Chrétiens en terre d’Islam (I)

par | Résister et Construire - numéros 13-14

Les musulmans, et d’une façon gé­nérale les apologistes de l’islam, ne cessent d’affirmer qu’il s’agit là d’une religion de tolérance, de fraternité, de paix et de respect des droits de l’hom­me. Effectivement, de nombreux ver­sets du Coran proclament ces valeurs évangéliques, mais, dans leurs rap­ports avec les « infidèles », les musul­mans n’en tiennent guère compte, et ils s’attachent en fait surtout à des va­leurs d’inspiration humaine, ce qui conduit l’observateur à conclure que l’islam est, à cet égard, une religion d’intolérance, de fanatisme, de violen­ce et de mépris des non-musulmans.

Tout cela ressort, tant de l’histoire de l’islam et des pays musulmans que du comportement présent de nom­breux musulmans, de plus en plus soumis à l’influence de l’esprit con­quérant islamique. Il est donc absolu­ment nécessaire d’éclairer à ce sujet les chrétiens d’Europe, non pas en nous lançant dans une controverse dogmatique (ce dont nous serions bien incapables !), mais en nous réfé­rant à des faits historiques réels et à la situation actuelle des chrétiens en terre d’islam. Tout cela, et nous te­nons à le souligner, sans aucune ani­mosité ni hostilité à l’égard des mu­sulmans, où qu’ils vivent.

Dans cet article et dans le suivant, nous considérerons cette «terre d’islam » située au Moyen-Orient (ter­me d’ailleurs assez flou), qui s’étend de la Libye à l’Iran et de la Turquie à l’Arabie séoudite, et dans laquelle vi­vent de 12 à 15 millions de chrétiens de tous rites et confessions (dont 8 à 10 millions en Egypte). Mais il n’est pas inutile de nous référer auparavant à certaines déclarations instructives faites récemment par des représen­tants de la communauté musulmane vivant en France, car elles illustrent bien l’esprit conquérant de l’islam. Tout d’abord cette déclaration arro­gante faite à un enseignant du Collè­ge de Noyon (Oise) : « Vous vous croyez en France, vous n’êtes que sur la terre d’Allah ! Nous sommes ici pour coraniser la région. »[1] D’ail­leurs, l’imam de la mosquée d’Ivry (Val-de-Marne) semble considérer que cette « coranisation » est en bonne voie, car le vendredi 24 novembre 1989, il affirmait lors d’une prière ri­tuelle : « L’islam a débuté vainqueur et il finira vainqueur. La victoire viendra peut-être d’Europe pour l’islam, et non pas des pays musulmans. La vic­toire viendra d’Europe. »[2] Mais il y a plus: dans un ouvrage rédigé en 1985, le cheikh Si Hamza Boubakeur, ancien recteur de l’Institut islamique de Paris, invitait tout simplement tous les chré­tiens à la conversion : «Il reste aux chrétiens une étape: la reconnaissan­ce de la mission surnaturelle de Mu­hammad comme prophète de Dieu, envoyé à tous les hommes, porteur d’un message, le Coran… Il est si faci­le aux chrétiens de reconnaître le cha­risme d’Ismaël et de conclure à la mission divine de Muhammad. »[3]

Un peu d’histoire

Ces quelques déclarations faites par des musulmans isolés, vivant en mi­noritaires dans un pays étranger, trou­vent en fait leur inspiration et leur jus­tification dans l’Etat créé autour de Médine par le prophète Mohammed, devenu le maître de la communauté islamique, chef de guerre et chef d’Etat.

Au moment de l’apparition de l’is­lam en 622, de nombreuses tribus arabes étaient chrétiennes, notam­ment au nord de l’Arabie et au Yé­men, pays où il existait à Najrân une forte communauté chrétienne, avec laquelle le Prophète avait de bons contacts, et dont il reconnut les rivi­lèges religieux par traité en 631… moyennant un tribut annuel.

