Ayez de l’empressement, et non de la paresse. Soyez fervents d’esprit. Servez le Seigneur. (Romains 12:11)

L’épître de Paul aux Romains est une lettre qui s’adresse non à une élite, mais à tous les chrétiens. Nous avons ainsi dans ce texte devant nous une parole qui s’adresse à nous tous. Ce chapitre des Romains a pour but de préciser les devoirs pratiques du chrétien. Dieu nous indique comment nous devrions vivre, comment il nous faut nous conduire, nous comporter.

La Parole de Dieu nous d’abord ce qu’il ne faut pas faire : “Ayez de l’empressement et non de la paresse.” La paresse est ainsi interdite à tout chrétien. Mais la Parole de Dieu ne se limite pas à des consignes négatives. Elle nous indique aussi ce qu’il nous faut devenir, ce que nous devrions être : “Avez de l’empressement. Soyez fervents d’esprit. Servez le Seigneur.”C’est en conséquence une obligation biblique d’être bouillant, ardent, passionné, enthousiaste, plein de feu. Nous devons tous être saisis d’un feu sacré pour Dieu. Et ce verset nous montre comment canaliser un tel zèle : “Ayez de l’empressement et non de la paresse, soyez fervents d’esprit, servez le Seigneur.” C’est là notre obligation. C’est à nous d’être empressés, enthousiastes, ardents, entiers dans le service du Seigneur Jésus-Christ.

Le zèle. Mais qu’est-ce donc que le zèle ? “Une vive ardeur a servir une personne ou une cause à laquelle on est entièrement dévoué” nous dit le Petit Robert. Malheureusement aujourd’hui ce mot est galvaudé, rabaissé. Lorsque l’on parle de quelqu’un de zélé on pense plutôt à quelqu’un plein d’enthousiasme, mais sans discernement, sans connaissance ; à quelqu’un auquel manque équilibre et intelligence. Quelqu’un de zélé aujourd’hui est un genre de fou furieux. Il va un peu partout ; partout il « met les pieds dans le plat » ; sa présence est une gêne pour tout le monde ; il nous embarrasse constamment. Ce genre de zèle ne nous intéresse évidemment absolument pas.

Cependant il existe bel et bien un zèle scripturaire, un zèle biblique, bien que nous devions ajouter, un tel zèle est très rare aujourd’hui. Un tel zèle est une obligation pour le chrétien qui se veut fidèle. “Si nous l’aimons nous garderons ses commandements.” Le zèle est quelque chose que Dieu exige de tous les chrétiens.

Parlons franchement. Si vous n’avez pas une grande intelligence la Parole de Dieu vous excuse sans peine. Si vous avez que peu de talents, vous en êtes également excusés. Mais si vous n’êtes pas passionnés pour Dieu, si vous n’avez pas le cœur enflammé, si vous n’avez pas un feu dans vos veines pour l’œuvre du Seigneur, la Parole de Dieu ne vous en excuse pas. Parce que si vous êtes de vrais chrétiens vous serez les disciples de celui qui a dit, “Le zèle de ta maison me dévore.” (Jean 2.12) C’est un tel maître que vous suivez, celui qui a dit, “Il me faut travailler tant qu’il fait jour aux œuvres de celui qui m’a envoyé. La nuit vient ou personne ne peut travailler.” (Jean 9:4) C’est lui qui a félicité Jean-Baptiste, qui a fait son éloge. Pourquoi ? Parce que Jean-Baptiste était la lampe qui brûle et qui brille. Le Seigneur Jésus-Christ exige de tout chrétien, de tout adepte, de tout disciple qu’il soit zélé. C’est lui qui a dit d’une certaine Église : “Je connais tes œuvres. Tu n’es ni froid ni bouillant. Si seulement tu étais froid ou bouillant. Ainsi parce que tu es tiède et que tu n’es ni froid ni bouillant, je vais te vomir de ma bouche. Aie donc du zèle et repens-toi !” (Apocalypse 3:16

I. Tout zèle n’est pas nécessairement authentique

Il existe malheureusement un faux zèle. L’exigence biblique du zèle comporte trois facteurs :

  1. Ayez de l’empressement et non de la paresse
  2. Soyez fervents d’esprit.
  3. Servez le Seigneur.

Prenons, par exemple, les Témoins de Jéhovah qui frappent à votre porte. Ont-ils de l’empressement ? Oui ! Sont-ils fervents d’esprit ? Oui ! Est-ce qu’ils servent le Seigneur ? Non ! Alors leur zèle est un faux zèle.

