Lorsque Nikita Khrouchtchev, le No1 soviétique d’alors, rencontra à Vienne en 1961, le président américain J. Kennedy, il déclara à celui-ci qu’à son avis on pouvait envisager actuellement trois formes de guerre : la guerre conventionnelle, la guerre nucléaire et la « guerre sainte ». Selon lui les deux premières étaient peu vraisemblables, donc la forme de guerre la plus probable était la guerre sainte, c’est-à-dire le « soulèvement des peuples opprimés » luttant pour leur « libération ». À en juger par ce qui s’est passé dans le monde depuis 1961 jusqu’à nos jours, Nikita Khrouchtchev avait vu juste (et pour cause !) et un des plus grands dangers qui menacent actuellement le monde libre, c’est bien l’appui fourni par l’URSS aux divers foyers de « guerre sainte » (au sens soviétique). Rien n’est en effet plus dangereux aujourd’hui que les actions menées par Moscou pour déstabiliser certaines régions-clés du globe, notamment l’Amérique latine et l’Afrique du Sud loua couvert de « libération des peuples ». Or las chrétiens d’Occident ne semblent guère se rendre compte qu’une des armes principales utilisées dans cette lutte par le Kremlin n’est autre que… la religion chrétienne infiltrée à cet effet par le marxisme.
Pour y voir clair dans cette affaire, il convient de se rapporter à certains textes de base, toujours peu connus du grand public, et tout d’abord à cette affirmation capitale de Lénine lui-même : Nous trouverons notre champ le plus fertile, pour l’infiltration du marxisme, dans le secteur de la religion, parce que les gens religieux sont les plus crédules, et ils accepteront tout, si cela est enveloppé dans une terminologie religieuse.
Les Églises chrétiennes se trouvent donc être un des objectifs principaux de la subversion, ainsi caractérisée par ce même Lénine : Elle surgit de tous les points de la vie sociale, éclot partout, pénètre au fond de l’organisme et l’imprègne tout entier. Pour pénétrer au fond de l’organisme chrétien, la subversion doit notamment s’en prendre aux jeunes chrétiens hors de l’URSS, et à cet effet Galpérine, un des fidèles de Lénine, donnait la recette suivante : Il est facile d’entraîner la jeunesse chrétienne pour quelque chose, pour la conquête du pain quotidien, pour la liberté, pour la paix, pour la société idéale. Arrangez-vous pour entraîner la charité chrétienne vers les buts communistes.
Cela étant précisé, cet article se propose d’essayer de montrer comment l’URSS utilise la religion pour déstabiliser et conquérir certaines régions, et cela en pénétrant les Églises elles-mêmes au moyen de ces instruments subversifs de première grandeur que sont le Conseil œcuménique des Églises et le christo-marxisme, instruments que nous verrons à l’œuvre notamment en Afrique du Sud.
Conseil œcuménique des Églises (C.O.E.)
Depuis les années 1960, cette organisation chrétienne a dévié de sa mission initiale pour devenir une institution poursuivant une mission politico-sociale nettement orientée selon une optique de plus en plus ouvertement christo-marxiste.
Faute de se fonder sur des bases théologiques sérieuses, ses protagonistes ont subi l’influence de « l’esprit du temps », pour aboutir à une déification du social et de l’humain, en plaçant l’homme et sa destinée au centre de tout. Mais cela revenait en fait à adopter le point de vue du marxisme-léninisme, qui se présente comme la seule doctrine pouvant assurer le salut de l’humanité, l’homme étant placé au centre, à la place réservée à Dieu par les religions. La soumission à l’autorité souveraine de la Parole de Dieu a été remplacée par les impératifs de la sociologie et de la politique, et il en résulta une véritable perversion des données bibliques telles que péché, salut, liberté, libération, etc.…, qui sont désormais affublées d’un sens convenant parfaitement à l’idéologie christo-marxiste. Il s’agit donc là précisément de cette « terminologie religieuse » dont parle Lénine, et qui est destinée aux « chrétiens crédules », afin de faire passer le message.
Lors de la conférence tenue par le COE à Genève en 1966 et consacrée au rôle des chrétiens dans les révolutions techniques et sociales de notre temps, les participants ont adopté les conclusions fournies par les groupes révolutionnaires actifs dans divers pays, notamment dans le Tiers-Monde, pour admettre le principe de l’urgence d’une « révolution sociale ». Par la suite, le COE continua sur cette lancée à chaque Assemblée générale ou conférence, pour apporter son soutien ouvert aux mouvements dits de libération, cela pour le plus grand profit de l’URSS.
