Ils blasphémèrent le nom de Dieu qui a l’autorité sur ces plaies, et ils ne se repentirent pas pour lui rendre gloire. (Apocalypse 16:9)

Ils blasphémèrent le Dieu du Ciel, à cause de leurs douleurs et de leurs ulcères, mais ils ne se repentirent pas de leurs œuvres. (Apocalypse 16:11)

Les autres hommes, qui ne furent pas tués par ces fléaux, ne se repentirent pas des œuvres de leurs mains ; ils ne cessèrent pas d’adorer les démons et les idoles d’or, d’argent, de bronze, de pierre et de bois, qui ne peuvent ni voir ni entendre ni marcher ; ils ne se repentirent pas de leurs meurtres, ni de leurs sortilèges, ni de leur inconduite, ni de leurs vols. (Apocalypse 9:20-21)

S’il est une réalité nécessaire aujourd’hui c’est celle de la repentance. Le renouveau spirituel et la réforme que nous attendons doivent passer par elle, par un retour à la compréhension de ce qu’elle représente. Il faudrait aussi réintroduire l’usage de ce mot, aujourd’hui absent de nos dictionnaires – du moins du Petit Larousse utilisé dans nos écoles. Il ne figure pas non plus dans le dictionnaire de mon traitement de texte qui m’avertit d’un bip sonore toutes les fois que j’ose l’écrire. De telles omissions témoignent fort bien de l’état d’esprit et de l’orientation de cette civilisation dans laquelle nous sommes appelés à vivre et à nous repentir. Notre siècle rempli de désastres et d’horreurs montre fort bien que Dieu n’a cessé de nous appeler à la repentance par tous les malheurs qu’Il nous envoie dans sa Providence et qui sont le fruit de nos péchés. Car de telles épreuves nous sont envoyées d’en haut afin de nous amener à prendre garde à nos mauvaises voies, pour que nous prenions conscience de notre culpabilité envers Lui et envers nos semblables, et que nous changions de voie. Mais comme l’indiquent si clairement les textes de l’Apocalypse que nous citons en tête de cet éditorial, il semble que, comme à d’autres époques, les jugements miséricordieux de Dieu aient trouvé un bien mauvais accueil auprès des hommes de notre temps, qui préfèrent leurs mensonges et leurs injustices à la vérité et à la justice de Dieu.

L’amour de l’institution ou l’amour de la vérité ?

Un tel état d’endurcissement des consciences est déjà fort dramatique. Mais ce qui nous pousse presque à désespérer de la situation présente est la disparition de ce mot, et de la réalité qu’il recouvre, dans la vie et la pensée des Églises.

Ainsi, ce refus général de toute repentance n’est malheureusement pas limité au seul monde non-chrétien. Cette fermeture des consciences aux exigences précises de la Loi-Parole de Dieu affecte aussi la plupart des Églises. Il ne s’agit pas ici des seules Églises doctrinalement pluralistes. Même les milieux s’affirmant encore orthodoxes dans les Églises réformées, voire des évangéliques qui professent dépendre uniquement de la Bible, sont affectés par cet endurcissement.

Preuve de cette situation lamentable, l’attitude quasi unanime de rejet face à diverses demandes, d’origines ecclésiastiques fort variées (à la fois publiques et privées), d’examiner divers problèmes doctrinaux et ecclésiaux à la lumière des seules Écritures Saintes. Le caractère infructueux de ces démarches conduit à cette constatation : le refus de repentance n’est pas le seul fait de ce qu’on veut bien appeler le monde. Les Églises, même celles qui se targuent de leur fidélité biblique, semblent elles aussi souffrir de ce blocage spirituel.