Au Caire en Égypte existe une université appelée, Alazar. Chaque an 5000 missionnaires sortent de cette université dans le but de conquérir le monde pour Mohammed. Ils se répandent dans tous les pays et c’est leurs amis qui subviennent à leurs besoins.

Sont-ils plein d’empressement et dépourvu de paresse ? Oui ! Sont-ils fervents d’esprit ? Oui ! Servent-ils le Seigneur ? Bien sûr que non. De même en Thaïlande, chaque année 2000 jeunes hommes deviennent moines bouddhistes. Prenons les Mormons. Tout Mormon donne deux années de sa vie pour évangéliser le monde. Ces gens, ont-ils de l’empressement et non de la paresse ? Évidemment. Sont-ils fervents d’esprit ? Bien sûr que oui ! Servent-ils le Seigneur ? Manifestement pas.

Le zèle le plus fanatique au monde – quoi qu’on puisse dire aujourd’hui de la mort du communisme ! – est le zèle communiste. Un jeune américain, devenu communiste au Mexique, écrivit à sa fiancée pour lui dire qu’il ne pouvait plus envisager le mariage en ces termes :

Nous, communistes, connaissons un pourcentage de pertes très élevé. Nous sommes ceux-là que l’on fusille, pend, lynche, passe au goudron enduit de plumes, emprisonne, calomnie, ridiculise, destitue de leurs emplois et à qui l’on rend la vie impossible de mille et une manières. Nous vivons dans la pauvreté. Nous destinons au parti tous les centimes que nous gagnons au-delà de ce qui nous est absolument nécessaire pour subsister. Nous n’avons pas de temps, ni d’argent à consacrer à des spectacles, à des concerts, à des dîners, à de belles villas et à des voitures de luxe.

On dit que nous sommes fanatiques. On a raison, nous le sommes. Notre vie est dominée par une seule et grande vision : LE TRIOMPHE DU COMMUNISME MONDIAL.

Nous avons une philosophie de la vie que tout l’or du monde ne pourrait acheter. Nous avons une cause pour laquelle nous combattons, un but précis dans la vie. Nous subordonnons notre personne insignifiante à un grand mouvement de l’humanité ; et si notre existence semble difficile, si notre moi profond semble devoir souffrir à cause de notre soumission au parti, nous sommes pourtant amplement récompensés par la pensée que chacun de nous, pour sa petite part, contribue à l’avènement de quelque chose de nouveau, de vrai et de meilleur pour le genre humain. Il n’y a qu’une chose qui compte pour moi dans la vie, c’est la cause du communisme. C’est tout à la fois ma vie, mon travail, ma religion, mon passe-temps, ma bien-aimée, ma femme, ma nourriture et mon breuvage. J’y travaille tout le jour et j’en rêve la nuit. Son emprise sur loi, loin de diminuer, augmente avec le temps. C’est pourquoi je ne puis m’engager dans une amitié, une affaire de cœur, ou même une simple conversation sans la mettre en relation avec cette force qui tout à la fois conduit et oriente ma vie. J’évalue les gens, les livres, les idées et les actes d’après l’effet qu’ils ont sur la cause du communisme et leur attitude à son égard. J’ai déjà été mis en prison pour mes idées et si c’était nécessaire, je suis prêt à faire face à un peloton d’exécution[1].

C’est cela le zèle. Le zèle ne manquait pas à Paul avant sa conversion. En prenant sa propre défense il nous dit, dans Actes 22, “J’étais plein de zèle pour Dieu.” (Actes 22:3) Ce zèle en faisait un persécuteur de l’Église ; c’était un homme particulièrement zélé. Il dit de lui-même :

“Dans l’excès de ma fureur contre eux je les persécutais jusque dans les villes étrangères.” (Actes 26:11) A Timothée il écrivait qu’il avait été un blasphémateur, un persécuteur, un homme emporté. Un tel zèle est un zèle mal orienté. Tout zèle n’est pas pour autant authentique. C’est ce aux zèle qui aujourd’hui, partout dans le monde se trouve à l’origine d’innombrables ravages.

A combien plus forte raison les chrétiens doivent-ils être zélés. Nous devons nous consacrer plus pleinement au Seigneur Jésus-Christ. Dans mon adolescence j’ai été frappé par la phrase suivante :

“Si le Christianisme est digne d’être cru, il est digne d’être propagé héroïquement.”

