Nous assistons aujourd’hui à un assaut généralisé contre la vie humaine. L’un après l’autre, nous avons vu des actes qui ne sont que des crimes, revendiqués comme des droits : avortement, infanticide eugénique, euthanasie, fécondation in vitro avec destruction d’embryons surnuméraires, manipulation du code génétique humain. Où donc s’arrêtera cette inhumanité médicale et biologique de l’homme pour l’homme ? L’histoire récente de l’Europe nous a appris – mais de quoi nous souvenons-nous en fait de ces événements encore si récents ? – que dans les années trente, de nombreux savants allemands avaient ouvert la voie au mépris de la vie et, par conséquent, au génocide nazi, par leurs activités scientifiques, biologiques et médicales en faveur de l’eugénisme, l’avortement et l’euthanasie[1].

En Union soviétique, la liberté d’avorter a dès le début de la Révolution, ouvert, par son mépris radical de la vie humaine, la voie la plus large à l’extermination de populations entières[2]. A moins d’un redressement, fort improbable sans une intervention directe du Créateur de toute vie, nous pouvons nous attendre à voir surgir en Occident, à partir de causes semblables, des développements identiques. Le terrorisme intellectuel et la violente intolérance que nous constatons (même dans un pays apparemment pacifique tel que la Suisse) parmi les intellectuels universitaires et dans les mass media, et la faiblesse politique de nos autorités livrées à l’impuissance d’un relativisme total, laissent prévoir que nos pays n’auront guère de peine à s’engouffrer dans le chemin large que fut celui de la République de Weimar[3]. Il importe au plus haut point que nous comprenions d’où nous viennent de telles attitudes inhumaines, un tel abrutissement de la sensibilité, un tel abandon du sens moral chez nos contemporains[4]. J’aborderai cette question sous deux angles différents :

  • Quelle est l’attitude de la famille aujourd’hui face à la procréation ?
  • Quelles sont les attitudes développées par nos écoles face à la nature de l’homme, et face au lien créationnel entre l’acte sexuel et la procréation ?

L’ordre divin pour la famille : la procréation

L’ordre de Dieu pour l’homme et pour la femme sur cette question est formel :

« Dieu créa l’homme à son image : Il le créa à l’image de Dieu. Homme et femme Il les créa. Dieu les bénit et Dieu leur dit : Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. » Genèse 1:27-28

Toute la Bible nous rappelle inlassablement ce lien organique établi par Dieu entre la procréation humaine et la bénédiction divine. Toute stérilité et l’avortement involontaire lui-même sont constamment considérés comme de grands malheurs, tandis que l’avortement volontaire, étant un crime presque impensable dans une civilisation favorisant à ce point le respect de la vie, n’est quasiment pas mentionné. La vie humaine est un bien, c’est le don de Dieu par excellence, et la reproduction de cette vie est un signe de la bonté de Dieu envers ceux qu’il a créés à son image. La Bible est foncièrement nataliste et ne connaît rien des craintes de nos contemporains face à une surpopulation hypothétique du globe. La Bible dans son optimisme généreux rejoint le réalisme démographique d’hommes comme Rousas Rushdoony, Julian Simon et Pierre Chaunu[5]. Comme nous le verrons plus loin, toutes ces craintes quant au surpeuplement de notre terre sont liées à la vision d’un progrès linéaire automatique de la civilisation et à une propagande antinataliste savamment entretenue par des moyens extrêmement puissants. Le refus de la vie (le fruit inévitable du refus de Dieu) de nos pays industrialisés, et le recul de la civilisation dans les anciennes colonies européennes, particulièrement sur les plans hygiéniques et médicaux, sont en train de donner raison à ces hommes prévoyants et le plus rude des démentis aux sirènes de la croissance zéro[6]. De tels malheurs proviennent d’une confiance déplacée dans les capacités pour le bien de l’homme sans Dieu. Comme nous l’a si bien rappelé Soljenitsyne : nos maux nous proviennent tous de notre oubli de Dieu, refus qui est allé en progressant depuis la Renaissance. Sans Dieu, il ne peut exister à la longue, ni culture, ni civilisation ; et la vie elle-même est mise à rude épreuve par notre volonté d’écarter le Créateur de notre univers. La Bible ne prône guère un tel pessimisme mortel. Écoutons-la plutôt :

« Car celui qui me trouve a trouvé la vie et obtient la faveur de l’Éternel. Mais celui qui pèche contre moi nuit à sa lime ; tous ceux qui me haïssent aiment la mort. » Proverbes 8:35-36

La Bible ne prévoit aucunement que la voie du suicide collectif sur laquelle nous sommes engagés soit la voie inévitable que l’homme doit suivre. Le Psaume 128 nous dit tout au contraire :

« Heureux quiconque craint l’Éternel Et marche dans ses voies ! Tu jouis alors du travail de tes mains, Tu es heureux, tu prospères. Ta femme est comme une vigne féconde Dans l’intérieur de ta maison ; Tes fils sont comme des plants d’olivier, Autour de ta table. C’est ainsi qu’est béni L’homme qui craint l’Éternel. » Psaume 128:1-4

Voici toute tracée la voie que doit suivre le chrétien en cette fin du deuxième millénaire pourrissant. Non pas se laisser impressionner par les rumeurs trompeuses et craintives du monde, mais craindre l’Éternel, mettre sa confiance en Lui, obéir à ses commandements bons et saints et par conséquent, prospérer et être féconds. Nos nations industrialisées ont obstinément refusé cette voie de vie et de prospérité durable depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, pour leur perte. Il s’agit d’un véritable instinct de mort, d’une fuite en avant vers un suicide collectif, fuite qui aujourd’hui s’accélère avec le refus de voir le mal dans notre sein et de lutter contre lui.

Les causes du suicide démographique collectif de l’Occident : l’oubli de Dieu et de Sa loi

La question alors se pose : comment en sommes-nous arrivés là ? Car il ne s’agit pas de nous désolidariser facilement de ce courant. En tant que chrétiens et chrétiens évangéliques, nous devons confesser que nous avons très largement partagé les vues qui conduisent notre civilisation au suicide. Nous n’avons pas été cette lumière qui éclairait les ténèbres de notre culture déclinante ; nous n’avons pas été ce sel qui préservait nos nations de l’invasion de cette gangrène qui les détruisait. Comment nous, les héritiers de lumières bibliques millénaires, comment en sommes-nous venus là, à cet endroit où la mort nous menace, et du dedans, et du dehors, de la manière la plus immédiate, la plus tangible ? Je me permettrai ici une rapide analyse de ce qui s’est passé dans le dernier quart de siècle dans mon pays, la Suisse. Nous y verrons que la perte du respect de la vie naissante, souvent dans des foyers qui s’affichaient chrétiens et la disparition de la vision de la venue d’un enfant « surnuméraire » comme une bénédiction, sont étroitement liées à la destruction de la structure biblique de la famille.

Dans l’exercice de la plupart de ses fonctions proprement sociales, elle est remplacée par des assurances sociales et des institutions dépendant de l’État. L’indépendance de la cellule familiale est ainsi détruite et ses membres perdent toute confiance pratique en la providence divine.

