L’article ci-dessus, d’Ivor Benson, a été publié en anglais dans son excellent bulletin Behind the News (avril 1992), dont nous ne saurions trop recommander la lecture à nos amis anglophones.(Behind the News, Secretary BTN, P.O. Box 29, Sudbury, Suffolk, CO1O 6EF, Angleterre.) Ivor Benson est né en Afrique du Sud, a fait ses études en Rhodésie (actuellement Zimbabwe) et au Natal. Journaliste, il a travaillé pour de nombreux journaux d’Afrique du Sud, de Rhodésie et d’Angleterre (Daily Telegraph, Daily Express) ; en 1964-1965, il fut conseiller pour l’information du gouvernement blanc de la Rhodésie indépendante. Fin connaisseur des questions d’Afrique du Sud et du mondialisme, il a écrit plusieurs livres parmi lesquels il faut citer : Truth out of Africa (1982), et The Zionist Factor (1986).

Ivor Benson montre ici de façon saisissante comment l’information officielle falsifie la réalité.

Le dernier acte

En votant oui à 68 %, contre 31,3 % de non, au dernier referendum, les blancs d’Afrique du Sud ont donné au président de Klerk le mandat dont il avait besoin pour négocier la capitulation du pouvoir politique blanc.

Comme nous l’avons déjà souligné dans ce bulletin, la guerre non déclarée qui a été faite à l’Afrique du Sud depuis 1960 n’aurait jamais pu être gagnée sur son territoire, puisqu’elle n’était qu’une partie d’une offensive révolutionnaire menée simultanément sur l’ensemble de la planète.

Le seul espoir qu’auraient pu nourrir les Sud-Africains était de retarder une victoire de la révolution dans leur pays en escomptant qu’un retournement de tendance se produirait partout ailleurs – retournement qui ne manquera pas de survenir tôt ou tard et pourrait même avoir commencé.

Mais en Afrique du Sud n’existaient ni cette conscience partagée du vrai sens du combat ni cette volonté commune des électeurs qui auraient pu rendre possible le non.

Même ainsi, il faut rendre hommage à l’esprit de résistance survivant dans ce pays qui a permis à plus de 30 % de votants de tenir bon devant une campagne de propagande et d’intimidation aussi massive et coûteuse que celles qui ont été mises en scène dans le monde depuis un demi-siècle. Le London Evening Standard a rapporté que, pour persuader les électeurs de voter oui, on a dépensé vingt fois plus d’argent que ne pouvaient en collecter tous les groupes opposés ensemble. En réalité, le multiplicateur aurait pu être 200.2000 ou autre : quelle sorte de monnaie eût-il fallu en effet pour s’opposer à une pression capable de mobiliser tous les journaux, anglais et afrikaners, la radio et la télévision ?

Comme chacun peut maintenant le constater plus clairement, il était beaucoup trop tard, en mars 1992, pour tenter sérieusement une mobilisation des blancs d’Afrique du Sud contre la révolution mondiale. L’assassinat du premier ministre Hendrik Verwoerd en septembre 1966 a en fait sonné le glas du seul leadership apte à continuer la résistance.

Le mensonge le plus absolu.

Ceux qui étudieront l’histoire pourraient bien trouver dans la tragédie sud-africaine un exemple très instructif d’un facteur qui différencie la politique de conquête du pouvoir au XXᵉ siècle et aux autres époques – à savoir l’abîme qui sépare l’apparence de la réalité ; c’est-à-dire la différence entre ce que la plupart des gens croient voir arriver et ce qui se passe réellement.

Une telle divergence entre l’apparence et la réalité entraîne le déroulement simultané en un même lieu de deux scénarios historiques différents et requerrait en conséquence de longues explications pour ceux qui n’ont pas été initiés aux arcanes de la politique moderne de conquête du pouvoir. Mais sa raison tient en une courte phrase : nous vivons à une époque où le mensonge constitue de loin l’arme la plus importante dans la poursuite de tout objectif politique majeur. Et c’est l’utilisation continue de la tromperie qui a confiné tous les peuples de l’Ouest dans un monde d’illusion au sein duquel il est difficile, voire impossible, de distinguer la petite phalange qui ment consciemment et intentionnellement de la foule qui répète simplement les fables qu’on lui a fait croire.