II Un zèle authentique sera incompris et méconnu

Votre zèle ses mal interprété, mal compris, pris de travers. Dans le Nouveau Testament, il y a un autre mot grec de la même famille que “zèle” c’est le mot “bouillir”. Au zèle se joint une ardeur du cœur, ardeur que monte irrésistiblement, qui se met à bouillir. C’est un enthousiasme intérieur. On trouve un tel zèle chez le Seigneur lui-même. Le disciple purent un jour voir ce zèle en action chez leur maître. Il est rempli de feu, enflammé de colère. Il entre dans le temple et en chasse les changeurs et les vendeurs d’animaux. Et à ce moment un seul verset leur vient à l’esprit. “Le zèle de ta maison me dévore.” (Psaume 69:10)

Lorsque le Seigneur débuta son ministère public sa famille disait de lui : “Il a perdu le sens !” (Marc 3:21) Plus tard ses ennemis lui disaient : “Tu as un démon.” (Jean 7:20) C’est à cause de son zèle que l’on le traitait ainsi. N’oublions pas que c’est lui notre maître et c’est pour cela qu’il nous est dit : “Il suffit au disciple d’être comme son maître, et au serviteur comme son Seigneur. S’ils ont surnommé le maître de la maison Belzébuth, à combien plus forte raison surnommeront-ils ainsi les gens de sa maison.” (Matthieu 12:10)

Regardez Paul devant Festus. Que lui dit ce dernier : “Festus dit à haute voix, Tu es fou, Paul. Ta grande érudition te pousse à la folie.” (Actes 26:24)

Quelqu’un a décrit le zèle de Paul en ces termes :

C’est un homme qui ne se soucie pas de se faire des amis ; qui n’espère ni les biens de ce monde, que n’a pas l’appréhension de souffrir la perte de quelque chose de terrestre, que ne tremble pas pour sa vie, qui ne craint pas la mort. C’est un homme que ne représente ni un rang social, ni un pays, ni une condition. Il est l’homme d’une seule idée – l’Évangile de Christ ; l’homme d’un seul objectif – la gloire de Dieu. Un fou, et acceptant d’être tenu comme tel pour Christ. Qu’on l’appelle enthousiaste, fanatique, discoureur ou tout ce que le monde peut imaginer pour le qualifier, il n’en reste pas moins impossible à décrire. Si l’on fait de lui un artisan, un chef de famille, un citoyen, un riche, un mondain, un savant, ou même tout simplement un homme comme tout le monde, s’en est fait de son personnage. Il faut qu’il parle, sinon il mourrait e même s’il devait payer de sa vie, il parlerait. Il n’a pas de repos, mais il va par terre et par mer, escalade les montagnes et traverse les déserts. Il crie à pleine voix et ne ménage personne ni ne se laisse influencer. Dans les prisons, il élève la voix et, même au sein des tempêtes sur l’océan, il ne se tait point. Devant d’augustes assemblées et des rois sur leur trône, il rend témoignage à la vérité. Rien ne peut étouffer sa voix sinon la mort, et même à l’article de la mort, avant que l’épée ne lui sépare la tête du corps, il parle, il prie, il témoigne, confesse, exhorte, combat et enfin bénit la foule cruelle[2].”

Mais si on l’appelle insensé à cause de son service pour Christ, il en est content. Voilà le vrai zèle.

Paul serait-il vraiment insensé ? Il suffit de lire une seule fois les treize épîtres de Paul que nous trouvons dans le Nouveau Testament pour reconnaître immédiatement l’intelligence supérieure de cet homme. Voilà un meneur d’hommes incomparable. Il s’agit d’un organisateur consommé, d’un grand stratège, d’un orateur sans pareil, mais dépourvu de rhétorique savante. Accuser un tel homme de folie est une accusation privée de tout fondement. C’est parce qu’il se consacrait tellement à l’œuvre du Christ qu’on le traitait ainsi de tous les noms. De folie véritable on n’en voit aucun signe chez Paul. Cependant Paul nous conseille la modération et la sobriété (Romains 12:3) et dans toutes ces épîtres il nous encourage à la mesure, à la maîtrise de nous-mêmes, à l’équilibre. Dans l’exemple de Paul nous voyons bien qu’un zèle authentique sera incompris et méconnu, toujours compris de travers.

III Ce qu’est le zèle

Charles Ryle fut le premier évêque de Liverpool. C’était un remarquable évangéliste qui ne craignait ni le diable ni les démons et encore moins les hommes. Il ne craignait que Dieu. Et il a écrit des livres merveilleux, dont un qui donne la définition suivante du zèle.

