Vu le thème de ce numéro il est paru utile à la rédaction de permettre à nos lecteurs de se familiariser avec la littérature disponible en français sur la doctrine du Saint-Esprit ainsi que sur ses nombreuses contre-façons actuelles.

UNE BROCHURE QUI VIENT À SON HEURE : Le célèbre théologien évangélique américain, John MacArthur, vient de publier une excellente étude intitulée La bénédiction de Toronto à la lumière de la Parole de Dieu (Maison de la Bible, Genève, 1995, 32 p.) qui fait le point sur ce phénomène.

Fédération Évangélique de France, La « Bénédiction de Toronto », Yerres, juin 1995, 10 p.

La FEF (Fédération Évangélique de France) regroupant 252 membres et associations (494 lieux de cultes), a pris une position courageuse condamnant sans réserve ces phénomènes illuministes qui passent pour être chrétiens. La FREOE est le pendant en Suisse romande de cette dernière. L’orientation de la Fédération Romande des Églises et Œuvres Évangéliques n’est pas ouvertement opposée à ces aberrations spirituelles.

Neil BABCOX, Ma Recherche Charismatique, Maison de la Bible, Préverenges, 1992, 188p.

Converti au sein d’un milieu charismatique, Neil Babcox a souhaité de toutes ses forces obtenir le don du « parler en langues » et celui de prophétie. En effet, ces dons lui apparaissaient nécessaires pour éliminer son sentiment d’une vie spirituelle encore incomplète.

Cependant, piqué au vif au cours d’une réunion charismatique par la remarque d’un homme aux yeux duquel le « parler en langues » n’était que du « charabia », l’auteur entreprit d’examiner sa foi et les dons recherchés à la lumière de la Parole de Dieu.

Il rend compte, à travers un témoignage simple mais percutant, de son parcours spirituel et de ses combats. De nombreuses références bibliques nous aident à examiner à notre tour la Parole de Dieu et à comprendre que les dons du « parler en langues » et de « prophétie » actuels ne sont pas authentiques.

L’auteur ne cherche en aucun cas à jeter la pierre à ceux qui croient en l’authenticité de leurs dons ; mais ayant été éclairé par la grâce de Dieu, Babcox souhaite faire profiter de son expérience tous ceux qui cherchent sincèrement à sonder leur foi, et les guider dans leur compréhension de la Vérité divine.

Wolfgang BUEHNE, La troisième vague, Maison de la Bible, Préverenges, 1992, 188 p.,

Le sous-titre de cet ouvrage, Le plus grand réveil de l’histoire ?, en rend manifeste le contenu : la « troisième vague » est-elle vraiment ce grand réveil de l’Église ou n’est-elle qu’une imposture ?

Après un bref historique du mouvement, l’auteur nous présente de façon méticuleuse et fort bien documentée les personnes et doctrines des trois principaux pontes de cette « troisième vague », à savoir Peter Wagner, John Wimber et Yonggi Cho.

Ceci fait, il reprend point par point les positions professées par ces personnes pour les confronter à la lumière de la Bible. Le résultat est aussi net qu’indiscutable : l’incompatibilité est radicale. L’auteur a alors le loisir d’exposer avec clarté et bienveillance l’enseignement biblique relatif aux sujets litigieux.

Ouvrage doublement important, puisque d’une part il nous montre la gravité des erreurs véhiculées par ce mouvement (dont la « Bénédiction de Toronto » n’est qu’une purulence), et que d’autre part il présente des réponses bibliques, sobres et à la portée de tous aux questions qui nous préoccupent. À lire et à faire lire !

J.-J. DUBOIS, Baptême et plénitude du Saint-Esprit, Maison de la Bible, Genève, 1975, 65 p. Pour qu’un livre, dans le monde littéraire évangélique, soit considéré comme crédible et intéressant, il doit répondre aux critères suivants : a) Sa couverture et mise en pages doivent être attrayantes. b) Le sujet ne doit pas être « trop théologique ». c) Les références bibliques sont réduites à leur plus simple expression. d) Il faut que le lecteur puisse le lire en un minimum de temps et de réflexion.

