La Révolution française et les révolutions (II)

par | Résister et Construire - numéro 9

De quelques ressemblances et affinités entre les révolutions française et russe

 

Ces deux révolutions ont quelques caractères communs qui nous feront saisir sans peine leur esprit.

Elles sont toutes les deux dirigées contre Dieu et contre le peuple de Dieu. Le caractère anti-chrétien et athée du régime soviétique (des sans dieu disaient-ils avec fierté d’eux-mêmes, avant d’entrer dans l’ère actuelle de la tartufferie politique d’un communisme prétendument à visage chrétien) n’a guère besoin d’être prouvé. La révolution française apparaît de plus en plus clairement comme une entreprise qui visait à faire disparaître, si besoin est par la force, la présence de toute transcendance dans ce monde[1].

Toutes les deux manifestent le plus grand mépris théorique et pratique pour la Loi de Dieu. À cette loi immuable est substituée la législation indéfiniment modifiable du nouveau législateur tout puissant. Il s’agit de la volonté générale du peuple, fictivement assumée par le pouvoir législatif pour la révolution française et, pour la révolution russe, par la législation arbitraire du parti, agissant sous la couverture, également fictive, de la dictature du prolétariat. Ces deux révolutions ne se dressent pas seulement contre Dieu, mais contre Ses lois. La voie est alors ouverte pour tous les abus, voie dans laquelle ces deux révolutions se sont engagées sans peine. Nous savons, par exemple, que le Comité de Salut Public avait sérieusement envisagé d’utiliser la terreur, non seulement pour abattre les ennemis de la République, mais pour régler une fois pour toutes le problème du chômage en réduisant drastiquement, par la mort d’un tiers des Français, le nombre des sans-emplois. Le nazisme et le communisme sont allés bien plus loin dans une politique de salut public obtenue par l’élimination physique des adversaires présumés de la race ou de la classe que l’État souhaitait favoriser.

Plus encore, ces deux révolutions ne se sont jamais senties tenues de respecter leurs propres décisions. La loi n’étant réglée ni par une raison immuable ni par une Loi transcendante, le nouveau dieu immanent qu’était l’État révolutionnaire pouvait se livrer à toutes les fantaisies de son volontarisme débridé.

En plus, ces deux révolutions ont été animées par des idéologies, à prétention rationaliste pour la française, scientifique pour la russe, qui substituaient à l’homme réel, concret, historique, une notion abstraite. Le caractère meurtrier de l’application d’une telle idée de l’homme à la société ne peut que croître avec l’idéalisme utopique de ses partisans. Une conception abstraite de l’homme et de ses droits appliquée à la politique ne peut qu’engendrer la Terreur. Il n’est pas possible de dissocier la Terreur des Lumières.

Toutes deux sont marquées par un mépris radical du passé et par l’idée que ce passé peut être effacé et sans peine remplacé par le projet d’une nouvelle société enfin juste, fruit des planificateurs révolutionnaires, véritables demiurges. Tant l’histoire de la Russie que celle de la France sont marquées par la croissance progressive et inéluctable de l’État central, de la bureaucratie et de l’administration au dépens des autorités sociales traditionnelles. Tant la révolution russe que française sont issues d’États qui avaient déjà fortement subi la griffe centralisatrice du pouvoir qu’ils ont renversé. L’aristocratie qui ne détenait, ni en France en 1789, ni en Russie 1917, une fonction publique véritable, n’avait plus guère d’intérêt à préserver une structure sociale dans laquelle elle ne jouissait que d’un rôle honorifique. Ses privilèges ne paraissaient plus aux yeux de l’ensemble de la nation se justifier par l’accomplissement de véritables devoirs sociaux. L’opposition à la monarchie en France en 1789, et en Russie en 1917, était capable de troubler un pouvoir réticent à user de sa force. Mais elle n’avait aucune racine sociale solide sur laquelle fonder sa résistance en cas de contestation sérieuse de son pouvoir nouvellement acquis. Les hommes des lumières, tolérants et libéraux, ne pesèrent guère plus face aux Jacobins quand la lutte pour le pouvoir devint réellement sérieuse, que l’intelligentsia libérale russe en 1917 face aux bolcheviques.

La destruction de l’assise sociale véritable de la royauté en Russie à d’abord été l’œuvre des centralisateurs de la monarchie absolue, des Pierre et des Catherine qui ont édifié un système bureaucratique despotique. Dans ce système l’État ne formait aucunement un édifice constitué de multiples étages où les hommes exercent, au niveau qui leur est propre, des responsabilités personnelles diverses. Presque la totalité de la vie politique réelle de la nation se concentrait dans l’administration impériale. Un tel régime n’était guère propice à la formation de personnes aptes à exercer d’importantes responsabilités publiques. Pour l’opposition au Tsar la question n’était aucunement celle de la répartition du pouvoir entre de nombreux responsables afin que le pays se gouverne lui-même, mais la simple saisie du pouvoir. Une telle prise des leviers de commande permettrait, dans cette perspective, de diriger la société toute entière. En France la situation de 1789 fut assez analogue. La centralisation monarchique, l’œuvre avant tout de Richelieu et de Louis XIV, concentrait tout le pouvoir entre les mains de l’administration royale et cela aux dépens des autorités locales et de l’aristocratie. Celle-ci, d’une noblesse de fonction était devenue une noblesse de cour. La passion de Louis XIV pour le jeu de billard semble particulièrement significative. La France devait devenir ce tapis égal où l’effet de l’action royale se répercuterait immédiatement aux extrémités du royaume. Il n’existait, ni en France, ni en Russie, une classe sociale qui eût un intérêt direct à défendre l’organisation monarchique de la société.

