2ème partie
Dans la 1ʳᵉ partie de cet article nous avons entrepris la classification de base indispensable à une application appropriée d’arguments tirés des lois de la thermodynamique. Les catégories suivantes de matériaux ont été différenciées : organisés, désorganisés, complexes et finalement informatisés. La proposition a été avancée que du point de vue purement physique ce n’est ni l’énergie, ni l’ordre, ni la complexité, mais plutôt ce qu’on peut appeler une complexité spécifique ou le contenu d’information que l’on trouve codifié dans les cellules qui est responsable de la coordination des fonctions vivantes. Tous ceux qui ont étudié, même les organismes les plus simples, ne peuvent manquer d’être frappés par l’aspect sophistiqué et la capacité de résistance à un contexte hostile, des êtres vivants. Même les virus, qui ne peuvent être considérés comme des êtres vivants (les mécanismes biologiques nécessaires à la reproduction leur faisant défaut) sont cependant suffisamment “informatisés” pour pouvoir utiliser les services de leurs cellules hôtes afin d’accomplir et de compléter leurs fonctions vitales.
Ceci étant dit, il ne faudrait pas en conclure que la thermodynamique, science traitant avant tout de matériaux organisés et désorganisés, ne saurait être appliquée aux êtres vivants.
- Premièrement, partant du postulat (postulat que nous allons réexaminer plus loin) que les organismes vivants ne sont rien d’autre qu’une interaction de matière et d’énergie, la thermodynamique peut dire quelque chose sur l’énergie requise par le processus de la vie et sa tendance à « croître vers un état achevé ». L’on peut, par exemple, s’attendre aux mêmes réactions chimiques, qu’elles se produisent à l’intérieur ou à l’extérieur des cellules. L’industrie pharmaceutique est dans une certaine mesure fondée sur un tel postulat. Il est ainsi possible d’utiliser la thermodynamique pour étudier l’utilisation de l’énergie par les êtres vivants.
- Deuxièmement, des arguments tirés de la statistique thermodynamique peuvent servir au calcul des probabilités d’une production spontanée d’information. Mais avant d’examiner comment ces deux applications de la thermodynamique se rapporteraient au problème de la génération spontanée, il nous faut d’abord examiner brièvement la deuxième loi.
La deuxième loi de la thermodynamique
La température et la notion de chaleur comme une forme d’énergie sont définies par les lois zéro et première de la thermodynamique. La 2ᵉ loi affirme que dans un système disposant d’une quantité d’énergie fixe la répartition d’énergie au travers des divers mouvements internes dans un matériau donné aura tendance à se diviser, ce qui maximisera le nombre de possibilités. Clarifions cette idée par un exemple.
Imaginez une tasse de café entièrement froide à l’exception d’un faible volume à son centre. Ceci veut dire que les molécules contenues dans ce petit volume ont en moyenne des mouvements beaucoup plus vigoureux que ceux de leurs confrères se trouvant ailleurs dans la tasse. La 2ᵉ loi affirme simplement que la partie chaude se refroidira en augmentant la chaleur des parties froides jusqu’à ce que l’ensemble parvienne à la même température.
La raison en est que le nombre de possibilités (c.à.d. la variété possible d’états des molécules en mouvement) est plus grand lorsque l’énergie est divisée de façon égale (en prenant la moyenne) entre toutes les molécules du matériau donné. Le contraire d’un tel état consisterait à avoir toutes les molécules au repos à l’exception d’une seule. L’unique possibilité alors serait la propulsion de cette molécule porteuse de toute l’énergie dans une direction quelconque. Lorsque l’énergie est répartie d’une manière plus régulière, il existe de nombreuses autres possibilités. Le nombre important de possibilités de mouvements disponibles provient du caractère fortuit du mouvement des molécules. En conséquence, la probabilité pour les molécules de se trouver dans un état de mouvement particulier dépendra tout simplement du nombre total de possibilités disponibles. Prenons un exemple : lorsque l’on jette plie ou face, la probabilité de l’une ou l’autre des solutions est de 50 %, comme il n’existe que deux possibilités. L’entropie est la mesure du nombre des possibilités. La deuxième loi de la thermodynamique affirme qu’un système isolé disposant d’une quantité d’énergie fixe verra croître son entropie jusqu’à ce que soit atteint l’équilibre thermique. Pour reprendre notre illustration : jusqu’à ce que tout le café ait atteint la même température.
Il est important de noter ici que rien dans notre connaissance du mouvement microscopique des molécules ne rend impossible l’évolution inverse dans votre tasse de café, où un état d’équilibre (l’énergie thermique étant distribuée de façon égale) serait remplacé par un état qui verrait toute l’énergie concentrée en une ou en plusieurs molécules. Un tel développement cependant est hautement improbable. En réalité, le degré d’improbabilité ici dépasserait de loin les capacités de compréhension de l’homme. Un univers rempli de tasses de café ne verrait sans doute pas durant une éternité entière l’apparition d’un pareil événement. La deuxième loi affirme carrément qu’un tel événement ne se produira tout simplement jamais.
