Le Royaume de Dieu et le règne de l’homme sans Loi

par | Résister et Construire - numéros 45-46

Prière

Seigneur notre Dieu, nous nous trouvons en ta présence, toi le Père et le Fils et le Saint-Esprit. Nous nous plaçons devant ta Parole. Seigneur, cette Parole est sainte, elle nous vient du ciel, elle nous vient de Dieu, elle nous vient sous une forme humaine, adaptée à nos besoins, mais c’est ta Parole, Seigneur. Nous te prions que par ton Saint-Esprit chacun de nous puissions trembler devant ta Parole. Qu’Il accompagne cette Parole avec puissance et efficacité et que nos cœurs à tous soient touchés par elle. Seigneur glorifie ton nom, fais avancer ton Royaume et par ta Parole puissante fais tomber les citadelles de l’ennemi. Au nom de Jésus-Christ, Amen.

Introduction[1]

C’est toujours un privilège, mais un privilège redoutable, que d’ouvrir la Parole de Dieu dans l’Église. Nous allons aujourd’hui méditer un texte tiré de la Seconde épître de Paul aux Thessaloniciens. J’avais choisi ce texte en vue de la gravité des temps que nous vivons. Pour ceux qui sont attentifs à ce qui se passe dans notre monde il est possible de sentir, presque tangiblement, les ténèbres descendre sur notre civilisation. Nous vivons une journée de dimanche pleine de lumière, de tranquillité et de paix, mais un peu d’attention nous fera voir que, tant sur le plan spirituel que politique, les ténèbres, aujourd’hui comme à bien d’autres époques de l’histoire, descendent sur notre civilisation. En effet le mal devient partout dominant. Si nous désirions ce matin méditer ce deuxième chapitre de la deuxième épître de Paul aux Thessaloniciens c’est qu’il nous met, de manière très sérieuse, en garde sur quatre séductions particulièrement actives aujourd’hui : la séduction de l’injustice, la séduction de l’esprit du mensonge, la séduction du relativisme moral (le rejet de la Loi de Dieu), et la séduction des faux miracles. Ces avertissements de l’apôtre doivent être entendus par l’Église de notre temps.

Après avoir médité ce passage, je me suis dit qu’il n’est pas juste de parler uniquement de l’œuvre de l’ennemi. Il faut d’abord aborder, comme le fait d’ailleurs l’apôtre dans cette épître, l’œuvre de Jésus-Christ, celle du Royaume de Dieu. Avant de parler du règne des ténèbres il faut parler du Royaume de Dieu. Au premier chapitre Paul fait précéder son avertissement terrible sur l’homme impie par un message plein d’espérance. Il y adresse des paroles de réconfort à l’Église de Christ planté par lui dans la ville de Thessalonique. Ainsi l’étude du chapitre deux, qui traite de l’apostasie, de l’antinomisme (l’opposition à la Loi), du règne du mensonge, de l’injustice qui s’avance camouflée sous le bouclier humain des bons sentiments, du règne du sans-loi, de l’antichrist, celui des faux prodiges menteurs – des signes, des miracles de mensonge – sera précédée par la méditation du premier chapitre qui, lui, traite du Royaume de Dieu ainsi qu’il se manifeste ici-bas dans la vie d’une communauté chrétienne fidèle.

Devant nous se placent deux voies : la voie du bien et la voie du mal ; la voie de la vérité et la voie du mensonge ; la voie qui glorifie Dieu et la voie qui glorifie l’homme. Le chapitre vingt-deux de l’Apocalypse évoque cette antithèse, cette polémique fondamentale entre la voie du bien et celle du mal :

Que celui qui est injuste soit encore injuste, que celui qui est souillé se souille encore, que le juste pratique encore la justice, et que celui qui est saint soit encore sanctifié. (Ap. 22:11)

Deux voies s’ouvrent devant nous. Laquelle voulons-nous suivre ? Il y a la voie du monde (dans le sens du monde comme système du mal, non pas comme bonne création). Puis il y a la voie qui mène à la cité céleste, au Royaume des cieux. Quelle voie voulons nous donc prendre ? Il y a aussi deux jugements. Pour certains c’est un jugement qui purifie, d’abord à travers l’œuvre du Christ, ensuite à travers ce feu de la sanctification que sont les épreuves dont est parsemée la vie de tout chrétien. Puis il y a un autre jugement pour ceux qui se révoltent durablement contre Dieu. Celui-ci n’est autre qu’un jugement de destruction, de condamnation éternelle. Quelle voie voulons-nous suivre ? De ces deux chemins, lequel est celui que nous voulons prendre ?

Quelques versets dans le livre de Daniel vont nous aider à mieux comprendre cette antithèse radicale. Il s’agit de la vision qu’eut le roi Nebuchadnezzar d’une statue prodigieuse.

Cette statue était immense et d’une splendeur extraordinaire. Elle était debout devant toi, et son aspect était terrible. La tête de cette statue était d’or pur ; sa poitrine et ses bras étaient d’argent ; son ventre et ses cuisses étaient de bronze ; ses jambes de fer ; ses pieds, en partie de fer et en partie d’argile. (Daniel 2:32-33)

Il s’agissait de la représentation symbolique de quatre royaumes : les royaumes de Babylone, des Mèdes et des Perses, d’Alexandre le Grand et enfin celui des Romains. Cette statue nous donne une vision imagée des royaumes de ce monde dressés contre leur Créateur. Mais le livre de Daniel nous parle également d’un autre royaume. D’un Royaume qui, si son origine n’est pas de ce monde, possède néanmoins la domination finale et absolue de tous les empires terrestres.

Dans le temps de ces rois le Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit, et ce royaume ne passera pas sous la domination d’un autre peuple ; il pulvérisera et anéantira tous ces royaumes-là, et lui-même subsistera éternellement. Ainsi, tu as vu la pierre se détacher de la montagne sans le secours d’aucune main, et elle a pulvérisé le fer, le bronze, l’argile, l’argent et l’or.

L’explication du songe que Daniel donna alors au roi Nebuchadnezzar éclaire vivement notre propos :

Tu regardais, lorsqu’une pierre se détacha sans le secours d’aucune main, frappa les pieds de fer et d’argile de la statue et les réduisit en poussière. Alors le fer, l’argile, le bronze, l’argent et l’or furent pulvérisés ensemble et devinrent comme la balle qui s’échappe d’une aire en été ; le vent les emporta, et nulle trace n’en fut retrouvée. Mais la pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne et remplit toute la terre. (Daniel 2:34-35)

Cette petite pierre n’est autre que le royaume que Jésus-Christ est venu annoncer et établir. Que ton règne vienne. Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. C’est ce royaume qui en vient à remplir la terre toute entière. C’est le royaume des cieux, l’Église combattante et victorieuse devant laquelle les portes des citadelles du diable ne peuvent tenir. Et c’est à ce royaume que nous appartenons, un royaume qui est sans fin.

Mais il existe un autre royaume, un autre règne. Et ce règne paraît à notre regard, faussé par l’incrédulité, irrésistible. C’est le règne des nations qui ont oublié Dieu et qui mettent leur confiance dans leur seule force. Elles ont rejeté la Loi divine ; elles oublient qu’elles ont un Maître, qu’à ce Maître elles doivent un jour rendre des comptes. Ce sont les Empires des temps post-apostoliques (royaumes impies qui ont pris la relève des Empires décrit par Daniel) qui agissent sans foi ni loi et qui manifestent ouvertement aux yeux de tous leur puissance d’apparence irrésistible, écrasant tout ce qui pourrait vouloir leur résister. Cependant, nous dit la Parole, ce royaume-là est éphémère ; son apparente toute-puissance est trompeuse. Il va soudainement disparaître. Car le Seigneur Jésus-Christ (la petite pierre qui se détache sans le secours d’une main humaine) le pulvérisera et la gloire des hommes sera en un instant anéantie.

Demande-moi et je te donnerai les nations pour héritage,
Et pour possession les extrémités de la terre ;
Tu les briseras avec un sceptre de fer.
Comme le vase d’un potier, tu les mettras en pièces. (Psaume 2:8-9)

Et encore :

Le Dieu de paix écrasera bientôt Satan sous vos pieds. (Romains 16:20)

Et enfin :

Ensuite viendra la fin, quand il remettra le royaume à celui qui est Dieu et Père, après avoir aboli toute principauté, tout pouvoir et toute puissance. Car il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds. (I Corinthiens 15:24-25)

Comme nous allons le voir, c’est par la prédication puissante de l’Évangile de la croix de Jésus-Christ qu’à travers l’histoire de l’Église s’est petit à petit déployée la victoire du Christ sur toutes les nations jadis révoltées contre lui. C’est par la conversion des élus tirés de chaque nation créée par Dieu, et à travers eux, que les nations dont ils sont les représentants sont elles-mêmes sauvées et qu’avec elles leurs richesses font leur entrée glorieuse dans la terre nouvelle et les cieux nouveaux[2] (Apocalypse 15:2-4 ; 21:22-27 ; 22:1-5 ; Ésaïe 35, etc.). Mais la plénitude de cette victoire qui se déploie à travers tout le temps de l’histoire de l’Église ne se manifestera ouvertement à tous, dans tout son éclat, que lors du retour final de notre Seigneur Jésus-Christ.

Première Partie : le Royaume de Dieu à Thessalonique

Nous allons d’abord examiner l’évocation que fait l’apôtre du Royaume de Dieu planté par ses soins dans la ville grecque de Thessalonique. L’étude suivie du texte nous servira de fil conducteur.

Nous devons, frères, rendre continuellement grâces à Dieu à votre sujet, et ce n’est que juste, puisque votre foi augmente et que l’amour que vous avez tous, les uns pour les autres, abonde de plus en plus. (verset 3)

Paul écrit à l’Église de Thessalonique fondée par lui. Il s’agissait d’une Église pour laquelle il se faisait beaucoup de soucis. Il attendait impatiemment des nouvelles de ces chrétiens. Pourquoi était-il si inquiet ? Parce qu’il savait que cette jeune Église, petite et faible, était l’objet de violentes persécutions. Ses membres souffraient dans leur chair, dans leur corps, de l’hostilité du monde, de la méchanceté, tant des Juifs que des païens. Il craignait que ces jeunes chrétiens n’aient pas la force de persévérer dans la foi. Il était tellement pressé d’avoir de leurs nouvelles qu’il lui avait expédié son compagnon fidèle Timothée afin qu’il puisse l’informer de leur état au plus vite. C’est à la suite des excellentes nouvelles apportées par Timothée qu’il écrit cette lettre.