Mais il y a plus encore. La France du XVIIIe siècle a vu le développement dans la nation toute entière de ce qu’Augustin Cochin a si justement appelé les sociétés de pensée (loges maçonniques, clubs littéraires, salons, etc.) où des hommes de diverses conditions s’entretenaient librement mais sans la moindre responsabilité, de toutes sortes de questions sans rapport aucun avec leurs véritables préoccupations professionnelles et pratiques[2]. Il s’agissait d’une agitation intellectuelle dans un vide politique complet. Ainsi ces milieux étaient particulièrement propices au développement d’une spéculation sociale et politique sans rapport avec les réalités de la vie publique. C’est ce qu’on appelle l’idéologie libérale des lumières. Ce phénomène s’est égaiement très fortement développé en Russie dans les années précédant la révolution[3].

Un autre point qui était commun à la France et à la Russie pré-révolutionnaire fut le développement extraordinaire d’un véritable engouement de toute une partie de la société pour les phénomènes occultes. L’immense influence du faux prophète occultiste et magicien Cagliostro en France ou du prêtre thaumaturge, lui aussi prophète ésotérique, Raspoutine en Russie, démontre l’emprise énorme que l’occultisme avait pris sur la société[4]. Ceci allait de pair avec la graduelle disparition des disciplines morales traditionnelles[5]. Tout ceci étant caractérisé par une perte notable de caractère chez ceux qui auraient pu avoir à cœur de défendre l’ordre existant. Tant en Russie qu’en France le trône était occupé par des monarques qui semblaient avoir perdu le sens du commandement, le sens de l’autorité, ce réalisme politique qui permet de comprendre que dans un monde mauvais des mesures énergiques, et parfois fort violentes, doivent s’imposer. Tant Nicolas Il que Louis XVI étaient apparemment de braves chrétiens de tendance piétiste mais parfaitement inconscients de la réalité du mal dans ce monde déchu et, en conséquence, tout à fait désarmés devant une situation où les repères traditionnels avaient disparu. Ils n’étaient ni l’un ni l’autre aptes à affronter une tempête révolutionnaire.

Tentative d’explication de ces ressemblances

Comment pouvons-nous expliquer le développement en Russie et en France de situations pré-révolutionnaires par tant de côtés si analogues ? Il y a un élément que nous n’avons pas encore mentionné et qui, dans une perspective chrétienne de l’histoire, nous permettra, je le crois, d’expliquer de telles ressemblances. Il se’ nomme en France : la Révocation de l’Édit de Nantes, la persécution, le pogrom de Huguenots[6]. En Russie, il s’agit du Raskol, le drame terrible des Vieux Croyants exterminés, puis marginalisés de la vie nationale par le pouvoir des Romanov[7]. Par réaction contre un pouvoir impérial qu’ils considéraient comme une manifestation du règne de l’Antéchrist, ils se sont complètement détachés de la vie publique russe, formant un espèce de poids mort à l’intérieur de la société. Cette désaffection profonde pesa lourdement sur le pays lors de l’aliénation complète des classes libérales à l’égard du pouvoir à mesure que la Russie s’empêtrait dans les difficultés de la Première Guerre Mondiale. Dans les deux cas de persécution des croyants nous voyons le pouvoir prendre des allures que la Bible appellerait bestiales. Ce sont celles d’un État qui se place résolument au-dessus de ses propres lois, au-dessus de la Loi de Dieu, se divinisant lui-même et cela avec l’appui de l’Église officielle qui prend ainsi les marques d’une prostitution spirituelle.

La France

Une chose qui frappe l’observateur tant soit peu attentif de la vie sociale française au XVIIIe siècle est l’impuissance des forces spirituelles, et en particulier celles de la religion catholique, face à l’esprit qui montait, celui de l’incrédulité et du déisme. Ce n’est pas que la France fût alors déchristianisée comme elle l’est aujourd’hui après plus d’un siècle d’endoctrinement laïc[8], mais la présence chrétienne en son sein porte à cette époque la marque de l’impuissance et semble incapable d’influer effectivement sur le cours des événements. Paul Hazard, dans son ouvrage remarquable consacré à La crise de la conscience européenne 1680-1715, place le centre à partir duquel tout l’histoire moderne bascule, dans la révocation de l’Édit de Nantes de 1685[9]. Depuis la fin des guerres civiles la monarchie avait concentré en elle-même l’essentiel des pouvoirs du Royaume, ce qu’avec Jean Bodin on en était venu à appeler la souveraineté. Le roi Louis XIII portait, déjà bien avant son fils, le titre de Roi Soleil. Le mouvement général de l’époque, ainsi que la pensée des apologistes politiques et religieux de l’autorité monarchique, marchaient dans le sens de l’absolutisme. En France le génie de Richelieu (et Mazarin ne fit que suivre ses traces) travaillait sans relâche à abattre tous les pouvoirs indépendants de la Royauté : l’indépendance de la noblesse, les institutions provinciales et surtout les libertés politiques des Protestants français, garanties indispensables de leur liberté de confession. Parlant du style monumental de l’époque, Régine Pernoud nous fait remarquer :

« Sur la place des Victoires, comme sur la place Vendôme, tout est conçu en fonction de la perspective ; le centre est une statue : la statue du monarque qui à la fois dirige et personnifie l’État. »[10]

