Les rouges passent au vert

par | Résister et Construire - numéros 13-14

  Dans les numéros de juin, juillet et août 89 de son Insider Report, Larry Abraham s’efforce de montrer que les événements politiques récents – et surtout l’interprétation qui en est faite par les médias – sont le début de la dernière étape conduisant au « nouvel ordre mondial ». Ces événements sont: la prétendue révolution « démocratique » en Chine, les élections en Pologne, les soulèvements dans le bloc de l’Est, la désunion au sein de l’Otan et la soi-disant conversion à l’anticommunisme de la gauche.

L’image cachée

Il rappelle d’abord la première page du livre Non Dare Call it Conspiracy (« Personne n’ose parler de conspiration ») de Gary Allen.

« La plupart d’entre nous avons essayé de découvrir « l’image cachée » sous une autre image dans une revue enfantine. On vous montre un paysage avec des buissons, des arbres, des fleurs, etc., et la légende dit : « Cachés dans cette image, il y a un âne tirant une charrette. Trouvez-les ! » Vous avez peu de chance de les trouver sans regarder la page du magazine qui vous révélera avec quelle adresse l’artiste les a cachés. En étudiant ce paysage, nous réaliserons que tout a été dessiné de façon à cacher « la vraie image ». Mais quand on l’a découverte, on ne voit plus qu’elle. »

« Nous pensons que les faiseurs d’opinion des mass-media nous présentent des paysages politiques dépeints artistement pour cacher « la vraie image ». Ce livre a pour but de montrer comment découvrir « l’image cachée» dans le paysage que nous présentent tous les jours les journaux, la radio et la télévision. »

Ces lignes ont été écrites en 1971. Aujourd’hui comme alors, il s’agit de réaliser à quel point nous sommes trompés. Cette tromperie est si gigantesque qu’elle dépasse presque la compréhension humaine.

Anciens stratagèmes

Les stratagèmes utilisés ne sont pas nouveaux, mais les nouveaux moyens de communication et surtout la télévision les rendent beaucoup plus efficaces. Larry Abraham rappelle 1’«Art de la Guerre» de Sun Tsu, 500 ans avant Jésus-Christ, qui représente en somme la préfiguration de ce que réalisent aujourd’hui les agents cachés du « nouvel ordre mondial». Voici quelques principes tirés de 1’« Art de la Guerre » de Sun Tsu. En le lisant, pensons à l’actualité.

  • Toute guerre se fonde sur la tromperie.
  • Quand l’ennemi est divisé, il est détruit.
  • S’il est uni, divisez-le.
  • Soumettre son ennemi sans combat est le comble de l’adresse.
  • Si vous êtes en mesure d’attaquer, paraissez-en incapables; si vous êtes actifs, paraissez inactifs.
  • Si vous êtes bien organisés, feignez le désordre.

Sun Tsu savait – comme ses émules modernes – que peindre une fausse peinture en vue de tromper son ennemi fait partie de l’arme ultime. «Il faut d’abord que les dirigeants du pays victime soient conditionnés de façon à vouloir agir d’après la désinformation qu’ils reçoivent de leurs propres services de renseignements. Il faut naturellement que cette désinformation soit conforme aux préjugés et aux intérêts de l’adversaire.» Lénine connaissait déjà ce principe quand il disait en 1921 à son chef des services de renseignements: « Dites-leur ce qu’ils ont envie d’entendre.  »

Une série de « glasnosts »

Examinons quelques faits de l’actualité et plaçons-les à côté des principes de tromperie de l’« Art de la Guerre » que nous venons de voir. Mikhaïl Gorbatchev est la figure centrale d’une énorme campagne de relations publiques dont les résultats ont induit les gouvernements des États-Unis et d’autres pays occidentaux à vouloir « l’aider à réussir ». La « glasnost » actuelle est la sixième du genre depuis Lénine. Il y a eu :