L’Assemblée générale d’UPSAL (Suède) en 1968 fut significative à cet égard, car, sous prétexte de « lutte contre le racisme », elle adopta un vaste programme de subventions à ces mouvements, notamment en Afrique.
En théorie ces subventions étaient – et sont encore – destinées à des buts humanitaires, mais, comme l’ont déclaré plusieurs dirigeants révolutionnaires noirs : Des dollars sont des dollars. Si on m’en donne pour acheter des médicaments, je pourrai alors acheter des armes avec ceux que je destinais à ces médicaments ! Par ailleurs, examinant les stratégies de « lutte contre le racisme », cette Assemblée reconnut que certaines pouvaient exiger la violence. Voilà donc le COE entraîné à devenir, plus ou moins inconsciemment, un responsable du recours à la violence, financée avec l’argent des Églises. Tout aussi responsable que les fournisseurs d’armes soviétiques ou satellites. Franchissant une nouvelle étape dans le soutien des « guerres de libération », le COE se mit à demander en août 1972 des sanctions économiques contre l’Afrique du Sud, la Rhodésie et les colonies portugaises ; mais sa hargne se tourna plus particulièrement contre l’Afrique du Sud, étant donné l’importance de ce pays convoité par l’URSS, et il demanda aux Églises membres d’user de leur influence dans leurs pays respectifs pour amener les firmes industrielles et les banques à retirer leurs capitaux de ce pays, et à cesser toutes relations commerciales avec lui. Allant encore plus loin, il établit en décembre 1972 une liste noire des sociétés d’Europe de l’Ouest en relations avec l’Afrique du Sud.
Par la suite, toutes les Assemblées et conférences du COE consolidèrent son engagement christo-marxiste et son orientation plus ou moins révolutionnaire, donc son soutien objectif à l’impérialisme soviétique.
À titre d’exemple on peut mentionner la conférence dite « missionnaire » de Bangkok (fin 1972-début 1973), qui accorda un rôle considérable à l’idéologie révolutionnaire sous toutes ses formes. Consacrée au thème « Le salut aujourd’hui », elle en vint à considérer que le « salut du monde » (“salut” qui n’a rien à voir avec l’Écriture Sainte) s’identifiait à un appui total aux guérilleros latino-américains ou africains.
Comme on le verra plus loin, le COE révèle encore plus sa véritable nature par le soutien qu’il apporte actuellement aux terroristes d’Afrique du Sud.
Christo-marxisme et « théologie de la libération »
L’idéologie marxiste était donc devenue pratiquement, sous une forme sournoise, la force inspiratrice du COE et de certains courants au sein de ses Églises membres, mais elle se répandit également au sein du catholicisme. Le christo-marxisme, commun à diverses « théologies » hérétiques, pourrait, très schématiquement, se résumer ainsi :
(1) « Le Christ est venu dans le monde pour libérer l’homme – Le christianisme est donc un mouvement de lutte pour une totale liberté humaine. (2) Or l’homme est asservi par le régime capitaliste, donc le devoir des chrétiens est de combattre l’esclavage capitaliste. (3) Il se trouve que la Révolution marxiste est le meilleur sinon runique moyen de combattre cet esclavage, donc le chrétien doit s’engager aux côtés des marxistes. »
Bien au-delà du COE, cette idéologie christo-marxiste devait gagner tout le Tiers-Monde, sous la forme de la « théologie de la libération », qui s’adresse aux « exploités » et « opprimés » d’Amérique latine, d’Afrique, de Corée du Sud et des Philippines, emboîtant le pas aux révolutionnaires manipulés par Moscou et leur fournissant la caution de l’Église. Ces révolutionnaires ont trouvé dans les pontifes de cette hérésie un appui inespéré, qui leur permet d’enrôler les masses catholiques dans l’action subversive, et même terroriste. Dans le courant des années 1960, les éléments catholiques les plus progressistes ont voulu traduire dans les faits les notions d’attention aux signes des temps et d’ouverture au monde. Et ils ont accepté, docilement et sans esprit critique, le discours des sciences sociales, censé les« conscientiser » sur les priorités les plus urgentes. La notion de « justice » devint ainsi le critère devant guider l’action du chrétien, et cette justice devait coïncider avec la transformation sociale du monde, de sorte que l’on en vint à faire de rengagement militant auprès des plus défavorisés la condition initiale d’une vie vraiment chrétienne. Mais cet engagement fut poussé par certains jusqu’à l’extrême, de sorte que la Bonne Nouvelle se trouva finalement sécularisée et mise au service de la lutte des classes.
