Positions Créationnistes – numéro 2 | Remarques sur la création de l’homme

par | Positions Créationnistes

Depuis un certain nombre d’années des savants chrétiens, des théologiens et des pasteurs plus nombreux encore, ont adopté l’idée selon laquelle le corps d’Adam n’aurait été rien d’autre que celui d’un animal qui, au cours d’une évolution de plusieurs millions d’années se serait transformé en un bipède. D’après ce courant de pensée, Dieu aurait, il y a plusieurs centaines de milliers d’années, doté cet animal d’une âme éternelle. C’est ainsi que l’homme serait apparu sur la terre. Que devons-nous penser d’un tel point de vue ? Serait-il vrai ? Serait-il pour le moins pensable ? Concorde-t-il avec ou contredit-il l’enseignement des Écritures sur l’origine de l’homme ? Même s’il nous est impossible d’accepter ce point de vue, ne nous faudrait-il pas, cependant, nous garder de l’écarter entièrement comme certains le souhaitent ? En d’autres termes, ne devons-nous pas admettre ce point de vue comme une option évangélique possible ?

« Dieu créa l’homme… »

Un mot de la Bible à lui seul ferme la porte à ce point de vue à tout jamais. C’est le mot hébreu bara[1]. Ce verbe que l’on retrouve 49 fois dans l’Ancien Testament a une portée et un usage fortement circonscrits. Ce mot est exclusivement utilisé pour exprimer l’idée de la création par Dieu de quelque chose d’absolument nouveau ; création qui est sans le moindre précédent. Ce mot déclare que sur le seul ordre de Dieu, sans autre condition et sans la moindre intervention supplémentaire, une chose qui n’existait pas est venue à l’existence. « Car il a donné un ordre, et ils ont été créés » (Ps 148:5).

C’est ce verbe-là que Moïse utilise non pas une fois, non pas deux fois mais pas moins de trois fois dans le seul texte de Genèse 1:27 qui, au sujet de la création de l’homme déclare : « Dieu créa l’homme à son image : il le créa à l’image de Dieu, homme et femme il les créa ». C’est ce même verbe qui est employé au verset deux du cinquième chapitre : « Homme et femme il les créa…» (Gen. 5:2) et plus loin, « L’Éternel regretta d’avoir fait (bara’) l’homme sur la terre. » (Gen. 6:7). Moïse est ici parfaitement clair ; l’homme est un être différent. Il n’a pas de lien avec ce qui le précède. Il est entièrement nouveau. Il fut créé directement par Dieu lui-même.

Le Nouveau Testament

La création par Dieu des corps d’Adam et d’Eve de façon directe, sans l’utilisation d’animaux intermédiaires préexistants, ressort également de l’enseignement du Nouveau Testament. Lorsqu’en Matthieu 19:4-6 notre Seigneur Jésus-Christ se réfère au premier mariage, il cite Genèse 1:27 et 2:24, faisant explicitement appel au fondement physique du mariage. Il y enseigne que Dieu avait, créé l’homme et la femme physiologiquement mêle et femelle. Si, avant d’acquérir sa nature spirituelle, l’homme avait déjà été physiologiquement un animal, il aurait déjà été en possession d’une nature masculine ou féminine. Si cela avait été le cas, la compréhension qu’avait notre Seigneur Jésus-Christ de ces passages de la Genèse aurait été erronée. Sur ce point précis le Seigneur n’aurait ’pas été un guide sûr pour nous conduire dans toute la vérité. Il se serait manifesté faillible et Imparfait et nous serions en conséquence toujours sans Sauveur.

Que Paul croyait à la nature physique unique de la race humaine est évident en lisant I Corinthiens 15:39 où il écrit : « Toute chair n’est pas la même chair ; mais autre est celle des hommes, autre la chair des animaux… » L’apôtre inspiré contredit ici catégoriquement une des idées les plus chères de l’évolutionnisme théiste : le caractère identique sur terre de toute chair, tant animale que humaine, la race humaine n’étant qu’un sous-genre d’une espèce englobant tous les mammifères anthropoïdes.

Une affirmation néo-testamentaire encore plus claire de l’origine surnaturelle de l’humanité se trouve en I Corinthiens 11:8,12 : « En effet, l’homme n’a pas été tiré de la femme, mais la femme a été tirée de l’homme… Car de même que la femme a été tirée de l’homme, de même l’homme naît par la femme, et tout vient de Dieu. » Paul affirme ici que quoique tous les hommes, hormis Adam, naissent d’une femme, cependant la femme tire sa dernière origine de l’homme lui-même (voir Gen. 3:24, Actes 17:26). Si Paul avait adhéré à la théorie que nous examinons ici, il lui aurait été impossible de s’exprimer ainsi. Une distinction aussi nette entre l’origine de l’homme et celle de la femme lui aurait été impossible. Il aurait en fait dû dire que la première femme tirait son origine physique, non d’un homme, mais d’une femelle animale.