  1. La NEP (nouvelle politique économique) du printemps 1921 à 1929. A cette époque, Lénine disait: « Glasnost est une épée qui guérit les blessures qu’elle inflige. »
  2. La Constitution soviétique, 1936- 1937, époque que Staline a appelée « reconstruction ou perestroïka ».
  3. L’Alliance du temps de guerre, 1941-1945. Staline était alors appelé « oncle Jo ». Après Yalta, le conseiller de Roosevelt, Harry Hopkins, écrivait à propos des Soviétiques : « Il n’y a aucun doute que nous pouvons nous entendre avec eux et vivre en paix avec eux longtemps.» Et le Département britannique des affaires étrangères concluait: «La vieille idée de la révolution mondiale est morte.»
  4. La déstalinisation sous Khrouchtchev, 1956-1959. Souvenez-vous de Khrouchtchev tapant sur la table avec sa chaussure sur le podium de l’ONU. Plus tard, il déclara : « Nous vous crachons à la figure et vous appelez cela de la rosée. »
  5. La détente, 1970-1975. Et maintenant
  6. La glasnost et la perestroïka.

A chacune de ces périodes de « glasnost », les « marxistes incorporés » se sont empressés de faire transférer aux Soviétiques de l’argent, des technologies de pointe et des crédits ; tout cela garanti par les contribuables des États-Unis et des autres pays occidentaux. Et cette tromperie par la « glasnost » n’est pas le fait de la seule Russie. Il s’est passé des choses semblables à l’égard de Tito, de Ceaucescu, de Dubcek, de Mao, de même que pour Nasser et Ortega. Le prochain bénéficiaire sera peut-être Castro ou un « modéré» qui lui succédera à Cuba. Dans tous les cas, l’« Art de la Guerre » a été appliqué à l’« état d’esprit de l’Occident » et est devenu « l’esprit de l’État ».

Maîtres dans l’art de la tromperie

Voici quelques points qu’il faut garder à l’esprit si l’on veut déjouer la tromperie qu’on essaie de nous faire admettre:

  • Sakharov et Lech Walesa ne sont pas vraiment des antisocialistes. Ils ne peuvent que préserver les structures actuelles du pouvoir. Ils sont utilisés pour leur donner un autre visage.
  • Le même procédé a été utilisé du temps de la NEP. A l’époque, l’opposition était appelée « l’Espoir» et plus tard on s’aperçut qu’elle avait été mise en place et dirigée par le parti lui-même.
  • La « révolution estudiantine » en Chine a commencé lors de la visite de Gorbatchev et a été encouragée par les chefs du Parti communiste, ce qui leur a permis d’identifier les vrais anticommunistes, qui ont été promptement éliminés.
  • Tous les commentateurs de la presse et de la TV employaient une terminologie anticommuniste qu’ils auraient rejetée avec mépris quelques mois plus tôt. Mais proposent-ils d’interrompre les relations diplomatiques avec la Chine ou de lui appliquer des sanctions comme à l’Afrique du Sud ?

Pourquoi pas?

  • Aucun vrai spécialiste de l’anticommunisme n’a été interviewé, ni aucun représentant de Taïwan.
  • Tous les « experts » qui ont été interrogés sont membres du CFR ou de la Trilatérale.
  • Dans tous les cas, de Chine en Pologne, les nouvelles ont été arrangées à l’usage de l’Occident, mais jamais pour le public des pays en cause.
  • Simultanément, « les verts» ont repris le rôle de l’eurocommunisme et sont soutenus par tout le monde, de David Rockefeller aux Brigades rouges.

Il y a bien des chances pour qu’un « dissident » bien soutenu par les médias émerge en Chine et que la tyrannie brutale et « fasciste » de Deng Xioping soit remplacée par un gouvernement « modéré », et la Chine aura sa copie de Gorbatchev. Cela sera suivi d’une publicité mondiale encore plus importante en faveur du mouvement mondial des « verts ». Ces défenseurs de l’environnement sont poussés par les mêmes dirigeants, de Gorbatchev au « New York Times ». Le message est clair. l’environnement est la base d’une coopération mondiale – sans égard à l’idéologie. (Remarquez que le président Bush se nomme maintenant Il le président de l’environnement ».) Au moment où nous fixons notre attention sur la « débâcle » du communisme, la scène se prépare pour le passage des communistes du rouge au vert. C’est un des tours les plus brillants et diaboliquement habiles du siècle. S’il réussit, la Il grande fusion» suivra et nous aurons fait un pas de géant vers le Il nouvel ordre mondial». Il faut se battre continuellement pour faire la distinction entre les apparences et la réalité. De nos jours, c’est devenu presque impossible. Créer Il l’apparence d’un soutien populaire» est le centre de toute l’activité politique contemporaine. Et celui qui ne suit pas le mouvement en arrive à douter. S’ajoute à ce conditionnement le désir inné de croire le meilleur. Il est contre nature de croire au pire et d’assumer que nous sommes trompés, d’être toujours sur nos gardes. Et tous ceux qui cherchent le pouvoir savent cela, de Sun Tsu à Gorbatchev.

