Un communisme à visage chrétien ?
« Que personne ne vous séduise d’aucune manière, car il faut qu’auparavant l’apostasie soit arrivée et que se révèle l’homme d’iniquité (lit.: sans loi), le fils de la perdition, l’adversaire qui s’élève au-dessus de tout ce qu’on appelle Dieu et qu’on adore, et qui va jusqu’à s’asseoir dans le temple de Dieu et se fait passer lui-même pour Dieu. » 2 Thessaloniciens 2:3-4
Le millénaire de l’établissement de la foi chrétienne en Russie a été le prétexte cette année pour toutes sortes de simagrées, de grimaces aimables des dirigeants communistes d’URSS à l’égard des chrétiens de l’Occident. Il s’agirait plutôt de célébrer la pénétration du christianisme en Ukraine en 988, mais l’on n’ose guère le dire vu l’écrasement de l’Église ukrainienne uniate par le pouvoir soviétique. Le Dr Billy Graham, coqueluche du régime, a bien évidemment été de la fête. Profitant de la transparence nouvelle du système communiste – c’est la huitième fois depuis 1917 que les dirigeants soviétiques mettent en œuvre une politique de glasnost et de perestroïka – le Dr Graham accepta l’offre qui lui était faite d’annoncer l’Évangile à la Télévision soviétique (une première). Mais, malheureusement, il ne s’agit guère de la première occasion donnée par le célèbre évangéliste américain aux désinformateurs du Département D du Premier Directorat principal du K.G.B. (celui des mesures actives) de duper l’Occident. (V. VOLKOFF : La Désinformation Arme de Guerre, Julliard, L’Age d’Homme, 1986). C’est ce que fait Graham en nous présentant une vision trompeuse d’un communisme qui serait à présent ouvert à la prédication de la Parole de Dieu. Lors d’un récent voyage en Chine, notre prédicateur fut également fort bien accueilli par les plus hauts dirigeants de cette République populaire démocratique qui tient plus d’un milliard de nos semblables dans le pire esclavage physique, moral et spirituel (Simon LEYS: La Forêt en Feu. Essais sur la Culture et la Politique chinoises, Hermann, Paris, 1983). Si nous mettions de côté la langue de bois communiste pour nous exprimer en français nous parlerions de L’Oligarchie tyrannique totalitaire chinoise (Françoise THOM : La Langue de Bois, Julliard, Paris, 1987). Ainsi, par le biais des entreprises imprudentes du Dr Graham et de ceux qui lui ressemblent s’accrédite en Occident la légende selon laquelle la méchante sorcière orientale, sans repentance, sans recevoir un cœur nouveau et sans reniement véritable de ses mauvaises œuvres, se serait soudainement transformée en bonne fée.
Mais il nous faut constater bien d’autres choses encore. Une connaissance, ouvrier italien établi en Suisse et viscéralement opposé à toute forme de christianisme, passa cet été ses vacances en Yougoslavie, pays d’origine de son épouse. Quelle ne fut pas son indignation de découvrir non seulement que les dirigeants communistes assistaient maintenant ouvertement à la messe, mais que le pouvoir athée faisait des efforts importants pour restaurer églises et monastères soudainement devenus des haltes obligatoires pour le tourisme d’État. Des nouvelles semblables nous parviennent d’Union soviétique où la restauration d’édifices religieux est accompagnée, du moins dans les villes accessibles aux touristes occidentaux, d’une situation moins difficile faite aux chrétiens. Il faut cependant rappeler que dans la province russe la situation reste inchangée. La propagande athée ne fait, en outre, que se renforcer tout particulièrement par rapport à l’islam. Voilà la conséquence de la collaboration des personnalités chrétiennes avec le pouvoir marxiste : le christianisme devient utile à la promotion mondiale du communisme et lui parait un adversaire insignifiant. Pour les dirigeants soviétiques l’islam paraît un adversaire autrement plus coriace.