Néanmoins, quelques ouvrages restent malgré leur apparence et contenu semble-t-il désuets, des références en matière de doctrine, d’édification et de défense de la foi.

Je classerai Baptême et plénitude du Saint-Esprit dans cette catégorie. Édité il y a vingt ans, il a gardé toute son actualité pour un monde chrétien en pleine déroute concernant la personne et l’œuvre du Saint-Esprit.

J.-J. Dubois cherche à analyser les causes de la confusion doctrinale et à les réduire. Selon lui, le problème de fond vient d’une méconnaissance du rôle initial et fondamental du Saint-Esprit dans la vie chrétienne et de la confusion entre deux expressions : « baptisé de l’Esprit » et « rempli de l’Esprit ».

Il nous amène tout d’abord à considérer que tout chrétien doit faire la distinction entre ce qui est historique et ce qui est didactique dans les écrits du Nouveau Testament. Puis il nous entraîne dans deux développements systématiques et abondamment étayés de versets bibliques, à savoir : a) Le rôle initial et fondamental du baptême de l’Esprit. b) L’expérience sujette à évolution, être rempli de l’Esprit. Ce livre est essentiel pour une bonne connaissance de l’œuvre et de l’action du Saint Esprit dans la vie du croyant.

Guérisons et miracles aujourd’hui, John Wimber et le mouvement charismatique, Kerygma, Aix-en-Provence, 1990, 71 p.

Cette brochure est le fruit de contacts avec John Wimber lors de sa campagne à Sidney en 1990. La lecture des témoignages qu’elle contient nous offre un regard à la fois concret, théologique et pastoral sur le mouvement de la troisième vague.

L’aspect concret est manifeste. Ces textes sont le produit d’entretiens, d’observations, d’écoute. Nous entrons dans le vif du sujet, nous sommes introduits dans les coulisses de ce renouveau. Ainsi, avant même de considérer cette question abstraitement, nous sommes amenés à discerner ce qui se passe réellement.

Du concret on débouche sur la théologie. Certaines questions centrales surgissent : celles de la suffisance des Écritures, de la justification par la foi, de la portée de la victoire du Christ à la croix… Les auteurs manifestent leur étonnement par rapport à la théologie de ce mouvement ainsi que vis-à-vis du manque de discernement du troupeau. Que faire ?

Apparaît ici l’aspect pastoral : comment instruire le peuple de Dieu pour qu’il cultive positivement un esprit critique, afin qu’il ne finisse pas comme les moutons de Panurge, engloutis dans la mer. Le caractère pastoral transparaît encore dans le souci des rédacteurs pour les personnes qui n’ont pas été guéries. La dernière partie relate en particulier le témoignage d’une mère de deux enfants autistes. Ce livre est pour ceux qui désirent aussi bien être informés des faits qu’être confronté à des réalités pratiques.

 

Dave HUNT et T.-A. McMAHON, La Séduction de la Chrétienté, Parole de Vie, Codognan, 1989.

Dieu, dans sa Parole, nous met en garde à plusieurs reprises contre les faux prophètes et contre la séduction qui s’étendra de par tout le monde à la fin des temps.

Face à ces avertissements, nos églises peuvent-elles dormir tranquilles pensant que Dieu les préservera de toute erreur quoi qu’il arrive ? En quoi cela nous concerne-t-il ?

Les auteurs de cet ouvrage exhortent le chrétien à rester vigilant, à rechercher ardemment la vérité et à examiner toutes choses à la lumière de la Parole Divine.

L’Église est en effet sujette à une séduction grandissante qui touche de plus en plus de personnes. Toutes sortes de méthodes soi-disant scientifiques, psychologiques et autres ont envahi les milieux chrétiens : méditation, visualisation, psychothérapie, pensée positive… font partie intégrante de la vie de nombreux « chrétiens ».

