« Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. »
Ces paroles de Jésus que nous lisons dans Jean 20:21 sont un commandement missionnaire. Il fut donné à Pâques et contient la promesse de la Pentecôte.
Dès la résurrection de Jésus-Christ, le salut entre dans le monde. Les disciples de Jésus-Christ deviennent des envoyés. Tout comme le Père envoya Jésus, eux aussi sont envoyés. Cela veut dire trois choses :
- Tout d’abord, cela signifie marcher dans l’obéissance à la Parole de Dieu. Nous soumettre aux commandements et aux promesses de Dieu en demandant chaque jour : Seigneur, que veux-tu que je fasse ? C’était la prière que le grand évangéliste Paul prononça le jour de sa conversion. Donc, obéissance par une vie consacrée à Dieu.
- Deuxièmement c’est aussi marcher sur les traces de Jésus-Christ dans son humiliation. Nous deviendrons ainsi semblables à lui dans sa souffrance, et sa mort. Car nous sommes envoyés dans un monde qui est hostile à Dieu. Mission est synonyme de passion.
- Troisièmement cela signifie : comme le père m’a envoyé, que nous sommes une incarnation de la parole. Nous faisons partie intégrante du contexte, de l’environnement dans lequel nous nous trouvons placés. Nous prenons conscience de l’univers qui nous entoure. Celui-ci est encore plus rebelle et pécheur que nous l’aurions souhaité. Mais nous ne pouvons pas l’éviter.
Nous devons y rester. Tout comme Jésus. Il prêchait l’évangile du royaume. Il enseignait les foules, il guérissait les malades. Les Anglais le disent si bien : la mission c’est preaching, teaching and healing. Évangéliser c’est : prêcher, enseigner et guérir. Jésus s’intéressait à l’homme tout entier. Son corps et son âme. Sur ce point, nous ne voyons en Jésus aucun dualisme. C’est pour cela que le diaconat et l’apostolat vont main dans la main, et que nous ne devons pas les séparer ni les mettre en opposition. C’est comme cela que nous sommes envoyés. Comme le Père m’a envoyé… Est-ce que nous voulons cela aujourd’hui aussi ? Nous voyons dans la Bible que les gens qui sont envoyés hésitent beaucoup. Ils ont des excuses, ils protestent. Moïse dit : je ne sais pas parler. Ésaïe : je ne suis pas assez pur. Jonas : je n’ai pas envie.
C’est Dieu lui-même qui doit rentrer en action pour nous mettre sur le chemin de sa mission.
Le 50ᵉ jour après la Pâques, les disciples de Jésus sortent de leurs cachettes et peuvent travailler à la récolte de la moisson que Dieu par son Esprit a fait pousser.
Dans Jean 4, Jésus a dit : « Levez les yeux et regardez les champs qui déjà blanchissent pour la moisson… D’autres ont travaillé, et vous êtes entrés dans leur travail ». C’est cela le travail missionnaire. Rentrer dans le travail.
Cela signifie partir de là où vous êtes, tout comme Abraham lorsqu’il reçut son appel : « Va-t’en de ton pays, de ta patrie, et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai ». Et où vous irez, et qui vous rencontrerez, vous ne le savez pas d’avance. Cependant, une chose est certaine : « Voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde ». Si je ne me trompe pas, nous avons aujourd’hui besoin de ce genre de choses, afin de sortir de nos cachettes. Pour cela, nous avons besoin de découvrir ce que fait Dieu. Comment à partir de Pâques, à partir de la résurrection de Christ, nous pouvons être enrôlés dans l’œuvre missionnaire de Dieu.
Un texte que j’aimerais voir avec vous plus en détail c’est Actes 1:8. « Mais vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous et vous serez mes témoins, à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre ». Dans les Actes au chapitre 1, la question des apôtres résonne : « Seigneur, est-ce en ce temps que tu établiras le royaume d’Israël ? » C’est une question qui s’est imposée à eux, après que finalement ils furent convaincus que la croix de Jésus n’était pas une défaite, mais la plus haute réalisation de la volonté de Dieu et une preuve de la victoire sur la puissance des ténèbres.