Un danger actuel et précis

Quel est ce danger? Il est planifié depuis des dizaines d’années et s’est construit sur le corps de millions d’innocents par des planificateurs et exécutants secrets sous le nom de Il nouvel ordre mondial ». La stratégie la plus importante mise en œuvre actuellement par ces Il manitous» est le changement des Il rouges» en I( verts». Voici quelques articles de presse qui illustrent ce fait:

  • « New York Times», 8.12.88. Discours de Gorbatchev à l’ONU. « La sécurité économique internationale est inconcevable si elle ne va pas de pair non seulement avec le désarmement mais aussi avec l’élimination des menaces qui pèsent sur notre environnement … Examinons la possibilité de créer, dans le cadre des Nations Unies, un centre d’entraide pour la sauvegarde de l’environnement. »
  • « Facts on File », 24.3.89. Les « verts » émergent. Le parti des écologistes ou Verts a gagné plus de 1800 sièges lors des dernières élections municipales en France.
  • « New York Times », 18.6.89. Titre de l’éditorial : « Raz-de-marée verts-rouges en Allemagne ».
  • « Seattle Post-Intelligencer », Service des nouvelles, 20.6.89. Titre : « Les partis verts font une grosse avance au Parlement européen. »
  • Reuter, 23.6.89. Stockholm, Suède. « Les socialistes ont affirmé hier qu’à l’avenir leur drapeau rouge portera de larges bandes vertes du fait que les partis de gauche adoptent une politique de défense de l’environnement. » « Les problèmes comme la sauvegarde de l’environnement, l’utilisation et la protection des ressources internationales … vont dominer notre avenir commun » dit le chancelier autrichien Franz Vranitzky à l’assemblée triennale de l’Internationale socialiste. La menace sur l’environnement a constitué le thème principal de ce rassemblement de 3 jours de 81 partis socialistes et démocrates sociaux. « C’est notre nouvelle mission » a déclaré le ministre suédois de l’Environnement, Birgetta Dahl. l’un après l’autre, les orateurs ont insisté sur le fait que les partis de gauche devaient s’adapter à la «nouvelle réalité» (il sera question plus bas de cette « nouvelle réalité »). Ils ont aussi indiqué que leurs soucis habituels concernant la sécurité et le désarmement étaient moins impératifs à l’heure d’un rapprochement Est-Ouest. « Les conflits conventionnels ne sont plus la menace majeure pesant sur l’humanité » a dit Hans-Jochen Vogel, président du Parti démocrate-social de la République fédérale allemande.
  • « Seattle Post-Intelligencer », 12.7.89. Titre de l’éditorial: « Les Soviétiques passent au vert. »
  • « ABC News Special Report », 3.8.89, Paris. Titre : « l’environnement de Paris occupe le devant de la scène lors du sommet économique. »

      La « nouvelle réalité »

      Ces citations n’indiquent-elles pas une tendance ? Et quelle est cette « nouvelle réalité » à laquelle se réfèrent même les partis de gauche ? Cette expression apparaît dans diverses publications depuis un certain temps. Dans l’édition de l’été 88 de « Foreign Affairs », la publication trimestrielle du Conseil pour les relations étrangères (CFR, l’organisation de manitous la plus importante des États-Unis), Henri Kissinger et Cyrus Vance publient ensemble un long article dans lequel apparaît trois fois l’expression « nouvelle réalité », sans explication. Et maintenant, elle apparaît lors de l’assemblée de l’Internationale socialiste à Stockholm. Cette nouvelle réalité signifie :

      • l’abandon de l’ancien visage du communisme et son inclusion dans « l’État incorporé », c’est-à-dire
      • la fusion du socialisme d’État et du marxisme incorporé qui, à leur tour, constitueront un nouvel ordre mondial (comme ils disent) des classes dirigeantes du monde monétaire et du monde politique.
      • Cela signifie le transfert de la plus grande partie des ressources mondiales à une immense holding écologique (que les architectes de cette politique appellent « Banque mondiale de la conservation de la nature », WCB).