Malgré la persécution, malgré ses détresses et ses peines, cette petite Église tenait bon. Plus encore, nous dit Paul, elle croissait constamment dans la foi et dans l’amour. C’est-à-dire qu’elle gardait le cap sur la vie éternelle. Car, selon l’enseignement de la Bible, la vie chrétienne peut se résumer en deux choses : la foi en Jésus-Christ et l’obéissance aux commandements de Dieu. L’obéissance suscitée par l’Évangile aux commandements de Dieu, c’est ce que notre texte appelle l’amour. Si vous m’aimez, dit le Christ, vous obéirez à mes commandements. Et encore : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. La foi, c’est ce qui nous permet de nous aimer les uns les autres, c’est ce qui nous donne la force, malgré toutes les oppositions et les contrariétés du monde, pour avancer dans l’obéissance au Seigneur. Il faut le rappeler. Le monde de l’apôtre Paul était un monde qui détestait Dieu, car c’était un monde idolâtre et païen, charnel et orgueilleux. Et lorsque la vérité de Dieu s’y manifestait par la prédication de l’Évangile, ce monde mauvais se cabrait, rejetant, parfois avec violence, cette vérité. Mais la foi avait été donnée à certains habitants de cette ville de Thessalonique. Elle grandissait, et avec elle, l’amour également. Qu’il en soit de même pour nous tous. Que dans notre monde, qui est post-chrétien (c’est-à-dire pire que le paganisme), qui s’idolâtre lui-même et qui, en conséquence, déteste Dieu, nous puissions, nous aussi, garder la foi. Et que dans cette ville de Genève qui a rejeté la vérité de Dieu que jadis elle a si bien servi, vous puissiez, vous aussi, grandir dans cette foi et dans cet amour qui animaient si vivement les chrétiens de Thessalonique.

Ils passaient par l’épreuve de leur foi. Voyons comment en parle l’apôtre :

Aussi nous glorifions-nous [Paul se glorifie lui-même, non de son œuvre mais de l’œuvre de Dieu accomplie par son ministère] de vous dans les Églises de Dieu à cause de votre persévérance [cette persévérance, cette constance, cette endurance si nécessaires au chrétien] et de votre foi, dans toutes vos persécutions et des afflictions que vous supportez. (Verset 4)

Ils sont sous la pression ; ils sont soumis au pressoir. Ils sont écrasés dans leur corps même par l’ennemi de leurs âmes. Mais ils ne rejettent pas pour autant la foi. Ainsi nous voyons que la foi véritable s’affermit sous la pression. Paul glorifie alors d’autant plus Dieu pour une telle foi, si endurante, si persévérante.

Au verset cinq, nous trouvons une affirmation qui, à première vue, peut nous paraître bien étrange.

Il y a là [dans la dure persécution qu’ils subissent] une preuve du juste jugement de Dieu, – afin que vous soyez rendus dignes du royaume de Dieu, pour lequel vous souffrez. (Verset 5)

Voilà en effet qui est extraordinaire. La souffrance des chrétiens persécutés pour leur foi serait, pour Paul, une preuve du juste jugement de Dieu, la preuve concrète, tangible du jugement juste de Dieu à leur égard ! Une épreuve douloureusement subie équivaudrait alors à un juste jugement de Dieu contre eux ! Nous voyons, certes, souvent nous-mêmes, les épreuves comme constituant des jugements de Dieu à notre égard, un jugement que nous percevons comme une condamnation. Mais ce n’est pas ainsi que parle la Bible. Car elle nous dit que pour celui qui est en Jésus-Christ, il ne peut plus être question de condamnation ; il n’y a plus aucune condamnation pour lui ; pour lui, la condamnation qu’il méritait si justement a été entièrement portée à sa place par Jésus-Christ à la croix (Romains 8:1). C’est pour cette raison que l’Écriture parle de Jésus-Christ comme étant lui-même le bouclier de notre foi capable d’éteindre tous les traits enflammés des accusations mensongères du malin. Il n’y a donc plus de condamnation pour celui qui demeure dans la foi. Mais cela ne veut aucunement dire qu’il n’existe plus de jugement divin sur sa vie de chrétien. C’est bien ce que nous dit ici notre texte. Il persiste un juste jugement de Dieu sur le chrétien. Quelle en est la nature, quel en serait le but ?

[…] afin que vous soyez rendus dignes du royaume de Dieu, pour lequel vous souffrez.

Étant devant Dieu pleinement justifiés en Christ, nous devons cependant, encore ici-bas, être rendus dignes du Royaume de Dieu. Car le véritable purgatoire (dont il est en fait question ici) ne saurait aucunement être situé dans le monde à venir (comme le suppose l’enseignement catholique romain). Il est ici-bas. C’est ici-bas que nous devons être purgés de nos scories. C’est-à-dire que l’œuvre de notre sanctification (sans laquelle nul ne peut voir Dieu) s’accomplit. Plus tard, il sera trop tard de penser à la purification de notre âme. Et nous ne sommes pas sanctifiés sans crise (le sens du mot grec que nous traduisons par jugement), sans la crise de l’épreuve. Celui dont la vie est l’objet des épreuves que Dieu lui envoie, quelles qu’en puissent en être la nature : la souffrance, la maladie, le deuil, la persécution ouverte ou cachée, la persécution même dans l’Église, (c’est souvent par l’Église que l’on est le plus persécuté), n’exprime pas la condamnation de Dieu, nous dit Paul. Il s’agit plutôt d’un signe de sa faveur. L’épreuve n’est donc pas une marque de la condamnation divine, mais le signe de son amour à notre égard. Car c’est par elle que notre bon Père accomplit notre sanctification. Il veut que, comme les chrétiens de Thessalonique, nous croissions nous aussi dans la foi et dans l’amour.

On oublie trop souvent cette dimension entièrement positive de l’épreuve dans la vie du chrétien. On oublie que, si la vie chrétienne est une source ineffable de joie, elle ne peut pour autant être considérée comme une partie de plaisir. La vie du chrétien est certes une béatitude, mais cette béatitude ne saurait être caractérisée par le mot confort ! Nous avons souvent une fausse notion de la joie chrétienne parce que nous en excluons les afflictions. Mais serions-nous plus grands que notre Maître ? Notre Maître n’aurait-il pas souffert ? Et nous, ne souffririons-nous pas aussi ? Ne sommes-nous pas appelés à participer aux souffrances de Jésus-Christ ? Lorsque Paul persécutait les chrétiens, Jésus-Christ, en l’arrêtant sur le chemin de Damas, ne lui a-t-il pas dit : Pourquoi me persécutes-tu ? Le Christ ne s’est-il pas ainsi identifié à ses enfants ? Ne sommes-nous pas en lui, et lui en nous ? Alors, si le monde ou si les chrétiens hypocrites haïssent le Christ, ne vont-ils pas nous haïr nous aussi ? Le diable, dont la haine contre Dieu est inexpiable, ne va-t-il pas, à plus forte raison, nous haïr et nous attaquer ? Mais naturellement, pour autant que nous lui appartenions. Si nous ne sommes pas à lui, il est certain qu’il nous laissera tranquilles.

C’est pour toutes ces raisons que notre texte déclare :

Il y a là une preuve du juste jugement de Dieu afin que vous soyez rendus dignes du royaume de Dieu.

Alors de telles épreuves, de tels jugements divins ont un sens positif pour le chrétien, éternellement positif, car ils impliquent pour lui la gloire à venir et même parfois la gloire présente. Étienne, sous les pierres qui le tuent, voit s’ouvrir le ciel et la gloire de Dieu se manifester à lui ici-bas. Toutes proportions gardées, tout chrétien véritable connaît de tels moments où la gloire de Dieu se manifeste dans sa vie de manière presque tangible, ceci, souvent au sein de grandes difficultés. Et tout cela en vue de nous rendre dignes du Royaume de Dieu. Ce n’est pas peu de chose pour le chrétien que d’être appelé à participer à la nature divine. Dieu est saint et nous sommes appelés nous aussi à devenir saints. Nous sommes certes entièrement justifiés par la foi en l’œuvre parfaite du sacrifice de Jésus-Christ. Mais la sanctification est une œuvre progressive qui doit se déployer à travers toute notre vie.

Mais ce jugement de Dieu qui est pour nous un bien si précieux ne l’est aucunement pour ceux qui persécutent l’Église. De ces persécuteurs Paul dit :

Car il est juste selon Dieu de rendre l’affliction à ceux qui vous affligent. (Verset 6)

Ceux qui persécutent l’Église, ceux qui pour assouvir leurs ambitions démesurées, cherchent à détruire de petites nations, leur tour viendra ! Ils peuvent bien attendre. Le jour du jugement tombera aussi pour eux. Et ceux qui nous persécutent, à moins qu’ils ne se repentent et qu’ils viennent à Jésus-Christ – ce qui doit sans cesse être notre prière – ne perdent rien, eux aussi, pour attendre. Le juste jugement de Dieu les atteindra certainement un jour. À moi la vengeance, dit l’Éternel. Je rendrai. La vengeance certaine de Dieu est une réalité redoutable.

Mais si une affliction certaine est prévue pour les persécuteurs, par contre pour les affligés, un repos est promis. Mais quand donc entrerons-nous dans un tel repos ? Certes, nous jouissons aujourd’hui déjà du repos de Dieu, car nous pouvons (et devons) à tout moment nous reposer en Christ. Nous devons même lui réclamer ce repos, car il s’agit d’une promesse infaillible de Dieu. Nous devons souvent le réclamer avec l’insistance de la foi, car il s’agit d’une réalité accessible à la foi seule. C’est un repos, une joie surnaturelle, que l’on peut découvrir même dans les tribulations et dans les peines. Mais il y a aussi un repos éternel qui lui, nous dit la Parole de Dieu, nous sera accordé au dernier jour. Car, écrit Paul aux Thessaloniciens, Dieu va…

vous donner, à vous qui êtes affligés, du repos avec nous, lorsque le Seigneur Jésus se révélera du ciel avec les anges puissants, au milieu d’une flamme de feu, pour punir ceux qui ne connaissent pas Dieu et ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus. (Versets 7-8)

Ici nous est annoncé l’arrivée du dernier jour, jour du retour de Jésus-Christ où il se manifestera en gloire avec les anges puissants au milieu des flammes du feu de son jugement. Il apparaîtra alors pour juger le monde et pour punir ceux qui se sont révoltés contre lui : les païens d’abord qui ne connaissent pas Dieu, et les Juifs ensuite, qui ont refusé d’obéir au Seigneur Jésus-Christ. Si Paul écrivait aujourd’hui, il pourrait, à la place des Juifs, parler de ces chrétiens de nom qui, eux aussi, se réclament de Dieu mais n’obéissent pas à l’Évangile de Jésus-Christ. Car il ne suffit pas d’entendre la Parole de Dieu et de se dire chrétien. Ce n’est pas assez de crier devant tous : Seigneur, Seigneur. Il ne suffit même pas de faire des miracles et de chasser des démons. Pour être reconnu de Dieu, il faut marcher dans la sainteté. Au dernier jour Jésus-Christ dira à beaucoup de ceux qui se réclameront de lui : Je ne vous ai jamais connus. Qu’il puisse nous adresser ces paroles bien différentes : Entre dans la joie de ton maître. Au sujet de ceux qui ne connaissent pas Dieu et qui n’obéissent pas à l’Évangile de Jésus-Christ, notre texte nous dit :

Ils auront pour juste châtiment une ruine éternelle, loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force. (Verset 9)

C’est-à-dire, ils seront éloignés de Dieu pour toujours. Il n’est pas question ici d’une ruine uniquement temporaire et temporelle, mais de peines éternelles, irrémissibles. La résurrection est prévue tant pour les injustes que pour les justes. Pour les justes en vue de la vie éternelle ; pour les injustes en vue d’une mort éternelle, d’une séparation éternelle d’avec Dieu, loin de la face du Seigneur, et de la gloire de sa force. Cette gloire et cette force accompagnent dès à présent les chrétiens qui mettent leur confiance en Jésus-Christ. À quel moment s’accompliront ces événements ?