Quelque temps auparavant, le message du royaume ressemblait à une erreur colossale et l’on aurait dit que les puissances qui dominent ce monde avaient toujours tout en main. Mais ils ont réalisé leur erreur. Ils ont vu que Jésus est roi, et qu’il a vaincu. D’où la question : « Allons-nous maintenant voir ton royaume s’établir ? » Il ne restera maintenant plus un secret pour longtemps. Nous pouvons certainement nous attendre à ce que s’accomplissent aux yeux du monde entier les anciennes promesses. Désormais Dieu régnera en tout lieu et sur tout le monde. La question est claire, et elle est légitime. La réponse de Jésus est double. Il n’évite pas de répondre. Il ne dit pas : Pourquoi posez-vous une telle question ? Ne comprenez-vous pas que mon royaume n’est pas de ce monde ? Non, la question reste intacte et Jésus lui donne une double réponse. D’une part, il donne un avertissement. D’autre par, il donne une promesse. Tout d’abord un avertissement : « Ce n’est pas à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. » En d’autres mots : le royaume, c’est le royaume de Dieu. Ce n’est pas votre responsabilité ou de votre ressort. Ce n’est pas à vous d’organiser cela ou de le réaliser.
On a un jour posé au missionnaire anglais Leslie Newbegin, bien connu aux Pays-Bas, la question suivante : « Êtes-vous optimiste ou pessimiste en ce qui concerne l’avenir de l’évangile ? » Il répondit en disant : « Je crois en la résurrection de Jésus, c’est pourquoi ce n’est pas à moi d’être optimiste ou pessimiste à ce sujet. Vous ne pouvez pas être optimistes ou pessimistes sur des faits. Si c’était un programme, une conception personnelle, un plan d’organisation, un planning, vous pourriez alors vous demander si cela va ou ne va pas… mais des faits, cela vous fait poser d’autres questions. Par exemple celle-ci : est-ce que je le crois oui ou non ? »
Tout comme les apôtres qui, après la Pâques, avaient besoin d’un avertissement, aujourd’hui aussi nous en avons besoin. En tant qu’églises protestantes, nous pouvons dépenser beaucoup de temps et d’énergie à nous poser des questions comme celle-ci : Quel est l’avenir de l’église ? Comment devons-nous traiter le problème de la sécularisation ? Et nous avons tendance à nous mettre sur la défensive. Et prudemment nous essayons de trouver le moyen de rester debout. L’un est alors très pessimiste et dit : « L’église est en piteux état. Il y a de moins en moins de gens qui s’intéressent aux choses de Dieu et à sa Parole… » D’autres, plus optimistes, disent : « Si nous arrivions à trouver la bonne méthode, une bonne stratégie, une bonne façon de faire, alors vous verriez des résultats. » Mais nous avons besoin de l’avertissement afin de ne pas nous laisser emporter à droite et à gauche.
Le royaume de Dieu, c’est Son Royaume, Son Domaine. Ce n’est pas l’entreprise que nous dirigeons. Et la question n’est pas de savoir si nos prévisions sont optimistes ou pessimistes : c’est une question de foi ou de manque de foi. Après l’avertissement, Jésus donne une promesse : « Vous serez mes témoins. » Cela n’est pas, comme on le croit souvent, un ordre, mais c’est une promesse. Jésus promet que le Saint-Esprit viendra afin que (on peut aussi le traduire ainsi) vous soyez mes témoins. Les apôtres avaient posé la question du royaume. Viendra-t-il maintenant Seigneur ? Y aura-t-il en Israël une révélation entière ? La réponse à cette question est une promesse. La promesse du Saint-Esprit. C’est ainsi que Jésus nous dit que le Saint-Esprit est pour l’instant la réponse au sujet du merveilleux royaume de Dieu.
