D’après le critique littéraire genevois Jean Starobinski, le Pacte fédéral, Au nom du Dieu Tout-Puissant… et la Grande Prière des confédérés prononcée lors de tout combat mortel, intérieur ou externe, sont l’héritage chrétien de ce pays dont l’étendard confédéral n’est autre que la Croix du Christ vivant.
Les fondateurs de notre patrie ne se sont pas laissé tromper par les tendances pécheresses, voir bestiales, d’une nature humaine déchue. C’est là le sombre témoignage concordant tant de l’Écriture Sainte que de l’histoire des hommes. Nourris de la ferme volonté de résister à ce penchant au mal, nos pères firent appel à Dieu, se confiant en son secours pour l’accomplissement des devoirs si ardus de l’homme et du citoyen.
Berceau de la Réforme au XVIᵉ siècle, la Suisse a su maintenir vivante la flamme d’une foi chrétienne portant son influence bienfaisante jusque dans la vie politique du pays. Avec l’adoption massive de la vision d’un État Providence en 1948, nos concitoyens ont troqué la souveraineté d’un Dieu miséricordieux et juste pour celle de la Surveillance universelle d’un État aux prétentions toutes puissantes. Dans leur aveuglement provoqué par l’adoption d’une théologie rationaliste, libérale et néo-orthodoxe, et le rejet de l’inspiration infaillible et de l’autorité divine de la Bible, les Églises ont accueilli un tel désastre spirituel et politique avec soulagement. Dorénavant les Églises et les chrétiens de ce pays n’auraient plus à pourvoir d’aucune manière aux misères sociales. Par cette défaillance spirituelle une brèche fut ouverte dans la vie intellectuelle et morale du pays. L’idéologie socialiste et marxiste put ainsi pénétrer sans résistance dans nos universités et hautes écoles. C’est ainsi que, par la défaillance des Églises et de leurs chefs, furent corrompues dans notre pays les disciplines de l’esprit et tout particulièrement toutes les sciences sociales et humaines. Sous le couvert d’une politique apparemment dominée par des tendances conservatrices et démocrates chrétiennes, les fondements chrétiens de notre confédération furent laminés.
Déjà dans les années soixante, pour être admis dans certaines écoles sociales et pédagogiques de notre pays, il était obligatoire de remplir des formulaires de plusieurs pages où les étudiants devaient exprimer leur convictions relatives à l’État, à la religion, à la société, à la psychologie et sur bien d’autres thèmes. De tels questionnaires devenaient également obligatoire dans les Écoles normales formant les futurs instituteurs. Dans de nombreuses institutions publiques on obligeait ainsi la jeunesse à se soumettre à un nouveau conformisme socialo-marxiste comme condition préalable de sa formation professionnelle. Ainsi une société libre et responsable devant le Dieu omniscient et omniprésent de la Bible, qui jusqu’alors avait été le Dieu de notre pays, se soumettait petit à petit à un consensus idéologique et politique qui n’était rien de moins que l’abrogation de la foi de nos ancêtres et de nos plus hautes traditions. C’est ainsi que disparaissent les libertés d’un pays : liberté personnelle, liberté d’expression, liberté d’instruction.
En 1990, des pas de géants ont été faits dans la voie de la déchristianisation complète de notre pays. Un de nos cantons les plus catholiques a supprimé la formule, Au nom du Dieu Très-Haut, qui jusqu’alors donnait une autorité transcendante à toute décision d’avocat ou de notaire. Dans un autre canton, des plus protestants, le Département de l’Instruction publique et des Cultes a interdit la distribution gratuite de Nouveaux Testaments dans les Écoles secondaires d’État. Cette série d’éclats antichrétiens fut déclenchée dans une école de village tessinoise par un instituteur libre-penseur qui suscita une action judiciaire pour faire supprimer les crucifix dont les écoles étaient encore ornées. Ayant à se prononcer sur ce cas le Tribunal fédéral décréta comme anticonstitutionnelle la présence de crucifix dans les écoles publiques.