Ces efforts de provenances diverses pour promouvoir un sain débat théologique ne furent apparemment que peine perdue. L’amour de l’institution – je dirais même sa quasi-idolâtrie – et l’obsession de l’unité, du consensus doctrinal ecclésiastique ou institutionnel face à ce qui était perçu comme une menace venant de l’extérieur, se sont avérés bien plus puissants que l’amour de la vérité, que l’amour de Jésus-Christ. L’amour de l’unité, c’est-à-dire l’unité réelle avec ces frères importuns – disparaissait brusquement lorsque se posait la question de l’amour pour la vérité. L’unité de l’institution – unité sans préoccupation sérieuse pour la piété et la Vérité chrétiennes, a ainsi manifestement la priorité sur l’unité réelle que nous avons en Jésus-Christ.

Ce qui est beaucoup plus grave que le rejet hors de la communion fraternelle de quelques frères gênants est le fait que ces évangéliques et réformés aux convictions orthodoxes se sont, par ce rejet même, solidarisés avec les erreurs dénoncées. Certains sont même, par souci d’unité, allés jusqu’à se faire les défenseurs explicites de ces erreurs doctrinales et des injustices ecclésiastiques réprouvées. L’amour de « notre » institution passait de cette façon bien avant celui que nous devons à la Vérité, même avant cet amour modeste que nous devons à la vérité de faits incontestés.

Ainsi, la défense du consensus pluraliste de doctrines fausses, jointe à celle des pasteurs infidèles eux-mêmes – dont le comportement scandalise le troupeau et rend futile, aux yeux du pays, le témoignage de l’Église – devient la considération première. Pour ces pasteurs évangéliques et réformés, le souci d’unité passe bien avant la protection des brebis contre les loups ravisseurs. La leçon est claire. Il ne faut surtout pas mettre le doigt sur la plaie. Il ne faut pas appeler un chat un chat. Le consensus doctrinal et spirituel en place et l’unité toute factice de l’institution seraient mis en danger mortel par une franchise si peu sociable, par un tel désir de connaître la vérité. Nous découvrons ainsi qu’il est interdit de toucher au Schibboleth, au tabou ecclésiastique ! De cette façon, l’unité de la secte dénominationelle, la défense de l’institution qui nous abrite, passe avant la véritable unité chrétienne, l’unité du corps de Jésus-Christ, unité faite de tous ceux qui, dans la communion historique de l’enseignement apostolique, ont la foi en Jésus et obéissent aux commandements de Dieu. Ainsi, nos hommes ecclésiastiques se montrent bien tendres envers les loups qui ravagent les brebis du Seigneur et implacables envers ceux qui oseraient attirer l’attention du peuple de Dieu sur la gangrène spirituelle, doctrinale et morale qui envahit cette institution, mettant ainsi en danger de mort spirituelle les faibles et les ignorants. Voilà où nous conduit le refus de la repentance dans l’Église.

Qu’est-ce que la repentance ?

Mais, en fait, qu’est donc la repentance dont nous parlons ? Écoutons ici les enseignements du théologien américain d’origine néerlandaise Gerhardus Vos :

L’idée que se fait notre Seigneur de la repentance est aussi profonde et complète que sa conception de la justice. Des trois mots utilisés par le texte grec des Évangiles pour décrire ce phénomène, un premier terme met l’accent sur l’élément émotionnel du regret, sur le sentiment de tristesse par rapport à sa mauvaise vie précédente, metamelomai, Matt.21:29-32 ; un deuxième exprime le renversement complet de toute l’attitude mentale, metaneo, Matt.12:41, Luc 11:32 ; 15:7, 10 ; le troisième indique un changement dans la direction de sa vie, la substitution d’un but à un autre, epistrephomai, Matt. 13:15 (et parallèles) ; Luc 17:4 ; 22:32. La repentance ne se limite pas à une seule faculté mentale : elle engage l’homme tout entier, l’intellect, la volonté et les sentiments.

Et Vos d’ajouter :

Là où l’amour de Dieu est absent, s’introduit un amour idolâtre du monde et du moi. Il en résulte une attitude hostile ou offensante à l’égard de Dieu… Mais dans sa conscience la plus profonde, l’homme est si intimement lié à Dieu, et cela d’une façon si nécessaire, que toute indifférence ou toute neutralité sont totalement exclues.[1]

Un tel esprit de repentance se trouve au centre de toute vie chrétienne authentique.

