Projection internationale du C.F.R.
Peu après la fin de la 2ᵉ guerre mondiale, le C.F.R. (Council on Foreign Relations), dont nous avons montré la toute-puissance aux États-Unis, s’est projeté sur la scène internationale au moyen d’un certain nombre d’organismes et « clubs » fondés et dirigés par certains ce ses membres, et qui œuvrent dans le même sens : répandre dans le monde les thèses mondialistes d’interdépendance Est-Ouest :
- L’institut ASPEN, né en 1949 dans le Colorado, se veut le moteur d’une « seconde Révolution américaine », à prétentions humanistes et à vocation transnationale. Il a des antennes à Berlin, Londres (Institute for Strategic Studies), à Rome et en France. Son but est de promouvoir l’interdépendance mondiale contre les souverainetés nationales. Il recrute parmi les élites universitaires, politiciennes, bancaires, journalistiques.
- BILDERBERG[1]: Il s’agit d’une Conférence qui siège à huis clos annuellement depuis 1954 et qui ne diffuse à l’extérieur ni la liste des participants, ni le détail des débats. A l’origine elle avait pour but d’organiser une sorte de « pont » permanent entre divers groupes d’influence américains et leurs homologues européens. Mais sa vocation mondialiste prit le dessus, et elle s’efforce d’agir, par l’intermédiaire des participants à ses réunions, sur les milieux politiques, économiques, journalistiques, etc. européens pour peser sur les politiques gouvernementales, cela en vue d’amener les pays européens à une coexistence Est-Ouest basée sur une interdépendance de plus en plus grande des économies de ces deux mondes.
- La Conférence de DARMOUTH, créée en 1960, a pour but de maintenir un dialogue permanent américano-soviétique. Elle réunit secrètement tous les 14 ou 18 mois les véritables meneurs de jeu de la politique mondialiste de ces deux pays : D. ROCKEFELLER et consorts, face à de très hauts fonctionnaires de l’appareil soviétique, l’élite de Wall Street et des Instituts de Recherche de l’URSS (dont une bonne partie sont membres du K.G.B.)
- L’Institut pour un Ordre Mondial (I.W.O), financé par les groupes ROCKEFELLER et WARBURG, a pour but d’aménager avec l’URSS (présente dans sa direction) les lieux et secteurs où combattre ensemble pour un Nouvel ordre. Il est depuis 1949 un des cerveaux de cet ordre mondial à participation soviétique.
- PUGWASH[2]: Cette Conférence, créée en 1957, est réservée aux milieux scientifiques de l’Ouest et de l’Est. En ce qui concerne le désarmement, ses thèses sont conformes aux desiderata et à la propagande de Moscou. Par ailleurs elle a été mêlée à des intrigues internationales, dont la plus évidente a été, dans les années 1966-72, de convaincre les États-Unis d’abandonner le Vietnam. Elle a en outre joué un rôle important dans la préparation du sommet Gorbatchev-Reagan à Genève en novembre 1985.
La thèse de base de toutes ces organisations et conférences permanentes est la même : quoi qu’il puisse arriver, l’URSS doit être une composante (en tant que fédératrice des États satellisés par elle) du Nouvel Ordre Mondial. Il faut « imposer l’idée qu’autrement ce serait la guerre », tandis que, grâce à l’accroissement des crédits accordés à l’URSS et du commerce avec elle, et grâce au désarmement (surtout de l’Occident) on déboucherait sur la paix. On voit donc dans tout cela la main de la Haute Finance.
La Commission Trilatérale[3]
En 1973 toute cette organisation a été complétée par la Commission Trilatérale, créée par le richissime D. Rockefeller, et qui peut être considérée comme l’expression politique des plus puissantes sociétés multinationales. Groupant les moteurs économiques les plus puissants de trois grands ensembles géo-politiques : Amérique (USA et Canada), Europe de l’Ouest et Japon, elle a pour but avoué de perfectionner la coordination entre ceux-ci et d’établir une bonne compréhension entre eux. Mais, au-delà de ce but, elle vise à un nouveau totalitarisme, d’abord par l’élimination progressive des souverainetés nationales et par le renforcement économique de l’URSS au moyen d’une politique de crédits et d’équipement. Ce que veulent Rockefeller et ses amis, c’est imposer mondialement le socialisme par « en haut », donc sous leur contrôle, et instaurer un nouvel ordre économique mondial la main dans la main avec la Nomenklatura soviétique.