Plusieurs passages du Coran mon­trent qu’il avait alors une bonne opi­nion des chrétiens, qu’il leur témoi­gnait de l’estime et qu’il exhortait les musulmans à avoir à leur égard des sentiments d’amitié. En particulier le verset 85 de la sourate 5 : « Ceux qui sont les plus disposés par l’amitié à l’égard des croyants musulmans sont ceux qui disent : nous sommes chré­tiens. »

Mais par la suite, Mohammed com­mença à appeler les chrétiens à se convertir à l’islam, qui représentait pour lui la vraie religion, la seule va­lable devant Dieu, et il s’éleva contre certains aspects de la doctrine chré­tienne considérés par lui comme des «erreurs» (notamment la trinité et la divinité du Christ). Mais les chrétiens restèrent sourds à ses appels, et ils demeurèrent fidèles à la foi chrétien­ne. Aussi Mohammed changea-t-il de ton, et il proclama, notamment dans la sourate 9 :

« Faites la guerre aux gens du Livre qui ne pratiquent pas la vraie religion, jusqu’à ce qu’ils paient le tribut et qu’ils soient hu­miliés. » (verset 29)

« Les chrétiens disent que le Christ est le Fils de Dieu. En le disant, ils ressemblent aux infidèles d’autrefois, que Dieu les com­batte ! » (verset 30)

Ces textes et d’autres ont dès lors déterminé l’attitude des musulmans envers les chrétiens. La tolérance ini­tiale s’est peu à peu restreinte, puis transformée en hostilité et mépris. Semblable à une forte marée, l’islam déferla au Vlle siècle sur tout le mon­de chrétien oriental qu’il submergea, n’en laissant subsister qu’un archipel d’îlots, dans lesquels les chrétiens ont été soumis et humiliés, considérés comme des citoyens d’ordre inférieur. Ils ont subi au cours des siècles des vexations, des mauvais traitements, des persécutions. Les chefs musul­mans ne leur accordèrent qu’une tolé­rance dédaigneuse et méprisante, et dans ces pays, les rapports entre mu­sulmans et chrétiens furent en fait ceux de croyants à « infidèles », de vainqueurs à vaincus, de maîtres à serviteurs humiliés.

 Les « DHIMMI »

 Dès le début, les chrétiens des pays occupés par les musulmans furent considérés comme des « protégés » soumis à une double imposition (guè­re différente du racket moderne) : une capitation exigée des adultes mâles et un impôt foncier sur la terre, qu’ils pouvaient certes cultiver, mais qui était devenue propriété indivise de la communauté musulmane.

Dès 635, le « contrat d’Omar » impo­sa aux chrétiens de Syrie trois sortes de conditions : respect dû à l’Islam, sé­curité des musulmans et concours à leur apporter, exercice du culte. Mais ce système se « perfectionna » au cours des siècles suivants, et au IXe siècle fut édicté un véritable statut d’humiliation, la DHIMMA, qui a régi les chrétiens d’Orient jusqu’au XIXe siècle et qui au fond continue d’inspi­rer la mentalité populaire des masses musulmanes d’aujourd’hui dans les pays en question.

Cette « dhimma » (protection), qui faisait des chrétiens des « DHIMMI » (protégés), était censée résulter d’un contrat (absolument fictif) selon le­quel les chrétiens achetaient la sauvegarde de leur vie et de leurs biens en se soumettant aux stipulations du sta­tut en question. En plus des deux im­pôts mentionnés plus haut, ce statut comportait d’abord six obligations né­cessaires (dont la violation pouvait entraîner la mort du délinquant) qui concernaient notamment l’attitude des chrétiens envers l’islam et les mu­sulmans : par exemple, ne pas toucher à une femme musulmane, ne pas ten­ter de détourner un musulman de sa foi, etc.

Il y avait également six obligations « désirables » (sanctionnées par une amende), dont le but était d’humilier les chrétiens :

  • porter un vêtement distinctif de couleur bleue,
  • ne pas bâtir des maisons plus hautes que celles des musulmans,
  • ne pas sonner les cloches, ni lire la Bible à haute voix,
  • ne pas boire de vin en public, ni exhiber des croix et des pourceaux (noter le rapprochement!),
  • ensevelir les morts en silence,
  • ne pas monter de chevaux, mais seulement des mulets ou des ânes.

Au cours des siècles, la situation des chrétiens se détériora encore, car les autorités centrales ou locales pri­rent l’habitude d’exercer à leur égard brimades et vexations. Tolérés mais méprisés, ils étaient soumis à l’arbi­traire et considérés comme des ci­toyens de seconde zone qu’il convient d’humilier en application du verset 29 (sourate 9) cité plus haut.

XIXe et XXe siècles

 L’affaiblissement de l’Empire turc et l’intervention des puissances euro­péennes amenèrent une lente amélio­ration du sort des chrétiens d’Orient. Dans la première moitié du XIXe siècle, l’émancipation civique et socia­le leur fut en effet accordée, d’abord en Égypte par Méhémet-Ali, puis dans l’Empire ottoman, et le statut de « dhimmi » disparut. Mais dans la se­conde moitié de ce même siècle, on assista à un violent retour en arrière et à des persécutions, voire à des massacres de chrétiens, organisés par le gouvernement ottoman à partir de 1860.

