Ô Dieu qui régis tout par ta grande Providence

Si j’aime une beauté par ta permission,

Qui comme moi t’adore en ta religion,

Encore que je ne soi digne de ta présence.

Je te supplie, permets de nos cœurs l’alliance,

Ou bien, s’il ne te plaît, distrais l’affection.

Que je lui porte, afin que, franc[1] de passion,

Je pense mieux en toi et que moins je t’offense.

Si tu vois qu’avec elle je puisse davantage

T’aimer et t’honorer et moins te courroucer,

Fais que toujours je l’aime, et l’union avance :

Mais si tu vois, Seigneur, que par ce mariage

Je puisse moins t’aimer et bien plus t’offenser,

Fois que l’union rompe et que plus je n’y pense.

 Jean de la Taille (1540-1607)

Cité par Albert-Marie Schmidt : Les poètes calvinistes français dans : Études le XVIᵉ siècle, Albin Michel, Paris 1967, p.70.

[1]      libre