Et comme cela est scientifique, il n’y a aucun mal à en faire usage. Grâce à ces techniques, le chrétien peut obtenir ce qu’il veut et « manipuler » Dieu à ses fins.

Mais l’auteur constate que Dieu ou pas Dieu, n’importe qui peut obtenir des résultats semblables.

L’homme n’est-il pas en train de redevenir son propre dieu, tout-puissant ? N’assistons-nous pas là à un regain d’occultisme qui prendrait une apparence scientifique, beaucoup plus difficile à démasquer pour les chrétiens qui oublient l’existence d’un monde spirituel (ici les démons) avec lequel il n’a rien à faire ?

L’Évangile du Christ n’est pas un Évangile de facilité et de réussite (« puissance de la foi ») qui nous rend la vie facile. Il nous faut au contraire revenir à Christ lui-même, l’adorer et renoncer à nous-mêmes pour le servir fidèlement. C’est un livre de survie spirituelle.

Aaron KAYAYAN, Essai sur le Saint-Esprit et l’expérience chrétienne, Perspectives Réformées, Palos Heights, 1989, 502 p.

Difficile tâche que d’écrire sur le Saint-Esprit ! Comme chrétiens, nous croyons qu’il existe ; nous savons qu’il agit en nous et dans le monde, et pourtant aucun de nous ne l’a jamais vu. Comment donc parler du Saint-Esprit, invisible, sans tomber dans le subjectivisme, dans l’« à-peu-près » ou même le « n’importe quoi » théologique ? Avec un souci constant de rester le plus proche possible du texte sacré, Kayayan évite de tomber dans ces travers et nous livre ici une étude de base des plus sérieuses sur la question.

Ce livre est fondamental pour qui veut approfondir sa connaissance de l’enseignement biblique sur le Saint-Esprit et, ce faisant, comprendre les différentes déviations dont il a fait l’objet. Mais pourquoi parler d’essai pour un livre de 500 pages ? Dans une perspective réformée, l’auteur traite à peu près toutes les questions que le chrétien peut se poser à propos du Saint-Esprit. À la fois historique, théologique, pastoral et exégétique, cet ouvrage est d’une richesse rare. Chaque chapitre pourrait néanmoins faire l’objet d’un livre entier, d’où la justification du titre « essai ».

Dans une première partie, Kayayan examine certains textes qui parlent du Saint-Esprit. À travers les différentes Confessions de foi et des écrits de certains théologiens (dont Calvin), il décrit la tradition réformée sur ce sujet. Un chapitre très substantiel montre ce que la Bible elle-même dit du Saint-Esprit. Avec un grand souci du détail, l’auteur montre que l’Ancien Testament parle plus du Saint-Esprit que ce que l’on pense habituellement, bien que son action ait été alors plus restreinte qu’après la Pentecôte. Les références bibliques constantes font que le lecteur n’est jamais perdu ; il a sans cesse la possibilité de vérifier lui-même et ainsi d’approfondir sa réflexion.

Une deuxième partie parle du rôle du Saint-Esprit dans l’économie du salut et dans la vie du croyant. En étudiant les différents aspects de cette doctrine (élection, appel, régénération, conversion, sanctification), l’auteur nous rappelle l’amour de Dieu pour ses enfants, sa patience à notre égard, et nous invite à examiner notre vie de chrétiens, nous qui sommes le temple du Saint-Esprit.

Une troisième partie, plus historique, analyse les différentes manières dont l’expérience chrétienne a été vue à travers les siècles, du gnosticisme et du monachisme aux pentecôtistes et charismatiques actuels, en passant par les divers mouvements spiritualistes d’origine protestante. Kayayan met bien en lumière les différentes déviations historiques de cette doctrine, en montrant sur quels points précis elles ont tordu la Parole de Dieu.