En cette année-là, les Turcs entrepri­rent de liquider les maronites du Mont-Liban (30000 chrétiens extermi­nés) tandis que des milliers d’autres chrétiens étaient massacrés à Damas. Plus tard, à la fin du siècle, les Armé­niens et les chrétiens de Syrie furent victimes de massacres organisés. C’est ainsi que 150 000 Arméniens pé­rirent de 1884 à 1896. En ce qui concerne la Syrie, le Père de Fou­cauld, qui était alors trappiste à CHEIKLE (Syrie), écrivait une lettre émouvante, dans laquelle il mention­nait : « Par ordre du sultan, on a mas­sacré près de 140 000 chrétiens en quelques mois. »

Et le XXe siècle devait hélas revoir la répétition des massacres de chré­tiens. Tout d’abord le génocide bien connu des Arméniens de Turquie (1915-16), qui fit périr plus de la moi­tié des 2100 000 Arméniens de ce pays. Mais il y eut un autre génocide, certes moins important et d’ailleurs peu connu : celui des chrétiens assy­ro-chaldéens de Turquie et d’Irak. En 1915 furent massacrés des milliers d’entre eux, qui vivaient dans le sud-est de la Turquie. Et en 1933, ce fut le tour des Assyro-Chaldéens du nord de l’Irak : plusieurs centaines de femmes, d’enfants, de vieillards et d’hommes désarmés furent égorgés par les troupes irakiennes, dont les « exploits » furent célébrés officielle­ment par toutes sortes de festivités dans les villes, et par des récom­penses aux « héros ».

Où est, dans tout cela, l’islam « reli­gion de tolérance, de fraternité, de paix », etc. ?

Le défi de l’islam aujourd’hui

 Par suite de l’évolution mentionnée plus haut (affaiblissement de l’empire turc, intervention des puissances eu­ropéennes), les chrétiens du Moyen-Orient (arabes sous le joug turc, coptes en Egypte) prirent confiance en eux-mêmes. Dès le XIXe siècle, leurs élites furent à l’origine de la re­naissance des lettres arabes, elles participèrent à la naissance du journa­lisme arabe (notamment en Égypte) et elles se trouvèrent à l’avant-garde du mouvement national arabe qui a se­coué le joug ottoman au début du XXe siècle. Dès lors, ces chrétiens se considéraient comme de vrais ci­toyens de leurs pays, et après la Pre­mière Guerre mondiale, ils demandè­rent à être traités comme tels par les musulmans ; ils attendaient notam­ment la création d’Etats laïcs, ce qui n’a pas eu lieu, car les structures d’Etat restèrent musulmanes (le cas du Liban mis à part) et les chrétiens ne pouvaient donc être traités comme des égaux.

Après la Seconde Guerre mondiale, la situation des chrétiens s’est même dégradée un peu partout, car le natio­nalisme arabe devint en général anti­-occidental, et il se mit à utiliser l’islam comme facteur de mobilisation des masses contre l’Occident ; il prit mê­me un caractère de plus en plus isla­misant, évolution dont les chrétiens de ces pays devaient faire les frais.

Il faut néanmoins reconnaître qu’il existe dans ces pays une élite musul­mane prête à reconnaître les chrétiens comme des égaux, mais le cas est tout différent en ce qui concerne les masses musulmanes, qui n’ont pas évolué au point de reconnaître les droits des chrétiens. Elles sont en gé­néral demeurées ignorantes et fana­tiques, facilement manipulées par les intégristes (ou fondamentalistes), et l’ensemble exerce à son tour une in­fluence sur l’action (ou l’inaction) des gouvernements, comme on le verra en étudiant la situation dans les di­vers pays d’islam.

