Seigneur mon Dieu, ma conscience
Me convainc de mille péchés.
J’en ai commis par ignorance,
Et combien qui me sont cachés ?
J’en ai fait souvent par malice,
Dont je connais l’énormité,
O mon Dieu, je crains ta justice,
Et j’implore ta charité.
Tu ne veux pas qu’aucun périsse,
Mais tu commandes au pécheur,
Qu’il te craigne et se convertisse,
Convertis-moi donc, ô Seigneur.
Je connais que tout me convie,
À me repentir promptement,
La fragilité de ma vie,
La mort, l’enfer, le jugement.
Ta juste et sévère vengeance,
Tes grâces, tes biens infinis,
Ta charité, ta patience,
Et surtout le don de ton Fils.
Mais, hélas ! je suis insensible
Aux doux effets de ta bonté,
J’ai même été trop inflexible
Aux coups de ta sévérité.
Mon cœur est plus dur que la pierre,
Il ne prend plaisir qu’à pécher,
Il n’est attaché qu’à la terre,
Brise, ô Dieu, ce cœur de rocher.
Pardonne, Seigneur, fais-moi grâce,
Pour l’amour de mon Rédempteur,
J’ai recours à lui, je l’embrasse
Comme mon unique Sauveur.
Dans mon cœur imprime la crainte
De ta divine Majesté,
Et que désormais ta Loi sainte,
Règle toujours ma volonté.
Suprême Auteur de la nature,
Source féconde de tout bien,
Fais-moi nouvelle créature,
Sans ton secours je ne puis rien.
Bénédict PICTET (1655-1724)
In Bénédict Pictet : Cantiques sacrés, Genève, 1708, p. 59-60