Pourquoi faut-il être sauvé ?

Disons d’emblée que l’idée même de salut ne monte pas naturellement au cœur de l’homme. Celui-ci, en effet, ne réalisant absolument pas l’étendue de son péché, et, bien entendu, pas non plus la grandeur de la sainteté de Dieu, n’éprouve aucunement le besoin capital et vital d’être sauvé.

Pourquoi faut-il être sauvé ? Ou : pourquoi dois-je être gracié ?

Pour deux raisons principales :

  1. Ma vie, toute ma vie, de la conception à la mort physique, et bien sûr la vie après la mort, dépend de Dieu. Rien qu’à considérer sa grandeur, sa sainteté, sa perfection, sa sagesse, sa bonté, on s’aperçoit qu’il existe un abîme entre Dieu et l’homme.
  2. Ce qui est souillé par le péché, l’homme en l’occurrence, ne peut en aucune manière se tenir dans la sainte présence de Dieu. La séparation entre l’homme pécheur et la pureté de Dieu est imposée par l’essence même de Dieu. Parce que Dieu est ce qu’il est, et parce que l’homme est aussi ce qu’il est, l’abîme qui les sépare demeure infranchissable sans une intervention de Dieu lui-même.

L’homme est donc séparé de Dieu, de celui qui est saint, juste et bon, de celui qui règne sur tout l’univers. Il en est séparé, et pourtant cette idée n’effleure pas même son esprit. Il pense pouvoir s’adresser à Dieu quand cela lui chante et comme cela lui convient. Il se moque bien de savoir qui est ce Dieu qu’il estime pouvoir fléchir par ses prières. Il est loin de se douter que Dieu ne l’écoute pas, mais que sa colère demeure sur celui qui refuse de se repentir de son péché et de s’en détourner, demeure sur celui qui refuse le seul moyen d’accès à sa sainte présence : la personne et l’œuvre du Seigneur Jésus-Christ, le Fils unique et bien-aimé de Dieu.

Il faut donc impérativement que Dieu fasse grâce à l’homme, qu’il détourne de lui sa colère, afin que l’abîme disparaisse, qu’il y ait réconciliation. Tous ceux que Dieu n’aura pas réconciliés avec lui seront, au jour du jugement, jetés éternellement en enfer. Aujourd’hui, bien que les impénitents vivent sous le courroux de Dieu, ils sont cependant au bénéfice de ce l’on peut appeler la grâce commune : Dieu déverse ses dons, par exemple la paix, l’amour, la bonté, etc., de manière générale dans ce monde souillé par le péché. Certainement qu’il accorde cette grâce commune pour le bien de ses élus. Mais en enfer, tout cela ne sera plus que souvenir, régnera alors la désolation, la crainte et la douleur. Probablement la haine aussi. Voilà pourquoi nous parlons de la nécessité d’un salut.

Qui mérite d’être sauvé ?

Personne.

Personne, parce que tous sont trouvés pécheurs devant Dieu, méritant sa juste condamnation.

Dieu est amour, certes, d’ailleurs tout le monde sait le dire. Mais il est beaucoup plus que cela. Tout, en Dieu, est intimement lié. C’est la raison pour laquelle on ne peut, par exemple, parler de son amour sans aussi évoquer sa justice. Celle-ci ne peut être prise en défaut, c’est pourquoi elle exige que le péché soit puni. Le salaire du péché, c’est la mort. Voilà la juste condamnation de Dieu envers le pécheur. Si bien que tous les hommes, puisque tous ont péché, méritent, non pas la grâce de Dieu, mais d’être jetés en enfer en punition de leur rébellion.

Mais alors qui peut être sauvé ?

À l’homme, cela est impossible.

Mais pas à Dieu qui, dans son dessein éternel, par amour et par pure grâce, a décidé de sauver un peuple qui l’aimerait et le servirait joyeusement et paisiblement, dans une création entièrement renouvelée, pour l’éternité. Tous ceux qui placent leur confiance dans la personne et l’œuvre du Seigneur Jésus-Christ pour leur salut font partie de ce peuple.

