexistence d’ordre et de richesse, cette grande cohérence faite de diversité dans l’unité, révèlent le caractère infini des ressources inventives du Créateur et son caractère unique. Les citations suivantes de l’ouvrage de J. Humbert s’inscrivent autour de la notion de l’homologie.

Les ébauches dentaires de mammifères adultes édentés : Les embryons des baleines présentent 53 paires de germes dentaires qui avortent avant la naissance. L’adulte n’a pas de dents. Ce fait est inexplicable pour le fixiste. Si la Baleine n’a eu que des Baleines semblables à elle parmi ses ancêtres, pourquoi le Créateur aurait-il créé ces ébauches qui n’aboutissent apparemment a rien ? (p.78) (Les passages soulignés sont tirés de l’ouvrage.)

Chez certaines baleines, l’existence de lamelles cornées, les fanons, rendent les dents superflues, raison pour laquelle les bourgeons dentaires avortent. En effet les nombreux fanons (600), ne sont pas des dents spécialisées.

L’interprétation évolutionniste de l’existence d’organes rudimentaires est celle d’une régression d’organes auparavant pleinement fonctionnels chez les espèces parentes. Les ébauches d’organes ont donc été considérées généralement comme des organes vestigiaux, c’est-a-dire résultant d’une régression, car devenus inutiles à la suite de l’évolution de l’espèce, et l’étude de leur rôle effectif fut souvent retardé jusqu’à une époque récente. L’argumentation évolutionniste, fondée sur l’ignorance, se révèle caduque par la découverte de fonctions inattendues a ces organes.

L’interprétation créationniste est plus subtile : désirant maintenir les structures de base des êtres vivants, le Créateur a conféré des fonctions diverses aux organes homologues : nageoire chez la baleine, aile chez la chauve-souris, patte en forme de pelle chez la taupe. Il est donc question de fonctions inutiles (par exemple la fonction “patte” chez la baleine) plutôt que d’organes inutiles (l’organe antérieur sert de nageoire).

Parfois, la fonction n’est perceptible qu’au stade embryonnaire. En particulier l’œil de la taupe est nécessaire à la formation du crâne, et les bourgeons dentaires des baleines jouent un rôle important dans la formation des os de la mâchoire.

Le génie du Créateur s’exprime dans le fait qu’il a trouvé diverses fonctions à certains organes homologues, afin de maintenir la cohérence du tout.

La théorie évolutionniste n’agit-elle pas comme un voile, qui empêche les hommes de discerner la sagesse divine ?

Les vertébrés aquatiques : « je ne comprends pas pourquoi l’Ichtyosaure (un reptile fossile), le Dauphin, si bien faits pour mener toute leur vie dans l’eau, doivent subir la gêne de venir respirer en surface, ni pourquoi leurs nageoires ne sont pas, comme chez les poissons, soutenues par de simples rayons. (p.79)

La philosophie darwiniste de la nature nie le caractère parfait de l’œuvre créatrice. Pour elle, un inconvénient signifie imperfection et même élimination à terme, par effet de concurrence entre espèces.

Cette conception égocentrique de l’espèce n’est pas celle du créationnisme. En anatomie, tout plan de base implique un choix comprenant certains inconvénients et avantages : des limitations physiques empêchent le cumul de tous les avantages : force, agilité, rapidité, protection, fertilité, etc. mais de façon cohérente, le plan général est maintenu dans toutes les variantes. Aucune espèce n’existe pour elle-même, mais chacune, avec ses désavantages et ses limites propres, remplit une mission dans un cadre écologique donné. Ces limitations autorisent la grande diversité du monde vivant : le dauphin et moins rapide que l’espadon, mais plus agile que le requin. Le Créateur les a conçus ainsi. Qui peut contester Ses plans ? Désavantage ne signifie pas imperfection !

En conséquence de ce qui a été écrit plus haut, les homologies ne constituent pas une preuve de l’évolution, bien qu’elles soient fréquemment utilisées pour la suggérer.

L’homologie comme témoignage de la création

Bien comprise, la réalité des faits nous paraît confirmer la notion de création. La question de l’auteur nous en suggère maintenant une autre : si l’évolution fut capable de produire des branchies et des nageoires rayonnées chez les poissons, pourquoi ne l’a-t-elle fait chez aucune des espèces de mammifères marins ?

Malgré les limitations, les mammifères marins n’ont ni disparu, ni développé de branchies ou nageoires rayonnées : ils ont ainsi gardé toutes leurs caractéristiques de mammifères, ils n’ont pas évolué.

Bien que la notion d’homologie soit une nécessité logique dans l’évolution des espèces, le caractère systématique des homologies indique une création.

Enfin, le monde marin peut nous servir d’enseignement spirituel. On y trouve des espèces superbes, comme les poissons vivants dans la lumière des récifs de corail, mais aussi des espèces affreuses qui vivent dans les profondeurs abyssales, à l’instar d’un royaume de lumière, d’un royaume de ténèbres et de leurs habitants.

Quant aux mammifères marins, ne nous donnent-ils pas une image des chrétiens qui, vivant dans le monde, ne sont pas du monde, à l’opposé d’autres hommes qui s’y sentent dans leur milieu, « comme des poissons dans l’eau »? Les chrétiens ont besoin du souffle de l’Esprit qu’ils ne trouvent pas dans ce monde.