La génération spontanée
Examinons maintenant la question de la génération spontanée. Afin de fabriquer un organisme vivant il faut d’abord disposer de la matière brute adéquate et ensuite, si nous voulons que ce travail se fasse tout seul, d’un environnement qui permette que l’édification de l’organisme allie dans le sens d’un équilibre thermique. Comme fort peu des innombrables manières d’assembler la matière parviennent à produire un organisme vivant, il faut s’attendre à ce que la deuxième loi de la thermodynamique rende impossible un tel événement. Il existe cependant des moyens qui permettent de contourner le problème de l’entropie. S’il ne s’agit plus d’un système clos à énergie fixe, mais que nous disposons d’un système ouvert capable d’assimiler l’énergie contenue dans son environnement, nous pouvons alors augmenter ou réduire l’entropie du système. La raison en est que l’environnement lui-même peut se trouver fort éloigné d’un état d’équilibre thermique. D’un point de vue thermodynamique, le fait que des cellules vivantes parviennent, avec l’addition d’un peu d’énergie et de matière brute, à reproduire de nouvelles cellules nous fait comprendre que les questions relatives à l’énergie et à l’entropie ne posent pas de problèmes trop sérieux à la génération spontanée de la vie.
Il est évident qu’en utilisant des cellules vivantes pour reproduire d’autres cellules vivantes nous faussons les données. Mais alors pourquoi nous faut-il absolument disposer de cellules préexistantes ? En quoi la matière et l’énergie seules sont-elles insuffisantes ? En assemblant les matériaux appropriés (tâche qui requiert déjà de l’information) avec de l’énergie, Il est aisé de fabriquer certaines parties de l’arbre structurel dont la vie est constituée. Ainsi ont été fabriqués en laboratoire des acides aminés. Par le jeu des lois physiques seules l’on peut ·créer » certaines des structures complexes nécessaires aux organismes vivants. Certains des dessins compliqués que l’on trouve sur des coquillages ont été Imités par des ordinateurs utilisant des équations assez simples. (Ici encore de l’information est nécessaire pour Indiquer à l’ordinateur les valeurs précises des paramètres libres.) Même si l’on dispose des couleurs exactes, d’un papier de bonne qualité et d’un pinceau, la distance avec la Mona Lisa est toujours bien grande !
Du point de vue de la physique, il est parfaitement clair que l’élément indispensable est celui de l’information. Les mécanismes sophistiqués qui règlent le métabolisme des cellules et leur reproduction sont non seulement complexes, mais sont organisés spécifiquement en vue de la tâche qu’ils doivent accomplir la cellule n’est pas seulement doté d’une structure incroyablement complexe : bien plus, elle fonctionne. Il est évident qu’aucune discussion de la sélection naturelle n’est envisageable tant que l’on ne dispose pas d’un organisme stable, capable d’autorégulation et d’autoreproduction et, qui plus est, peut assimiler plus d’une option viable. Hors de cela les changements seraient inévitablement mortels.
Il faut maintenant nous poser la question suivante : le contenu d’information de la vie aurait-il pu paraître par le seul fonctionnement des lois naturelles ? L’hypothèse évolutionniste fait en général du hasard le seul responsable de l’apparition de la vie. Mais quelle en est la probabilité ? Revenons un instant à l’image d’une chambre remplie d’œufs que nous avons évoqué dans la 1ʳᵉ partie de cet article. Imaginez que la porte de cette pièce ait été fermée à clef au moyen d’une serrure à combinaison dont le numéro et même les instructions d’utilisation vous sont inconnues. Il faudra déplacer ces œufs pendant combien de temps avant que leurs positions relatives parviennent à former un message écrit indiquant le mode d’emploi de la serrure et le numéro de la combinaison ? Nous avons à faire ici à une absurdité bien pire qu’une simple violation de la 2ᵉ loi de la thermodynamique. Le hasard ne peut produire des informations significatives. L’unique alternative matérialiste conséquente consisterait à affirmer que l’information (d’une manière ou d’une autre) serait contenue dans les lois scientifiques elles-mêmes. Il faudrait ainsi postuler que la vie serait la conséquence nécessaire de la matière. Nous ne disposons évidemment d’aucune preuve de pareille hypothèse. Les preuves dont nous disposons vont plutôt dans le sens contraire. Bien plus, une telle démarche exigerait l’élaboration de lois scientifiques d’une nouveauté absolue. Et la question demeure : d’où viendraient donc ces lois ?
Il est bien curieux de constater que malgré le fait que les matérialistes se proclament les champions de la rationalité, l’effort qu’ils ont entrepris pour découvrir une explication purement matérialiste de l’origine de la vie aboutit à l’irrationalisme, au mysticisme panthéiste et à une espèce d’animisme. Si l’homme n’est constitué que de matière seule, alors cette matière doit contenir en elle-même tous les éléments indispensables à la vie et à la conscience humaine.
Mais si nous reconnaissons en Dieu la source de la vie et de l’information (sans parler de la matière et de ses lois), nous aurons une pleine liberté pour engager une relation proprement scientifique avec le monde qui nous entoure.
« En effet, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient fort bien depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages. Ils sont donc inexcusables. » Romains 1:20
Frédérick SKIFF
Dr. ès sciences