La monarchie se fait bureaucratique et bourgeoise, tirant son personnel des classes non nobles afin d’écarter l’aristocratie du pouvoir, ce qui explique les rancunes infatigables de cet observateur si perspicace (et si malveillant) que fut le Duc de Saint-Simon[11]. L’intendant, fonction inventée par Richelieu, met de nombreuses provinces directement sous l’autorité du Roi. Certes, on est loin de la centralisation moderne, mais tout le mouvement de l’époque concourt à ce but. Il est frappant de constater qu’en France, et ici la différence avec l’Angleterre est saisissante, tant le Tiers État que les Protestants, (en dépit des coups dont ces derniers font l’objet de la part de la monarchie absolue), sont les plus ardents défenseurs de la royauté absolue. Bertrand de Jouvenel cite la célèbre défense de la monarchie absolue par le Tiers État lors des États Généraux de 1614 :

« Le roi sera supplié de faire arrêter en l’assemblée de ses États pour loi fondamentale du royaume qui soit inviolable et notoire à tous, que, comme il est reconnu souverain en son État, ne tenant sa couronne que de Dieu seul, il n’y a puissance en terre, quelle qu’elle soit, spirituelle ou temporelle, qui ait aucun droit sur son royaume pour en priver la personne sacrée de nos rois, ni dispenser ou absoudre leurs sujets de la fidélité et obéissance qu’ils lui doivent, pour quelque cause ou prétexte que ce soit, que tous les sujets de quelque qualité et condition qu’ils soient, tiendront cette loi pour sainte et véritable, comme conforme à la parole de Dieu, sans distinction, équivoque ou limitation quelconque ; laquelle sera jurée par tous les députés des États et dorénavant par tous les bénéficiers et officiers du royaume, avant que d’entrer et possession de leurs bénéfices et d’être reçus en leurs offices ; tous précepteurs, régents, docteurs et prédicateurs tenus de l’enseigner et publier ; que l’opinion contraire, même qu’il soit loisible de tuer ou déposer nos rois, s’élever et rebeller contre eux, secouer le joug de leur obéissance pour quelque occasion que ce soit, est impie, détestable, contre-vérité, et contre l’établissement de l’État de la France qui ne dépend directement que de Dieu[12]. »

Ayant souscrit à une obéissance unilatérale aussi complète au pouvoir royal (il s’agissait en partie de récuser les prétentions des papes dans le contexte de l’assassinat de Henri IV) on comprend mieux la servilité monarchique des protestants français qui petit à petit, à mesure que les prétentions absolutistes de la monarchie se précisaient, perdaient toute notion de la nécessaire désobéissance à un monarque agissant contrairement aux exigences de Dieu. La Réforme avait perdu bien de sa saveur et avec sa saveur le discernement des temps ! Les avertissements d’un Agrippa d’Aubigné tombaient maintenant dans les oreilles sourdes de ses coreligionnaires. Comprenant le sens profondément antichrétien de l’entreprise totalitaire de Richelieu, d’Aubigné en était venu à constater que c’était du côté du pouvoir politique, et plus tant dans la papauté elle-même, qu’il fallait discerner la manifestation de l’Anti-christianisme à son époque :

« Nous voyons, écrivait-il, sur les épaules et sur la perruque de notre roi les traces honteuses et puantes de l’Antichrist, dont la patte souille le lys des Bourbons et prend pour marchepied le diadème du prince[13]. »

Quel contraste entre la lucidité vigoureuse, et vraiment réformée, d’Agrippa d’Aubigné et ces paroles que nous trouvons dans la bouche du pasteur Pierre du Bosc juste avant la Révocation :

« Après le service de Dieu, il n’a a rien que la Loi et l’Évangile recommandent plus fortement que celui des rois. Aussi nos Églises, qui s’attachent à l’Écriture comme à une règle parfaite de leur foi, l’ont toujours suivie fort religieusement sur cet article, et nous pouvons bien nous vanter, sans crainte d’être démentis, que notre croyance sur ce point est irréprochable. Car nous conservons l’honneur de la royauté dans tout son éclat, dans toute sa force, dans toute son étendue, et nous le portons jusqu’où il peut jamais aller. Nous croyons que nos rois ne connaissent rien au-dessus d’eux dans le monde que Dieu ; qu’ils ne tiennent leur couronne que de ce premier et éternel Roi des rois ; qu’elle ne leur peut être ôtée que par lui seul ; qu’ils ne sont responsables de leurs actions à personne sur la terre ; que leurs sujets ne peuvent être déliés par qui que ce soit de la fidélité qu’ils leur ont jurée ; que toute âme, sans distinction, leur est sujette, et que tous ceux qui vivent dans leurs États, de quelque ordre qu’ils puissent être, leur doivent une égale obéissance. C’est là une doctrine que nos pères nous ont laissée, que nous laisserons à nos enfants après nous, et que nous soutiendrons toujours encore plus par nos actions que par nos paroles. Nous ferons voir par notre conduite que nous vivons dans une communion qui nous enseigne à honorer véritablement les rois ; et si jamais il se trouvait des gens assez ennemis du ciel pour manquer à un devoir si légitime […] nous détesterons toujours leurs exécrables desseins, comme l’enfer même d’où ils naissent, et nous ne séparerons jamais dans nos cœurs Dieu et le roi[14]. »