[…] quand il viendra en ce jour-là pour être glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru ; or vous avez cru à notre témoignage. (Verset 10)

Réfléchissons aux implications d’une telle affirmation. Dieu sera glorifié dans ses saints. En ce jour-là nous rayonnerons uniquement de sa sainteté, de sa vérité, de sa justice et de sa bonté, à ce moment-là Dieu sera glorifié en nous, ses saints. Il n’y aura alors plus aucune trace de péché, d’injustice et de mensonge dans non vies. Si Dieu doit encore nous faire passer par son juste jugement (comme nous l’indique notre texte), c’est qu’il persiste encore en nous des restes de péché, d’injustice et de mensonge. Mais Dieu ne sera pas seulement glorifié dans ses saints mais aussi admiré en eux. Il nous arrive si souvent d’être humiliés, nous nous trouvons si souvent placés sous l’opprobre du monde. Mais alors, Dieu sera admiré en nous qui croyons, avec tous ceux qui auront cru. Dieu sera glorifié dans la magnificence de la re-création, ses élus étant les prémices de la nouvelle terre et des nouveaux cieux. Et Paul rend enfin ce gage d’honneur suprême aux Thessaloniciens : Vous avez cru à notre témoignage. Que ceux qui vous prêchent la Parole puissent, comme Paul, tirer leur honneur de votre foi en exclamant avec lui : Vous avez cru à notre témoignage. C’est là leur joie, leur félicité et leur couronne que de voir ceux qui les écoutent, croire au témoignage de Jésus-Christ. Paul continue :

C’est pourquoi nous prions continuellement pour vous, afin que notre Dieu vous rende dignes de son appel et qu’il accomplisse en vous, avec puissance, tous les desseins bienveillants de sa bonté et l’œuvre de votre foi. (Verset 11)

L’apôtre avait bien d’autres soucis. Cependant il priait continuellement pour cette petite Église de Thessalonique. Faisons de même et prions également avec persévérance les uns pour les autres afin que Dieu nous rende tous dignes de son appel à travers les épreuves de nos souffrances, de nos peines et de nos difficultés quotidiennes, à travers aussi les obstacles que nous trouvons dans notre cheminement chrétien, parfois même avec des frères et des sœurs difficiles à vivre. Tout cela afin que Dieu puisse nous rendre dignes de son appel et qu’il accomplisse en nous : quoi donc ? – une expérience mystique – non point ; une exaltation fugitive de nos sentiments – encore moins – mais, qu’il accomplisse avec puissance en chacun de nous tous les desseins bienveillants de sa bonté. Il s’agit ici de l’action de la grâce de Dieu dans notre vie de tous les jours. Et cela en vue de quoi ? De l’œuvre de notre foi. Car connaître Dieu n’est jamais nous complaire dans la contemplation des progrès spirituels égocentriques de notre sanctification personnelle ou ecclésiale. Connaître Dieu, c’est connaître la puissance de son amour qui nous projette vers les autres ; c’est manifester aux hommes qui nous entourent cet amour que Dieu nous a manifesté en Jésus-Christ ; c’est ne pas garder pour nous les dons si nombreux dont Dieu nous a comblés ; c’est aller vers le prochain ; c’est se tourner vers sa misère ; c’est secourir les malheureux ; c’est enfin, travailler à amener captives à l’obéissance de Jésus-Christ toutes les pensées dévoyées des hommes, cela dans tous les domaines de la pensée et de l’action humaine.

Par le passé, l’Église de Dieu a été une merveilleuse pépinière d’œuvres manifestant la gloire de Dieu sur la terre. Ainsi apparurent, sous l’impulsion de la foi et du travail des chrétiens, écoles, universités, hôpitaux, maisons de personnes âgées. Ainsi la famille, l’entreprise et le commerce étaient marqués par le sceau du souci des chrétiens cherchant à conformer toutes leurs activités à la sainteté provenant d’une obéissance progressive à la Loi de Dieu. Par sa prédication prophétique fidèle de la Parole de Dieu, l’Église œuvrait de même à renforcer l’action des autorités dans l’exercice légitime de leur fonction en leur rappelant la différence, sur le plan de la cité, entre le bien et le mal, entre la justice et l’injustice. Ainsi doit être l’Église fidèle lorsqu’elle connaît réellement son Dieu, quand elle l’adore en tant que Sauveur d’abord, mais aussi en tant que Seigneur de tout ce qu’il a créé, tout ce qu’il soutient constamment par sa Parole puissante, tout ce qu’il a racheté du mal, du diable et de la mort, par le sacrifice victorieux de son Fils, notre Seigneur Jésus-Christ. Une telle Église, impuissante en elle-même mais armée de la toute-puissance de Dieu, est alors apte à servir son prochain comme Dieu le veut. C’est ainsi qu’elle manifeste la bonne odeur du Christ et devient sel de la terre et lumière du monde. Tout ceci…

[…] en sorte que le nom de notre Seigneur Jésus-Christ soit glorifié en vous, et vous en lui, selon la grâce de notre Dieu et Seigneur Jésus-Christ. (Verset 12)

Christ glorifié en nous, c’est-à-dire dans le monde où les hommes peuvent alors voir que nous sommes porteurs du nom du Seigneur Jésus-Christ, non seulement en paroles mais par les actes, par l’amour pratique que nous manifestons envers notre prochain. Et, ce qui est le comble de l’honneur pour nous misérables créatures, c’est que nous sommes, par une telle obéissance, glorifiés en lui, c’est-à-dire que nous participons à la gloire qui est la sienne dès maintenant dans les cieux et qui sera bientôt pleinement manifesté à tous lors de son avènement. Tout cela, selon la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ. Non par les œuvres, par nos efforts charnels de créatures perdues se vantant de leur indépendance vis-à-vis de Dieu, mais par nos efforts de créatures rachetées, efforts qui proviennent de lui car c’est en lui que nous sommes et c’est lui qui fait souverainement en nous de vouloir et de faire le bien, d’accomplir sa sainte volonté. L’action présente de la grâce de Dieu et de notre Seigneur Jésus-Christ, c’est cela le Royaume de Dieu aujourd’hui manifesté sur la terre, le ciel descendu sur terre. Car, lorsque les hommes aiment et craignent Dieu et le démontrent en obéissant à ses commandements dans tous les domaines de leur vie, alors les prémices du Royaume de Dieu descendent sur notre terre. C’est alors que le ciel se rapproche véritablement de la terre. Mais l’enfer peut, lui aussi, se rapprocher de notre monde. C’est ce que nous allons voir maintenant.

Le règne des ténèbres sur la terre

Les Thessaloniciens étaient confrontés à un problème pénible. Leur foi et leur amour augmentaient mais la pression des souffrances qu’ils subissaient avait quelque peu ébranlé leur bon sens, leur appréciation sobre et raisonnable des réalités difficiles qu’ils vivaient. Du fait qu’ils passaient par la fournaise d’une si brûlante épreuve, ils se sont mis à s’imaginer que le Seigneur serait déjà revenu ou, pour le moins, que sa venue était toute proche. Ils fondaient une telle conviction sur des ouï-dire relatifs à des paroles qui auraient été prononcées par l’apôtre. Des gens racontaient que Paul aurait été à ce sujet l’objet d’une inspiration divine ; qu’il aurait raconté cette inspiration à d’autres ; et que quelqu’un de son entourage aurait alors envoyé aux chrétiens de Thessalonique une lettre que l’on affirmait provenir de Paul lui-même.

Mais tout cela n’était que des fabrications et des mensonges qui ne faisaient que troubler la foi des Thessaloniciens. Ils oubliaient tout simplement un fait capital : que l’œuvre de Dieu ici-bas se déroule dans le temps, que, tout en venant de Dieu, cette œuvre demeure entièrement tributaire du temps. Si Dieu lui-même se situe au-delà du temps, il a pourtant, en créant le monde, créé, avec l’espace, le temps. Il s’ensuit que son œuvre de rédemption se déploie dans le temps. Il fallait donc que le Fils de Dieu, notre Seigneur Jésus-Christ, soit manifesté à une époque précise, lorsque les temps seraient pleinement accomplis, pas avant, ni après. Et il faudra que Jésus-Christ soit manifesté une deuxième fois, cette fois en gloire, quand les temps derniers seront eux aussi pleinement accomplis, et pas avant. La Bible nous fournit des indications précises quant à ces temps et à leur accomplissement.

Pour ce qui concerne la première venue du Christ, nous trouvons dans la Bible juive des prédictions chronologiques très précises, qui se sont prouvées être historiquement parfaitement exactes. Par contre, pour ce qui se rapporte à son retour en gloire, la révélation des apôtres, si elle nous fournit quelques données d’ordre général, ne nous laisse pas d’indication précise quant au moment exact du retour du Christ. Nous avançons aujourd’hui à grands pas vers l’an deux mille. Il paraît que bien des gens (et malheureusement parmi eux des chrétiens) s’imaginent que la fin de cette année verra la fin du monde. Bien des personnes s’agitent à ce sujet, tout comme le faisaient les Thessaloniciens du temps de Paul. Nous savons avec une certitude entière que Jésus-Christ reviendra en gloire pour juger les vivants et les morts. Dans un esprit d’espérance et de foi, nous devons constamment attendre le jour glorieux de sa venue. Avec les premiers chrétiens nous devons nous écrier : Maranatha ! Jésus, reviens, reviens bientôt ! Mais notre Seigneur nous a averti que nul homme (lui-même inclu) ne pouvait en connaître ni le jour, ni l’heure. Ce serait donc de la plus grande présomption et d’un orgueil sans borne que de prétendre les connaître. Voici la tentation précise qui travaillait les Thessaloniciens. Le reste de notre texte donnera la réponse de l’apôtre Paul à leurs interrogations.

Nous vous le demandons, frères, en ce qui concerne l’avènement du Seigneur Jésus-Christ et notre rassemblement auprès de lui, ne vous laissez pas promptement ébranler dans votre bon sens, ni alarmer par quelque inspiration, par quelque parole ou par quelque lettre qui nous serait attribuée, comme si le Jour du Seigneur était déjà là. Que personne ne vous séduise d’aucune manière. (Versets 1-3a.)