Une quatrième partie, en guise de conclusion, montre la richesse et la totalité harmonieuse de la vie chrétienne qui n’est pas limitée à des pratiques spirituelles ou à une expérience simplement personnelle. Au contraire, « la vie entière est religion ». Notre christianisme devrait embrasser toutes les dimensions de notre vie pour la plus grande gloire de Dieu. – Cet ouvrage, à lire et à relire, est une référence sur le sujet. Tout chrétien désireux d’approfondir sa foi et de mieux comprendre le caractère et l’œuvre de la troisième Personne de la Trinité se doit de connaître ce livre.

Fernand LEGRAND, Le signe du parler en langues, Bérée, Juriens, 1990, 205 p.

Évangéliste itinérant, Fernand Legrand a, pendant de longues années, fréquenté divers milieux pentecôtistes. Son expérience quotidienne et ses nombreux contacts l’ont amené à étudier de façon approfondie la question du parler en langues.

Traitant ce sujet de façon systématique et très claire, l’auteur explique la valeur de signe (et non de don) du parler en langues et pourquoi il n’a plus lieu d’être aujourd’hui. Son argumentation biblique est très accessible et il traite le sujet sans escamoter les nombreuses questions qui s’y rapportent.

M. Legrand rappelle ensuite le danger de faire passer ses expériences avant la Parole de Dieu au lieu de les examiner à sa lumière.

Nous recommandons ce livre à tous ceux qui aiment la Parole de Dieu, qui fréquentent des églises à tendance plus ou moins charismatique et qui ont de la peine à se situer par rapport à ces questions. Ils y trouveront un instrument utile qui les aidera à mieux comprendre les véritables enjeux.

Cet ouvrage sera également profitable au lecteur convaincu de la cessation de ce don mais qui s’avère bien souvent incapable d’exprimer clairement sa position.

René PACHE, La Personne et l’Œuvre du Saint-Esprit, Emmaüs, St. Légier, 1992, 214 p., FS 20.

La très difficile tâche d’aborder en survol toute la question de la personne et de l’œuvre du Saint-Esprit, en quelques 200 pages, est dans l’ensemble réussie par M. Pache avec clarté et vigueur dans ce petit volume. Notre lecture ne nous a pas pourtant laissé sans quelques soucis majeurs quant à la portée et l’exactitude de plusieurs affirmations.

Positivement, ce petit livre sera très utile à l’étudiant qui veut se renseigner sur la plupart des grandes questions concernant la Personne de Dieu, l’Esprit, celui-ci étant trop souvent considéré comme une simple « énergie ». Il y découvrira : un exposé utile sur Jean 20:19-23 et sa relation à la période de transition entre l’ancienne et la nouvelle Alliance – un moment de l’histoire de la rédemption qui présente une véritable lacune chez certains théologiens ; un traitement très sobre et pratique sur le blasphème contre l’Esprit ; un autre sur la réception de l’Esprit dans les Actes – terrain miné pour ceux qui désirent y trouver des paradigmes pour l’action de l’Esprit aujourd’hui. On y découvrira également divers autres petits exposés tout aussi utiles : sur la manière dont l’Esprit nous habite, comment ne pas attrister l’Esprit, sur les dangers du perfectionisme, comment discerner la direction de l’Esprit et un exposé clair sur les dons de l’Esprit (à écouter vivement et à proclamer à haute voix dans ces jours de dérive et de fanatisme « prophétiques »).

De manière négative, nous étions surpris de lire que les disciples n’étaient pas régénérés avant le jour de la Pentecôte (p. 38), pas d’accord que le retour récent des Juifs en Palestine représentait l’accomplissement de la prophétie biblique, (des présupposés prémillénaristes se font sentir dans ce chapitre), mais surtout inquiet de voir le nombre de pages (20) consacrées à la position, très connue en anglophonie, dite « Higher Life » ou « Abundant Life » dans le traitement de la plénitude de l’Esprit.

