L’Orthodoxie contre la gnose moderniste

Le père Patric Ranson de la Fraternité Orthodoxe Saint-Grégoire Palamas de Paris (30, Bd. de Sébastopol, F-75004 Paris) nous communiquait au début du mois de décembre 1992 une excellente plaquette intitulée : La Doctrine des Néo-orthodoxes sur l’Amour. À partir d’une étude soigneuse d’un philosophe-théologien grecque contemporain, Christos Yannaras, le père Patric montre de quelle manière une tendance gnostique, tirant son origine des élucubrations d’un Jakob Bœhme (mystique allemand du XVIIᵉ) a marqué une tradition de l’Orthodoxie représentée par des figures aussi importantes que Vladimir Soloviev, Serge Boulgakov, Paul Evdokimov et Olivier Clément. Nous ne pouvons que vous recommander le travail clairvoyant et courageux de ce jeune théologien qui vise à la sanctification de sa propre tradition théologique. Quelques semaines seulement après la réception de la lettre que nous reproduisons ci-dessous, le père Patric, sa fille et un proche collaborateur, étaient tués dans un accident de voiture en Grèce. Les voies de la divine Providence sont souvent insondables pour nous. Mais nous restons certains que la Parole divine demeure inébranlable, que toutes choses concourent ensemble au bien de ceux qui sont aimés de Dieu et que rien ne peut s’opposer à l’accomplissement ultime de ses desseins parfaits. Nous exprimons ici notre plus vive sympathie à Mme Ranson, à ses enfants, ainsi qu’à tous ses amis si soudainement privés de sa présence.

En vous remerciant de votre envoi de Résister et Construire, je dois vous dire que j’ai été vivement intéressé par votre revue, non seulement par ce que vous écrivez sur la crise yougoslave, mais aussi l’article sur les crises du romantisme. Cependant, il me semble que cette vision prométhéenne de l’homme est déjà partiellement présente au XVIᵉ siècle, chez des auteurs comme Ficin et Pic de la Mirandole. Nygren (le théologien suédois, réd.) insiste d’ailleurs longuement sur le fait que l’œuvre de Luther est aussi une réaction contre cet eudémonisme (morale visant uniquement le bonheur, réd.) des débuts de la Renaissance.

Ci-joint un petit livre qui est notre participation au débat contre la gnose et le romantisme de certains théologiens orthodoxes contemporains.

Le père Patric Ranson, Paris.

Le retour des évangéliques au bercail de Rome ?

C’est après avoir réfléchi mûrement et avec le cœur troublé que je me décide à vous écrire cette lettre. Je conçois aisément que vous devez être très occupé. Je vous demande de m’accorder quelques instants pour lire cette lettre et pour me répondre (surtout, sentez-vous libre de le faire, je ne vous oblige en rien).

Je suis issu d’une famille très catholique. Moi-même, j’allais à la messe tous les dimanches, je faisais partie d’un groupe paroissial, ce qui m’a donné l’occasion dépasser des week-ends en monastère et à faire des camps en montagne pendant l’été.

Tout cela était très « sympathique » mais il y avait toujours un vide en moi. C’est en juin 85 que ma sœur, chrétienne, me fait passer un week-end dans son église à Grenoble (rue Germain). C’est là pour la première fois que j’entends parler du salut en Jésus-Christ. Puis ce fut le tour d’un de mes frères qui m’emmena 6 mois plus tard à la fête de Noël de son église. Ce n’est que six nouveaux mois plus tard que je reçois Jésus-Christ comme mon Sauveur et mon Seigneur dans l’église évangélique de Voiron.

Je n’avais pas découvert Jésus-Christ dans l’Église catholique romaine. Il a fallu que j’en sorte pour découvrir mon Seigneur. J’ai toujours considéré l’Église catholique romaine comme une secte et il a vraiment fallu l’action du Saint-Esprit pour découvrir que Dieu n’était pas catholique romain. Cela peut paraître étrange, mais c’est comme ça.

Ce qui me trouble le plus en ce moment, et c’est là la raison de ma lettre, c’est que j’entends dire çà et là dans les milieux chrétiens que les catholiques finalement ont des choses à nous apprendre, qu’ils ne sont pas si mal que ça. Il y a même des églises qui participent à la semaine de prière pour l’unité sans se réunir avec les catholiques, bien sûr, mais qui attendent « le coup de sifflet » du pape pour prier. Où est l’action du Saint-Esprit qui nous pousse Lui-même à la prière ?

Il y a la campagne d’évangélisation qui va avoir lieu en Allemagne avec les catholiques, les adventistes et… les évangéliques. Mais comment les chrétiens peuvent-ils évangéliser avec eux. Peut-être n’ai-je rien compris à cette campagne d’évangélisation ? Il y a peut-être quelque chose qui m’échappe quelque part.

Personnellement, je pense que le milieu évangélique en France est en train de vivre le début d’un schisme. D’un côté ceux qui s’appuieront sur la Parole de Dieu et qui n’ont pas peur d’être marginalisés ; de l’autre côté ceux qui font des concessions à l’ennemi en acceptant de collaborer avec d’autres mouvements religieux. Peut-être me trouvez-vous dur dans mes paroles ? J’aimerais connaître votre avis sur ce que je viens de vous écrire.

Je ne tiens pas à juger qui que ce soit, mon seul désir c’est d’être éclairé sur des temps qui me paraissent obscurs et dangereux pour l’Église. Je remercie Christ de nous protéger des attaques du malin et de nous garder fidèles jusqu’à son retour.

Je vous remercie pour « Résister et Construire ». Que le Seigneur vous garde.

Didier et Elizabeth Ciapin, Voiron, France.