Destruction de la structure millénaire de la famille

De tout temps, la famille, en obéissance au commandement universel, honore ton père et ta mère, s’est occupée de ses membres âgés. La prévoyance vieillesse s’est toujours, jusqu’à une période très récente, exercée dans le cadre de la famille élargie. Ce n’est qu’au XVIIIe siècle, qu’apparurent les premières assurances-vieillesse[7]. Un tel système de prévoyance familiale – qui est le seul que connaisse la Bible – comportait les implications suivantes, implications toujours valables aujourd’hui :

  1. Afin de pouvoir assurer ses vieux jours, il fallait à tout prix avoir un certain nombre d’enfants qui seraient un bâton de vieillesse.
  2. Plus encore, il fallait aimer et élever ses enfants de telle sorte qu’une fois devenus grands eux-mêmes, ils assument sans réticence l’obligation de s’occuper de leurs parents devenus vieux.
  3. La famille en tant qu’institution de secours mutuels de base de la société (elle exerçait alors bien d’autres fonctions éducatives, hospitalières, médicales, etc., qui ne sont plus guère les siennes aujourd’hui, ayant perdu presque toute sa substance sociale). devait à tout prix être maintenue solide. Ceci entraînait d’une part, le respect de sa structure hiérarchique naturelle telle que Dieu l’a établie, et d’autre part, l’existence et l’application de sanctions sévères contre tous ceux qui cherchaient à l’affaiblir ou à la détruire, et principalement contre le crime d’adultère.

Avec la perte, dans une grande partie de notre peuple, de toute véritable crainte de Dieu (c’est-à-dire de toute volonté d’obéir à Ses lois) et la disparition de l’amour que nous Lui devons, les liens sociaux ont commencé à se relâcher, tout particulièrement, au sein des familles. Les milieux aisés ont petit à petit substitué à la solidarité familiale entre les générations, des mesures de prévoyance individualistes fondées sur les assurances privées ou sur l’épargne. Ces mesures financières personnelles devaient remplacer l’appui familial provenant des sentiments et des habitudes de respect filial et d’amour pour les parents, qui disparaissaient avec la foi qui aurait dû les nourrir. Dans les classes plus pauvres de la société qui ne pouvaient pas se permettre le luxe de telles mesures de prévoyance mais qui subissaient, elles aussi, les conséquences sur les mœurs de la déchristianisation générale de la société, les personnes âgées se sont trouvées très souvent dans une situation matérielle et morale fort difficile.

L’adoption, en 1946, par le peuple suisse, de la loi sur l’assurance-vieillesse et survivants (AVS). chercha à répondre, par une solution essentiellement étatique, à cette grave crise de la prévoyance familiale. A une majorité écrasante, le peuple suisse adopta cette solution administrative et financière au problème de l’affaiblissement organique de la cellule de base de la société. Ce problème a une origine essentiellement spirituelle et morale : il témoigne d’une perte de toute foi pratique en la Providence souveraine de Dieu et d’un oubli des commandements divins structurant la famille, en particulier de celui qui nous enjoint à honorer père et mère. La seule solution durable à cette impasse sociale eût été la repentance, la reconnaissance par le peuple de sa désobéissance aux commandements de Dieu et son retour à Dieu, retour manifesté par un renouveau d’obéissance. Ce repentir aurait conduit au renouvellement pratique de l’amour des enfants envers ceux qui leur avaient donné la vie, les avaient éduqués, en avaient fait des adultes. Mais l’agnosticisme d’une grande partie du clergé protestant officiel et le piétisme des milieux évangéliques, l’évacuation par la critique biblique et par l’antinomisme[8] – (et la méconnaissance qui en résultait), du contenu normatif de l’écriture, rendirent non seulement impossible un tel retour à Dieu et à sa bonne loi, mais empêchèrent le clergé, les autorités et le peuple suisse de reconnaître l’existence du problème. Le palliatif étatique adopté conduisit à amoindrir radicalement la fonction proprement sociale de la famille et à accroître démesurément le pouvoir de l’État. Les conséquences matérielles les plus pénibles de l’égoïsme pratique des enfants furent évitées, du moins pour un temps, sans que cet égoïsme soit en quoi que ce soit ébranlé.

Une des conséquences fut de faire grandir encore davantage la distance séparant effectivement enfants et parents. Ce que nous appelons la « crise des générations », nous vient en partie de ce fossé. La croissante dislocation de la famille n’en fut qu’accélérée. Les rapports entre les générations se refroidirent. Mais à présent, les enfants pouvaient abandonner leurs parents, tant moralement que matériellement, sans pour autant qu’un tel abandon ne conduise, comme cela avait parfois été le cas avant l’introduction de l’AVS, à un dénuement physique insupportable. L’État providence prend ainsi la place de Dieu et des institutions établies par Dieu. L’État remplace la providence divine agissant au travers de l’amour filial. Les conséquences pratiques d’une telle trahison, d’une telle usurpation, ne se firent pas attendre.

Les jeunes couples n’ayant plus besoin d’assurer leurs vieux jours en ayant un nombre suffisant d’enfants, la notion des enfants comme étant une prévoyance assurant la survie des parents dans leur vieillesse, disparaît complètement. Il n’est en conséquence plus obligatoire de consacrer tous ses soins à l’éducation des enfants afin de leur inculquer une réelle piété filiale. De là vient également le manque d’éducation caractéristique de toute une génération de jeunes. L’égoïsme des parents en fut ainsi fortifié, ce qui conduisit à une augmentation du nombre des divorces. Les nécessités sociales ne travaillaient plus à la consolidation du couple. Ainsi se relâchèrent les ressorts intimes unissant tous les membres de la famille dans une vocation commune, vocation qui n’était pas simplement sentimentale. La structure créationnelle hiérarchique et différenciée de la famille traditionnelle n’est plus justifiée socialement. Tous ses membres sont en fait devenus les fils adoptifs de l’État paternel.