C’est pour cela que dans le Nouveau Testament, le Saint-Esprit est appelé le gage, les arrhes, le premier payement. Paul en parle en employant le mot arrabon. Un mot arabo-sémite qui encore aujourd’hui est utilisé dans le monde du commerce pour parler d’un payement à l’avance pour une commande à venir. Avant que les marchandises ne soient livrées, le vendeur reçoit une partie du prix d’achat. Il ne reçoit pas encore la totalité. Il recevra plus tard la somme complète. Et cette avance, cet arrabon contient en elle cette promesse, cette assurance qu’il recevra bientôt le reste de la somme. Le Saint-Esprit est en quelque sorte l’avance sur le royaume de Dieu. C’est un véritable présent. Ce n’est pas une promesse en l’air, mais un véritable cadeau. Il nous donne un avant-goût de la joie, de la liberté et de la justice du royaume de Dieu. Et ce ne sont pas que des mots. Le Saint-Esprit est en fait en nous une véritable réalité, Il nous donne l’assurance que nous sommes des enfants de Dieu. Il nous assure de l’héritage qui nous est réservé au ciel en Jésus-Christ. Et quand on pense qu’il ne s’agit ici que d’une avance ! Que les choses les plus grandes et les meilleures sont encore à venir ! Nous les attendons avec d’autant plus d’impatience. Cela nous attire vers le bienheureux avenir et la révélation de Jésus-Christ.
Frères et sœurs, c’est cela qui fait de l’église un témoin du royaume. Le témoignage, ce n’est pas uniquement et en premier lieu une tâche qui est imposée à l’église – c’est un don qui nous est communiqué par le Saint-Esprit. Vous pouvez vérifier que ceci est en accord avec ce que nous trouvons ailleurs dans le Nouveau Testament. Dans les évangiles synoptiques, nous lisons que Jésus dit à ses disciples qu’ils ne doivent pas se faire de souci sur ce qu’ils devront dire quand on leur posera des questions. « Car ce n’est pas vous qui parlerez, mais l’Esprit-Saint » (Marc 13:11).
Dans Jean 14, Jésus nous dit, après avoir averti ses disciples qu’ils rencontreront des persécutions : « Quand sera venu le consolateur que je vous enverrai de la part du Père, l’Esprit de vérité, qui vient du Père, il rendra témoignage de moi, et vous aussi, vous rendrez témoignage, parce que vous êtes avec moi dès le commencement » (Jean 14:26). Et dans Jean 16, nous lisons que c’est le Saint-Esprit et non une église qui prend la responsabilité de convaincre de péché, de justice et de jugement. C’est l’Esprit qui fait cela.
Il y a des promesses dont les prophètes de l’Ancien Testament ont déjà été les témoins. Vous pouvez lire ce qui est écrit dans Es. 43:9-12 ! Dans ce passage, il est clair que le Seigneur n’appelle pas le peuple d’Israël à une action bien organisée ou à faire une campagne pour leur libération. Cela, c’est son œuvre. C’est lui le Tout-Puissant, ses œuvres sont magnifiques. Et Israël, la persécutée sera son témoin. Ils le verront. Et ils pourront raconter, faire savoir et expliquer parmi les peuples que le Seigneur est grand et qu’il n’y a pas de dieu semblable à Lui.
Dans la théologie missiologique biblique, on fait souvent une distinction que l’on a nommée le mouvement centripète et le mouvement centrifuge. Dans l’Ancien Testament, on peut discerner un mouvement allant vers l’intérieur. Les peuples sont appelés à venir à Sion, à se rencontrer à Jérusalem. Dans le Nouveau Testament par contre, nous discernons clairement un mouvement vers l’extérieur, comme un soleil qui s’épanouit dans toutes les directions. Il y a dans cette vision des choses un noyau de vérité. Nous voyons en effet les apôtres allant dans le monde entier. Ils débordent des frontières d’Israël. Cependant, je dirai que nous ne devons pas faire sur ce point trop de différences schématiques entre l’Ancien et le Nouveau Testament.
Il est vrai que par la mission, le témoignage s’est répandu dans le monde entier. Il n’en est pas moins vrai que c’est et ce sera toujours l’œuvre de Dieu d’attirer les gens et de les unir dans l’adoration et la louange du Dieu trinitaire. Nous en sommes les témoins et nous continuerons à témoigner de ce que Dieu a fait et de ce qu’Il fait encore.