Cette « théologie de la libération » n’a guère pris forme officiellement qu’en 1970, avec la parution du livre du prêtre belge Joseph Combin, qui vivait en Argentine, livre intitulé précisément « Théologie de la Libération », et qui fut suivi en 1972 par un ouvrage portant le même titre, dû au Péruvien Gustavo Gutierrez et qui devint l’ouvrage de base d’une fausse conception du christianisme appelée à se répandre comme un feu de brousse.
En Amérique latine
Ce sous-continent offrait hélas à cette déviation un terrain très favorable à cause de la pauvreté et de l’injustice sociale qui y règnent, circonstances qui devaient amener des prêtres et théologiens à une réflexion devant les engager au service des pauvres, c’est « l’option préférentielle pour les pauvres », « le choix prioritaire des pauvres ». Une telle option était certes conforme à l’Évangile, notamment à Matthieu ch. 25, versets 34 à 45, et également à l’esprit de la Conférence Épiscopale latino-américaine de Medellin (1968), mais nombre de prêtres et théologiens ne s’en tinrent pas là, car, empruntant au marxisme sa méthodologie, ils se laissèrent complètement subjuguer par lui. D’ailleurs, parmi d’autres, Gustavo Gutierrez ne le cache pas, car il reconnaît que la praxis (action pratique, selon le marxisme) devint « la matrice d’un nouveau type de réflexion théologique ».
Cette pénétration de la pensée marxiste dans les Églises d’Amérique latine a été préparée notamment par une conférence des partis communistes latino-américains réunis en 1956 à La Havane, dont une des conclusions proclama la nécessité d’infiltrer surtout les séminaires de formation des futurs prêtres. Plus tard les marxistes tentèrent d’imposer le modèle de la révolution cubaine pour faire basculer tout le continent sud – américain, mais ils rencontrèrent des difficultés du côté des masses populaires restées très croyantes (contrairement à Cuba). Il fallait donc trouver une formule mettant en sourdine le message du matérialisme athée, et ce problème fut résolu lors de la « Conférence Tri-continentale » réunissant à La Havane en 1966 tous les mouvements de « libération » marxistes-léninistes d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie, car une des résolutions adoptées en vue de la prise du pouvoir fut d’utiliser la religion comme instrument du communisme. La leçon de Lénine n’avait pas été oubliée !
L’Argentine des années 1970 offre un très bon exemple de la mise en application de cette résolution. Il y existait alors deux mouvements révolutionnaires terroristes : les Montoneros et l’E.R.P. (Armée Révolutionnaire du Peuple). qui tous deux opéraient sous les ordres de l’appareil soviéto-cubain et qui, selon les directives données à leurs propres cadres, luttaient afin d’instaurer dans ce pays le socialisme marxiste. Or un document montonero d’août 1976 était précisément consacré aux moyens d’infiltrer les catholiques, laïcs et clergé, qu’il fallait d’abord utiliser, et ensuite amener progressivement au marxisme. Il convenait notamment d’infiltrer les centres de jeunesse catholique (voir Galpérine !). les groupes de catéchistes et les séminaires, cela en évitant toute discussion théologique. Au même moment l’E.R.P. diffusait un texte intitulé « Au clergé », sorte de lettre ouverte destinée à convaincre les évêques, prêtres et laïcs de la nécessité et des possibilités d’un combat commun pour plus de justice et de vérité. D’ailleurs nombre d’hommes d’Église étaient déjà gagnés à cette mauvaise cause, tels ces deux évêques et 125 prêtres argentins qui, réunis à Santa Fe en mai 1970, s’étaient prononcés ouvertement en faveur du « processus révolutionnaire socialiste ».
La rencontre d’un christianisme « en recherche » et du marxisme-léninisme à la recherche d’un « cheval de Troie » parmi les masses chrétiennes, devait ainsi aboutir à la « théologie de la libération ». Celle-ci donna naissance aux « Chrétiens pour le socialisme », dont la première rencontre a eu lieu en avril 1972 à Santiago, dans le Chili d’Allende, ainsi qu’à l’ « Église des pauvres », ou « Église populaire », mise au point à la fin des années 1970 au Salvador, au Nicaragua, au Brésil, et un peu partout, sous la forme de « communautés de base » qui, selon le professeur Leonardo Boff, célèbre théologien brésilien de la libération, sont organisées sur le modèle des cellules des partis communistes.