Conséquences de cette attitude antinataliste

Quelles conséquences cette évolution de la famille a-t-elle pu avoir sur le respect de la vie dans les familles ? La grande prospérité des années cinquante et soixante a fortement accentué ce matérialisme pratique hédoniste[9] qui était devenu la religion dominante de notre pays. Cette période a vu l’apparition quasi providentielle de la pilule contraceptive qui facilitait grandement la séparation, maintenant socialement acceptable, de la joie sexuelle d’avec la procréation. Comme nous le verrons dans notre deuxième partie, cette tendance coïncida avec une propagande antinataliste forcenée venant des États-Unis. Le spectre trompeur de la surpopulation mondiale donna, à bon compte, bonne conscience à l’égoïsme hédoniste de nombreux couples. Ne pas avoir d’enfants, ou très peu, devenait signe d’un comportement socialement approuvé. De bénédiction divine, l’enfant devenait le pire des malheurs. Avec la sclérose des liens familiaux, la mentalité contraceptive du refus de l’enfant s’est sans peine transformée – telle est la force brutale de l’égoïsme privé de tout frein – en une volonté de destruction à tout prix de l’intrus. L’enfant non désiré et non planifié – le planning familial remplaçait fort utilement la prédestination divine ! – devenait une entrave insupportable à la nouvelle religion de la jouissance sexuelle sous toutes ses formes. Rien ne devait empêcher l’épanouissement égocentrique du moi divinisé. Chaque époque a ses hérétiques qu’il faut à tout prix faire disparaître. Le bébé « non désiré » est devenu l’hérétique de la nouvelle religion du plaisir sexuel. Cet hérétique est mis à mort sur les autels de notre matérialisme hédoniste, autels qui paradoxalement se trouvent dans toutes nos maternités. Ce refus du risque de l’enfant, ce goût d’une sécurité totale conduisit à ce que Pierre Chaunu appelle fort justement « la peste blanche », l’effondrement démographique de nos sociétés, le renversement de la pyramide des âges qui en est la conséquence réduira sous peu à tel point la part active de la population, que tout le système de sécurité sociale construit sur de fausses bases s’effondrera. Cherchera-t-on la solution aux vieux surnuméraires dans une légalisation de l’euthanasie active ? Voici où nous conduit le refus de l’enseignement divin sur la famille. En Hollande, jadis pays très fortement marqué par le Christianisme mais aujourd’hui en état de décomposition morale et spirituelle avancée, en 1986 plus de 18’000 personnes âgées furent éliminées dont seulement 15 % avec leur consentement ! Il est évident que les progrès de la médecine et de l’hygiène ainsi que ceux du confort matériel et de l’alimentation ne font qu’aggraver le poids que fait peser sur la société toute entière le vieillissement de la population. Mais il est à craindre qu’avec les progrès que nous faisons dans l’égoïsme et le matérialisme, augmente en même temps notre mépris et notre dureté pour ces êtres faibles que sont les vieux. Seul le renversement de ce courant suicidaire par le refus conscient de toute cette mentalité fondée sur une sécurité personnelle collective où seul compte le court terme, et le retour à Dieu et aux enseignements de la Parole de vie pourra nous sortir de l’impasse dans laquelle nous nous sommes fourvoyés.

L’école face au respect de la vie et à la nature de l’homme

L’école porte une très lourde responsabilité dans le développement de cette inhumanité des hommes pour leurs semblables. Je voudrais ici attirer votre attention sur l’attitude que propage chez les enfants l’enseignement scolaire, sur la nature et l’origine de l’homme. Les écoles publiques, et trop souvent, du moins en Europe, les écoles confessionnelles, donnent aux enfants par leur enseignement de l’histoire et de la biologie, une vision essentiellement indifférenciée, matérialiste et athée de la vie, ainsi que de l’origine des êtres humains. La triple distinction qu’à la suite, et des sciences naturelles, et de l’enseignement biblique, nous devons maintenir entre le néant et la matière créée à partir de rien[10], entre le monde inorganique, matière simple, organisée, et le monde organique bien plus complexe, informatisée[11], et, finalement, entre la vie non-humaine programmée et la vie humaine créée à l’image-même de Dieu[12], a été complètement escamotée par l’enseignement donné dans nos écoles et nos universités. De cette confusion s’ensuit le mépris de la matière (pollutions chimique et atomique). Le mépris de la vie végétale et animale (mort des forêts, la cruauté envers les animaux[13]) et le mépris des hommes (torture[14], expérimentation sur des hommes vivants[15], avortement, etc., et violence de masse de toutes sortes). Il est très significatif que le nazisme comme le communisme ait comme fondement idéologique le matérialisme évolutionniste indifférencié de Darwin. L’évolutionniste allemand Haeckel. disciple fervent de Darwin, a joué un rôle important dans le développement des idées eugénistes[16] en Allemagne dans les années précédant la montée au pouvoir de Hitler[17]. Il est par ailleurs bien connu que Marx voulait dédier son « Kapital » à Darwin qui n’osa guère accepter un tel honneur. Le léninisme est un matérialisme athée dont la pierre d’angle est l’évolutionnisme, théorie qui lui donne sa prétention à être scientifique. Pour ce marxisme évolutionniste, les lois de la physique et de la chimie sont en elles-mêmes suffisantes pour expliquer toute vie et toute culture. Il s’agit, tant pour l’évolutionnisme que pour le marxisme, d’un réductionnisme[18] radical. L’immense succès du représentant le plus en vue de l’évolutionnisme marxiste soviétique A.I. Oparine, parmi l’intelligentsia occidentale et particulièrement chez les biologistes, démontre à quel point nous sommes inféodés à cette mentalité. Évidemment, si ni la matière, ni la vie, ni l’homme ne sont redevables d’un Créateur pour leur existence, rien ne peut avoir de sens ; tout est donc permis. Notre civilisation évolutionniste et relativiste, dans sa volonté de refuser toutes limites dans ses recherches, rejoint parfaitement et le marxisme et le nazisme.

Cette idéologie pseudo-scientifique, (en fait parfaitement non-scientifique – l’ancien doyen de la Faculté des Sciences de l’Université de Lausanne Dominique Rivier l’appelle fort pertinemment, « Le scientisme banal ») prévaut dans les écoles et les Universités de l’Occident, depuis avant la Première Guerre mondiale. La conséquence d’un tel enseignement revêtu de l’aura de la Science, est de faire perdre aux enfants qui le reçoivent, la capacité de différencier les aspects variés de la nature. Les discriminations qui permettent de varier son comportement, que l’on ait à faire à une pierre, un légume, un animal ou un être humain, sont fortement atrophiées chez ceux qui subissent un tel bourrage de crâne. Évidemment, les premiers chapitres de la Genèse où ces distinctions sont si clairement marquées deviennent incompréhensibles et fantastiques. Il devient également de plus en plus difficile de distinguer véritablement entre l’animal et l’homme. Ce que l’on fait à l’animal, pourquoi ne le ferait-on pas aussi à l’homme ? Le respect de la vie en prend ainsi un bien rude coup que ne pourront guère réparer les démonstrations, elles vraiment scientifiques, de la continuité de vie entre le zygote[19] et l’homme adulte. Par l’enseignement évolutionniste, la conscience des écoliers est cautérisée, radicalement faussée.

Face à une telle situation, il faut absolument que les chrétiens réagissent des plus vigoureusement.

  1. La prédication de l’Église doit enseigner aux chrétiens les vérités bibliques concernant la création et en particulier cette différentiation biblique entre Dieu et l’univers (l’univers n’est pas auto-évoluteur, auto-créateur, l’évolutionnisme est un panthéisme[20]) et entre les différents aspects de la création, afin qu’ils soient aptes à reconnaître la légitimité de comportements différenciés. Avant tout, il faut que les chrétiens perdent leur respect idolâtrique devant le scientisme banal.
  2. Les parents doivent pouvoir démontrer à leurs enfants la fausseté, l’inanité de l’enseignement évolutionniste qu’ils ingurgitent à l’école. Plus encore, ils doivent pouvoir leur en décrire les conséquences historiques calamiteuses, particulièrement à notre époque, comme étant la source principale de notre mépris pour la vie humaine.
  3. Les chrétiens doivent sérieusement considérer l’obligation que placent devant eux, la corruption de l’enseignement public et confessionnel, et les commandements’ précis de l’Écriture, de fonder des écoles véritablement chrétiennes. Là, en continuité avec l’enseignement de l’Église et de la famille, un enseignement pourra être donné aux enfants, enseignement qui leur apprendra à respecter les êtres humains depuis leur fécondation jusqu’à leur mort, comme étant créés par Dieu à son image et à sa ressemblance.