Mais le grand inspirateur, l’ouvrier, celui qui attire, l’aimant de toute cette œuvre, c’est Dieu le Saint-Esprit. Le livre des Actes nous en donne de nombreux exemples. C’est l’Esprit qui fait se rencontrer Philippe et l’eunuque éthiopien. C’est l’Esprit qui prépare Ananias à recevoir Saul, le persécuteur de l’église, comme un frère. C’est l’Esprit qui conduit Pierre à abandonner les principes auxquels il était si attaché et à rentrer en hôte chez un officier de l’armée, Corneille. C’est l’Esprit qui dans l’église d’Antioche convainc de séparer Paul et Barnabas pour le ministère missionnaire parmi les païens. C’est le même Esprit qui empêche Paul de se rendre en Asie et le conduit en Europe. Ne sommes-nous pas étonnés de voir combien depuis ce temps la mission s’est développée ? Comment Dieu lui-même ajoute à l’Église ceux qui sont sauvés ? Comment Dieu appelle les hommes et selon le bon plaisir de sa volonté les unit à la communion avec Christ ?
La manière dont cela se produit est parfois étonnante. On pourrait citer de nombreux exemples et raconter de nombreux témoignages sur la façon dont les gens ont été délivrés des ténèbres et sont devenus participants de la foi dans le Seigneur Jésus-Christ. Nous ne pourrons jamais dire que cela est notre œuvre. Sommes-nous donc totalement passifs dans ce domaine ? N’avons-nous pas une tâche à accomplir ? Certainement. Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. Nous pourrons planter, nous pourrons arroser. Mais c’est Dieu qui donne la croissance, qui permet que la graine germe et qui, en son temps, fait mûrir le fruit. Et sa façon de faire peut souvent nous surprendre.
Leslie Newbegin, dont je vous ai parlé plus haut, racontait que lorsqu’il travaillait en Inde, il devait se rendre dans une région fort éloignée où il devait confirmer 40 nouveaux membres adultes qui désiraient être baptisés. Il voulut savoir comment ces quarante personnes s’étaient converties. Il leur demanda de mettre cela par écrit, et son étonnement fut grand lorsqu’il lut qu’il n’y avait pas un seul témoignage identique. Pour certains, il y avait eu auparavant une période de préparation qui avait parfois duré des années. Chacun avait fait ses propres expériences avant de rechercher et de trouver Christ. Pour l’un, cela s’était passé au cours d’une conversation avec un collègue d’usine. Pour l’autre, ce fut au cours d’une visite d’un ami chrétien malade. Pour un autre, c’était un passage qu’il avait lu dans un traité. Pour un autre, c’était à cause d’une parole aimable à un moment difficile de sa vie.
Une prédication, un texte de la Bible, l’écoute d’une prière ou (ce qui se passait souvent pour ceux qui ne savaient ni lire ni écrire), un rêve ou une vision. Toutes sortes de motifs divers et variés qui les conduisirent à chercher à connaître Christ.
Mais il y a un dénominateur commun toujours constant. Il y avait un point qui revenait sans cesse dans ces témoignages. Il y avait toujours la présence d’une église croyante, qui priait et agissait. Une église composée de croyants qui étaient engagés dans la vie quotidienne dans leur milieu. Mais, au milieu de cette vie quotidienne rayonnaient l’amour et la miséricorde de Christ. C’est cela qui attirait les gens. Ils voulaient connaître la source de cette gentillesse toute simple. Elle semblait provenir de l’assemblée de l’église chrétienne. Une église qui les accueillit les bras ouverts. Une église où se trouvaient des gens qui savaient eux-mêmes ce que cela signifie que d’être un pécheur devant Dieu.
Dans une telle communauté, il y a toujours de la place pour tout le monde. Là où il y a la communion avec Christ et avec les frères, le Saint-Esprit agit. C’est l’Église de Jésus-Christ qui est la base de travail du Saint-Esprit.
Nous pouvons aussi nous poser la question de savoir si notre église exerce cette force d’attraction sur le monde qui nous entoure.
Aux Pays-Bas, nous avons des églises bien pleines, mais comme le disait un frère de France qui est un jour venu nous visiter, c’est une armée qui est inconsciente de sa force, et lorsque je viens en France, je remarque combien les églises sont peu remplies. Je pourrais dire qu’il y a entre nous une grande différence. Cependant, je vois un point qui nous est commun. C’est que nos cultes sont parfois si austères. Nous avons le droit de nous poser la question de savoir si nos églises possèdent vraiment une puissance d’attraction missionnaire. Nous tendons à devenir un groupe fermé de personnes qui pensent pareil.
