Un théologien vaudois oublié : Pierre Viret (1511-1571)

par | Résister et Construire - numéros 36-37

Nous sommes heureux de constater un regain d’intérêt pour la pensée de Pierre Viret, l’un des plus remarquables théologiens de la Réforme, et certainement le meilleur éthicien et apologète de son temps. Nous reproduisons le texte ci-dessous pour vous donner un aperçu de la qualité et la pertinence de sa pensée.

La Loi divine a priorité sur la coutume

Alors même que la coutume dont vous parlez maintenant aurait été jadis mise en avant comme Loi légitime par les anciens, ou même qu’elle fut longtemps pratiquée de cette manière, néanmoins la loi de Dieu doit toujours abolir toute autre loi qui lui est contraire. Car comme il faut nécessairement que tout autre législateur se taise quand Dieu le souverain législateur parle, ainsi nul ne peut alléguer prescription contre sa sainte loi et sa sainte volonté, laquelle est la vraie loi de toute créature et la seule règle de toute justice et droiture. Et pourtant, comme saint Cyprien l’a très bien considéré, notre Seigneur Jésus-Christ, au moyen duquel Dieu s’est manifesté à nous en chair et par lequel il nous a parlé en propre personne en ces derniers jours, n’a pas dit : « Je suis la coutume », mais « Je suis la voie, la vérité et la vie ». Puisqu’il en est ainsi, il ne faut point opposer les lois et les coutumes des hommes à cette vérité, laquelle nous a été révélée du ciel, aussi anciennes que telles lois et coutumes puissent être. Car vérité est toujours plus ancienne, vu qu’elle est éternelle comme Dieu. Semblablement, il ne nous faut point arrêter aux choses que ceux qui ont été avant nous aient pu dire ou faire, si anciens et si excellents qu’ils aient été, mais seulement à ce que le Seigneur a dit et fait.

Légèrement adapté de Pierre Viret, Le Monde à l’Empire, Genève, Guillaume de Laimarie, 1580, p. 140. Pour ceux qui lisent l’anglais voyez la brochure de Jean-Marc Berthoud : Pierre Viret : The Ethics and Apologetics of the Reformation, Éditions Pierre Viret, Lausanne, 1996, 32 pages.