L’école face au rapport créationnel entre l’acte sexuel et la procréation : l’éducation sexuelle amorale

Le récit de la création de l’homme et de la femme nous apprend que Dieu a institué le mariage dans un double but :

  1. Pour fournir à l’homme une aide qui lui soit semblable et qui puisse l’appuyer dans sa tâche de soumettre la création.
  2. Pour permettre la procréation d’êtres, créés à l’image de Dieu et devant remplir la terre et la cultiver.

La sexualité elle-même partage ce double but :

  1. Établir la plus profonde communion entre l’homme et la femme, que l’homme et la femme fassent une seule chair.
  2. Que cette union dans le mariage de deux êtres distincts produise également une seule chair, celle de l’enfant que l’union physique du père et de la mère aura procréée.

L’enseignement le plus destructeur du respect de la vie dans l’esprit de nos enfants est sans le moindre doute celui qui passe sous le nom trompeur « d’éducation sexuelle ». Cet enseignement, tel qu’il est donné dans le canton de Vaud, en Suisse, par un organisme qui porte le nom ironique de « Pro Familia », est caractérisé par les points suivants :

  1. Il adopte entièrement l’indifférenciation pragmatique et évolutionniste du scientisme banal. Cet enseignement est donné sans la moindre considération d’ordre moral, l’homme étant considéré uniquement sous son aspect physique.
  2. Il opère de manière systématique, et proprement schizophrénique, la dissociation radicale entre plaisir sexuel et procréation, coupant totalement l’acte sexuel de sa finalité créatrice.
  3. Il limite son enseignement éthique négatif à indiquer tous les moyens disponibles (sans omettre l’avortement), pour éviter à l’acte sexuel son aboutissement naturel : la fécondation. Le mépris de la vie nouvelle, considérée comme n’étant qu’un raté du plaisir sexuel, est ainsi ancré dans la mentalité des jeunes.
  4. Il présente de manière indifférenciée – c’est ce qu’on peut appeler son enseignement éthique positif – toutes les déviations possibles et imaginables comme étant de valeurs équivalentes. Pour cette « éducation sexuelle », le mariage monogamique permanent enseigné par la Bible n’est pas une option acceptable. Dans cet enseignement, dispensé sur un sujet des plus délicats à des jeunes très influençables, la masturbation, le concubinage (qu’on appelle en France, si je ne me trompe, la « cohabitation », l’inceste, l’homosexualité, le lesbianisme et la bestialité sont tous présentés comme des options sexuelles possibles.  » ne s’agit en aucun cas d’une éducation sexuelle conforme au caractère moral et spirituel de l’homme créé à l’image de Dieu et qui, en conséquence, devrait avoir un caractère éthique et religieux, tout en accordant une part non négligeable à des considérations physiologiques importantes[21]. Une chose est évidente : cet enseignement ne devrait pas être donné de façon publique, vu le caractère intime du sujet et la croissance différente de jeunes dans ce domaine. Ce qui se fait dans nos écoles n’a rien à voir avec une quelconque éducation sexuelle. Il s’agit d’une initiation à l’univers insensé, absurde et impie du Marquis de Sade. Par ce moyen, récole publique travaille à transformer notre société en Sodome et Gomorrhe.

Nous en avons vu un exemple dans la réaction publique de nos autorités scolaires contre le danger de contamination par le SIDA dans les écoles. Tant les instructions adressées aux enseignants que l’exposition destinée aux apprentis et aux gymnasiens furent confiées à Pro Familia. Le résultat fut parfaitement conforme à tout ce que cette organisation pouvait nous laisser espérer dans ce qu’il y a de plus vulgaire et de plus inepte[22]. Dans cette perspective, la seule protection efficace contre le fléau du SIDA est la capote qui était exposée sous toutes les couleurs, pour inciter les jeunes apprentis à en faire un généreux usage. Par contre, le lien entre le SIDA et la sodomie était soigneusement passé sous silence.

Nous vivons dans une civilisation vraiment suicidaire. Voici un mal qui provient essentiellement des conséquences hygiéniques et médicales de la permissivité sexuelle et plus particulièrement de la pratique de la sodomie, négation la plus absolue du respect de la vie. On combat ce mal en essayant de rendre la permissivité médicalement inoffensive en favorisant l’usage de la capote, même dans nos écoles. On soigne l’effet du mal et non sa source. Les soins qu’on lui accorde ne peuvent qu’accroître la permissivité qui en est la cause. Et la solution que l’on préconise est celle (la capote). qui peut le mieux aboutir à la stérilité, à la non-reproduction définitive de notre race, si elle est généralisée. Mais d’où nous vient un tel vent de folie ? Quelles sont les sources politiques, idéologiques et financières de comportements si contraires au bon sens et à tout respect de la vie ? Nous allons découvrir que cet enseignement sexuel tire ses racines dans la politique internationale et cela des deux côtés du rideau de fer !

Petite histoire internationale de l’éducation sexuelle : comment se rejoignent capitalistes et communistes

Comme le disait Roosevelt, rien d’important ne se passe dans ce monde sans que cela ait été voulu. Il nous faut nous demander d’où nous vient un tel enseignement si contraire à l’instinct de conservation de la race humaine. Nous pouvons aujourd’hui dresser les grandes lignes de l’histoire de l’éducation sexuelle. Il y a deux filières à cette éducation à la perversité. Toutes deux tirent leurs racines du libertinisme moral et du libéralisme politique issus de la Révolution française. Néo-malthusianisme[23] planétaire de la ploutocratie occidentale. Cette filière est associée au nom de Margaret Sanger (1883-1966), une Américaine disciple du célèbre sexologue anglais Havelock Ellis. Cette tradition liait l’eugénisme biologique d’origine darwinien et le pessimisme néo-malthusien, hanté par la crainte de la surpopulation, à un engagement dans la perversion sexuelle étroitement lié à la haine radicale de la famille. Margaret Sanger fut la fondatrice en 1942 de la société mère de tous les organismes d’éducation sexuelle dans le monde : la trop célèbre « Planned Parenthood of America ». Avec le SIECUS (Sex Information and Éducation Council of the United States), Planned Parenthood est certainement l’organisation qui a le plus travaillé à détruire les bases chrétiennes de la moralité sexuelle aux États-Unis. Ce mouvement a été préparé de longue date par la « Birth Control Review » (1917 -1938) dirigée également par Margaret Sanger. Ces organisations ne se limitent aucunement à dispenser un planning familial légitime, mais travaillent à promouvoir un projet de société à la fois moral, culturel et politique. Sur le plan politique nous les trouvons très liés à tout le mouvement mondialiste associé aux Nations Unies (l’OMS, et l’UNESCO, etc.) ainsi qu’aux milieux financiers américains gravitant autour de la famille Rockefeller.

