Montre-toi mon Sauveur, propice à mes requêtes.

Tiens-moi lieu de prochain, parmi tant d’étrangers,

Qui pour courir au mal, ont les pieds légers,

Et pour ravir la proie, ont les mains toujours prêtes.

 

Garde-moi des propos, et des mœurs déshonnêtes,

Des regards envieux, des rapports mensongers,

Des vanités du siècle, et de mille dangers,

Qui du bas Elément excitent les tempêtes.

 

Je suis las de souffrir tant de lâches esprits,

Qui de leur intérêt sont tellement épris,

Que la gloire d’autrui leur est injurieuse.

 

Je suis las des prudents, et de leur faction.

J’abhorre l’hypocrite, et sa fraude pieuse,

Qui veut que ton nom serve à son ambition.

 

Jean Ogier de GOMBAULD (1588-1666)[1]

 

 

[1]      Ce sonnet se trouve à la page 280 du recueil des Poésies de Gombauld publié à Paris avec privilège du Rois chez Augustin Courbe 1646.