Au total les principaux producteurs d’acier, d’automobiles, de pétrole, de radios et télévisions, les principaux groupes d’investissement internationaux siègent à la Trilatérale, soit à son Exécutif, soit dans son Directorat permanent et dans ses 13 Comités. En outre elle compte des dizaines de professeurs, chercheurs et dirigeants syndicalistes, mais elle n’a pas fait appel à ceux qui n’étaient pas de tendance socialiste, ni prêts à souscrire à un dirigisme élitiste ayant pour but de réorganiser le monde de concert avec le totalitarisme soviétique.
En novembre 1977, la revue de l’agence d’information gouvernementale américaine « Informations et documents » précisait que Z. BRZEZINSKI, « architecte » de la Trilatérale et éminence grise du Président Carter, inspirait l’action de cette organisation « en direction d’un système mondial qui s’étende également à la partie du monde où le pouvoir est détenu par des gouvernements communistes ». Dès 1970 ce personnage écrivait dans son livre « Between two ages » (Entre deux âges) : « Le marxisme est une victoire de la raison sur la Foi… une étape vitale et créatrice dans le mûrissement de la vision internationaliste de l’homme ». Et en 1975, soit deux ans après avoir mis sur pied la Trilatérale : « Nous devons chercher la coopération avec les pays communistes. En visant d’abord à un accommodement politique, ensuite à un accommodement philosophique ». Et Gerard SMITH, alors directeur de la branche Amérique de la Trilatérale, précisait : « Le Trilatéralisme ne doit en aucun cas être anticommuniste ».
Le Nouvel Ordre à créer en coopération avec l’URSS à travers le dialogue Est-Ouest et la coopération économique doit mettre fin aux souverainetés nationales en les grignotant morceau par morceau. C’est ce qu’affirme depuis dix ans un des piliers de la Trilatérale et du C.F.R., l’américain Richard GARDNER, qui fut ambassadeur à Rome, où il avait d’excellents contacts avec le Parti communiste italien. Et de son côté l’actuel Président américain George BUSH déclarait en 1973 dans une interview au magazine « Vista » : « II faut arriver, par la multiplication des investissements et du commerce, à lier à ce point les nations, qu’elles soient capitalistes ou communistes, qu’il n’y aura plus qu’un seul monde ».
La Trilatérale est donc bien une institution supra-nationale et ouvertement mondialiste, financée par des Fondations et firmes disposant d’un poids considérable dans les économies occidentales et dans le commerce Est-Ouest, et qui, sous couvert de construire un Nouvel Ordre Mondial, prévoit en fait à terme une dictature d’un type spécial, construite en interdépendance totale avec celle qui régit l’Empire soviétique. Sa toute puissance dans le monde dit libre a été parfaitement exposée dans le « Figaro Magazine » du 8 avril 1989 : « C’est une organisation qui irrigue les circuits de décision internationaux et mêle fort habilement les décideurs les plus influents du monde… tous unis par une même approche post-nationale des problèmes. Peser sur les décisions politiques nationales… est d’autant plus aisé que la Trilatérale dispose au sein des gouvernements nationaux de nombreux relais… à travers d’anciens membres ».
Le « Symposium de DAVOS[4]»
Mais pour compléter le tableau déjà complexe des moteurs du mondialisme, nous devons mentionner ce que l’on appelle le « Symposium de Davos », créé en 1970 sous le nom d’« EUROPEAN MANAGEMENT FORUM » par le magnat suisse Klaus SCHWAB, qui versa 50’000 FS pour financer la première réunion de ce genre (550 personnalités venues de 32 pays dans cette station suisse). Les personnages en vue (dont l’inévitable H. KISSINGER) appartenaient à l’Establishment libéral américain, certains étaient membres de Bilderberg depuis 1954 et devaient participer à la création de la Trilatérale en 1973. Mais on trouvait en outre une délégation soviétique. Plus tard la Fondation SCHWAB, qui organise ce Forum, devient la « Fondation pour une Économie Mondiale », qui a lancé en février 1988 le mensuel « WORLD LlNK » (Lien mondial) destiné aux 33’333 personnes les plus influentes du monde.
L’esprit du « Symposium de Davos », qui se réunit chaque année (toujours avec des participants soviétiques) a été défini dès le début par le Professeur H. PERLMUTTER, qui prédisait que « d’ici 1991 le monde sera dominé par environ 300 multinationales géocentriques, qui régulariseront à l’échelon mondial le marché des produits de consommation ». Et « d’ici la fin du siècle ces trois cents devraient contrôler tout ce qui relève de la recherche (prospection), de l’exploitation et de la répartition dans le monde des matières premières et produits-clefs de notre temps ».