Certains des thèmes constamment avancés par la « Birth Control Review » en disent long sur l’orientation véritable de ce mouvement :

« Davantage d’enfants de bien-portants ; moins de débiles. Voilà le but principal du contrôle des naissances. »

« Le contrôle des naissances : pour créer une race de pur-sang. »

« Le lit conjugal est l’influence la plus corruptrice de la société[24]. »

Les liens étroits unissent les différents mouvements eugénistes qui sont apparus au XX siècle comme fruit empoisonné de la vision darwinienne de la survie des plus aptes, qu’il s’agisse des nazis, des racistes scientifiques de la nouvelle droite du mouvement G.R.E.C.E. et de « Nouvelle École » en France[25], ou encore de tous les mouvements suscités par « Planned Parenthood » dans le monde entier. Sur les résultats étonnants obtenus par l’action missionnaire infatigable de Margaret Sanger, Elasah Drogin nous donne l’aperçu suivant :

« Beaucoup de gens pensent que toute pensée raciste eugéniste aurait cessé avec la fin de la Deuxième Guerre mondiale et la condamnation des criminels de guerre nazis. Mais ceci est loin d’être le cas. La pratique du génocide racial fait largement partie des nouvelles mœurs du monde moderne. Ce triomphe de l’eugénisme dans le monde est avant tout l’œuvre de Margaret Sanger qui a su substituer, à la violence à peine déguisée des nazis, une propagande psychologique autrement plus efficace. Aujourd’hui, tant ceux qui sont au bénéfice d’aide sociale que ceux qui souffrent de la pauvreté, sont souvent entraînés, en tant que minorités, à une forme de suicide racial par stérilisation ou par avortement en apparence librement consentis. Mais les incitations économiques cruelles invisibles qui poussent de nombreux pauvres à sacrifier leur fertilité et leurs enfants sur l’autel de la nécessité économique n’apparaissent jamais (…). La stérilisation et l’avortement sont en effet des actes de génocide. Ils sont bien plus efficaces comme moyens d’extermination de races minoritaires que tout ce que Hitler et ses adeptes ont pu concocter à une époque où ils étaient devenus les propriétaires absolus de la plus riche nation d’Europe. Là est l’éloge le plus éloquent du génie de Margaret Sanger qui, pour la première fois dans l’histoire, a su mettre en place un programme eugénique mondial efficace[26].

Les idées de Margaret Sanger ont été adoptées par des organismes tels que le « Population Council » fondé à New York en 1952 et l’ « International Planned Parenthood Feder » établie à Bombay la même année. Ces différents organismes ont bénéficié du soutien très considérable des grandes fondations américaines, les Fondations Rockefeller, Ford, Carnegie, Fieldstead, etc., entièrement acquises à la vision élitiste et eugénique de Mme Sanger. Le Conseil de Population de New York sera dès lors le cerveau du combat mondial contre la vie, tandis que la Fédération Internationale de Planning Familial en deviendra l’agent exécutif. Ces organismes sont les moyens qu’utilisent ces milieux financiers pour implanter les aspects eugéniques du mondialisme du célèbre « Council of Foreign Relations » et plus tard des « Bilderbergers » et de la « Trilatérale », organismes qui se veulent le gouvernement caché du monde non-communiste. L’ONU, l’OMS et l’UNESCO entrent évidemment dans ce jeu de massacre. Ainsi, a-t-on monté une campagne extraordinaire en faveur du planning familial, de la limitation des naissances, de la stérilisation, de l’avortement et de l’euthanasie dans le monde entier[27]. Pour donner une idée des fonds mis en jeu par cette campagne anti-nataliste mondiale, la seule Fondation Rockefeller, entre 1963 et 1972, y consacra au moins 50 millions de dollars. Pour la période allant de 1962 à 1972, la Fondation Ford fournit 89 millions de dollars pour cette cause. Par ailleurs, les pouvoirs publics, surtout aux États-Unis, y consacrèrent des sommes très importantes. Il est très intéressant d’apprendre que le Président Nixon s’était vivement opposée pour des raisons religieuses, à toute légalisation de l’avortement dans son pays, se mettant ainsi à dos le puissant clan des Rockefeller et tout le mouvement mondialiste. Les liens qui lient les Rockefeller au Washington Post sont bien connus. Entre 1962 et 1973, pas moins de 10 importantes conférences internationales furent organisées par la IPPF dans le monde entier en vue de faire progresser la cause de la croissance population zéro. Le premier signe d’arrêt de cette politique eugénique fut la révolte des pays du tiers monde lors de la conférence de Bucarest en août 1974. De nombreuses délégations de pays en voie de développement ont alors compris sur quelle voie – celle du génocide en douceur – on voulait les mener.

Mais les choses ne se passent guère comme les organisateurs de ce mouvement l’auraient souhaité. Souvent, nous dit la Bible, celui qui creuse une fosse pour son prochain, y tombe lui-même. Le plan de destruction eugénique, dirigé avant tout contre le tiers monde et les couches déshéritées dans nos pays, s’est retourné contre les développées et contre l’élite elle-même de ces. Il semble bien que l’Occident blanc soit en voie de disparition irrémédiable.

Sa place sera sans doute prise par des nations et des races moins enclines à s’abandonner à l’orgueil, orgueil qui conduit à ce suicide collectif que nous constatons partout aujourd’hui dans le monde industrialisé. À moins que les chrétiens d’Occident commencent à comprendre, qu’en revenant à la vision biblique du respect de la vie, en ayant de nombreux enfants, et en les élevant selon les normes de l’Écriture, ils deviendront les héritiers des richesses de nos nations.

La politique totale de l’Union soviétique

Dans le manuel de guerre psycho-politique russe, en usage dans les écoles de formation d’agents communistes destinés à la subversion des États-Unis pendant les années trente, nous lisons les recommandations suivantes :

« En travaillant à réaligner les loyautés de nos adversaires il nous faut pouvoir saisir les leviers de commande de leur système de valeurs. Tout animal a une loyauté première envers lui-même. Cette première loyauté doit être détruite en le convainquant de ses propres erreurs : ses faiblesses de mémoire, son incapacité de s’engager dans l’action, le peu de confiance qu’il peut avoir dans ses propres réactions. La deuxième loyauté de l’animal humain est envers la cellule familiale, envers ses parents, ses frères et sœurs. Ce lien peut être détruit en diminuant l’indépendance économique de la famille, en amoindrissant le respect pour le mariage, en facilitant les divorces et en favorisant l’éducation des enfants, dès leur plus jeune âge, par les institutions de l’État partout où cela s’avère possible(…). Il faut, par ailleurs, pousser les adolescents à la révolte contre leurs parents(…). L’opérateur psycho-politique peut aisément créer des sentiments chaotiques, un sens d’insécurité et de futilité chez ces jeunes en rendant des drogues facilement accessibles, en encourageant la violence exubérante de la jeunesse et en les incitant à une liberté sexuelle complète et anormale. L’opérateur rendra ainsi cette jeunesse disponible à la solution qui lui ouvrira les portes de toutes les libertés : le communisme[28]. »

