Chine : juin 1989
Les événements sanglants de Beijing ne font, malheureusement, que confirmer les analyses déjà anciennes de plusieurs connaisseurs du communisme qui ont su distinguer entre la rhétorique de la propagande et la terrible réalité et dont, en conséquence, on cherche depuis longtemps à étouffer les écrits. Sur la Chine, l’analyste français le plus lucide est le sinologue et historien d’art Simon Leys dont l’ouvrage, « La Forêt en Feu » (Hermann, Paris, 1983), devrait être lu par tous ceux que préoccupent les événements actuels. Il contient en particulier un chapitre intitulé Les droits de l’homme en Chine tout à fait prémonitoire. En voici la post-face écrite en février 1983 après l’avant-dernière répression du début des années quatre-vingts dont personne ne se souvient aujourd’hui ! « Cet essai, écrit en 1978 et reproduit ici dans une forme à peine remaniée, visait essentiellement l’expérience maoïste. Dans quelle mesure demeure-t-il d’actualité ? L’écrasement du mouvement démocratique auquel nous venons d’assister (1980-1982), puis maintenant la reprise de la répression politique, le regel de la vie culturelle ne sauraient être effectivement compensés par les efforts théoriques que le régime a tentés pour instaurer une balbutiante forme de système légal. A ce sujet, on comprend un peu le scepticisme et le pessimisme des Chinois ; leurs dirigeants viennent de leur accorder une nouvelle Constitution (encore une !), mais la portée réelle de ce document est annulée dès le préambule que peut-on attendre, en effet, d’une Constitution qui est subordonnée à l’autorité suprême du Parti communiste et de la pensée de Mao Zedong ? » Nous signalons, du même auteur « Les Habits neufs du Président Mao »(Champ Libre, Paris, 1971) et « Ombres chinoises »(10/18, Paris, 1975). Sur le goulag chinois, voyez, de Jean Pasqualini, « Prisonnier de Mao » (Gallimard, Paris,1975). Pour ceux qui lisent l’anglais, nous recommandons vivement l’étude, faite sur le terrain, de la paysannerie chinoise du début des années quatre-vingts par le sociologue américain Steven W. Mosher, « Broken Earth. The Rural Chinese » (The Free Press, New-York, 1983).Sur le caractère intrinsèquement totalitaire du communisme les ouvrages suivants sont particulièrement éclairants : Alexandre Zinoviev, « Le Communisme comme Réalité » (L’Age d’Homme-Poche, Lausanne, 1981) ; Alain Besançon, « Présent soviétique et Passé russe » (Pluriel-Hachette, Paris, 1980) ; Jean Ousset, « Marxisme et Révolution » (Montalza, Paris, 1970), qui est la meilleure analyse que nous connaissions de l’idéologie marxiste ; et finalement la pénétrante étude du fonctionnement pratique du communisme comme système d’esclavage social de Jean Madiran, « La Vieillesse du Monde. Essai sur le Communisme » (Dominique Martin Morin, Jarzé, 1975). Sur la situation actuelle, voyez le remarquable ouvrage de Françoise Thom : « Le moment Gorbatchev », Pluriel, Paris,1989.