L’évolution et les méga mutations

L’auteur défend ensuite la thèse d’une évolution saccadée (p.171) :

la vitesse de l’évolution est très variable. Les êtres qui sont en « fin de série » sont généralement très stables.

Mais, p.194 :

« Dieu dit », et un message génétique, un programme nouveau, qui a un sens, apparaît […] te propose de nommer méga mutations ces transformations miraculeuses.

L’auteur ne précise pas comment l’hypothèse des mégamutations doit être comprise par rapport à la théorie évolutionniste : Son hypothèse implique-t-e11e des sauts évolutifs d’amplitude comparable, un minimum de continuité entre espèces ? Qu’en est-il de la première cellule ? Le Créateur est-Il limité par les « fins de séries » ?

En sciences, les nouvelles découvertes permettant de tester les modèles existants sont d’une importance déterminante. Nous tombons d’accord avec Darwin que l’évolution exige un nombre de chaînons intermédiaires infiniment grand. Les paléontologues ne peuvent nous les montrer. Pourquoi dès lors considérer l’évolution comme un fait scientifique ? Pourquoi venir au secours de cette théorie en invoquant des miracles ? Cette théorie fut élaborée pour expliquer le monde en faisant abstraction des miracles ! En l’absence persistante de ces chaînons, on se doit de conclure…

Quand les poules auront des dents

Les oiseaux actuels n’ont pas de dents, ni même d’ébauches dentaires embryonnaires, mais on a réussi à faire pousser des dents chez des embryons de poulet, ayant les caractères des dents de Reptiles.(p.81)

Remarquons que l’absence de bourgeons embryonnaires des oiseaux entre ici dans une argumentation favorable à l’évolution (p.78), alors que c’est leur présence chez les embryons de baleine qui est invoqué comme preuve d’évolution.

De même que plusieurs espèces de baleines actuelles portent des dents (orques) et d’autres pas, certains amphibiens ont des dents, d’autres pas, de même chez les poissons et les reptiles. Comment la présence de dents chez les oiseaux constitue-t-elle une preuve d’évolution ?

En parcourant le miocène on passe progressivement du Piedzodus au Prolasus, deux espèces fossiles de la famille du lièvre.(p.80, 81)

Les créationnistes considèrent que les “espèces” créées au commencement possédaient dès le début des potentialités génétiques pouvent apparaître à la suite de croisements, de sélections, leur permettant une adaptation à leurs futures conditions de vie. Le terme “espèce” doit cependant être pris dans un sens plus large que le sens usuel, certains créationnistes indiquent que les espèces créées pourraient se rapprocher des « familles » taxinomiques. Cela permet d’expliquer la variété des pinsons observés aux Galápagos.

Les fentes branchiales de l’embryon humain. (p.81)

Vieux cheval de bataille de l’évolution, la théorie maintenant largement démentie que l’embryon, au cours de son développement, récapitule les phases successives de son évolution, depuis la première cellule-œuf, jusqu’à l’être totalement formé. À l’appui, les fameuses marques sur l’embryon humain, rappelant les fentes branchiales : celles de nos ancêtres, les poissons ?

Mais, les « fentes branchiales » de l’embryon humain présentent deux inconvénients[1]:

  • elles ne sont pas des tentes et ne le deviennent pas.
  • elles ne sont pas des branchies, ni ne le deviennent.

Jean Humbert lance péremptoirement :

Il n’y a pas d’arguments scientifiques positifs contre (sic) l’évolution. (p.82)

Les évolutionnistes sont passés maîtres dans l’art d’interpréter et d’inclure toutes sortes de données, mêmes contradictoires, dans le schéma évolutionniste. Certains apprécient beaucoup la théorie à cause de sa flexibilité. Ils considèrent qu’il existe un fort tissu de présomptions qui en démontrent la véracité.

Mais leurs idées préconçues, leurs raisonnements circulaires, leur absence totale de référence à la nature comme fruit d’une création, par ailleurs propre à nous révéler la divinité du Créateur (Rom 1.20), ont produit une vaste imposture, théologique et scientifique.

Pour le reste, nous renvoyons l’auteur au livre de M. Denton[2]. De nombreux arguments ont été avancés par les créationnistes, auxquels les évolutionnistes omettent généralement de répondre, par exemple le fait que certaines formes de transition ne sont pas seulement empiriquement absentes, mais sont aussi conceptuellement impossibles, et que ces formes sont précisément celles qui font le plus défaut parmi les fossiles.

On peut simplement dire l’homme descend d’un singe, encore inconnu, probablement souche commune à la fois des Hominidés, des Chimpanzés et des Gorilles, qui a pu vivre il y a 10 millions d’années ». 98 % de l’ADN humain est identique à celui du Chimpanzé, comme 99 % des protéines humaines. (p.99)

La proximité génétique peut se corréler avec la proximité anatomique ou physiologique. Les pourcentages indiqués ne constituent cependant pas la preuve de l’existence d’un ancêtre commun : on peut, dans un jeu de construction (mécano), fabriquer des objets très différents à l’aide des mêmes pièces : la similarité de l’ADN conduit à une parenté des protéines. Mais l’essentiel, ce qui donne forme et structure à la cellule, à l’organe et à l’organisme construit au moyen des protéines, cela reste mal expliqué par les biologistes. Le fait est que l’argument de Humbert focalise notre attention largement à côté de la question. La Bible n’autorise pas une telle conception. L’homme fut créé à l’image de Dieu, et non d’un singe ! (Ge 1.27, Luc 3.38) Mais notre proximité anatomique avec certaines espèces animales nous rappelle notre statut de créatures.