Nous voyons des développements semblables à Cuba. Malgré la haine bien connue de ce régime contre tout christianisme, haine récemment attestée par les Mémoires de Prison si poignants d’Armando VALLADARES (Albin Michel, Paris, 1986), les autorités persécutrices cubaines commencent à faire les yeux doux à l’élément chrétien de la population, bien sûr, devant les caméras complaisantes des télévisions occidentales. Les régimes communistes russes, chinois, cubains, yougoslaves, si longtemps perçus à l’Ouest comme luttant les uns contre les autres, poursuivraient ainsi une politique commune et coordonnée favorable à un certain « christianisme » à l’intention des médias tous puissants de nos pays. Ce que nous observons ici confirmerait la thèse de cet officier supérieur du K.G.B. passé en Occident, Anatoliy GOLITSYN, selon laquelle les « divisions » entre partis frères ne seraient qu’un nuage de fumée destiné à semer la confusion dans le camp adverse (New Lies for Old, Dodd, Mead and Co., New York, 1983). Une chose est certaine : le Vatican, lui, poursuit avec persévérance et ténacité la politique d’ouverture à l’Est inaugurée par le pape Paul VI avant même d’accéder au pontificat et contre la volonté de Pie XII (U. FLORIDI: Moscou et le Vatican, France-Empire, 1979).
Petit à petit, les grandes lignes de l’alliance annoncée par la Bible entre l’Église apostate et l’État mondial sans Dieu se dessinent. La première y est nommée la grande prostituée ou la synagogue de Satan. Nous en avons abondamment parlé dans notre dernier numéro. Cette contre-Église est la racoleuse, à la fois des divers milieux « chrétiens » qui ne veulent plus se soumettre à l’autorité de leur seul chef, Jésus-Christ et à sa Parole inspirée, et de toutes les fausses religions « monothéistes » ou païennes du monde. Le deuxième élément de cette alliance impie, l’État mondial sans Loi ni Dieu, est un puissant Empire héritier de tous les impérialismes du passé qui ne se fondaient que sur leur force. Il prétend à la domination mondiale et ne veut rien savoir de l’autorité juste et bienveillante sur les nations du monde du Roi des Rois, Jésus-Christ, Seigneur du Ciel et de la Terre. Cette puissance politique apparemment irrésistible est constituée de l’alliance cachée entre la ploutocratie occidentale, Mammon, et le communisme international, la Bête. C’est de ce pouvoir bestial dont nous parle l’Apocalypse. Nous consacrerons une partie importante de nos prochains envois à l’étude attentive de ce phénomène peu connu des milieux chrétiens.
Il est temps que les chrétiens se réveillent ! L’heure est plus avancée que nous ne le pensons. Soyons sobres et vigilants. Relevons nos têtes, car la délivrance de l’Église de Dieu approche. Rien ne pourra résister à la venue du Seigneur des Seigneurs. Mais Jésus-Christ trouvera-t-il la Foi sur la terre quand il reviendra ? Veillons et prions car nous ne savons ni l’heure ni le jour. Que Dieu lui-même nous vienne en aide ! Maranatha. Viens bientôt !
« Et je vis une femme assise sur une bête écarlate, pleine des noms de blasphème. Cette femme était vêtue de pourpre et d’écarlate, et partie d’or, de pierres précieuses et de perles. Elle tenait à la main une coupe d’or, remplie d’abominations et des iniquités de son inconduite. Sur son front était écrit un nom, un mystère : Babylone la grande, la mère des prostituées de la terre. Je vis cette femme ivre du sang des saints et du sang des témoins de Jésus. (…) La bête que tu as vue était et elle n’est plus, elle va monter de l’abîme et aller à la perdition. (…) Ils ont un même dessein et donnent leur puissance et leur pouvoir à la bête. Ils combattront l’Agneau, et l’Agneau les vaincra, parce qu’il est le Seigneur des Seigneurs et le Roi des Rois. Et les appelés, les élus et les fidèles qui sont avec lui, les vaincront aussi. » Apocalypse 17
Jean-Marc Berthoud