Paul vient de parler de cet avènement, de l’avènement en gloire de Jésus-Christ, avec les anges et les flammes de feu, de cet immense ébranlement final de toutes choses, du ciel et de la terre. Il s’agit ici du passage de l’ancienne création à la nouvelle, de cette régénération de cette re-création dont l’Église fidèle constitue les prémices. En ce jour, nous dit Paul, ceux qui seront encore en vie seront changés et rassemblés auprès du Christ, tandis que ceux qui sont morts ressusciteront avec des corps glorifiés. Il ne faut pas non plus que nous nous laissions, nous aussi, si promptement ébranler dans notre bon sens. Car le bon sens n’est autre que l’exercice, soumis à la Parole de Dieu, de la raison que Dieu nous a donnée en temps qu’êtres créés à son image. La raison qui se veut libre de la Parole de Dieu conduit l’homme à toutes les inepties et à toutes les impiétés ; mais la raison soumise à la Parole de Dieu est un instrument excellent dont le Créateur a doué l’homme pour qu’il le glorifie par l’usage correct. La raison est un don de Dieu que nous devons utiliser avec soin et cultiver.

L’apôtre avertit ensuite ses lecteurs à ne pas se laisser aller à n’importe quelle inspiration, car une inspiration véritable ne saurait être opposée à ce qu’enseigne la Parole de Dieu. Il conclut ses mises en garde en exhortant les Thessaloniciens à résister à la tentation de se laisser séduire d’une quelconque manière. C’était bien là ce que le Seigneur Jésus-Christ disait lui-même à ses disciples dans son grand discours eschatologique sur la ruine de Jérusalem. Prenez garde, leur disait-il, que personne ne vous séduise (Matthieu 24:4). Il y aura des faux christs, des faux prophètes, des faux apôtres, des faux docteurs, mais que personne ne vous séduise, d’aucune manière. Il y a aujourd’hui beaucoup de séductions de toutes sortes, tant dans l’Église qu’en dehors. Les médias qui pénètrent partout, et dans la plupart des foyers chrétiens, fabriquent des tromperies si monstrueuses que souvent nous ne parviendrions même pas à les imaginer. Abordons un autre registre de cette séduction universelle. Il nous faut constater que dans bien des milieux qui se prétendent supérieurement doués spirituellement, l’œuvre du Saint-Esprit est remplacée par l’action de mauvais esprits au caractère religieux qui miment à merveille les divers charismes de Dieu[3].

L’avertissement est clair. Que personne ne vous séduise d’aucune manière, car il faut… Que faut-il donc ? Comme nous venons de le voir, le temps est un élément capital dans l’accomplissement de l’œuvre de Dieu. Le dessein de Dieu n’ignore, ni ne méprise l’histoire. L’accomplissement de ce dessein vient du décret divin déterminé par lui de toute éternité, dans une dimension (inimaginable pour nous) d’où le temps est absent. Mais Dieu, qui a créé et le temps et l’espace, agit néanmoins dans le temps qui est sa créature, créature dont il peut faire ce qu’il veut. Il déploie en conséquence l’ordre chronologique des événements terrestres comme il l’a éternellement décidé.

La manifestation de Jésus-Christ en tant que Sauveur du monde a connu le temps de préparation des diverses étapes de l’Alliance ancienne. Il a fallu les Patriarches, la fidélité de Noé, l’exil en Égypte, l’œuvre de délivrance que Dieu opéra par son serviteur Moïse, le don de la Loi au Sinaï, le temps des Juges, l’instauration de la Monarchie, la division du Royaume d’Israël et l’activité inspirée des Prophètes. Il a même fallu cette longue période du silence de Dieu de près de quatre siècles allant de Malachie à Jean-Baptiste, l’Incarnation du Fils de Dieu. Puis il fallut la venue de Jean le Baptiste et enfin les trente années de vie cachée de Jésus-Christ. Il a fallu ses trois ans de ministère, et qu’un jour qu’il tourne sa face résolument vers Jérusalem et qu’il s’avance de son plein gré vers la crucifixion. Il a fallu la trahison de Judas, la fuite des disciples, le reniement de Pierre. Il a fallu la croix. Il fallut la résurrection. Il fallait aussi son Ascension auprès du Père. Il a fallu la venue unique du Saint-Esprit à la Pentecôte pour qu’Il nous communique tous les trésors que nous possédons en Jésus-Christ. Et il faudra qu’il revienne ! Ici encore l’accomplissement de son retour va réclamer du temps. Et dans ce temps – les derniers temps – qui vont de l’Ascension du Christ à son retour en gloire, de nombreux événements doivent obligatoirement encore avoir lieu. Il faudra en effet que ces événements se produisent avant que Jésus-Christ ne revienne.

Que personne ne vous séduise d’aucune manière ; car il faut qu’auparavant l’apostasie soit arrivée, et que se révèle l’homme impie, le fils de perdition, l’adversaire qui s’élève au-dessus de tout ce qu’on appelle Dieu ou qu’on adore, et qui va jusqu’à s’asseoir dans le temple de Dieu et se faire passer lui-même pour Dieu. (Verset 3-4)

Il faut que d’abord l’apostasie soit arrivée. Qu’est-ce que l’apostasie ? Littéralement le mot signifie changement de place, ici le changement de place de l’Église de Dieu. L’Église visible est amenée, par divers moyens, à abandonner son fondement originel, cette règle de foi donnée une fois pour toutes par Dieu aux saints, pour en venir à se placer sur un fondement nouveau de pure invention humaine. L’Église dans cette ville de Genève fut, depuis le milieu du XVIᵉ siècle jusqu’au début du XVIIIᵉ, placée sur le fondement unique de la Foi, sur ce roc inébranlable qu’est la Parole de Dieu. Ce Temple de La Fusterie, dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui, a été construit à la fin de cette longue période de fidélité, tout au début du XVIIIe siècle pour répondre aux besoins spirituels des réfugiés huguenots fuyant la persécution que leur faisaient subir l’Église et l’État dans leur patrie ingrate, la France. C’était une Église alors attachée à la Parole de Dieu et chaque dimanche ce beau temple (galeries incluses) se remplissait de chrétiens soucieux d’entendre la prédication fidèle de la Parole. Pourquoi a-t-on construit ce temple ? Parce que la Cathédrale Saint Pierre ne pouvait contenir l’affluence des fidèles. Et cette Église de la fin du XVIIᵉ et le début du XVIIIe siècle était ornée par de magnifiques prédicateurs, tels François Turretini, Benedict Pictet, Samuel Turretini et Jacques Saurin, pour nommer les plus illustres. Après cela Genève a connu le temps de l’apostasie. L’Église de Genève a changé de place par rapport à la Foi, car on n’y croyait plus, ni à l’inspiration, ni à l’infaillibilité de la Parole de Dieu. Plus tard, au début du XIXᵉ siècle, le pasteur réformé César Malan fut honteusement chassé de ses fonctions pastorales pour avoir ouvertement prêché le salut par la seule grâce de Dieu, pour avoir, contre les interdictions formelles de la Vénérable Compagnie des Pasteurs, osé ouvertement proclamer le dogme séditieux de la divinité de notre Seigneur Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme[4].

C’est cela l’apostasie, le changement de croyance, de dogmes. Il faut, nous dit Paul, qu’auparavant l’apostasie soit arrivée. Il fut que l’Église quitte la vérité pour s’attacher à des doctrines mensongères. Les diverses apostasies de l’histoire de l’Église méritent un instant d’attention. Il y a certes eu une apostasie dans certains milieux orthodoxes des Églises d’Orient. Il y a une autre apostasie en Occident, celle de l’Église catholique romaine. Cette apostasie est fort bien connue depuis la description détaillée qu’en a faite la Réforme. L’aggiornamento, l’adaptation de l’Église romaine au monde moderne proposé par le Concile Vatican II, n’a fait qu’ajouter au refus de l’autorité de la Bible seule du Concile de Trente[5], l’adoption de la plupart des erreurs modernistes du Protestantisme libéral et néo-orthodoxe. Cette apostasie protestante est, elle aussi, bien connue : le libéralisme rationaliste et scientiste, la néo-orthodoxie dialectique barthienne, l’adhésion des théologiens et pasteurs réformés à la critique biblique[6]. Il s’agit toujours du mépris ouvert de la Parole de Dieu et du refus des dogmes historiques de l’Église chrétienne de tous les temps : Trinité, création ex nihilo, divinité de Jésus-Christ, Incarnation du Fils de Dieu, salut par la seule grâce de Dieu, valeur normative pour l’individu et pour la société de la Loi de Dieu, etc. Mais il existe malheureusement aujourd’hui une nouvelle apostasie, apostasie qui est propre aux milieux évangéliques et qui se trouve également très largement répandue dans la mouvance pentecôtiste et charismatique. Ici c’est l’expérience qui (à la place de la raison libérale, de l’autorité de l’Église romaine ou de la tradition Orthodoxe) prend la place et l’autorité de la seule Parole de Dieu. Ayant abandonné le seul sûr repère, la Sainte Écriture, de nombreux chrétiens n’hésitent plus à suivre de fausses doctrines se détournant ainsi de la simplicité de l’Évangile de Jésus-Christ. Livrés par Dieu à leurs penchants charnels, ils se précipitent après toutes sortes d’expériences dites « spirituelles », ceci même lorsqu’elles s’avèrent parfois être manifestement d’origine diabolique[7].

Ainsi notre texte nous rappelle qu’il faut d’abord que l’apostasie se manifeste avant que ne soit révélé l’homme impie, l’homme sans loi, le fils de perdition et que ce sera seulement après sa manifestation que le Christ reviendra pour juger les vivants et les morts et rétablir toutes choses. Vous vous souvenez peut-être que ce terme de fils de perdition avait été attribué par Jésus-Christ lui-même à Judas l’Iscariote. Ainsi comme Joseph, David ou Job constituent des types de Jésus-Christ, de même Judas (comme avant lui le Pharaon ou Antiochus Épiphane) est lui aussi un type biblique, mais dans son cas il s’agit du type de l’antichrist, de l’homme impie qui, à un suprême degré, est lui le véritable fils de perdition. À ce fils de perdition, notre texte donne deux titres : l’adversaire ou l’homme impie. Ce dernier se dit en grec anomos, le sans loi. Il s’agit d’un être totalement immoral, bien plus, complètement amoral, privé de tout sens de différence entre le bien et le mal, entre la vérité et le mensonge.

Lorsqu’à la tête d’un État on trouve un homme totalement amoral, nous nous trouvons en face d’un signe très clair de la présence du phénomène de l’impiété et de l’apostasie, surtout si ce chef d’État s’affiche publiquement comme chrétien et se promène le dimanche matin devant les caméras de la télévision arborant un large sourire et tenant une grosse Bible noire sous le bras ! Il n’est guère nécessaire de donner davantage de précisions, tous sauront reconnu la figure du Président américain Bill Clinton ! Dans la première moitié de ce siècle infâme notre civilisation s’est vu confrontée par un homme tout aussi amoral, mais plus explicitement mauvais. Il était autrichien de naissance, allemand d’adoption et se prenait pour le grand chef, le Führer qui se sentait appelé à établir le millenium, le règne de mille ans sur terre. Il se prénommait Adolf Hitler. Un autre, tout aussi amoral, se faisait appeler le petit père du peuple, c’était Joseph Staline. Encore un autre, pire encore, voyait sa vocation messianique comme celle du grand timonier de sa nation, c’était Mao Tse Toung. Ce sont tous des sans loi. Ils assument tous, plus ou moins, le masque de l’apparence du bien. Ce sont des figures messianiques. Ils se prennent de fait pour des dieux. Mais quelle iniquité, quel esprit de mensonge, quelle criminalité politique est la leur.