Les multinationales devraient ainsi prendre le relais des grandes nations, et il n’y aurait progressivement plus d’États-Nations, mais des « grands ensembles supra-nationaux ». PERLMUTTER constatait alors que l’URSS et ses satellites constitueraient un de ces « grands ensembles », et il admettait l’interdépendance entre l’Est et l’Ouest, et la nécessité d’un monde cohérent, co-géré avec l’Union soviétique. Le « Symposium de Davos », peu ou pas connu du grand public, est donc un rouage dangereux du Mondialisme de l’argent.
Situation en 1989
1) Organisations internationales. En plus de tous les groupes déjà mentionnés dans cette étude, groupes non officiels de réflexion et d’animation agissant surtout dans la coulisse, le mondialisme dispose d’organisations-supports internationales tout à fait officielles, qui, chacune dans son secteur, peuvent être considérées comme des embryons du futur Ordre Mondial :
- le Conseil Œcuménique des Églises les grandes organisations fondées par les mondialistes ou sur leur recommandation, comme l’ONU (Nations Unies). l’UNESCO (Éducation, Science, Culture), l’Organisation internationale du Travail (OIT) le Fonds Monétaire International (FMI), la FAO (Agriculture), etc.
- certains ensembles géo-économiques tels que l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine) et la CEE (Communauté Économique Européenne) au sujet de laquelle il ne faut pas oublier que pendant des décennies les ténors du mondialisme ont prôné une Fédération Européenne considérée comme une étape vers le Nouvel Ordre Mondial.
2) Un « allié » objectif du Kremlin : En divers domaines le Mondialisme (ou certains de ses aspects) n’est pas autre chose qu’un allié objectif des potentats du Kremlin :
- analogie des conceptions et rôle du monde communiste: Tout au long de cette étude nous avons tenu à mentionner nombre de déclarations faites par divers tenants du mondialisme et qui suffisent à montrer que ces gens considèrent que le communisme soviétique doit être un des éléments constitutifs du Nouvel Ordre Mondial, qui doit être socialiste (N. MURRAY BUTLER, divers Fabiens, le « Colonel » HOUSE, « Institute for Policy Studies », « Foreign Policy Association », Z. BRZEZINSKY, etc.). Cette orientation est d’ailleurs confirmée par l’existence de diverses organisations mixtes américano-soviétiques très actives, dont DARMOUTH, PUGWASH, Institut pour un ordre mondial, sans oublier l’USTEC (initiales américaines pour Conseil Économique et Commercial US-URSS[5])
- aide directe au camp socialiste: Le monde communiste devant être partie prenante dans l’organisation du monde, il s’agit de coopérer avec lui, et notamment du point de vue économique, pour l’aider à sortir de son marasme. C’est ce que n’ont cessé de faire les Américains Armand HAMMER (le milliardaire rouge) et Averell HARRIMAN, fournisseurs de l’URSS dès Lénine, ainsi que le très actif « American Committee on East-West Accord » (ACEWA). Bien entendu cela représente une grosse source de profits pour la haute-finance et les multinationales.
- « Pacifisme» Le pacifisme mondialiste est en fait au service du Kremlin, puisqu’il contribue à désarmer moralement l’Occident, alors qu’il n’y a pas de contre-partie à l’Est, où l’opinion publique ne peut agir dans ce sens.
Gorbatchev et le mondialisme.
Sans aucunement renier la vision messianique planétaire de Lénine, Gorbatchev joue la carte du mondialisme, qui doit contribuer au relèvement de l’économie soviétique. C’est ainsi qu’en mars 1986 la « PRAVDA » a publié un article rédigé par un membre de l’Académie des Sciences de l’URSS et de l’équipe intellectuelle de Gorbatchev, article intitulé « La communauté mondiale est gouvernable ». Cet article a été repris par les « Nouvelles de Moscou » (No 10/1988) et présenté ainsi : « La survie de l’humanité, l’idée d’un gouvernement mondial et autres possibilités d’évolution vers un monde cohérent ». La conclusion de cet académicien est intéressante et inquiétante : « II s’agit de constituer un ordre politique international nouveau… Le monde soviétique est bien préparé à ce problème. La nature même de notre régime recèle l’idée de l’internationalisme… La sphère de directibilité du monde s’étend lentement mais sûrement…»
On ne peut qu’établir un lien entre ces propos et l’accélération des efforts déployés par les mondialistes occidentaux pour aider l’URSS économiquement et la convier à entrer dans un Directoire mondialiste.