M. Pache essaie de soutenir cette position en prenant Jean 10:10 ; 4:14 ; 6:35 ; 7:37-38, entre autres comme bases (ce qui est, pour le moins, discutable). De quelle abondance s’agit-il dans ces versets ? Y a-t-il vraiment quatre étapes vers la vie abondante que chaque chrétien serait censé suivre comme constituant le chemin de la victoire ? Sans vouloir nier un instant que le chrétien, comme les Apôtres dans les Actes, puisse à plusieurs reprises être rempli du Saint-Esprit pour le service, le témoignage, la souffrance, etc. (et cela après la conversion, comme le soutien M. Pache d’ailleurs), nous hésitons à donner notre approbation à un enseignement qui a provoqué bien des recherches spirituelles peu fructueuses et pas mal de désillusions dans les milieux chrétiens du monde anglo-saxon pendant toute la première partie de ce siècle. (Voir la tradition Keswick en Angleterre.)

Cet avertissement mis à part, ce petit livre pourra être utile à ceux qui désirent se faire une idée générale d’un des sujets les plus importants à l’heure actuelle. Il faudrait cependant se référer à d’autres livres qui aborderaient la question de la Plénitude de l’Esprit avec plus de précision biblique.

Bénédict PICTET, Lettre sur ceux qui se croient inspirés, Europresse, Chalon-sur-Saône, 1993, 112 p.

Tout chrétien (réformé ou évangélique) qui se réclame de ce glorieux réveil que fut la Réforme devrait se sentir concerné par ce petit ouvrage. Bénédict Pictet (1655-1724), docteur de l’église de Genève, fut en effet un des grands représentants de l’orthodoxie réformée. Amené à se prononcer sur le mouvement illuministe qui faisait rage dans les églises des Cévennes, il rédigea cette lettre. Elle connut un grand retentissement et réduisit fortement l’influence des illuminés au sein des communautés réformées.

Rédigé avec compassion, fermeté et même parfois avec humour, ce texte est intéressant sous plus d’un rapport. Le lecteur ne doit cependant pas s’attendre à y trouver une réfutation systématique des déviations actuelles : il en reconnaîtra bon nombre et en découvrira d’autres, plus anciennes.

Mais, à nos yeux, son grand mérite est de nous faire prendre conscience du fait que la communion des saints n’est pas seulement fonction de l’espace mais aussi du temps : nous sommes bien souvent appelés à mener les mêmes combats que nos ancêtres dans la foi. Négliger leur œuvre revient à se priver d’un solide appui intellectuel et spirituel.

Une très bonne introduction au contexte historique, une langue simple et une présentation agréable sont autant d’éléments qui rendent cette lecture à la portée de tous.

John STOTT, Du Baptême à la plénitude. L’œuvre du Saint-Esprit en notre temps, Éditions Emmanuel, Monnetier-Mornex, 1979, 126 p.

John Stott fut durant de longues années pasteur d’une église anglicane à Londres. Il exerça aussi la fonction d’aumônier de la reine. Il a rédigé plusieurs ouvrages d’explication de textes bibliques, en particulier : un commentaire sur le Sermon sur la montagne et un autre sur les épîtres de Jean, tous deux disponibles en français.

Quatre qualités caractérisent cet ouvrage. Premièrement le rapport qualité-prix est très favorable, ce livre est donc destiné à une large diffusion. Deuxièmement, il est le fruit d’une longue maturation théologique. Donné d’abord sous forme de conférences, il fut remanié et fondu plusieurs années après. Troisièmement, la présentation du sujet est très pédagogique : l’auteur commence par éclaircir des points de méthode, les quatre chapitres s’organisent clairement et chaque partie se conclut soit par un résumé, soit par une application. Quatrièmement, l’auteur présente le sujet à partir des textes bibliques eux-mêmes, cela est sans doute la qualité la plus importante.