… la généralité du code génétique chez nous les vivants, voilà qui constitue une très forte présomption que la vie sur la Terre n’est apparue qu’une fois, et donc, que tous les êtres vivants sont apparentés (p.179)

Voici un exemple de tautologie évolutionniste : lorsque des différences sont observées chez les espèces vivantes, on les considère comme indication d’une évolution, lorsque des constantes sont observées, c’est une présomption de parenté commune ! Il n’y a aucune nécessité, probablement aucune utilité, pour un Créateur unique, d’adopter plusieurs langages de codification des gènes.

Tentons d’imaginer le discours évolutionniste si le code génétique n’était pas général : « la variété remarquable du code génétique chez les vivants rend caduque l’idée d’une création unique, car une telle création ne nécessite nullement l’existence de divers “langages” de codification. Elle souligne la possibilité qu’a eu la vie d’évoluer de multiples façons, à plusieurs reprises au cours d’une histoire génétique complexe ».

Mais ce débat va plus loin : l’action des virus, en particulier, serait impossible si le code génétique était propre à chaque espèce. Au fait n’est-ce pas l’Éternel qui contrôle l’action de tels agents ? (Agg. 2:17)

Les arguments tirés de la paléontologie

Des quantités énormes de sédiments et de roches sédimentaires se trouvent à la surface de la croûte terrestre. Ils contiennent des fossiles, qui témoignent de l’existence d’un monde disparu. Selon l’enseignement évolutionniste, ces dépôts, ainsi que les fossiles qu’ils contiennent, témoigne de la vie existant. Il y a des millions d’années. Très souvent, les espèces fossiles n’existent plus à l’heure actuelle, d’où l’idée d’une succession d’êtres vivants dans le temps jusqu’à l’époque actuelle.

Plus particulièrement, l’examen des strates, ainsi qu’un certain nombre d’hypothèses, ont abouti au concept de « colonne géologique ». Il est clair que l’évolution repose sur la colonne géologique, une question, essentielle, est de savoir dans quelle mesure la démarche paléontologique, stratigraphique, est elle-même dépendante, de l’évolution, auquel cas un raisonnement circulaire se trouverait à la base de l’ensemble de l’évolutionnisme. C’est un point crucial du débat, et l’auteur perçoit le danger : il défend catégoriquement le bien fondé de la démarche paléontologique.

Beaucoup d’ouvrages créationnistes considèrent que la majeure partie des sédiments fossilifères (cambrien…), fut déposée durant le déluge de Noé et durant les époques subséquentes. Ils ont proposé différentes explications de la colonne géologique, mais il est nécessaire d’en évaluer préliminairement la consistance réelle, car le risque est grand d’en retenir plus qu’il n’en faut et de s’engager involontairement dans un cercle vicieux.

Du simple au complexe ?

L’ordre d’apparition des grands groupes de la zoologie et de la botanique : les plus complexes sont toujours apparus les derniers (p.179).

Comme l’indique D. Tassot[3], l’argument de la complexité procède d’une double confusion :

  • « confusion entre l’ordre logique et l’ordre chronologique, supposés régir la même réalité,
  • confusion entre perfection et complexité. Or Dieu, parfait […] agit simplement,
  • confusion, enfin, entre taille et complexité. Or les animaux fossiles sont souvent plus grands que les animaux actuels de la même famille. Les mammouths sont plus grands que les éléphants, des libellules fossiles ont 50 com d’envergure. »

Au siècle dernier, on pouvait penser qu’une cellule d’un tissu, ou qu’un être unicellulaire était quelque chose de très simple, mais la biochimie en a démontré l’incroyable complexité, un protozoaire est parfaitement adapté à son milieu, capable d’exécuter une opération aussi élaborée que la reproduction en quelques minutes. La perfection totale des unicellulaires comme les radiolaires « animalcule le plus simple qu’on puisse imaginer, il est donc informé, intelligent, actif, efficace, complet, parfait… On ne voit pas pourquoi il serait poussé à évoluer ! À part les cas de mutations (toujours régressives) que nous révèle la biologie moléculaire, tous les êtres vivants sont également parfaits, et il est insensé de dire que l’un est plus “évolué” que l’autre. » Selon le biologiste G. Sermonti : « Il n’y a pas eu de transformation du simple au complexe. C’est là la révélation de la biologie moderne. La complexité biochimique d’un microbe n’est pas inférieure à celle d’une plante ou d’un animal[4] ».

En conclusion, l’argument de la complexité est d’un emploi délicat, pour plusieurs raisons :

  • on trouve dans tous les systèmes géologiques des fossiles d’espèces prétendument simples et d’espèces complexes. En fait, tous les groupes majeurs, exceptés peut-être les groupes incluant les palourdes et les escargots sont représentés par une grande variété et des formes fossiles plus complexes qu’aujourd’hui[5].
  • certains critères sont subjectifs, comme le caractère “archaïque” de certaines espèces, ou sans grande portée, comme l’esthétique de certaines ammonites.
  • les espèces simples le sont souvent en vertu d’une meilleure adaptabilité. Nous avons indiqué plus haut (p.9) ce que les créationnistes postulent du patrimoine génétique à la création : les sortes créées étaient susceptibles de développer certaines caractéristiques par croisement, au prix d’un affaiblissement de leur variabilité génétique. Cela s’observe souvent pour les espèces ayant engendré les variétés domestiques actuelles (mouton, bœuf, chien), en particulier,
  • la simplicité ne se traduit pas au niveau biochimique : elle n’est qu’apparente.

