Il est capital, à notre époque où de nombreux événements publics nous permettent de mieux discerner les sens de certaines prophéties bibliques, de sonder à nouveau le dernier livre de la Bible, l’Apocalypse. Il fournit au chrétien les repères essentiels lui permettant de reconnaître la nature du conflit entre la cité de Dieu et les empires du Mal qui caractérise l’histoire depuis la chute et de discerner les étapes de cette bataille. Pour mieux comprendre l’Apocalypse nous vous recommandons la lecture du commentaire de William HENDRIKSEN intitulé, Plus que vainqueurs, (Editions Grâce et Vérité, Mulhouse, 1987).
Une des causes principales de la faiblesse actuelle du Christianisme est la méconnaissance par les chrétiens du caractère et des attributs de Dieu. Pendant trop longtemps la doctrine de Dieu n’a guère intéressé ceux qui s’affirmaient être attachés à la Bible. Un des résultats en a été une pénurie d’ouvrages parlant explicitement du caractère de Dieu, de la nature de la Trinité et de l’incarnation de Jésus-Christ. Un vide doctrinal pareil appelle toutes les erreurs. Certains enseignent aujourd’hui, sous le couvert de ce qu’ils nomment Le gouvernement moral de Dieu, que le Dieu de la Bible serait instable et ne saurait connaître les actes futurs des hommes. Pour eux une telle prescience divine impliquerait l’annulation par la souveraineté de Dieu de la liberté et de la responsabilité des hommes. Nous mesurons ainsi la distance qui sépare nos milieux évangéliques du Serf arbitre de Luther (Œuvres, tome V, Labor et Fides, 1958) et de L’Institution de la religion chrétienne de Calvin (Editions Farel, 3 volumes). C’est ce vide doctrinal qui a rendu possible la production et la diffusion du film de Scorsese. Deux ouvrages parus il y a quelques années déjà permettent de commencer à combler ce vide : Le Dieu souverain de J. M. BOICE (Editions Emmaüs, Saint- Légier, 1981) et Connaître Dieu de J. l. PACKER (Grâce et Vérité, Mulhouse, 1983). Un autre ouvrage capital pour la vraie connaissance de Dieu est celui de A.W. PINK, La souveraineté de Dieu (Europresse, 15, rue du Châtelet, Chalon-sur-Saône, 1987). Il développe une doctrine profondément méconnue des milieux chrétiens de cette fin du XXe siècle, celle de la souveraineté absolue du Dieu de la Bible, sa toute puissance et son omniscience. Les mêmes éditions viennent de publier un ouvrage rappelant une doctrine encore davantage méconnue des chrétiens, la double nature du Fils de Dieu incarné, Jésus-Christ Dieu fait homme.
«Un seul et même Fils notre Seigneur Jésus-Christ, le même parfait
quant à sa divinité, le même parfait aussi quant à son humanité,
vrai Dieu et aussi vrai homme. »
comme l’affirma le Concile de Calcédoine en 451. Nous devons cet ouvrage intitulé Fils de Marie Fils de Dieu (Europresse 1988) à la plume alerte du pasteur baptiste Stuart OLYOTT. C’est là la réponse divine qu’il nous faut aux blasphèmes du film de Scorsese qui n’est qu’un écho cinématographique minable des hérésies qui s’enseignent à longueur d’année dans la plupart des Séminaires et des Facultés de Théologies.
Dans une toute autre perspective, car à la connaissance de Dieu nous devons allier un discernement lucide du mal, il faut signaler l’excellent livre de Paul Ranc, Le bonheur à tout prix (Editions Contrastes, Case postale 3709, CH 1002 Lausanne, 1987). L’auteur y examine quatre tentations actuelles poussant les hommes à se fabriquer un bonheur factice en opposition avec la réalité et avec la Loi de Dieu : La Sophrologie, la Scientologie, les Ecoles Steineret le Nouvel Age. Ces différents mouvements témoignent du renouveau païen très influent aujourd’hui. Nous attirons également votre attention sur deux excellentes brochures de Jean VAQUIE, Le retour offensif de la Gnose (Lecture et Tradition, N° 110, Nov.-Déc. 1984, Chi- ré-en-Montreuil, F-86190 Vouillé) et Occultisme et Foi catholique. Les principaux thèmes gnostiques (Action Familiale et Scolaire, 31, rue Rennequin, F- 75017 Paris, 1988). Cette dernière consiste en un petit dictionnaire ésotérique fort utile écrit dans une perspective chrétienne.
Jean BRUN dans son dernier ouvrage. Christianisme et Philosophie (Editions du Beffroi/L’Age d’Homme, Québec- Lausanne, 1988) avec son style percutant démonte les diverses manières dont la philosophie occidentale a mené, sous les dehors d’une entreprise intellectuelle, une véritable œuvre pseudo-salvatrice. On y lit, entre autres, une démolition féroce du mythe évolutionniste qui n’est rien d’autre que l’application à la biologie de la dialectique hégélienne — une vérité non plus à découvrir par l’effort philosophique, mais une vérité en mouvement. Ce livre, cependant, est fortement affaibli par l’existentialisme de son auteur qui est beaucoup plus fidèle à la Bible dans son travail de démolition des idoles de notre civilisation que dans sa propre philosophie. Voyez aussi de Jean BRUN, L’Europe Philosophe. 25 siècles de pensée occidentale (Stock, Paris, 1988), une remarquable histoire de la philosophie occidentale dans une perspective chrétienne.