En attendant ce grand jour, tout ce beau monde manœuvre pour renforcer les pouvoirs de l’ONU (Nations Unies), ce qui peut surtout profiter à l’URSS, assurée d’une majorité grâce aux pays communistes et à ceux du Tiers-Monde. À cet égard il convient de signaler qu’une conférence relative à cette question a eu lieu en septembre 1988 à Moscou. Parmi les 98 participants (soviétiques et mondialistes américains) on notait la présence d’un personnage important, l’Américain Richard GARDNER, déjà mentionné plus haut, qui ne cesse d’affirmer que l’on doit mettre fin aux souverainetés nationales, et qui considère qu’en attendant un gouvernement mondial il faut profiter au mieux des instances internationales existantes (ONU, UNESCO, FMI, etc.). La conclusion de cette réunion fut précisément que le moment était venu d’un ordre politique international nouveau s’acheminant vers un gouvernement mondial, et que pour commencer l’ONU devait reprendre pleinement son rôle et redevenir la clé de l’avenir. Commentaire des « Nouvelles de Moscou » (25.9.88) : « L’ONU est appelée à un rôle de choix ». Par ailleurs la Trilatérale n’a pas hésité à montrer son orientation pro-soviétique en tenant à Moscou une réunion du 16 au 18 janvier 1989. Les contacts avec le Kremlin ont sans doute été fructueux, puisque, toujours dans les « Nouvelles de Moscou » (29.1.89), l’éditorialiste Youri BANDERA a pu écrire : « II n’est pas exclu que dans un proche avenir la Commission Trilatérale puisse devenir bilatérale, en unissant les potentiels intellectuels de l’Ouest et de l’Est ».
Mais Gorbatchev ne se borne pas à des contacts avec les mondialistes patentés, car il va plus loin dans la subversion des esprits. C’est ainsi que la « Pravda » du 20 mai 1987 a publié un discours tenu par lui et dans lequel on pouvait lire notamment : « Ces deux dernières années j’ai pris de nombreux contacts, notamment avec les représentants des partis socialistes et sociaux-démocrates de divers pays, de l’Europe au Japon. Il me semble que nous avons pu trouver un langage commun.
Effectivement il faut constater que les socialistes européens sont partisans d’une Europe en symbiose avec Moscou, répondant ainsi favorablement à la notion de cette « maison commune européenne » dont Gorbatchev a parlé dans son livre « PERESTROÏKA », notion qui revient sans cesse dans la bouche des Soviétiques et des « partis frères » d’Occident : une Europe qui doit dépasser le cadre des « douze » de la C.E.E et qui serait ouverte sur les pays de l’Est. Selon ce que les « Nouvelles de Moscou » ont envisagé le 31 juillet 1988 en parlant du marché intérieur unifié de l’Europe, qui doit conduire à la « construction d’une maison commune et au rapprochement des deux parties du continent ».
Cette construction a d’ailleurs déjà commencé, puisque le 25 juin 1988 a été signé un accord de reconnaissance mutuelle entre la Communauté Économique Européenne et le COMECON (Marché Commun des Pays de l’Est), tandis que des relations diplomatiques étaient établies entre ces deux organisations et que des visites avaient lieu à Strasbourg et à Moscou. Il s’agit là d’un aspect particulier du mondialisme, aspect qui ne devrait pas laisser insensibles les Occidentaux. Certains se montrent d’ailleurs inquiets, tel J. ROVAN qui dans « Le Monde » du 5 janvier 1989 a considéré que cette « maison commune européenne » présentée par l’URSS représentait « la version modernisée du Cheval de Troie ». Après cette longue étude sur le mondialisme et les pouvoirs occultes, il nous reste à effectuer, dans un dernier article, une critique chrétienne fondée sur la Bible.
Frédéric Goguel
[1] Bilderberg : détails dans « Une main cachée dirige… » de Jacques Bordiot (p. 218 à 228)
[2] Pugwash : détails dans « La Trilatérale et les secrets du mondialisme » de Yann Moncomble (p. 201 à 223)
[3] Trilatérale : détails dans « La Trilatérale et les secrets… » (p. 175 à 190)
[4] Davos : d’après Lettres d’Information No. 2 de 1988 du C.E.I (Centre Européen d’Information – P. de Villemarest)
[5] USTEC : voir« Nomenklatura mondialiste », au C.E.I (mars 1987