      Dans le monde entier se dessine un mouvement tendant à transférer les forêts tropicales, I~s déserts, les jungles, les savanes et même des propriétés privées à un consortium de fondations, d’agences internationales et de conseils qui sont tous en relation les uns avec les autres par leur direction et leur programme. Dans presque tous les Etats américains, des groupes locaux de protection de l’environnement s’efforcent de faire adopter leurs plans en vue de devenir propriétaires des régions les plus productives et les plus belles de la planète. La même tendance se fait jour en Afrique, en Amérique latine, en Europe, en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Canada et en Asie. Toujours et partout, il existe une crise locale ou l’approche d’une catastrophe qui justifient ces efforts. Dans l’Etat de Washington, il s’agit de protéger le hibou tacheté. Dans le Montana, c’est le loup des bois. Au Nebraska, c’est la grue hulote. En Afrique, c’est l’éléphant qui occupe le devant de la scène. Ajoutez à tout cela la menace sur l’ozone, l’effet de serre et les in nombrables autres soucis écologiques réels ou supposés et vous aurez tout le nécessaire pour imposer un mécanisme de contrôle mondial effrayant par sa puissance et son étendue.

      Le plan derrière tout cela

      Derrière tout ce remue-ménage écologique se trouvent le même groupe de manitous qui ont joué avec les vies des peuples dès avant la Première Guerre mondiale. Grâce à leur « internationalisme » et à leurs combinaisons en vue de « l’équilibre du pouvoir », le XXe siècle a été le plus sanglant de toute l’histoire de l’humanité. Et ce sont ces « sages » qui financent la tyrannie, remplacent les gouvernements, élisent les présidents et les premiers ministres et, en général, agissent en dirigeants non élus d’un monde devenu fou. Larry Abraham veut parler du cartel politique et économique représenté en Angleterre par les membres de l’Institut royal pour les affaires internationales (RilA), aux Etats-Unis par le Conseil pour les relations étrangères (CFR) et sur le plan international par le groupe Bilderberg et le Club de Rome et, plus récemment, par la Commission Trilatérale. Relever le rôle de ces organisations et de certains de leurs dirigeants n’est pas bien vu dans certains cercles, mais l’examen des faits nous y conduit. Pouvons-nous admettre que toute cette vague verte soit le résultat d’un consensus mondial spontané ? À la tête de toutes les organisations écologiques, que ce soient le « World Wildlife Fund » (WWF), la « Conservation Internationale », le « Centre d’analyse des ressources mondiales », etc., nous trouvons comme par hasard un membre des organisations précitées. Quant aux organisations dépendant de l’ONU, elles sont toutes au moins codirigées par des représentants des partis communistes. Devons-nous croire que les super-banquiers, les gauchistes et les « marxistes incorporés » sont les seuls à se soucier de l’environnement ? Ou bien se pourrait-il qu’il y ait un autre programme là-dessous, une « nouvelle réalité » ? l’organisation écologique « Nature Conservancy » se vante de posséder et de gérer plus de 1000 réserves naturelles aux Etats-Unis. Il s’agit d’un groupe qui, avec Citicorp, Chase Manhattan et la Banque d’Amérique, s’occupe activement d’échanges de dettes-pour-Ia-nature au Costa Rica, en Equateur, au Guatemala et même en Californie. Et ce n’est qu’un des groupes engagés dans ce genre de transactions en Amérique latine. Il ya quelques mois, « Nature Conservancy » et le WWF ont racheté, au prix de 12 cents pour un dollar, 9 millions de dollars de la dette extérieure de l’Equateur en vue de la protection de parcs nationaux dans les Andes et aux îles Galapagos. Quelques semaines plus tôt, la même « Nature Conservancy» avait négocié avec la Banque d’Amérique le rachat d’une propriété en faillite en Californie, qui compte 10000 hectares de forêts de séquoias. En avril de cette année, le président brésilien Sarney avait refusé de céder sa dette extérieure contre 3 millions de kilomètres carrés du bassin amazonien. Ce qu’un diplomate soviétique représentant de l’ONU lui reprocha. Le Kremlin aurait-il compris le fonctionnement de cette « nouvelle réalité» et espère-t-il participer aux futurs bénéfices ? Aux Etats-Unis Actuellement, une nouvelle loi fait son chemin au Congrès. Il s’agit de la House Resolution 876 (HR 876) intitulée American Heritage Trust Act. Au cours de la première année de sa mise en vigueur, cette loi permettrait d’utiliser un milliard de dollars pour acheter du terrain privé et le mettre en réserve sous prétexte de préserver l’héritage national. Ces fonds seraient mis à la disposition de «sociétés à but non lucratif et exemptées d’impôts ». Dans 11 Etats de l’ouest des EtatsUnis, les réserves naturelles comprennent actuellement 333800000 hectares auxquels 8 millions d’hectares vont être ajoutés prochainement sur recommandation des instances fédérales. Et des études portent sur 55500000 hectares nouveaux à ajouter à ces parcs nationaux. En septembre 1987 déjà, un Congrès mondial de la vie sauvage s’était réuni à Denver. Les délégués ont été surpris de voir qu’une « déclaration» avait déjà été écrite pour eux. L’initiateur de ce congrès a défini cette déclaration comme « la plus importante dans l’histoire de la conservation de la vie sauvage. C’est notre magna carta. » Le point 4 de cette déclaration dit: « Puisqu’il faut mobiliser de nouvelles ressources pour augmenter les activités de la conservation de la nature, il faudrait créer une nouvelle banque internationale de la conservation de la nature pour intégrer toute l’aide internationale pour l’environnement en un programme commun cohérent basé sur une évaluation objective des ressources et des besoins de chaque pays. »

