L’Église fidèle protégée
La multitude de tes ennemis sera comme une fine poussière,
Cette multitude de tyrans sera comme la menue paille qui vole,
Et cela tout à coup, en un instant.
Tu seras visitée par l’Éternel des armées,
Avec le tonnerre, un tremblement de terre et un bruit formidable,
Avec l’ouragan et la tempête
Et avec la flamme d’un feu dévorant.
Et comme il en est d’un rêve, d’une vision nocturne,
Ainsi en sera-t-il de la multitude des nations
Qui combattront Ariel,
De tous ceux qui l’attaqueront,
Elle et sa forteresse,
Et qui viendront la réduire.
Alors, comme celui qui a faim rêve qu’il mange,
Puis s’éveille, le gosier vide,
Et comme celui qui a soif rêve qu’il boit,
Puis s’éveille, épuisé et le gosier assoiffé ;
Ainsi en sera-t-il de la multitude de toutes les nations
Qui combattront contre la montagne de Sion.
Ésaïe 29:5-8
La votation populaire du 6 décembre 1992 sur l’adhésion de la Suisse à l’Espace Économique Européen (E.E.E.) a servi de révélateur quant au climat véritable qui règne dans notre pays. Rappelons que la campagne menée par les partisans du oui option, disons-le, parfaitement respectable – fut orchestrée par presque tout ce que notre pays connaît d’officialité. Au Conseil fédéral et à la quasi-totalité de la classe politique s’ajoutait le pouvoir des banques, des syndicats, de l’industrie et de presque toute l’intelligentsia du pays sans parler, bien sûr, des médias qui, comme de coutume, s’exprimaient d’une seule voix. Cette campagne pour le oui fut d’une rare violence verbale. Elle avait une allure inquiétante de fanatisme et d’intransigeance.
La réaction à la victoire du non à l’Europe socialiste, centralisatrice et bureaucratique de Bruxelles, écrasante pour les cantons, minime quant aux voix, nous montra instantanément que nous avions là à faire à quelque chose de bien plus grave qu’un simple combat politique. Les partisans du oui n’avalèrent pas leur défaite et nous fûmes gratifiés d’une manifestation de colère dépitée, digne d’un petit gamin gâté auquel l’on refuse son hochet et qui pique une crise de rage, se jette par terre et tambourine le plancher frénétiquement avec ses pieds. La haine qui se manifesta alors à l’égard des partisans du non (surtout de nos confédérés suisse-allemands) a de quoi inquiéter même l’observateur le plus serein. Un ami serbe du Kosovo partagea avec nous son angoisse face à des réactions romandes si semblables à celles qui, il y a quelques années, avaient préludé dans son pays aux massacres que nous constatons aujourd’hui. Le communisme serait mort, cependant nous ne sommes pourtant pas encore sortis de l’ère de ces guerres de religion laïques qui, depuis la Révolution française, abreuvent d’un sang toujours impur les sillons de la nation idole. Ici l’objet sanglant du culte utopique de nos élites n’est plus la patrie mais l’Europe.
Pour tout observateur tant soit peu attentif, il est évident que notre monde passe par une époque de vide spirituel particulièrement dangereux. Comme le voyait si bien Francisco Goya, le peintre des atrocités des armées napoléoniennes en Espagne, ce vide ne peut enfanter que des monstres. Il faut, à nos élites obsédées d’Europe, à notre classe dirigeante vidée de toute substance, à nos hommes creux en place dans l’État, dans l’Université, au Parlement et derrière le petit écran, une raison de vivre et d’espérer. Ayant depuis longtemps, avec l’aide des séminaires et facultés de théologie, évacués le Dieu vivant et vrai de la place qui devait être la sienne dans la cité, il leur faut de faux dieux, des idoles, des idéologies. Le communisme étant mort – il s’est plutôt mué en humanitarisme universel, masque moralisateur des pires vilenies – il nous faut décidément du nouveau. Un aspect de cette religion nouvelle est le culte de la CE abusivement nommée Europe. Et qui se dresse contre le nouveau dieu, contre la nouvelle utopie, est disqualifié moralement. C’est un renégat, un traître, un hérétique, un apostat. Que dis-je, un imbécile, un idiot, un crétin de suisse-allemand (comme le laisserait entendre Christiane Brunner) tout juste bon pour les ténèbres extérieures de ce qu’il convient d’appeler le patriotisme-obscénité (Michel Thévoz). Et pour malheur de tels crétins se sont montrés être la majorité des citoyens de ce pauvre pays. Cette majorité est encore capable de douter du bon sens de nos nouveaux sermonneurs médiatiques, d’autant plus moralisateurs qu’ils sont, dans leur vie personnelle, plus crapuleux. Ce sont de tels pilotes qui cherchent à nous entraîner par le bout du nez dans leur bateau européen. Et nos cancres majoritaires encore conscients de la valeur de la patrie ont commis l’impensable : ils ont tout bonnement et très démocratiquement osé renvoyer ces politologues en utopie à leur mauvaise copie.