Un homme zélé dans la religion est avant tout l’homme d’une seule chose. Ce n’est pas assez dire qu’il soit sérieux, sincère, droit, persévérant, entier, fervent d’esprit. Il ne voit qu’une chose, il ne s’occupe que d’une chose, il ne vit que pour une chose, il est entièrement absorbé par cette chose : et cette seule chose c’est de plaire à Dieu. Qu’il vive ou qu’il meure, qu’il soit en bonne santé ou dans la maladie – qu’il soit riche ou qu’il soit pauvre – qu’il reçoive l’approbation des hommes ou leurs outrages – qu’il soit considéré comme sage ou comme fou – qu’il soit honoré ou blâmé – de tout ceci l’homme zélé ne se soucie guère. Il ne brûle que pour une chose : et cette seule chose c’est plaire à Dieu et contribuer à sa gloire. S’il est lui-même consumé à force de brûler, et s’il se consume en brûlant, il ne fait qu’accomplir l’œuvre que Dieu avait en vue pour lui. Un tel homme trouvera toujours une sphère dans laquelle son zèle pourra se déployer. S’il ne peut prêcher, ni travailler, ni donner de l’argent, il pleurera, soupirera et priera. Oui, même s’il n’était qu’un malheureux, perpétuellement couché sur son dit de maladie, il freinerait puissamment par son intercession, la course des roues du péché. S’il ne pouvait combattre dans la plaine avec Josué, il s’associerait au travail de Moïse, Aaron et Hur sur la colline (Exode 17:9-13). S’il était dans l’impossibilité même de participer à l’œuvre de cette façon-là, il n’accorderait aucun repos au Seigneur jusqu’à ce que du secours parte d’ailleurs et que l’œuvre soit quand même accomplie. Voilà ce que j’appelle avoir du zèle dans la religion[3].“

Voilà ce qu’est un homme zélé. Toutes les choses dans sa vie servent Dieu. Il ne pense pas à son bien personnel ; il n’essaie pas de tirer profit de sa religion. Il pense seulement au Seigneur et à sa cause.

Un des chrétiens les plus zélés que le monde ait sans doute connu s’appelait Charles Studd. C’est lui qui fonda la Croisade du Livre Chrétien parmi bien d’autres œuvres. C’était un millionnaire et il donna sans autre sa fortune à la mission. C’était un grand sportif. Tout le monde parlait de lui. Il renonça à sa carrière. Il a quitté son pays pour la Chine. Il y passa des dizaines d’années à l’évangélisation des Chinois. Devenu vieux il est rentré chez lui. Là encore il laissa femme et maison et parti pour l’Afrique. Je ne sais si cela était juste, mais c’est ce qu’il fit. Il travailla à l’évangélisation du Zaïre, du bassin du Congo et bien d’autres pays d’Afrique avant de mourir sur ce continent. Avant de partir en mission Studd écrivit un petit poème.

Certains ne voudraient habiter

Qu’à l’ombre d’un clocher.

Pour moi, j’ouvrirais volontiers

Une auberge pour rescapés

Aux portes de l’enfer[4].

Mais qu’est-ce qui a donc pu pousser un tel homme à faire tout cela pour le Seigneur ? C’est la simple lecture d’un article de journal. Cet article était écrit par un athée. Cet athée y affirmait qu’il était impossible que le Christianisme soit vrai parce que les chrétiens ne prenaient pas leur propre foi au sérieux. Voici l’extrait de l’article qui a frappé Studd au point de le pousser à une vie entièrement consacrée à la mission :

Si je croyais fermement, comme des millions de personnes prétendent le faire, que la connaissance et la pratique de la religion en cette vie a une influence sur notre destinée dans l’au-delà, alors la religion serait tout pour moi. Je regarderais les plaisirs de la terre comme des ordures, les soucis de la terre comme des folies, et les pensées aussi bien que les sentiments terrestres comme de la vanité. La religion ferait l’objet de ma première pensée au réveil et serait la dernière image que conserverait avant de sombrer dans l’inconscience du sommeil je ne travaillerais plus que pour cette cause. Le seul lendemain dont je me soucierais serait l’Éternité. J’estimerais qu’une seule âme gagnée pour le ciel vaut bien une vie de souffrance. La crainte des conséquences en cette vie ne pourrait jamais ni arrêter ma main, ni sceller mes lèvres. La terre, avec ses joies et ses peines, n’aurait aucune place en mes pensées. Je m’efforcerais de n’avoir en vue que l’Éternité et les âmes immortelles qui m’environnent promises bientôt à être éternellement heureuses ou éternellement misérables. Je m’en irais par le monde prêchant à temps et à contretemps et mon texte serait :

QUE SERVIRAIT-IL A UN HOMME DE GAGNER LE MONDE ENTIER S’IL PERDAIT SON ÂME ? (Marc 8:36)[5]

C’est cela le vrai zèle.