      Cautionner les banques

      Cela mène loin. Jusqu’à 30% des terres actuellement inexploitées seraient transformées en réserves naturelles. Ce seraient 5 milliards d’hectares avec qui sait quelles richesses naturelles au-dessous. Une « Banque mondiale de la conservation de la nature » serait investie de l’autorité sur tous ces terrains. Ce plan a été dévoilé aux 1500 personnes de 60 pays qui assistaient au Congrès mondial de la vie sauvage. Et ne croyez pas qu’il s’agissait seulement d’amis des baleines ou de spécialistes des fougères. Parmi les membres invitants et invités se trouvaient David Rockefeller de la Chase Manhattan, le baron Edmond de Rothschild de la famille de banquiers connue depuis deux cents ans, et le secrétaire du Trésor des Etats-Unis, James Baker. Voici le plan de fonctionnement de cette « Banque mondiale de la conservation de la nature» (WCB) : 

      « La WCB financerait directement ou par des arrangements avec des groupes amis

      1. La préparation, le développement et la mise en œuvre de stratégies nationales pour la conservation de la nature pour les gouvernements des pays en voie de développement.
      2. L’acquisition/location de terrains importants du point de vue de l’environnement quant à la préservation de la diversité biologique et de bassins hydrographiques.
      3. La gérance et la conservation de zones sélectionnées.

      De plus, la « Banque mondiale de la conservation de la nature » (WCB) propose d’agir comme intermédiaire entre certains pays en voie de développement et des banques multilatérales ou privées pour transférer une dette spécifique à la WCB, substituant ainsi à une dette douteuse dans ses comptes, un nouveau prêt à la WCB (échange de dette-pour-la-nature). Le pays débiteur serait libéré de ses obligations envers ses créanciers en transférant à la WCB des ressources naturelles d’une «valeur équivalente» à sa dette. Ou bien les dettes de pays en développement à l’égard de programmes d’assistance étrangers qui ont peu de chance d’être remboursées, pourraient rester dans le pays et être appliquées à la conservation de la nature, au reboisement ou à des programmes d’agriculture par la WCB.»