L’illuminisme charismatique en pleine folie

Je suis très content de constater que vous ne m’avez pas oublié. Je viens de recevoir mon deuxième paquet qui contenait la brochure N. 22-23 de Résister et Construire […]

Grâce à tout ce que j’ai lu dans cette brochure je peux maintenant échapper à la ruse de ces aventuriers qui sillonnent jour et nuit nos quartiers en se disant porteurs de la vraie vérité. Ma région natale est la plus grande victime de ces mouvements. Les uns se lèvent à minuit et se mettent à prier à haute voix et à parler en langues. Après cela, ils se mettent à prêcher jusqu’au petit matin tout en insistant sur la venue de Jésus-Christ. Ils osent même donner la date du retour de Jésus.

Les autres jeûnent et font jeûner leurs enfants âgés de 3-4 ans. Ils disent que c’est ça la volonté de Dieu. Les mariés se séparent, les autres divorcent disant qu’ils s’étaient mariés sans la volonté de Dieu. C’est de l’infidélité, du détournement. Dans ce grand désordre spirituel je me sens complètement abattu, surtout quand je vois tous mes frères et sœurs qui appartiennent à l’un ou l’autre de ces mouvements. Celui qui n’ose pas aller dans ces mouvements est directement surnommé « diable » du quartier. Alors où est la vérité dans tout ça ? Où est le sérieux ? Même l’Église mère (catholique) croise les bras devant cette situation. Elle ne sait comment réagir. Les chrétiens abandonnent l’Église et disent qu’ils vont là où il y a la vérité. Que les prêtres ne sont pas spirituels. Ils ne savent rien sur le réveil spirituel, etc. Quelle confusion ! Franchement, je sollicite votre secours, d’abord pour mon propre salut, puis pour celui de mes frères et sœurs de mon pays et, enfin, pour le monde entier.

Je voudrais moi aussi me lancer dans le combat, lutter contre ces envahisseurs spirituels qui détournent les gens de leur bonne voie. Ne sachant pas beaucoup dans la matière, je demande ardemment votre aide, vos conseils et tout ce que vous trouvez utile pour progresser dans le combat.

Bujiri Buanga Toto, Ruygi, Burundi

Information, ou désinformation ?

Après l’Afrique du Sud, la guerre du Golfe, voici maintenant la Yougoslavie. Pardon ! L’ex – Yougoslavie. Merci à J.-M. Berthoud, qui une fois de plus, n’hésite pas à prendre le contre-pied, sur les informations volontairement tronquées, falsifiées, en tout cas non objectives, que nous distillent quotidiennement les médias sur cette malheureuse ex – Yougoslavie.

En particulier, celles concernant la Serbie – Serbie désignée internationalement comme le grand méchant loup, pourfendeur de la pauvre Croatie.

Cela est un peu simpliste, et démontre une singulière méconnaissance de ces différentes ethnies comprenant l’ex-Yougoslavie. Serbes et Croates, ne l’oublions pas, sont sortis d’un même tronc slave. Leur écriture diffère, leur langue est la même.

C’est qu’en effet ils ont une même origine, tous descendus des Karpathes en Illyrie, dans le courant du VIIᵉ siècle de notre ère. Mais les Serbes, s’étant attachés au christianisme orthodoxe, adoptèrent l’écriture cyrillique tandis que les Croates portés plus à l’ouest et ayant adhéré au rite latin, en prirent l’alphabet.

Chez les nations balkaniques le présent plonge de si profondes racines dans le passé que pour elles ce passé est toujours vivant et qu’il est impossible de comprendre l’évolution politique de chacune d’elles, ses revendications et ses aspirations, si l’on ignore absolument la tradition dont elle s’enorgueillit à juste titre et dont le souvenir s’est perpétué jusqu’à nos jours.

Si l’on tient à expliquer l’état d’âme des pays serbes non seulement en Bosnie et en Herzégovine, mais dans tout l’Orient balkanique, la dénomination confessionnelle n’est pas – de même que pour les nations occidentales – une simple étiquette effarante à des croyances divergentes : elle y est devenue, à la suite et comme corollaire des luttes intestines dont ce pays a été le malheureux théâtre, comme l’expression de la nationalité même des individus aux yeux de qui elle résume tout un passé historique et ancestral et aussi toute une tradition de prérogatives demeurés comme le dernier et précieux vestige de l’indépendance perdue.

Michel Masse, Saint-Hilaire-du-Touvet, France

Encouragements

Paix et joie dans le nom de notre Seigneur Jésus-Christ. À voir votre engagement à défendre l’éthique chrétienne, l’on peut dire qu’il   existe encore de nos jours des personnes que le Seigneur suscite pour agir de manière pratique pour le réveil et l’édification de son Église.

Que cette année soit pleine d’aboutissements heureux d’efforts généreux accomplis dans l’œuvre dans laquelle le Seigneur vous a qualifié.

Nous prions le Tout-Puissant de vous conduire dans tous les combats que vous mènerez pour le rétablissement d’un véritable Christianisme. Que la gloire soit à notre Seigneur Jésus-Christ.

Clément K. Koffi, Abidjan, Côte d’Ivoire.

Je tiens à vous remercier particulièrement pour votre défense de nos frères serbes diabolisés régulièrement par les médias et dont le génocide par les Oustachis (pendant la dernière guerre, réd.) n’est toujours pas reconnu quand il n’est pas simplement nié.

Il faut beaucoup de courage pour défendre comme vous le faites la cause de la vérité. Au siècle dernier l’éditeur de Vinet publiait Alexis Khomiakov, théologien russe, en disant que les Pères de la Réforme s’étaient battus pour que la liberté d’opinion soit établie pour tous. À l’époque il fut le seul à accepter de publier ces œuvres. Vous renouvelez ce geste chevaleresque, soyez-en grandement remercié.

Claude Lopez, Saint Triphon, Suisse