La « théologie de la libération » qui, on le verra plus loin, a gangrené bien des milieux chrétiens d’Afrique du Sud, est en fait une hérésie nouvelle, qui instaure une religion où Dieu n’apparaît guère, religion qui n’est autre que l’interprétation marxiste du christianisme (cela au service de l’expansionnisme soviétique). Dans son livre « L’Évangile militant » l’Espagnol Alfredo Fierro n’a d’ailleurs pas hésité à écrire : « Nous devons adopter le, marxisme comme notre hypothèse de base, et ensuite considérer quelle sorte de théologie est possible sur cette base ». Que devient dans tout cela le Dieu de la Révélation ? Acceptant l’analyse marxiste des problèmes de société, cette « théologie » ne peut éviter d’accepter également la solution marxiste pour ces problèmes : destruction totale des structures politiques et sociales, cela par le soulèvement des masses opprimées. Et en acceptant cette solution, elle ne recule pas devant l’action révolutionnaire violente, voire la terreur.
Dans ces conditions il ne faut pas s’étonner que le méthodiste Canaan Banana, pur produit du COE et président du Zimbabwe (ex-Rhodésie) de 1980 à décembre 1987, n’ait pas reculé devant le blasphème consistant à affirmer ouvertement, en 1980 : « Chaque fois que je vois un guérillero, je vois Jésus-Christ ». Et de son côté, le président-dictateur du Nicaragua, Daniel Ortega, qui se proclame chrétien tout en affirmant que christianisme et marxisme sont complémentaires, a récemment déclaré : « J’admire le Christ en tant que combattant du peuple ». Ces deux personnages ont donc une bien curieuse façon de répondre à la question posée par le Christ : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » (Marc 8:29)
Acharnement contre l’Afrique du Sud
Le COE et la « théologie de la libération » sont particulièrement virulents en République sud-africaine (RSA), appuyant ainsi le terrorisme d’origine moscoutaire. Car l’URSS convoite ce pays, tout d’abord à cause des richesses exceptionnelles de son sous-sol – « dont l’Occident dépend pour vivre », comme l’a précisé feu Léonide Brejnev en 1973 – et aussi en raison de sa situation géographique, qui en fait le contrôleur de la route maritime la plus fréquentée du monde (3000 navires par mois).
Aussi les gens du Kremlin ont-ils entrepris de mettre à profit la situation créée par le régime d’apartheid pour déstabiliser ce pays, en vue d’y installer un régime à leur dévotion. Ils profitent tout d’abord de la campagne menée à l’étranger contre le régime de Pretoria par diverses instances et organisations, au service de la désinformation, et, d’une façon générale par tous ceux que Lénine appelait les « idiots utiles ». Et en RSA même ils disposent des instruments suivants :
- Le Parti communiste sud-africain (S.A.C.P.) (interdit) jumelé avec le « Congrès National Africain » (ANC) organisation terroriste dont les dirigeants sont à l’étranger (à Lusaka, en Zambie) et dont le but est une « Afrique du Sud démocratique sous le gouvernement d’avant-garde de l’ANC», donc un gouvernement communiste.
- Le « Front Démocratique Uni » (UDF), organisation légale créée en 1983, sur l’initiative du pasteur métis Allan Bœsak, qui se trouve être, hélas, président de l’Alliance Réformée Mondiale… L’UDF est en fait la cinquième colonne de l’ANC Le « Forum National », qui regroupe 170 organisations de la « Conscience noire » et qui prône une doctrine socialiste et un racisme anti-blanc.
- Des Églises et mouvements « chrétiens », qui soutiennent activement l’ANC terroriste et l’UDF.
Le christo-marxisme à l’œuvre en RSA
En tête de ces chrétiens dévoyés se trouve le Conseil sud-africain des Églises (SACC) qui, sous couvert religieux, fonctionne en fait comme un appareil subversif de première grandeur, avec l’aide financière du COE. Ce Conseil, qui regroupe surtout les Églises anglophones, et où l’Église Catholique a un statut d’observateur, est très loin de représenter tous les chrétiens noirs, et cela, il faut le souligner avec insistance. En effet, deux groupes d’Églises noires hostiles à la violence se tiennent à l’écart : les Églises Réformées Indépendantes (4 millions de membres) et l’Église de Sion (5 millions).