La colonne géologique

Les espèces fossiles retrouvées au sein de bancs sédimentaires montrent des associations et ont suggéré aux paléontologues l’idée d’une succession de faunes. L’éparpillement géographique des fossiles ne permettant pas de l’établir directement, les paléontologues eurent recours à des recoupements géographiques de bancs ou corrélations, afin d’établir la superposition chronologique globale des bancs géologiques et des faunes successives : la colonne géologique.

Réciproquement, le contenu en fossiles des bancs géologiques, en particulier en fossiles caractéristiques, est utilisé pour leur attribution aux différents systèmes (cambrien, ordovicien…), considérés comme des ères géologiques, parties de la colonne géologique.

L’auteur est très confiant dans la validité de la démarche. Sans remettre en cause tous les aspects de cette approche, les créationnistes s’interrogent légitimement sur ses limites et sa signification.

L’ordre d’apparition des grands groupes fossiles : la paléontologie a montré qu’il fallait situer l’apparition des Poissons au milieu de l’ère primaire, celle des oiseaux au Jurassique supérieur, celles des plantes à fleurs ordinaires et des insectes supérieurs au crétacé, le développement des mammifères au début de l’ère tertiaire.(…) (p.79,80)

La cohérence de leurs divers classements (à l’état fossile) est un argument d’un poids considérable en faveur du bien-fondé des interprétations de la paléontologie et de la Géologie traditionnelles. (p. 180)

(Réponse d’après[6]) Il est vrai que les trilobites du cambrien et les dinosaures du crétacé ne sont pas, sauf exception, découverts ensemble. Pour l’évolutionniste, les trilobites disparurent avant l’apparition des dinosaures sur la Terre. Cependant, si les trilobites et les dinosaures existaient encore aujourd’hui, il serait difficile de les trouver ensemble, car les trilobites vivraient au fond des mers, les dinosaures sur terre. Après un cataclysme comme le déluge, on conçoit bien que les espèces marines aient pu être ensevelies en premier.

De nombreux fossiles apparaissent au mauvais endroit pour les évolutionnistes, qui tentent de les expliquer en évoquant, le plus souvent, des déplacements géologiques. Par exemple, plus de 60 genres de spores, de pollen de plantes ligneuses et même du bois ont été découverts dans des bancs cambriens, correspondant à une époque considérée comme très primitive. Une compilation de 200 cas a été publiée[7] par J. Woodmorappe qui indique que l’hypothèse d’un déplacement est très souvent non justifiée par des observations indépendantes, comme l’état de préservation des fossiles. Malgré les dénégations de certains, nous restons convaincus du caractère rapide et exceptionnel des conditions d’enfouissement et de fossilisation.

La longue liste des « fossiles vivants », espèces paléontologiquement éteintes, mais biologiquement vivantes, témoigne du vice de conception du système paléontologique.

D’autre part, les fossiles ne suggèrent rien sur l’origine des phylums (= séries prétendument évolutives de formes animales et végétales), d’une façon générale, plus la distance typologique entre espèce est importante, moins on trouve de formes intermédiaires plausibles. La découverte de nouvelles espèces dans le gisement des schistes de Burgess ne révéla pas de chaînons intermédiaires, mais vint augmenter le nombre des lacunes existantes.

A chaque époque, certains animaux vivaient dans les profondeurs océaniques, d’autres sur les rivages, d’autres nageaient en surface, ou étaient continentaux. (p.160)

Les sédiments attribués au début du primaire (cambrien, ordovicien, silurien, env. 1/4 de la colonne géologique depuis le cambrien) contiennent presque exclusivement des fossiles marins. Les exceptions (cas cité plus haut : pollen, spores… dans des couches cambriennes) vont souvent à l’encontre du modèle évolutionniste.

A présent, nous allons montrer que Jean Humbert se montre trop catégorique dans ses propos en les comparant sur deux points avec ceux du Dr David Raup, (chef du département de géologie, université de Chicago et administrateur de la section géologie, « Field Huseum »), conscient de la fragilité de la démarche stratigraphique :

Si un Déluge catastrophique s’était produit, on devrait au moins en trouver les traces. La géologie classique ne les a pas trouvées. […] On n’observe aucune trace de phénomènes catastrophiques dans la structure des roches.(p. 155)

« … cela a beaucoup changé, en revanche, et les géologues et paléontologues contemporains acceptent maintenant généralement le catastrophisme comme une chose normale (« way of life »), bien qu’ils puissent éviter le terme “catastrophe”. En fait, de nombreux géologues considèrent qu’une série d’événement rares, brefs (« short-lived ») sont les principales contributions aux séquences géologiques. Les périodes relativement tranquilles ne contribuent qu’à une petite partie du registre (sédimentaire)[8] ».