Le squelette du raisonnement se déploie autour de quatre concepts clés : le baptême, la plénitude, le fruit et les dons du Saint-Esprit. L’étude du Nouveau Testament montre que le baptême du Saint-Esprit se produit une fois pour toutes à la conversion ; ce qui n’empêche pas qu’il y ait une certaine croissance dans l’Esprit, c’est la marche vers la plénitude ; Gal. 5:22 offre un enseignement fondamental sur la vie chrétienne, sur le fruit de l’Esprit qui est donné à tout chrétien et qui doit être développé par tous. Enfin, s’il y a un fruit, il y a diversité de dons ; une certaine largeur de vue est requise pour apprécier cette diversité dans l’Église. De plus, de forts indices montrent que les dons les plus recherchés aujourd’hui ne sont pas forcément les plus importants.

L’approche de ce livre se concentre sur les points capitaux et centraux de la personne et de l’œuvre de l’Esprit, de la vie chrétienne. Par conséquent, les aspects polémiques demeurent en retrait. Cependant l’auteur ne manque pas d’exprimer clairement sa position par rapport au baptême de l’Esprit et à la cessation de certains dons.

L’ouvrage, enfin, se situe dans la continuité de la grande tradition de la prédication chrétienne, confrontant l’intelligence du lecteur à la Bible elle-même pour aboutir à des exhortations pratiques.

John FLAVEL, Il parlera de Christ. L’œuvre du Saint-Esprit dans le salut, Europresse, Chalonsur-Saone, 1995, 176 p.

John Flavel naquit en Angleterre en 1630. Après des études à l’université d’Oxford il devint assistant pasteur à l’âge de 20 ans dans une petite paroisse du Devon à l’ouest de l’Angleterre. En 1662, suite à la restauration royaliste et anglicane de Charles II, il fut obligé de quitter sa paroisse de Dartmouth, mais il continua de prêcher la Parole de Dieu en secret au risque de sa vie. En 1672 l’Édit de Tolérance lui permit de sortir de la clandestinité et il exerça son ministère un temps à Londres. Il mourut en 1691. Écrivain et polémiste infatigable c’est un théologien de grande valeur. Il laissa de nombreux ouvrages dont celui-ci qui est ici traduit pour la première fois en français.

Le thème de ce livre est l’œuvre accomplie par la troisième personne de la Trinité dans le salut de l’homme. Cette action cruciale du Saint-Esprit (action à laquelle on ne prête souvent pas assez d’attention) est celle par laquelle le dessein éternel du Père et l’œuvre rédemptrice du Fils sont appliqués à ceux qui sont appelés à la vie éternelle. Loin de se confiner dans une tour d’ivoire théologique l’auteur cherche d’abord à clairement définir les doctrines bibliques relatives au salut et au rôle qu’y joue le Saint-Esprit, puis à les appliquer à la vie pratique du chrétien. Le lecteur trouvera dans ces pages de quoi faire l’examen de sa propre foi. Sa foi sortira de cette épreuve doctrinale et spirituelle enrichie et fortifiée.

Arnaud de LASSUS, Connaissance élémentaire du renouveau charismatique, Action familiale et scolaire, Paris, 1985

Cet examen attentif du renouveau charismatique dû à la plume aiguisée et fort bien documentée d’un des chefs de file laïcs du catholicisme traditionnel devrait intéresser tous ceux qui cherchent à se faire une idée équilibrée de ce courant illuministe dont on ne finit pas de parler. Le lecteur averti voudra bien tenir compte de l’orientation explicitement catholique de cette étude. L’histoire du mouvement charismatique y est cependant soigneusement décrit et le lecteur y trouvera de nombreux repères qui lui permettront de mieux comprendre ce phénomène religieux. Mais c’est certainement la deuxième partie, celle qui est intitulée Appréciation, qui retiendra le plus l’attention du lecteur évangélique ou réformé. Il sera étonné de retrouver sous la plume d’un catholique traditionaliste de nombreuses observations et jugements qu’il aurait lui-même faits à partir des enseignements de la Bible et des indications fournies par le bon sens.