      En d’autres termes, les mauvaises créances des mégabanques qui actuellement ne sont pas garanties seraient vendues à leur valeur nominale à la WCB au lieu de leur valeur actuelle qui n’est que de 12 à 25 cents pour 1 dollar. La WCB achèterait ces prêts aux détenteurs actuels et le pays débiteur devrait les couvrir par des terrains inexploités. Si le débiteur ne pouvait pas rembourser ses dettes, ces terrains reviendraient à la WCB ou à ses bailleurs de fonds, avec tout ce qui peut se trouver dans leur sous-sol. Vous voyez donc que les grandes banques ne vont pas faire faillite. Ce qui a été proposé à Denver est déjà devenu en partie réalité, et le monde entier est en train de devenir « vert », conduit naturellement par les «sages» du nouvel ordre mondial. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas agir en vue de la préservation du milieu naturel. Mais cela peut se faire localement. Ce qui est en cause ici, c’est la création de banques mondiales, de trusts internationaux, de fondations géantes et d’expropriations massives; d’un transfert massif de ressources naturelles et, finalement, d’un transfert de souveraineté. Pendant que le monde se réjouit de «l’effondrement du communisme», nous assistons en réalité à la plus brillante manœuvre hégélienne du siècle: le passage des rouges au vert. Ce passage des rouges au vert a commencé par le discours de Gorbatchev à l’ONU en décembre 1988 et s’est terminé par la déclaration issue du sommet des sept chefs de gouvernements à Paris en juillet dernier. Entre-temps, on a pu voir toutes les tendances de la gauche (et du centre) coopérer dans la réalisation d’un programme mondial dont l’objectif final est de contrôler toutes les ressources de la planète. Tous ces groupes et organisations vont du Soviet suprême aux banques internationales en passant par certaines fondations américaines exemptes d’impôts, l’Internationale socialiste, tous les partis verts d’Europe, le Congrès américain et l’administration Bush. La dernière fois qu’autant de forces s’étaient unies dans un même but, c’était il ya cinquante ans contre l’ennemi nazi.

      Résoudre la crise de l’endettement

      Le problème de la dette des pays en développement est lié depuis le début à celui de l’environnement. Dans son discours à l’ONU de l’an passé, Gorbatchev, juste avant ses remarques sur l’environnement, a dit: «L’Union soviétique soutient toutes les propositions utiles quant aux moyens de résoudre la crise des pays endettés, y compris des consultations sous les auspices de l’ONU entre chefs de gouvernement des pays débiteurs et créanciers. » En fait, dans chacune des discussions internationales au sujet de l’environnement, il est aussi question de la dette. Par exemple, au début d’août, un pasteur protestant connu de longue date pour être un homme de gauche et un démagogue, William Sioane Coffin, a participé à un séminaire organisé par Pax Christi, un mouvement catholique soi-disant pour la paix, à l’Université de Seattle. Il a affirmé: « Mais les armes nucléaires sont seulement une part de la menace globale contre la paix … la protection de l’environnement et l’économie font aussi partie du problème. Le désarmement, l’écologie et la justice économique sont inextricablement liés.» Au temps de la guerre du Vietnam, Coffin était un de ces «activistes pacifistes» qui s’en allaient à Hanoi avec Jane Fonda pour aider et encourager les communistes. Ses remarques à Seattle confirment que même les activistes de base ont compris: «Sauver l’environnement» est le nouveau cri de ralliement de la révolution. Mais des personnalités plus prestigieuses parlent dans le même sens. Par exemple, le président de Costa Rica, Prix Nobel de la paix, Oscar Arias, a publié dans le « New York Times » un article intitulé « Pour la sauvegarde du globe, allégement de la dette » dans lequel il commence par dénoncer « la destruction de la forêt tropicale » et la perte « d’espèces d’animaux et de plantes » et propose comme solution: « Les échanges de dettes-pour-la-nature devraient être encouragés à la fois par les pays développés et les banques de développement. Ces échanges devraient être étendus de façon que les prêts de l’étranger puissent être transformés en monnaies locales pour la’ réalisation de programmes écologiques.» Arias conclut par un appel à renoncer à la souveraineté nationale: « Les efforts en vue de réaliser des conventions globales reconnaissant comme ressources communes les éléments que nous partageons – comme l’atmosphère, les océans et la diversité biologique – devraient être encouragés et accélérés. Les tentatives en vue de diminuer globalement les problèmes de l’environnement ne peuvent pas attendre l’établissement d’un nouvel ordre économique mondial. »

      Et c’est vous qui paierez!