Les géologues ne sont pas coupables d’avoir fait un cercle vicieux en datant les couches sédimentaires par le moyen des fossiles. (p.161-166). L’attribution d’un Age aux terrains par les fossiles, puis la constatation de l’évolution quand on monte dans la série des couches ne constitue absolument pas un cercle vicieux. (p.163)

« l’accusation que la construction de la colonne géologique implique un raisonnement circulaire comporte un certain degré de validité… ainsi, la démarche est loin de l’idéal[9]

L’auteur rappelle le premier principe de la stratigraphie :

Chaque strate située au-dessus d’une autre est plus récente qu’elle : sa faune diffère plus ou moins de celles des couches situées au-dessous ou au-dessus. (p.161)

Seule une petite partie de l’ensemble des espèces fossiles peut être utilisée pour attribuer les bancs sédimentaires aux différents systèmes géologiques (cambrien, dévonien, etc.), donc aux prétendues « ères géologiques »: ce sont les fossiles caractéristiques. La question de la validité de la démarche stratigraphique se pose :

  • au niveau local, en regard du mécanisme de déposition sédimentaire conduisant généralement à la stratification, d’une part :
  • au niveau global (terrestre), en regard de la contemporanéité du dépôt des fossiles caractéristiques d’autre part.

En laboratoire, la sédimentation expérimentale montre que la micro stratification, en particulier, résulte généralement d’un tri hydraulique des particules déposées et que les strates n’impliquent donc pas de façon générale une séquence de temps déterminée : plusieurs strates se forment simultanément lors de la déposition. Cela fut aussi observé en sédimentation rapide dans des rivières en crue, ou lente en d’épais bancs côtiers[10]. Une couche de sédiment, déposée dans un intervalle de temps donné, ne correspond donc pas nécessairement à une strate horizontale observée après déposition, comme l’admet implicitement l’auteur.

Sur la base de la seule observation des strates, il est donc difficile de décrire l’histoire sédimentaire, d’autant que certaines caractéristiques, telles les joints de stratification, (espaces de dessication entre strates) ne fournissent aucune preuve d’un mode de déposition « strate après strate ». Aux limites entre systèmes géologiques, on trouve cependant occasionnellement des ondulations ou marques en forme de rides, ou des traces d’érosion.

En conséquence, l’hypothèse que les strates correspondent essentiellement à des unités dans le temps, en particulier à l’intérieur des systèmes géologiques définis plus haut (p.4), paraît liée à celle d’une succession de faunes impliquant à chaque fois des durées considérables.

Dans la mesure ou la démarche stratigraphique opère un compartimentage artificiel dans le temps du contenu fossile des roches, la justification de l’évolution qui en dépend reste sujette à caution.

L’étude globale de J. Woodmorape

La localisation géographique des fossiles caractéristiques, étudiée de façon exhaustive et critique par John Woodmorappe[11], permet de préciser, au niveau de l’extension globale des principes stratigraphiques, ce que nous avons esquissé au niveau local page précédente.

Voici les principales conclusions de cette étude :

  • À cause de différences de plus en plus accentuées (en lithologie, successions fauniques locales…) lorsque l’on passe d’une aire géographique à une autre, la corrélation globale ne repose pas entièrement, ni même premièrement, sur des corrélations empiriques de superposition, mais reste dépendante de la supposition que les fossiles caractéristiques correspondent effectivement à des unités de temps. Par ailleurs, ces fossiles, dont le choix n’est pas indépendant de l’idée de colonne géologique, tendent à se localiser en des endroits géographiquement différents.
  • La prétention fréquemment avancée que les corrélations globales de fossiles sont strictement empiriques et indépendantes d’autres concepts (position défendue par J. Humbert), peut être réfutée : une base conceptuelle est en effet nécessaire pour avancer la notion d’équivalence entre époque et type de fossiles : ce concept ne prend une signification que lorsque les fossiles, en particulier les fossiles caractéristiques, sont considérés comme étant apparus, puis s’étant éteints à des époques définies plus ou moins simultanées sur toute la Terre : le lien avec la théorie évolutionniste est évident. Si les apparitions sont dues à des modifications écologiques plutôt qu’évolutives, il n’y a pas de base conceptuelle pour croire à une apparition simultanée sur toute la Terre et les fossiles directeurs ne peuvent être considérés comme appartenant à des époques définies.
  • les classements en espèces et genres fossiles sont hautement subjectifs, au point que leur inventaire dans une collection donnée varie de plus d’un facteur deux.
  • la taxinomie a été délibérément biaisée afin de produire une grande quantité de taxons proches (espèces, genres). Par exemple, des fossiles identiques sont parfois nommés différemment dès lors qu’ils apparaissent dans des systèmes géologiques “trop” éloignés, si bien qu’il existe un nombre curieusement élevé d’espèces qui apparaissent précisément au début d’une “ère” géologique et qui s’éteignent précisément à la fin d’une autre, comme les fossiles sont utilisés comme indication d’âge géologique, on entre dans un raisonnement circulaire parfait chaque fois que des critères d’âge sont acceptés en taxinomie.
  • la principale tendance lorsque l’on se déplace vers le haut de la colonne géologique n’est pas tant la disparition des formes anciennes que l’apparition de formes flambant neuves. Par exemple, 15 % des formes (familles) du cambrien se retrouvent à notre époque (récent), alors que ces mêmes formes ne constituent que 2,5 % des familles actuelles.
  • lorsque des formes “anciennes” et plus “récentes” coexistent de façon inattendue, la tendance est de considérer la formation comme plus récente, ainsi on retarde au maximum l’apparition des groupes dans la colonne géologique, ce qui rend la rend plus convaincante.
  • il n’existe qu’un petit pourcentage de lieux où des fossiles d’un système géologique sont effectivement recouverts par des fossiles d’un autre système. La tendance est à une répartition géographique en secteurs distincts, ce qui constitue une première indication du fait que tous les fossiles ont pu vivre à une même époque, mettant en cause les notions d’évolution, de périodes géologiques et de temps géologiques. Cette tendance qu’ont les fossiles de différents “âges” à être géographiquement incompatibles, permet d’expliquer ceux-ci en terme de déluge universel en des mécanismes de répartition réalistes.