L’Église Catholique ne vaut pas mieux que le SACC, elle est même très active dans la propagation de la « théologie de la libération », cela notamment au moyen des communautés de base, conjointement avec son journal « The New Nation », qui exprime des points de vue coïncidant étrangement avec ceux du communisme international. Le grand chantre de cette « théologie » est le Père Albert Nolan, qui a écrit un livre à ce sujet. Mais le canal principal pour la propagation de l’hérésie christo-marxiste en RSA se trouve être l’ « Institut de Théologie Contextuelle » de Braamfontein, près de Johannesburg, dont le Comité directeur (10 membres) est composé de représentants de diverses dénominations appartenant au SACC et de quatre catholiques (dont Albert Nolan).
Et, bien entendu, il ne faut pas oublier l’action subversive du Conseil œcuménique des Églises, qui soutient financièrement les terroristes de l’ANC (150’000 dollars US en 1980) et le SACC, et qui depuis 1985 a organisé, comme on le verra, plusieurs conférences destinées à soutenir l’action révolutionnaire violente déclenchée en 1984, et à mobiliser la « conscience universelle » contre la RSA.
La violence révolutionnaire au service de Moscou
Les activités de tout ce beau monde étaient – et sont encore – destinées à contraindre le gouvernement de Pretoria à « mettre fin à l’apartheid ». Or il se trouve que depuis 1979 Pieter Botha, d’abord comme Premier-Ministre, puis comme Président de la RSA, a mis successivement à bas des pans entiers du régime de discrimination raciale et qu’il a publiquement déclaré qu’il irait jusqu’au bout, mais progressivement, et non par un coup de baguette magique, qui ferait plus de mal que de bien. Mais en Occident la désinformation est telle que cette heureuse évolution est soigneusement passée sous silence (ou bien minimisée), notamment dans les Églises bernées par le COE.
Mais ce démantèlement progressif de l’apartheid ôtait des arguments à la propagande révolutionnaire en RSA, donc les extrémistes noirs et leurs complices blancs se virent en quelque sorte poussés à précipiter le cours sanglant des choses. C’est ainsi qu’au cours de l’été 1984 fut lancée dans certaines régions une campagne d’agitation et de troubles allant crescendo et ayant pour but :
- de s’en prendre aux Noirs modérés (intimidation et assassinats) ;
- de rendre le pays ingouvernable (selon une directive de l’ANC) et de nuire à l’économie.
En août et en septembre 1984 fut ainsi déclenchée dans les cités noires du « Triangle du Vaal » (autour de Johannesburg et Pretoria) une vague d’émeutes sanglantes d’une extrême gravité, qui en 1985 s’étendit à d’autres régions et qui ne fut maîtrisée (pas totalement d’ailleurs) que par l’instauration de l’état d’urgence en juin 1986.
Ces émeutes étaient loin d’avoir un caractère spontané. Celles de septembre 1984, dans le Triangle du Vaal, furent soigneusement préparées, au cours de réunions dont la plupart eurent lieu dans des maisons et églises de cette région, avec la coopération totale des ecclésiastiques concernés, et parfois sous leur direction. C’est dans ces réunions tenues dans des églises que furent programmés les incendies et l’expulsion des conseillers municipaux noirs, parfois leur assassinat.
Partout les victimes furent exclusivement des Noirs modérés, environ 1’000, massacrés de septembre 1984 à juin 1986 par les extrémistes (notamment environ 600 par le supplice du « collier » : un pneu rempli d’essence mis au cou de la victime, puis enflammé). et d’autres tombés sous les balles de forces de police appelées à intervenir.
L’ANC et le PC n’ont pas caché que leur objectif (document de mars 1986) était la « prise du pouvoir par la violence révolutionnaire », l’élément moteur de cette violence étant la terreur, qui, selon Lénine, « n’est qu’un moyen de persuasion »… Et cette terreur sanglante n’empêcha pas certains hommes d’Église, tel Allan Bœsak, ou le pasteur blanc Beyers-Naudé et l’évêque anglican noir Desmond Tutu, de parader dans diverses manifestations devant des drapeaux rouges ornés du marteau et de la faucille !
Le soutien efficace apporté au terrorisme par les christo-marxistes a été évoqué avec reconnaissance par l’organe officiel du Parti communiste sud-africain « The African Communist » qui, dans son N’ 104 (1ᵉʳ trimestre 1986) a consacré un article révélateur au « Rôle des Églises dans la libération ». Ce rôle était d’ailleurs apparu encore plus clairement dès septembre 1985, lorsque l’Institut de Théologie Contextuelle concocta un étrange texte, le document « Kairos », qui fut adopté par un groupe de 156 pasteurs et laïcs membres du SACC.