Mais avec le chef actuel de la puissance dominatrice du monde, nous devons constater un net progrès dans le camouflage du mal. Car aujourd’hui ce mal aux prétentions messianiques se couvre des oripeaux d’un bien mensonger pour accomplir, avec une plus grande impunité morale, le mal. C’est aujourd’hui au nom d’un humanitarisme tartufien (et non au nom de la domination raciale ou de la lutte des classes) que l’Occident bombarde un petit pays incapable de se défendre, le saupoudre de bombes à fragmentation radioactives, détruit toute son infrastructure industrielle et livre son territoire à une pollution qui peut difficilement être résorbée et cela en prétextant pour agir de la sorte, que ce pays, aux prises avec une violente révolte intérieure, utilise une force répressive excessive !

Non seulement le personnage décrit par l’apôtre Paul est un homme sans loi, un fils de perdition dont la conscience, devenue insensible, s’est cautérisée, mais il joue aussi le rôle de l’adversaire. Il porte ainsi le même titre que son maître, le diable. Car c’est Satan qui, dans la Bible, est considéré comme l’Adversaire par excellence. Mais cet impie va plus loin encore dans le mal. Non seulement il abolit la Loi de Dieu comme norme morale et sociale mais son arrogance sans borne le pousse à s’élever au-dessus de tout ce qu’on nomme Dieu et qu’on adore. Auparavant, dans le monde antique tous les païens, même les rois, se considéraient comme obligés de se soumettre aux dieux de leur nation et à la loi « transcendante » qui trouvait en eux sa légitimation religieuse. Avec le règne universel de l’Humanisme moderne, les dieux (même le vrai Dieu de la Bible) se sont vus abolis et l’Homme s’est placé lui-même au-dessus de toute divinité. C’est ainsi que cet homme impie, ce sans loi, cet adversaire de Dieu et de son peuple fidèle se place au-dessus du vrai Dieu lui-même, du Dieu trois fois saint. C’est l’Humanisme intégral partout répandu aujourd’hui. Cet impie va jusqu’à s’installer en maître dans le Temple même de Dieu, l’Église. La tradition issue de la Réforme a longtemps identifié cet aspect particulier de l’action de l’homme impie avec la personne et la fonction du Pape, chef suprême (suprême pontife, Pontifex maximus) de l’Église catholique romaine. Car dans la personne du Pape, elle reconnaissait l’homme impie qui, assis dans le Temple, prend la place même de Dieu, en assumant orgueilleusement le rôle factice de Vicaire (substitut terrestre) humain du Christ. Comme si Jésus-Christ, par son ascension auprès du Père, était devenu incapable de construire et de diriger lui-même son Église ![8].

Mais aujourd’hui, nous avons à faire à quelque chose qui dépasse, et de très loin, l’institution romaine. C’est une maladie mortelle qui s’est répandue dans la société moderne toute entière. Il ne s’agit plus maintenant, (comme on pouvait légitimement le penser au XVIᵉ siècle) de la personne du pape et de l’institution religieuse qui le portait aux nues. Il s’agit maintenant de quelque chose de beaucoup plus vaste, d’un cancer spirituel qui a envahi tout le corps social. L’homme qui se fait passer lui-même pour Dieu c’est l’Humanisme moderne et cet Humanisme sans Dieu est aujourd’hui répandu partout. Car, comme le montrent des penseurs chrétiens comme Jean Brun[9], Francis Schaeffer[10], Herman Dooyeweerd[11], Cornelius Van Til[12], Rousas J. Rushdoony[13], Augusto del Noce[14] et Cornelio Fabro[15], le développement de la pensée moderne n’a été qu’une émancipation progressive de toute dépendance envers la transcendance. Cet athéisme théorique des savants et des philosophes est devenu un athéisme pratique, sociologique et technologique quotidien avec l’exclusion pratique de Dieu qu’il opère par rapport aux structures de la vie quotidienne elle-même. Cette exclusion pratique de Dieu s’est effectuée par divers moyens : par les effets d’une technologie scientifique fondée sur une science intrinsèquement matérialiste, ayant écarté de sa démarche la cause finale (Dieu) et la cause formelle (le sens de toutes choses établi par Dieu) tout en gardant les causes efficientes et matérielles qui explique son efficacité et sa puissance[16] ; un système démocratique, loi à soi-même, dépourvu de toute référence à un ordre transcendant quelconque ; un économisme ultra libéral d’où tout frein moral est de plus en plus exclu ; et, enfin, l’application de l’athéisme philosophique à toute la réalité sociale par une idéologie marxiste larvée, partout si omniprésente que plus personne ne la perçoit. Car si le communisme peut être considéré comme formellement mort avec la chute du mur de Berlin (la Chine ?) le matérialisme marxiste par contre, est lui devenu le soubassement idéologique de cette opulence pluraliste, hédoniste et pragmatique qui caractérise toute la société industrielle moderne. C’est cette nouvelle idéologie qui étouffe complètement la moindre aspiration de nos contemporains à connaître le Dieu véritable, celui dont témoigne si clairement, tant les Écritures juives et chrétiennes que la création elle-même.

L’homme en viendra, nous rappelle notre texte, à vouloir se faire passer pour Dieu. Il doit en effet aller jusqu’au bout de la mise en pratique de la promesse faite par le serpent à nos premiers parents : Vous serez comme des dieux. Mais avant que ne revienne le Seigneur, tous ces événements doivent arriver. Aujourd’hui nous nous trouvons embourbés dans un tel monde impie. Il existe partout, en effet, un véritable esprit d’impiété. Cet esprit, comme le montrait jadis un Saint-Augustin dans La Cité de Dieu, s’est manifesté à travers l’histoire du combat de la cité céleste avec la cité terrestre, du Royaume de Dieu avec le règne des ténèbres. Mais il viendra un jour où l’homme impie se manifestera lui-même et en lui se concentrera toute l’iniquité du monde. Mais nous ne connaissons pas de manière précise le moment où cet homme sera révélé. Nous pourrons cependant le reconnaître, nous dit Paul, à certains indices. Il nous est possible aujourd’hui de relever certains signes qui indiquent clairement que ce qui se manifestait autrefois ponctuellement et localement, commence aujourd’hui à se généraliser au monde entier.

Ne vous souvenez-vous pas que je vous disais cela, lorsque j’étais encore auprès de vous ? (Verset 5)

Paul ne se gênait pas de parler ouvertement de ces questions eschatologiques aux Thessaloniciens, et en ceci nous devons l’imiter. Nous aussi nous devons en parler ouvertement. Nous devons en effet confronter la réalité d’un monde impie et antinomien fait d’États sans loi et d’églises livrées par Dieu à l’apostasie, avec la lumière que jette la Parole de Dieu sur ces questions si essentielles. Nous ne devons pas simplement nous cantonner dans une spiritualité dont la réflexion se confine frileusement à l’intérieur de l’Église, mais ouvrir nos yeux et nos oreilles tout grand pour chercher à comprendre ce qui se trame aujourd’hui devant nous. Il en va évidemment du salut du peuple de Dieu.

Et maintenant vous savez ce qui le retient, pour qu’il ne se révèle qu’en son temps. (Verset 6)

Ici l’apôtre nous indique qu’à son époque, il y avait déjà quelque chose qui empêchait l’impie de se manifester ouvertement et, plus encore, que cette chose allait continuer à le retenir jusqu’à ce qu’arrive le jour prévu par Dieu pour sa manifestation, le jour, nous dit notre texte, où il se révélera. Il est frappant de voir que le mot révéler est ici employé pour l’antichrist de la même façon qu’il a été utilisé plus tôt dans cette lettre pour Jésus-Christ lui-même. Jésus-Christ sera révélé en son temps dans la gloire avec ses anges puissants et avec des flammes de feu. Mais avant la révélation de cet événement glorieux, il faudra que cet homme impie soit lui aussi manifesté. Car il a lui aussi un temps fixé par Dieu pour son apparition. Rien n’est ici laissé au hasard ; rien n’est livré à l’arbitraire ; tout est sous le contrôle de Dieu.

Car déjà le mystère de l’iniquité est à l’œuvre, (il faut) seulement que celui qui le retient encore ait disparu. (Verset 7)

Avant d’examiner ce que peut bien vouloir dire cette expression étrange, mystère de l’iniquité, arrêtons-nous un instant sur un autre texte de Paul où il est question d’un autre mystère, le mystère de la piété.

Et il faut avouer que le mystère de la piété est grand :
Dieu[17] qui a été manifesté en chair,
justifié en Esprit,
est apparu aux anges,
a été prêché parmi les nations,
a été cru dans le monde,
a été élevé dans la gloire. (I Timothée 3:16)

D’une part, vous avez le mystère de l’iniquité qui se renouvelle de génération en génération et qui finira par être totalement détruit par Dieu. De l’autre, vous avez le mystère de la piété dont le fondement est Jésus-Christ et qui se manifeste au travers de l’Église du Dieu vivant qui est la colonne et l’appui de la vérité. C’est cette Jérusalem céleste à laquelle nous appartenons et qui, à travers le temps, se construit sur la terre. D’un côté vous avez la maison de Dieu, la Cité céleste, dont les pierres vivantes sont petit à petit rassemblées par Dieu sur notre terre. Elle s’édifie continuellement dès le commencement, dès le premier fidèle, Abel, et toutes les pierres vivantes que Dieu y ajoute ne pourront jamais en être retranchées. Car cette Cité croît continuellement et elle durera éternellement. De l’autre côté vous avez la montée constamment renouvelée de ces empires, de cette méchanceté institutionnelle que Dieu détruit irrémédiablement à chaque nouvelle génération. Ces Empires, nous dit notre texte, s’en vont vers un point culminant : la manifestation de l’homme impie. Cette manifestation absolue du mal sera suivie d’une ruine soudaine et définitive. En la destruction de la personne de l’impie tout l’univers contemplera la réduction éternelle du mal à l’impuissance. Mais en même temps, et cela sans interruption, sans que les hommes n’y prennent garde, croît l’œuvre du Royaume, inlassablement accomplie par la Parole de Dieu.

C’est uniquement dans la perspective de cette œuvre cumulative du salut qui se révèle à travers le temps par la vie et la mort des nations (et non en un moment unique de l’histoire et cela pour le monde tout entier) que nous pouvons comprendre un certain nombre des paraboles du royaume que l’on trouve dans le treizième chapitre de l’Évangile selon Matthieu. Ces paraboles – celles, par exemple, du grain de sénevé et du levain dans la pâte – nous donnent une vision progressive et cumulative à travers le temps de la construction, par l’œuvre de la grâce, de la Jérusalem céleste, du Royaume de Dieu. C’est également dans une telle perspective que se trouve l’explication de la croissance surnaturelle de la petite pierre de Daniel qui grandit jusqu’à remplir la terre toute entière. Car ici aussi cette croissance du Royaume de Dieu s’accomplit à travers toute l’histoire du salut des hommes et non, comme le prévoient les explications des systèmes prémillénaristes et postmillénaristes, en un seul moment historique, soit avant, soit après le retour du Seigneur.