Le texte décisif : Genèse 2 : 7

En gardant ces constatations à l’esprit, nous sommes en meilleure position pour examiner le plus important des textes traitant de la création de l’homme, Genèse 2 :7 : « L’Éternel Dieu forma l’homme de la poussière du sol ; il insuffla dans ses narines un souffle vital, et l’homme devint un être vivant. » D’une façon générale, les théistes évolutionnistes interprètent la poussière du sol à partir de laquelle Dieu forma Adam, de manière figurée. Elle représente pour eux les formes inférieures de vie qui auraient précédé l’apparition de l’homme. Selon la théorie de l’évolution, ces formes de vie, à leur tour, proviendraient de la matière, d’éléments chimiques inorganiques. En plus, ils pensent que la création d’Adam aurait uniquement impliqué le don par Dieu d’une nature spirituelle à une créature préhumaine. C’est ainsi pour eux que « l’homme devint une âme vivante », comme ils aiment à traduire le texte hébreu.

Cette façon de comprendre le texte hébreu est en soi parfaitement légitime. Néanmoins, nous devons Insister que dans ce verset la phrase « l’homme devint un être vivant » ne peut pas être comprise comme affirmant que le corps d’Adam ait précédemment eu une forme préhumaine. Cette phrase est correctement traduite par l’expression « être vivant » vu son utilisation en Genèse 1:20-21 où, au pluriel, elle est appliquée aux animaux marins. En d’autres mots, le but spécifique de Genèse 2:7b n’est pas de nous dire qu’Adam avait une nature spirituelle. Genèse 1 :26-27 a déjà implicitement appris ceci au lecteur de la Genèse. Le but de notre verset est de nous faire comprendre qu’Adam n’était d’aucune manière une créature vivante de quelqu’espèce que ce soit, jusqu’au moment où le souffle créateur de Dieu le vivifia. Jusqu’à ce moment précis il n’était rien que matière inanimée dépourvue de toute vie. Nous voyons ici une réfutation catégorique de l’évolution théiste.

Il est parfaitement légitime d’interpréter l’expression « la poussière du sol » de manière symbolique, comme signifiant la matière chimique inorganique. Cependant, il devient évident qu’elle ne peut en aucun cas être interprétée comme une représentation figurée des formes de vie inférieures, quand on la situe dans le contexte de son emploi dans les premiers chapitres de la Genèse. Au chapitre suivant, Dieu maudit Adam en ces termes : « Le sol sera maudit à cause de toi… il te produira des chardons et des broussailles… c’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes dans le sol, d’où tu as été pris ; car tu es poussière, et tu retourneras à la poussière » (Gen. 3:17-19).

Deux choses fort intéressantes sont dites ici au sujet du « sol » et de la « poussière » d’où Adam fut tiré : d’une part qu’ils produiront des broussailles et des chardons et, d’autre part, qu’Adam y retournera. Mais, si l’expression « la poussière du sol » se réfère aux formes inférieures de vie, quel peut en être le sens ici ? Ce passage enseigne-t-il que les animaux inférieurs produiront des chardons et des broussailles en conséquence de la malédiction ? Implique-t-il qu’Adam à sa mort retournera à une forme inférieure de vie ?

La seule conclusion possible est que nous devons interpréter la phrase « la poussière du sol », d’où Adam fut tiré, comme nous venons de le faire. Cette phrase exclut de manière radicale toute possibilité d’origine animale pour l’homme. Le deuxième chapitre de la Genèse nous fait comprendre également de manière parfaitement claire qu’Eve fut tirée physiquement, littéralement et miraculeusement du côté d’Adam. En conséquence, quel sens peut-il y avoir à expliquer la création d’Adam en termes évolutifs ? Croire que le corps d’Adam ait évolué naturellement et que celui d’Eve fut créé de manière directe miraculeuse est absurde. S’il nous est possible d’admettre qu’Eve fut créée directement et surnaturellement par Dieu, pourquoi faire tant de difficultés pour admettre la même chose pour Adam ?

L’enseignement de l’Écriture est clair. Nos premiers parents furent créés directement et de façon surnaturelle par Dieu. Ceux qui affirment autre chose ne disent pas la vérité[2].

Stuart OLYOTT

 [1]      Ceux qui aimeraient étudier de plus près le sens et l’usage biblique du verbe bara’ peuvent consulter l’étude consacrée à ce sujet par Bergmann, Ringgren, Bernhardt & Botterweck dans l’ouvrage « A Theological Dictionary of the Old Testament » édité par G. Johannes Botterweck et Helmer Ringgren, Grand Rapids, Eerdmans, 1975, Volume 2, p. 242-249.

[2]      Une grande partie de l’argumentation contenue dans cet article se trouve, de manière plus complète, dans l’ouvrage de John C. Whitcomb Jr « The Early Earth », Londres, The Evangelical Press, 1972, p. 91-111