Mais ceci n’est pas tout. Depuis l’introduction du Nouveau Droit de l’Enfance le 1ᵉʳ janvier 1978, enfants et adolescents ont le droit de dénoncer leurs parents devant les autorités juridiques compétentes pour n’importe quel motif, car « tout enfant doit avoir quelqu’un auprès de qui fuir ses propres parents ». Dans une telle situation, une fois l’enfant tombé entre les mains des autorités sociales et judiciaires, les parents ne peuvent plus rien. La volonté de l’enfant est quasiment assimilée à la volonté divine. Cette volonté, quelque dévoyée qu’elle soit – et très souvent les autorités sociales se chargent d’encourager les vices des jeunes ! – est quasiment identifiée à la volonté de Dieu, et cela au détriment de toute éducation véritablement chrétienne. Selon les diktats freudiens et marxistes qui prévalent dans ces services sociaux, l’éducation chrétienne est jugée répressive et unilatérale, et donc, nuisible à la jeunesse. Dans les règlements administratifs ordonnant l’action de ces services sociaux, psychiatriques et éducatifs de l’État il n’existe aucun article sur lequel les parents pourraient s’appuyer pour défendre leurs droits. La Constitution fédérale garantit cependant expressément ce droit des parents à la liberté de foi, d’expression, d’éducation et de pensée. Aucun article d’ailleurs n’accorde aux parents le droit d’être entendus avant toute décision administrative s’ingérant dans la vie intime du noyau familial. Gare aux familles qui tombent entre les mains des services (sévices ?) sociaux de notre pays. Une jurisprudence permissive, laïque et hédoniste couronne les injustices que les parents – et ceci s’applique surtout aux plus exposés et plus démunis d’entre eux ! – doivent subir sans répit et sans indulgence. Ce jugement impartial et modéré sur la plupart des services sociaux de notre pays est parfois partagé (et même exprimé au public) par les services policiers eux-mêmes qui doivent, très souvent, ramasser les pots cassés d’une pareille impunité permissive.
La herse totalitaire de l’État social suisse se manifeste avec une outrance inouïe par l’introduction du nouveau Droit de Famille le 1ᵉʳ janvier 1988. Cette législation ne considère plus le mari comme chef de la famille. Il n’est plus, en conséquence, dans l’obligation de pourvoir matériellement à l’entière subsistance de sa femme et de ses enfants. L’État, en la personne du Juge, est constitué chef de la famille lors de la moindre dissension dans le couple. La femme, qui en général gagne environ 25 % de moins que son mari, est obligée par cette législation inique à contribuer à 50 % des frais du ménage. L’État contrôleur, l’État Providence, se met ainsi à la place du Père céleste miséricordieux qui, dans sa sagesse, avait institué le père chef de la famille. Cet État impitoyable et fouineur se tient désormais à la porte de toute famille. Aucune demeure n’est désormais à l’abri de sa police sociale et judiciaire prête à intervenir pour n’importe quelle bagatelle. Pour cela il ne faut qu’un voisin (ou parent lointain) mal intentionné ou malveillant qui se voit dans le rôle du Sauveur des pauvres enfants maltraités. Un simple coup de fil suffit pour voir paraître les sbires de la justice sociale. On incite les enfants à dénoncer leurs parents car les boucs émissaires modernes s’appellent Papa et Maman. C’est ce que le téléphone SOS-Enfance nous rappelle tous les jours. La dénonciation des parents doit devenir une vertu sociale comme sous le Communisme. Messieurs Dames, nous y sommes par la volonté du peuple. Les Romains le disait bien : Vox populi, vox dei ! la voix du peuple, la voix de dieu.
Cette Suisse était autrefois considérée par nos voisins, moins heureux que nous, presque comme le paradis sur terre. La paix y régnait grâce à des hommes et des femmes sans nombre dont la foi courageuse et intègre ne craignait pas de mettre en pratique les commandements de Dieu. Elle est aujourd’hui appelée à se repentir, à se tourner à nouveau vers son Dieu qui, durant sept siècles, n’a pas cessé de bénir notre patrie. Seul un retour à la croix du Christ, à cette croix dont l’emblème honore si hautement notre drapeau, pourra à nouveau faire couler sur notre pays le fleuve purifiant et restaurateur de la grâce de Dieu. Que notre Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit réponde à la supplication de son peuple et lui accorde les fruits d’une repentance sincère.
Pauline Prêtre