La Révocation de l’Édit de Nantes fut le fruit pourri de cette volonté de souveraineté totale sur la nation et d’unité parfaite de l’État. Bossuet en était le grand défenseur théologique tirant, de la doctrine biblique de la soumission nécessaire à l’autorité instituée par Dieu, la justification scripturaire de l’absolutisme monarchique. Comme si dans une nation, Dieu ne déléguait son autorité qu’au roi seul et que toutes les autorités du pays découlaient directement de celle de la couronne. Il se faisait ainsi l’apôtre d’une certaine doctrine catholique du pouvoir qui voyait toute autorité descendre, comme du sommet d’une pyramide, du pape, légitimant ainsi ecclésiastiquement l’exercice du pouvoir des ordres inférieurs de la société. Une telle doctrine hiérarchique de l’origine de tout pouvoir (même si elle est qualifiée par la théorie de subsidiarité qui enseigne la nécessité de déléguer ce pouvoir aux autorités sociales subsidiaires) méconnaît complètement la nécessaire indépendance des corps intermédiaires. Ou, pour parler de manière plus exacte, la nécessaire pluralité des institutions d’une société qui ne détiennent leur autorité, ni de l’Église ni de l’État, mais de Dieu directement. C’est à nouveau Bertrand de Jouvenel qui nous montre la source véritable de la souveraineté absolue de l’État moderne. La royauté française n’a fait que s’approprier l’autorité unique que s’arrogeait la papauté. L’absolutisme de Louis XIV ne fut qu’une des étapes de cette longue histoire, préparant la voie à l’absolutisme beaucoup plus complet de la Révolution française et du monde qu’elle a engendré.

« A la vérité, nous dit-il, ce n’est pas dans l’ordre temporel qu’a triomphé d’abord l’idée d’une autorité monopolisée, concentrée en un point et s’exerçant sur tous les points d’une façon immédiate. C’est dans l’Église que cette idée a remporté sa première victoire, au profit du pouvoir pontifical. Comment les évêques de Rome ont transformé une simple prééminence dans l’Église en une plénitude de puissance sur l’Église, c’est ce que l’on sait mal, ce grand changement se situant dans des âges historiquement obscurs. Mais que cette concentration de l’autorité ait servi de modèle à celles qui se sont produites dans le règne politique, c’est une chose manifeste. La notion de majesté « pleine et ronde » a été restituée par les papes […] idée d’une puissance qui ne peut se peser, se dénombrer ou se mesurer […] qu’elle ne connaît pas d’exception, qu’elle embrasse tout, qu’elle est la base de toute autorité, qu’elle est souveraine, illimitée, immédiate[15]. »

Ce fut contre une pareille souveraineté que se dressèrent les chrétiens des premiers siècles en refusant de s’incliner devant la seigneurie absolue de l’Empereur[16]. C’est cette même prétention quasi-divine qui fit affirmer aux réformateurs d’une voix unanime que le pouvoir de la papauté était celui de l’Antichrist. C’est contre de telles prétentions que s’élevèrent les Puritains anglais, les Colonies américaines, les Boers d’Afrique du Sud. C’est une telle présomption qui fit de Louis XIV, de la Révolution français, de la Révolution russe et aujourd’hui de la Démocratie totalitaire de l’Occident[17], les adversaires implacables de la Royauté, de la souveraineté absolue, illimitée et immédiate de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. Cet État moderne, qui prétend exercer les attributs de Dieu, est par nécessité l’ennemi implacable de la loi divine et de Église de Dieu[18].

En se prétendant les vicaires de Jésus-Christ, les Papes en sont venus à se substituer au Christ lui-même, supprimant ainsi la médiation nécessaire du Saint Esprit entre Jésus-Christ et les hommes. La papauté substitua ainsi au glaive spirituel donné par Dieu à l’Église, un pouvoir charnel, politique, rationnel, humain, pouvoir qui n’est autre que celui de la grande prostituée. Cette négation implicite de l’action propre aux différentes personnes de la Trinité dans l’œuvre du salut conduisit à la substitution de la raison infaillible du Pape à l’action du Saint-Esprit appliquant aux hommes, dans l’Église, la Parole de Dieu. À la Parole de Dieu fut substituée la parole des papes ; à l’autorité de l’Écriture, celle d’une tradition élaborée par une Église, qui se voulait le prolongement du Christ. Elle s’était, par ce fait même, détachée de son divin Chef. Cette appropriation par l’Église de l’autorité de Dieu et de Sa Parole conduisit insensiblement à l’établissement sur l’Église d’un système de gouvernement moniste, monolithique, pyramidal, fondé sur la puissance de la chair et du monde. Ce pouvoir était nécessairement négateur de toute autorité qui lui serait indépendante et adversaire farouche, de toutes les institutions, de tous les pouvoirs que Dieu aurait établis directement au profit d’un pouvoir unique. De ce pouvoir central devait dorénavant découler tout pouvoir humain. La distinction du spirituel et du temporel était ici abolie en faveur du pouvoir « spirituel » de la papauté devenu l’autorité unique et finale de la chrétienté tout entière. La pluralité des nations, métiers, familles, etc., (institutions tirant l’autorité indispensable à leur fonctionnement directement de la source qui transcende tout pouvoir) était rejetée en faveur d’un seul pouvoir, source de tous les autres. Nous voyons comment le totalitarisme provient toujours d’une négation dans les faits du dogme de la Trinité. La diversité dans l’unité est détruite en faveur de la seule unité. Ce que l’excellent historien catholique Jean de Viguerie dit du pouvoir de Louis XIV pourrait, mutatis mutandis, s’appliquer à celui de la Papauté médiévale elle-même qui en était le modèle :

« Pour Louis XIV et pour ses ministres, l’État est appelé à tenir dans la vie du Royaume une place de plus en plus grande, et son intervention dans les affaires religieuses ne doit pas se restreindre à la protection de l’Église, mais elle doit s’étendre jusqu’à un contrôle permanent de l’orthodoxie. L’étatisme d’ailleurs s’accorde avec le mécanisme. La philosophie mécaniste légitime une contrainte que seul l’État peut exercer. Ainsi, trouvons-nous associées aux origines de la Révocation ces deux perversions de l’esprit moderne, et l’édit de Fontainebleau nous apparaît en fin d’analyse, plus comme une contrevérité que comme une faute[19]».