On retrouve souvent dans l’église le même esprit de société de consommation que dans le monde. Le danger d’y être uniquement pour nous-mêmes et de nous désintéresser des autres est présent ainsi que celui de devenir une auberge où plus aucun étranger ne peut séjourner parce que nous ne pratiquons plus la grande vertu chrétienne de l’hospitalité.
Je généralise. L’Église parfaite n’existe pas sur la terre. Et la situation n’est pas partout la même. Mais si la situation de l’église de Christ nous tient vraiment à cœur, alors nous serons sévères, sévères avec nous-mêmes. Et je ferai tout ce que ma main trouve à faire, dans la conscience que Dieu continue son œuvre malgré tous les obstacles. Nous pouvons nous attendre à lui pour des miracles. Et nous prierons avec ferveur, pour un renouvellement de l’église et pour l’action de son Esprit, pour un renouvellement de la prédication et du témoignage, en paroles et en action.
Lorsque Pierre prêcha pour la première fois à Jérusalem, cela n’était pas parce qu’il avait décidé de faire de l’évangélisation. La raison de sa prédication était la présence de quelque chose de nouveau que les gens ne pouvaient définir. Cependant, cela était si évident qu’ils accouraient de tous côtés en demandant ce que cela signifiait. « …c’est ici ce qui a été dit par le prophète Joël : « Dans les derniers jours, dit Dieu, je répandrai de mon esprit sur toute chair… » Comme nous désirons que l’église ait ce quelque chose, un secret qui soit visible dans sa vie et dont les autres se demandent ce que cela peut bien être ! De la manne !
Qu’est-ce que c’est ? C’est le secret de la présence du Saint-Esprit qui nous fait vivre de plus en plus de Christ et qui peu à peu nous forme à son image avec une humilité et un amour véritable. Ne nous imaginons pas que nous devons faire tous nos efforts et que le Saint-Esprit nous donnera un coup de main. C’est en fait tout le contraire. C’est le Saint-Esprit qui est le missionnaire en action, l’évangéliste. Et nous, en tant que membres du corps de Jésus-Christ, nous sommes le lieu de travail du Saint-Esprit. C’est ainsi qu’Il fait de l’église une sorte d’aimant, de centre magnétique vers lequel les gens se sentent attirés et où ils sont insérés dans la communion avec le Christ. C’est là que leur vie fleurit par les dons qu’Il dispense et qui pourront s’épanouir aussi bien dans l’église que dans le monde. Celui qui reçoit l’onction de l’Esprit, l’onction de Christ de cette manière, ne pourra que rayonner vers les autres. La preuve la plus convaincante que le sang du Christ sauve, ce sont ceux qui vivent personnellement par la puissance de cette grâce. Il y a alors un rayonnement de la gloire de Christ dans tout leur être.
C’est cela le secret de la croissance de l’église en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie. Une croissance qui nous laisse jaloux. Il y a une action visible de l’Esprit qui s’accorde avec le témoignage personnel, la vie spontanée de l’église et le rayonnement d’un amour désintéressé. Il est remarquable que nous ne lisons jamais dans les lettres de Paul qu’il nous incite à l’évangélisation. Il encourage ses lecteurs, les reprend, leur rappelle que dans tous les domaines de leur vie ils doivent être consacrés à leur Seigneur et Sauveur. Ils seront ainsi des lettres vivantes de Christ lisibles pour tous. Mais nous ne lisons pas que Paul encourage ses lecteurs à être actifs dans le travail d’évangélisation. Il n’impose pas cela comme une charge sur l’église. En ce qui le concerne, il sait qu’il ne peut pas se taire : « …car la nécessité m’en est imposée, malheur à moi si je n’annonce pas l’évangile » (1 Cor. 9:16). Mais ce fardeau personnel, il ne l’impose à aucune conscience comme une obligation.
En d’autres mots, l’évangélisation ce n’est pas une loi, c’est l’évangile. C’est un abondant don de la grâce de Dieu et non pas un lourd fardeau qui doive être porté. C’est l’accomplissement d’une promesse : vous serez mes témoins, le Saint-Esprit survenant sur vous. Finalement, j’aimerais rappeler six conclusions que nous avons entendues et vues maintenant à partir de l’Écriture.