On y trouvera, parmi d’autres, les sous-titres suivants qui indiquent fort bien l’orientation de la réflexion de l’auteur :

Analogie avec les mouvements illuministes et les « réveils » protestants. – La tendance à l’illuminsme. – Dangers sur le plan naturel. – Dangers sur le plan surnaturel. – La recherche de l’expérience du divin. – Le glissement d’une religion de la foi à une religion de l’expérience. – Une certaine prédominance de la sensibilité dans l’acte religieux – Jeter le trouble dans le rationnel. – Une place excessive donnée à la sensibilité. – Un rituel produisant les mêmes effets chez les protestants et chez les catholiques. – Origine du rite et source des pouvoirs qu’il transmet. – Un mode de vie contre nature. – Les religions protestante et juive considérées comme moyens de salut. – Que chacun garde sa religion. – L’Église catholique rabaissée au rang des sectes hérétiques. – Faiblesses et erreurs doctrinales.

Cet ouvrage stimulant pourra être lu avec profit, mais il exige un discernement critique certain en ce qui concerne les fondements de doctrine catholique traditionaliste qu’il véhicule.

Florent VARAK, La foi charismatique, Genève, Maison de la Bible, 1994, 236 p.

Ce livre poursuit un but très précis : faire une comparaison entre les caractéristiques des « signes et miracles » actuels et celles des miracles relatés dans le Nouveau Testament. Ainsi, il passe en revue le parler en langues, la prophétie et les miracles d’authentification apostolique.

Cet ouvrage courageux et « tranché » par ses prises de positions, n’en demeure pas moins honnête et chaleureux. Nous avons pu constater le soin avec lequel l’auteur s’est penché sur les enseignements des personnes et des œuvres qu’il a examinées avant de les condamner. De toute évidence il en a lu plusieurs, confronté d’autres, ce qui fait de ce livre un document de valeur quant aux informations qu’il nous donne sur la façon d’agir et de penser des « charismatiques ».

Il se termine par un témoignage émouvant de Joni Eareckson Tada. Sous forme d’interview, cette jeune femme handicapée depuis son adolescence explique comment la doctrine de la souveraineté de Dieu l’a libérée, tant de la révolte envers un Dieu qui ne la guérissait pas que de la fausse culpabilité que faisait reposer sur elle les milieux charismatiques en l’accusant de manquer de foi ou d’avoir des péchés non confessés dans sa vie. Un bon témoignage à faire lire aux personnes désabusées par les promesses sans lendemains des « guérisseurs pseudo-évangéliques ».

Sans vouloir dévaluer l’utilité d’un tel ouvrage, nous terminons en attirant l’attention du lecteur sur ce qui nous paraît en être la faiblesse majeure. À notre avis, l’argumentation de l’auteur manque de force à cause d’une théologie trop fractionnée et d’une compréhension un peu limitée de la progression de l’histoire de la rédemption. Cela l’amène parfois à être en porte-à-faux avec ses propres dires. Par exemple, il affirme que le Christ a vaincu et dépouillé ses ennemis à la croix (p. 196-7), tout en disant un peu plus tôt, au moyen d’une exégèse peu satisfaisante d’Ésaïe 52:3 que le Christ n’a pas porté nos maladies lors de sa mort expiatoire (p. 176 ss.). À cet égard, il nous semble avoir discerné une conception théologique plus fine chez Joni. Elle lie étroitement la souffrance et la maladie à l’entrée du péché dans le monde – et son éradication à la victoire du Christ à Golgotha – tout en maintenant la tension entre l’eschatologie réalisée (le « déjà ») et celle qui le sera au retour du Seigneur (le « pas encore ») ; c’est au premier domaine qu’appartiennent la maladie et la souffrance qui ne disparaîtront complètement qu’à la parution du Christ (p. 207).

La rédaction