Il apparaît en conclusion, que ni les hypothèses de hase ayant conduit à l’établissement de la colonne géologique, ni la démarche stratigraphique de détail, ne sont exemptes d’une certaine dépendance du concept d’évolution. Il est par conséquent contestable d’en appeler à la cohérence des classements paléontologiques et à la colonne géologique comme preuves de l’évolution.

Un argument décisif ?

L’argument suivant est considéré comme décisif par l’auteur :

l’examen des coraux montre des anneaux de croissance semblables à ceux des arbres : ces bandes annuelles sont subdivisibles en fines lignes journalières. Sur les coraux dévoniens, on compte 400 lignes journalières par an, il y en a 380 sur ceux du carbonifère, et ce nombre va décroissant jusqu’à aujourd’hui. Par ailleurs, les astronomes avaient déjà calculé que la friction due aux marées ralentit la rotation de la Terre : il fallait accorder 425 jours par année au Cambrien et 400 au Dévonien. Puis, un autre chercheur montra des bandes mensuelles dans des coraux dévoniens, correspondant aux intervalles entre les pleines lunes. Dans une année dévonienne de 399 jours, il calcula 13.03 mois lunaires. L’âge des coraux, établi par la radiochronologie, est en harmonie avec la durée des années et avec celle des mois lunaires comptées sur les coraux, et avec les calculs des astronomes. (p.167)

Ce calcul suppose que les marées sont la seule cause du ralentissement de la rotation de la Terre : 11 s’agit d’une évaluation théorique, entre 1956 et 1980 le ralentissement observé (astronomiquement) fut trois à quatre fois plus important que celui correspondant à ce calcul[12]. Les variations constatées montent que d’autres facteurs entrent en jeu, dont on peut suspecter qu’ils constituent, même à long terme, une source de ralentissement supplémentaire. Le calcul suppose aussi un freinage constant au cours des temps géologiques, donc une distance Terre – Lune invariante. Une telle hypothèse ne fait pas l’unanimité, et ne correspond pas au comportement actuel de notre satellite, qui s’éloigne de plusieurs centimètres par année.

Les coraux ne sont pas les seules espèces à présenter des stries quotidiennes, mensuelles et annuelles : les Nautiles indiquent un « mois lunaire » de seulement 9 jours au silurien[13]. Un tel mois lunaire correspondrait à une distance Terre – Lune 56 % inférieure à la distance actuelle, induirait des marées douze fois plus intenses, accompagnées d’un ralentissement beaucoup plus important que celui supposé plus haut.

Ces informations indiquent cependant que le climat et les saisons étaient sensiblement différents dans le passé, en particulier les temps antédiluviens.

Un exemple de colonisation

L’auteur cite ce qu’il appelle « les étapes de la conquête de reproduction aérienne par les archégoniées » (mousses, fougères, gymnospermes, angiospermes),

cette séquence jalonne de façon remarquable les étapes qui ont permis à une fécondation primitivement aquatique de devenir aérienne, adaptée à la vie sur les continents (p.169).

Il explique que les spores des mousses sont mal adaptées à la vie continentale, que la reproduction des fougères est aquatique, tandis que les gymnospermes (le Pin) et les plantes à fleurs ont une fécondation aérienne. Il indique cependant que cette série n’est pas phylétique (ces plantes ne descendent pas les unes des autres dans le schéma évolutionniste).

À notre avis, le modèle d’explication en termes d’environnement est plus convaincant que celui donné par l’évolution. Les zones écologiques antédiluviennes, d’après certains auteurs créationnistes[14], comprenaient la zone des basses terres, très chaudes et humides. Plus haut, une zone moins humide, plus fraîche, plus exposée au vent.

Étant donné le caractère délicat du problème de reproduction des plantes (immobiles), la progression observée entre fécondation aquatique et fécondation aérienne s’explique assez naturellement dans le contexte créationniste.

Critique du créationnisme

On peut critiquer les hypothèses des créationnistes, on peut critiquer leurs méthodes ou leurs conclusions en fonction de leurs hypothèses. Cependant, demander qu’ils appliquent la méthode scientifique rigoureusement à l’étude des événements historiques constitue un mauvais procès. L’auteur multiplie les attaques contre leurs hypothèses (p. 151 à 159).