      Suite au projet de loi HR 876 mentionné plus haut, deux anciens membres du Parlement américain viennent d’annoncer la création d’une « Coalition de Washington pour la nature et les loisirs » qui met en vente 500 millions de dollars de bons de participation en vue d’acheter des terrains en collaboration avec les fonds de l’Etat fédéral prévus par la loi HR 876. L’un des promoteurs de cette coalition est Dan Evans, un laquais des intérêts Rockefeller depuis vingt-cinq ans et membre « fondateur » de la Commission trilatérale. L’autre, Mike Lowry, est un politicien d’extrême gauche. Et c’est le président de « Nature Conservancy », Elliot Marks, qui assumera la présidence de la nouvelle coalition « .. .faisant suite à la Californie et à d’autres Etats qui ont approuvé récemment l’émission de bons pour la nature … en Californie 976 millions de dollars ». Il en va de même pratiquement dans tous les états des États-Unis. L’État de New York vient d’autoriser le Département de l’environnement à dépenser 15 millions de dollars de l’argent des contribuables pour acheter 5200 hectares constituant l’habitat de l’aigle chauve. Un opposant a bien essayé de dire que « l’aigle ne se souciait pas de savoir à qui appartenait le terrain de son habitat». 4800 km plus à l’ouest, le hibou tacheté ne s’occupe pas non plus de savoir à qui appartient le terrain où se trouve l’arbre sur la branche duquel il se tient … Mais les architectes du nouvel ordre mondial s’en soucient, et c’est ce qui compte. N’est-il pas intéressant de remarquer que dans les pays sous-développés, le jeu consiste à éliminer la dette de l’Etat en troquant des terrains et des ressources, tandis que dans les pays riches, il s’agit d’augmenter la dette de l’Etat et, par suite, les impôts, dans la poursuite du même but 1 Pour les manitous et les marxistes incorporés, cela a un sens. Souvenez-vous du slogan «de chacun selon ses capacités … ».

      Orchestration mondiale

      Dans le monde entier, les gens affectés le plus directement par ces rachats n’ont rien à dire ou alors ils sont accusés d’être « égoïstes », « insouciants » ou des « pollueurs attardés » dans un monde écologiquement conscient. Et combien de personnes savent, à Madagascar, que leur gouvernement a vendu pour plus de 2 millions de dollars de papiers sans valeur au WWF et un nombre inconnu d’hectares de terrain à différentes banques internationales dans un échange de dette pour la nature ? Toute cette affaire d’environnement a été un chef-d’œuvre de publicité. De quelque côté qu’on se tourne, on la retrouve sous un autre angle. Par exemple, dans sa lettre à ses clients du mois de juillet, la Banque d’Amérique remercie sa clientèle. En effet, celle-ci a acheté pour 157000 dollars de chèques et de carnets de chèques décorés de baleines et d’autres animaux menacés au profit d’organisations sans but lucratif. Pour chaque commande de ces chèques ou de ces carnets, la banque donnait 50 cents à l’organisation correspondante; 63000 dollars ont été récoltés ainsi par « Nature Conservancy ».

      Le plan magistral

      Il semble que les agissements de ceux que Suzanne Labin appelle « les requins », c’est-à-dire les manitous qui font la politique mondiale dans les coulisses, n’ont jamais été aussi efficaces que ces derniers mois. Le « nouvel ordre mondial» est en train de se faire sous nos yeux. On n’avait jamais vu se réaliser mondialement et sur une aussi grande échelle le premier point du Manifeste du Parti communiste, l’abolition de la propriété privée et l’utilisation des revenus de la propriété à des buts publics. Ajoutez à ce qui précède les initiatives suivantes et le tableau sera complet:

      1. L’unification monétaire et l’unification politique qui s’en suivra en Europe.
      2. La décommunisation de l’Union soviétique et de ses satellites et leur transformation en une fédération d’Etats alliés.
      3. La trahison et l’abandon par l’Occident de tous les groupes de résistance anticommunistes (voir l’Angola, le Nicaragua et le Mozambique).
      4. La mise en évidence voulue de la résistance intérieure en Chine en vue de son élimination.
      5. La constitution de nouveaux groupes dirigeants trilatéraux et, finalement :
      6. La destruction de la volonté de résistance de tous les peuples qui devraient s’opposer à cette évolution.

      Notre situation n’est pas très différente de ce qu’Edmond Burke décrivait il y a deux siècles dans son chef d’œuvre « Pensées sur les Causes de notre Mécontentement actuel ». Burke disait: « Quand les hommes mauvais se liguent, les bons doivent s’unir sinon ils tomberont un à un, sacrifiés sans pitié dans un combat indigne.» Le temps montrera si les hommes (et les femmes) bons vont s’unir pour combattre les manitous ou si nous allons tomber « un à un ».

      Traduit et un peu résumé par S. Perrenoud