Comment ces agents communistes s’y prennent-ils pour dissoudre les assises morales d’un peuple à forte tradition catholique comme les Polonais ? Voici ce qu’écrit Pierre Lenert dans son ouvrage, « l’Église catholique en Pologne » :

« Les préservatifs sont en vente partout, même dans les kiosques à journaux. Leur propagande ne cesse de s’intensifier. L’initiation sexuelle des jeunes est favorisée par les programmes scolaires d’un réalisme souvent brutal, par la tolérance, sinon connivence, des directions des maisons d’étudiants, par une presse dévergondée, etc. (…) Certains indices font présumer que les milieux laïcs comptent sur la dépravation des mœurs, chez les jeunes surtout, pour extirper les « préjugés religieux » et s’implanter à leur place[29]. »

Pour voir ce qui se passe en Occident et quelle est l’attitude des communistes chez nous, il est utile de citer quelques extraits d’un article paru dans la publication cinématographique officielle du Parti communiste italien, « Documents du Cinéma » :

« Pour des raisons de tactique, notre but est de défendre toutes les entreprises pornographiques entièrement libérées des restrictions imposées par les lois de la morale commune, en représentant l’œuvre comme étant le résultat logique de la parfaite liberté artistique aujourd’hui à la mode. C’est notre devoir de poursuivre résolument cette politique et, plus encore, quand les films projetés sont des plaidoyers en faveur de l’homosexualité[30]. »

La pensée marxiste sur cette question est tout ce qu’il y a de plus clair et parfaitement cohérente. C’est par la dépravation des mœurs qu’on détruira la famille, ce bastion de toute résistance au totalitarisme de l’État socialiste[31]. Dans ce même article, parlant de ces « bourgeois », qui soutiennent le droit à la liberté de la pornographie (ou de l’éducation sexuelle permissive). L’organe cinématographique du PCI affirme :

«(…) de tels bourgeois, quelque cyniques et irresponsables qu’ils soient, combattent pour notre cause.(…) Ils sont des fourmis qui travaillent pour nous sans le savoir et sans qu’on n’ait à les payer pour cela, en dévorant les racines mêmes de la société bourgeoise[32]. »

N’oublions pas que pour le marxisme « société bourgeoise », est synonyme de « société chrétienne », comme « morale bourgeoise » équivaut à la « loi de Dieu ». Dans une même perspective le professeur marxiste, Roger Lefebvre, de l’Université de Nanterre, déclarait au journal « Le Monde » du 16.6.1967 de la manière la plus explicite, qu’une « véritable révolution sexuelle au sein d’une vaste révolution culturelle » s’imposait et que, pour y parvenir, « une vaste éducation de masse (devrait) permettre à la vieille société dans laquelle nous vivons de laisser la place à une nouvelle société et à de nouveaux types humains[33]. »

Nous voici à nouveau en pleine mythologie évolutionniste où la dialectique matérialiste permet à la société de produire de nouveaux types humains. Lefebvre savait en fait de quoi il parlait. L’an passé, 1986, nous célébrions dans le canton de Vaud le vingtième anniversaire de Pro Familia, organisme local d’éducation sexuelle. Dans cette perspective il n’est guère surprenant de constater que Tim La Haye, dans son excellent ouvrage sur le combat contre les ravages de l’humanisme athée dans les écoles publiques aux États-Unis, constate que la plupart des responsables principaux de l’organisation faîtière de l’éducation sexuelle aux USA soient fortement marquées politiquement à gauche et soient souvent ouvertement marxistes[34]. Les deux courants se sont rejoints : le totalitarisme marxiste et le mondialisme des milieux financiers de l’Occident.

Nous devons cependant faire remarquer que la pratique systématique du communisme à l’extérieur des pays qu’il domine totalement ne peut évidemment pas s’appliquer aux pays où il détient tout le pouvoir. Dans ces derniers, des méthodes subversives qu’il encourage ailleurs en favorisant l’éducation sexuelle, la pornographie et l’homosexualité sont rigoureusement interdites comme étant contraires au bien de l’État. Il n’y a pas trente-six façons de construire une société, même une société totalitaire, et esclavagiste. C’est ce dont témoigne cette intéressante remarque du Dr Charles Bugnon, président depuis de longues années de l’Association Pro Familia que l’État a chargé de dispenser l’éducation sexuelle dans les écoles publiques du canton de Vaud :

« Une fois que je parlais de notre méthode démocratique (il s’agit de la pratique de la dynamique de groupe dans les classes d’éducation sexuelle dirigées par Pro Familia, réd.) d’aider aux jeunes à prendre conscience de leur identité sexuée dans un climat de liberté, devant l’attaché culturel de l’URSS en Suisse, et j’imagine facilement que cet homme se situe politiquement à gauche, j’ai vu ce dernier lever les bras au ciel et tenir un discours cohérent qui me semblait sortir de la bouche d’un des disciples de Mgr. Lefebvre, à Ecône. Ce discours était violent, et je sentais cet homme prêt à utiliser tous les moyens cœrcitifs et répressifs contre ma façon de penser, si j’avais voulu intervenir dans sa juridiction[35]».

Comme nous l’avons montré dans notre étude, « L’éducation sexuelle : l’affaire de l’école ou celle des parents[36]» et comme le montre également Tim La Haye dans son excellent ouvrage « L’éducation sexuelle est pour la famille[37]», la solution à cette manipulation systématique des enfants, est de faire en sorte que les familles elles-mêmes se chargent de répondre à leurs questions en leur expliquant non seulement les merveilles de la reproduction de la vie humaine mais le fait que le cadre familial est le seul dans lequel la reproduction et les joies sexuelles soient légitimes. Bien plus encore, ces vérités doivent être prouvées en remplissant nos foyers de ces créatures de Dieu faites à son image que sont de petits enfants. Ainsi sera véritablement manifesté le respect de la vie humaine dans nos familles.