Nous trouvons ici également une explication satisfaisante de la parabole de l’ivraie. Le champ, comme l’indique explicitement le commentaire du Christ, c’est le monde. Dans ce champ croît la Parole de Dieu. La Parole qui y est fidèlement semée ne retourne pas à Dieu sans avoir produit son effet. Elle suscite l’Église fidèle qui, comme lumière du monde et sel de la terre, permet la manifestation du Royaume de Dieu dans toutes les nations où, au cours de l’histoire, l’Église aura été plantée et dressée. Mais à côté du semeur de bon grain vient le diable. Il sème l’ivraie qui, lui aussi, croît à travers le temps. Ces deux règnes, le Royaume de Dieu et le règne du diable, grandissent constamment l’un à côté de l’autre à travers tous les siècles. C’est seulement à la fin de l’âge que la séparation définitive aura lieu. À vouloir détruire dès à présent les structures mauvaises, même totalitaires, des nations dressées contre Dieu, on en viendrait immanquablement à endommager la Cité de Dieu elle-même. Parfois l’Église paraît faible, petite, insignifiante aux yeux des hommes. C’est l’ivraie alors qui domine. Parfois elle paraît avoir une influence marquante sur la société. C’est le bon grain qui a le dessus. Mais dans la réalité totale de l’œuvre de Dieu (réalité qui contient le visible et l’invisible), rien ne se perd de l’œuvre du bon grain. Par contre toute l’œuvre de celui qui sème l’ivraie est détruite par la mort de chaque nouvelle génération d’impies. Cette œuvre mauvaise du diable dans l’histoire est ainsi perpétuellement à recommencer. Mais la contemplation de ce que l’on peut appeler l’histoire totale, réalité comportant à la fois les réalités visibles et invisibles, nous amène à contempler cette nuée de témoins dont est constituée la Jérusalem céleste. Elle grandit toujours, aujourd’hui encore, à travers l’appel adressé aux élus, au moyen de l’œuvre de l’Église de notre temps. C’est la Cité divine, cette communion des saints, dont la plus grande partie est à présent cachée à nos yeux de chair mais que nous pouvons contempler par la foi. C’est cette vision de la foi qui nous permet de nous écrier : Ceux qui sont avec nous sont infiniment plus nombreux que ceux qui sont contre nous. Car si nous sommes en communion avec le Dieu trinitaire et avec les anges (nos compagnons de service) n’oublions pas que nous le sommes aussi avec tous les saints. C’est ainsi que la petite pierre de la vision de Nebuchadnezzar en vient, par l’action de Dieu à travers les âges, à rassembler toutes les nations dans le Royaume et ainsi à remplir, comme le dit l’explication que donne Daniel, la terre tout entière.

Mais le texte devant nous attire notre attention plus particulièrement sur le mystère de l’iniquité. Déjà de son temps, nous dit Paul, ce mystère était à l’œuvre. Et l’action de ce mystère du mal ne se limite, lui non plus, aucunement à certains moments de l’histoire. Il développe son œuvre néfaste à travers tous les temps. Mais, nous explique encore Paul, il viendra un temps où il n’agira plus en tant que mystère mais comme révélation. Avec toute la prudence qu’une telle affirmation impose, je ne peux pas m’empêcher de dire que le temps qui est le nôtre paraît en effet être un temps où Dieu révèle, dévoile, la manifestation publique de ce mystère d’iniquité, un temps où le mal absolu commence à se montrer de manière ouverte et claire sur la terre. Comme à la fin de l’Empire romain et comme, également, à la fin du Moyen Âge chrétien, il nous semble qu’aujourd’hui, à la fin des temps dits « modernes », nous nous trouvons placés devant un des tournants majeurs de l’histoire du monde[18].

Mon épouse et moi-même avons effectués, au mois de novembre de l’année passée (1998), un voyage d’un mois en Afrique du Sud. Un fait nous frappa avec une force irrésistible : ce que nous appelons le règne de la loi n’existe tout simplement plus dans ce pays. Cette force publique y maintenait jadis encore un certain ordre, un réel respect de l’autorité, même si le pouvoir en place se montrait foncièrement injuste envers la plus grande partie des habitants du pays. Depuis le renversement de la domination des blancs, tant le respect que l’application de la loi ont quasiment disparus. La preuve ? On est tué et l’on tue pour n’importe quelle bagatelle. La vie humaine n’a plus de valeur. Les forces de l’ordre devenues invisibles, n’existent en fait quasiment plus. Chacun fait ce qui lui plaît. La liberté est pour les malfaiteurs et non pas pour les gens de bien. C’est le règne du plus fort, du plus rusé, du plus cruel. Et en ceci, l’Afrique du Sud n’est pas une exception. Ce pays constitue plutôt une figure prophétique de notre avenir à tous. Nous voyons partout dans les grandes mégapoles une même anarchie se développer. Même en Suisse, qui, dans le domaine de la criminalité publique a toujours connu un retard important par rapport à ses voisins européens, l’insécurité commence a grandir.

Nous devons constater le même phénomène pour ce qui concerne les relations internationales. Les Américains se croyant aujourd’hui les seuls maîtres de la planète, prétendent, avec leur hypocrisie coutumière, vouloir jouer le rôle de policiers du monde. Et pour se protéger de toute critique – combien justifiée ! – ils placent un bouclier humain (celui de l’humanitarisme sentimental) devant leur stratégie de domination totalement cynique du monde. Mais que font-ils donc chez eux ? Quelle n’est pas l’iniquité qui règne dans cet immense pays, quelle criminalité, quelle corruption universelle. Nous voyons ici également la manifestation de l’esprit de l’homme impie. Un état d’esprit qui renie toute loi se répand toujours plus sur la surface du globe. Nos gouvernants n’ont plus même de respect pour les lois qu’ils ont eux-mêmes promulguées.

Dans notre pays, pour prendre quelques exemples locaux, nous nous trouvons, en tant que citoyens d’une démocratie directe, placés devant des choix politiques incroyables. On nous demande de décider s’il faut, oui ou non, distribuer gratuitement de l’héroïne aux toxicomanes afin, nous dit-on, de les soigner. Il s’agit sans doute de les achever au plus tôt où, pour le moins, de les rendre plus ou moins inoffensifs sur le plan social. Comme si l’on ne pouvait soigner les gens autrement qu’en leur donnant le poison qu’ils réclament ! Ne cherche-t-on pas en fait ici à s’en débarrasser à peu de frais (et sans doute de manière hygiénique !) afin de les empêcher d’user de violence pour donner libre cours à leur obsession. Car, sans leur dose quotidienne d’héroïne fédérale, leur obsession les pousserait à la criminalité pour trouver les moyens nécessaires pour se procurer le poison coûteux dont leurs corps malades ont un si violent besoin. Et avec quelle hypocrisie de tels arguments spécieux ne sont-ils pas avancés par la présidente de notre Confédération.

Le mystère de l’iniquité est à l’œuvre et il doit atteindre son comble. Il faut seulement, nous dit notre texte, que celui qui le retient ait disparu.

Alors se révélera l’impie que le Seigneur (Jésus) détruira par le souffle de sa bouche et qu’il écrasera par l’éclat de son avènement. (Verset 8)

Mais qu’est-ce qui retient donc ainsi cet homme impie ? C’est là une grande question posée par l’exégèse de notre texte. Elle a suscité d’innombrables réponses, et des plus farfelues, de la part des commentateurs. La réponse paraît pourtant assez simple. Posons la question autrement. Qu’est-ce qui, selon ce texte, précipiterait la venue de l’impie ? Notre passage est ici parfaitement clair. Ce qui précipitera sa venue c’est d’abord l’apostasie, c’est-à-dire la disparition de l’Église fidèle. Là où l’Église fidèle disparaît, la méchanceté ne peut que croître. L’autre élément qui favorise la venue de l’impie est exprimé par son nom lui-même : l’anomos, le sans loi. Ce principe du rejet de la loi, de ce que l’on appelle l’antinomisme, est celui qui préside à la disparition de la fonction de l’État en tant qu’instrument de la justice publique. C’est l’anéantissement de la fonction juste du glaive.

Que voyons-nous aujourd’hui ? La disparition dans une grande mesure, du moins en Occident, de l’Église fidèle. Et d’autre part, nous constatons que l’État ne parvient souvent plus à exercer la justice, car les magistrats, ayant rejeté la valeur normative de la Loi de Dieu, ne connaissent même plus la différence entre leur main droite et leur main gauche. Nos gouvernants ne savent plus en effet comment conduire les peuples qui leur sont confiés, ils ne savent plus comment agir. Ceci peut, dans une certaine mesure, se comprendre, car l’État, étant composé d’hommes pécheurs dont la conscience ne témoigne plus clairement de la différence entre le bien et le mal, peut difficilement savoir comment justement accomplir sa tâche primordiale qui est l’exercice de la justice, s’il n’a plus à ses côtés une Église fidèle qui, par son enseignement intègre de la Parole de Dieu, lui montre clairement les limites de son pouvoir, la différence véritable entre le bien et le mal, entre la vérité et le mensonge, entre la justice et l’injustice.

L’avènement de l’impie se produira par la puissance de Satan, avec toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges mensongers et avec toutes les séductions de l’injustice pour ceux qui périssent, parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés. (Versets 9-10.)

Pour mieux comprendre notre texte, il nous faut examiner brièvement un passage parallèle, le chapitre treize de l’Apocalypse qui traite du même thème que le texte des Thessaloniciens que nous étudions, le pouvoir politique dévoyé. Dans ce chapitre de l’Apocalypse, nous voyons trois animaux étranges : un dragon, une bête monstrueuse et un second animal qui est quasiment son image. Dans la perspective symbolique du livre de Daniel, nous pouvons comprendre qu’avec ces bêtes étranges, nous nous trouvons en présence d’un pouvoir politique détourné de son but, l’exercice de la justice publique. Il n’est que la parodie, la contrefaçon de ce pouvoir légitime et bénéfique décrit par l’apôtre Paul dans le chapitre treize de l’épître aux Romains. De même que la contrefaçon de l’Église fidèle, l’épouse (Éphésiens 5), est l’église apostate, la prostituée (Apocalypse 17-18), pareillement face à l’État, fidèle serviteur de Dieu (Romains 13), se dresse une parodie maléfique, la bête (Apocalypse 13). Les bêtes représentent dans la Bible (Daniel et Apocalypse) les Empires sur lesquels règnent des hommes sans loi qui finissent par se prendre pour des dieux. Ils se dressent ainsi contre Dieu et contre sa Loi. Derrière le pouvoir de ces deux bêtes se trouve le Dragon, image terrifiante, qui représente partout dans la Bible la puissance intrinsèquement anti-divine de Satan. Ainsi derrière les puissances visibles mauvaises de ce monde se trouve une puissance invisible, bien plus mauvaise encore, celle du diable.