Quel est le moyen du salut, comment puis-je être sauvé ?

L’Évangile est la Bonne Nouvelle de la grâce de Dieu. La prédication de cette bonne nouvelle est le moyen par lequel Dieu appelle et rassemble le peuple qu’il s’est mis à part dès avant la fondation du monde.

L’Évangile, c’est le Fils unique de Dieu, à la fois pleinement Dieu et pleinement homme, venu sur terre pour se livrer lui-même en sacrifice afin d’expier la faute d’un peuple que Dieu s’est choisi de toute éternité. La justice divine exige la condamnation et la punition du pécheur. Jésus-Christ, en mourant sur une croix, a pris sur lui ce châtiment pour tous ceux qui reconnaissent leur péché, leur état de perdition, et en appellent résolument au secours et à la grâce de Dieu, se confiant non sur leur propre justice, leurs bonnes œuvres ou leurs mérites pour être sauvés, mais sur la parfaite justice du Christ qui est mise sur le compte du croyant.

L’œuvre du Christ (sa mort et sa résurrection) a une très grande valeur :

  • Elle apaise la colère de Dieu en satisfaisant à sa justice. Ceux que Dieu sauve ne sont plus sous sa colère, parce que le Christ, mourant à leur place, a satisfait à ce qu’exigeait la loi, savoir la punition du pécheur, supprimant ainsi tout motif de condamnation envers eux. Dieu opère là notre réconciliation avec lui, en Christ et par le Christ. D’ennemis que nous étions, nous voici ses amis. Dieu nous est maintenant propice.
  • Elle délivre donc les croyants de la juste condamnation de la loi, parce que la résurrection du Christ est le gage de leur justification. La parfaite justice du Christ est mise sur le compte de ceux qui croient. Non que ceux-ci soient soudainement rendus tellement saints qu’ils ne puissent plus commettre de péchés, mais Dieu les déclare juste en vertu de sa grâce et de l’expiation du Christ.
  • Elle les délivre aussi de l’esclavage du péché, de son train de culpabilités et de la puissance du diable.
  • Par la mort du Christ, le croyant possède la certitude que tous ses péchés sont pardonnés. Telle est la fidélité de Dieu envers celui qui lui avoue sa faute et s’en détourne.
  • En nous réconciliant avec lui par la mort de son Fils, Dieu fait habiter en nous son Esprit, en sorte que nous devenions ses enfants adoptifs. Par cet Esprit d’adoption nous pouvons appeler Dieu « Papa, Père ! ». C’est ce même Esprit qui nous rend capables d’obéissance à la volonté divine. Par cet Esprit nous avons la vie éternelle car par sa mort le Christ a vaincu la mort.
  • Étant enfants, nous sommes aussi héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ, citoyens de son Royaume. Ce statut nous donne la certitude que nous hériterons des promesses glorieuses de Dieu.

En bref, nous devons dire que Jésus-Christ est notre propitiation, notre expiation et notre rédemption et notre justification.

  • Notre propitiation, parce que c’est le fait que Dieu ait frappé son Fils à notre place qui nous permet d’être délivré de sa colère. En Christ mort à la croix, et par le Christ seul, Dieu nous est rendu propice.
  • Notre expiation, parce que lui-même a enduré toute la punition, tout le châtiment qu’aurait dû subir le pécheur. La faute est ainsi réparée, expiée, couverte.
  • Notre rédemption, parce qu’il est à la fois le prix qu’il était nécessaire de payer afin que le pécheur soit entièrement délivré de l’esclavage du diable et du péché, et celui qui le rachète, qui seul a le droit de rachat (et qui seul aussi en a le pouvoir).
  • Notre justification, parce que c’est la justice du Christ, imputée sur le compte du croyant, qui permet à celui-ci d’être déclaré juste par Dieu.