Conclusion

Dans ces temps mauvais dans lesquels nous sommes appelés à vivre en chrétiens, il nous faut encore autre chose. Il nous faut avoir la force et le courage de voir le mal en face. La Bible nous parle souvent de ce mal, et souvent aussi d’hommes voués corps et âme à accomplir le mal, cela par tous les moyens, avec la dernière résolution. Comme ces lymphocytes sentinelles (ces globules blancs dont la tâche est de discerner la présence de micro-organismes dangereux pour la santé du corps humain), sont mis hors d’action par les attaques spécifiques du rétrovirus du SIDA (ce qui rend impossible la lutte contre l’ennemi du corps), de même il semblerait que le Diable soit parvenu à émousser la capacité de l’Église à reconnaître le mal qui ronge nos sociétés. Ainsi nous ne pouvons plus percevoir les ennemis de nos âmes et de nos corps, de nos familles et de nos cités, de nos nations et, avant tout, de l’Église de Dieu. Nous n’avons souvent plus cette saine discrimination entre le bien et le mal qui est la condition indispensable pour lutter contre le mal. Souvent nous ne voulons pas croire (tant nous sommes infectés par la confiance en l’homme, tant notre tolérance, notre respect des hommes est sans discernement) qu’il puisse exister aujourd’hui dans nos pays des hommes résolument décidés à faire le mal. Pourtant c’est ce que la Bible nous dit à maintes reprises. Ce n’est pas seulement les nazis, ou Staline, ou Amin Dada qui incarnent le mal ; il est là devant nous, il nous crève les yeux et rien ne l’arrêtera dans ses desseins mauvais si nous ne les ouvrons pas et commençons à lutter contre lui, par la force de Celui qui a vaincu le mal, l’enfer, le Diable et la mort à Golgotha. C’est contre une telle naïveté, contre une telle insouciance que nous avertit le philosophe et moraliste juif, André Glucksmann, dans son dernier essai qu’il intitule, « Devant le bien et le mal ». Écoutons pour terminer ce qu’il peut nous dire :

« L’opinion publique mondiale semble incapable d’accorder qu’il y ait « du bien et du mal ».(…) Le succès planétaire de sectes biscornues jamais en peine de guérisons miracles manifeste que la promesse « il y a du bien » fait aisément recette. Par contre, l’annonce « il y a du mal » ne séduit guère, à preuve l’incrédulité, l’embarras ou la franche réprobation qu’une telle affirmation suscite. On croit ne croire en rien du tout, non sans démentir en permanence, car la variété et les variations de la croyance ne valent pas sa disparition. Il n’est qu’au mal qu’on ne croit plus.(…) C’est l’idée du mal qui manque, et elle seule ; aucune montre ne marque la même heure dès que minuit a disparu. Le nihiliste n’est pas celui qui dit : « Il n ’y a pas de bien », mais celui qui promet : « Il n’y a pas de mal ». (…) Le principe de base de ce nihilisme n’est pas la dévalorisation du suprême mais une méthodique ignorance de l’infâme qui en occulte l’expérience[38]».

Il est grand temps qu’en revenant à la vision biblique du mal – définie par la loi immuable de Dieu – nous ouvrions la porte au retour du bien, à l’action de Jésus-Christ. Il est grand temps que nous nous débarrassions de notre infatigable angélisme évangélique qui parle, discours, et s’agite comme si en fait rien n’allait mal. Ce regard lucide, impitoyable, regard qui refuse de fléchir devant le mal de notre époque – mal qu’il devient de plus en plus difficile de percevoir, car à mesure qu’il grandissait nous nous sommes compromis avec lui – ce regard inflexible doit être au début de toutes nos actions chrétiennes, qu’il s’agisse de nos familles, de nos Églises ou de la société elle-même et de notre combat pour le respect de la vie humaine. Nous vivons une époque proprement monstrueuse car devenue hypocrite. Devant elle, les iniquités atroces d’un passé encore dans la mémoire de beaucoup ne peuvent que pâlir ! C’est en reconnaissant cette réalité, en définissant à la lumière de la Parole de Dieu le mal qui nous envahit de toutes parts, et en luttant avec toute l’énergie que Dieu saura nous donner contre ces iniquités, que nous accomplirons ce que notre Seigneur attend de nous et que l’Église de Jésus-Christ redeviendra ce sel de la terre, cette lumière du monde, cette puissance de Dieu devant laquelle les plus redoutables citadelles de l’enfer devront tomber.

Amen.

Jean-Marc Berthoud

[1]      Voyez le tout récent article de H.O.J. Brown : « Lessons from Nazism » dans The Human Life Review, Vol. XIII, N’ 2 Spring 1987. – William Brennan : Medical Holocausts. Extermmative medecine in Nazi Germany and Contemporary America, Nordland, New York, 1980.

[2]      Pierre Chaplet : La famIlle Sovuétique. Étude historique et juridique, Marcel Giard, Paris, 1929. – F.N. Lee : Communist Eschatology. A Chnstian Philosophical Analysis of the Post-Capitalistic Views of Marx, Engels and Lenin, Craig Press, Nutley (USA), 1974.

[3]      Charles Rlce : Beyond Abortion. The Theory and Practice of the Secular State, Franciscan Herald Press, 1979.

[4]      Paul Johnson : Une histoire du monde moderne de 1917-1980, 2 vols, Laffont, 1985. – Marcel de Corte : Essai sur la fin d’une civilisation (1949) et Incarnation de l’Homme (1942), Éditions Médicis, Paris. – Gabriel Marcel : Les hommes contre l’humain, Éditions La Colombe, Paris, 1951.

[5]      Rousas J. Rushdoony : The Myth of Over Population, Thoburn Press, Fairfax, 1975 (1969). – Julian Simon : L ’homme notre dernière chance, P.U.F., Paris, 1985 (1981). – Pierre Chaunu : Une autre voie, Éditions Stock, Paris, 1986. – Jean-Claude ChesnaIS : La revanche du tiers monde, Laffont, Paris, 1987. – J.A. Walter : The Human Home. The Myth of the Sacred environment, Lion Publlshers, Tring, U.K. – J. Simon and H. Kahn : Theresourceful Earth, Basil Blackwell, Oxford, 1984.

[6]      Voyez l’ouvrage remarquable de P. T. Bauer : Mirage égalitaire et tiers monde, Pans, P.U.F., 1984 (1981) et celui plus populaire de Pascal Bruckner : Le sanglot de l’homme blanc, Seuil, Paris, 1983. – Sur le déclin catastrophique de l’Occident sur le plan démographique voyez les nombreux ouvrages fondamentaux de P, erre Chaunu dont : Le refus de la vie, Calmann-Levy, Pans, 1975. Un futur sans avenir, Calmann-Levy, 1979. Histoire et Imagination, la transition, P.U.F., 1980.

[7]      Jean Halpénn : Les assurances en Suisse et dans le monde, La Baconnoère, Neuchâtel, 1946. – Voyez également : Christian Combaz : Éloge de l’Age dans un monde jeune et bronzé, Robert Laffont, Paris, 1987.

[8]      Antinomisme : refus de la loi de Dieu

[9]      Hédonisme : toute doctrine qui prend pour principe unique de la morale qu’il faut rechercher le plaisir et éviter la douleur.

[10]    Voyez les nombreux ouvrages remarquables de Stanley Jaki, dont : Science and Creation, Scottish Academic Press, Edinburgh, 1986.

[11]    Magnus Verbrugge : Allve. An Enquiry into the Origin and Meaning of Use, Ross House Books, Vallecito, Callfornia, 1984.

[12]    Je suis redevable pour ces dIstinctions aux remarques du physicien am érica on Frederick SkIff. Voyez son article intitulé « Notes sur l’application des arguments thermodynamiques sur la question qui oppose la création à la génération spontanée » dans Positions Créationnistes, N’ 3,1987. – A.C. Cu stance : Genesis and Early Man, Zondervan, Grand RapIds, 1977. – N.M. de S. Cameron : Evolution and the Authority of the Bible, Paternoster Press, Exeter, 1983.