- Le véritable travail d’évangélisation et de mission est celui fait par le Saint-Esprit. C’est lui le maître d’œuvre. Il conduit selon le conseil et la sagesse de Dieu. Dans ce travail, notre part est de chercher et suivre les chemins de l’Esprit. Nous ne sommes donc pas mis en roue libre, mais bien au contraire, nous sommes liés en prenant cette œuvre à cœur. L’Esprit veut nous conduire sur les traces de Jésus-Christ.
- L’Esprit est le lien entre l’œuvre missionnaire du passé et celle de l’avenir. Il l’unit à l’œuvre accomplie par Christ sur la croix et par sa résurrection. « Quand le consolateur sera venu, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité ; car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir. Il me glorifiera, parce qu’il prendra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera » (Jean 16:13-14). L’Esprit nous dirige vers le passé et aussi vers l’avenir, car il s’agit de la venue de son royaume. Tout au long de l’histoire, l’Esprit enseigne à l’église de toujours être prête à faire face à de nouvelles situations et de nouveaux développements. « Quiconque met la main à la charrue et regarde en arrière, n’est pas propre au royaume de Dieu » (Luc 9:62). Nous ne devons pas rester en arrière, mais regarder en avant et avancer.
- Car la promesse c’est que le Saint-Esprit sera avec nous pour l’éternité. Car Christ lui aussi a promis : « Je suis avec vous tous les jours… » Ces promesses peuvent nous garder de perdre courage. En face de la situation du monde et de l’église aujourd’hui, nous trouvons parfois peu de raisons d’être optimistes. Cependant, nous pouvons toujours garder courage. Car le chemin de Christ c’est un chemin qui à travers la souffrance mène à la gloire.
- Le Saint-Esprit est envoyé pour équiper l’Église de Christ et la rendre capable d’accomplir sa tâche dans le monde. Dans ce but, l’Esprit donne de nombreux dons. Non pas pour que nous nous fassions de la concurrence. Il distribue ses dons pour l’édification de l’église. Une église qui est constamment tournée sur elle-même et qui ne tourne pas ses regards sur le monde qui l’entoure attriste le Saint-Esprit.
- L’église n’a pas le Saint-Esprit à sa disposition. Celui-ci a été donné selon la promesse faite à l’église. C’est là qu’Il se trouve mais l’Esprit n’est pas à notre disposition. Ce fait nous humilie et nous rend dépendants de Dieu et les uns des autres. Cela nous incite à persévérer dans la prière pour l’action et la conduite journalière du Saint-Esprit. Les jeunes églises d’outre-mer sont là souvent pour nous et à notre honte, un exemple.
- L’œuvre de l’Esprit est pour nous imprévisible et incompréhensible. Le vent souffle où il veut. Il nous précède toujours. Cela, nous le remarquons de façon surprenante lorsque nous rencontrons des gens, des jeunes ou des personnes plus âgées, qui recherchent la réponse aux questions troublantes qu’ils ont dans le cœur. Parfois nous remarquons que les membres d’autres religions ont des convictions qui se rapprochent de l’enseignement de la Bible. Paul ne dit-il pas que la loi de Dieu est inscrite dans leur cœur ? Mais à notre tour nous devons éprouver les esprits pour voir s’ils sont de Dieu. Car il n’y a pas d’autre chemin vers le ciel que celui qui passe par Jésus-Christ.
Que nos cœurs soient remplis de l’amour de Christ. Alors nous aurons aussi à cœur la recherche et le salut de ceux qui sont perdus. Nous pouvons toujours trouver assez de raisons pour cacher notre témoignage par notre timidité, mais l’Esprit nous encourage, car :
« Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. »
Jan van Looyen[1]
[1] Jan van Looyen est un pasteur néerlandais. Il est membre de l’Alliance réformée, association de plusieurs centaines d’églises calvinistes confessantes regroupées au sein même de l’Église réformée des Pays-Bas. Il a assumé pendant plusieurs années les responsabilités de secrétaire de l’œuvre missionnaire dans cette Église.