Tant qu’il s’agissait de parler uniquement des péchés d’adversaires qui nous étaient communs : le Nouvel Âge, l’illuminisme charismatique, le syncrétisme œcuménique, la théologie de la libération, le relativisme moral, l’égalitarisme, la critique biblique, et j’en passe, tout pouvait aller pour le mieux. Bien sûr qu’on se devait de garder une distance certaine et pudique – respect pour l’institution à laquelle on appartenait ! – avec les trouble-fête, les empêcheurs de tourner en rond. Mais que nos chiens de garde, si utiles pour nous protéger des dangers extérieurs, ne se mettent pas en tête de porter leur attention sur des péchés pratiqués fort ouvertement dans « notre » milieu ! Il ne fallait surtout pas indiquer la fausse route sur laquelle nous roulions si tranquillement.

Comment se repentir ?

Mais alors, comment se repentir ? Il ne nous est pas recommandé d’aimer notre lointain, mais notre prochain. De même, il n’est guère utile d’appeler ceux qui sont loin de nous à la repentance. Il nous faut d’abord nous adresser là où le bât blesse, à nous-mêmes ; puis, ayant enlevé la poutre qui est dans notre œil, parler du péché de son prochain, de son frère, des milieux qui nous sont proches. Et si l’unité du corps de Christ, unité de tous les véritables chrétiens qui dépasse les divisions arbitraires des Églises, signifie encore quelque chose, ce frère « prochain » ne se trouve pas uniquement dans notre petit groupement ou dans notre grande dénomination. C’est le frère qui se trouve dans ma localité, celui avec lequel je peux avoir des contacts, pour lequel j’éprouve un amour qui accepte de souffrir, qu’il me faut exhorter. C’est de lui aussi que je dois pouvoir recevoir ces exhortations si nécessaires au progrès de ma propre vie chrétienne. C’est au travers d’une telle communication franche entre frères que pourra, sous l’action du Saint-Esprit, se produire une repentance véritable. Soyons-en certains : sans un tel esprit de vérité et de repentance, nous ne devons pas nous attendre au moindre signe de renouveau dans nos Églises.

L’apostasie de l’individu et celle des Églises locales ou des dénominations toutes entières ne sont des réalités que trop tangibles et évidentes dans un monde où règne une guerre constante entre Dieu et Satan, entre l’Église fidèle et l’esprit de séduction. La Bible et l’histoire de l’Église nous montrent clairement cette situation effrayante. L’Écriture établit souvent des contrastes frappants, des antithèses catégoriques. L’épouse fidèle – l’Église imparfaite et fragile mais cherchant à obéir à son Chef – est constamment opposée à la prostituée, la fausse église, celle qui prétend être l’épouse du Christ mais qui ment (Apoc. 2:2 ; 2:9 ; 3:9 ; 19:1 à 3, 5 à 9).

Fidélité ou infidélité ?

Cette prostituée s’appelle aussi la Synagogue de Satan (Apoc. 2 :9 ; 3 :9). Car le sort terrible d’Israël apostat est pour nous une leçon permanente de la fidélité de Dieu dans ses jugements. Il en est de même pour les églises apostates. L’institution ecclésiastique, après tant d’appels à la repentance, après une si longue patience de la part du Seigneur dont elle a rejeté l’Alliance, cette église infidèle est finalement rejetée par son époux qui ne reconnaît plus en elle les marques de l’Église. L’institution est rejetée, mais il persiste en son sein tant qu’elle existe un reste, plus ou moins nombreux, selon l’élection divine. La lettre de divorce est proclamée et ceux qui ne veulent pas participer aux souillures d’une telle église sont appelés à en sortir (Apoc. 18:4). Si l’Église fidèle est la lumière du monde et le sel de la terre, c’est-à-dire un bienfait inestimable pour la société dans laquelle elle se trouve, une telle contrefaçon de l’Église ne peut être que source de corruption et de faiblesse pour la nation qui l’abrite pour son malheur.