Deux scénarios

Cette affirmation peut être illustrée par un exemple. Le correspondant sud-africain du London Daily Telegraph communiquait, la veille du referendum, que des diplomates étrangers et d’autres personnes s’inquiétaient en s’apercevant un peu tard qu’une majorité de blancs pourraient dire non à l’émancipation des noirs. Cette expression émancipation des noirs appartient au vocabulaire d’un montage insinuant, et n’a d’autre réalité que celle d’une contre-vérité utile. Personne ne peut réfléchir avec raison et cohérence aux événements d’Afrique depuis 1990 si on lui a inculqué l’idée indéfiniment trompeuse que c’est l’ardente aspiration des noirs à l’émancipation qui a entraîné un changement aussi radical.

Des mots et des concepts sont employés qui ne correspondent à aucune réalité et furent introduits quelque part dans le débat public dans le seul but de tromper. Ainsi nous voyons W.F. Deedes, aujourd’hui Lord Deedes, ancien rédacteur en chef du Daily Telegraph, féliciter, en toute innocence et avec les meilleures intentions, le président De Klerk d’avoir satisfait aux exigences du monde – comme si le monde qui demanderait une transformation radicale en Afrique du Sud agit comme un narcotique sur la raison, la rendant incapable de saisir les causes et influences réellement en jeu.

Ceux dont l’attention est restée centrée sur le vrai scénario en cours ont toujours su que la guerre non déclarée contre l’Afrique du Sud visait une libération – libération, certes, mais d’un genre très différent de celle qui est affichée pour le public. Ce n’est pas au bénéfice des noirs que la libération est recherchée, mais pour le Gros Argent ; il s’agit de l’affranchissement de toute entrave limitant l’exercice de son pouvoir – Gros Argent […] qui, depuis la révolution bolchevique, a utilisé le communisme comme moyen de subversion et de destruction de toute structure politique gênant l’acheminement vers le totalitarisme d’un Nouvel ordre mondial.

La reprise des délibérations de la Convention pour une Afrique du Sud démocratique (CODESA) va faire apparaître une nouvelle constitution infiniment complexe dont le but essentiel sera de cacher un transfert de pouvoir réel des blancs d’Afrique du Sud à une autorité extérieure à celle-ci. Car il ne peut y avoir de partage du pouvoir entre blancs, hommes de couleurs et asiatiques de ce pays.

Les conséquences probables

Un pouvoir réel exercé par une direction extérieure est condamné à une monstrueuse inefficacité et entraînera un important désordre social et politique dans lequel deux fractions majeures de la population supporteront le choc principal du bouleversement révolutionnaire. Ce sont : les Zoulous, pour lesquels une subordination à une suprématie manifeste des Xosas, considérés comme inférieurs, est un sort trop affreux à envisager ; et les Afrikaners, spécialement ceux de la campagne.

Plus inquiétant encore apparaît l’avenir des gens de couleur, de sang mêlé, qui ont toujours été attirés dans l’orbite des blancs, et celui des Asiatiques qui n’auront probablement pas oublié comment ils ont dû se fier à la protection des blancs contre l’antipathie quasi naturelle des noirs.

Pour les agriculteurs sud-africains, la disparition du dernier obstacle à la réforme constitutionnelle s’est produite à peu près en même temps que tombait cette information en provenance du Zimbabwe : 4 200 fermiers blancs doivent maintenant subir la nationalisation de la moitié de leurs 27 millions d’acres (10,7 millions d’hectares), au prix fixé par le gouvernement sans possibilité de faire appel – mesure aggravée par le système de contrôle qui interdit l’expatriation de tout argent gagné.

“Au prix de tout ce que tu possèdes, acquiers l’intelligence.” (Proverbes 4:7).

Ivor BENSON

Traduction François Desjars

Action familiale et scolaire, Juin 1992, No 101.