Nous nous trouvons ainsi devant trois personnages dans ce texte mystérieux de l’Apocalypse : le Dragon, la première bête, et une deuxième bête qui lui est semblable. Que peuvent donc signifier ces êtres si monstrueux ? Le Dragon, nous l’avons vu, n’est autre que le Serpent ancien, Satan lui-même. La bête symbolise le pouvoir politique dévoyé. Mais pourquoi le texte nous présente-t-il alors deux bêtes ? Le Dragon, nous dit le texte, donne son pouvoir à la première bête tandis que la deuxième bête exerce le pouvoir de la première bête en sa présence. La première bête tire son pouvoir inique et impie des relations directes qu’elle entretient avec le Dragon, le diable. La deuxième bête exerce le pouvoir de la première bête devant, ou en la présence, de la première bête. La puissance politique de ces deux bêtes est d’origine diabolique. C’est nullement une autorité juste (certes imparfaite) provenant de Dieu par délégation directe. Elle est en conséquence une puissance qui n’est pas limitée par la Loi de Dieu, qui est en fin de compte sa propre loi. Ainsi le pouvoir exercé par les deux bêtes de l’Apocalypse est strictement contemporain (les actions des deux bêtes se recouvrent mutuellement) et non successif chronologiquement consécutives comme c’est le cas dans le livre de Daniel. Passant du Dragon à la deuxième bête (qui représente le pouvoir politique visible) nous avons affaire à une délégation hiérarchique et simultané de pouvoir : Dragon, puis première bête liée au Dragon, et enfin deuxième bête attachée à la première, et ainsi dépendante elle aussi de la puissance du Dragon. Il est clair d’après notre texte que ce n’est ni la première bête, ni le Dragon qui agissent directement sur le plan public, mais uniquement la deuxième bête. C’est un fait connu depuis assez longtemps que dans les hauts grades de sociétés secrètes telle la franc-maçonnerie, des communications directes sont entretenues avec des puissances sataniques[19]. Cette première bête n’est autre que le pouvoir politique caché qui tire par-derrière les ficelles de la politique visible des nations. La seconde bête n’est autre que l’instrument visible d’un pouvoir réel invisible (d’origine satanique) détenu par la première bête. En d’autres termes le pouvoir politique visible serait aujourd’hui très largement aux ordres de diverses sociétés secrètes messianiques[20]. Un exemple est celui de l’influence dominante sur la politique étrangère des États-Unis du Council on Foreign Relations de New York, organisation très largement sous la coupe de la famille Rockefeller d’origine Baptiste[21] et moteur du mondialisme articulé autour de l’Organisation des Nations Unies[22].

Comment s’effectuera alors l’avènement final de cette puissance impie ? Notre texte est ici encore parfaitement clair. Par toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges mensongers l’homme impie cherchera à séduire les gens, à les tromper sur ses buts véritables et à les amener sous son entière domination. Il s’agit d’une puissance apparemment irrésistible. Le texte d’Apocalypse treize nous renseigne encore à ce sujet : Personne n’est en mesure de résister à la bête, si ce n’est ceux qui portent sur leur personne le signe de l’agneau (verset 8). Car pour résister à une telle force de séduction, il faut appartenir véritablement à Dieu, être citoyen de son Royaume et avoir sur son front (la pensée) et sur sa main (l’action) la marque de Dieu, c’est-à-dire être scellé par son Esprit et marcher selon sa Parole-Loi. C’est uniquement armé d’un tel sceau qu’il est possible de résister à toutes les séductions de l’injustice qui caractérisent l’action publique de l’homme sans loi.

Quelle est la nature de ces séductions ? Il s’agit d’une injustice qui se camoufle sous les apparences de la justice. C’est, pour prendre quelques exemples dans la politique actuelle, une action politique internationale agressive qui se déguise en secours humanitaire ; le vol étatique fiscal des riches par des taxes et des impositions injustes qui se couvre de la justification d’être un moyen pour secourir les pauvres ; la distribution gratuite d’héroïne par prétendu souci du bien des drogués ; la légalisation de la perversion homosexuelle (instauration d’un prétendu mariage et de l’adoption homosexuelle) par prétendu souci d’égalité sociale, etc. Il s’agit du mal qui contrefait le bien. C’est ainsi que le pouvoir sans loi se cache derrière un simulacre de bien afin de pouvoir plus aisément atteindre ses buts iniques. C’est l’hypocrisie enracinée à tous les niveaux de la société ; c’est le mensonge établi comme véritable mode de vie. Une telle séduction atteindra immanquablement ceux qui périssent, car ils n’ont pas reçu cet amour de la vérité (vérité religieuse, mais aussi dans tous les domaines de la vie) qui seul aurait pu sauver leur âme.

Oui, certes, il nous faut avant tout l’amour de la vérité de l’Évangile. Mais l’amour de la vérité ne se confine pas à la seule théologie et à la seule spiritualité. Il s’agit de l’amour de la vérité dans toutes les sphères de la société. Et il s’agit tout particulièrement de l’amour de la vérité par rapport aux médias, en ce temps où ces moyens de communication de masse nous submergent quotidiennement de mensonges séducteurs, distillés avec soin par des méthodes de désinformation savamment réfléchies. Ils pénètrent ainsi sans peine dans l’esprit de ces innocents, de ces naïfs que sont trop souvent les chrétiens, complètement désarmés face à de tels dangers. Méfions-nous des médias. Méfions-nous de ces machines à mensonges. Ne nous fions pas aux informations peu sûres. Ne nous laissons pas embobiner par cette propagande dont nous sommes à tout moment abreuvés par l’image, la parole et la presse. Nous savons aujourd’hui de quelle manière fonctionne cette machine à fabriquer des illusions (la réalité virtuelle) et qu’il est parfaitement possible de se renseigner sur son fonctionnement[23]. Tenons-nous sur nos gardes. Souvenons-nous de ces chrétiens allemands qui ont été soumis à la pression de la propagande nazie[24]. Beaucoup d’entre eux ont en effet adopté la mentalité nazie sans même s’en rendre compte, reniant ainsi la foi chrétienne qu’ils prétendaient encore vouloir professer. Ne faisons pas comme eux. Les dangers ne sont guère moindres aujourd’hui qu’alors. Restons vigilants et sobres.

Aussi Dieu leur envoie une puissance d’égarement, pour qu’ils croient au mensonge, afin que soient jugés ceux qui n’ont pas cru à la vérité, mais qui ont pris plaisir à l’injustice. (Versets 11-12)

Voici en effet le plus grand danger que nous en venions à croire et à nous attacher au mensonge parce que Dieu lui-même nous y aurait livrés et abandonnés. Dans ce domaine, si on donne la patte, le corps est pris tout entier ; et l’âme suit alors sans peine le corps ![25] Plus encore, refusons avec détermination de prendre le moindre plaisir à l’injustice. Pour cela, connaissons de mieux en mieux ce qu’est la vraie justice telle qu’elle est définie par les Dix Commandements, et pratiquons-la.

Pour revenir à l’exemple déjà évoqué tiré de l’histoire récente de notre pays. Il ne nous faudrait quand même pas prendre un plaisir aberrant à des actes foncièrement injustes en nous imaginant que la distribution gratuite d’héroïne aux drogués soit un pur acte de bonté à leur égard. Il est utile de rappeler que cette distribution d’un poison mortel – une participation confédérale au trafic international de la drogue – se fait aux frais des contribuables et que le Conseil fédéral par ce biais est devenu sans doute le client principal du cartel suisse de la drogue largement dominé par des clans mafieux de Kosovars albanais. N’imaginons pas non plus, pour prendre un autre exemple, que la légalisation de l’avortement au moyen de la solution des délais que le Parlement nous propose soit un acte de justice envers les mères qui veulent (avec l’appui des pères) se débarrasser de leurs enfants à naître. La justice demeure toujours le fait de rendre à chacun ce qui lui est dû en obéissant aux lois édictées par Dieu. Là où l’apostasie et l’antinomisme ont libre cours comment est-il possible d’imaginer que les hommes puissent faire autre chose que de prendre plaisir à l’injustice ? Que le Seigneur nous garde, par-dessus tout, dans l’amour de la vérité, dans l’obéissance à sa loi et dans l’habitude persévérante de toujours prendre notre plaisir dans la justice de Dieu.

Pour conclure cette méditation sur la confrontation entre le Royaume de Dieu et le règne de l’homme impie, lisons la fin de l’épître de Paul aux chrétiens de Rome, texte qui contient de fortes paroles d’encouragement pour tous ceux qui veulent grandir dans la foi et dans l’amour du prochain. Car celui qui a gardé les Thessaloniciens, qui les a protégés des séductions qui les menaçaient, est un Dieu qui ne change pas. Il est, aujourd’hui encore, comme toujours, et cela au-delà de tout ce que nous pouvons penser et imaginer, capable de nous garder des séductions et des dangers de notre temps.

À celui qui a le pouvoir de vous affermir selon mon Évangile et la prédication de Jésus-Christ, conformément à la révélation du mystère tenu secret dès l’origine des temps, mais manifesté maintenant par les Écrits prophétiques, d’après l’ordre du Dieu éternel, et porté à la connaissance de toutes les nations en vue de l’obéissance de la foi – à Dieu seul sage, la gloire, par Jésus-Christ, aux siècles des siècles ! Amen ! (Romains 16:25-27

Prions

Seigneur notre Dieu, nous savons que ta Parole est une Parole efficace et puissante. Nous savons que c’est une Parole parfois rude, difficile, pénible pour nos habitudes et pour notre confort. Seigneur, permets que cette Parole soit reçue docilement et que nous puissions en être fortifiés et affermis dans notre espérance, sachant que par l’épreuve de notre foi tu œuvres toujours à notre bien. Lorsque nous voyons dans le monde le mal se développer de manière effrénée, que nous puissions nous souvenir des paroles de notre Seigneur Jésus-Christ qui nous exhorte à redresser nos têtes car notre délivrance est proche.

O Seigneur, rends-nous à tout instant joyeux en espérance, fortifie notre foi et affermis cette Église, dans son amour du prochain et dans son témoignage, elle qui a été placée par toi dans cette ville de Genève, ville qui par le passé a si puissamment connu la proclamation de la Parole de Dieu. Que tu bénisses constamment la prédication fidèle de ta Parole. Que par l’action du Saint-Esprit, la ville de Genève puisse tout à nouveau connaître l’efficacité de cette prédication pour changer les vies, pour transformer le comportement des hommes et des femmes et pour renouveler l’ordre de la cité lui-même.

Seigneur glorifie-toi en nous, pardonne-nous aussi nos fautes, nos manquements et tout ce qui en nous peut te déshonorer, et purifie-nous par ton sang. Avant tout, glorifie le nom de ton Fils bien-aimé notre Seigneur Jésus-Christ. Amen !

Jean-Marc Berthoud

[1]      Développement d’une prédication sur II Thessaloniciens 1:3-12 – 2:1-12 donnée au Temple de la Fusterie à Genève le 13 juin 1999 pour le compte de l’Assemblée de Dieu de Genève à la demande de son pasteur Ronald Monot.