Un témoignage capital est fourni à ce sujet dans un article publié en 1987 par une personnalité libanaise de grande valeur, le Père Paul Naaman, religieux maronite et universitaire : « Malheureusement, tous les exem­ples de musulmans modérés sont ceux de personnes tirées de leur contexte islamique. D’une façon ou d’une autre, mentalement, spirituelle­ment, politiquement, ils se trouvent sous influence européenne. Une fois que la population musulmane est ex­citée et qu’elle crie: « Allah akbar ! », alors ni Hassan II (Ndlr: roi du Maroc), ni aucun intellectuel ne pourront ré­sister au courant… En ce moment, il se forme une grande vague d’intégris­me, en face de laquelle les discus­sions théologiques sont vaines… Les manifestations de faiblesse et, plus encore, d’impuissance, si déguisées soient-elles du nom de dialogue, ou de colloques, etc… n’aboutissent qu’à faire entrevoir à ce totalitarisme ram­pant sa prochaine victoire. »[4]

 Positions extrémistes

 Le caractère conquérant de l’islam chiite de Téhéran, qui hélas illustre parfaitement les propos du Père Naa­man, est suffisamment connu. Par contre il convient d’attirer l’attention sur le danger représenté par l’islam sunnite du Moyen-Orient et du Magh­reb, qui est tout aussi intolérant, hé­gémonique et conquérant, comme le prouvent certains textes mal connus dont nous allons parler, et dont les au­teurs visent tout simplement à « liqui­der la chrétienté du Moyen-Orient » (en commençant par le Liban) et à ins­taurer la « charia » (loi musulmane) dans tous les pays qui se réclament du sunnisme.

  1. Nous citerons d’abord la déclara­tion faite par une haute personnalité islamique libanaise, qui illustre bien la volonté conquérante de l’islam et at­teste la responsabilité des musulmans dans le drame libanais. Il s’agit du Cheikh Hussein Kouatly, directeur du « Dar al-Fatwa », principale institution islamique au Liban, lequel a déclaré en septembre 1975 :

« Le musulman ne peut admettre de demi-solutions à l’égard du pouvoir. Ou bien le dirigeant et le pouvoir sont islamiques, et le musulman est satis­fait… ou bien le dirigeant et le pouvoir sont non islamiques, et alors il le re­jette, s’oppose à lui et s’emploie à le supprimer par la souplesse ou la for­ce, ouvertement ou secrètement.

Toute concession politique signifie forcément une concession à la doc­trine.

Le musulman libanais ne peut être qu’engagé dans la création de l’Etat islamique. »[5]

  1. Vient ensuite cette grave décision de la « Conférence islamique » réunie en 1980 à Lahore (Pakistan), décision qui a pour but d’éliminer les chrétiens du Proche-Orient :

— Article 6 : « Les pays islamiques doivent prendre les mesures néces­saires pour écraser les peuples chré­tiens du Proche-Orient… et les conver­tir à l’islam avant la fin du siècle. »

— Article 7 : « Les mesures pour la li­quidation de la chrétienté au Proche-Orient devront débuter au Liban… La Syrie et l’OLP devront y employer le terrorisme contre les chrétiens. »[6]

  1. C’est dans cet esprit que le colo­nel libyen Khadafi ne cesse d’exiger que tous les chrétiens des pays arabes se convertissent à l’islam :

« Il serait anormal qu’un Arabe ne soit pas musulman… Tous les Arabes chrétiens doivent se convertir à l’is­lam. » (1985) Exigence renouvelée no­tamment en 1989 : « Un Arabe ne de­vrait pas être chrétien, et la lutte doit s’opérer pour que les chrétiens arabes embrassent l’islam. »[7]

Et, plus récemment :

« L’expansion globale de l’islam est entrée dans une nouvelle phase, qui se distingue en qualité et quantité des efforts du pas­sé. »[8]

  1. Au Soudan, des groupes isla­miques ont tenu à Khartoum en 1989 une conférence secrète au cours de laquelle ils ont décidé d’un plan « d’is­lamisation profonde » du pays, afin que le Soudan soit totalement musul­man en l’an 2000. Ces groupes dispo­sent de fonds considérables mis à leur disposition dans ce but par des Etats musulmans.
  2. En Egypte, les intégristes musul­mans ne cessent de déclarer aux chré­tiens (coptes) qu’ils devront tous être convertis à l’islam en l’an 2000, au be­soin par la force…

 La « charia »

 Autre menace pour les chrétiens des pays musulmans : en février 1988, les responsables du droit musulman de tous les pays islamiques se sont réunis au Maroc, à Rabat, afin d’es­sayer d’adopter une législation com­mune à tous ces pays, du moins à ceux qui se réclament du sunnisme. Et leurs travaux ont abouti à un projet entièrement inspiré de la « charia », cette loi musulmane qui prévoit des peines corporelles d’un autre âge (fouet, mutilations) et la mort pour l’apostasie (conversion d’un musul­man à une autre religion). Cette «cha­ria» est actuellement appliquée en Arabie séoudite et en Iran, tandis qu’elle l’est par éclipses au Soudan et qu’en Egypte, les intégristes musul­mans s’efforcent d’obtenir sa mise en vigueur.