Mais les contre-vérités ne sont pas innocentes. Il en résulta la conversion de force de nombreux protestants, leur adhésion contrainte et hypocrite au catholicisme, l’apostasie de nombreux calvinistes provoquée par la persécution et la perversion du catholicisme français lui-même qui, quasi unanime, approuva avec enthousiasme la Révocation. N’oublions pas cependant les protestations de Saint-Simon et de Vauban[20]. L’usage de tels moyens pour imposer l’unité de la foi eut comme fruit empoisonné d’ouvrir toutes grandes les vannes de l’incrédulité. C’est de la crainte de voir survenir un pareil danger dont témoigne la dernière supplique adressée par les Protestants français à Louis XIV en janvier 1685 :

« Votre Majesté n’ignore pas que la religion est une chose qui vient d’en haut et qui ne dépend point de la politique humaine, elle a son siège dans l’esprit et dans le cœur, où elle ne s’introduit que par les voies de la persuasion et par celles des prières et des vœux à Dieu. Les voies de la contrainte ne sont propres qu’à faire des athées ou des hypocrites, ou à exciter en ceux qui sont de bonne foi une fermeté et une persévérance qui se mettent au-dessus des supplices si on en vient jusque-là, comme il est presque inévitable, quand les premiers essais de la contrainte ne réussissent pas[21]. »

Le fruit véritable et durable de la Révocation de l’Édit de Nantes fut ce vide spirituel rapidement rempli par les pires erreurs religieuses et philosophiques de l’Europe tout entière. Même les efforts héroïques d’un Bossuet pour tenter d’enrayer le fléau n’y purent rien. Il en avait bien involontairement été l’artisan en donnant son appui inconditionnel au grand dessein d’unification nationale de son maître[22]. C’est de cette invasion spirituelle qu’est, en fin de compte, sortie la Révolution française. Ce que dit Alexandre Soljenitsyne de la Révolution bolchevique et de l’emprise du communisme sur sa patrie peut également s’appliquer à la Révolution française : un immense nuage démoniaque s’était soudainement abattu sur son pays ! Les portes de l’enfer elles-mêmes, sous l’apparence si trompeuse des lumières de la raison libérée de Dieu et de ses lois, s’étaient ouvertes toutes grandes sur celle qui se targuait d’être la fille aînée de l’Église. Par son infidélité la France était devenue l’avant-garde des forces du Prince des ténèbres et ces forces mauvaises allaient rapidement se répandre sur le monde entier.

La Russie

La déviation dans l’exercice du pouvoir qui aboutit, en Russie, à la révolution d’octobre provient du fond même de son histoire. Les Tsars, le nom l’indique, se voulaient les héritiers de l’Empire romain de Byzance. Moscou devait être la troisième Rome. Mais l’Empire d’Orient, le christianisme de Byzance, comme Rome avant elle, avait été fortement marqués par l’esprit des monarchies orientales où le monarque était formellement identifié à la divinité. La monarchie russe avait ainsi acquis certains des caractères de l’Empire byzantin, en particulier l’absorption d’une grande part de l’autorité spirituelle de l’Église par le pouvoir temporel. Souvenons-nous que le père du Tsar Michel, fondateur de la dynastie de Romanov, avait lui-même été le Patriarche de l’Église Orthodoxe russe. Cette orientation vers la monarchie divine eut également des racines théologiques, je pense ici tout particulièrement à la question du filioque qui aujourd’hui encore divise les Églises d’Orient et celles d’Occident. Il est bien connu que les Orthodoxes refusent l’adjonction du mot filioque au Symbole de Nicée, le Saint-Esprit pour eux ne procédant que du Père et non du Père et du Fils, comme c’est le cas pour les Églises d’Occident[23]. Mais, me demanderez-vous, de telles considérations, que peuvent-elles donc avoir à faire avec la Révolution russe et la croissance du pouvoir temporel en Russie ? L’ami de Soljenitsyne, Dimitri Panine, qui figure sous les traits de Sologdine dans son roman autobiographique, Le premier cercle, me faisait remarquer il y a bien des années que s’il était devenu Catholique romain c’est en grande partie grâce à son admiration pour les ordres de chevalerie, institutions inconnues des Églises d’Orient. Une telle institution, celle d’un ordre laïc religieux voué à défendre la justice et la vérité par les armes, est inconcevable dans l’univers politique et spirituel monolithique et arbitraire de la Russie où le temporel et le spirituel étaient confondus, inextricablement mêlés, surtout depuis l’avènement des Romanov au XVlle siècle[24]. Gonzague de Reynold, de son côté, dans le volume consacré à la Russie dans son œuvre immense sur les origines de l’Europe[25], relevait que ce qui avait, en fait, le plus manqué à la Russie (ce qui expliquerait pourquoi ce pays avait si peu su résister à l’emprise toujours croissante d’un pouvoir incontrôlé), était la présence d’une prédication systématique de la Parole de Dieu dans la vie de l’Église Orthodoxe. Le mysticisme doctrinalement imprécis du Christianisme russe explique l’inexistence en Russie d’une forte tradition théologique. Dans la spiritualité orthodoxe, tant la prédication de la Parole de Dieu que la théologie elle-même étaient déconsidérées en faveur d’expériences mystiques, de la célébration des sacrements et de la liturgie. Nous avons ici une conséquence théologique au refus de l’Orthodoxie d’admettre que le Saint-Esprit procéderait à la fois du Père et du Fils. Cette dissociation du Fils de l’Esprit séparait l’action du Saint-Esprit de celle de la Parole de Dieu. L’Esprit dans une telle perspective agirait directement au travers des sacrements, de la liturgie, de la vie mystique sans passer par la médiation nécessaire du Verbe Incarné et écrit. Dans une telle perspective l’action du Saint-Esprit exclurait en fait le Christ lui-même. Dans une orientation doctrinale véritablement orthodoxe, l’action du Saint-Esprit doit se manifester par l’application de la Parole de Dieu à la vie du croyant, de l’Église et de la société, ce qui rend absolument nécessaire la prédication vigoureuse et savante de la Bible du haut de la chaire. Un pouvoir spirituel, une Église, qui négligerait la prédication de la Parole de Dieu, mettrait en fait de côté le Christ et ses enseignements vivifiants. Cet enseignement biblique donne une structure transcendante non seulement à la personnalité chrétienne mais, par l’obéissance des chrétiens aux commandements que Dieu adresse à chacun selon son état de vie, la société tout entière est transformée. S’appuyer sur un Saint-Esprit dissocié de la Personne et de la Parole du Christ rendrait les chrétiens totalement incapables de résister victorieusement aux emprises croissantes d’un pouvoir qui confondrait le spirituel avec le temporel, se prenant lui-même pour sa propre fin.