Mais quelqu’un avancera tout de suite l’objection : “Si l’on imitait Charles Studd, si on suivait ce que vous nous dîtes, nous risquerions tous l’épuisement et la dépression !” Quand la Bible nous parle de zèle elle n’entend aucunement ce que nous nommons l’activisme. Le zèle c’est plaire à Dieu dans tous les domaines, dans tous les aspects de notre vie. Alors l’homme qui veut plaire à Dieu ne va pas mettre sa vie dans une situation, dans un état, où son utilité sera réduite. L’homme qui veut plaire à Dieu va se dire : “Qu’est-ce que je peux faire, moi, dans mes circonstances présentes, pour Dieu ?” Et cette chose précise il la fera. Il tracera des frontières et des limites et il travaillera jusqu’à la frontière même de ses limites. Ainsi il fera tout ce qui lui est possible pour Dieu.

Lorsque l’on prêche sur le zèle il se trouvera toujours quelqu’un pour dire : “Allons donc ! Nous n’avons pas le droit de faire souffrir nos familles.” Mais je rappelle encore que ce message est sur le zèle et non sur l’activisme. L’homme zélé veut plaire à Dieu, et il ne voit pas sa vie de famille et son service pour Dieu comme deux choses distinctes, séparées l’une de l’autre. Absolument pas ! Conduire sa famille à faire des sacrifices et sacrifier sa famille ne sont en aucune façon la même chose. En tant que chrétiens zélés nous sommes certes contraints d’imposer des sacrifices à notre famille. Mais nous ne sommes aucunement obligés de sacrifier notre famille. Ce n’est pas du tout la même chose. Il est impossible à un père rempli de zèle pour Dieu d’avoir la même vie de famille qu’un père spirituellement médiocre, tiède. Il est impossible, par exemple que dans ces deux familles le rythme de vie familiale soit le même. Mais le zèle apportera toujours du bien à la famille, jamais du mal.

“Mais”, répondront d’autres, “si nous suivons vos conseils nous allons tous devenir des fanatiques.” Face à une objection pareille je dois confesser que ma prière presque quotidienne au Seigneur est qu’il nous donne quelques fanatiques de plus. “Seigneur, donne-nous quelques fanatiques, quelques excentriques, nous en avons bien besoin !” Le monde dira bien sur : “C’est ma vie religieuse personnelle, cela me regarde moi seul.” Mais rappelons-nous que ce ne sera pas le monde qui sera le juge de ce monde. La manière de parler du monde n’a aucune espèce d’importance pour nous. Notre question est : “Comment Dieu juge-t-il, comment évalue-t-il mon comportement ?” Dieu nous considère-t-il comme des fanatiques ? Bien sûr que nous repoussons et nous résistons au véritable fanatisme. Mais de cela nous avons déjà parlé. Nous n’y revenons pas. Mais il s’agit ici de tout autre chose. Notre devoir – et cela devrait aussi être notre plaisir – est d’avoir notre cœur enflammé pour Dieu. Mais, comme le disait Studd, la plupart des soldats enrôlés dans l’armée chrétienne sont faits de chocolat. Et lorsque les choses deviennent difficiles, qu’arrive-t-il au chocolat ? Peut-on mettre du chocolat au four ? Certes non. Quand un véritable chrétien fait surface que se passe-t-il dans nos églises ? On dit que c’est un fanatique religieux, c’est un excentrique, qu’il est devenu cinglé. Le problème aujourd’hui est que la tiédeur est devenue chose normale. Mais il est impossible que les choses en restent ainsi, parce que Dieu a dit à tout son peuple,“Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton intelligence, de toute ton âme et de toute ta force.” (Matthieu 22:37)