À qui s’adresse l’appel à la repentance et à la foi ?

À tous les hommes, d’où qu’ils viennent et de quelque condition qu’ils soient. Devant Dieu, il n’y a pas de favoritisme. L’appel est général.

Qui répond à cet appel pour embrasser la foi en Jésus-Christ ?

Le peuple de Dieu ; celui qu’il s’est choisi et mis à part de toute éternité. Tous ceux pour qui le Seigneur Jésus-Christ est effectivement mort. C’est pour eux seuls que l’appel est efficace à salut.

Qui est ce peuple ? Nous ne le savons pas. Mais voilà ce que nous savons : le peuple de Dieu, qui est l’Église, est composé d’hommes, de femmes, d’enfants, de vieillards, rassemblés des quatre coins de la terre, sans distinction ni de race, ni de provenance sociale, qu’ils soient riches ou pauvres, malades ou bien portants. Ainsi l’Évangile doit être annoncé à tous les hommes, indistinctement.

Que se passe-t-il dans le cœur de ceux qui reçoivent l’appel de Dieu ? Pourquoi le reçoivent-ils ?

Comme nous l’avons affirmé au début, l’idée d’un salut parfait venant de Dieu ne monte pas au cœur de l’homme. Il ne peut concevoir de lui-même :

  • être tellement pécheur qu’il mérite la mort ; et s’il la mérite bel et bien :
  • que quelqu’un accepte librement, par amour, de mourir à sa place, afin que lui-même vive alors éternellement dans la présence aimante et glorieuse de Dieu ;
  • que ce quelqu’un accepte un tel sacrifice, alors qu’il n’a jamais commis aucun péché ;
  • que ce quelqu’un soit le Fils unique et bien-aimé de Dieu.

Comment aucun homme pourrait-il croire une telle folie ? Oui, comment pourrait-il croire cela, si Dieu ne venait changer son cœur de pierre contre un cœur de chair ? L’homme irrégénéré, mort dans son péché, c’est-à-dire dans lequel Dieu n’a pas (encore) placé son Esprit vivifiant, ne peut recevoir le message de l’Évangile. Pour un tel homme ce ne sont là que paroles creuses, que balivernes ; loin de l’amener au salut, elles l’endurcissent au contraire. Par contre, le pécheur en qui le Saint-Esprit vient habiter découvre soudain son état de perdition, le poids de son péché, reconnaît que jusqu’alors il vivait en état de rébellion contre Dieu, comme son ennemi. Il se voit enfin tel qu’il est : un naufragé, un misérable. À ce moment plus rien n’a d’importance, sinon implorer la pitié du Dieu créateur de toute vie. Profondément attristé de lui-même, il en appelle au secours de Dieu, à son pardon. Il s’en remet à sa miséricorde, bien qu’il se rende parfaitement compte qu’il ne la mérite pas. Mais il sait que sans cela il est à tout jamais perdu.

Pour un tel homme, la réponse de Dieu ne se fait pas attendre. Il accueille tendrement celui qui se présente devant lui dans de telles dispositions, et il lui apporte son pardon tout en l’inondant de son affection. Voilà un fils qui était perdu, mais qui, maintenant, est retrouvé.

Qui a la certitude de son salut ?

Celui qui persévère dans la vraie foi, dans l’obéissance aux commandements de Dieu, celui-là montre qu’il aime le Seigneur. Quiconque se confie sincèrement dans la personne et l’œuvre du Seigneur Jésus-Christ pour son salut, réalisant sa faiblesse et son indignité, comptant alors entièrement et uniquement sur la grâce du Père, manifeste cette persévérance. Il a la ferme assurance que Dieu lui est favorable en Jésus-Christ. La parole de Dieu atteste que la promesse de la vie éternelle dans la présence glorieuse et aimante de Dieu est pour lui.

Christophe Demierre[1]

[1]      Christophe Demierre est vigneron à Vevey