Mais ceci ne signifie aucunement que Dieu aurait révoqué ses dons et son appel (Rom. 11:29). La conversion de nombreux juifs incrédules depuis le rejet d’Israël par son Suzerain comme peuple de l’Alliance en témoigne abondamment. Malgré l’accomplissement du signe visible de ce rejet par la destruction de Jérusalem en l’an 70, nous voyons que Dieu demeure fidèle à ses promesses envers le reste de l’élection juive, de ceux qui reconnaissent en Jésus-Christ le Messie d’Israël. Car ceux-ci sont toujours aimés à cause de leurs pères (Rom. 11:28). Il en est de même pour les Églises historiques. Les mêmes jugements qui ont frappé Israël peuvent les frapper elles aussi. La branche sauvage (païenne) greffée sur l’olivier franc (juif) peut, elle aussi, être retranchée si elle devient incrédule (Rom. 11:22). Il semblerait bien que cette prophétie adressée par Paul à l’Église de Rome se soit littéralement accomplie plus tard au travers de l’apostasie de l’Église catholique romaine.

Les Églises historiques qui ont repris le flambeau d’Israël ont connu, elles aussi, la fidélité du Dieu de l’Alliance. Dieu demeurait fidèle dans ses promesses de bénédiction lorsque ces Églises marchaient dans la foi au Christ et dans l’obéissance aux commandements de Dieu. Mais Dieu ne change pas. Il est fidèle à sa Parole, à toute sa Parole, même aux promesses de malédiction envers le peuple qui se réclame de Lui et qui marche pourtant dans l’infidélité, dans l’apostasie. Lorsque les Églises historiques marchent avec persévérance et obstination dans la désobéissance et dans la révolte envers leur Seigneur, elles sont traitées de la même manière que le fut Israël apostat. Elles rompent l’Alliance miséricordieuse que Dieu avait, dans sa bienveillance, établie avec elles. Mais, là aussi, à cause des pères, et parce que les promesses et les dons de Dieu sont irrévocables, Dieu suscite dans le sein de ces Églises apostates un résidu fidèle qui, après avoir lutté de toutes ses forces contre l’erreur et le péché, doit, lui aussi au temps opportun, entendre l’appel divin de sortir du milieu d’elles.

C’est ainsi que la tradition des apôtres – par opposition aux traditions vaines des hommes et des Églises – s’est implantée dans les Églises historiques, Orthodoxes, Romaines, Réformées, Évangéliques. Le Saint-Esprit a agi au travers de toutes ces Églises et il est de notre devoir de nous attacher fidèlement à tout ce qui est conforme à la Parole de Dieu dans cette tradition sainte et apostolique. Nous voulons confesser que nous croyons l’Église une, sainte, catholique (universelle, intégrale) et apostolique. Mais malheureusement, comme Israël, ces Églises historiques ne sont guère restées fidèles à l’Alliance. L’une après l’autre elles ont connu le rejet par leur Suzerain jaloux de Son Alliance et de la sainteté de Son nom.

Car en confessant l’Église sainte et apostolique nous rejetons tout ce qui dans ces Églises est contraire à la Sainte Écriture. Nous ne pouvons pas avoir part à de telles erreurs si nous voulons glorifier et adorer le Dieu de l’Alliance en Esprit et en Vérité. La secte est la communauté qui s’attache à l’erreur plutôt qu’à la Vérité. Elle honore ainsi le père du mensonge, le Diable, plutôt que le Père des lumières, que Jésus-Christ, la lumière du monde.

L’unité : notre affaire, ou celle de Dieu ?