C’en était trop pour nos hyper-démocrates d’hier qui se sont soudainement mis à douter de la légitimité de cette panacée démocratique remède à tous les maux de l’humanité. L’emplâtre miracle prenait mauvaise odeur. L’histoire de notre siècle, plus meurtrier qu’aucun autre, nous a bien appris que les partisans des régimes totalitaires se montrent fanatiques de la démocratie quand elle sert leurs ambitions, mais qu’ils s’en moquent comme d’une guigne dès qu’elle leur est contraire. Il est à craindre aujourd’hui que l’esprit totalitaire ne soit guère le monopole de quelques groupuscules punks ou néo-nazis minables érigés par nos médias en ogres de papiers ou de télévision. Car ces nuages, ces rideaux de fumée, servent à voiler pudiquement le vrai totalitarisme, celui de ceux qui hier se gargarisaient de démocratie et de tolérance et qui, aujourd’hui, nous ont montré, pour un bref instant, leur vrai visage : celui d’une hargne intolérante pleine de haine. L’avenir que de telles élites nous font pressentir pour tous ceux qui, demain, oseront dire non à leur projet de goulaguisation utopique de la terre entière, ne sera-t-il pas bien plus sinistre que tout ce que nous pouvions hier encore imaginer de pire ?
La résistance viendra-t-elle des chrétiens ? C’est fort à douter si l’on doit appliquer ce vocable, par exemple, aux partisans d’une organisation qui aujourd’hui, dans notre pays, a le vent en poupe – Jeunesse en Mission pour la nommer – dont la mission semble se limiter à entraîner une jeunesse chrétienne bien naïve et facile à duper, dans tous les courants malsains d’un monde en pleine décomposition. Car ce n’est pas avec une psychanalyse, une dialectique, une dynamique de groupe, une visualisation, une évocation de l’esprit de Josué, et pareilles balivernes – plus ou moins ésotériques baptisées de quelques gouttes de verbiage chrétien que l’on fera des hommes et des femmes de Dieu capables de résister et de surmonter la vague de fond totalitaire qui aujourd’hui submerge toute notre civilisation. Il en est de même pour ceux qui osent encore s’appeler « charismatiques » et qui, à force de donner des coups de pouce humains au Saint Esprit, finissent par prouver qu’ils ne croient aucunement à sa toute puissance divine. Et que dire de ces partisans d’une Troisième Vague – la première était le Pentecôtisme, la deuxième le Charismatisme ? Ces chercheurs acharnés de miracles et de prodiges ne font que prouver, par leur soif de surnaturel spectaculaire, qu’ils sont de ceux que la Bible appelle des incrédules, car ils veulent voir leur dieu en action et non pas croire le Dieu véritable et vrai sur sa Parole inaltérable et certaine. On recherche la communion avec Dieu et sa bénédiction, non pas en mettant sa foi en Jésus-Christ seul et en gardant ses commandements, mais par des moyens frauduleux et frelatés qui voisinent avec l’occultisme religieux d’un prétendu nouvel âge avec lequel ce faux christianisme se confond déjà.
Bien plutôt, il nous faut aujourd’hui, avant qu’il ne soit trop tard, retourner aux sentiers antiques et sûrs, ceux qu’un Dieu qui ne saurait ni nous tromper ni mentir, a tracés dans la Bible pour diriger les pas des hommes sur les voies du salut. C’est ce qu’elle appelle la loi et le témoignage. Car ce sont seulement ceux qui mettent leur confiance entière en l’unique Sauveur, Jésus-Christ, Dieu le Fils venu en chair pour le salut du monde et qui manifestent la véracité de leur foi par une volonté, certes imparfaite mais décidée, de marcher dans l’obéissance aux commandements de Dieu, qui pourront échapper aux fléaux que le juste Juge de toute la terre envoie aujourd’hui sur le monde.
L’Église infidèle jugée
Attardez-vous et soyez atterrés !
Fermez les yeux et devenez aveugles !
Ils sont ivres, mais non de vin ;
Ils chancellent, mais non par des liqueurs fortes.
Car l’Éternel a répandu sur vous
Un esprit d’assoupissement,
Il a fermé vos yeux – les prophètes –,
Il a voilé vos têtes – les voyants –,
La vision de tout ceci est pour vous
Comme les mots d’un livre cacheté
Que l’on donne à un homme qui sait lire, en disant :
Lis donc cela !
Et qui répond : je ne peux pas,
Car il est cacheté ;
Ou comme un livre que l’on donne
A un homme qui ne sait pas lire, en disant :
Lis donc cela !
Et qui répond : Je ne sais pas lire.
Le Seigneur dit : Ainsi quand ce peuple s’approche de moi,
Il me glorifie de la bouche et des lèvres ;
Mais son cœur est éloigné de moi,
Et la crainte qu’il a de moi
N’est qu’un commandement de tradition humaine.
C’est pourquoi me voici !
L’Éternel va continuer à émerveiller ce peuple
Par des miracles et des merveilles,
La sagesse des sages s’y perdra,
Et l’intelligence des intelligents ira se cacher.
Malheur à ceux qui se cachent de l’Éternel
Pour cacher leur projet,
Leurs œuvres se font dans les ténèbres,
Et ils disent : Qui nous voit et qui nous connaît ?
Quelle perversité est la vôtre !
Le potier doit-il être considéré comme de l’argile,
Pour que l’ouvrage dise de l’ouvrier :
Il ne m’a pas fait ?
Pour que le pot dise au potier :
Il n’a pas d’intelligence ? »
Ésaïe 29 : 9-16
Jean-Marc Berthoud