De son côté, Alphonse MOREL dans un petit livre vigoureux. Messianisme temporel et Messianisme spirituel. Réflexions sur les idéologies contemporaines (Cahiers de la Renaissance Vau- doise, Lausanne, 1988) s’en prend à la tentation des hommes marqués par le Christianisme d’abandonner la simplicité de l’Evangile — la Foi en Jésus-Christ et l’obéissance à ses commandements — en faveur de diverses « fois » de remplacement que nous appelons des « idéologies ». Ainsi passe-t-il en revue le Judaïsme moderne, Vlslam, le pacifisme, la Franc-Maçonnerie et différentes formes d’idéologies politiques — démocratie, socialisme et communisme — où la souveraineté du « peuple » qui n’est qu’un absolutisme humain sans limite transcendante aucune (majorité des voix, partis politiques ou dictature du prolétariat) se substitue à la souveraineté absolue de Dieu. Cette dernière s’exprime dans la société humaine à travers des pouvoirs politiques historiques tirant leur autorité non d’en bas mais de Dieu lui-méme et en conséquence responsables devant lui (Romains XIII).
Michel HELLER, historien russe émigré d’Union Soviétique, dans son ouvrage, 70 ans qui ébranlèrent le monde. Histoire politique de l’Union Soviétique (Calmann-Lévy, Paris, 1988) nous brosse rapidement de Lénine à Gorbatchev l’histoire de l’utopie communiste qui écrase la Russie et les efforts inlassables des maîtres du Kremlin pour répandre les métastases de la Révolution dans le monde entier. Heller développe ainsi un des chapitres du livre d’Alphonse Morel tout en démontrant à quelles atrocités aboutisse l’application systématique de la tradition philosophique si bien analysée par Jean Brun. Construire la société d’après les plans autonomes d’une raison délibérément coupée de Dieu et de ses lois et au mépris de toutes les réalités humaines et sociales, ne peut aboutir qu’aux pires désastres.
Comme en philosophie, la pensée politique universitaire moderne en Occident s’est systématiquement détachée des valeurs chrétiennes, de toute référence et à un ordre de la création inscrit dans la réalité de l’univers et de la société (ce qu’un Pierre VIRET appelait l’ordre de nature) et l’ordre immuable de la Loi de Dieu. Philippe BENETON dans sa remarquable Introduction à la politique moderne. Démocratie libérale et totalitarisme (Collection Pluriel, Paris, 1987) nous donne un début d’analyse du développement de la politique moderne dans une perspective prenant pour une fois au sérieux le sens moral propre au Christianisme. Pour tous ceux qu’intéressent une réflexion politique allant dans le sens d’une pensée chrétienne cohérente la parution de ce livre est une aubaine.
Gabriel MUTZENBERG, dans un petit livre vigoureux, dont la parution était attendue depuis bien trop longtemps, L’Œcuménisme. Une nouvelle religion ? (Editions Farel, Fontenay-sous- Bois, 1987), examine d’un point de vue biblique, avec sympathie et esprit critique, le phénomène œcuménique qui affecte tous les milieux chrétiens depuis une quarantaine d’années et qui fait aujourd’hui les ravages que l’on connaît dans les milieux évangéliques. Cette excellente étude aurait certainement profité d’une analyse doctrinale plus poussée, d’une appréciation plus positive de ce que l’on peut apprendre même de nos plus grands adversaires spirituels chrétiens et, surtout, d’une mise en garde plus nette par rapport aux dangers particulièrement graves représentés par le libéralisme et la néo-orthodoxie des milieux protestants, ainsi que par les menaces propres à ce que l’on peut appeler, l’œcuménisme non doctrinal de type illu- ministe-charismatique. En effet, dans (‘Œcuménisme, le Catholicisme, dont le caractère foncièrement immuable des erreurs est très clairement relevé par M. Mützenberg, n’est pas, et de loin, le seul danger pour la Foi délivrée une fois pour toutes aux saints.
Pour terminer nous attirons votre attention sur un livre capital du professeur Wiegand SIEBEL sur la pensée véritable de Jean-Paul II : Philosophie et Théologie de Karol Wojtyla (Editions Saka, Case Postale 51, CH 4011 Bâle). Il y analyse avec le plus grand soin la pensée de Jean-Paul II qui, sous des apparences bibliques, et souvent même fort évangéliques, manifeste un caractère nettement humaniste, socialisant et personnaliste. Bien des chrétiens qui risqueraient d’être séduits par le syncrétisme immanent d’un Pape à maquillage biblique profiteront de la lecture de ce livre vigoureux, soucieux d’une Orthodoxie véritable et d’une analyse qui cherche à être scrupuleusement exacte.
Jean-Marc Berthoud