Plus encore, comme toute autorité vient de Dieu, Dieu livre les autorités qui se dressent contre Lui aux puissances mauvaises, et en particulier celles qui persécutent son Église, comme l’empire des Tsars l’avait fait avec tant de persévérance contre les Vieux Croyants, les Raskolniks et les minorités évangéliques et catholiques. Comme le dit si bien Hélène Carrère d’Encausse dans son ouvrage, Le malheur russe :

« La symbiose de l’Église et de l’État avait atteint son apogée avec l’avènement des Romanov ; le nombre des souverains canonisés, (attestant leur fonction religieuse de protecteurs de la foi et, grâce à leur piété, de sauveurs de la Nation) ne va pas manquer d’accentuer la signification et les conséquences de ce schisme. (…) Et pour l’État, ce terrible constat que l’Église qui est sa garante, son double – même s’il tend toujours »plus à la dominer – n’est pas en mesure de lui assurer l’adhésion de l’ensemble de la société[26]. »

A la place d’une autorité juste et légitime dont la force vient de Dieu, les pouvoirs qui se tournent contre Dieu et persécutent ou asservissent son Église n’ont qu’une ressource, la pure violence. Dieu leur retire l’appui de son autorité. La confiance de leurs subordonnés en une autorité obéie parce que respectée commence à s’effriter. Là, où pour des raisons de sentimentalité, ou suite à l’adoption par ceux qui gouvernent d’opinions libérales naïves, l’autorité établie répugne à tout usage de la violence pour régner (comme ce fut manifestement le cas pour Louis XVI et Nicolas Il) le pouvoir ne peut manquer de lui échapper et l’autorité monarchique devra céder la place à plus violent que lui. C’est ainsi, en fin de compte, pour des raisons d’ordre spirituel que Louis XVI laissa massacrer les gardes suisses qui cherchaient à défendre la monarchie. Il préféra livrer son Royaume à la pire racaille plutôt que de faire un usage légitime de la force que Dieu lui avait confiée. En 1917, pour des raisons bien semblables, le Tsar abandonna son pouvoir qui fut ramassé par ceux qui en désiraient vraiment l’exercice. N’ayant aucune confiance en Dieu, ni en l’autorité bienfaisante qu’Il peut accorder aux Rois qui le craignent et marchent selon Ses lois, les bolcheviques et leurs héritiers ont préféré préserver soigneusement leur pouvoir par un usage averti et rusé de la violence sous toutes ses formes.

L’invasion d’une société par des puissances mauvaises (comme c’est le cas dans une vie individuelle) a toujours pour cause l’ouverture de brèches dans l’armure spirituelle de la nation. Comme l’écrit Ellen Myers dans la conclusion de son article Une trompette au son peu clair : l’Église Orthodoxe russe,

« L’ignorance des principes bibliques gouvernant tous les domaines de la vie doit être signalée comme la cause principale de l’absence d’un témoignage chrétien clair ayant l’autorité nécessaire pour avertir la nation avant l’irruption de l’holocauste de 1917. […] Si l’Église avait obéi à l’ordre du Christ d’enseigner tout ce qu’il ordonne (Matthieu 28:19-20) et si elle avait instruit ses membres à juger toutes choses et toute action selon la loi et le témoignage même de Dieu. (Isaïe 8:20) elle n’aurait pas accepté une si entière soumission à l’État et aurait refusé de collaborer à la persécution des minorités religieuses comme elle le fit. […] Parce que l’Église ne sonna pas clairement la trompette d’avertissement, ceux qui proclamèrent de manière si véhémente la vision utopique d’un marxisme radical et simpliste parvinrent finalement à se saisir du pouvoir sur le corps déchiré de la Russie en crise[27]. ».