Cet étrange document, qui se prétend chrétien, transpose les concepts de la lutte des classes à la société sud-africaine, et il appelle les Églises de RSA à faire face ouvertement aux « oppresseurs » (les Blancs), en participant aux luttes des « opprimés » (les Noirs) aux côtés des « représentants authentiques du peuple » (lire : les terroristes de l’ANC). En fait, « Kairos » n’est pas chrétien, mais proprement marxiste, ce qui n’empêcha pas le professeur Nolan (déjà cité) de proclamer : « Rejeter le document Kairos, c’est rejeter le Christ lui-même ! »
Et, curieuse coïncidence, l’ANC terroriste avait, en juin de la même année, adopté une ligne politique d’infiltration des Églises pour en faire des centres de résistance et de combat. Il s’agissait de les amener à adopter les objectifs de l’ANC et, au nom de leur foi, de les conduire à un plus grand engagement dans la « lutte pour la libération ». Et un département de la « stratégie religieuse » a été créé, notamment pour donner aux nouveaux membres de l’ANC un entraînement spécial pour l’action parmi les chrétiens, et pour créer des unités de l’ANC au sein des Églises.
Le document Kairos a servi de base à une conférence du COE organisée en décembre 1985 à Harare (Zimbabwe) et qui réunissait, à côté de délégués du SACC, une trentaine de représentants des Églises protestantes d’Occident. Cette conférence, qui a constitué une prodigieuse mise en condition des Occidentaux, formula à l’égard du monde libre six exigences basées sur Kairos, qui ne sont pas autre chose que des engagements politiques en faveur de l’ANC et consorts. Et les textes élaborés à Harare ont été largement diffusés par le COE en Occident, où ils furent littéralement accueillis… comme paroles d’Évangile !
Plus tard, du 3 au 8 mai 1987, le COE organisa à Lusaka (Zambie, siège de l’ANC) une conférence consacrée à la « recherche de la paix et de la justice en Afrique australe », avec intervention des chefs des organisations terroristes au service de Moscou, telles la SWAPO de Namibie et l’ANC de RSA, avec lesquels les dirigeants du SACC eurent d’ailleurs de longs entretiens. Bien entendu cette conférence cloua la RSA au pilori, et elle demanda au Comité central de COE de reconnaître qu’une lutte armée (lire : terrorisme) contre un régime injuste constitue un droit moral et théologique, et un devoir pour les citoyens opprimés. Et un appel fut adressé aux Églises d’Occident, pour qu’elles renforcent leurs liens avec les mouvements de libération, et pour qu’elles fassent pression sur leurs gouvernements, afin que des sanctions économiques étendues soient appliquées contre la RSA.
Un peu plus tard avait lieu à Johannesburg (2.7.87) la conférence annuelle du SACC, qui bien entendu adopta l’appel de Lusaka incitant à l’usage de la force contre le gouvernement de la RSA. Pour les commentateurs il s’agit là d’un appel à la « guerre sainte ». Après ces deux conférences, force est de constater que la « théologie de la libération » est devenue la « théologie de la révolution », et même la « théologie du terrorisme » !
Conclusion
L’éditorial des numéros 2 et 3 de Résister et Construire permet de comprendre pourquoi ces « gens religieux crédules » se sont laissé entraîner à devenir les valets des potentats du Kremlin, persécuteurs des chrétiens dans leur propre pays : ils n’ont plus « conscience de la grandeur et de la sainteté de Dieu ». Ils ignorent ce que Jean Calvin précise dans « L’Institution chrétienne » (Livre 1, ch, 2, § 2) : « Notre connaissance de Dieu doit nous conduire… à chercher toute bonne chose en lui », (« L’Institution chrétienne », édition abrégée en français moderne. Presses Bibliques Universitaires Lausanne 1985) et, n’ayant pas la vraie connaissance de Dieu, ils ont cherché « toute bonne chose », non en lui… mais en Karl Marx ! Et, tandis que Calvin ajoute que « toutes nos actions doivent se référer à Dieu », ces mêmes gens se sont fourvoyés au point que leurs actions se réfèrent, non pas à Dieu, mais à une « libération » comprise dans un sens très particulier, c’est-à-dire en fait à la Révolution propagée par Moscou en vue de l’asservissement du monde (encore) libre. Que Dieu nous préserve de leur religion dévoyée !
Frédéric Goguel
24 février 1988