La véritable unité des chrétiens ici-bas est inséparable de la Vérité. Sans Vérité et hors de la Vérité il ne peut y avoir la moindre unité. Une communauté chrétienne, une Église locale, quelque modeste qu’elle puisse être, qui s’attache à la Vérité et vit de cette vérité, ne peut être une secte, car elle n’est pas une branche coupée (secare latin couper) du tronc de l’olivier. Une telle communauté fait partie de l’Église une et catholique, sainte et apostolique du Seigneur Jésus-Christ. C’est là le véritable et le seul œcuménisme chrétien.

Écoutons ici le témoignage de cet éminent docteur de l’Église si puissamment employé par Dieu pour l’avancement de son Royaume aux Pays-Bas, Klaas Schilder (1890-1952) de Kampen, tel qu’il est rapporté par son ami et biographe, Rudolf van Reest :

À notre époque le chapitre 17 de l’Évangile de Jean est malmené de la façon la plus horrible. Différents courants de doctrine, de nombreuses sectes, des mouvements variés, les faux œcuménistes et le Conseil œcuménique des Églises, tous utilisent cette prière du Sauveur pour faire avancer la plus grande unité organisationnelle englobant toute la Chrétienté. Une telle fausse unité est la grande tentation que Satan place devant nous aujourd’hui…

Schilder écrivit une fois que bien des chrétiens ne croient qu’a onze des articles du Symbole des Apôtres. Ils ne confessent pas tous les douze. L’article : Je crois à l’Église chrétienne universelle (catholique) ne fait pas partie de leurs convictions fondées sur la foi. Ils croient à Dieu le Père – même s’ils ne le voient pas. De même ils croient au Fils de Dieu et au Saint-Esprit bien qu’ils ne les voient pas non plus. Mais c’est là que s’arrête leur foi. Parce qu’ils ne voient pas la manifestation tangible de l’unité de l’Église, leur confession s’arrête à ce point. En fait ils ne croient pas que l’unité de l’Église est quelque chose de réel. Pour eux la sainte Église chrétienne universelle n’est pas une réalité de la foi.

Ici le mot clé est celui de foi. Car comme Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit sont réels, de même en vérité l’Église existe indestructible en son unité, son universalité et sa catholicité. L’existence de l’Église est un article de Foi pour nous ; même si nous ne voyons rien de cette unité, nous la croyons quand même. Nous la croyons parce que Dieu nous enseigne à la croire dans Sa Parole.

En Jean 17 le Christ prie le Père et dit : Père, l’heure est venue ; glorifie ton Fils. C’est le début et en même temps le résumé de ce qui suit dans ce chapitre. Jésus est conscient que son temps est arrivé. Il est sur le point de gagner la délivrance de son Église par ses souffrances et Il demande qu’en ceci aussi Il puisse être glorifié. C’est une prière entre le Fils et le Père. Le Fils réclame ici ses droits et il sait que sa demande lui sera accordée. Parmi ces droits du Fils se trouve Son Église, avec la révélation de l’unité de cette Église. Cette unité doit être gagnée à Golgotha. Ainsi Il vient devant le Père et réclame sa propre glorification, glorification qu’il est sur le point de gagner par l’achèvement de sa souffrance.

Pour ce qui nous concerne nous devons ôter nos mains pécheresses de cette sainte prière. Les faux œcuménistes agissent comme si c’était nous – qui ne sommes que de pauvres malheureux, des créatures débiles, des gens stupides attachés à la poussière (Psaume 119:25) – qui devrions faire en sorte que cette prière du Fils soit entendue du Père. Nous nous mettrons au travail et nous ferons en sorte que l’unité pour laquelle le Fils prie se réalise dans la réalité. En conséquence nous organisons des conférences, fondons un Conseil œcuménique des Églises et engageons même l’Union Soviétique dans nos efforts – pour faire en sorte que la prière du Christ puisse être enfin entendue, tout cela sur la base de nos propres efforts. Quelle bêtise !