Jean-Marc BERTHOUD

[1]      L’étude des aspects religieux de la Révolution française a été renouvelée par les travaux de : Jean de VIGUERIE : Christianisme et Révolution » Nouvelle Éditions Latines, Paris, 1986 Jean de VIGUERIE : Le catholicisme des Français dans l’ancienne France » Nouvelles éditions Latines, Paris, 1988 Voyez également : Jean DUMONT : La Révolution française ou les prodiges du sacrilège » Critérion, Limoges, 1984 L’ouvrage classique demeure toujours : Pierre de la GORCE : Histoire religieuse de la Révolution française Plon, Paris, 1909-19235 volumes André LATREILLE : L’Église catholique et la Révolution française 1775-1815 » Le Cerf, Paris, 1970 (1946-1950), 2 volumes Michel VOVELLE : Religion et Révolution. La déchristianisation de l’an Il  » Hachette, Paris, 1976 Michel VOVELLE : La Révolution contre l’Église. De la Raison à l’Être Suprême » Éditions Complexe, Paris, 1988 Timothy TACKETT : La Révolution, l’Église, la France » Cerf, Paris, 1986 D’un point de vue protestant libéral l’ouvrage ancien de : Edmond de PRESSENSE : L’Église et la Révolution française. Histoire des relations de l’Église et de l’État de 1789-1814 Fischbacher, Paris, 1890 Sur Louis XVI voyez : J.F. CHIAPPE : Louis XVI (3 volumes) Paris, 1988-1989

[2]      Voyez les travaux définitifs d’Augustin COCHIN déjà cités.

[3]      Pour la Russie avant 1917 voyez les analyses d’Alexandre Soljenitsyne dans La roue rouge F. VENTURI : Les intellectuels, le peuple et la révolution Paris, 1972

[4]      Pour la France d’avant 1789 voyez : Jean VILLIERS : Cagliostro. Le prophète de la Révolution Trédaniel, Paris, 1988 Otto SCOTT : Robespierre Mason and Lipscomb, New York, 1974 Pour l’Angleterre puritaine et l’Amérique du XVIIIe siècle nous constatons plutôt une régression des phénomènes occultes : K. THOMAS : Religion and the Decline of Magic Peregrine Books, London, 1982 Les liens étroits entre l’idéologie socialiste et l’occultisme sont fortement documentés dans les ouvrages suivants : Philippe MURAY : Le XIXᵉ siècle à travers les âges » Denoël, Paris, 1984 Richard WURMBRAND : Karl Marx et Satan » Apostolat des Editions, Paris, 1976 James H. BILLINGTON : Fire in the Minds of Men. Origins of the Revolutionary Faith Basic Books, New York, 1980 Nesta H. WEBSTER : Secret Societies and Subversive Movements Britons, Devon, 1964

[5]      Erica-Marie BENABOU : La prostitution et la police des mœurs au XVlllè siècle » Perrin, Paris, 1987

[6]      Emile J. LEONARD : Histoire générale du Protestantisme » Tome Il, 1564-1700 P.U.F., Paris, 1961 Collection Quadrige, P.U.F., Paris, 1988, 3 vols.

[7]      Pierre PASCAL : Awakum et les débuts du Raskol » Mouton, Paris, 1963 Pierre PASCAL (ed.) : La vie de l’Archiprêtre Awakum écrite par lui-même Gallimard, Paris, 1960

[8]      Adrien DANSETTE : Histoire religieuse de la France contemporaine » Flammarion, Paris, 1984 (1949 et 1951)

[9]      Paul HAZARD : La crise de la conscience européenne 1680-1715, Fayard, Paris, 1978 (1935) Sur la pensée paganisante du siècle des lumières voyez : Peter GAY : The Enlightenment. An Interpretation Vol. 1. The Rise of Modern Paganism Vol. II. The Science of Freedom _ W.W. Norton, NewYork, 1966-1969 Paul HAZARD : La pensée européenne au XVlllème siècle. De Montesquieu à Lessing Boivin, Paris, 1946 Louis 1. BREDVOLD : The Brave New World of the Enlightenment University of Michigan Press, Ann Arbor, 1962 Ernst CASSIRER : The Philosophy of the Enlightenment Beacon Press, Boston, 1951 Il vient de paraître en ré-édition en français le classique de la pensée anti-révolutionnaire : Edmund BURKE : Réflexions sur la Révolution en France Pluriel, Paris, 1989 Outre Edmund BURKE sur le plan politique le seul penseur de premier ordre qui, à la fin du XVlllè siècle osa se mesurer avec les « lumières » triomphantes fut Johann Georg HAMANN. Sur Hamann voyez : Henry CORBIN : Hamann philosophe du luthéranisme (Introduction de Jean BRUN) Berg, Paris, 1983 (1937) James C. O’FLAHERTY : Unit y and Language. A Study in the Philosophy of Johann Georg Hamann AMS Press, New York, 1966 (1952) Ellen MYERS : Johann Georg Hamann : Interpreter of Reality in Christ Journal of Christian Reconstruction, Vol. 11, No. 2, 1986-1987, p.134-191 Pour une interprétation de l’histoire de la philosophie occidentale dans une perspective chrétienne contraire à l’esprit des – lumières »: Jean BRUN : L’Europe philosophe. 25 siècles de pensée occidentale Stock, Paris, 198

[10]    Régine PERNOUD : Histoire de la bourgeoise en France, Tome Il, Les temps modernes, p. 9, op. cit.