IV Le zèle a tendance à s’affaiblir

Que devrions-nous faire alors d’un zèle qui aurait tendance à s’affaiblir ? “Ayez de l’empressement et non de la paresse. Servez le Seigneur.” Mais le zèle a tendance à s’évaporer. Le zèle a tendance à s’adoucir. Avec les années le zèle a tendance a devenir quelque chose de plus faible. En fin de compte le zèle commence à traîner la jambe. Le feu commence à s’éteindre. Les gens ne sont plus ce qu’ils étaient. Il y a une réflexion que je n’aime pas du tout. On dit souvent : “L’expérience la mûrit.” Cela veut presque toujours dire qu’il n’a plus de zèle. C’est pour cela que Paul a dit à Timothée, “Ranime la flamme” (2 Timothée 1:6). Parce que, si on néglige le feu, il s’éteint. Je connais des chrétiens qui, il y a quelques années seulement, étaient pleins de chaleur, pleins de lumière, pleins de réconfort ; qui avaient la réputation d’être des lampes qui brûlaient, qui brillaient et qui répandaient partout la lumière. Maintenant la mèche est usée et personne ne l’a remplacée. Je trouve cela absolument affreux.

Mais je pense à Paul sur le chemin de Damas. La foudre descend. Il y a beaucoup de matériaux inflammables dans la vie de Paul et on voit les flammes qui montent. Il a toujours du feu dans ses veines. Toujours ! Paul l’aîné, Paul âgé. Et je pense encore au Voyage du Pèlerin de John Bunyan. Nous voyons un feu. Cela se passe dans la maison d’interprète. Et voici quelqu’un qui verse de l’eau sur le feu. Mais le feu ne s’éteint pas. Quelle en est l’explication ? Chrétien pose la question. On le conduit derrière la pièce, de l’autre côté du feu et là on voit quelqu’un que verse de l’huile sur le feu. Bien souvent le feu s’éteint à cause des tentations, à cause des pressions du monde, ou à cause de la maladie, à cause des problèmes dans l’Église, à cause de toutes sortes de choses ! Le feu s’éteint. Mais le feu ne s’éteindrait pas si on mettait de l’huile sur le feu. Éphésiens 5:18 nous dit, “Ne vous enivrez pas de vin c’est la débauche. Mais soyez remplis de l’Esprit.” Alors comment devenir ivre ? En buvant et buvant et buvant encore et toujours. Et si l’on cesse de boire on n’est plus ivre, du moins pour un petit moment. Comment être rempli de l’Esprit de Dieu ? En buvant et buvant et buvant encore et toujours. Mais si on cesse de boire ? Après un petit moment on n’est plus rempli de l’Esprit de Dieu. Que veut dire le mot boire dans ce contexte ? Il y a un verset parallèle dans Colossiens 3:16. Paul écrivit aux Éphésiens et tout de suite après il écrivit une lettre aux Colossiens. Et il leur dit presque des choses identiques. Mais au lieu de dire, “Soyez remplis de l’Esprit” il leur dit, “Que la Parole du Christ habite en vous avec sa richesse.” C’est en s’exposant à la Parole qu’on reste rempli de l’Esprit de Dieu. C’est à dire la méditation est le secret du zèle. Si on passe assez de temps à méditer les choses de Dieu, si on passe assez de temps à contempler la beauté du Fils de Dieu, si on passe assez de temps à réfléchir aux choses invisibles, si on passe assez de temps à prier, à louer et à célébrer Dieu, à lire, à méditer. Si on passe assez de temps dans la communion fraternelle il est inévitable que le feu se rallumera. Voilà ce qu’a fait le Fils de Dieu. Voilà ce qu’a fait Paul. Ils ont cultivés jusqu’à la fin de leur vie leur marche avec Dieu. Je suis ici ce matin pour vous rappeler que le Saint Esprit qui a donné au Christ son cœur enflammé, que le Saint-Esprit qui a donné à Paul son cœur enflammé, ce même Esprit vous est donné à vous aussi.

Stuart OLYOTT

[1]      Cité par William MACDONALD : Le vrai disciple – Éditions de Littérature Biblique, Braine l’Alleud, 1975, p. 41-42

[2]      Cité par William MACDONALD : Le vrai disciple – Éditions de Littérature Biblique, Braine l’Alleud, 1975, p. 37-38

[3]      J. C. RYLE : Practical Religion – James Clarke, London, 1959, p. 130

[4]      Cité par William MACDONALD : Le vrai disciple – Éditions de Littérature Biblique, Braine l’Alleud, 1975, p. 38

[5]      Cité par William MACDONALD : Le vrai disciple – Éditions de Littérature Biblique, Braine l’Alleud, 1975, p. 37-44