Signalons enfin qu’en novembre de cette même année 1988 a eu lieu un entretien entre des représentants de la « Fédération des musulmans de France » et la Commission protestante « église-islam ». Si ces représentants musulmans ont daigné reconnaître qu’il n’était pas possible de suivre parfaitement la « charia » en France, ils pensent cependant que « dans tous les pays islamiques, cette loi doit être appliquée dans toute sa rigueur, et qu’en particulier ceux qui renient l’is­lam doivent être punis de mort… ».

Dans ces conditions, on est en droit de se demander comment de tels mu­sulmans pourront être « intégrés » (mot à la mode) dans la société fran­çaise !

Et les Droits de l’homme ?

 Comme on le verra dans l’article sui­vant, où nous examinerons la situation dans divers pays musulmans du Moyen-Orient, les chrétiens de ces pays n’ont pas droit à l’égalité pleine et entière. Des discriminations légales ou coutumières existent pratiquement partout (même dans les pays où la « charia » n’est pas appliquée), tandis que les intégristes musulmans d’Egyp­te et du Soudan se livrent à de vio­lentes et parfois sanglantes attaques contre les chrétiens.

Toutes ces pratiques et exactions sont bien entendu en contradiction flagrante avec divers principes de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, notamment avec l’article premier (« égalité en dignité et en droits »), et avec l’article 18, qui po­se le droit à la liberté religieuse et ce­lui de changer de religion. Notons à ce sujet que l’Arabie séoudite et le Yé­men ont refusé de voter cette déclara­tion, précisément à cause de cet ar­ticle 18.

Il existe par ailleurs une « Déclara­tion universelle des droits de l’hom­me en islam », proclamée le 19 dé­cembre 1981 au Palais de l’Unesco à Paris, qui reconnaît dans son article 13 « la liberté de croyance et de prati­quer le culte conformément à sa croyance »[9]. Mais, comme on le ver­ra, cet article est violé d’une manière aussi éclatante qu’officielle en Arabie séoudite. Signalons par ailleurs que le représentant de l’Iran aux Nations Unies a déclaré en 1985 à la tribune de l’Assemblée « qu’il n’y avait pas de place pour le concept des droits de l’homme dans une perspective isla­mique ».

Mais cette conception n’est pas seu­lement celle des chiites, car en fait, el­le anime également les sunnites, et en particulier leurs intégristes, de plus en plus agissants. Formulée en dehors de l’islam, la Déclaration universelle de 1948 n’a aucun impact sur les par­tisans de la « charia », qui est considé­rée comme bien supérieure à toute lé­gislation humaine, car pour les musulmans, elle représente la loi vou­lue par Dieu de toute éternité. Pour eux, le Coran et la « charia » sont la perfection même ; l’univers entier doit absolument s’y soumettre, car l’islam est la vraie religion, devant laquelle toutes les autres religions doivent disparaître. (à suivre)

 Frédéric GOGUEL

Mai 1990

Principales sources:

  1. Publications du Centre Evangé­lique de Témoignage fondé et animé par le pasteur Georges Tartar, 49, rue du Bois-l’Evêque, 77380 Combs-la-Vil­le. Et notamment ses «Bulletins Evan­gile-Islam ».
  2. Chrétiens du Moyen-Orient, par Didier Rance (1990), publié par l’oeu­vre catholique «Aide à l’Eglise en dé­tresse», BP 1, 78750 Mareil-Marly.

[1] « Le Figaro » du 25.11.89.

[2] Emission TV de Canal Plus, citée par « Présent » du 9.12.89.

[3] « Traité moderne de théologie islami­que », Paris, 1985.

[4] Article de la revue «Catolica » de dé­cembre 1987, cité dans «Chrétiens du Moyen-Orient» (p. 185).

[5] Cité dans le livre « Une Croix sur le Liban » (p.19), de Péroncel-Hugoz, Editiion Lieu Commun, Paris, 1984. Article publié dans le journal « al Safir », de Beyrouth, le 18 septembre 1975.

[6] « Le Figaro » du 5.01.84.

[7] Cité par « L’Orient-Le Jour » du 5.9.89.

[8] « Le Christianisme au XX° siècle » du 20.01.90.

[9] La Déclaration des « droits de l’homme en islam » est beaucoup plus restrictive que celle de 1948, car elle ne reconnaît pas tous les droits, notamment celui de chan­ger de religion.