Cependant, des auteurs créationnistes ont traité de la plupart des points soulevés par l’auteur. Ils ont apporté des preuves, au moins de solides arguments, en faveur d’une sédimentation rapide (troncs multistrates, fossiles brusquement enfouis, fréquente absence de signes d’érosion, etc.). Des études sérieuses ont été aenées, au besoin sur le terrain, qui ont montré la fragilité de certaines hypothèses admises, en particulier sur la durée nécessaire aux dépôts sédimentaires fossilifères[15].

Atteints les derniers, les êtres continentaux, tels les gros Dinosaures, les Mammouths, auraient été ensevelis sur d’anciennes montagnes (selon les créationnistes). Leurs fossiles se trouvent-ils aujourd’hui sur d’anciennes montagnes ? Ce n’est pas le cas des Mammouths, tant s’en faut (!), ni celui des Dinosaures. (p.160).

Les auteurs créationnistes cités par Humbert[16] proposent un schéma de répartition topographique des espèces sur la terre et la mer permettant de retrouver, en gros, les fossiles actuels dans le œême ordre que cette répartition topographique. Ils postulent d’autre part de tels bouleversements pendant le déluge (p.240. fig.15). que le reproche de l’auteur se trouve dénué de pertinence.

La Bible indique d’ailleurs clairement que la terre d’alors fut détruite par l’eau (cf. II Pi. 3.5). ce qui implique que l’ancienne topographie n’existe plus. Le fait que l’on ne trouve pas de montagnes dans ces sédiments témoigne en faveur du récit biblique.

Une attaque déloyale

La multiplication des arguments de toutes sortes, souvent sans justification particulière, rendent une réponse exhaustive difficile. Nous rejetons les thèses de Jean Humbert concernant la véracité de l’évolution, des Âges géologiques, les méga mutations, ainsi que sa critique du créationnisme.

Nous regrettons son approche superficielle de la littérature et des modèles créationnistes, propre à faire accroire que le créationnisme est sans fondement, le manque de hauteur par rapport aux conceptions en vogue, interdisant un jugement équilibré, une hypothèse des méga mutations insuffisamment développée, enfin, une approche théologique qui n’est pas honnête avec le texte biblique. Enfin, nous déplorons la manière, J. Humbert exige la rigueur scientifique, mais certaines critiques montrent une méconnaissance des travaux créationnistes, il prône le respect des autres, mais il dénigre les créationnistes (p.157), il fait profession d’ouverture d’esprit, mais utilise implicitement l’argument d’autorité (p.154) : il fait profession d’orthodoxie biblique mais avance que l’homme descend du singe.

Ce qui est sûr

Ce qui est sûr (sic), c’est qu’on ne peut envisager une « Terre jeune », vieille seulement de quelques milliers ou même de quelques millions d’années. Il faut compter en centaines de millions ou en milliards d’années. (p.118)

Nous avons suggéré ailleurs[17] que le fondement de l’argumentation opposée à la Genèse biblique était assez éloignée du cœur du sujet, l’origine de la vie, puisque non seulement les théories admises en matière d’évolution et de paléontologie sont contestables dans leurs démarches et leurs conclusions. Mais qu’elles reposent sur un consensus et des prémisses qui par nature s’opposent a la Révélation, puisque l’on prétend appliquer la méthode scientifique sans restriction à l’histoire.

Au sujet de la jeunesse de la Terre, il convient tout d’abord de répondre à la question « de quelle Terre parle-t-on ! » En effet, par “Terre”, on entend souvent « globe terrestre » ou « planète Terre », c’est-a-dire le sens astronomique. Mais la Bible entend généralement un sens plus géographique : la « terre ferme », le continent ou la croûte terrestre : elle enseigne une formation récente dans son contexte propre. Retraçons les étapes majeures de l’histoire terrestre selon la Bible :

  1. la Terre primordiale, informe et vide, donc topographiquement non encore structurée et abiotique de Ge 1:2. La Bible ne donne aucune d’indication d’âge ou d’origine de la Terre primordiale elle-même : doit-on comprendre qu’elle était présente au début de la création (avec un “âge” indéfini), ou bien qu’elle fut créée au premier jour informe, pour être modelée par la suite ? Nous considérons qu’une interprétation littérale Ge. 1 reste souhaitable elle doit aussi être nuancée, comme pour n’importe quel autre texte biblique.
  2. la Terre d’autrefois (2 Pi. 3.5), tirée des eaux lors de la semaine de création. Elle fut modelée et peuplée a cette époque, bénéficiant désormais de conditions très favorables à la vie, mais fut détruite par les eaux du déluge.
  3. la Terre actuelle, qui porte les profondes cicatrices du déluge et des dégradations consécutives (déserts, hautes chaînes de montagnes, banquises, déséquilibres thermiques et écologiques, tremblements de terre…). Autant que l’histoire passée, le futur s’inscrit en rupture :
  4. la nouvelle Terre (Apoc. 21) n’apparaîtra pas non plus à la suite d’une longue évolution, mais de l’action immédiate du Créateur, qui aura détruit l’ancienne par le feu.

L’auteur soutient donc la thèse dite du créationnisme progressif :

une intervention continuelle de Dieu, non seulement pour la création de la vie, mais tout au long du processus évolutif, à chaque étape de la formation des espèces vraiment nouvelles.(p.194). Dieu ayant créé le temps et œuvrant dans temps, rien ne s’oppose à la notion de création progressive (p.189).