[2]      Voire notre étude d’une cinquantaine de pages sur la Théologie biblique des nations paru dans la revue anglaise Christianity and Society, October 1993-April 1994. Nous espérons publier une traduction de ce texte dans Résister et Construire.

[3]      À ce sujet voir le livre de R.-M. et J.-M. Berthoud, Mysticisme d’hier et d’aujourd’hui, L’Âge d’Homme.

[4]      Deux mois après notre passage le Temple de la Fusterie fut livré à des danses rituelles païennes exécutées par des moines bouddhistes tandis que, lors du culte du dimanche matin à la Cathédrale Saint-Pierre, la chaire de Calvin accueillait le Dalai Lama, qui fut introduit par l’Aga Khan et enfin remercié pour terminer par l’abbé Pierre, tout cela sous les regards bienveillants du pasteur du lieu et avec la bénédiction des autorités de l’Église réformée de Genève. Cette cérémonie néo-païenne fut accompagnée des applaudissements répétés et nourris d’une foule nombreuse.

[5]      Voyez à ce sujet le livre remarquable de Florent Gaboriau, L’Écriture seule, Fac, Paris, 1997.

[6]      Voyez le dernier numéro de Résister et Construire entièrement consacré à ce thème ainsi que notre brochure, Jean-Marc Berthoud, « Les divers ordres de la connaissance et la Bible : méthodes scientifiques et exégèse biblique », Positions Créationnistes, No 27, décembre 1998

[7]      Voyez l’ouvrage de Rose-Marie et Jean-Marc Berthoud, Mysticisme d’hier et d’aujourd’hui, L’Âge d’Homme à Lausanne.

[8]      Voyez le texte en encadré qui suit cette étude intitulée : Les déploiements variés de l’influence antichrétienne à travers l’histoire.

[9]      Jean Brun, Philosophie et Christianisme, Beffroi, Québec, 1988 : L’Europe philosophe. 25 siècles de pensée occidentale, Stock, Paris, 1988.

[10]    Francis Schaeffer, Démission de la raison, Maison de la Bible, Genève, 1993 ; Dieu, illusion ou réalité, Kerygma, Aix-en-Provence ; Dieu, ni silencieux, ni lointain, Trobisch, Bâle. Son ouvrage fondamental, Qu’est-il arrivé à la race humaine ? devrait paraître en français prochainement.

[11]    Herman Dooyeweerd, In the Twilight of Western Thought, The Edwin Mellen Press, Lewiston New York, 1999 (1960) ; Roots of Western Culture. Pagan, Secular and Christian Options, Wedge Publishing Foundation, Toronto, 1979 (1959) ; A New Critique of Theoretical Thought (4 vols.), Presbyterian and Reformed, Philadelphia, 1969, etc.

[12]    Cornelius Van Til, A Christian Theory of Knowledge, Baker Book House, Grand Rapids, 1969.

[13]    Rousas J. Rushdoony, The One and the Many. Studies in the Philosophy of Order and Ultimacy, Craig Press, Nutley, 1971 ; The Word of Flux. Modern Man and the Problem of Knowledge, Thoburn Press, Fairfax, 1975.

[14]    Augusto del Noce, L’irréligion occidentale, Fac-Éditions, Paris, 1995.

[15]    Cornelio Fabro, Introduction à l’athéisme moderne, Anne Sigier, Sillery (Québec), 1999.

[16]    Jean-Marc Berthoud, « Les différentes formes de causalité et la pensée de la Bible » dans L’école et la famille contre l’utopie, L’Âge d’Homme, Lausanne, 1997 ainsi que notre brochure, « Les divers ordres de la connaissance et la Bible : méthodes scientifiques et exégèse biblique » citée ci-dessus.

[17]    Nos Bibles traduisent habituellement Celui à la place de Dieu. La lecture textuelle unanime de l’Église d’Orient est Dieu. Nous avons à faire ici à un des effets de l’influence de l’arianisme sur certaines copies des manuscrits du Nouveau Testament que nos traductions modernes affublent complaisamment du terme flatteur d’ancien. Nous traiterons de la question du texte du Nouveau Testament dans un numéro ultérieur de la revue.

[18]    Voyez l’étude de Douglas Kelly dans ce même numéro de Résister et Construire. Dans une perspective différente mais analogue voyez : Konstantin Leontiev, L’Européen moyen, idéal et outil de la destruction, L’Âge d’Homme, Lausanne, 1999 ; Alexandre Zinoviev, La grande rupture. Sociologie d’un monde bouleversé, L’Âge d’Homme, Lausanne, 1999.

[19]    Voyez ce sujet les ouvrages de Jacques Marquès-Rivière. Il est également de notoriété publique que la franc-maçonnerie exerce depuis plus de deux siècles une influence prépondérante sur les pouvoirs publics en Occident. Nous ne parlons pas ici de l’engouement de bien des dirigeants, même en Occident, pour des divins privés, pour l’astrologie, pour la magie, pratiques occultes interdites par Dieu, par lesquelles ils cherchent, d’une manière ou d’une autre, à deviner l’avenir politique. Sur les relations du Nazisme avec l’occultisme voyez : Scott Lively, The Pink Swastika, Homosexuality in the Nazi Party, Founders Publishing Corporation, 1995 ; Nicholas Goodrick-Clarke, Les racines occultistes du Nazisme, Pardès, 1989.

[20]    Il existe toute une littérature spéculative à ce sujet. Pour une appréciation sérieuse de ces questions voyez les articles de Frédéric Goguel publiés dans Résister et Construire. Voyez également les ouvrages suivants qui servent à donner des bases solides à une compréhension des deux étages sur lesquels se déroule l’histoire moderne et contemporaine : Jean Ousset, Pour qu’Il règne, Dominique Martin Morin, Bouère, 1986 ; George Knupfer, The Struggle for World Power. Revolution and Counter-Revolution, Plain-Speaker Publishing Company, (43 Bath Road, London W4 1LJ), 1971 ; James H. Billington, Fire in the Minds of Men. Origins of the Revolutionary Faith, Basic Books, New York, 1980 ; Gary North, Crossed Fingers. How the Liberals Captured the Presbyterian Church, Institute for Christian Economics, (P.O. Box 8000, Tyler, TX 75711), 1996 ; G. Edward Griffin, The Creature from Jekyll Island. A Second Look at the Federal Reserve, American Opinion, (P.O. Box 8040, Appleton, WI 54913), 1994 ; Donald S. McAlvany, Toward a New World Order, Western Pacific (P.O. Box 84900, Phœnix, AZ 85071), 1992 ; Roy Livesey, Understanding the New World Order. World Government and World Religion, New Wine Press, (P.O. Box 17, Chichester PO20 6YB), 1989.

[21]    Gary Allen, The Rockefeller File, 76 Press (P.O. Box 2686, Seal Beach, California 90740), 1976.

[22]    Les ouvrages fondamentaux sur cette question sont ceux d’un Professeur d’histoire, homme du sérail Rockefeller, Carroll Quigley, Tragedy and Hope. A History of the World in our Time, Macmillan, London and New York, 1966 et The Anglo-American Establishment. From Rhodes to Cliveden, Books in Focus, (P.O. Box 3481, Grand Central Station, New York, N.Y. 10163), 1981. Voyez également de W. Cleon Skousen, The Naked Capitalist. A Review and Commentary on Dr. Carroll Quigley’s Book Tragedy and Hope, The Reviewer, (2197 Berkeley Street, Salt Lake City, Utah 84109), 1970. Le meilleur spécialiste de ces questions est l’historien britannique, Anthony C. Sutton, The Best Ennemy Money Can Buy, Liberty House Press, (2027 Iris, Billings Montana 59102), 1986 ; America’s Secret Establishment. An Introduction to the Order of Skulls and Bones, Liberty House Press ; Trilaterals Over Washington, The August Corporation, (P.O. Box 582, Scottsdale, Arizona 85251), 1979 ;, etc., etc. Voyez également : Gary North, Conspiracy. A Biblical View, Dominion Press, Fort Worth Texas, 1986 ; Larry Abraham, Call It Conspiracy, Double A Publications (1800 Pacific Highway South, Suite 1105, Seattle, Washington 98188), 1985 ; William F. Jasper, Global Tyranny… Step by Step. The United Nations and the Emerging New World Order, Western Islands (P.O. Box 8040, Appleton, Wisconsin 54913), 1993.

[23]    Voyez par exemple l’ouvrage de Vladimir Volkoff, Petite histoire de la désinformation, Rocher, Monaco, 1999 recensé dans ce numéro de Résister et Construire.

[24]    Voyez l’ouvrage touours actuel du pasteur Johan Maarten, Le village sur la montagne. Tableau de l’Église fidèle sous le régime nazi, Labor et Fides, Genève, 1998 (1939) ainsi que le combat d’une actualité étonnante de Dietrich Bonhœffer. Sur ce dernier voyez l’étude de Marilynne Robinson, « Dietrich Bonhoeffer » dans The Death of Adam. Essays in Modern Thought, Houghton Mifflin Company, New York, 1998. Cet ouvrage contient une remarquable appréciation de l’œuvre de Jean Calvin comme offrant une solution aux problèmes culturels qui sont en train de détruire notre civilisation. Voyez également : Georg Huntemann, The Other Bonhoeffer. A Evangelical Reassessment of Dietrich Bonhoeffer, Baker Books, Grand Rapids, 1993 ; Kenneth Hamilton, Life in One’s Stride. A short study in Dietrich Bonhoeffer, William Eerdmans, Grand Rapids, 1968.

[25]    Prenons ici pour exemple un événement présent à tous les esprits qui montre la puissance de l’influence des médias, même sur des chrétiens animés des meilleurs sentiments. Une grave injustice est commise depuis plusieurs années par les Serbes envers les Kosovars albanais. Les médias, braqués sur cette injustice, n’ont même pas remarqué que depuis des dizaines d’années, les Kosovars albanais, installés récemment dans cette région, avaient organisé (avec le soutien tacite du gouvernement communiste de Tito, lui, de souche croato-slovène), une véritable persécution contre de nombreux Serbes qui avaient depuis des siècles habité le Kosovo où ils étaient autrefois largement majoritaires. Ce pogrom permanent des Kosovars albanais contre les habitants du pays a poussé la majorité des Serbes du Kosovo à fuir leur propre patrie. Mais une effroyable injustice vient maintenant d’être commise par l’Occident tout entier contre la Serbie. Notre émotion attisée par les médias en faveur des Kosovars albanais ne devrait pas nous conduire à étouffer tout effort de compréhension et toute compassion envers les Serbes ! C’est en effet ce qui est arrivé pour de nombreux chrétiens qui se sont si bêtement fait manipuler par les médias. Ne prenons pas plaisir à une injustice sous le couvert qu’elle serait cautionnée par l’hypocrisie humanitaire. Ne justifions pas ainsi les Kosovars qui, par haine des Serbes, n’hésitèrent pas à appeler les missiles de l’Otan sur leur propre pays, la République yougoslave. N’oublions pas non plus que l’expulsion brutale massive de Kosovars albanais a véritablement commencé quelques jours après le début des bombardements de l’Otan, et pas avant comme on nous le fait croire.