Christ nous est donné à justice ; tous ceux-là tâchent de lui ôter son office, qui apportent devant Dieu et lui présentent la justice des œuvres. Par cela, il apparaît, toutes les fois que les hommes s’appuient sur la confiance dans les œuvres, que sous une vaine couverture de zèle de justice, ils s’attaquent à Dieu, et lui font la guerre par une fureur enragée. Or il n’est pas malaisé à connaître comment ceux qui s’appuient sur la confiance dans les œuvres heurtent contre Christ. Car si nous ne nous reconnaissons pécheurs, dépourvus et vides de toute justice en nous-mêmes, nous obscurcissons la dignité du Christ, laquelle consiste en ce qu’il nous soit à tous lumière, salut, vie, résurrection, justice, médecine. Et à quel but toutes ces choses, sinon afin qu’il nous illumine, rétablisse, vivifie, ressuscite, lave, traite et guérisse ? Nous, dis-je, qui sommes aveugles, condamnés, morts, réduits à néant, plein d’impuretés, pourris de maladies ! Qui plus est, si nous nous attribuons une seule goutte de justice, nous combattons et nous nous dressons, par manière de dire, contre la puissance de Christ, vu que ce n’est pas moins son office de briser toute l’arrogance de l’orgueil de la chair, que de soulager et de réconforter ceux qui sont en travail, et sont comme accablés sous le fardeau.
Jean CALVIN, « L’Épître aux Romains » in Commentaires sur le Nouveau Testament, Tome 4, Aix-en-Provence, Kerygma, 1978 (1539). Commentaire du verset 32.