Une des raisons qui s’y oppose est que 1’homme li été placé sur terre pour gérer la création (Ge. 1.26). Que signifie cette mission qui intervint après des millions d’années, après qu’une majorité d’espèces eût disparu ? D’autre part, les espèces sont interdépendantes et la création forme un tout.

En citant H. Blocher et F. Schaeffer (pp. 190. 191), l’auteur désire maintenir l’historicité de la chute : il veut montrer que les branches sont toujours solidement reliées à l’arbre, mais à quoi bon, dès lors que le tronc est coupé ?

Aussi, le Créateur a voulu se glorifier dans la création et ne l’a pas développée de façon furtive, sans qu’il n’y paraisse (Job 38) : la création est une étape fondamentale de l’histoire des interventions divines. Aucune grande étape biblique (création, déluge, passage de la mer rouge, résurrection, apocalypse…) n’est décrite ni considérée comme progressive, bien au contraire.

Toute interprétation doit respecter le texte biblique, et éviter de lui faire dire ce qu’il ne dit pas, elle doit respecter son enseignement, son autorité et son contenu profond, le chrétien doit accepter le risque intellectuel d’être tourné en dérision par conformité à ce message. Cette attitude se révélera en tous les cas plus avisée que celle qui consiste à courtiser les évolutionnistes. A se compromettre avec l’esprit du monde et à tricher avec la Bible.

La fantaisie de Dieu n’est-elle pas supérieure à la sagesse humaine ?

Dieu qui souffle pour donner la vie à l’homme est une image à portée hautement symbolique. Sinon, prise littéralement, que signifierait-elle à propos du Dieu que la foi biblique se refuse à matérialiser ? (p.205)

Un anthropomorphisme en ce qui concerne le Créateur n’implique pas nécessairement une allégorie au sujet de la créature, d’autant que le but du texte n’est pas de décrire le Créateur, mais la créature.

L’argument des anthropomorphismes pèche sur un autre point capital, en ignorant le caractère trinitaire de Dieu, dès le commencement. Rien ne s’oppose à ce que ce texte soit pris littéralement, dès lors que l’on y reconnaît la personne du Fils préincarné, ce qui explique dès l’origine le lien particulier de la seconde personne de la Trinité avec l’homme.

La Bible indique une création immédiate de l’homme à partir de la poussière, ayant Dieu en guise de seul ascendant (Ge 2.7, Luc 3.38), elle insiste sur le fait que toute l’humanité descend d’un seul (le premier Adam), et précise le plus explicitement que la femme fut tirée de l’homme : (Ge.2,1 Tim. 2.13), récit qui embarrasse l’auteur (p.208). À l’instar d’Henri Blocher, il considère que la richesse symbolique d’un présage autorise une interprétation non littérale : c’est un critère subjectif et dangereux, puisque on peut trouver une richesse symbolique dans une grande partie des textes bibliques et que l’usage d’un symbole n’exclut nullement une signification littérale de l’ensemble.

Inévitablement, l’approche semi-naturaliste de l’auteur ne participe pas d’une exégèse viable et demeure dommageable sur le plan herméneutique (ancien et nouveau Testaments).

« Ce n’est pas en suivant des fables habilement conçues que nous vous avons fait connaître la puissance et l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ ». (II Pierre 1,16)

Serge Rambert

[1]      R. Junker, S. Scherer, Entstehung und Geschichte der Lebewesen, Weyel, Giessen (1988), pp. 131-138

[2]      M. Denton, Evolution, une théorie en crise, Londrey (1988), p. 198, 199

[3]      D.Tassot, A l’image de Dieu, Maître Albert, (1991), p. 39, 40

[4]      D.Tassot, A l’image de Dieu, Maître Albert, (1991), p. 39, 40

[5]      H.M Morris G. Parker, What is creation science? Master Books (1987), p. 128

[6]      Idid. p. 165

[7]      J. Woodmorappe, An Anthology of Matters significant to Creationism and Diluviology, Creation Reseaarch Society Quarterly, Vol 18 (4) (1982), pp. 102 sq

[8]      D. M. Raup, « Geology and Creation », Field Museum of Natural History Bulletin Vol 54, (March 1983), p. 21

[9]      D. M. Raup, « Geology and Creation », Field Museum of Natural History Bulletin Vol 54, (March 1983), p. 21

[10]    G. Berthault, La restruction stratigraphique, Positions créationnistes No 7 et 9, Association Création, Bible et Science, Lausanne

[11]    J. Woodmorape, A diluviological Treatis on the statigraphic Separation of Fossils, Creation Research Society Quarterly 20(3), (1983), pp 133 sq

[12]    Astronomie Flammarion Vol. I, Flammarion, Paris (1985), pp. 64, 65

[13]    C. Pomerol et al. Stratigraphie et paléogéographie, Principes et méthodes, Doin, Paris, 1980, p. 56

[14]    J.Flori et H. Rasolofomasoandro, Evolution ou création?, SDT (1974), pp 262, 263

[15]    Speak to the Earth, Creation Studies in Geoscience, Ed. G. Howe, Presbyterian and Reformed Publishing Co. (1975)

[16]    J.Flori et H. Rasolofomasoandro, Evolution ou création?, SDT (1974), pp 262, 263

[17]    S. Rambert, Révélation des origines de Henri Blocher: Une réponse, Positions créationnistes, No 11, (1990), Association Création, Bible et Science, Lausanne