[13]    Jean Gaillard : Les animaux nos humbles frères, Fayard, Paris, 1986.

[14]    Alec Mellor : La torture, son histoire, Mame, Paris, 1961.

[15]    Henri Baruk : Essais sur la médecine hébraïque dans le cadre de l’histoire juive, Colbo, Pans, 1985. Toute l’ œuvre de ce remarquable médecin Juif qui fait le pont entre médecine et Torah, mérite notre méditation.

[16]    Eugénisme : science des conditions les plus favorables à la reproduction et à l’amélioration de la race humaine.

[17]    Voyez sur ce sujet les ouvrages de Georges Naughton : Le choc du passé. Avortement, néo nazisme, nouvelle morale, et « Momuri » L ’Humanisme biologique et le racisme scientifique, G.A.R.A.H, B.P. 54, F-78170 La Celle Saint-Cloud.

[18]    Réductionnisme : démarche rationnelle qui tente d’expliquer des réalités complexes en des termes inadéquats, moindres.

[19]    Ovule fécondé

[20]    Panthéisme : doctrine d’après tout est Dieu, Dieu et le monde ne font qu’un

[21]    Sur la manière dont il faudrait dispenser une éducation sexuelle saine nous vous indiquons les ouvrages suivants : Tim Lahaye : Sex Éducation is for the Family, Zondervan, Grand Rapids, 1985. – L’éducation sexuelle : l’affaire de l’école ou celle des parents 7, A.V.P.C., case postale 34, CH 1001 Lausanne, Suisse. – André Roche : Amour ou sexualisme ?, C.L.C., 31, rue Rennequin, F-75017 Pans. Nœl Barbara : Pour faire l’initiation des petits enfants aux lois de la vie et l’éducation des grands qui s’éveillent à l’amour. Martigny, Suisse, 1966. – L’éducation sexuelle, qu’en penser ?, L’Action scolaire, 134 Bld Brune. 75014 Pans, 1970. – Dietrich von Hildebrand : Éducation sexuelle. question cruciale, La Pensée Catholique, N’ 143, 1973.

[22]    Voyez les trois lettres de l’AVPC adressées à M. Pierre Cevey, chef du Département de l’instruction publique et des cultes du canton de Vaud à ce sujet, disponibles en écrivant à l’AVPC, case postale 34, 1001 Lausanne, Suisse, enjoignant à votre lettre des coupons-réponse internationaux.

[23]    Malthusianisme : Restriction volontaire de la procréation pour compenser la stagnation de production alimentaire.

[24]    Voyez l’ouvrage fortement documenté de Mme E. Drogan : Margaret Sanger : Father of Modern Soclery, CUL Publications, (New Hope, KY 40052, USA), 1986 (1979)

[25]    G. Naughton : Le choc du passé, op. cit.

[26]    E. Drogin : Margaret Sanger Father of Modern Society, p. 34. Sur la désintégration de la morale sexuelle et familiale traditionnelle aux États-Unis, voyez les ouvrages suivants : Pitrim A. Sorokin : The American Sex Revolution, Porter Sargent Publisher, Boston, 1956. – David A. Nœbel : The Homosexual Revolution, American Christian College Press, Tulsa, 1977. – Roger J. Magnuson : Are Gay Righrs Right ?, Straitgate Press, Minneapolis, 1985. – Gene Antonio : The AIDS cover-up ?, Ignatius Press, San FrancIsco, 1986.

[27]    Sur ce « complot mondial contre la vie » lisez en particulier l’excellent petit livre préfacé de Pierre P. Grassé, E. de Lagrange, M.-M. de Lagrange et R. Bel : Un complot contre la vie, l’avortement. S.P.L. (184, rue de Vaugirard, 75015 Paris), 1979. Voyez aussi: E. Tremblay : L’affaire Rockefeller. L’Europe occidentale en danger, U.P.N., B.P. 53, 92502 Rueil MalmaIson, 1978. – Arnaud de Lassus : Les étapes maçonniques d’une politique de la mort, Action familiale et scolaire, suppl. N° 27 (31, rue Rennequin, 75017, Pans). La politique mondiale de planification des naissances, Action familiale et scolaire, Paris, 1984. Sur le mondialisme de la finance internationale voyez : Philippe Braillard : L’imposture du Club de Rome, P.U.F., Paris, 1982. – W. Cléon Skousen : The Naked Capitalist (2187 Berkeley St. Salt Lake City, Utah 84109),1981 (1970). – George Knupfer : The Struggle for World Power, Plain-Speaker Publ. Co. (43, Bath Road, London W4 lLJ), 1971. – P.F. de Vlllemarest : Les sources financières du communisme et du nazisme, Éditions CEl, 27930 Cierrey, France.

[28]    Brain-washing. A synthesis of the Russian Textbook of Psycho-politics (1935), Ed. Truth, P.O. Box 10188, Fort Worth 14, Texas, USA.

[29]    L’éducation sexuelle. Qu’en penser ? L’Action scolaire (1970), p. 40.

[30]    La révolution sexuelle et la révolution sociale, SICLER (16, rue Dufetel, 78150 Le Chesnay), N° 11, février 1972, p. 3-4.

[31]    Voyez la brochure de l’AVPC : La famille et ses adversaires (1985). – L. de Poncons : Histoire du communisme de 1917 😉 la Deuxième Guerre mondiale, Diffusion de la Pensée françaIse, Chiré, 1973. – F.N. Lee : Communist Eschatology, The CraIg Press, Nutley, 1974. Toute la politique communiste à l’égard de la famille est parfaitement décente par Fr. Engels dans son ouvrage classique : L ’origine de la famille, de la propriété privée et de l’État, Alfred Costes, Paris, 1948 (1884).

[32]    La révolution sexuelle et la révolution sociale, p. 6

[33]    La révolution mondiale et la famille, SIDEF, (31, rue de l’Orangerie, 78000 Versailles), N° 20 jan.-fév. 1971, p. 5. Voyez aussi : Éducation sexuelle ou éducation 😉 l’amour 7, L’Action scolaire N° 72, mal-Juin 1973. – Hachette et l’éducation sexuelle, L’Action scolaire, N° 76, déc. 1973. – Faut-il participer 😉 l’éducation sexuelle dans les écoles 7, L’action scolaire, N° 77, janvier 1974.

[34]    Tim La Haye : Baffle for the Public Schools. Humanism ’s Threat to our Children, Fleming H. Reveil (Old Tappan), 1983. – Claire Chambers : The Slecus Circie. A Humanist Revolution, Western Islands, Belmont, 1977.

[35]    Dr Charles Bugnon : Violence, sexualité, démocratie, Dossiers Contacts, Lausanne, N° 3, mars 1979, 25 année.

[36]    A.V.P.C. : L’éducation sexuelle : l’affaire de l’école ou celle des parents ? Lausanne, 1979.

[37]    Tim La Haye : Sex Éducation is for the Family, Zondervan, Grand Rapids, 1985.

[38]    A. Glucksmann : Devant le bien et le mal, dans Petr Fidelius : L’esprit post-totalitaire, Grasset, Paris, 1987, p. 48-49 et 57.