Le portrait sur la couverture est celui du pasteur Klaas Schilder (1890-1952). Avec Abraham Kuyper, au siècle passé, et Herman Bavinck et Herman Dooyeweerd en ce siècle, Schilder est sans conteste une des plus grandes figures du renouveau moderne du calvinisme confessant aux Pays-Bas. Auteur de nombreux livres, dont une magnifique méditation sur la passion du Christ en trois volumes, il exerça un ministère fécond comme pasteur avant d’être appelé en 1934 à la chaire de dogmatique à l’Université de Kampen. Il fut un des plus grands prédicateurs de son siècle, tenant parfois l’attention passionnée de ses auditeurs (sans notes !) pendant deux longues heures d’affilé d’exposition biblique.

Durant toute sa vie, Klaas Schilder fut conduit, au travers de l’hebdomadaire La Réformation, à mener un rude combat contre les erreurs religieuses et politiques de son temps. Il lutta contre l’orthodoxie sclérosée d’une partie de son Eglise et combattit vigoureusement le libéralisme et surtout les nouvelles hérésies de l’époque provenant principalement des théologiens suisses, Karl Barth et Emil Brunner. Il prit position contre le totalitarisme, le communisme et le nazisme, ce qui lui valut d’être interdit de séjour en Allemagne dès 1933.

Lors de l’occupation de son pays en 1940, il ne changea en rien la politique du journal, continuant à dire courageusement la vérité. Le journal fut rapidement supprimé, puis son rédacteur emprisonné. Libèré quelque temps après, grâce aux prières des Eglises, il dut se cacher pendant une grande partie de la guerre. C’est alors qu’en 1944 son Eglise (celle établie par Abraham Kuyper au XIXe siècle) lui intenta un procès en hérésie pour sa défense passionnée d’un calvinisme confessionnel. Il fut excommunié avec. un certain nombre de responsables des Eglises, à un moment où il lui était impossible de se défendre publiquement sans courir le risque d’être arrêté par les nazis. Cette iniquité d’un simulacre de justice ecclésiastique eut comme effet de produire, sans aucune initiative directe de sa part, un schisme spontané qui fit sortir près de 90.000 fidèles de la N.G.K. qui formèrent une Eglise réformée libre. Les dernières années de la vie de Schilder furent consacrées à l’organisation de cette nouvelle Eglise, à l’enseignement théologique et à la rédaction d’un commentaire monumental (malheureusement jamais terminé) sur le Catéchisme de Heidelberg. La traduction en notre langue d’un certain nombre de ses ouvrages ne pourrait que faire le plus grand bien au Christianisme francophone, livré lui aussi aux déviations de ce temps par des bergers qui ne savent, ni discerner les erreurs de notre époque, ni lutter contre les loups qui ravagent le troupeau du Seigneur.

La rédaction