La prière du Fils pour l’unité de l’Église fut entendue par le Père il y a bien longtemps. C’est à cause de cet exaucement que nous confessons chaque dimanche : Je crois l’Église chrétienne sainte, universelle (catholique)… la communion des saints… Si les promoteurs du faux œcuménisme avaient raison dans ce qu’ils supposent nous ferions mieux d’éliminer cet article de nos confessions. Car il nous est impossible d’accomplir nous-mêmes cette unité. C’est l’œuvre du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Qui sont les personnes dont il est dit qu’elles sont un ? Jean nous donne une réponse claire à cette question : il s’agit de ceux qui gardent Sa Parole. Sanctifie-les par la Vérité ; Ta Parole est la vérité, prie le Christ au verset 17. Quiconque ne garde pas cette Parole est exclu de l’unité de l’Église. Christ ne prie même pas pour ceux qui ne gardent pas Sa Parole…

Les réformateurs de l’Église ne sont pas ceux qui luttent pour l’unité mais ce sont des gens qui combattent pour la vérité. L’unité qui suit est le fruit de leur combat.[2]

Les promesses de Dieu à l’Église, corps du Christ, rassemblement des élus de tous les temps et de toutes les nations, sont indéfectibles. Mais l’Alliance de Dieu ne renferme aucune promesse absolue envers telle ou telle Église locale, telle communauté chrétienne, envers telle ou telle dénomination ou Église nationale.

Comme les civilisations, les Églises historiques sont mortelles. Les paroles adressées par Jésus-Christ aux Églises d’Asie Mineure sont valables pour les Églises de tous les temps, de toutes les nations. Écoutons ce que l’Esprit de Dieu disait à l’Église d’Éphèse :

Souviens-toi d’où tu es tombée, repens-toi et pratique tes premières œuvres, sinon je viendrai à toi et j’écarterai ton chandelier de sa place, à moins que tu ne te repentes. (Apoc. 2:5)

À l’Église de Laodicée étaient adressées les paroles suivantes :

Moi, je reprends et je corrige tous ceux que j’aime. Aie donc du zèle et repens-toi ! Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui et lui avec moi…

Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux Églises. (Apoc. 3:19-22).

Si nous confondons entièrement l’unité véritable de l’Église corps de Jésus-Christ avec son unité sociologique, son unité visible, terrestre, charnelle, nous serons portés à idolâtrer l’institution qui est la nôtre, à couvrir les injustices qu’elle commet et combattre tous ceux qui mettront son unité visible en péril en luttant ouvertement et publiquement contre l’erreur et le mal en son sein. Une telle tolérance durable de l’injustice au sein de sa propre Église, un tel refus obstiné de la Vérité entraînera les conséquences les plus graves pour ceux qui, séduits par l’injustice, périront – à moins qu’ils ne se repentent et changent de manière d’agir – parce qu’ils n’auront en fait jamais reçu cet amour durable de la Vérité qui aurait sauvé leurs âmes. Ils prouvent ainsi, qu’en dépit de leur combat inlassable pour l’unité visible de l’Église, ils n’ont en réalité jamais fait partie de l’Église de Jésus-Christ.

C’est par notre persévérance dans la Vérité, par la foi en Jésus-Christ et par cet amour de Dieu et des hommes qui se montre par notre obéissance aux commandements de Dieu, que nous manifesterons la réalité de notre élection, de notre appel et de notre adoption comme enfants du Père.

C’est pourquoi frères, efforcez-vous d’autant plus d’affermir votre vocation et votre élection ; en le faisant, vous ne broncherez jamais. C’est ainsi que vous sera largement accordée l’entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. (II Pierre 1:10-11)

Que le Dieu de toute miséricorde ait pitié de nous tous, pauvres pécheurs que nous sommes. Qu’Il daigne répandre son Esprit sur son Église afin que nous puissions nous repentir et vivre.

Jean-Marc Berthoud

[1]      Gerhardus VOS : The Kingdom and the Church, Presbyterian and Reformed, Nutley, 1972, p. 92

[2]      Rudolf van REEST : Schilder’s Struggle for the Unity of the Church, Inheritance Publications, Neerlandia, Alberta, Canada, 1990, p. 402-404. Première édition néerlandaise, 1962-1963