[11]    SAINT-SIMON : Œuvres complètes Pauvert, Paris, 1964 Jacques ROUJON : Le Duc de Saint-Simon Dominique Walper, Paris, 1958

[12]    B. de JOUVENEL : Du Pouvoir, p. 277-278

[13]    Joseph CHAMBON : Le Protestantisme français jusqu’à la Révolution française’ Labor et Fides, Genève, 1958, p. 104

[14]    Pierre du BOSC : Les deux souverains, Sermons sur divers textes convenables au temps. Cité par, Alexandre VINET : Histoire de la prédication, op. cit. p. 377-378

[15]    B. de JOUVENEL : De la souveraineté, p. 221- 222

[16]    R. J. RUSHDOONY : The Atheism of the Early Church Logos, Blackheath (Australie), 1983

[17]    J.L. TALMON : Les origines de la démocratie totalitaire’ Clamann-Lévy, Paris, 1966 (1952) Hannah ARENDT : Essai sur la Révolution’ Gallimard, Paris, 1967 Hannah ARENDT : Les origines du totalitarisme’ Points Poche, Paris, 3 volumes, 1979-1984

[18]    Sur la royauté sociale et politique de JésusChrist sur les nations nous ne pouvons que recommander des ouvrages catholiques traditionalistes, la pensée réformée et évangélique francophone depuis Bucer s’étant, apparemment, désintéressée de cette question pourtant si centrale à toute la révélation biblique. Voyez, avec les correctifs évidents, les ouvrages suivants : Jean OUSSET : Pour qu’il règne’ Dominique Martin Morin, Paris, 1986 (1970) Mgr. Marcel LEFEBVRE : Ils l’ont découronné’ Éditions Fidéliter, Escurolles, 1987 Théotime de SAINT JUST : La royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ d’après le Cardinal Pie » Éditions de Chiré, Vouillé, 1987 A. PHILIPPE : Le Christ, Roi des nations’ Éditions St Pie X, Riddes, 1986 René de LA-TOUR-DU-PIN : Vers un ordre social chrétien » Édition Trident, 1987 (1908)

[19]    Jean de VIGUERIE : La Révocation de l’Édit de Nantes’ Action Familiale et Scolaire, Paris, p. 24

[20]    VAUBAN : Mémoire pour le rappel des Huguenots’ La Cause, Carrières-sous-Poissy, 1985 Daniel HALEVY : Vauban Grasset, Paris, 1923

[21]    Raoul STEPHAN : L’Épopée huguenote La Colombe, Paris, 1945, p. 236

[22]    Voyez sur Bossuet : Le chapitre du livre de Paul Hazard intitulé Bossuet et ses combats in : La crise de la conscience européenne, p. 203-221 Henri MASSIS : Visages et idées Grasset, Paris, 1958. Le chapitre intitulé : Apologie pour Bossuet, Docteur de la Foi, p. 83-130

[23]    Sur les rapports entre les dogmes du Christianisme et la réalité sociale voyez la réflexion théologique capitale de : Rousas J. RUSHDOONY : The Foundations of Social Order. Studies in the Creeds and Councils of the Early Church Presbyterian and Reformed, Nutley, 1968 R.J. RUSHDOONY : Salvation and Godly Rule Ross House Books, P.O. Box 67, Vallecito, California 95251,1983 R.J. RUSHDOONY : Law and Society Ross House Books, Vallecito, 1982

[24]    Henri MASSIS : Découverte de la Russie Lardanchet, Paris, 1944

[25]    Gonzague de Reynold : Le monde russe Voyez en particulier le chapitre XII intitulé : La troisième Rome et l’héritage byzantin Tome VI de La formation de l’Europe Plon, Paris, 1950

[26]    Hélène CARRERE D’ENCAUSSE : Le malheur russe’ Fayard, Paris, 1988, p. 140-141 Voyez également le livre magistral de Marc RAEFF : Comprendre l’Ancien Régime russe Seuil, Paris, 1982 et, pour la fin du XIXᵉ siècle, celui de Franco VENTURI : Les intellectuels, le peuple et la révolution. Histoire du populisme russe au XIXᵉ siècle Gallimard, Paris, 1972, 2 vols. Sur l’histoire de l’Union soviétique depuis la Révolution d’octobre voyez outre Soljénitsyne : Michel HELLER : 70 ans qui ébranlèrent le monde. Histoire politique de l’Union soviétique’ Calmann-Lévy, Paris, 1988 Michel HELLER et Alexandre NEKRICH : L’utopie au pouvoir. Histoire de l’U.R.S.S. de 1917 à nos jours’ Calmann-Lévy, Paris, 1982

[27]    Ellen Myers : Uncertain Trulilpet : The Russian Orthodox Church and Russian Religious Thought. 1900-1917 Journal of Christian Reconstruction, (P.O. Box 158, Vallecito, CA 95251, USA), Volume XI, No 1, 1985, p. 106-107 Sur les faiblesses du Christianisme russe et la persistence en son sein d’éléments mystiques d’origine païenne voyez également les deux ouvrages suivants : James H. BILLINGTON : The Icon and the Axe. An Interpretative History of Russian Culture. Vintage Books, New York, 1970 (1966) Ewa M. THOMPSON : Understanding Russia. The Holy Fooi in Russian Culture. University Press of America, New York, 1987.